Lo Cese de Montaren : fête inventée et figure totémique du Pois Chiche à Montaren-et-Saint-Médiers

Chaque année à Montaren-et-Saint-Médiers a lieu la Fête du Pois Chiche qui rassemble des villageois et des visiteurs.

Cette fête créée dans les années 2000 présente des éléments stables et patrimoniaux reconnus par les communautés organisatrices et participantes. 

Chaque année à Montaren-et-Saint-Médiers a lieu la Fête du Pois Chiche qui rassemble des villageois et des visiteurs. Cette fête créée dans les années 2000 présente des éléments stables et patrimoniaux reconnus par les communautés organisatrices et participantes. Le comité d'organisation officiel est le Kollectif du Pois Chiche Masqué. Le Pois Chiche Masqué est le personnage porte-parole du Pois Chiche totémique dérivé lui-même du pois chiche en tant que tel, légumineuse autrefois cultivée dans la commune, et d'une inspiration carnavalesque. Les festivités démarrent officiellement le jour des Rameaux avec une procession entre Montaren et St Médiers. Environ un mois plus tard, la fête dure trois jours et propose différents rendez-vous rituels. La Poichichade du samedi matin et le bûcher du dimanche soir demeurent deux moments importants et très fréquentés. Le Pois Chiche Masqué apparaît alors sous de nombreuses formes, parfois comme personnage animé et parlant, parfois comme totem en papier avec une structure de grillage et de bois et porté par quatre participants volontaires. Celui-ci est présent pendant les trois jours puis, après le bal traditionnel du dimanche, il est finalement embrasé et suscite une farandole de clôture du cycle festif. Les particularités de cette figure totémique sont - entre autres - son âge relativement récent, ses liens en travail et en devenir avec la culture locale (langue occitane, intégration à la Fédération des Animaux Totémiques du Languedoc) et la revendication de son caractère inventé comme principe même de sa patrimonialisation.

Les habitants de Montaren et du pays de l'Uzège, les membres du Kollectif du Pois Chiche Masqué, les adhérents des associations Ravis de la Carcarie, Citrouille et Cie, Amis de la Médiathèque, Comité de Jumelage avec Souto da Casa (Portugal), Les Agités du Local… tous les bénévoles et organisateurs, les artistes invités (musiciens, chanteurs, arts de rue, théâtre...), la mairie de Montaren-Saint-Médiers, les commerçants locaux et de passage, les publics culturels, les habitués des fêtes calendaires traditionnelles locales (carnavals, feux de la St Jean…).

Lieu(x) de la pratique en France

La commune de Montaren-et-Saint-Médiers (Gard, Occitanie) a vu la naissance du Pois Chiche et de sa fête. Selon ses organisateurs, celle-ci pourrait éventuellement changer de lieu d'accueil.  

Localisation de Montaren-et-Saint-Médiers (www.objectifgard.com)
Localisation de Montaren-et-Saint-Médiers (www.objectifgard.com)

Pratique similaire en France et/ou à l’étranger

Animaux totémiques du Languedoc et géants d'Europe, nouvelles fêtes traditionnelles calendaires (Festa Fougasse à Murviel-lès-Montpellier, Santa Capelina à Nice, Zant Preker à Plougonver...).

Chaque année depuis 2008, entre fin mai et début juin, dans le village de Montaren-et-Saint-Médiers a lieu la Fête du Pois Chiche qui rassemble une partie des villageois et des visiteurs locaux, nationaux et internationaux. Cette fête est composite et variable dans ses formes mais présente néanmoins des éléments stables et patrimoniaux reconnus par les communautés organisatrices et participantes. Elle apparut au croisement de plusieurs initiatives collectives comme l'activité théâtrale et musicale des Ravis de la Carcarie 1, animateurs de la pastorale 2 locale, la défense des Petit Jardins de Montaren par l'association Citrouille et Cie, ou encore l'hommage à Claude Nougaro organisé dans le village en 2004 à l'occasion de sa disparition.

Le pois chiche, légumineuse totémisée ici, symbolise la modestie matérielle, ayant de grandes capacités nutritives malgré sa petite taille et son faible coût de production, et la richesse intellectuelle et spirituelle par ses liens mythologiques avec l'au-delà (comme la fève), sa ressemblance formelle avec les hémisphères du cerveau humain, ainsi que ses caractéristiques flatulentes. En effet, dans le folklore carnavalesque, le pet est un souffle vital, une émanation de l'âme humaine, un enfantement spirituel ou une protection contre d'autres âmes errantes. La culture du pois chiche est attestée à Montaren depuis l'Antiquité, ce qui fait de Montaren-Saint-Médiers la « Kapitale du pois chiche ». Le Pois Chiche est la figure totémique de la fête qui apparaît sous forme d'effigie portée. Le Pois Chiche Masqué est un personnage humanoïde porte-parole de la fête qui n’apparaît qu’à de rares moments.

Pois Chiche Masqué et vue sur Montaren-et-Saint-Médiers (Stéphanie Dubus©2017)
Pois Chiche Masqué et vue sur Montaren-et-Saint-Médiers (Stéphanie Dubus©2017)

Le comité d'organisation officiel se désigne comme le Kollectif du Pois Chiche Masqué, KPCM. Le Pois Chiche Masqué est une figure totémique dérivée du pois chiche en tant que tel, légumineuse historiquement cultivée dans la commune, et d'une inspiration carnavalesque et théâtrale. Cette figure est elle aussi à la fois stable et changeante (par exemple en genre, en apparence...) et apparaît à de multiples reprises pendant les trois jours principaux de la fête. Les festivités démarrent officiellement le jour des Rameaux (dimanche qui précède le dimanche de Pâques) avec une procession entre Montaren et St Médiers. Environ un mois plus tard, en conjugaison avec un festival et une programmation culturelle, différents rendez-vous rituels sont donnés sur place aux participants notamment la Poichichade du samedi matin, l’Orgasmiche Poichivari, procession nocturne du samedi soir, le Bankchiche (banquet) du dimanche midi, la criée publique, le baleti (bal traditionnel) du dimanche après-midi et le Fantastik embrasement du dimanche soir.

Ces rituels sont réalisés autour de la figure du Pois Chiche Masqué mais aussi d'autres personnages qui composent le récit de la fête comme la Confrérie des Petits Frères Péteurs Impénitents, le Géant Péteur, la Banda Brutti, la Secte des Adorateurs de Chiche Mou, la Poliche, OGM, Chichette etc. Le Pois Chiche Masqué apparaît alors sous de nombreuses formes parfois comme personnage animé et parlant, parfois comme totem sculpté en papier-mâché et porté par des porteurs volontaires, “sains” et désignés comme “tronches de pets”. Celui-ci est présent pendant les trois jours puis, après le bal traditionnel du dimanche, il est finalement embrasé et suscite une farandole de clôture du cycle festif. La Poichichade du samedi matin et le bûcher du dimanche soir demeurent deux moments importants et très fréquentés de la fête. Le premier offre l'histoire dite «officielle » du Pois Chiche Masqué, mais aussi le récit annuel de ses aventures en lien avec l'actualité, et le second mobilise particulièrement et émotionnellement les bénévoles et organisateurs qui scellent par une farandole 3 leur communauté et la dynamique possiblement mobilisable l'année suivante.

La fête du Pois Chiche a pour socle un imaginaire collectif cumulatif depuis sa création avec la participation traditionnelle d'une même fanfare, la Banda Brutti, dont le répertoire contient des références à la fête et au Pois Chiche Masqué. Un autre répertoire musical est déployé autour du pet, conséquence naturelle d'une forte ingestion de pois chiches, notamment par la Confrérie des Petits Frères Péteurs Impénitents, amateurs de goguettes 4 (reprises adaptées dans le texte). Le patrimoine commun à la fête est également composé de slogans, proverbes et autres expressions détournées et humoristiques en référence à la fête du Pois Chiche comme par exemple la devise officielle “On s’en chiche !” ou la plus célèbre et usitée “Chiche dur, chiche mou, mais chiche partout”. Le développement progressif d'une « chichelangue » est observée depuis la création de la fête et constitue une forte particularité de ce regroupement. La consommation de pois chiches sous diverses formes culinaires est enfin encouragée par les organisateurs qui invitent d'autres commerçants et artisans à faire déguster et vendre leurs produits aux participants de la fête.

La balade du Pois Chiche pour les Rameaux

Ce rendez-vous, le dimanche précédant le dimanche de Pâques, marque l'ouverture officielle de la fête. Les participants sont invités à arpenter le territoire de Montaren-et-Saint-Médiers par plusieurs parcours de randonnée, à partager et déguster des préparations à base de pois chiche (soupe, fougasse...) et des productions viticoles locales. Le pois chiche serait traditionnellement consommé le jour des Rameaux. Les balades sont possiblement agrémentées de lectures de textes sur le pois chiche (tirés d'œuvres de poètes locaux notamment d’expression occitane), de chants, de danses et de musique. C'est également l'occasion pour le KPCM de communiquer la programmation culturelle de la fête qui aura lieu quelques semaines plus tard. La forme de la rencontre et les parcours ne sont pas immuables. Néanmoins, les participants sont invités à porter le pois chiche totémique en se relayant sur l'ensemble de la distance sans le faire toucher terre. C’est le retour par la Carcarie qui comporte de nombreux obstacles dont le passage permet d'envisager la réussite de la fête. Une chute du pois chiche totémique peut présager de difficultés lors de la prochaine une fête. Enfin, le rendez-vous est une mise en contact des forces vives de la fête (KPCM, bénévoles, habitants, commerçants et associations locales) et une mise en valeur des productions locales et/ou à base de pois chiche.

La Fête du Pois Chiche

Généralement organisée fin mai ou début juin, la Fête a lieu dans le cœur de Montaren du vendredi au dimanche et investit différents espaces comme les Petits Jardins, la Médiathèque, les places publiques, le foyer municipal... et en crée d'autres, éphémères, spécialement pour les trois jours de programmation et d'accueil (scènes, barnums, loges, catering des artistes et des bénévoles...). La particularité de la programmation est l'éclectisme revendiqué en abordant divers styles musicaux et disciplines artistiques (théâtre, danse, expositions…) ainsi que la pluralité générationnelle et sociale des publics. L'accès à la fête est principalement libre, oscillant entre gratuité et participation financière variable. La Fête est institutionnellement soutenue par différentes collectivités territoriales mais ces soutiens ne conditionnent pas a priori sa tenue. Les intervenants professionnels (artistes et techniciens) sont invités et rémunérés quand c'est possible pour le comité organisateur. Le public peut se mobiliser pour la programmation mais il est généralement présent pour l'expérience globale de la fête, son cadre narratif et son univers familier. Cela démontre aussi une confiance certaine du public dans les propositions artistiques du KPCM et la capacité de découverte que ce dernier suscite chez les spectateurs. En dehors des spectacles, les participants sont régulièrement pris à partie pour divers moments rituels et des créations immersives, abolissant ainsi à maintes reprises les frontières entre artistes et publics, entre professionnels et amateurs. Une particularité très forte de la Fête est la mobilisation des villageois, bénévoles, et leur inclusion dans l'imaginaire festif comme dans l'organisation pragmatique. Le KPCM a pour volonté d'intégrer à la fête toutes les dynamiques en présence sur les lieux. Certains membres ont pour fonction principale de fournir un cadre narratif ou matériel aux arrivants et participants de toute composition. Le pois chiche et le Pois-Chiche Masqué symbolisent l'esprit de la fête : « l'idée qu'autour d'une légumineuse totémique pourrait s'unir des énergies divergentes mais complémentaires, des inspirations d'ici et d'ailleurs, des pensées poétiques et drolatiques, des publics bigarrés de tout âge » (Les Ravis de la Carcarie).

Logo de la fête du pois chiche (dessiné par le KPCM@)
Logo de la fête du pois chiche (dessiné par le KPCM@)

Le Musée International du Pois Chiche

Apparu en 2011, le Musée International du Pois Chiche se revendique « musée sans conservateur » :

« On peut y découvrir les outils usuels, de travail, produits dérivés et usages méconnus du pois-chiche au cours des siècles. De nombreuses histoires de pois chiche ont été retrouvées, attestant ainsi de l'ancienneté de l'implantation du pois chiche dans notre village. Le Pois Chiche Masqué n'a pas le désir d'en désigner une comme étendard, préférant laisser à chacun le loisir de choisir son histoire et d'en faire émerger de nouvelles. Un certain nombre de fragments d’histoires, d’objets usuels, rituels, commerciaux attestant du travail du pois chiche, ou encore des photos familiales du pois chiche masqué… sont glanés dans le village et exposés au Musée International du Pois Chiche lors de la fête » (texte du KPCM).

Il s'agit d'un musée qui prend forme chaque année pour quelques jours et propose des visites au public qui appuient l'imaginaire collectif de la fête et l'univers du Pois Chiche Masqué. C'est un lieu important de création narrative et patrimoniale, de validation des différentes légendes et mythologies fantaisistes produites autour de la fête et du pois chiche par les participants et les membres actifs. Le musée met en scène le patrimoine comme une construction collective, il est une mise en abîme de cette fusion entre patrimoine et création qui caractérise la fête du pois chiche.

La Poichichade

La Poichichade est une déambulation musicale et théâtrale, rappelant des aubades traditionnelles agrémentées de scénettes écrites et jouées aux fenêtres du village. Elle a lieu le samedi matin de la fête, menée par l'orphéon officiel nommé la Banda Brutti puis animée par différents groupes plus ou moins habituels comme les Petits Frères Péteurs qui sont invités à suivre le cortège et à chanter pendant quelques minutes chacun. C'est au cours de la Poichichade qu'apparaît le plus de fois le Pois Chiche Masqué sous sa forme quasi-humaine (un hybride de pois chiche humanoïde) et qu'il prend la parole publiquement. Certains de ses traits de caractère sont immuables : il est amoureux, fier (parfois vantard), enthousiaste, justicier courageux et idéaliste. Son ennemi juré se nomme OGM, un personnage calculateur, manipulateur, nuisible et jaloux. Chichette est un des personnages féminins permanents : elle aime le Pois Chiche Masqué mais le remet en place avec des arguments féministes. La Poichichade peut demander un travail d'écriture élaboré et les personnages exigent d'être campés par des comédiens, amateurs ou professionnels, très investis. Le contenu du scénario est transmetteur des valeurs de la fête : convivencia, paratge, poésie et imagination collectives, émancipation par la création, élaboration de communs culturels et contre-culturels... Il inclut également les problématiques politiques et conjoncturelles locales, nationales et globales en abordant les champs de l'écologie, du féminisme, du patrimoine local, de la répartition des richesses et des faits divers médiatiques qui apporteraient de la matière à penser et à rire de manière accessible. Différents degrés de lecture peuvent être appréhendés dans cette déambulation familiale et humoristique. La Poichichade est un moment d'inclusion du public dans le village, le paysage et dans l'imaginaire collectif de la fête et s'achève par un apéritif partagé dans l'espace public.

L’Orgasmiche Poichivari

Il s'agit d'une procession nocturne dont la forme – variable - est revendiquée comme un moment exutoire à la fois individuel et collectif lors duquel « tout le monde peut sortir son pois chiche » (propos du KPCM), donc sa folie douce, son pantai, sans avoir peur d'être jugé. Pour cela, le cortège est accompagné de musique de transe, acoustique et jouée par des percussionnistes en déambulation ou électronique et amplifiée sur un char mobile (selon les modèles des trio électricos bahianais). Comme pour la Poichichade, le Poichivariche réunit différents personnages de la famille du Pois Chiche Masqué, des composantes festives et musicales stables (Frères Péteurs avec leur Géant Péteur) et possiblement d'autres animaux totémiques locaux. Il s'agit d'un moment de fête particulièrement libérateur et désinhibant notamment pour les adolescents et jeunes adultes dont la nuit se prolongera encore quelques heures après la procession.

Le Bankchiche

Le dimanche midi, le KPCM installe dans l'espace public des tables et des chaises pour le Bankchiche, un repas en commun pour les participants de la fête. Une animation possible du repas est le Konkours de recettes de cuisine à base de pois chiche. Le Konkours de recette “Mireille Dumas” (du nom de la première secrétaire du KPCM) est une forme de rituel lors duquel se remet le trophée du Pois Chiche en métal (réalisé par un ferronnier du village) et le Traité du Pois Chiche de Farouk Mardam-Bey et Robert Bistolfi sur lequel les gagnants du Konkours sont invités à écrire leur recette. Souvent associé au Bankchiche, il peut cependant avoir lieu le samedi soir. Le Bankchiche n’est pas caractérisé par des spectacles d'animation, il s’agit bien d’un banquet collectif qui favorise l'échange et la participation, la convivialité et la rencontre.

La Criée publique

La criée publique est le résultat d'une collecte de petits mots dans des boîtes prévues à cet effet, disposées pendant les trois jours de fête sur les comptoirs des buvettes. Papiers et stylos disponibles, tout un chacun peut laisser par écrit un message, anonyme ou pas, au contenu libre : petites annonces, coups de cœur ou de gueule, poésies, révélations, proverbes et paroles de chansons... Le Crieur récolte les messages en fin de fête procède à une criée publique très attendue par les participants. Cette initiative vient directement du Crieur Public anciennement de la Croix Rousse et membre permanent de la fête du Pois Chiche. La criée, proche d'un rituel, se découpe en plusieurs étapes : l'échauffement du public, la présentation du crieur et de sa fonction, un cri collectif, des applaudissements, une embrassade, pour générer une écoute attentive de la lecture des messages. La criée constitue un moment représentatif de la fête, de ses publics, et de la liberté de ton et de propos partagée pendant les trois jours précédents.

Criée publique (Stéphanie Dubus©2017)
Criée publique (Stéphanie Dubus©2017)

Le baleti et le Fantastik embrasement

En fin d'après-midi du dimanche, c'est un baleti, bal traditionnel, qui prend la place centrale pour une réunion finale de tous les participants au même endroit. Le baleti n'est pas défini par des esthétiques musicales particulières, mais par la mise en mouvement du public sur des danses dites traditionnelles de chaînes, de couples, de groupes, dont les chorégraphies sont déjà connues du public pour être pratiquées dans les autres bals traditionnels de la région ou d'ailleurs. Il s'agit de danses non pas de représentation mais de participation, c'est-à-dire dont la fonction n'est pas nécessairement la performance physique et athlétique mais la cohésion entre danseurs et en interaction avec les musiciens ainsi que la transmission orale et in situ des pas et des mouvements spécifiques. Elles ne nécessitent pas de spécialisation et suscite la participation et l'apprentissage collectifs sans prérequis. La clôture du bal, et officiellement de la fête, se matérialise par l'embrasement du Pois Chiche. L’effigie, réalisée chaque année spécialement pour la fête, est portée et promenée pendant les trois jours pour finir au bûcher. L'embrasement est réalisé progressivement et toujours en musique de sorte que le bal laisse progressivement la place à une farandole rituelle autour du feu. Ce moment est particulièrement chargé émotionnellement, les participants dansent puis s'embrassent, s'enlacent, pleurent de joie, de fatigue et d'effervescence collective. Le feu clôt la fête mais il constitue aussi un rituel régénérant pour les années suivantes et la bonne transmission de la fête dans le temps. L’empêchement de ce feu rituel serait de mauvais augure pour la fête et pour le monde.

Fantastik embrasement (Stéphanie Dubus©2017)
Fantastik embrasement (Stéphanie Dubus©2017)

Le Traderidera

Il s'agit d'un tout dernier rituel, après le départ massif des participants, et donc plus interne au comité organisateur de la fête, consistant à se retrouver à la buvette pour récompenser ou encourager les bénévoles encore actifs pour le rangement du site en finissant les stocks de boisson. Il s'agit d'un jeu de coordination collective avec un mouvement et un chant mettant en jeu des verres de bière. Comme ce moment correspond aussi à une phase de rangement collectif, il peut être un moment propice à la régulation des énergies associatives et au rééquilibrage du partage des tâches.

1. La Carcarie est un doux relief de la commune de Montaren-Saint-Médiers.
2. La pastorale est ici une pièce de théâtre populaire et musicale jouée en Provence durant les fêtes de Noël. Elle retrace l’histoire de la nativité du Christ au travers du quotidien provençal.
3. Danse traditionnelle provençale en chaîne largement diffusée dans toute l’Occitanie.
4. La goguette est également une pratique de sociabilité traditionnelle que l’on retrouve dans les fêtes carnavalesques.

Français, occitan et chichelangue (une légère transformation du français à la fois orale, en ajoutant le son « chich » et écrite en remplaçant le son [k] par la lettre K (orthographe inspiré du nom du pois chiche en latin cicere et prononcé [kikere]).

Patrimoine naturel

Dessin d'un plan de pois chiche (@larousse.fr)
Dessin d'un plan de pois chiche (@larousse.fr)

 

Le pois chiche est une plante dicotylédone de la famille des fabaceae sous-famille des faboideae, originaire de Méditerranée orientale. Le pois chiche est donc une légumineuse, une plante dont le fruit est une gousse. La plante du pois chiche est annuelle, buissonnante de 20 cm à 1 mètre de haut. Les gousses ont un diamètre d’environ 3 cm et peuvent contenir une à deux graines rondes ou bosselées de couleur crème plus ou moins foncée. Le nom savant et latin du pois chiche est le cicer arietinum, de cicer (pois) et aries (petit bélier). Les pois chiches sont riches en glucides, en protéines, en vitamines, en fer. Ils sont un bon substitut à la consommation de viande. Ils assimilent directement l’azote et en restituent. Ils constituent ainsi un élément de régénération des sols dans la rotation des cultures.

« Jusqu’à une époque très récente la culture des pois chiches reste familiale et peu importante. On sème dans son jardin, dans un coin de vigne ou d’olivettes. Il faut un kilo de semences pour obtenir cinq kilos de pois chiches. Toutefois avec le développement des moyens de transport à la fin du XIXème siècle (la voie ferrée est mise en service en 1885), une petite part de la production est vendue à Lyon, Marseille et Paris (jusque chez Fauchon) . Pendant la Seconde Guerre Mondiale, on utilisera les pois chiches comme grains de café (mais en fait, l’orge, moins dure une fois grillée, sera préférée aux pois chiches). Les cultures essentielles de Montaren sont les céréales et la vigne. Ce n’est que très récemment et avec l’arrachage des vignes et aussi parce que les machines qui servent aux céréales servent aussi à la culture des pois chiches, que cette activité a pris de l’ampleur. Les quelques agriculteurs de Montaren ont passé un contrat avec la Société Panzani (par l’intermédiaire de leur coopérative) qui leur fournit les semences et achète la récolte avant de commercialiser la production. Cela ne les empêche pas de continuer à produire de petites quantités pour leur consommation personnelle et pour la fête du pois chiche » (Mireille Berthier 1)

La Carcarie

La Carcarie est le relief du village de Montaren, dont le nom même signifierait « montagne de sable » ou encore “chair cariée”, et par extension “carrière”... Il y eut des carrières de sables et d'argile. Ce petit mont culmine à 189 mètres d'altitude. Il est considéré comme un lieu sacré de vie du Pois-Chiche Masqué qui y aurait une tanière. Les récoltes de pois chiches y ont connu de francs succès. Des légendes locales racontent qu’il y existait des mines de chiche d’où l'on extrayait les “chiches fossiles” au risque de “coup de chichou”.

Patrimoine bâti

La fête est initialement ancrée dans le village de Montaren (commune de Montaren-et-Saint-Médiers) dont la forme vue du ciel se rapprocherait de celle d’un pois chiche mais les participants et organisateurs n'excluent pas l'éventualité d'un déplacement vers d'autres lieux d'accueil à partir desquels il serait possible de « tisser un récit » en lien avec le pois chiche et d'y intégrer des formes telles que la Poichichade, l’Orgasmiche Poichivari ou encore le Musée. Les critères déterminants, et à protéger ou renforcer, sont avant tout :

- la préservation des espaces publics, leur possible traversée et occupation par la fête et ses contours ;
- la protection des habitations et de leurs occupants (lutte contre l'insalubrité résidentielle et la précarité sociale) ;
- l'entretien de la sociabilité entre villageois ou voisins de quartier de façon à remédier à la peur de l'autre, à la méfiance réciproque, et à l'isolement généralisé ;
- la garantie des droits culturels pour tous-tes de manière à développer la curiosité et l'accueil de formes culturelles diversifiées.

Les Petits Jardins

Il s'agit d'un patrimoine rural de quatorze jardins potagers traditionnels, clos de murets en pierres sèches près du temple de Montaren. Chaque jardin possède son puits et ses plants de pois chiche. Sur les 14 jardins, sept sont mis à disposition par leurs propriétaires et sept autres sont municipaux, prêtés à des habitants du village. L'association Citrouille et Cie est à l'origine de la défense et de la restauration de ce patrimoine, entretenu au quotidien par les propriétaires et des bénévoles. Ils tiennent une place centrale dans la création de la Fête du Pois Chiche qui a fait suite à la fête des Petits Jardins qui existait depuis 1998. L'association Citrouille et Cie fait partie du KPCM. Des Petits Jardins sont mis à disposition de la Fête du Pois Chiche (par des propriétaires et des habitants) pour le Musée International du Pois Chiche mais aussi des spectacles, animations, siestes musicales, conférences, expositions, stands associatifs (notamment en lien avec l’écologie). La Fête du Pois Chiche entretient ainsi des liens importants avec la nature et le petit patrimoine rural et agricole de Montaren ou d'ailleurs. Les Petits Jardins symbolisent enfin l’accès à la terre, une possible autosubsistance alimentaire locale soit une alternative à la propriété privée et à la destruction de terres cultivables. Enfin, les Petits Jardins étaient autrefois le lieu où se plantaient et se récoltaient les fameux Chiches Pommes dans une immense chicheraie... Les événements de 1868, la fameuse marche des chicheurs en colère eut lieu au moment où ses chicheraies disparaissaient…

Les Fours à pain de Montaren et St Médiers

Autrefois lavoir communal, le four à pain de St Médiers est désormais à destination des deux communes réunies de Montaren-et-Saint-Médiers. Il est régulièrement en usage notamment pour la cuisson des galettes des rois de l'Épiphanie. L’ancien four de Montaren, appelé “la crypte”, abrite toute l’année l'autel de Chichemou, divinité de la famille du pois chiche devant lequel se regroupent des adeptes de la fête du pois chiche. Lavoir, four ou autel, ces lieux centraux d'existence du village s'inscrivent dans le patrimoine des communs et dans une nécessité de rencontre, de dialogue, et de dynamique communale. Les lieux communaux, comme les espaces publics, doivent être protégés des enclosures et être considérés comme des socles du patrimoine culturel immatériel.

La Tour Sarrazine

« Construite autour de l’an mil, la tour sarrazine de Montaren est l’un des plus anciens monuments du Pays d’Uzès. Maintes fois remaniée et aménagée selon les goûts et les époques, elle constitue un précieux témoignage du premier château-fort construit au XIe siècle sur un petit monticule où les Romains s’étaient déjà installés quelques siècles plus tôt […] la tour dite « sarrazine » n’a vraisemblablement de sarrasine que ce que le romantisme du XIXe lui a donné comme surnom, en référence aux édifices en pierre construits par les sarrasins dans notre région, qu’ils dominaient au VIIIe  siècle de notre ère.» (www.latoursarrazine.com).
Différentes légendes recueillies oralement pendant la fête relatent des jets de pois chiches de la part des Montarenois depuis la Tour sur des envahisseurs... Mais la Tour est surtout un des lieux d'apparition du Pois Chiche Masqué. Elle est enfin un témoignage des appropriations esthétiques et culturelles qui ont traversé l'histoire locale et porte la marque d'un emprunt architectural aux Sarrazins. Elle n'est donc pas un témoin de conflits d'invasion et de désir de repli sur soi mais bel et bien un symbole des échanges culturels, entre esthétiques locales et étrangères, entre populations anciennes et nouvelles.

La Croix de la Place du Plan est érigée à l'endroit où aurait germé le premier pois chiche selon une légende locale et marque le départ de la Poichichade. Le balcon de l’ancienne poste-mairie et le château sont des lieux où le Pois Chiche Masqué fait traditionnellement ses apparitions lors de la Poichichade.

Objets, outils, matériaux supports

Les effigies du Pois Chiche 

Le Pois Chiche Masqué peut apparaître sous sa forme vivante et « humanoïde » mais pour la bonne tenue des rituels il existe officiellement deux effigies, masquées ou pas. Une effigie est la représentation matérielle d'un personnage. Du point de vue anthropologique, l'effigie est possiblement en lien avec la personne représentée de par ses charges et efficacité symboliques. En effet, manipuler l'effigie peut produire des effets sur la personne ainsi représentée. Avant tout, elle porte ses effets sur la communauté elle-même : en la rassemblant matériellement autour du Pois Chiche qui symbolise lui-même la communauté festive, elle s'identifie et se confond avec le personnage. L'effigie se trouve chargée de l'identité communautaire, complexe, changeante, imaginative mais concentrée dans l'endroit resserré et dense du pois chiche. Deux effigies existent officiellement, elles sont créées par des habitants du village 2 : une effigie officielle de procession, “l’offichielle”, et une effigie rituelle éphémère. La première est tout à la fois exposée et conservée, d'année en année. Elle est portée par quatre membres de la fête, qui revêtent un costume et une coiffe officiels de porteurs, puis déposée à différents lieux et moments de processions (Poichichade, Poichivariche...). Elle est mobilisée pour les invitations extérieures, processions totémiques officielles etc. La seconde apparaît aussi pendant la fête. Son apparence est changeante et peut s'adapter d'année en année aux changements conjoncturels et de la fête. Le dimanche, elle est menée au bûcher pour l'embrasement rituel et finit donc chaque année aux flammes, en musique, au centre d'une farandole. Cet embrasement est le moment essentiel d'une régénération de la communauté et de l'âme de la fête. L'émotion partagée est vive face à l'effigie en feu, la ferveur et l'effervescence y atteignent leur point d'orgue.

Le Musée International du Pois Chiche et son fonds

« Fruit de longues recherches et d'un patient collectage en Uzège et bien au-delà l'ensemble des pièces réunies par M. Piche a permis l'ouverture en 2011 du M.I.P.C. Musée International du Pois Chiche. Il y présente lui-même les outils et les ustensiles les plus rares, les variétés anciennes -souvent oubliées- de cette belle légumineuse, de surprenantes curiosités scientifiques et bien d'autres choses encore qui font de la visite guidée de ce Musée un riche moment culturel et pédagogique comme seule la Fête du Pois Chiche sait vous en proposer. » (Eric Babaud)

Les collections du musée touchent à plusieurs domaines de recherche (archéologie, histoire, botanique, savoir-faire artisanaux, beaux-arts, culture traditionnelle...) et participent à l'inventaire de la fête du pois chiche en documentant les éléments culturels qui la composent (costumes de porteurs, généalogie du Pois Chiche Masqué, produits manufacturés de la Konfrérie des Petit Frères Péteurs Impénitents – voir plus bas- etc). Le musée travaille à l'élaboration d'une discipline propre, le chichisme, inspiré par les recherches initiales et préliminaires du professeur Maurizio Lépré 3 et dont les principes de conservation sont basés sur le récit, la littérature orale, l'interprétation et le détournement, l'adaptation et l'invention. La culture matérielle est ici support d'imaginaire, de récits communs et d'un parti pris d'invention culturelle par le dispositif légitimant de la muséographie.

Culture matérielle de La Konfrérie des Petits Frères Péteurs Impénitents

Les Petits Frères Péteurs Impénitents ont fait leur première apparition lors d'une fête du pois chiche. Ils constituent une Konfrérie, selon le modèle des confréries méditerranéennes de pénitents laïcs, et se regroupent dans un « monastère », inspiré par le modèle chrétien regroupant des moines ou des moniales qui vivent sous une même règle, mais s'en distinguant fortement. En effet, les membres de la Konfrérie ne connaissent pas la claustration et prêchent justement la non-claustration des flatulences dont ils flattent les propriétés. Cet univers impénitent est renforcé par un décorum cultuel élaboré. La tenue obligatoire des Petits Frères est unisexe la Konfrérie est ouverte désormais aux femmes), en velours rose, avec un capirote imitant la coiffe traditionnelle des pénitents flagellants. Lors de leurs interventions publiques, principalement musicales, ils prônent le culte de Saint Pet dont ils promènent l'effigie et font la démonstration de sa mobilité. Enfin, dans des défilés officiels et lors du Poichivariche, la Konfrérie sort son géant péteur processionnel, élément d'identification et de représentation créé à leur image.

Dentifrice de la Konfrérie (Stéphanie Dubus@2017)
Dentifrice de la Konfrérie (Stéphanie Dubus@2017)

 

Certains produits manufacturés issus de leur monastère sont compilés au Musée International du Pois Chiche comme le gaz de pois-chiche en boîte (résultant de collectes régulières et de dons de pets), le dentifrice émail ratiche à base de pois chiche…

1. Mireille Berthier est autrice et conférencière sur l'histoire de Montaren-et-Saint-Médiers. Elle intervient comme experte et érudite sur les questions communales et a intégré le pois chiche et sa fête au récit officiel et légendaire du village.
2. Ruth Immof, Eddy Krahenbul et Eric Babaud.
3. Également musicien dans la Banda Brutti. Il n’existe aucune trace écrite de ses conférences.

L'apprentissage et la transmission sont au cœur de la Fête du Pois Chiche de Montaren, elles en sont même les fondements, la fête ayant été créée dans le sillon de nombreuses initiatives culturelles d'apprentissage et de transmission (musique, théâtre, jardinage...). Ainsi, chaque initiative collective locale peut être mise à contribution pour la fête. Et réciproquement, la fête se fait courroie de transmission pour de nombreuses activités socioculturelles. Les modes d'apprentissage et de transmission de la fête en question sont avant tout d'ordre oraux et expérientiels et ils se jouent à deux niveaux : interne et externe.

La transmission interne désigne tous les apprentissages réalisés dans le cadre de l'organisation de la fête en particulier par les membres du KPCM et tous les bénévoles œuvrant à sa réalisation. Telle un fête votive, le comité organisateur intègre les plus jeunes membres par la distribution de responsabilités, par l'encouragement à la prise d'initiative, par l'obligation d'agir collectivement et dans le respect de tous. Les mêmes procédés d'intégration peuvent être observés auprès de membres nouveaux (néo-résidents) ou passagers (bénévoles ponctuels mais fidèles). C'est un dispositif d'éducation populaire élaboré dans lequel les membres y font l'apprentissage du collectif, de l'organisation, de la prise de paroles et de décision, ainsi que d'un répertoire commun de références, de chants, de musiques, de danses, de jeux, qui contribue à la constitution d'une communauté pratique et imaginaire à la fois.

La transmission externe désigne plus largement tous les savoirs acquis par les membres de l'organisation, les habitants, les publics et visiteurs divers, pendant le temps de la fête, à leur contact et au contact d'artistes et de formes culturelles aux propos et esthétiques variés. La programmation artistique participe de cette transmission, comme pourrait le faire un festival culturel, à ceci près qu'il s'agit à proprement parler d'une fête et non d'un festival. Le festival se définit par une programmation qui fournit des produits culturels et artistiques à des clients festivaliers venus consommer et trouver des plaisirs esthétiques dans le champ de leurs goûts. Le choix du vocable « fête » par le KPCM découle d'une volonté de s'inscrire dans la continuité d'autres fêtes préalables de Montaren, comme la fête des Petits Jardins, et d'appuyer la fonction patrimoniale, communautaire et fraternelle du rendez-vous : « la fête instaure une relative mise en parenthèse des statuts sociaux au profit d'autres critères » (Bertrand et Fournier, 2014) qui seraient ici l'ouverture, le désir de rencontre, et l'imagination débridée. Aussi, « la fête donne toujours une place de choix au mythe, et surtout au rite et à la structuration du temps en séquences rituelles » (Crozat et Fournier, 2005).

La fête, en plus d'être gratuite, est un espace privilégié et accessible de la transmission et de l'apprentissage de l'imaginaire du Pois Chiche : chaque moment essentiel de la fête, en tant que rituel identifiable et reconnaissable d'année en année, cristallise la vocation à inviter et intégrer les participants. La Poichichade se veut ainsi « initiatique » (propos du KPCM), le Musée International du Pois Chiche prétend moins à la conservation qu'à la médiation de la fête et de ses fondements, la Konfrérie des Petit Frères Péteurs Impénitents procède à des « intronisations » régulières et publiques de ses membres... Le thème général du pois chiche est lui-même exploré dans toutes ses dimensions et exposé au public dans toute sa complexité botanique, historique, géographique, économique grâce à l'organisation de conférences d'expert-e-s en libre accès. Le KPCM prend soin chaque année d'investir la totalité du village et d'impliquer le plus d'acteurs locaux possibles comme les producteurs, les commerçants, les associations œuvrant pour l'écologie, le recyclage, le tri sélectif, la bio-diversité, l'économie locale... et les habitants.

Enfin, la Fête du Pois Chiche constitue un espace d'apprentissage et de transmission des droits culturels fondamentaux qui « visent à garantir à chacun la liberté de vivre son identité culturelle, comprise comme l’ensemble des références culturelles par lesquelles une personne, seule ou en commun, se définit, se constitue, communique et entend être reconnue dans sa dignité » (Déclaration de Fribourg sur les droits culturels, 2007), qui donnent le droit à chaque personne de participer à la vie culturelle, de vivre et d’exprimer sa culture et ses références, dans le respect des autres droits humains fondamentaux. À l'instar de la notion générale de culture, la Fête du Pois Chiche est « un processus interactif par lequel les personnes et les communautés, tout en préservant leurs spécificités individuelles et leurs différences, expriment la culture de l’humanité. Elle prend en compte le caractère individuel et « autre » de la culture en tant que création et produit d’une société. » (Observation générale n°21, Comité des droits économiques, sociaux et culturels, 2009).

Un espace de transmission important de la Fête du Pois Chiche de Montaren est la place attribuée à l'apprentissage musical et poétique en fournissant différents supports relayant le répertoire musical, chanté et scandé spécifique à la fête (livrets, affiches, banderoles, pancartes...). Néanmoins la transmission de ce répertoire commun est principalement orale et se distingue fortement par la plasticité des formes et des contenus qui incite chaque personne à contribuer à l'invention de nouvelles références. Les détails des espaces de transmission sont abordés dans le chapitre suivant (par groupe transmetteur) et les différents éléments culturels empruntés et appropriés dans le cadre de la fête seront abordés au point "Evolution / Adaptation / Emprunts de la pratique". La Fête du Pois Chiche œuvre également à la transmission de son univers festif et autoréférentiel dans d'autres fêtes similaires et parfois partenaires où certains de ses membres sont régulièrement invités. Il est possible de mesurer l'impact de cette fête et sa transmission effective grâce aux jeunes influences qu'elle a exercées sur des associations et groupes des communes environnantes : un certain engouement pour les totems et l'invention de nouvelles traditions fédératrices émerge dans le pays d'Uzège depuis 2018. Certains fervents chichocentrés de la Fête du Pois Chiche parlent de « satellites de la planète Chiche ».

le KPCM, Kollectif du Pois Chiche Masqué

Le KPCM est le comité organisateur de la fête. Collectif rassemblant plusieurs associations, il est représenté par un bureau de membres actifs et de quelques salariés intermittents. La préparation de la fête exige un travail sur toute l'année, et l'organisation d'événements périphériques pour compléter les financements publics et recettes de la fête (lotos, concerts...).

La Banda Brutti

Groupe musical amateur mélangeant fanfare et batucada, il est reconnu désormais comme l'orphéon officiel de la fête. La direction musicale 1 fait tendre le répertoire vers des reprises d'esthétiques variées (classique, jazz, traditionnel local et international, variétés...) régulièrement détournées au profit de l'imaginaire du pois chiche. Ce sont une cinquantaine de musiciens amateurs qui se retrouvent fréquemment (environ une fois par semaine) à St Quentin la Poterie 2  pour apprendre les morceaux, les répéter, mais aussi partager un moment convivial et intergénérationnel (enfants et adultes de tous âges). La transmission est essentiellement orale mais la lecture musicale est également pratiquée à différents niveaux. La Banda Brutti peut constituer pour de très jeunes musiciens une première expérience collective très formatrice. En effet, l'apprentissage de la musique se fait par la pratique collective, l'interdépendance entre musiciens, et se développe dans des occasions festives très fréquentées telle que la Fête du Pois Chiche. La représentation publique, à tout niveau musical, constitue un passage important dans le parcours d'un musicien et l'apprentissage de l'aspect fonctionnel de la musique dans la fête, dans la rue et dans l'accompagnement d'une foule, d'un propos, d'un spectacle. Leur costume officiel est de couleur rouge et blanche, à rayures et bien sûr à pois. Une autre tenue existante est réservée aux moments rituels : elle est de couleur “pois chiche”, avec des parties végétales et industrielles.

La Konfrérie des Petits Frères Péteurs Impénitents

Créée par François Baudry dans le sillon de la fête, la Konfrérie constitue un autre espace de transmission musicale et d'apprentissage de la légitimité artistique par l'humour, la goguette, et la prise à partie du public dans le propos flatulent, culte carnavalesque des souffles, de la circulation des âmes et de la libération des esprits. Désormais, les Petits Frères Péteurs Impénitents accueillent des Soeurs et restent ouverts à tout-e volontaire désirant apprendre à faire de la musique, chanter, jouer la comédie et se retrouver régulièrement afin de faire vivre la Konfrérie de façon conviviale (commensalité, apéritifs...).

Konfrérie des Petits Frères Péteurs Impénitents (Stéphanie Dubus©2017)
Konfrérie des Petits Frères Péteurs Impénitents (Stéphanie Dubus©2017)

Les Adorateurs de Chiche Mou et du Pois Chiche Solaire et dérivés

Les Adorateurs en tout genre sont des groupes théâtraux éphémères entraînés par Thérèse Babaud dans le but de transmettre le goût du pois chiche, le goût de la fête et incitent les publics à participer financièrement sous forme de dons, à prix libre, pour soutenir l'initiative de la fête. Leurs interventions sont de nature spectaculaire et interactive, elles peuvent s'insérer dans d'autres dispositifs culturels, festifs et rituels comme les émissions de radio, les banquets, la Poichichade etc.

Les Adorateurs en « Chcouts »(Stéphanie Dubus©2017)
Les Adorateurs en « Chcouts »(Stéphanie Dubus©2017)

Le Musée International du Pois Chiche

La fonction du musée est décrite plus haut dans le "Eléments matériels liés à la pratique", concernant les éléments matériels. Sa fonction de transmission est assurée par Eric Babaud qui peut être assisté ponctuellement d'animateur-rice-s aux compétences oratoires, linguistiques pour perfectionner la médiation avec le public.

La Poliche et le SLIP

La Poliche désigne les services de sécurité très particuliers de la fête, notamment l'unité d'élite SLIP, Section Locale d'Intervention Poichichesque qui « se voit confier la gestion de missions secrètes pour le KPCM » (propos du KPCM). Les membres de la Poliche interviennent le temps de la fête de façon aléatoire voire inintelligible. La Poliche est avant tout un lieu d'intégration de membres aimant jouer avec le cadre des règles et des normes tout en s'amusant à le rappeler aux autres participants de la fête. Ainsi, la Poliche est devenu avec le temps un symbole d'intégration très fort pour les personnes se considérant ou étant considérées comme hors-normes et appuie fortement l'esprit original de la Fête du Pois Chiche qui encourage la convergence de publics variés, d'imaginaires improbables et de surprises humanistes, spirituelles et drôles.

La Poliche (Stéphanie Dubus©2017)
La Poliche (Stéphanie Dubus©2017)

Le Crieur Public de la Croix Rousse

Le Crieur Public de la Croix Rousse représente le Ministère des Rapports Humains. Son action est décrite plus haut dans le point 1.5. concernant la description de la fête. Il s'agit de Gérald Rigaud, anciennement crieur dans le quartier lyonnais de la Croix Rousse (pour un septennat) et néo-résident de la région Occitanie. Gérald est crieur dans de nombreuses fêtes et festivals, dans la région et au-delà, il est un transmetteur très important de l'imaginaire de la fête du pois chiche, on pourrait même dire un représentant. Il tisse par ses criées des relations entre différents lieux habités par des fêtes, des totems, et des récits collectifs s'appuyant sur le patrimoine et la création, la tradition et l'invention à des fins collectivistes, festives et humanistes. Sa fonction de libération de la parole agit de façon interne sur les membres organisateurs mais également de façon externe en intégrant le public à un rituel collectif efficace.

Les Ravis de la Carcarie

Membres fondateurs de la Fête du Pois Chiche, Les Ravis de la Carcarie forment une association musicale et théâtrale qui réunit notamment les membres de la pastorale locale. La pastorale provençale est un genre littéraire et théâtral, à la fois religieux et humoristique, qui relate la Nativité de Jésus-Christ et met en scène les personnages de la crèche traditionnelle sous forme parlée et chantée. Il s'agit au départ d'une œuvre de transmission de l'Évangile. Mais les Ravis de la Carcarie constituent d’abord une troupe de théâtre amateur cherchant le moyen d’après Clément Baudry, fondateur, “de partager une expérience artistique avec les habitants3 sur un modèle “d’immersion sociale” qu’il avait vécue à Marseille 4 : si les valeurs chrétiennes sont bien présentes dans ces œuvres, la foi et l'engagement des gens n’étaient pas déterminants. La mobilisation collective fut dès le départ relativement forte dans une volonté de redonner du sens aux fêtes familiales, calendaires et rituelles traditionnelles, en l’occurrence les fêtes de Noël. La pastorale était chaque année présentée à plusieurs reprises en période de Noël. Les Ravis de la Carcarie ont choisi à l’origine d'interpréter la Pastorale Audibert, écrite par Jean François Audibert en 1896 à Marseille sous le titre La naissance du Christ, pour finalement et principalement s’en inspirer. En effet, les textes en français et les chants en provençal (occitan) furent remaniés chaque année, voire totalement réécrits par François Baudry depuis 2015. Le collectif des Ravis de la Carcarie est à la fondation du KPCM. Cette parenté interroge l'aspect « cultuel » de la Fête du Pois Chiche qui s'inspire fortement des rituels chrétiens tout en transmettant un tout autre récit fantaisiste. Cette démarche appuie la liberté de culte, la possibilité de vivre avec différentes croyances dans la mesure où elles renforcent les liens humains et communautaires bien au-delà d'une communauté de foi. Enfin, les Ravis de la Carcarie sont les porteurs associatifs de la Banda Brutti et de la Konfrérie des Frères Péteurs Impénitents. Au sein du KPCM, ils sont souvent délégués pour assumer la représentation extérieure du Pois Chiche.

1. À l’origine par Clément Baudry,membre fondateur de la fête.
2. Le foyer de Montaren est trop petit et les voisins trop proches.
3. Dont plusieurs membres de l'Association des Parents d'Elèves.
4. Expérience au sein de la Pastorale du Lacydon.

« Une légende officielle est écrite par les enfants de l’école primaire communale en 2012... Elle disparaît aussitôt dans les étagères de l’école d’où elle n’est plus sortie depuis et ne prend donc pas le pas sur les nombreuses légendes offichielles ou apocryches... D’où la devise « On s’en chiche ! » ? Place à l’imagination ! » (Histoire officielle écrite par le KPCM)

La Fête du Pois Chiche de Montaren n'a officiellement pas de légende officielle. Mais l'imagination au fondement de sa création et de sa vivacité s'ancre dans des éléments culturels essentiels et vérifiables :

« Il y a plus de 7000 ans, les pois chiches étaient cultivés au Moyen-Orient sur les reliefs qui entouraient la Mésopotamie […] Et puis vinrent les Romains qui, faisant de la Méditerranée leur mer, répandirent ainsi la culture des pois chiches sur tout son pourtour […] Et puis l'empire romain disparut sous les coups des Barbares venus du Nord  […] Seule l'Espagne continuait à en cultiver et à en consommer […] Ce n'est que vers le XIIème siècle que les pois chiches retrouvèrent vraiment le chemin des l'Europe occidentale avec les Croisés venus de Jérusalem […] À Montaren, au début du Xxème siècle, 2 à 3 ha de terres étaient cultivés en pois chiches […] Il n'y avait pas vraiment de champs de pois chiches, on les alignait entre les rangées d'oliviers ou dans un coin d'une vigne […]  Chaque famille gardait pour l'hiver son sac de pois chiches […]  La reprise de la culture des pois chiches est liée [aux] possibilités d'exportation devenues plus intéressantes. Les champs cultivés en pois chiches pour l'exportation atteignent aujourd'hui plusieurs dizaines d'hectares […]  À Montaren autrefois, la fête votive était d'autant plus belle que la récolte de pois chiches avait été bonne. » (Mireille Berthier, Méditations, 2008).

Le « pois chiche de Montaren » aurait connu ses heures de gloires dans les années 1950, commercialisé alors jusque dans une épicerie de luxe à Paris. Mais la culture en elle-même était minoritaire pendant la seconde partie du XXème siècle. Une initiative locale fut cependant organisée en 1998 autour de la vie à Montaren en 1900 et le pois chiche de Montaren (fournis par l'unique producteur local de l'époque) apparaissait au menu du repas de l'événement. Le pois chiche est consommé depuis longtemps et rituellement le jour des Rameaux par les villageois mais la culture des pois chiches ne reprit qu'au tournant du XXIème siècle, en conséquence d'arrachage de vignes, de renouvellement des sols et de contrats passés avec une coopérative de céréales (Berthier, 2009).

L'initiative d'une fête en lien avec le pois chiche aurait été suggérée par les anciens du village :

« À la fin des années 1990, un jeune couple d'artistes (musiciens et chanteurs-interprètes) installé dans la commune, rêve de redonner vie à un village un peu endormi. Leurs enfants fréquentant l'école, ils songent d'abord à retrouver l'atmosphère du carnaval d'antan et, parallèlement, créent une association de musiciens et choristes amateurs venus du village ou des communes voisines qui animent certaines manifestations et notamment les fêtes des jardins. Cette dernière se déroule dans les « petits jardins du temple » qu'une autre association Citrouille et Cie a entrepris de restaurer, de mettre en valeur et d'animer. Galvanisés par les dynamiques carnavalesques renaissantes, ils entreprennent de continuer avec les pastorales. De nombreux habitants de la commune leur emboîtent le pas et retrouvent là des racines un peu oubliées. Or, au cours des répétitions de ces diverses manifestations, les anciens font allusion régulièrement aux pois chiches de Montaren. L'idée d'une fête ayant pour thème le pois chiche de Montaren va surgir de ces allusions répétées. Clément Baudry, l'initiateur et maître d'oeuvre de la fête, raconte qu'à force d'entendre parler de cette culture dont il ignorait jusqu'alors qu'elle puisse avoir un lien avec la commune où il vivait, il a imaginé une célébration qui unirait ainsi les générations, proposerait dans la bonne humeur et le rire de fêter le pois chiche qui deviendrait (un peu à la manière des animaux totémiques de l'Hérault) l'emblème, le totem bienfaiteur du village. L'idée était lancée et, de Saint-Médiers aux confins de la commune, une foule de bénévoles s'est activée pour donner à la fête ses lettres de noblesse et l'ancrer dans le patrimoine de Montaren-et-Saint-Médiers. » (Mireille Berthier, Méditations n°2, 2009).

C'est donc par la rencontre de nouveaux et d'anciens habitants que l'idée est née, puis grâce à la convergence de plusieurs initiatives associatives désirant animer le village à partir d'éléments patrimoniaux : le carnaval, les petits jardins, la pastorale, et le modèle des animaux totémiques du Languedoc. Des événements historiques très différents vont accélérer l'action collective. Tout d'abord, les élections de 2002 lors desquelles pour la première fois en France l'extrême-droite arrive au second tour des présidentielles vont secouer une grande partie de la population nationale et faire émerger de nombreuses initiatives culturelles sur tout le territoire français. C'est ainsi que Rachel Baudry, membre fondatrice de la fête, explique la création de la pastorale de Montaren en 2003 puis de l’association des Ravis de la Carcarie en 2005 1. Le second événement, en 2004, est la mort de l'artiste Claude Nougaro. Un hommage collectif sera organisé par Rachel et Clément Baudry, membres de la pastorale, qui prendra la forme d'une fête musicale et poétique en partenariat avec l'association Citrouille et Cie qui organisait déjà la fête des Petits Jardins depuis 25 ans, travaillant à leur restauration.

« À l’initiative de trois associations de Montaren et St Médiers - les Ravis de la Carcarie, Citrouille et Cie et Bon’art - la fête du Pois chiche nait en 2008 après plusieurs années de réflexion associative et de consultations locales. Elle fait suite à la fête des Petits Jardins qui rassemblait quelques centaines de personnes depuis 1998. Au cœur de ce projet : la nature, le lien social, le patrimoine, la création, l’éducation populaire et l’imaginaire collectif... Le petit Pois Chiche séduit et rassemble, fait se réunir et parler beaucoup d’habitants du village et du canton. De trois associations créatrices on passe à 15 associations membres du KPCM (Kollectif du Pois Chiche Masqué) en juillet 2009 après la seconde fête » (Historique officiel par le KPCM).

La Fête du Pois Chiche est ainsi née d'une « nécessité de créer des temps et des espaces » collectifs et conviviaux (Rachel Baudry) se distinguant dans le fond et la forme de la fête votive officielle. Le caractère carnavalesque est désiré dès le départ et c'est aussi la nécessité d'un bûcher qui posera la question de la création d'une effigie, d'une figure, d'un symbole à brûler. L'idée d'un totem, inspiré des animaux totémiques du Languedoc, s'inscrit bel et bien dans un croisement entre le carnaval (fête calendaire, païenne), le rite (religieux et/ou magique de mise en relation de la communauté, des vivants et des morts), et le mythe (entre histoire et légende) comme le décrit la tradition folkloriste et anthropologique (Baumel, 1954).

Un lien à la culture locale est travaillé dès la création de la fête : les membres du KPCM sont pour certains des néo-résidents de Montaren-et-Saint-Médiers mais il n'est pas question pour eux de créer un festival ou une fête « hors-sol » (Ménélik Plojoux-Demierre). Avant d'être un symbole, le pois chiche permet un ancrage dans le sol, au sens propre, tout comme la forme totémique qui relie la fête à une tradition languedocienne, et la réappropriation progressive de la langue occitane par les organisateurs dans l'univers mythologique de la fête, mais aussi dans la scénographie et la programmation musicale et théâtrale. La Fête du Pois Chiche n'est pas une fête promotionnelle qui valorise le pois chiche de Montaren comme production de terroir : c'est bel et bien le pois chiche qui est à l'origine de la création de la fête. La fête n'est pas créée pour valoriser un produit, mais le produit est valorisé, dans toutes ses dimensions et propriétés matérielles et symboliques, pour créer la fête.

La particularité de la Fête du Pois Chiche de Montaren réside justement dans le fait qu'elle fut récemment créée à partir d'une démarche volontariste d'ancrage patrimonial. Considérer le patrimoine comme un vecteur de lien social, de transmission et d'intégration culturelles est un critère de modernité (Fournier et Bertrand, 2014) et de vivacité. En effet, c'est bien l'inventivité et le travail d'invention culturelle, avec pertinence et ancrage, qui constituent le patrimoine culturel immatériel exposé et défendu ici.

1. Qui finalement ont fusionné en Pastorale des Ravis en 2012.

Le Pois Chiche de Montaren s'inscrit dans la lignée des animaux et effigies totémiques du Languedoc et de « la fête occitane », dont les apparitions et disparitions sont traditionnelles dans un système de contagion et de réappropriation que Claude Alranq appelle « le purgatoire des totems » (2008). Manifestations de ce qu'Arnold Van Gennep appelait les « animaux-jupons », les animaux dits totémiques sont également appelés par Claude Achard « animaux de toile » (2011). Selon lui, l'espèce de l'animal influerait peu sur l'analyse fonctionnelle de ces animaux « feints », et les espèces végétales peuvent donc aussi devenir des totems efficients.

« L'appellation « totem » est le mot moderne pour désigner les animaux-jupons, les bêtes de toiles, les effigies animées qui incarnent l'esprit d'un lieu » (Alranq, 2008). Certains ethnologues, comme Josiane Bru, préfèrent le terme « emblématique » à celui de « totémique » (Bru in Alranq, 2008). C'est pourtant le mot « totem » qui est assumé par Totemic, la Fédération des totems occitans et catalans, et qui l'utilise « pour désigner les animaux et les végétaux fétiches qui sont les bout-en-train de la fête dans une soixantaine de cité d’Occitanie. Ils incarnent « l’esprit des lieux » c’est-à-dire un lointain ancêtre qui est à l’origine du « pays » ou qui l’a sauvé de quelque catastrophe. Une légende fonde sa popularité. Longtemps décriés en raison de leurs folies carnavalesques ou païennes, nos totems sont à présent vénérés [...] » (site internet de Totemic). Il est certain que l'intégration et la participation du Pois Chiche de Montaren à la fédération Totemic ont renforcé la légitimité de son identité totémique. D'autres caractéristiques le font entrer dans une définition anthropologique et ontologique du totémisme comme celle de l'hybridation humain-végétal ou encore celle de la ressemblance « des intériorités et des physicalités » (Descola, 2005), donc entre les humains de la communauté et les attributs du pois chiche lui-même (petit, plein, modeste, nourrissant, spirituel). Le but principal de cette démarche totémique est de définir une relation entre les humains qui s'avère ici fondée sur la culture et l'imagination.

Ainsi, en s'appropriant et alimentant l'efficacité d'une culture totémique, la communauté de la Fête du Pois Chiche redéfinit les notions de tradition et de patrimoine en les ouvrant aux interprétations et esthétiques qui traversent le territoire, le temps, et les milieux sociaux. Cette façon d'appréhender la culture est très novatrice et en accord avec les droits culturels qui rappellent qu'on ne peut assigner aucune personne ou communauté à une forme culturelle en particulier. Chaque individu et chaque communauté peut avoir le choix de sa modalité culturelle. Enfin, comme l'ont démontré les historiens et anthropologues de la fin du Xxème siècle, les notions d'invention et de tradition ne sont nullement opposées mais bel et bien reliées et indissociables dans le monde moderne et contemporain. C'est donc aussi un emprunt aux sciences sociales et une adaptation audacieuse des connaissances anthropologiques que la Fête du Pois Chiche assume et met en application de façon proprement explicite.

L'invention n'est évidemment jamais totale, elle s'appuie sur les emprunts et influences culturelles diverses. Les rituels décrits plus haut s'inspirent parfois de la liturgie chrétienne catholique et surtout des rituels païens calendaires comme les carnavals ou les feux de la Saint Jean. Des éléments culturels précis renforcent la légitimation de la fête comme tradition : l'ancrage local, le récit mythologique commun, la commensalité, la gratuité, l'occupation de l'espace public, le répertoire commun de musiques, chants, textes, et symboles et la ritualisation comme repère intégrateur dans le temps calendaire et dans les séquences successives de la fête. Cet agrégat de plusieurs éléments festifs déjà éprouvés par ailleurs témoigne d'une recherche d'efficacité collective et symbolique. L'inscription dans le champ de la tradition réalise une fonction légitimante et intégrative de la nouvelle fête dans le paysage festif local. La transmission de la culture locale est aussi marquée par une évolution depuis la création de la fête : de plus en plus présente, la langue occitane se voit de plus en plus visible et valorisée pendant les trois jours de festivités. Désenclaver la langue occitane d'esthétiques qui lui seraient propres est une démarche patrimoniale innovante : dans le cadre des droits culturels, une langue ne saurait être limitée à des esthétiques ou des propos particuliers, mais doit d'épanouir et se transmettre dans une diversité de champs sociaux et culturels de manière à exister au-delà d'une minorisation et à transmettre ses spécificités.

Enfin, les emprunts musicaux sont nombreux et observables dans l'orphéon officiel de la fête, la Banda Brutti, qui compose son répertoire de musiques locales et étrangères. S'inscrivant dans l'historique mouvement amateur des orphéons républicains, la Banda Brutti participe également du large développement des batucadas européennes, formes d'appropriations locales et amateurs de musiques de percussions brésiliennes. Le groupe chante aussi des goguettes, détournement de chansons en hommage au Pois Chiche. Une autre dimension d'emprunt et d'influence, et qui n'est pas des moindres, est celle du pastiche permanent. Ce procédé consiste à créer un répertoire propre à la fête à partir de référents communs et populaires, ce qui encourage la participation et la légitimité de tous à s'approprier les qualités du totem et à s'intégrer à la communauté festive.

Vitalité

Cette vision dynamique de la tradition festive et du folklore totémique décrite plus haut est un gage de vitalité, de vivacité et de transmission aux générations suivantes. En effet, les adaptations et les transformations sont encouragées, il n'est pas question de maintenance culturelle mais bien de permanence de la dynamique et de l'imagination collectives. La grande mobilisation, en nombre de personnes impliquées et en temps investi, observée chez les membres organisateurs ainsi que les références à la Fête du Pois Chiche dans d'autres fêtes, témoignent d'une vitalité tout particulière de cette jeune tradition. Les jeunes générations expriment leur « fierté » quant à leur participation à la fête et s'inquiètent déjà de « passer le flambeau » (Annabelle Baudry). La Fête du Pois Chiche regroupe environ 200 bénévoles, plusieurs centaines d’artistes et de techniciens. La fréquentation du public est estimée à environ 9000 personnes sur les trois jours de fête.

Menaces et risques

Bien que le pays d'Uzège peut être considéré comme un territoire « favorisé » économiquement, la Fête du Pois Chiche de Montaren et sa communauté expriment des manques et des besoins face au succès populaire qu'ils rencontrent.

La fête est soutenue par les collectivités publiques notamment la Région Occitanie dans le cadre de son dispositif Total Festum à destination d'événements valorisant les expressions artistiques culturelles occitanes. Cette aide contribue à la rémunération de professionnels du spectacle et de la technique et également au choix de la gratuité pour le public. Les aides publiques ne sont cependant pas immuables, sujettes aux changements d'orientation politique à chaque mandat.

Pour l'organisation en amont et en aval de la fête, le KPCM a besoin de salarier plusieurs membres « permanents », ainsi que des stagiaires et services civiques, sur toute l’année. Le reste de l'organisation est porté par un grand nombre de bénévoles. Ces bénévoles se rendent disponibles pour les réunions de préparation, souvent les soirs de semaine, et puis pour tout le temps de la fête (une semaine entière minimum). Étudiants, retraités, salariés en congés, l'énergie du bénévolat repose sur des capacités personnelles économiques et logistiques. La précarité grandissante sur le territoire français peut fragiliser ces dynamiques volontaires et précieuses. Dans cette énergie bénévole, on peut y inclure les espaces de loisirs et de passions ordinaires comme le théâtre, la musique, le bricolage et toutes les activités qui viennent enrichir d'année en année la fête et sa communauté. Chaque groupe a besoin d'un espace pour répéter, d'instruments, d'intervenants pour la formation, de décors, de costumes. Aussi, la réforme de l'assurance chômage telle qu'elle se préfigure est entre autres une attaque au régime de l'intermittence qui demeure une protection, certes minimum, pour les professionnels des arts et de la culture. De nombreux artistes se voient ainsi exclus du système d'indemnisation et sont obligés de renoncer à leurs activités de création et de représentation.

La pandémie et les protocoles sanitaires qui régissent et annihilent le monde culturel depuis 2020 constitue une menace pour la Fête du Pois Chiche et ses éléments rituels collectifs. La cohésion collective se voit menacée par un climat de peur, de méfiance et d'angoisse, renforcé par le sentiment de solitude et l'amenuisement de perspectives à long terme. Bien qu'elle tente d'y remédier, la fête est elle-même menacée par le rétrécissement des relations humaines, les frontières entre milieux sociaux, la disparition progressive des moyens culturels, la destruction des services publics et la confiscation des espaces communaux par des enclosures de plus en plus nombreuses. Les écarts de richesse alimentent les dissensions entre population locale, ancienne, et les néo-résidents, entre classes sociales, sans pour autant générer d'espaces démocratiques de dialogues et de négociations supplémentaires. Cet aspect socio-économique conjoncturel n'est pas à exclure de la liste des menaces et risques nuisibles à la Fête du Pois Chiche.

Enfin, la menace principale qui pèserait sur la Fête du Pois Chiche serait, selon sa communauté, la tentation d'une fixation de sa forme, d'une résistance au changement, et la mise à distance de ce qui fonde l'essentiel de son esprit : le changement, l'imagination, l'adaptation et l'humour. Les velléités de récupération politique ou marchande de la fête (même pour vendre du pois chiche) seraient elles aussi considérées par la communauté comme une menace sur le sens de la fête.

Des manques plus pragmatiques voire prosaïques sont aussi à pallier pour la sauvegarde de la fête : espace de stockage à l'année, matériel de réception, mise à disposition plus importante et plus engageante de véhicules et d'employés municipaux ou intercommunaux.

Modes de sauvegarde et de valorisation

Le mode de valorisation est principalement artistique, institutionnel et médiatique. Le KPCM a déjà entrepris plusieurs actions de valorisation et de sauvegarde notamment en participant à la création de Totemic et en accueillant des initiatives au croisement de la recherche-action et de la création artistique, en lien à la patrimonialisation des totems occitans et catalans : Radio Garriga 3000, Totecub, Ronde européenne des Géants et Totems… Le KPCM a également participé à l'organisation de l'ouverture de Total Festum en 2018 et du 2ème Forum Eurorégional au Pont du Gard, en partenariat avec Calame Alen, la Région Occitanie et le CIRDOC. Le KPCM est également très engagé dans le domaine musical et de la programmation (organisation de rencontres de hautbois avec le groupe Grail'oli, l’association Rivatges, la Horde...). Enfin, les Ravis de la Carcarie représentent le KPCM aux Finaux de Total Festum depuis 2013.

Il est à noter que, depuis 2006, le Conseil Régional Languedoc-Roussillon « encourage la promotion des cultures occitanes et catalanes » dans le cadre de l'appel à projets Total Festum qui se réalise tous les ans au mois de Juin. Cet appel à projets, ouvert à tous, à pris en compte la question de la valorisation du Patrimoine Culturel Immatériel depuis 2013 en ajoutant un article valorisant les projets prenant en compte les spécificités du patrimoine vivant : « La Région attire (...) l'attention des porteurs de projets sur l'intérêt à développer des actions autour du Patrimoine Culturel Immatériel tel que le définit l'UNESCO (...) ». Cet appel à projets a d'ailleurs permis la création d'animaux totémiques tels que le Tripus Lupis de Cournonterral ou d'aider aux financements de rencontres d'animaux totémiques. Notons aussi que le CIRDOC - Centre Interrégional de Développement Occitan développe depuis quelques années des actions de valorisation de ce patrimoine par le biais d'expositions, de collectages, de projets numériques (www.occitanica.eu) et de rencontres.

Actions de valorisation à signaler

Le KPCM a créé un espace collaboratif sur son site internet pour une collecte de souvenirs de la Fête du Pois Chiche pour y recueillir les photographies, les sons et les films réalisés chaque année 1.

D'autres actions externes sont apparues en soutien à la Fête du Pois Chiche comme les Illuminachiches, un groupe lyonnais de supporters ayant leur costume et leur propre pois chiche 2. Le Pois Chiche Masqué se voit parfois invité dans d'autres événements locaux et fait parler de lui et de la fête à l'extérieur de Montaren.

Modes de reconnaissance publique

Le Pois Chiche a participé à la création de Totemic et a travaillé à sa propre intégration à cette naissante Fédération des Totems occitans et catalans. Il est également très visible, par l’action médiatique du KPCM, sur les réseaux sociaux. La recherche-action dont le Pois Chiche fait partie intégrante du projet global a permis une reconnaissance également scientifique de cette fête et de son totem au même titre que d’autres, plus anciens, de la région.

Cette fiche d’inventaire est réalisée dans le cadre d’une campagne plus large d’inventaire de totems initiée par la Fédération Totemic. Elle est pour le Pois Chiche une mesure de sauvegarde ainsi qu’une inscription officielle dans la famille des totems occitans et catalans. Le propos essentiel du Pois Chiche est aussi de permettre l’adaptation et la plasticité des fêtes traditionnelles en ne fixant pas leurs contenus artistiques, esthétiques et formels mais en garantissant et protégeant la participation collective, l’espace festif et imaginaire, l’autodérision et la non récupérabilité marchande du Pois Chiche de Montaren et de ses dérivés narratifs.

D’autres éléments essentiels sont à protéger et développer pour assurer une continuité dans l’avenir : porteurs, musiciens, comédiens, crieurs, costumiers, plasticiens, techniciens, cuisiniers, décorateurs sont autant de fonctions essentielles à la réalisation d’une fête du Pois Chiche de Montaren. Qu’ils soient amateurs ou professionnels, tous doivent pouvoir sauvegarder et développer leurs espaces de transmission et d’apprentissage, leurs moyens d’intervenir et de mobiliser les participants tout au long de l’année et non pas uniquement pendant les trois jours de fêtes. D'une manière générale, les communautés signalent un manque de moyens humains, financiers et d'espaces de transmission qui pèsent sur les conditions de réalisation du rituel festif et qui ne permettent pas toujours son actualisation. Si comme l'UNESCO le préconise, « (...) sauvegarder signifie assurer la viabilité du patrimoine culturel immatériel, c’est-à-dire assurer sa recréation et sa transmission permanentes, si sauvegarder le patrimoine culturel immatériel, c’est transmettre du savoir, du savoir-faire et du sens (...) » alors il semble important que les communautés puissent proposer et se saisir d'outils techniques, financiers, humains qui leur permettront de créer pour eux-mêmes les bonnes conditions de réalisation et d'actualisation de leurs pratiques et d'y être accompagné si ils le souhaitent.

En pièces jointes :
    • une lettre de consentement à la patrimonialisation du KPCM ;
    • une lettre de soutien de Laurent-Sebastien Fournier, anthropologue et professeur d'Université ;

Récits liés à la pratique et à la tradition

Pour les considérations générales sur les animaux totémiques et autres totems, nous nous référons aux récits scientifiques, mythologiques et ethnographiques principaux suivants :

ACHARD Claude, Poulains et bestiaires magiques, Atelier Tintamarre, Maraussan,  2011.

ALRANQ Claude, Les Animaux de la fête occitane. Les totems Sud de France, Éditions du Mont, Cazouls-les-Béziers, 2008.        

BAUMEL Jean, Le "Masque-Cheval" et quelques autres animaux fantastiques. Étude de folklore,d'ethnographie et d'histoire, IEO, Paris, 1954.

Plus particulièrement pour l’histoire de Montaren, nous pouvons nous référer aux travaux de Mireille Berthier, notamment Que vive Montaren, les Éditions de la Fenestrelle, Nîmes, 2014. Ainsi que ses Méditations, textes retranscrits de ses conférences, qui m’ont été transmis par le KPCM.

Archives sonores

Collectage radiophonique, Radio Garriga 3000, 20-21/05/2017, Montaren et Saint Médiers, extraits choisis, en partenariat avec le Collectif des Garrigues et Radio Lengadoc.

Collectage radiophonique, Radio Garriga 3000, 19/05/2019, Montaren et Saint Médiers, 2’03’23, consultable intégralement sur l’audioblog Arte Radio “Ethno-Vibro” à la rubrique Radio Live : https://audioblog.arteradio.com/blog/154107/podcast/154108/radio-garriga-3000-fete-du-pois-chiche-2019 (émission réalisée en partenariat avec le Ministère des Rapports Humains et co-produite par le TàD-iD).

Entretien avec    Rachel Baudry, 17/10/2019, Viols le Fort, trois parties, durée :  57’50 + 4’20 + 11’28.

Entretien avec Christine Daudet, 10/12/2019, Uzès, durée : 57’55.

Entretien avec Ménélik Plojoux-Demierre, 27/01/2020, Montaren-Saint-Médiers, durée : 1’13’33.

Entretien avec Annabelle Baudry, 28/01/2020, Montpellier, durée : 1’06’27.

Entretien avec les Frères Péteurs, 10/03/2020, Aubussargues, durée : 1’21’58.

Extraits de la Poichichade 5/06/2021 : 10 fichiers (durée totale : environ 1h)

Archives restitutions publiques : samedi 5/06/2021 (durée 35'55) et dimanche 6/06/2021 (durée 1'00'13)

Extrait émission Ethno-Vibro diffusée le 29/06/2021 sur Radio Escapades, podcast en accès libre Audioblog Arte Radio Ethno Vibro (durée du sujet : 21'45) : https://audioblog.arteradio.com/blog/153992/podcast/169933/9-varia-final

Inventaires réalisés liés à la pratique

Un travail d’inventaire de totems a été initié en 2014 par le CIRDOC et le CFPCI, les fiches suivantes sont consultables et publiées par le Ministère de la Culture :  le Poulain de Pézenas, le Bœuf de Mèze, la Tarasque de Tarascon, l’Âne de Gignac, l’Âne de Bessan, le Testut de Montblanc, le Tripus Lupis de Cournonterral.

La fédération Totémic mène depuis 2018 une recherche-action dans le cadre de l’appel à projet du Ministère de la Culture et de la Communication pour la réalisation de fiches d’inventaire du Patrimoine culturel immatériel de la France avec la mise en place d’actions collaboratives permettant d’associer les communautés au travail de recherche et de restitution. Sont en cours d’élaboration aux côtés du Pois Chiche : le Chameau de Béziers, la Baragogne de Saint Christol, le Volo Biòu de Saint Ambroix.

Bibliographie sommaire

BERTRAND Régis et FOURNIER Laurent-Sébastien (dir.), Les fêtes en Provence autrefois et aujourd'hui, Presses Universitaires de Provence, Aix-en-Provence, 2014.

CROZAT Dominique et FOURNIER Laurent-Sebastien, “De la fête aux loisirs : événement, marchandisation et invention des lieux”, Annales de géographie, 2005/3, n° 643, pp. 307 à 328.

DESCOLA Philippe, Par-delà nature et culture, Gallimard, Paris, 2005.

GROUPE DE FRIBOURG, Déclaration sur les droits culturels, Fribourg, 2007.

HOBSBAWM Eric et RANGER Terence (dir.), L'invention de la tradition, Éditions Amsterdam, 2006 (1983).

Filmographie sommaire

Dans le cadre de l’Observatoire des pratiques de sauvegarde du PCI en France et en partenariat avec l’Université Panthéon Sorbonne, une recherche-action a été coordonnée par Francesca Cominelli, Caterina Gueli et Perrine Alranq et a permis la réalisation de plusieurs films participatifs pendant les fêtes. Le dispositif  “Totecub” a collecté un film sur la fête du Pois Chiche, visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=m8W_38yzYV0 (2017)
Le KPCM a créé sa propre chaîne Youtube pour la diffusion d’archives et de reportages internes : https://www.youtube.com/channel/UCGHsoR7cwC5aAcC9JzGbipw

Reportages divers :

Tè Vé Oc : https://www.youtube.com/watch?v=8j75dYv1MgA 
Reportage découverte 1 et 2 : https://www.youtube.com/watch?v=J06Vi07GZTQ   ; https://www.youtube.com/watch?v=WBm1xtVaQCE&t=6s  (Animapart/Sebastien Galaup, 2015)

Sitographie sommaire

https://fetedupoischiche.com 
https://fetedupoischiche.fr 
https://totemic.occitanica.eu/fr/accueil/ 
https://www.uzes-culture.fr/association/ravis-de-la-carcarie 

Praticien(s) rencontré(s) et contributeur(s) de la fiche

BAUDRY Annabelle ; Membre du KPCM, des Ravis de la Carcarie, de la Banda Brutti.
annabellebdry@gmail.com 

BAUDRY Canette et François ; Membres des Ravis de la Carcarie, de la Banda Brutti et fondateur des Frères Péteurs.
baudry.sculpteur@orange.fr 

BAUDRY Clément ; Membre fondateur.
clmntbdr@gmail.com 

BAUDRY Rachel  ; Membre fondatrice.
rachelbaudry@gmail.com 

BERTHIER Mireille ; Spécialiste de l’histoire de Montaren.
michel.berthier0197@orange.fr 

CARDONNEL Éric, TOZZI Rosie, PESENTI Serge ; Membres de la Konfrérie des Petits Frères Péteurs Impénitents.
eric.cardonnel@gmail.com 

DAUDET Christine ; Membres des Ravis de la Carcarie.
ch.daudet@gmail.com 

PLOJOUX-DEMIERRE Ménélik ; Membre fondateur.
menelik@latoursarrazine.com 

Métadonnées de gestion

Rédacteur(s) de la fiche : 

Vaillant Anaïs - avec la généreuse collaboration de Clément Baudry, fondateur ; Anthropologue
Chemin des Clauzels, 34380 Viols le Fort, anaisvaillant@gmail.com 

Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés ou membre(s) de l’éventuel comité scientifique instauré

Vaillant Anaïs ; Anthropologue
℅ Association TàD-iD, Mas Neuf, route de Puechabon, 34380 Viols le Fort
terrainademiner@gmail.com


Fournier Laurent-Sébastien pour la participation à la restitution publique ; Anthropologue /laurent.fournier@univ-amu.fr

Lieux et dates/période de l’enquête

Entre début 2018 et fin 2019 : Montaren-et-Saint-Médiers, Uzès, Montpellier, Viols le Fort, Aubussargues.
Toutes les photographies sont de Stéphanie Dubus (2017-2019)

Données d’enregistrement

Date de remise de la fiche : 11/01/2022
Année d’inclusion à l’inventaire : 2022
N° Ministère de la Culture : 2022_67717_INV_PCI_FRANCE_00515
Identifiant ARKH : <uri>ark:/67717/nvhdhrrvswvkswg</uri>

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : https://www.pci-lab.fr/contribuer#wikipedia
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Animaux_totémiques_de_l'Hérault 

Généré depuis Wikidata