L'art de l'espalier : tailles de formation et de fructification

L’art de l’espalier, au sens large, est l’art de cultiver des arbres fruitiers dans un jardin, palissés le long de ses murs et dans le jardin lui-même, en formes plates ou en volume.

L'art de l'espalier est l’expression de savoirs et savoir-faire développés au cours des siècles par l’accumulation d’innombrables innovations produites par les jardiniers et dont la clé de voûte est les savoirs et savoir-faire de tailles spécifiques de formation et de fructification. 

L’art de l’espalier, au sens large, est l’art de cultiver des arbres fruitiers dans un jardin, palissés le long de ses murs (espaliers stricto sensu) et dans le jardin lui-même, en formes plates (contre-espaliers) ou en volume. Il est l’expression de savoirs et savoir-faire développés au cours des siècles par l’accumulation d’innombrables innovations produites par les jardiniers et dont la clé de voûte est les savoirs et savoir-faire de tailles spécifiques de formation et de fructification. Ces tailles visent à produire des fruits de haute qualité gustative et facilement accessibles. Elles permettent d’obtenir des arbres qui occupent peu d’espace au sol, qui ont un potentiel de production importante et régulière, une grande longévité et qui ont des formes souvent esthétiques.
Jusqu’au milieu du XXe siècle, les savoirs et savoir-faire de l’art de l’espalier ont été la pratique de référence de toute l’arboriculture fruitière, utilisés par les professionnels et les amateurs. Depuis lors, l’arboriculture fruitière industrielle a adopté des approches beaucoup moins exigeantes en main-d’œuvre. L’art de l’espalier est alors entré en transition vers de nouveaux usages et pratiquants. Aujourd’hui, il contribue à réintroduire l’arbre fruitier dans la ville où il apporte des contributions positives à l’environnement, à la biodiversité et au bien-être individuel et collectif. Le défi est d’assurer la transmission et le développement continu de ses savoirs et savoir-faire ancestraux.

La communauté se compose de toutes les personnes qui pratiquent l’art de l’espalier, le mot espalier étant pris au sens large et incluant les espaliers stricto-sensu  (formes plates palissées le long de murs), les contre-espaliers (formes plates palissées sur des structures qui ne sont pas des murs) et petites formes en volume. Voir Description détaillée de la pratique.

Les membres de la communauté visent tous des buts similaires. C’est avant tout d’obtenir des fruits de haute qualité gustative, facilement accessibles sur des arbres qui occupent peu d’espace au sol, qui ont un potentiel de production importante et régulière d’année en année (sans alternance) et une grande longévité. L’écartement des branches des espaliers produisent une meilleure aération de la couronne de l’arbre. L’humidité ambiante diminue empêchant alors le développement de certaines maladies cryptogamiques telles que le chancre, la tavelure, l’oïdium… La végétation est alors plus saine sans l’intervention d’aucun traitement. Ces arbres sont particulièrement bien adaptés à l’espace relativement réduit d’un jardin fruitier et potager historique ou contemporain, d’où l’expression également utilisée d’arbres en formes jardinées. L’expression formes jardinées est également utilisée pour les arbres et arbustes d’ornement [Le Maut].

Les arbres produits par la pratique de l’art de l’espalier, et par ses tailles de formation et de fructification, sont souvent très esthétiques mais cette poursuite esthétique n’est pas l’objectif premier des membres de la communauté. Évidemment, au cours du temps, les jardiniers ont découvert toute la plasticité de l’arbre fruitier et certains des membres de la communauté  ont toujours poursuivi et continuent de poursuivre des buts esthétiques plutôt que productifs : l’arbre fruitier se rapproche alors de l’arbre d’ornement. Finalement, un très petit nombre des membres de la communauté utilise les tailles de l’espalier pour prolonger la vie d’arbres historiques comme la vigne de Hampton Court, au Royaume Uni (200 ans) ou les orangers en bac de Freÿr en Belgique (300 ans).

Les membres de la communauté se reconnaissent dans la valeur qu’ils accordent aux savoirs et savoir-faire de l’art de l’espalier, et en particulier au savoir-faire de ses tailles de formation et de fructification qui constituent la clé de voûte de l’art de l’espalier. Ils se reconnaissent dans leur volonté de faire vivre ces savoirs et savoir-faire et de les partager avec tous ceux qui s’y intéressent. 
Les membres de la communauté sont des personnes venant souvent d’horizons divers mais qui se reconnaissent tous dans une même passion pour les fruits, les arbres fruitiers, la nature cultivée et la nature en général. On rencontre dans la communauté beaucoup de passionnés de la biodiversité végétale et animale (insectes pollinisateurs, animaux prédateurs des ravageurs ). Les membres de la communauté se reconnaissent aussi dans le respect qu’ils portent à un très petit nombre de « maîtres » de la pratique pas toujours faciles à identifier au niveau national. Quatre de ces « maîtres », Jacques Beccaletto, François Moulin, Thierry Regnier et Denis Retournard, ont activement participé à la préparation de la fiche. Si les membres de la communauté respectent les savoirs et savoir-faire du passé ou « des Anciens », si nombre d’entre eux sont amoureux de variétés anciennes de fruits, certains participent également au progrès de la science (c’est ainsi que, par exemple, les Croqueurs de Pommes participent aux analyses génétiques des fruits de l’INRAe). Même si les membres de la communauté sont plutôt des hommes relativement âgés, il faut noter la présence récente de plus en plus de jeunes et de femmes (en 2023, 35 % des membres de la liste de diffusion du collectif sont des femmes).

Aujourd’hui, la communauté est segmentée entre différents groupes et les relations entre les pratiquants restent souvent limitées aux groupes auxquels ils appartiennent. Il serait bon que de nouvelles initiatives, comme par exemple, la création d’une filière professionnelle et culturelle spécifique,  permettent de développer la communication entre les différents groupes de la communauté.
Certains des membres de la communauté  appartiennent à des groupes avec une longue et forte tradition de la pratique : centres historiques, jardins fruitiers historiques, de châteaux et de demeures historiques, amateurs qui cultivent des arbres fruitiers dans leur jardin ou sur leur façade, praticiens des murs à palisser et du palissage, et pépiniéristes spécialisés. 
D’autres appartiennent à des groupes d’acteurs établis de l’arboriculture et de l’horticulture qui, parmi d’autres activités, pratiquent l’art de l’espalier : associations d’arboriculture fruitière et de pomologie, associations de jardins partagés, vergers conservatoires, etc.

La période récente a vu émerger toute une série de nouveaux groupes qui redécouvrent l’intérêt des fruitiers en espalier : municipalités et collectivités territoriales, nouvelles associations en milieu urbain et périurbain, acteurs de l’économie sociale et solidaire, fermes urbaines et périurbaines. D’autres individus appartiennent enfin à des organisations d’architectes paysagistes, des organisations professionnelles, scientifiques et des autorités politiques et administratives.

Il faut enfin dire que si elle a une vraie spécificité, la communauté des pratiquants de l’art de l’espalier n’est pas une communauté isolée et que ses frontières avec les autres communautés de pratiquants de l’arboriculture fruitière sont bien sûr extrêmement poreuses. C’est ainsi que le collectif s’est réjoui d’accueillir les Arbusticulteurs, l’association pour une gestion durable des arbustes. Dans la période de renouveau qu’elle connaît aujourd’hui, la grande force de l’arboriculture fruitière est probablement d’être très diverse : art de l’espalier, art de la conduite des arbustes, arboriculture paysanne (haies fruitières, joualles, trognes, etc.), pré vergers, arboriculture fruitière professionnelle, agroforesterie , art des aménagements paysagers avec des arbres fruitiers [voir le texte d’Evelyne Leterme en annexe 1 ], etc. Cette diversité lui permettant, par exemple, de proposer une multitude de solutions pour répondre aux multiples enjeux de la création d’espaces comestibles fruitiers urbains.

La préparation de la demande d’inscription des savoirs et savoir-faire de l’art de l’espalier a permis d’initier une mise en réseau et des échanges entre des membres de la communauté appartenant à l’ensemble des groupes qui sont présentés ci-dessous. Ce réseau a pris la forme d’un collectif ouvert, qui s’enrichit régulièrement de nouveaux membres. Le collectif se réunit périodiquement pour échanger sur les activités de ses membres et sur les thèmes de la sauvegarde et de la transmission des savoirs et savoir-faire de l’espalier. Jusqu’ici, 119 personnes (voir § V.1), sur une liste de diffusion d’environ 300 personnes, associations et institutions,  ont participé à au moins une de ces réunions et près de 30 personnes constituent un socle de contributeurs réguliers à la réflexion sur la préparation de la fiche et les mesures de sauvegarde . Avec l’exploration des nouveaux usages de l’art de l’espalier dans l’espace urbain, le nombre des contacts augmente rapidement aujourd’hui. 
Le collectif a également ouvert un site internet dédié, l’art de l’espalier.

Les sites traditionnels de la communauté

Ces sites ont traditionnellement été des lieux de développement et de transmission des savoirs et savoir-faire mais si certains membres continuent d’exceller dans cette fonction, d’autres semblent connaître des difficultés que l’on souhaite passagères.

• Centres historiques

Il existe encore quelques centres historiques actifs dans la création, le développement et la transmission de l’arboriculture fruitière en formes jardinées en France et en Europe : L’École Du Breuil (Paris 12e), le Jardin fruitier du Luxembourg (Paris 6e) [Ill. n°1], le Potager du Roi à Versailles (Yvelines), la Société Régionale d’Horticulture de Montreuil (Seine Saint Denis) et la Société d'Horticulture, d'Arboriculture et de Viticulture de Bordeaux Caudéran (Gironde), le jardin fruitier du Jardin des Plantes de Rouen (Seine-Maritime), etc…  La Société Régionale d’Horticulture de Montreuil a créé dès 1921 un Jardin- école pour dispenser gratuitement des enseignements à la population dans l'esprit des universités populaires de l'époque.

• Grands amateurs

De taille modeste, ce groupe se compose de quelques passionnés, qui ont créé des vergers exceptionnels. On peut citer Dominique Stillace (La Pommeraie idéale), à Saint-Denis-de-Jouhet (Indre) [Ill. n°2], Christine Coulomb (Jardin des Merlettes), à Saint-Loup-des-Bois (Nièvre), Patrick Fontaine, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Ainsi que Jean-Claude Schaeffer, décédé en 2021, à Chabris (Indre).

• Jardins fruitiers et potagers de châteaux, de demeures historiques et d’espaces paysagés

La liste des membres de ce groupe est beaucoup plus longue. Sans chercher à être exhaustif, on peut citer : Château d’Ainay-le-Vieil (Cher), Musée Albert Kahn (Hauts-de-Seine), Verger Potager du Parc de Bagatelle (Hauts-de-Seine) Château de la Bourdaisière (Indre-et-Loire), Château de La Bussière (Loiret), Domaine National de Chambord (Loir-et-Cher), Domaine de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher)  Jardins de la fondation William Christie à Thiré (Vendée), Château d’Esquelbecq (Nord), Potager de Lacroix-Laval (Rhône), les Vergers-Potagers du Château de Montigny-sur-Aube (Côte d’Or), Château Saint Bernard,  Prieuré Notre-Dame d’Orsan (Cher), Château de Talcy (Loir-et-Cher), Château de Villandry (Indre-et-Loire), etc.  Certains de ces jardins comportent des arbres anciens, parfois centenaires, souvent associés à des plantations plus récentes. D’autres ont été conçus ou recréés plus récemment, comme les jardins de la Fondation William Christie, ou les vergers-potagers du Château de Montigny-sur-Aube.

Il faut noter que dans les châteaux et demeures historiques, la place de l’espalier est généralement dans le jardin fruitier et potager, pas dans le verger.

 • Jardins particuliers et « poiriers de façade »

Après avoir connu un certain déclin, ce groupe très vaste connaît de nouveaux développements. De nombreux particuliers recommencent à s’intéresser à l’art de l’espalier. Parfois ils retrouvent d’anciens arbres oubliés, plus souvent ils décident d’en planter de nouveaux sans toujours posséder les connaissances nécessaires à leur conduite. Les particuliers constituent aujourd’hui une clientèle très importante pour les pépiniéristes spécialisés. Les particuliers qui entretiennent des poiriers de façade perpétuent une tradition encore présente dans de nombreuses régions aux hivers rigoureux, et notamment dans le nord et l’est de la France (ainsi qu’en Wallonie).

• Praticiens des murs à palisser et du palissage en général

Les espaliers se palissent sur des murs faits à partir de toutes sortes de matériaux (les jardiniers utilisant généralement les matériaux disponibles localement). Parmi ces différents murs, on peut citer les murs de palissage en silex et argile enduits de plâtre, une technique développée par les praticiens des murs à pêches de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Cette technique ancienne, remontant à la fin du XVIIe siècle a été récemment reprise par des associations et des entrepreneurs de la région de Montreuil et a fait l’objet de publications spécialisées [Lafarge ].

• Pépiniéristes spécialisés

La production de jeunes arbres en formes palissées n’est pas assurée par tous les pépiniéristes, mais seulement par quelques pépiniéristes spécialisés comme les Pépinières Chatelain dans le Val-d’Oise, les pépinières Georges Delbard dans l’Allier, les pépinières Desmartis à Bergerac, les Pépinières Minier dans le Maine-et-Loire, les Pépinières du Parc dans le Loiret, pépinières Ogereau (Maine-et-Loire) etc. Il faut noter que dans les années récentes, on assiste à l’émergence d’un nombre significatif de nouveaux pépiniéristes qui produisent des arbres en espalier (en cours de documentation).

Les acteurs établis de l’arboriculture et de l’horticulture

Même s’ils ont une activité qui n’est généralement pas centrée sur les espaliers, les membres de ces groupes considèrent que celles-ci font partie intégrante du patrimoine de l’arboriculture   fruitière ainsi que l’a rappelé récemment Jacques Marchand, président des Croqueurs de Pommes dans son éditorial du bulletin 171 de l’association [2021]. L’importance des espaliers et autres formes jardinées pour les membres de ces groupes est variable mais semble être en augmentation.

• Associations arboricoles et pomologiques.

Parmi ces associations, le réseau le plus important est celui des Croqueurs de pommes, dont le siège national est à Belfort [Ill n°3]. Créé en 1978, le réseau des associations des Croqueurs se consacre à la conservation de variétés anciennes et compte plus de 8 200 membres à travers la France. Plusieurs associations régionales des Croqueurs de pommes, ont pris part au collectif,  Croqueurs de l’Ile-de-France, les Croqueurs d’Anjou, les Croqueurs de Corrèze, etc. Parmi les autres associations arboricoles et pomologiques : « i z’on creuqué eun’ pomm’ » (Oise), la Société pomologique du Berry, Les Mordus de la Pomme (Côtes d’Armor), le réseau Fruits Oubliés  (Montpellier),  le Centre  National de Pomologie d’Alès (Gard), l’association Prune de Brignolles, etc.

• Vergers conservatoires et autres institutions

Les conservatoires régionaux ou locaux ont parfois repris des vergers en formes jardinées. C’est le cas par exemple du Domaine de la Grange Prévôté (CERES) (Savigny-le-Temple, Seine-et-Marne). Les Jardins Fruitiers de Laquenexy (Moselle), développés à partir d’une collection de variétés d’une station expérimentale, présentent une collection de formes fruitières. Le Centre Régional de Ressources Génétiques des Hauts de France (CRRG) a conduit un programme de reconstitution de compétences pour des techniciens de jardins fruitiers palissés (Jardin Vauban à Lille, Square Parsy à Roubaix,..). Il existe également des jardins botaniques qui ont des arbres en formes jardinées.  Il faut également citer des associations à vocation scientifique comme le CRBA de Lyon (Rhône) qui joue un rôle d’étude et de conseil.

• Jardins partagés

Les arbres fruitiers n’ont pas toujours été particulièrement cultivés dans les jardins partagés. On constate cependant un intérêt croissant pour les formes jardinées comme par exemple dans le réseau Graine de Jardins (Ile-de-France).

Les nouveaux acteurs de la communauté

• Municipalités et collectivités territoriales.

La végétalisation de la ville crée d’importantes opportunités pour le développement du patrimoine d’arbres fruitiers. Les caractéristiques spécifiques des formes jardinées (fruits à portée de main, faible volume aérien et racinaire, etc.) leur confèrent une niche dans ce nouvel environnement [Goelzer]  De nombreuses municipalités ont planté et continuent de planter des arbres fruitiers, et beaucoup sont porteuses de nouveaux projets. Si cette expérience nouvelle n’a pas encore été analysée de façon systématique, un premier recensement et une mise en réseau des acteurs a été initiée (voir § IV.4 sur la création de l’Observatoire des paysages comestibles fruitiers dans la cité, les premières assises de Nantes en 2023 « Des fruitiers dans la cité »  et le projet POME de Plante & Cité). Le webinaire  organisé le 12 juillet 2022 par Plante & Cité sur les paysages comestibles fruitiers dans la Cité a réuni 195 participants dont des représentants de 67 villes différentes.

• Associations

De nombreuses associations s’intéressant aux formes jardinées sont apparues au cours des dernières années. Ce sont d’abord des associations constituées autour de vergers de bénévoles gérés par des bénévoles. Un exemple représentatif est le verger Yvette-Vallée en Transition, à Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines) [Ill n°3]. Ce sont également des associations qui créent, développent et gèrent des vergers en zone urbaine, comme par exemple Vergers Urbains, Paris (18e) ou VeniVerdi, Paris (20e).

•  Arboriculture urbaine et périurbaine et économie sociale et solidaire

Les micro-fermes urbaines et péri-urbaines constituent également une opportunité pour les formes jardinées. Des organisations de l’économie sociale et solidaire comme le réseau Cocagne (dont le siège est à Vauhallan, Essonne) ont également des plans de plantation d’arbres en formes jardinées.

• Autres

Il faut finalement signaler l’existence de vergers palissés qui sont exploités au  service de projets sociaux, culturels ou de formation. C’est le cas par exemple du Verger de Sillery (Essonne) qui est utilisé à des fins sociales (chantier d’insertion).

Autres groupes

• Prescripteurs et entreprises spécialisées

Ce groupe un peu hétéroclite regroupe toutes les organisations qui permettent de créer de nouveaux vergers et d’entretenir l’existant : paysagistes, entreprises de gestion de parcs et espaces verts, etc.

• Associations nationales

Ce groupe comprend de nombreuses associations et organisations qui ne sont pas centrées sur l’arboriculture fruitière en formes jardinées, mais qui en sont parfois proches et qui pourraient jouer un rôle important dans sa promotion : Association des Jardins potagers et fruitiers de France (Potagers de France), dont le siège social est situé au Potager du Roi / École nationale supérieure de paysage, à Versailles (Yvelines) ; Comité des Parcs et Jardins de France (CPJF), à Paris (7e), La Demeure Historique, à Paris (5e) ; Vieilles Maisons françaises (VMF), à Paris (7e) ; Association des Jardins botaniques de France et des pays francophones, à Nantes (Loire-Atlantique); Hortis, à Paris (9e) ; Plante & Cité, à Angers (Maine-et-Loire) ; Fédération nationale des Jardins familiaux et collectifs (FNJFC) et Conseil des Jardins collectifs et familiaux (Cnjcf), à Paris (15e), Le Jardin dans tous ses états (réseau national des jardins partagés) et Jardinot, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).

Les détenteurs et transmetteurs individuels de savoirs et savoir-faire

Ce groupe, hétérogène et assez difficile à identifier, semble constitué d’un assez grand nombre de personnes provenant d’une variété d’horizons et possédant différents niveaux de savoirs et de savoir-faire. Dans ce groupe, un très petit nombre de personnes bénéficie d’une très grande reconnaissance de leurs pairs. Ce sont des jardiniers, reconnus pour l’excellence de leur pratique, qui ont dirigé ou ont exercé des responsabilités importantes dans des jardins fruitiers historiques, qui ont formé un nombre important de professionnels et d’amateurs et qui ont publié des ouvrages de référence sur l’art de l’espalier.
On trouvera une liste actualisée des membres de la communauté dans la rubrique, l’univers de l’espalier du site du collectif. 

Lieu(x) de la pratique en France

La localisation résulte d’une mouvance lente et évolutive. L’implantation des espaliers et autres formes jardinées a été tributaire principalement de trois facteurs.

La domestication des espèces fruitières : certaines espèces, bien qu’anciennement connues, n’ont été que tardivement cultivées en formes jardinées (grenadier, figuier, petits fruits…). D’autres sont d’origine ou d’introduction contemporaines (prunier japonais, actinidia…) et ne sont que très récemment cultivées en formes jardinées. Bien que les espaliers permettent de se soustraire, plus ou moins partiellement, aux contraintes climatiques, l’arboriculteur a d’abord privilégié les conditions climatiques idéales pour juger du comportement des espèces à ces tailles. La répartition s’est donc faite en France dans tout l’hexagone selon les besoins des introductions.

• Historiquement, les espaliers fruitiers sont apparus en Europe au Moyen Âge, puis à la Renaissance, dans les jardins des châteaux, couvents et monastères, où l’on recherchait une production de fruits de qualité, souvent à l’abri de murs. Cela s’opposait à une conception plus extensive de la production de fruits qui se développait dans des prés-vergers d’arbres haute- tige, implantés dans les pâtures, et faisant l’objet de moindres soins culturaux. Au XIXe siècle, les formes jardinées sont restées très présentes dans les châteaux, les grandes maisons bourgeoises et les domaines d’industriels et autres grandes fortunes financières sur toute la France.

• La culture des arbres fruitiers en formes jardinées a été, du XIXe siècle à la première moitié du XXe siècle, une méthode fournissant l’essentiel de la production fruitière destinée au marché et donc proche des plus grands centres de production. En Île-de-France, outre une ceinture discontinue de jardins et de vergers autour de Paris, la vallée de la Seine à l’ouest et les terroirs proches de Versailles, la vallée de Montmorency, les secteurs de Montreuil et la région de Corbeil et Thomery fournissaient l’essentiel de la production locale, du moins jusqu’à la période de la Première Guerre mondiale. D’autres grands centres régionaux étaient alimentés par la vallée de la Garonne, de la Loire, du Rhône ou de l’Isère. Certaines formes fruitières ont été utilisées dans l’ensemble des régions (comme les palmettes obliques ou Verrier), d’autres de manière plus localisée : formes en bateau ou en lyre dans la Vallée du Rhône, candélabres dans la Vallée de la Garonne et en Île-de-France, etc... On peut noter que certains vergers autour de Paris (Guicheteau à Gressy (Seine-et-Marne), Vassout à Gambais (Yvelines),etc.) continuent de produire des fruits de luxe grâce à leur grand savoir-faire.

Ces trois facteurs jouent encore un rôle en évoluant dans leurs formes. Les « nouveaux fruits » se cultivent davantage pour l’instant sous des formes naturelles en attendant de faire leurs preuves avec une culture plus rationalisée (agriculture urbaine). Les châteaux et demeures historiques, les grandes maisons bourgeoises et les domaines d’industriels se font rares. Ils deviennent souvent des lieux publics qui essayent de perpétuer leurs formes fruitières. La culture industrielle de fruits utilise maintenant des formes dites modernes, héritières assez éloignée des formes traditionnelles.
Il existe de nombreuses cartes et inventaires de la production fruitière en France, mais pas, à notre connaissance, pour la culture des arbres en espalier. Les associations des Amis du Potager du Roi et des Murs à pêches ont engagé, avec des moyens limités, un recensement, par le bouche-à-oreille, des vergers existants. Cet état des lieux non exhaustif a permis de valider l’idée qu’il existe encore de nombreux lieux et de nombreuses personnes intéressées (cf. section I.3), répartis sur une grande partie de la France (Ardennes, Aube, Calvados, Corse , Côte-d’Or, Gard, Indre, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Loiret, Lot-et-Garonne, Maine-et-Loire, Nièvre, Oise, Rhône, Paris, Seine-Maritime, Seine-et-Marne, Yvelines, Var, Essonne, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val-d’Oise). Contrairement à une opinion assez répandue, la localisation de la pratique ne se limite pas au nord de la Loire. De futures investigations permettront de mieux comprendre la localisation de la pratique dans l’ensemble de l’Europe. 

Pratique similaire en France et/ou à l’étranger

L’art de l’espalier est pratiqué, à des degrés divers, dans le monde entier. En Europe bien sûr, et également en Amérique et en Asie [Kung et al.].
Elle est généralement reconnue comme une pratique assez fortement influencée par les arboriculteurs français et dans le monde anglo-saxon, elle est désignée par le mot français « espalier » (le mot désignant, comme nous le faisons dans la fiche l’espalier au sens large incluant formes plates et formes en volume).  Comme l’exprime [Reich], « La définition de l'espalier est aussi laxiste que la plante est formelle ». De nombreux collèges d’horticulture d’universités américaines enseignent et publient sur la conduite en « espalier ».  La conduite en « espaliers » est souvent présentée comme un art et une science. Elle est considérée comme une pratique d’origine ancienne qui peut présenter des bénéfices pour l’environnement [Ingels]. Aujourd’hui plusieurs jardins étrangers montrent de très belles collections d’arbres en espaliers : Gaasbeek (Belgique), dont le créateur, Marcel [Vossen] participe au collectif , Kew, The Newt, Wisley, etc. (Royaume-Uni), Würtzburg (Allemagne), Het Loo (Pays-Bas), Babylonstoren (Afrique du Sud), etc.  Plusieurs participants étrangers (Belges et Suisses) ont également rejoint le collectif, voir Données techniques : praticiens rencontrés et contributeurs de la fiche.

 

Nous commençons par décrire ce qui distingue la pratique de l’art de l’espalier des autres formes de conduite des arbres fruitiers : la pratique des tailles de formation et de fructification qui constitue un patrimoine culturel  immatériel de savoirs et savoir-faire accumulé au cours des siècles et toujours conservé et entretenu en France et dans de nombreux pays. Afin de limiter sa longueur, notre exposé sera centré sur les tailles de formation et de fructification des arbres fruitiers à pépins (poirier et pommier), même si ces tailles peuvent s’appliquer , à quelques variantes près, à tous les arbres fruitiers (y compris les agrumes et la vigne) et à certains arbustes fruitiers.  Si elles en constituent en quelque sorte la clé de voûte, les tailles de formation et de fructification ne sont bien sûr que l’un des savoirs et savoir-faire nécessaires à la pratique de l’art de l’espalier et des autres formes jardinées. Dans une seconde partie, nous parlerons brièvement de ces savoirs et savoir-faire et notamment de celui de la greffe car les arbres en espaliers sont toujours greffés sur un porte-greffe.  Nous montrerons enfin pourquoi la pratique de l’arboriculture fruitière en espalier est importante dans le monde d’aujourd’hui.
Art ou technique ?  Le travail du collectif confirme que l’on peut parler d’un art plutôt que d’une technique de l’espalier. Pour s’en convaincre, il est certainement utile d’écouter William Christie parler de sa passion de l’espalier avec Jacques Beccaletto.


La clé de voûte de la pratique: les savoirs et savoir-faire des tailles de formation et de fructification

Tailles de formation et de fructification 

La taille dite de formation est la première étape du processus de production des fruits. Elle consiste à définir puis à mettre en œuvre une forme susceptible d’équilibrer la vigueur de l’arbre et la fructification désirée, compte tenu du porte-greffe, de l’espèce et de la variété et aussi du sol et de l’exposition. C’est ainsi que pour équilibrer un porte-greffe vigoureux, un jardinier pourra choisir une forme avec des branches obliques ou horizontales. Les multiples équilibres vigueur/production possibles ainsi que les multiples opinions des différents jardiniers quant à cet équilibre et à la façon de l’atteindre  expliquent le nombre quasi infini de formes fruitières qui ont été créées  ainsi que l’apparition continuelle de nouvelles formes. 

La taille dite de fructification consiste, elle, à finaliser le processus de production de fruits sur les branches suffisamment formées pour produire. 

Dans les premières années de la vie de l’arbre, la taille de formation permet de commencer  à mettre en place la forme choisie pour l’arbre en faisant apparaître des rameaux qui deviendront les futures branches principales ou charpentières, puis de faire apparaître, à intervalles réguliers, le long de ces charpentières de courtes ramifications (ou coursonnes) qui porteront la fructification. La taille de fructification permettra elle de transformer les rameaux en coursonnes courtes (pour avoir les fruits près des charpentières) et fertiles (production régulière de beaux fruits).

Sur un arbre en cours de formation [Ill 4.1], on pratique à la fois la taille de formation sur la partie haute de l’arbre, la taille de fructification sur sa partie médiane, et sur sa partie basse une taille de fructification dite de restauration pour essayer, si nécessaire, de recréer des coursonnes.
Ces deux tailles vont consister à gérer le développement des productions ou organes végétatifs  [Ill 4.2et 3] en déterminant, parmi ces différents organes ceux qui sont utiles, inutiles ou nuisibles et, suivant leur propriété, de les conserver intacts, d’en modifier le nombre, de modifier leur fonction par une diminution de leur longueur ou un changement de leur direction ou, enfin, d’éliminer ceux qui ne peuvent devenir utiles (yeux à bois excessifs, rameaux qui poussent de façon excessive ou ‘gourmands’, etc.). Le savoir-faire consiste à créer un équilibre entre deux forces qui se concurrencent : la puissance végétative et la puissance de fructification, et donc de bien répartir le flux de sève de façon à freiner ou à accélérer un peu l’arbre pour équilibrer bonne formation de l’arbre et bonne fructification.
En période de végétation, sur la plupart des arbres fruitiers, la sève montante (brute) favorise le développement des parties supérieures de l’arbre et de ses branches au détriment des parties basses :
-Par exemple, une branche latérale plus élevée sera plus vigoureuse qu’une branche moins élevée, également une branche latérale qui fait un angle aigu avec la charpentière sera plus vigoureuse qu’une branche de même hauteur et qui fait un angle moins aigu, etc.
- De même, un bourgeon qui est au-dessus d’un autre poussera plus vite que ce dernier et il sera également mieux alimenté en sève.
Si la sève montante (brute) favorise le développement des parties supérieures des branches au détriment de leur base, la sève descendante (élaborée),elle, est gorgée de sucre. Elle participe à la fois à élaborer les fruits et à nourrir l’arbre. Elle se concentrera plutôt dans les branches orientées vers le bas.

La (très) longue durée

Encore plus que toutes les autres formes d’arboriculture fruitière, la culture en espalier s’inscrit dans la longue durée. Les arbres en formes jardinées peuvent vivre de 60 à 80, voire 100 ans (environ trois fois plus qu’en verger professionnel) et il faut de 5 à 20 ans pour les former. Si certains pratiquants forment leurs arbres eux-mêmes à partir d’un scion (jeune arbre greffé d’un an), de nombreux autres le font à partir d’arbres préformés (de 4 à 6 ans) qu’ils achètent à des pépiniéristes, comme cela a été récemment le cas, par exemple, pour la restauration, entre 2012 et 2015, des Vergers-Potagers du Château de Montigny-sur-Aube (Côte d’Or).

La très longue durée invite les pratiquants à faire preuve de patience et de persévérance. Elle appelle une gestion systématique des arbres : une conversation avec le responsable du jardin fruitier du Luxembourg révèle qu’il a mis en place un système rigoureux de suivi de chacun des arbres du jardin – voire de chacune des branches de certains d’entre eux. La conversation révèle également qu’il travaille avec un plan à long terme de remplacement des arbres visant à préserver l’âge moyen du jardin fruitier et à éviter d’avoir à faire face à des pics de replantations… et que les nombreux aléas l’amènent à régulièrement réactualiser ce plan. Finalement le chef jardinier a également un plan à long terme pour la conservation et le développement des compétences. La complexité de la gestion à long terme d’un jardin fruitier d’espaliers et autres formes jardinées croît rapidement avec sa taille, nettement plus rapidement que le nombre d’arbres. Les travaux menés dans le cadre de la préparation des premières assises des arbres fruitiers dans la cité, organisées par la ville de Nantes, Plante & Cité et le Collectif (voir IV.4.) montrent que ce problème de la longue durée est un défi d’importance pour les services des espaces verts des villes, un nouveau groupe de pratiquants. Selon les résultats de l’Observatoire des arbres fruitiers dans la cité créé en 2021 par le Collectif et Plante & Cité, le thème sur lequel les responsables de projets fruitiers sont le plus désireux d’échanger est l’organisation de l’entretien sur le long terme des arbres fruitiers.

Les formes fruitières

Dans son Encyclopédie des formes fruitières, Jacques Beccaletto décrit 309 formes fruitières différentes, après en avoir éliminé près de 250 [Beccaletto, 2010] [Annexe  2]. Cette très grande diversité est le résultat de la survie à l’épreuve du temps de la multitude des petites inventions des jardiniers au cours des siècles. En établissant une sorte de partenariat avec les arbres, ils ont toujours poursuivi les mêmes buts : améliorer la qualité gustative des fruits, la quantité et la régularité de leur production et la facilité de leur accès. Au cours des siècles, les jardiniers se sont également appliqués à toujours rechercher les formes les mieux adaptées aux spécificités de chaque espèce et de chaque variété d’arbres fruitiers, de chaque type de lieu, de sol et d’exposition.  Ils ont également recherché des formes permettant d’introduire plus de biodiversité dans leurs jardins fruitiers, des formes permettant d’allonger la durée de vie des arbres, etc.

Cette quête se nourrissant plus ou moins rapidement du progrès des connaissances scientifiques et de la technologie (il a fallu par exemple du temps avant que le sécateur ne s’impose).

En dépit de la très grande diversité des formes possibles, ce ne sont cependant probablement qu’une dizaine d’entre elles qui sont couramment utilisées aujourd’hui  et celles-ci partagent toutes quelques éléments communs : une charpente solide permettant de porter de nombreux fruits, une charpente équilibrée permettant à la sève de bien circuler et d’avoir des fruits sur l’ensemble de l’arbre, y compris sur ses branches basses et un bon compromis entre des branches suffisamment espacées pour permettre que les fruits soient bien aérés et bien exposés à la lumière et un volume total de l’arbre suffisamment ramassé pour permettre de planter un nombre relativement important d’individus dans un espace réduit (les arbres en espalier sont rarement isolés). 

Probablement dès l’origine, les jardiniers ont également pris conscience que les arbres en espaliers et autres formes jardinées permettent de faire des recherches esthétiques en exprimant toute la plasticité de l'arbre. 

On classe généralement les espaliers au sens large ou les formes jardinées en deux types :

  • les formes plates : elles comprennent quatre sous-types : les cordons (verticaux, obliques, horizontaux, multiples, ondulés, etc.) ; les branches verticales (palmettes U simple, double ou multiple ; palmettes Verrier 4 ou 6 branches ; candélabres (jusqu’à 19 branches), etc.) ; les branches obliques (palmette en V, oblique, croisillon, etc.) et les branches horizontales multiples (comme les palmettes Legendre). [Ill. n° 5 et 6]. Lorsque les formes plates sont palissées contre un mur, alors on parle d’espalier stricto sensu, lorsqu’elles sont palissées sur une autre structure (fils de fer tendus sur des poteaux par exemple), alors on parle de contre-espalier.
  • Les formes non plates ou en volume : palissées ou non, elles comprennent deux sous-types : les formes avec pivot central (fuseau, pyramide, pyramide ailée, etc.) et les formes sans pivot central (gobelet, vase, cylindre, table…). [Ill. n°7]

On trouvera en annexe 2 un plus grand échantillon de formes fruitières

Les formes fruitières ont constamment évolué au cours des âges et parmi les formes utilisées aujourd’hui par les pratiquants des espaliers et autres formes jardinées, il existe des formes souvent dites ‘classiques’ héritées des XVIe au  XIXe siècle  [Ill. 4.,5.,6.] et des formes dites ‘modernes’ héritées du XXe siècle [Ill. 8.] [Lespinasse, Leterme] . Les formes ‘modernes’ sont des formes créées pour les vergers professionnels (fructification rapide, moins de main d’œuvre, moins de structures de support, etc. Voir annexe 3 ). Conduits ainsi, les arbres n’ont pas la même longévité que s’ils sont conduits de façon ‘classique’ et ces formes ‘modernes’  peuvent être trop volumineuses pour être cultivées dans un jardin. Parmi les formes nouvelles du XXe siècle, dans la tradition ‘classique’, on citera également le cordon treillis Beccaletto -une forme inversée – plantée en 1999 au Potager du Roi et les formes créées par Dominique Stillace  à La Pommeraie idéale.

Si pratiquement toutes les espèces d’arbres fruitiers, ainsi que certains petits fruits, voir annexe 4 ,  peuvent être conduits en espaliers et autres formes jardinées, toutes les formes ne sont pas adaptées à toutes les espèces et variétés. Selon Jacques Beccaletto, [Beccaletto] il existe beaucoup de formes possibles pour la plupart des variétés de poiriers et de pommiers, moins pour les pêchers et beaucoup moins pour les pruniers, cerisiers et abricotiers. Le plaqueminier, le grenadier et certains agrumes peuvent être palissés « à la diable ».

Un exemple de taille de formation : formation d’un U simple classique

Le U simple est une forme qui convient bien au pommier (toutes les variétés) et au poirier (variétés se faible vigueur). Le pommier est à former sur les porte-greffe M9 et le poirier, de préférence, sur des cognassiers d’Angers.  C’est une forme sur un tronc court (30 cm) sur lequel sont conduites deux charpentières verticales écartées de 30 cm. Pour obtenir cette forme,  les étapes sont les suivantes [Ill. n° 9] :
- En automne, on installe un palissage, on plante le scion  et le premier hiver, on taille à 35 cm du sol environ et on choisit deux yeux à bois latéraux (un à droite, un à gauche) juste au-dessous de la latte de palissage.
- Au printemps, la sélection se fait par ébourgeonnement. L’équilibre est alors recherché avec un palissage compensateur (inclinaison de la branche la plus forte et redressement de la branche la plus faible).
- En fin d’été, on palisse les extrémités des rameaux en formant les coudes qui deviendront le futur U. Il faut impérativement respecter des distances de 30 cm entre chaque branche charpentière (branches du U). Les deux branches ainsi obtenues seront de vigueur identique et faciliteront la taille fruitière. On palisse verticalement les rameaux et on supprime d’éventuels rameaux en surnombre.

- Les années suivantes, on monte la forme en laissant pousser les branches charpentières d’une vingtaine de centimètres (de façon à obtenir des charpentières solides).

On trouvera en annexe 5, les étapes à suivre pour obtenir deux formes en volume (gobelet et pyramide)

La taille de fructification (arbres à pépins)

La taille de fructification ne peut se  réduire à une simple règle technique,  et chaque jardinier doit s’adapter aux réactions des arbres (évolution moins rapide qu’attendu, évolution plus rapide qu’attendu, etc.) De même chaque maître a sa propre formule pour ‘simplifier’ les choses. C’est ainsi que Denis Retournard, ancien jardinier du jardin du Luxembourg aime enseigner une technique de taille moyenne, donnant, dans plus de 80% des cas, de bons résultats et que ses auditeurs appellent parfois le « théorème de Retournard » : « Pour faire évoluer un œil (œil à bois ou dard), il faut réguler la sève en le protégeant par autant de portes de sorties (œil à bois ou dard) qu'il y a d'éléments poussant (de rameaux ou de bourses récentes) sur la coursonne. Pour obtenir un beau fruit, il convient de tailler tous les éléments situés au-dessus du bouton à fruit ». Une technique souvent citée dans les manuels de taille est celle de la taille trigemme, une technique mise au point vers 1850 par Jules Courtois, professeur d’arboriculture à l’école normale de Chartres, et longtemps considérée comme la référence pour la taille de fructification : elle consiste à tailler de façon à ne garder que trois yeux ou éléments poussants. Selon la quantité de sève qui parviendra à chacun de ces yeux, l’un évoluera en formant une nouvelle branche, l’autre en formant un dard qui, s’il est peu alimenté en sève, donnera un bouton à fleurs, puis, on l’espère, un fruit. Le dernier restera un œil dormant puis évoluera en dard. Selon la taille trigemme, la mise à fruits se fait généralement en trois ans [Ill 10].  S’il a pour mérite d'être simple à comprendre, ce principe de taille est aujourd’hui généralement considéré comme un peu trop simple pour orienter la pratique, car aucun arbre, aucune variété n'est semblable à l'autre et le pratiquant  doit  savoir tailler plus « court », ou plus « long » en fonction de la végétation existante.

Quand se pratiquent les tailles de formation et de fructification ?

L’hiver est une période très active de taille (« taille en sec ») mais ce n’est pas la seule. Les pratiquants taillent également en été (« taille en vert ») et, si cela est utile, interviennent sur les arbres à tout moment  (pincements et autres interventions). 
En hiver, la pratique de la taille est souvent une pratique collective, souvent festive, qui réunit plusieurs jardiniers et qui participe au processus de transmission « de sécateur en sécateur ». C’est notamment le cas dans les jardins fruitiers et vergers associatifs.

La lecture de l’arbre et la transmission de jardinier à jardinier

Avant de tailler un arbre, il faut le lire et dans la pratique de l’arboriculture en espalier et autres formes jardinées, ce qui distingue les maîtres des autres pratiquants, c’est leur capacité à lire les arbres de façon à la fois sûre et quasi  instantanée.  Les maîtres sont capables d’appréhender un arbre dans son ensemble, de juger de sa vigueur, de comprendre son histoire, de comprendre le flux de sève, l’impact de maladies, d’apprendre savoir comment l’arbre a réagi aux précédentes interventions, et aussi de zoomer sur différentes parties de l’arbre pour appréhender l’état de ses organes végétatifs qui vont permettre de faire apparaître des branches puis des fleurs aux endroits souhaités. Face à l’arbre, et surtout en absence de végétation lors de la taille d’hiver, ces organes végétatifs sont très nombreux, ne sont pas toujours faciles à interpréter voire même à identifier : certains yeux à bois du poirier et du pommier sont invisibles et leur emplacement ne peut être deviné que par les rides de l’écorce. Même pour le maître, la lecture d’un arbre est évidemment rendue plus sûre par la connaissance d’éléments peu ou pas visibles : sol, porte-greffe, voire variété.

L’expérience du terrain montre que différents maîtres ne lisent – et ne taillent - généralement pas l’arbre tout à fait de la même façon, ce qui confirme qu’il s’agit probablement plus d’un art que d’une simple technique. Par ailleurs, ils n’utilisent pas toujours les mêmes mots pour rendre compte de leur vision de l’arbre.  Il en résulte que les savoirs et savoir-faire propres à la lecture de l’arbre – et à  plusieurs autres dimensions de la taille de formation et de fructification - se transmettent plus naturellement par une interaction suffisamment longue (plusieurs années) entre une ou plusieurs personnes expérimentées et une ou plusieurs personnes moins expérimentées autour de plusieurs arbres. 
L’expérience du terrain montre également que la lecture de l’arbre est une activité qui va se répéter tout au long de l’année, toutes les années pendant lesquelles le jardinier va s’occuper de l’arbre et ne va pas manquer de faire face à des surprises.

Même s’ils ont fait et font toujours l’objet de nombreuses publications, les savoirs et savoir-faire de la taille de formation et de fructification ne peuvent véritablement se transmettre que de jardinier à jardinier, et par l’interaction entre le jardinier et les arbres. L’écrit restant utile, voire indispensable, mais comme complément à la transmission de maître à élève. Même les meilleurs traités de taille – et les meilleurs cours théoriques de taille – parlent peu de la lecture de l’arbre et font des préconisations qui ne s’appliquent qu’à des situations ‘normales’, qui ne correspondent qu’à une très faible partie de la réalité. Il faut également noter que les écrits sont parfois des moyens pour leurs auteurs de montrer qu’ils sont capables d’obtenir des résultats exceptionnels, voire les meilleurs jamais atteints. La littérature sur la conduite des arbres en espalier comporte ainsi un certain nombre de querelles parfois récurrentes: sur la conduite du pêcher (une querelle qui a opposé les jardiniers de Montreuil à ceux du Potager du Roi), sur la supériorité  de l’arcure (pratique consistant à arquer les rameaux pour favoriser la mise à fruits), sur la supériorité de la taille d’été (taille Lorette), sur les nouvelles méthodes de conduite,  voire sur l’intérêt même de la taille.

Les autres savoirs et savoir-faire nécessaires à l’art de l’espalier

La pratique de l’arboriculture fruitière en espalier ne se limite pas à la taille et exige également la maîtrise d’une large palette de savoirs et savoir-faire arboricoles  comme la connaissance du climat et du sol, le choix des espèces et les variétés adaptées, la préparation du sol et des infrastructures de support, le choix des porte-greffes, etc. Une fois l’arbre planté il faut assurer les tailles d’hiver et d’été,  lutter contre les intempéries et les parasites, gérer l’arrosage, surveiller les rongeurs, désherber, etc. Selon les termes de  [Hoying et Robinson], « l’organisation des tâches dans un verger c’est aussi compliqué que l’assemblage d’un puzzle ». La gestion d’un verger ou d’un jardin composé d’arbres en espalier est rendue plus difficile par le fait que cette conduite repose sur beaucoup de tâches manuelles et très peu de mécanisation. Parmi tous ces savoirs et savoir-faire, deux sont particulièrement importants pour la pratique de l’espalier :

-Le choix du porte-greffe est essentiel car il est souvent pratiquement impossible de conduire en espalier un arbre dont le porte-greffe est trop vigoureux. Même s’il existe d’excellents pépiniéristes qui vendent des arbres avec un double étiquetage (porte-greffe et variété), ce n’est pas toujours le cas et c’est ce qui conduit certains amateurs éclairés à développer leur propre pépinière. 
-L’art de l’espalier nécessite également la maîtrise de plusieurs savoirs et savoir-faire liés à la maîtrise des éléments matériels (voir 1.7) : construction et entretien des murs de palissage, techniques de palissage : construction des infrastructures de soutien, techniques de fixation des branches, etc. 

Finalement, parmi les savoir-faire connexes, on peut également citer les techniques d’ensachage (pour protéger les fruits des ravageurs) et de marquage des fruits (technique ancienne d’obtention d’un décor sur les pommes, en cachant du soleil une partie de l’épiderme,  technique aristocratique ancienne, ayant pris un statut professionnel à Montreuil à la fin du XIXe siècle et redécouverte au Jardin-école dans les années 2000. Chaque année, au Jardin - école, des artistes locaux marquent des fruits avec les pochoirs qu'ils ont imaginés. les Jardins fruitiers de Laquenexy ont repris cette technique et s’en sont  fait une spécialité.


Pourquoi la pratique de l’art de l’espalier est-elle importante dans le monde d’aujourd’hui ?

La pratique de l’art de l’espalier rend tout une série de services qui contribuent à poursuivre au moins neuf des dix-sept objectifs du développement durable (ODD, selon le référentiel de l’UNESCO). 

Le premier service rendu par les espaliers est la production locale de fruits de qualité. En cela il contribue à une production et une consommation plus responsables (ODD 12).
Les espaliers ont des caractéristiques qui leur confèrent une place dans le retour récent de l’arbre fruitier en ville : faible volume racinaire et aérien, possibilité d’être conduits sur les murs, fruits à portée de main, etc. Ceci est confirmé par les réponses au questionnaire de l’Observatoire des paysages comestibles fruitiers dans la cité [voir IV.4] qui indiquent que plus de la moitié des projets de paysages comestibles fruitiers incluent des espaliers et contre-espaliers. 75 % des répondants au questionnaire indiquent que ces paysages ‘permettent une consommation de fruits de saison produits localement, et 56% qu’ ils aident à mieux faire comprendre les enjeux d’une nourriture saine’. 
L’art de l’espalier fournit également d’autres services économiques : dans les associations, il contribue au développement de l’économie sociale et solidaire comme c’est le cas, par exemple dans le réseau Cocagne (ODD 8). Dans son développement en ville, il peut permettre de faire naître un nouveau métier d’arboriculteur fruitier spécialisé. Il peut aussi aider les entreprises d’aménagement et de paysage urbains à augmenter la valeur de leurs services, et à faire naître une nouvelle demande commerciale pour des fruits de haute qualité nutritive et gustative. 

Il faut également noter les arbres en espalier rendent de nombreux autres services : 

    • Développement personnel et bien-être individuel.  S’ils mettent le fruit à portée de main, les espaliers invitent leurs pratiquants à faire un investissement en attention et en temps. L’art de l’espalier permet de développer une relation avec la nature à la fois riche de sens et propice à un apprentissage permanent. Lorsqu’ils sont introduits dans les écoles, les espaliers contribuent à renforcer la qualité de l’éducation (ODD  4). Chez les particuliers et dans les associations, les espaliers contribuent en de multiples façons au développement et au bien être individuel (ODD 3) : lien à la nature, plaisir d’apprendre, fierté de réussir la conduite d’un arbre, sentiment esthétique, etc. Elle permet également de développer des qualités telles que la patience (il faut vingt ans de persévérance pour réaliser certaines formes fruitières), acceptation de l’incertitude et résilience. Les développements récents de l’art de l’espalier dans les milieux associatifs et les milieux urbains montrent que les participants s’approprient aisément la pratique. Grâce aux efforts de certaines associations, l’art de l’espalier est aujourd’hui facilement accessible à tous, y compris aux personnes en situation de handicap. 
    • Services de nature sociale. L’arboriculture fruitière est une activité éminemment sociale. Florent [Quellier] a documenté qu’au XVIIIe siècle l’art de l’espalier était considéré comme une pratique digne d’intérêt par les membres de nombreuses classes sociales, et que les jardiniers arboriculteurs ont été des intermédiaires entre les membres des classes dirigeantes et les paysans. Aujourd’hui et notamment dans le milieu associatif, l’art de l’espalier est une pratique dans laquelle des personnes se retrouvent pour une entreprise humaine qui va bien au-delà de la seule production de fruits. Vecteur de respect entre des personnes très différentes, l’espalier et l’arboriculture fruitière en général contribuent à établir une société plus apaisée (ODD 16). Depuis quelques années, la pratique est devenue plus inclusive en accueillant enfin plus de femmes et de jeunes (ODD 5).
    • Services écologiques. Les arbres en espalier rendent enfin de nombreux services écologiques. Comme tous les autres arbres, et cela particulièrement dans les hypercentres urbains, ils contribuent à lutter contre les îlots de chaleur plus fréquents avec le réchauffement climatique (ODD 13). Par leur encombrement restreint, ils permettent de multiplier les espèces sur une surface réduite et favorisent ainsi la biodiversité écosystémique. Ils contribuent également, en facilitant la plantation de différentes variétés d’une même espèce, notamment locales, à la conservation de la diversité génétique des espèces cultivées (ODD 15).  Par ailleurs les espaliers, de par leur structure même (taille, écartement des branches) permettent de lutter plus facilement contre les ravageurs en l’absence de tout traitement [Ingels]. Les conséquences de la disparition de l’art de l’espalier, ce qui a pu sembler se produire il y a quelques années, ne se limiteraient pas à la perte de savoir-faire accumulés depuis des siècles mais entraîneraient également des pertes de savoirs et savoir-faire connexes. En ville, les espaliers permettent à l’arbre de pénétrer des espaces interdits aux autres formes (façades, toits, bacs, etc.) et contribuent ainsi à la durabilité des villes (ODD 11). S’il contribue à de nombreux services écologiques, l’art de l’espalier permet à ses pratiquants de ne pas rester simples spectateurs, mais de s’engager dans une relation active et empathique avec la nature. Ils apprennent à respecter les arbres fruitiers, à les observer, à les aider à se développer et à comprendre que leurs interventions ont des effets qui ne sont ni immédiats ni automatiques. Voir également  Annexe 6.

Français.
L’annexe 2 présente une liste de plus de 200 dénominations de formes fruitières, montrant la richesse lexicologique créée et sauvegardée à travers ce patrimoine culturel immatériel.

Patrimoine bâti

Les murs à palisser

Le mur à palisser constitue le patrimoine bâti de l’arboriculture fruitière en formes jardinées. Il assure un rôle esthétique et technique. Il semble compliqué de dater précisément l’apparition des murs à palisser. Les fouilles archéologiques qui ont précédé la construction du Stade de France ont exhumé en 1997 des vestiges des XVe et XVIe siècles qui attestent que des murs étaient couverts de vignes sous l’Antiquité et au Moyen Âge. Devenu à la mode sous Louis XIII, le mur à palisser fait l’objet de nombreux écrits sous Louis XIV.  Le jardin fruitier ou potager-fruitier est par nature un lieu clos et protégé. Le mur joue alors un rôle important : il isole des regards, favorise l’intime et permet de compartimenter le jardin, afin d’en faire un cabinet de curiosité horticole. Le mur à palisser crée un microclimat qui protège les fruitiers des gelées tardives et du vent, et restitue la nuit la chaleur emmagasinée dans la journée. Le chaperon qui couvre le mur protège les arbres des précipitations excessives tout en prolongeant la durée de vie du mur. La multiplication des expositions permet la culture de diverses espèces et variétés et assure ainsi un échelonnement des récoltes dans la saison. Les écrits du XVIIe siècle, à commencer par ceux de La Quintinie, dressent une typologie du mur à palisser, confirmée par les marchés passés entre maçons et propriétaires.

En moyenne, l’élévation, sous le chaperon, est comprise entre 6 et 10 pieds, soit 2 et 3 mètres. La hauteur doit être suffisante pour protéger le jardin des voleurs, des chasseurs, des bêtes sauvages et du vent. Elle doit permettre le palissage tout en évitant d’ombrager les différentes cultures du clos. Elle détermine enfin le choix des espèces, la forme des espaliers et l’espacement entre les arbres.

Conformément aux règles du bâti ancien, le mur est érigé avec des matériaux locaux : pierres, cailloux, terre, plâtre, chaux ou sable. Il est généralement couronné d'un chaperon de tuiles ou de plâtre, dont le débord prononcé protège le mur des infiltrations et les arbres des intempéries. Symboliquement, ce couronnement indique la propriété : chaperonné d'un seul côté, le mur appartient entièrement au propriétaire du clos vers lequel il s'incline ; chaperonné des deux côtés, le mur est alors mitoyen.

Pour assurer sa pérennité, le mur est construit sur des fondations de pierres, dont les dimensions et la profondeur varient selon les cas. Sa largeur diminue à mesure de l’élévation : les pierres les plus lourdes sont placées à la base, tandis que les plus légères (gravats de plâtre, notamment) forment l’arase. Les règles de l’art sont appliquées avec plus ou moins de respect selon les localités : des chaînages de grès renforcent les murs de Thomery (Seine-et-Marne) ou de Versailles (Yvelines), tandis que les murs de Montreuil (Seine-Saint-Denis) ou de la vallée de Montmorency (Val-d’Oise) sont avares en parpaings, boutisses et autres pierres traversantes. Pour éviter la nidification des nuisibles auprès des arbres, les parements sont enduits de chaux ou de plâtre. Afin des protéger les enduits et de réguler les remontées capillaires, les soubassements sont parfois laissés en pierres apparentes. Conscient des spécificités et des ressources locales, La Quintinie préconisait l'usage du plâtre, « quand on en a la facilité, telle qu’elle est aux environs de Paris ». Abondant et bon marché, il a aussi le mérite d’être souple et de permettre la fixation de treilles ou de loques au moyen de clous forgés. Enfin, le nécessaire entretien des murs est évoqué dans les traités : toujours au service du fruit et du jardin, la maçonnerie fait l’objet de campagnes de rénovation rythmées par les saisons. Il s’agit alors, avec beaucoup de précautions, d’intervenir sur les désordres du mur et de ses excroissances techniques (échalas de bois ou de métal, treilles ou verre de protection). C’est à la fin du XVIIIe et au XIXe siècle que la technique du mur à palisser est la plus documentée. Prenant souvent pour exemple les murs de Montreuil ou de Thomery, les traités modernes décrivent scrupuleusement l’implantation optimale des maçonneries et l’exposition des arbres. Véritable outil technique, le mur transcende sa seule fonction protectrice et intervient sur la maturité du fruit, précoce ou tardive.

Les murs de refends

Appréciée au XVIIe siècle pour des raisons esthétiques, la compartimentation du jardin est alors poussée à son extrême dans un souci d’optimisation et de production. Les murs de refends foisonnent au sein des clos, créant ainsi, selon certains, des microclimats favorables à la culture des fruitiers en espalier ou contre-espalier. Cette tendance favorise alors la création de sites aux aspects labyrinthiques qui marquent encore aujourd’hui le paysage. Thomery, à l’est de Fontainebleau, et Montreuil en sont deux exemples.

Objets, outils, matériaux supports

• Outils de taille : sécateur (introduit à partir de 1815), scie, serpette…
• Matériel de palissage : osier, ficelle, raphia.
•Matériel pour infrastructure : barres de fer , fils de fer (galvanisés ou plastifiés), lattes de bois  (en bois traité ou peint), raidisseurs, pitons (en fer à T, plats, droits, ou « queues de cochon »), cavaliers.
Certaines structures en fer forgé sont nécessaires pour le palissage de formes complexes en volume. La forge d’art est aussi sollicitée pour les structures dans des lieux historiques. L’entreprise Loubière (Maine-et-Loire) a ainsi apporté (et continue d’apporter) son savoir-faire pour la rénovation de lignes de contre-espaliers de poiriers dans le Grand carré du Potager du Roi à Versailles. Certaines municipalités (Alès par exemple) ont le savoir-faire nécessaire pour produire leurs propres structures.

La formation à l’art de l’espalier est si hétérogène qu’il faut la segmenter.

Information et initiation

Il existe une offre assez large d’information et d’initiation : ateliers, séances de présentation des activités de l’arboriculture fruitière en formes jardinées, vidéos ou tutoriels. Même si aucune d’entre elles ne saurait, à elle seule, constituer une formation complète à la taille de formation et de fructification de l’espalier, ces offres peuvent aider à entrer dans l’univers de la pratique des formes jardinées. Un premier inventaire de cette offre a été effectué par le collectif.

La formation de futurs « maîtres »

La maîtrise des savoirs et savoir-faire de la taille de formation et de fructification en arboriculture fruitière en formes jardinées semble requérir :
• Une formation de base pratique et théorique d’une soixantaine d’heures, qui doit permettre de transmettre les principes de base de la taille de formation et de fructification (une quarantaine d’heures) et les connaissances de base en physiologie végétale, sols, porte-greffes, intrants ou maladies et traitements.
• Une pratique individuelle, sécateur en main, s’étendant sur une période de plusieurs années, qui doit être suffisamment riche (travail sur différents types d’arbres, sur différentes formes ou dans différentes conditions). Elle est souvent plus efficace si elle est, au moins au début, bien encadrée. La formation de base ne doit pas nécessairement être le point de départ (en fait, elle est souvent plus efficace après un minimum de pratique) ni être effectuée en une seule fois car la répétition de certains de ses éléments peut être très utile. Les bases ne sont pas toujours assimilées en une seule fois !
• Enfin, cette taille de formation et de fructification est un art. Un véritable détenteur de savoirs et savoir-faire est capable de trouver et d’exprimer sa façon unique de conduire les arbres en formes jardinées, d’inventer des formes nouvelles et de former d’autres détenteurs de savoirs. On peut penser qu’il faut du temps (une dizaine d’années au moins) pour atteindre un tel niveau.
Si ce genre de parcours était possible il y a encore une trentaine d’années, il est très difficile à effectuer aujourd’hui (faiblesse de l’offre de cours de base ou manque de lieux de pratique). C’est un chantier essentiel des mesures de sauvegarde.

La formation des amateurs éclairés

Il s’agit d’aider le très large groupe de tous les amateurs à être capable de conduire leurs arbres fruitiers eux-mêmes. Cet objectif peut être atteint de différentes façons, mais doit nécessairement comporter une forte dose de pratique individuelle (encadrée ou non) et un minimum de formation de base théorique et pratique. Si la demande de telles formations est forte, l’offre, elle, reste très limitée même si certaines associations s’engagent dans des initiatives très prometteuses.

Formations offertes par les vergers historiques

Le Jardin du Luxembourg (domaine du Sénat) offre un cours (gratuit) de 60 heures. L’École Nationale Supérieure de Paysage propose au Potager du Roi un cours de 50 heures : 15 séances de 2h30 (théorie et pratique en 1re année) et 5 séances de 2h30, taille d'hiver pratique sur le terrain en 2e année. L’école Du Breuil propose plusieurs cours de 6 heures : taille des arbres fruitiers, taille des arbres à noyaux, pratique de taille au jardin. Tous ces cours ne consacrent qu’une partie limitée de leur enseignement aux formes jardinées et à la taille de formation et de fructification ; la taille de formation y est souvent la moins traitée. Dans ces jardins fruitiers comme dans les autres, la limitation de l’offre de formation (moins de 150 participants par an au total) semble due au manque de formateurs qualifiés. Même si cela commence à évoluer, les formateurs rencontrés sont encore trop souvent masculins et âgés.

Autres formations et initiations

De nombreux passionnés veulent créer leur propre école de formation, avec l’ambition clairement exprimée de fonder l’école de l’excellence du fruit, partant du constat qu’aujourd'hui le secteur a besoin d’arboriculteurs passionnés, qualifiés et formés à tous les aspects de leur métier en culture sous formes jardinées. Souvent simple mais efficace, le programme veut donner les clés de l’expertise du métier de l’arboriculture fruitière et de ce savoir-faire pour les jardins existants et à venir. Selon l’inventaire conduit par les Amis du Potager du Roi et les Murs à pêches (cf. section IV.4 Inventaires réalisés), de nombreux vergers (près d’un sur deux) proposent des initiations, sous forme d’activités courtes, ou d’ateliers et la taille n’en est que l’un des thèmes. Les Croqueurs de pommes ont des activités significatives de formation en pomologie, dans lesquelles la taille en formes jardinées a été marginale jusqu’à ce jour.

Formations de l’enseignement professionnel et technique

Dans le secteur de la production fruitière, il existe a minima des formations avec une sous-option en arboriculture fruitière, qui forment des ouvriers qualifiés, capables d'assurer les travaux d'horticulture courants. En fonction de la spécialité choisie, ils pourront exercer chez un pépiniériste, un maraîcher, un horticulteur ou un arboriculteur. La formation permet de maîtriser les étapes de mise en place d'une culture, les différentes techniques de multiplication, la récolte les fruits à la main ou à l'aide d'une machine et le conditionnement pour la mise en vente. Au mieux, selon les formateurs, ils auront un aperçu historique sur la culture en espalier. Les échanges du collectif avec le réseau Hortipaysages du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation montrent cependant que les choses changent et que l’enseignement technique devrait (re)devenir la filière principale de formation.

Apprentissage, formation alternée, formation interne et stagiaires

L’inventaire déjà cité constate une existence limitée de l’apprentissage (un jardin fruitier sur cinq dit former des apprentis). Du fait de la faible taille des équipes qui gèrent les vergers, la formation interne est souvent difficile. Environ un verger sur deux accueille des stagiaires, généralement en petit nombre.

Formation « de sécateur en sécateur »

Cette transmission perdure difficilement : le grand-père sachant tailler apprenant à son petit-fils est maintenant très rare. Il est remplacé par des « cours » donnés par des associations à leurs adhérents durant quelques heures ou par des démonstrations, révélant parfois une érosion du savoir.

Offre de conseils

Selon l’inventaire cité, il existe une offre de conseils, dispensés par de nombreux responsables de jardins fruitiers et vergers auprès d’autres jardins, mais pas nécessairement en matière d’arboriculture en formes jardinées.

Manuels, revues, associations

Il existe d’excellents manuels sur l’arboriculture fruitière en formes jardinées. Selon l’inventaire cité, les ouvrages les plus lus sont L’Encyclopédie des formes fruitières, de Jacques Beccaletto ; La Taille des arbres fruitiers, de Jacques Beccaletto, Marie Claude Eyraud et Denis Retournard ; le Manuel de Jean-Yves Prat et, plus généralement pour l’arboriculture fruitière, les ouvrages de Denis Retournard, Jacques Beccaletto, Joseph Vercier et Évelyne Leterme. Il n’existe pas de revue spécialisée et l’association la plus citée dans l’inventaire est celle des Croqueurs de pommes, même si son objet ne concerne pas les formes jardinées. 

L’arbre fruitier est autant une invention de l’espèce humaine qu’un produit de la nature. C’est sous l’influence humaine que le fruit est devenu utile pour son enveloppe charnue plutôt que pour ses graines. La culture des arbres fruitiers a demandé la maîtrise de plusieurs techniques horticoles (sélection, greffage, irrigation, taille, etc.). 
Avec la culture de céréales, l’arboriculture fruitière est liée à la sédentarisation de l’homme [Janick, Hamon].  La pratique du greffage est apparue au début du premier millénaire avant J-C. L’arboriculture se développe à l’intérieur du Croissant fertile : en Mésopotamie, entre le Tigre et l’Euphrate, et en Égypte, dans la vallée du Nil. Les premiers arbres cultivés étaient des espèces indigènes. Tant les techniques de culture que les différentes espèces cultivées sont progressivement introduites en Europe au gré des migrations et des échanges entre civilisations. Les pommiers, les poiriers, les abricotiers et les pruniers arrivent en Europe depuis l’Asie, grâce, entre autres, aux conquêtes d’Alexandre le Grand.

Il semble qu’il y ait toujours eu plusieurs façons de conduire les arbres fruitiers et que l’arboriculture fruitière en formes jardinées ait progressivement émergé de l’accumulation d’une multitude de petites inventions de jardiniers spécialisés au cours des siècles. La quasi-totalité de ces inventions restera probablement à jamais anonyme et dans les nombreux ouvrages historiques [voir bibliographie en annexe] il est très difficile de faire la part entre ce qui est description de pratiques existantes et ce qui est véritablement nouveau.

Dans la Grèce et la Rome antiques, les techniques de culture resteront inégalées pendant des siècles. Les premiers ouvrages connus sur la taille datent de l’époque romaine. "Les Douze Livres de l'Agriculture" (De Re Rustica) par Caton l'Ancien, écrit au IIIe siècle avant notre ère, l'un des plus anciens traités d'agriculture romaine connus, contient des instructions détaillées sur la taille des arbres fruitiers. 

Au Moyen Âge, des vergers structurent le territoire tout en fournissant la nourriture. Ils sont l’apanage du clergé et de la noblesse ; cependant, les fruits se retrouvent dans l’alimentation de l’ensemble de la population. Dès le VIe siècle, la loi salique prévoit des punitions pour toute personne qui abîmerait les arbres fruitiers. De précieux documents renseignent très précisément sur les cultures du temps, tel que le capitulaire De villis imperialibus, attribué à l’empereur Charlemagne vers l’an 800.

Quelques peintures de l’école franco flamande (1420-1520) montrent des arbres palissés et on distingue même les têtes de clous employés pour le palissage. Le terme espalier - même s’il désigne alors ce que l’on appelle aujourd’hui contre-espalier apparaît semble-t-il pour la première fois dans Les Remonstrances sur le default du labour & culture des plantes, & de la cognoissance d'icelles de Pierre Belon (1558). Selon [Quellier], c’est Jacques Boyceau de la Baraudière , jardinier de Louis XIII qui, en 1638 dans son Traité de jardinage selon les raisons de la nature et de l’art, est le premier à défini l’espalier stricto sensu comme un arbre fruitier palissé contre un mur.  

À compter du XVIe siècle, d’assez nombreux ouvrages mentionnent et parfois décrivent ces savoirs et savoir-faire comme ceux de Stotele (1548), Le Paulmier (1589), Jean Bauhin (1588), Olivier de Serres (1600), Nicolas de Bonnefons (1651), l’Abbé Legendre (1652), Robert Arnaud d’Andilly, Merlet (1677), ou plus tard le Premier Catalogue des arbres à fruits dans les pépinières des  Chartreux (1736). 

Au XVIIe siècle, Jean-Baptiste de La Quintinie (1626-1688), créateur du Potager du roi à Versailles, met au point, entre autres, un système de culture et s’intéresse à la production de fruits : pour lui, « Tout le monde coupe, peu de gens taillent ». Au XVIIIe siècle, on note les publications de l’Abbé Schabol (1767) de Duhamel du Monceau (1768) et de l’Abbé Rozier (1785) (l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert décrit les diverses méthodes d’arboriculture).

Selon Florent [Quellier] les grandes familles de formes d’arbres que l’on connaît aujourd’hui existaient à la fin du XVIIe siècle : famille des espaliers, des contre-espaliers et éventails, des arbres buissons et gobelets, vases et autres corbeilles et la dernière-née, la famille des pyramides et des quenouilles. 

Au XIXe siècle et jusqu’à la Première Guerre mondiale, l’arboriculture fruitière en formes jardinées va connaître une sorte d’apogée. Elle bénéficie de l’enthousiasme général pour l’arboriculture et l’horticulture – les mots arboriculture et horticulture datent eux-mêmes du XIXe siècle. Deux nouvelles technologies (la tréfilerie et le sécateur qui remplace la serpe) permettent de développer la plupart des formes fruitières que l’on connaît aujourd’hui : cordons verticaux et horizontaux, fuseaux (1816), losanges (ou haie belge), palmette Verrier (1850), pyramides, système Cossonet (1849), U simple et double (1850), vases et vases renversés, etc.  On assiste également à un engouement pour la pratique, qui se manifeste par la création de jardins de collections de variétés et de formes jardinées, sans oublier une profusion de littérature spécialisée. Vers 1850, s’appuyant sur les savoir-faire des générations précédentes, Jules Courtois, professeur d’arboriculture à l’École normale de Chartres décrit la taille « trigemme ». Tout au long du XIXe siècle, de nombreux ouvrages d’arboriculture fruitière en formes jardinées sont publiés : Lelieur, Noisette, Lepère, Hardy père et fils, Baltet, etc. 

C’est au tout début du XXe siècle que Louis Lorette, chef de pratique à l’École d’horticulture de Wagnonville décrit une méthode de taille de fructification dite « méthode Lorette » qui a pour principe d’affaiblir l’arbre par d’abondantes suppressions pendant l’été.  Cette méthode relativement épuisante pour l’arbre ne convenant pas aux arbres de faible vigueur.
Le XIXe et le début du XXe siècle voient également apparaître les jardins ouvriers, les jardins familiaux et les cités-jardins qui vont largement diffuser l’art de l’espalier et ses savoir-faire.

Au XXe siècle, l’évolution des politiques agricoles et la faiblesse du prix des fruits transforment l’arboriculture en une pratique misant sur une production pratiquement industrielle cherchant à limiter la main-d’œuvre. La période de l’après Deuxième Guerre mondiale a également été celle de l’usage intensif d’une multitude de produits chimiques.
Au cours du XXe siècle de nouvelles formes fruitières sont mises au point : haie Bouché Thomas (1945), drapeau Marchand (1948), cordon Ferraguti (1948), palmette Baldassari (1948) et Arcure Lepage (1956). Plus tard, à partir des annnées1960, Jean-Marie Lespinasse (INRA) et ses collaborateurs ont développé des formes de conduite encore plus adaptées à l’architecture naturelle de l’arbre (axe vertical, solaxe, solen, etc.)

L’ensemble des savoirs et savoir-faire hérités du XIXe siècle, où ces pratiques avaient été portées à leur plus haut niveau d’excellence de pratique, de formes fruitières et de variétés, disparaît lentement mais sûrement (avec la disparition du métier de « jardinier de grandes maisons ») . Ainsi, il faut déplorer la disparition de nombreuses composantes parmi les vergers historiques : École de La Saulsaie à Montluel (Ain), École d’Igny (Essonne), École normale de Chartres (Eure-et-Loir), pépinière Jamin à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine) et, à Paris, le jardin de la faculté de Médecine et le Jardin royal des Plantes, devenu Muséum d’histoire naturelle à la Révolution. 

Ce n’est qu’au début du XXIe siècle qu’un certain renouveau de l’art de l’espalier fruitier intervient.  Il est porté par un nouvel intérêt pour l’arboriculture fruitière en général, par un nouvel intérêt pour la diversité – et la conservation des variétés anciennes de fruits (le mouvement des Croqueurs de Pommes est né en 1978), par le développement de nouvelles micro fermes urbaines et périurbaines (voir [Aubry] et al. et l‘AFAUP, Association Française d’Agriculture Urbaine Professionnelle), par l’émergence de mouvements pour une alimentation locale (Locavore 2005), par le mouvement pour la végétalisation des villes et l’agroforesterie urbaine (voir Salbitano et al. pour le développement de ce mouvement depuis le début du XXIe siècle), par le mouvement des villes en transition, etc. 

Jusque dans les années 1960, l’art de l’espalier était la pratique de référence de toute l’arboriculture fruitière. Depuis lors, les vergers à haut volume de production ont redéfini les composantes de la qualité et ont cherché à maximiser le rendement en jouant sur une multiplicité de paramètres [Plénet et al., 2010]. Ils ont ainsi réduit leurs coûts de main d’œuvre et abandonné la taille en formes jardinées. En même temps, pendant plusieurs décennies, la fonction nourricière des jardins particuliers est un peu passée de mode et les arbres fruitiers y ont été moins cultivés.

La transition écologique

Des années 1950 aux années 1990, l’arboriculture fruitière en espalier n’a pas échappé à l’utilisation intensive des traitements chimiques. Durant cette période, il était courant de faire une quarantaine de traitements chimiques par an dans le jardin-fruitier du Luxembourg, au Sénat. Depuis une trentaine d’années, et très souvent en précédant les règlementations, l’art de l’espalier a progressivement abandonné ces pratiques; les jardiniers, mangeant eux aussi des fruits, ont été conscients de la nécessité de cet effort. Même s’il y a eu des échecs (pertes d’arbres), la transition écologique a été réussie lorsqu’elle s’est accompagnée de plus d’observation et de compréhension, d’interventions plus précoces et plus précises, de la remise en pratique d’anciennes techniques (ensachage des fruits), de plus de planification et de plus de propreté, la science et la recherche accompagnant cet effort avec les nouvelles matières actives en lutte biologique. Cette transition a amené les jardiniers à acquérir de nouvelles compétences et à communiquer davantage avec leurs collègues et d’autres spécialistes.

L’évolution de la taille

A travers l’histoire, différentes façons de cultiver les arbres fruitiers ont vu le jour, répondant avec plus ou moins de bonheur aux défis de leur temps. Aujourd’hui, dans les vergers de production, la taille n’est qu’un élément du système de gestion des arbres – porte-greffe, distance de plantation, apports d’eau et d’engrais, etc. De nouvelles formes dites modernes ont été développées, [Lauri]. Ces formes s’appuient sur des connaissances anciennes (arcure) et des connaissances nouvelles (architecture de l’arbre) pour encore mieux adapter la conduite de l’arbre aux caractéristiques propres de chaque espèce et de chaque variété [voir la note sur ces formes en annexe]. Elles ont l’avantage d’accélérer la production de fruits, de réduire le temps nécessaire à la taille (10 à 20% du temps nécessaire pour les formes jardinées). Elles ont le désavantage de réduire la vie de l’arbre (environ 33% de la durée de vie des formes jardinées). Même si elles sont plus adaptées à un environnement professionnel ces pratiques de conduite des arbres fruitiers peuvent également avoir leur place dans les jardins des amateurs et dans les vergers urbains et péri-urbains –bien qu’ elles demandent plus de place que les formes jardinées.

Les nouvelles fonctions des espaliers dans la ville, les enseignements de l’association Vergers Urbains

Vergers Urbains a été créée en 2012, dans le 18ème arrondissement de Paris par un collectif ayant pour but de rendre la ville comestible, par un large éventail de modes d’action. Les fondateurs de Vergers Urbains sont investis pour la plupart dans le mouvement des « villes en transition » et la permaculture. Ils ont eu la volonté de sortir du monde souvent clos des jardins partagés pour investir plus largement l’espace public ou d’autres espaces collectifs. L’arbre fruitier est considéré par l’association comme le meilleur outil pour transformer le regard des citadins sur l’environnement urbain et susciter une réappropriation de la ville par le plus grand nombre. L’arbre n’est jamais isolé, il est parfois un prétexte, ou un vecteur, pour questionner sur la nature en ville, l’alimentation, ou le rôle des communs. Avec une très faible emprise au sol, il a un fort impact à la fois sur l’espace (le cadre de vie), sur l’écosystème urbain (lutte contre les îlots de chaleur urbains, augmentation de la biodiversité, captation du carbone, création de biomasse etc.), sur la santé (production saine et locale) et sur les liens sociaux.

Plus que tout autre arbre, les arbres fruitiers sont générateurs d’interactions entre les citadins. Ils provoquent des moments de convivialité autour de leur plantation, des récoltes, de la cuisine ; ils permettent de sensibiliser les habitants sur la question d’une alimentation saine et locale ou encore d’apprendre diverses techniques horticoles telles que la taille ou la greffe fruitière. Afin de mettre en valeur les bénéfices que portent les arbres fruitiers, l’équipe de Vergers Urbains rassemble des compétences diverses : paysagisme, urbanisme, architecture, agronomes, jardinage, animation. L’association compte plus de 200 projets réalisés ou en cours, avec au cœur de sa démarche l’implication des habitants. Implication nécessaire à la pérennité de nombre des projets. Ainsi, les séances de mobilisation, de co-conception et d’animation permettent aux citadins de se réapproprier l’espace public et se reconnecter avec leur environnement. « Nous adaptons le choix des formes en fonction des contextes et du degré d’implication des personnes concernées, qui seront amenées à en prendre soin. De par les contraintes propres au contexte urbain, les formes jardinées sont considérées comme les formes les plus adaptées pour amener l’arboriculture au cœur des villes. Ces contraintes sont liées à l’exigüité des espaces qui ne permettent pas le développement d’arbres fruitiers de plein vent ; ainsi qu’à la faible épaisseur de substrat qui ne permet pas d’accueillir d’arbres présentant un grand développement. De par leur faible développement, les arbres fruitiers palissés ont capacité à investir les espaces urbains résiduels, les entre deux. Aidé par les mains de l’homme, l’arbre fruitier peut adapter ses formes, pour s’intégrer au plus près des façades, sur les balcons, les terrasses, les toits. Plus qu’une confrontation antagoniste entre espaces cultivés et espaces bâtis, il s’agit d’une interaction créative et productive, une réconciliation ville nature.  Les formes jardinées font partie à la fois du patrimoine architectural et du patrimoine paysager. Elles sont le symbole d’une co-évolution entre production agricole et ville. Symbole qui peut inspirer un retour d’une arboriculture de proximité, ou plus généralement du renforcement des liens entre ville et agriculture et l’émergence d’une ville comestible jardinée ».

La redécouverte des services écosystémiques rendus par l’arboriculture fruitière en espalier

Avec l’émergence de l’arbre fruitier en ville, l’art de l’espalier retrouve son potentiel de fournir une variété de services écosystémiques : contribution à la biodiversité et à la conservation des variétés anciennes et locales, contribution à la limitation du gaspillage, contribution à l’élimination des traitements phytosanitaires, contribution au mouvement de relocalisation des productions de fruits et aux bénéfices environnementaux de la végétalisation de la ville, et enfin contributions au bien-être individuel et collectif : contribution au goût et à son éducation, renforcement du lien à la nature, renforcement au lien avec l’histoire et les savoir-faire anciens, apport esthétique et renforcement des valeurs de persévérance, de résilience, et de tenue d’une vision à long terme.

Les emprunts à la science

L’art de l’espalier n’a jamais été une pratique isolée et s’est constamment nourri des découvertes des sciences des plantes, avec les découvertes continuelles sur la physiologie végétale spécifique à la végétation des espèces fruitières, pour le grand progrès des professionnels et une accessibilité facilitée au grand public.

Vitalité

L’arboriculture fruitière en formes jardinées montre de nombreux signes de vitalité.

Les réunions des 8 juin et 19 novembre 2020, du 6 avril 2021, du 4 février et du 13 décembre 2022 (cf. section V.1) ont réuni de nombreux passionnés de la communauté des pratiquants  de l’art de l’espalier fruitier. Quelques très grands amateurs consacrent toujours leur vie à la constitution de vergers exceptionnels d’arbres fruitiers en formes jardinées.

De nombreuses associations s’investissent dans la création et l’entretien de vergers urbains et péri-urbains d’arbres fruitiers en formes jardinées. Contrairement aux autres activités de jardinage, l’arboriculture en formes jardinées génère des activités qui permettent d’animer la vie associative tout au long de l’année. Deux de ces associations ont ainsi  très régulièrement participé aux réunions: Vergers urbains et Yvette Vallée en transition.

L’association des Croqueurs de pommes, qui, depuis 1978, travaille à la sauvegarde des variétés fruitières régionales en voie de disparition et regroupe plus de 8 200 membres, a aussi pour préoccupation les savoir-faire de l’arboriculture fruitière en formes jardinées et leur transmission. Cette arboriculture peut en effet faciliter la conservation des variétés anciennes. Les Croqueurs peuvent jouer un rôle significatif dans la mise en place de mesures de sauvegarde.

De très nombreuses municipalités s’intéressent à la plantation d’arbres fruitiers dans les espaces publics, ce qui a amené le collectif à organiser avec la ville de Nantes et Plante & Cité, les premières Assises des paysages comestibles fruitiers dans la Cité qui se dérouleront à Nantes les 7 et 8 septembre 2023. Ces initiatives de réintroduction de l’arbre fruitier en ville rencontrent souvent les problèmes difficiles de la formation des agents municipaux et de l’entretien de ces nouveaux vergers.

Les pépiniéristes spécialisés vendent chaque année plusieurs milliers de jeunes arbres préformés (âgés de 5/6 ans) en palmettes et autres formes jardinées. Ces ventes, qui ont longtemps stagné, semblent être à nouveau en croissance. Elles sont faites à une diversité de clients, parmi lesquels les particuliers représentent un segment significatif, qui continue donc de cultiver des arbres en formes jardinées.

De nouveaux usages des vergers en formes jardinées apparaissent, à l’instar de l’aide thérapeutique, développée par le verger de Sillery, à Épinay-sur-Orge (Essonne), qui confie l’entretien de ses arbres à des binômes constitués d’un bénévole et d’un « usager ».

Enfin, généralement pour des raisons esthétiques, des paysagistes préconisent toujours la plantation d’arbres fruitiers en espalier.

Menaces et risques

Si la vitalité est indéniable, les menaces et risques sont également nombreux.

• Problème d’information et d’image : l’art de l’espalier est une activité mal connue et son objectif de production de fruits de haute qualité et ses avantages en milieux exigus sont souvent ignorés. Elle souffre d’une image de pratique compliquée et difficile à maîtriser, ce qui est un problème pour la transmission de ces savoir-faire aux amateurs. L’image de l’art de l’espalier est également souvent un peu vieillotte et mériterait d’être sérieusement rajeunie. Dans le but de contribuer à dissiper les malentendus, l’association des Amis du Potager du Roi a conçu une liste de « Vrai-Faux ».

• En transition, la communauté de l’art de l’espalier ne semble plus être ou pas encore redevenue une véritable communauté. Ses différents membres communiquent relativement peu entre eux. Contrairement à d’autres cas, il n’existe pas de réunions ou d’événements où se retrouvent les membres de la communauté ni de publications spécifiques.

• De nombreux membres de la communauté se recrutent parmi les retraités, très importants pour la communauté car ils constituent une grande réserve de bénévoles. Il conviendrait cependant de faire des efforts pour recruter des membres plus jeunes, ce qui semble tout à fait possible au vu de l’expérience de plusieurs associations.

• Déficit de jardins fruitiers et vergers d’excellence : de nombreux jardins fruitiers, centres traditionnels de l’art de l’espalier ont vu leur patrimoine arboricole décliner au cours des dernières années. Les nouveaux centres associatifs de l’art de l’espalier ne se sont pas encore établis comme centres d’excellence. Ces jardins fruitiers et vergers, seuls capables de montrer une large collection de formes avec des arbres d’âges différents, sont essentiels à la formation des jardiniers et amateurs.

• Problème de leadership de la communauté : les réunions de juin et de novembre 2020 ont montré que les grands experts du début du XXIe siècle n’ont pas encore trouvé suffisamment de successeurs pour former, développer et guider la communauté. La très grande majorité de ses membres, présents à cette réunion, ont indiqué que leur entrée et leur implication durable dans l’art de l’espalier avaient résulté de contacts (formation, conseils, échanges) avec l’un des deux grands experts du domaine, Jacques Beccaletto ou Denis Retournard.

• Absence de métiers spécifiques à l’art de l’espalier dans le passé, les principaux sachants et formateurs étaient attachés à des centres traditionnels de l’arboriculture fruitière en formes jardinées, qui n’ont plus, aujourd’hui, le même rayonnement. Il est urgent d’inventer de nouveaux cadres dans lesquels pourraient se développer un nouveau métier de formateur/conseil en arboriculture fruitière en formes jardinées. Les métiers connexes (arboriculteurs professionnels, jardiniers d’espaces verts urbains, etc.) ont de moins en moins de compétences dans ce type d’arboriculture.

• Même si l’offre en supports d’information et d’initiation est importante et souvent utile, l’offre de formation reste insuffisante. L’arboriculture fruitière en formes jardinées requiert des formations initiales, des formations continues ainsi que des formules de suivi et de conseil. Lors de la réunion du 19 novembre 2020, il a été décidé de constituer une structure d’échange continue d’information et cela notamment en matière de formation.

Modes de sauvegarde et de valorisation

• Plantation d’arbres fruitiers en ville, dans les écoles, etc.
• Développement d’associations et d’entreprises d’arboriculture fruitière urbaine et péri-urbaine
• Offre de jeunes arbres en espaliers par les pépiniéristes
• Accueil, formation et encadrement de bénévoles dans les associations
• Nouvelles formations   
• Inventaires spécialisés (cf. section IV.4 Inventaires réalisés)
• Accueil d’apprentis (limité)

Actions de valorisation à signaler

Dans sa lettre de soutien à l’inscription (cf. section V.2), l’École Du Breuil assure « accompagner le regain d’intérêt pour l’arboriculture fruitière en forme jardinée en ville et comme mode de production », en s’appuyant notamment sur son BPREA Fermes agroécologiques urbaines et péri-urbaines pour tester la viabilité et les moyens de remettre l’arboriculture en forme jardinée au cœur d’un processus de production.
L’association Yvette-Vallée en transition communique une image moderne de l’art de l’espalier auprès d’un public jeune et composé d’hommes et de femmes.

En 2022, un groupe de pépiniéristes spécialisés au sein de l’interprofession VALHOR a obtenu la reconnaissance d’un nouveau Label Rouge Arbres Fruitiers de jardin

Modes de reconnaissance publique

Un représentant du réseau RESO’THEM-Hortipaysages, réseau national des établissements de formation agricole, du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a participé à toutes les réunions du collectif (cf. section V.1) et a proposé de faciliter les appuis par la formation en matière de transfert et de maintien des compétences et des capacités professionnelles dans le domaine de l’art de l’espalier, indiquant que « les structures publiques de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) et leurs homologues du secteur privé pourraient être invitées à apporter leurs contributions, à leur convenance ». Voir les premiers résultats obtenus dans "Mesures de sauvegarde envisagées".

Dès leurs premières réunions, les membres du collectif, se sont accordés sur le fait que si l’art de l’espalier est exposé à des menaces, il retrouve aujourd’hui une vitalité qui doit être renforcée par une multitude de mesures de sauvegarde. Ces initiatives doivent être portées par les membres de la communauté qui seuls peuvent prendre en charge le développement et la transmission de ce qui les rassemble. Les mesures proposées ci-dessous ne sont que des premières pistes. 

    1. Toujours mieux comprendre la communauté de l’art de l’espalier et ses évolutions.

La complexité de cette communauté fait qu’il faut maintenir les efforts pour inclure tous ses membres. Il faut également se rapprocher de communautés connexes qui partagent des passions communes et avec lesquelles des collaborations fructueuses peuvent s’établir. C’est ainsi que le collectif a été très heureux d’accueillir en 2022 l’association des Arbusticulteurs (spécialistes des arbustes en général, donc des arbustes fruitiers). Un autre objectif est de mettre en œuvre des analyses systématiques des récentes et souvent importantes plantations d’arbres fruitiers en ville : quelle y est la véritable place de l’art de l’espalier ?  Quels sont les enjeux de ce nouveau développement de l’art de l’espalier ? C’est dans ce but que le collectif a mis en place avec Plante & Cité (Angers) un Observatoire des paysages comestibles fruitiers dans la Cité. Il convient également de continuer à analyser les autres développements de l’art de l’espalier. 

    2. Faire mieux connaître à un large public ce qu’est l’art de l’espalier.

Plusieurs participants à la réunion du collectif du 13 décembre ont décrit les actions de promotion de l’arboriculture fruitière qu’ils mènent (information, initiation, formation, conseils, bourses aux greffons, etc.) et parmi celles-ci, les actions d’initiation et à la taille de formation et de fructification en particulier. Parmi les intervenants à la réunion du 13 décembre on peut citer le Centre Régional de ressources génétiques des Hauts de France, le Jardin des Merlettes, les associations ‘I z’on creuqué eun’ pomm’’ et les Croqueurs de l’Ile-de-France et d’Anjou. Une tendance prometteuse a été mentionnée par la plupart des intervenants : les participants à ces initiatives sont de plus en plus jeunes et de plus en plus de femmes y prennent part. Cette tendance a été confirmée par les responsables des cours de formation à l’arboriculture fruitière du jardin du Luxembourg.  Il convient aussi de noter les récentes initiatives de communication lancées par le jardin des Merlettes ou le Centre national de Pomologie d’Alès (voir également la transcription de la réunion du 13 décembre 2022). Finalement, il faut noter l’importante communication récemment effectuée par le Potager du Roi autour de la reconstitution de plusieurs lignes de palmettes Legendre autour du Grand Carré. Cette communication a également permis de mieux faire connaître l’importance de la ferronnerie d’art nécessaire à la conduite de ces arbres. Il faut cependant reconnaître que la pratique de l’art de l’espalier reste insuffisamment comprise et qu’il est important de faire mieux comprendre l’ensemble des services qu’elle peut rendre au-delà de la simple production de fruits. Il faut faire mieux comprendre ses avantages et ses limites.  Il faut également montrer que c’est une pratique riche de sens dont l’accès n’est pas particulièrement difficile et qui est ouverte à tous. C’est dans ce but que plusieurs membres du collectif, comme la ville de Ris-Orangis ou la Fédération de Murs à Pêches de Montreuil ont récemment lancé de nouvelles initiatives ouvertes à un large public.

    3. Développer des formations professionnelles.

Plusieurs pistes sont apparues récemment : 

    a- La participation active au collectif du réseau RESOTHEM-Horti Paysages

a donné lieu à de nombreux  échanges sur la valeur de la réintroduction de formations à l’arboriculture fruitière avec une spécialisation art de l’espalier dans l’enseignement technique agricole. Une nouvelle  formation à la mise en place, à l’entretien et au suivi d’un verger en formes adaptées aux espaces contraints de la ville  doit être lancée par le centre CFP-MFR La Ferrière (Vendée) à l’automne 2023.

    b- Une formation de ‘jardinier cinq branches’ / jardinier du patrimoine

est en cours d’élaboration à l’École nationale supérieure de paysage sous l’égide du Campus Versailles patrimoine et artisanat d’excellence, avec l’École Du Breuil, le Lycée agricole de Saint Germain-en-Laye et l’Établissement public du Château de Versailles.

    c-  Il faut également noter d’autres initiatives.

La récente introduction d’un module arboriculture fruitière en formes jardinées dans le BPREA Fermes agro écologiques urbaines et péri-urbaines de l’École Du Breuil est une très bonne nouvelle. On doit aussi saluer le rôle des associations. Les Croqueurs de pommes peuvent servir d’exemple pour organiser des formations, développer des centres de compétences, capables non seulement de transmettre le savoir-faire, mais également de créer de nouveaux savoir-faire, développer des publications, etc.  De même, l’intérêt du CRBA de Lyon (Rhône) pour développer un pôle régional de formation mettant en avant la tradition lyonnaise de l’arboriculture en formes jardinées est une autre bonne nouvelle.

Le besoin de vergers pédagogiques. Dans la mesure où les formations pratiques à l’art de l’espalier nécessitent un patrimoine important d’arbres (un arbre ne se taille qu’une fois et les apprenants doivent pouvoir apprendre sur des arbres d’espèces différentes, de formes différentes et d’âges différents). Il convient donc de replanter des arbres fruitiers – ce qui se passe aujourd’hui en milieu  urbain et également de redécouvrir les vieux arbres qui existent dans certains jardins et  de restaurer les nombreux jardins potagers et fruitiers historiques ‘oubliés’ qui existent en France. L’expérience du CFP MFR La Ferrière montre également qu’un centre de formation peut constituer un réseau local de jardins fruitiers et de vergers : un tel réseau pouvant permettre au centre de donner accès à ses élèves à un nombre important d’arbres et aux propriétaires et gestionnaires de ces jardins et vergers d’avoir des arbres bien taillés. Au cours de la réunion du 23 janvier 2023, les responsables des Vergers-Potagers du château de Montigny-sur-Aube (Côte-d’Or) et de l’association I z’on creuqué eun’ pomm (Oise) ont indiqué leur intérêt pour participer à des réseaux de vergers pédagogiques.

    4- Développer un nouveau métier de jardinier arboriculteur fruitier spécialisé dans l’art de l’espalier.

Même si elle n’est pas facile à mettre en œuvre, cette mesure de sauvegarde est probablement essentielle. En effet, le développement de formations professionnelles ne peut se justifier que si un vrai métier de jardiniers arboriculteurs fruitiers spécialisés dans l’art de l’espalier existe.  Aujourd’hui, ce métier est trop devenu un métier de « niche » (au mieux parfois un métier d'art) qui n'est pas aujourd'hui suffisamment valorisé (image et salaires). Ce manque de reconnaissance entraîne bien évidemment une pénurie de vocations.  Les choses ne sont cependant pas aussi sombres quand on constate la récente réintroduction de l’arbre fruitier en ville : pour que cette introduction réussisse, il va falloir de nombreux jardiniers arboriculteurs spécialisés dans l’art de l’espalier. Pour cela il va falloir aider les jardiniers en place à développer de nouvelles compétences et recruter de nouveaux jardiniers.

    5- Développer des formations de formateurs. 

En 2021, le collectif a constitué un groupe de travail qui a pu produire un premier référentiel de formation de professionnels. Les 17 et 18 janvier 2023, le collectif a organisé une première formation de formateurs au Château de Valmer. Ces Journées de Valmer ont réuni 34 personnes (28 participants, quatre de nos plus grands experts et enseignants : Jacques Beccaletto, François Moulin, Thierry Regnier et Denis Retournard, ainsi que deux facilitateurs). Trois générations étaient présentes avec un nombre significatif de jeunes enseignants de l’arboriculture fruitière appartenant aux milieux de l’enseignement agricole, des agents des services municipaux et des membres d’associations venant de la région parisienne, de Lyon, de Nantes, de la Ferrière en Vendée, de Tours, et pour 3 d’entre eux de l’étranger. Il ne s’agissait pas d’un cours de taille mais bien d’échanges et de réflexions sur les meilleures façons de transmettre les savoirs, savoir-faire et gestes de l’art de l’espalier. Plusieurs des échanges aux pieds des arbres fruitiers ont été filmés de façon à pouvoir en faire bénéficier d’autres enseignants. Un rapport a été établi sur ces premières journées de la transmission.

    6- Développer l’intérêt de la communauté scientifique.

Au niveau productif, les organismes scientifiques s’intéressent évidemment avant tout à l’arboriculture fruitière de type industriel et à l’amélioration de sa productivité. Nous pensons cependant que la communauté scientifique pourrait s’intéresser aux autres services de l’arboriculture fruitière : contribution à l’agriculture urbaine et péri-urbaine, agroforesterie, développement des micro-fermes, contribution au bien être individuel et social, etc. Nous sommes très heureux de la participation aux travaux du collectif, depuis 2022, de Marie-Reine Fleisch d’AgroParisTech. Il faut également noter que depuis 2022, Vergers Urbains collabore avec l’équipe agriculture urbaine de l’UMR SADAPT de l’INRAE – AgroParisTech.  
Mesurer des impacts écologiques. Il nous paraît important que la communauté scientifique s’approprie l’étude de l’impact écologique de la réintroduction de l’arbre fruitier en ville et de l’impact écologique de l’espalier en particulier.
Adaptation au changement climatique. C’est un autre domaine qui mérite de continuer à être investi par la communauté scientifique [Legave]. L’art de l’espalier est tout à fait susceptible d’être utilisé pour de nouvelles espèces et variétés.

    7- Promouvoir l’art de l’espalier et l’arboriculture fruitière en général auprès de ses publics clés

    a- Les villes et collectivités territoriales.

Comment inciter les municipalités à planter de nouveaux vergers d’arbres fruitiers en formes jardinées dans leurs espaces verts et dans leurs écoles et à libérer des espaces pour des vergers associatifs ? Cela pourrait passer par l’organisation d’événements autour des arbres fruitiers en ville et par l’apport de solutions pour l’entretien des vergers déjà plantés. Ces solutions peuvent résulter de la formation des jardiniers municipaux, par des bénévoles et/ou par de nouveaux professionnels. C’est dans cet esprit que le collectif est entré en partenariat avec Plante & Cité et la ville de Nantes pour lancer les Premières assises internationales des paysages comestibles fruitiersDes fruitiers dans la cité ») à Nantes les 7 et 8 septembre 2023. Ces assises permettront notamment de présenter des initiatives inspirantes, et d’échanger autour des chapitres d’un guide méthodologique pour la mise en place de paysages comestibles fruitiers, que Plante & Cité prévoit de diffuser en 2024.

    b- Les paysagistes et les entreprises d’espaces verts.

    c- Les acteurs de l’agriculture urbaine et péri-urbaine.

Les développements récents de l’agriculture urbaine et péri-urbaine ( voir [Aubry et al] et l’AFAUP)  se sont probablement plus faits autour des productions légumières que des productions fruitières. Par leur adaptation naturelle aux petits jardins, les espaliers peuvent permettre d’augmenter la production fruitière de cette nouvelle agriculture.

    d- Les particuliers.

Pour tous les particuliers qui possèdent un jardin, qui ont accès à un jardin partagé voire à un jardin de copropriété, les arbres en formes jardinées peuvent leur permettre d’avoir accès à des fruits de qualité. Pour les gestionnaires et propriétaires de fruitiers et potagers d’exception, on pourrait envisager la création d’un label « Jardin fruitier remarquable ». Un projet de « concours fruitier » a été par exemple envisagé plusieurs fois avec plusieurs associations et la SNHF, Société Nationale d’Horticulture de France, déjà organisateur du prix annuel du « Concours National des Jardins Potagers ». 

    8- Inciter les pépiniéristes à développer (et parfois à améliorer) leur offre de jeunes arbres formés en formes jardinées.

Les pépiniéristes devraient notamment fournir plus d’information sur les porte-greffes et offrir plus de contrats de culture.

    9- Aider les jardiniers expérimentés à s’organiser.

Il est urgent que les jardiniers arboriculteurs expérimentés prennent le relais des grands anciens, ce qui passe probablement par une meilleure valorisation salariale de leurs compétences.

    10- Inciter les associations à accroître la diversité de leurs membres.

Plus de femmes dans des rôles de « sachantes », plus de jeunes générations, plus de diversité sociale, etc.

    11- S’inspirer des bonnes idées des acteurs de domaines connexes.

La constitution de l’inventaire (cf. section IV.4 Inventaires réalisés) a fait ainsi prendre connaissance des initiatives du Conservatoire végétal régional d’Aquitaine, qui avait trouvé, il y a quelques années des approches intéressantes dans ses relations avec les municipalités.

La démarche d’inscription de l’arboriculture fruitière en formes jardinées a recueilli, à ce jour, 33 lettres de consentement et de soutien, réunies dans un dossier de 94 pages. 
https://artdelespalier.org/wp-content/uploads/2023/03/soutiens-art-espalier-2303151.pdf

Ont adressé leur soutien :

Institutions

Larcher, Gérard, Président du Sénat

Ville de Montreuil (Patrice Bessac, maire). D’autres acteurs locaux se sont joints à ce soutien : Fédération des Murs à Pêches, Société Régionale d’Horticulture de Montreuil, Association Fruits défendus, association des Murs à pêches et jardin remarquable de Patrick et Geneviève (ces deux derniers ont aussi transmis des lettres en leur nom).

Corbière, Alexis, député de la Seine-Saint-Denis, circonscription de Bagnolet-Montreuil

Jardins fruitiers historiques

Croq, Gisèle, ingénieur des Jardins du Luxembourg

Hennekine, Alexandre, ex-directeur, pour l’École Du Breuil

Vergers conservatoires

Leterme, Évelyne, ex-fondatrice et directrice, Conservatoire végétal régional d'Aquitaine

Enseignement agricole

Triollet, Régis, animateur national DGER-BDAPI, RESOTHEM-Hortipaysages

Arboriculture urbaine

Goelzer, Sébastien, urbaniste, co-fondateur, et Jalet, Hugo, pour l’association Vergers Urbains

Prescripteurs et entreprises spécialisées

Douchin, Frédéric, gérant, pépinières du Parc

Nicou, Michel, directeur général, pépinières Minier

Ogereau, Pierre, gérant, pépinières Ogereau

Châteaux et domaines historiques

Haussonville, Jean d’, Directeur Général du Domaine national de Chambord

Loumaye, Anne-France, Jardins d’Annevoie

Taulard, Julien, jardinier en chef, Château de Talcy   

Grands amateurs

Coulomb, Christine, créatrice, Le Jardin des Merlettes

Fontaine, Patrick, jardinier arboriculteur amateur, Le Verger de Patrick et Geneviève, Murs à pêches de Montreuil

Schaeffer, Jean-Claude, créateur, verger Les Ceveaux

Stillace, Dominique, créateur, La Pommeraie idéale

Associations

Batz, Anne-Christine de, pour Les amis du dehors (Port-Royal des Champs)

Benoît-Tekatlian, Marie, pour l’Association des Murs à pêches de Montreuil

Debarle, Gilles, pour Jardins potagers et fruitiers de France

Del Porto, Pierre, pour AFMA

Fourey, Henri, président Croqueurs de pommes de l’Île de France

Verbrugghe, Éric, pour l’Association I z’on creuqué eun’ pomm’

Amateurs de jardins et jardiniers

Buffévent, Alexia de

Cathelin, Florence

Gilquin, Bernard

Lebarillier, Anne, membre de l’association des jardiniers amateurs de la Manche

Nérot, Éric

Seillière, Antoinette

Autres

Beccaletto, Jacques, ancien jardinier en chef du Potager du Roi

Durnerin, Alain, ingénieur horticole, ingénieur en chef du Génie rural et des Eaux et forêts (en retraite)

Moulin, François, conseiller technique et encadrant, Croqueurs de pommes de l’Île-de-France

Enggasser, Josiane, pour CULINARIUM ALPINUM (Suisse)

Le chef d’orchestre William Christie, créateur des Arts Florissants et des jardins de la Fondation William Christie à Thiré (Vendée), pratiquant de l’art de l’espalier, a apporté son soutien par une vidéo, échange avec Jacques Beccaletto (vue plus de 3000 fois sur YouTube).

La démarche a aussi reçu le soutien de Pierre Louault, sénateur d’Indre-et-Loire et ancien maire de Chédigny, village labellisé « jardin remarquable ».

Récits liés à la pratique et à la tradition

L’histoire de la taille fruitière n’est pas née d’une invention ou d’un inventeur. Pas d’homme extraordinaire ni de savant « un peu fou » qui change la face du monde grâce à une trouvaille technique bricolée dans un laboratoire de fortune. Ici, l'invention est la réponse à un problème posé grâce à des circonstances imprévues. Selon la légende, un âne aurait appris aux humains à tailler la vigne, quelque part en Palestine, en grignotant les sarments d'un pied... C'est ce pied qui porta les plus belles grappes, les viticulteurs commencèrent alors à tailler tous leurs pieds. Même s’il reste une place pour les histoires merveilleuses, le geste et le savoir-faire dans la taille sont d’ordre technique et ne relèvent pas du tout de la question de la science en tant qu’interprétation du phénomène. Ce n’est pas la science qui a précédé la technique, mais, à partir du XIXe siècle, les rôles seront inversés.

L’intervention de Jacques Beccaletto, faite en 2009, sur les arbres en formes jardinées au Potager du Roi, est accessible en ligne sur le site de l’association des Amis du Potager :
http://www.amisdupotagerduroi.org/wp-content/uploads/2021/06/Presenatation-Jacques-Beccaletto.pdf

Inventaires réalisés liés à la pratique

• Associations des Amis du Potager du Roi de Versailles et des Murs à pêches de Montreuil

Un premier inventaire des différents groupes de la communauté actuelle des praticiens et détenteurs des savoir-faire de l’arboriculture fruitière en France a été lancé en septembre 2019, sous l’égide des associations des Amis du Potager du Roi et des Murs à pêches de Montreuil. Fondée sur une base de données et un questionnaire, sa synthèse a été présentée le 8 juin 2020 lors de la réunion de la communauté de l’arboriculture fruitière en formes jardinée.
Chagnon (Catherine), Retournard (Denis), Schlosser (Michel), Inventaire de la situation de l’arboriculture fruitière en formes jardinées, Paris, Amis du Potager du Roi / Murs à Pêches, juin 2020. 
http://www.amisdupotagerduroi.org/wp-content/uploads/2020/09/Premier-Inventaire-de-larboriculture-en-formes-jardinees_8-Juin-2020.pdf

• Plante & Cité et Collectif pour l’inscription de l’art de l’espalier au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO

Plante & Cité et le Collectif se sont associés pour lancer en 2021/2022 un Observatoire des paysages comestibles fruitiers dans la cité, sous la forme d’un questionnaire en ligne, avec pour but de mieux comprendre les initiatives de plantations de fruitiers en ville, la place des différentes formes fruitières dans ces initiatives, les services associés, les thèmes sur lesquels les répondants souhaitaient poursuivre les échanges, et les principales difficultés rencontrées. Les résultats de cet observatoire ont permis de confirmer la place significative des espaliers et contre-espaliers, présents dans 55% des plantations recensées (les petites formes en volume sont aussi présentes dans plus d’un tiers des cas). De manière globale, ils ont montré que de nombreux services socio-écosystémiques sont associés aux fruitiers en milieu urbain et aux activités générées par les soins aux arbres, au premier rang desquels le lien social créé entre les habitants, la préservation de la biodiversité, l’augmentation de l’intérêt pour la nature cultivée, et l’accès à une nourriture saine et de saison. 
L’enquête a par ailleurs montré de fortes attentes de partage d’expériences et de connaissances autour de la question de l’arbre fruitier en ville, et plus de 300 participants se sont inscrits à un webinaire organisé en juillet 2022 pour présenter à la fois les résultats de l’Observatoire et l’ensemble des possibilités d’utilisation des formes fruitières en milieu urbain. 
Si les fruitiers en ville sont de plus en plus plébiscités, tant l’enquête que les premiers échanges confirment l’urgence d’organiser des processus de transmission des savoirs et savoir-faire, ce thème venant en tête des problèmes les plus difficiles mentionnés par les participants, en particulier s’agissant des jardiniers des services des espaces verts.

• Régions Nord-Pas-de-Calais et Wallonie

La densité des vieux poiriers haute-tige palissés sur les façades et les pignons des habitations rurales a été mise en évidence en Wallonie et en Nord-Pas de Calais à l’issue d’un inventaire réalisé en 2010-2011 dans l’Avesnois-Thiérache (France) et le sud de l’Entre Sambre et Meuse (Belgique). Cet inventaire a été réalisé dans le cadre du projet BIODIMESTICA de coopération transfrontalière, soutenu par l’Union européenne et les Régions de Wallonie et du Nord-Pas de Calais, en associant le Centre régional de ressources génétiques du Nord-Pas de Calais et le Centre de recherches agronomiques de Wallonie, à Gembloux, le Parc naturel Viroin-Hermeton (Belgique) et le PNR de l'Avesnois (France).
Les Poiriers palissés. Une tradition du Nord-Pas de Calais et de Wallonie, Tournai, CRA-Wallonie / CRRG Nord-Pas de Calais, octobre 2014, 65 pages. En ligne : https://rwdf.cra.wallonie.be/sites/default/files/linked_docs/Fruits/7-Espaliers/Les_poiriers_palisses.pdf

• Plateforme ouverte du patrimoine (POP)

Le moteur de recherche dans les bases patrimoniales du ministère de la Culture propose une vingtaine de résultats pertinents à la requête sur le mot-clé « palissés », qui renvoient aux collections photographiques de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine et aux notices documentaires de sites et d’objets mobiliers réalisées par les services de l’Inventaire général du patrimoine culturel.
https://www.pop.culture.gouv.fr/search/list?mainSearch=%22paliss%C3%A9s%22

Bibliographie sommaire

Association Danone pour les fruits, Inventaire national des collections fruitières, Levallois-Perret, Association Danone pour les fruits (coll. « Patrimoine fruitier »), 2001.

Aubry (Christine), Giacché (Guilia), Maxime (Françoise), Soulard (Christophe-Toussaint), cood. Les agricultures urbaines en France, Versailles, Quæ, 2022.

Beccaletto (Jacques), Encyclopédie des formes fruitières. « Les modes de conduite » : un métier, un art, une passion, Arles, Actes Sud, 2010.

Beccaletto (Jacques), Retournard (Denis), La Taille des arbres fruitiers. Former et entretenir toutes les formes fruitières pas à pas, Paris, Ulmer, 2015.

Boyceau de La Baraudière (Jacques), Traité de jardinage selon les raisons de la nature et de l’art,  Paris 1638.

Cusin (Louis), « Les palmettes Verrier. Suite et fin », L’Horticulture nouvelle, Lyon, 1899.

Du Breuil (Alphonse), Cours élémentaires théoriques et pratiques d’arboriculture, Paris, Masson éditeur,1846 

Duhamel du Monceau (Henri-Louis),  Traité des arbres fruitiers, contenant leur figure, leur description, leur culture, etc., tome Ier, Paris, Saillant et Desaint, 1768.

Hamon (Serge), L’odyssée des plantes sauvages et cultivées, Marseille Versailles, Quæ, 2018

Frère Henri, Cours pratique d’arboriculture fruitière, Rennes, libraire-éditeur Fougeray, 1878.

Hoying (S.A.) et Robinson (T.L.), The apple orchard planting system puzzle, 10.17660/Acta Hotc.1998.513.30

Ingels (Chuck), Wave of the Future : Espalier for Harvest and Pest Management, University 

Janick (Jules), The origins of fruits, fruit growing and fruit breeding, Wiley online library, 2010

Kung (Michael), Kho (Cybil), Kwok (Lilian), Espaliers, Transforming ordinary vegetation into living works of art, Singapore,

La Quintinie (Jean Baptiste) de., Instruction pour les jardins fruitiers et potagers, Paris, Claude Barbin, 1690, Rééd. Arles, Actes Sud, 1999. 

Lauri (Pierre-Eric), "From tree architecture to tree training. An overview of recent concepts developed in Apple in France", Journal of the Korean Society for Horticultural Science 43 (6), 2002

Le Maut (Claude), La taille des arbres et des arbustes, Rennes, Editions Ouest France, 2018.

Leterme (Evelyne), La biodiversité amie du verger, Rodez, Rouergue, 2014

Plénet (Daniel), Simon (Sylvaine), Vercambre (Gilles), Lescourret (Françoise), « Systèmes de culture en arboriculture fruitière et qualité des fruits », Innovations agronomiques, n° 9, 2010, p. 85-105.

Prat (Jean-Yves), Retournard (Denis), L'ABC de la taille, Paris, Rustica éditions, 1999.

Reich (Lee) Fruiting espaliers: a fusion of Art and Science, Arnoldia, 1999-2000, winter 

Lafarge (Ivan) Les murs à palisser “à la Montreuil”, e-Phaïstos, Volume 1 n0 1 Juin 2012

Legave (Jean-Michel), Les productions fruitières à l’heure du changement climatique, Versailles, Quæ, 2022

Vercier (Joseph), Arboriculture fruitière, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1911.

Vossen (Marcel), L’art de la taille des fruitiers, Gand, Snoeck, 2022


Filmographie sommaire

•  Grands amateurs

Les Arts Florissants, Le verger de William Christie, 2020, 3 min. 43 : https://www.facebook.com/watch/?v=304018360759176

DRIEE Ile-de-France, Les murs à pêches de Montreuil, l’œuvre de ma vie (jardin remarquable de Patrick et Geneviève), 2019, 3 min. 33 : http://www.driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/IMG/mp4/mursmontreuilvideo-h264_pour_la_diffusion_de_podcasts_video_medium.mp4

France 3 Centre Val-de-Loire, Découverte de "La pommeraie idéale" à Saint-Denis-de-Jouhet (Indre), reportage, 2017, 4 min. 21 : https://youtu.be/fuMd8ld5nzY

France 3 Paris Ile-de-France, Les murs à pêches de Montreuil, un patrimoine francilien en danger, 2020, 2 mn 34 : https://www.youtube.com/watch?v=M3HS4PMYCms

Parcs et jardins région Centre, Centre Val-de-Loire le château d’Ainay-le-Vieil, 2016, 13 min. 12 : https://www.youtube.com/watch?v=yfrQFUpQNZg

•  Vidéos portant sur la pratique

Association des Murs à Pêches de Montreuil, « L’arbre palissé, son mur, patrimoine universel ? », 2020, 9 min. :  https://wp.me/poPRW-1UB

Debaisieux, Olivier, Pommiers et poiriers en espalier aux pépinières d'Enghien, 2016, 13mn : https://www.youtube.com/watch?v=VihL-S1X0I0

France 2 émission Télé Matin, Arbres fruitiers palissés, intervention de Laurent Chatelain (pépinières Chatelain), 2016, 4 min. 50  : https://www.youtube.com/watch?v=A5mI9ojVPIk&t=217s

Marc Mennessier, Tout savoir sur la taille des arbres fruitiers avec Denis Retournard, mars 2017, 36 min. : https://www.lefigaro.fr/jardin/2017/03/07/30008-20170307ARTFIG00102-jardin-tout-savoir-sur-la-taille-des-arbres-fruitiers.php

Truffaut, Comment cultiver des arbres fruitiers palissés, 2021, 4 mn 34,  https://www.youtube.com/watch?v=gjhbWkEKoUc

•  Présentations de sites

David Jeannerot, Visite au verger du Luxembourg (Paris), 2017, 6 min. 45 : https://www.youtube.com/watch?v=aXDysxg45Qc

École nationale supérieure de paysage, Le Potager du Roi par ses jardiniers, avril 2020, 6 min. 11 :  https://www.youtube.com/watch?v=n5RiGOe7aCo

Parcs et jardins région Centre, Centre Val-de-Loire le château d’Ainay-le-Vieil, 2016, 13 min. 12 : https://www.youtube.com/watch?v=yfrQFUpQNZg

•  Autres

France 3 Hauts de France, Recques-sur-Hem (Pas-de-Calais) : deux poiriers de la façade d’une maison labellisés « Arbres remarquables », 2010, 24 sec. : https://www.youtube.com/watch?v=oPEIu4SsWEU

Peter Thevenot, River Road Farms An Espaliered Tree Nursery Tour, 4 min.57: https://youtu.be/MjGNgLO9_Tk

Guido Tolke et Julia Dordel, Jupiter Films, L’intelligence des arbres, 2016, 1 h. 20 min.

Sitographie sommaire

• Collectif : https://artdelespalier.org/ 
•  Amis du Potager du Roi : http://www.amisdupotagerduroi.org/
•  Association des Murs à pêches de Montreuil (Seine-Saint -Denis) : https://mursapeches.blog
• Château de la Bourdaisière (Montlouis-sur-Loire, Indre-et-Loire) : https://www.labourdaisiere.com/portfolio-category/parc-jardins/ 
• Château d’Esquelbecq (Nord) : https://chateau-esquelbecq.com/jardin-flamande-2/ 
• Château de Talcy (Loir-et-Cher) : http://www.chateau-talcy.fr 
• Château de Valmer (Chançay, Indre-et-Loire) : https://www.chateaudevalmer.com/le-domaine/les-jardins 
• Château de Villandry (Indre-et-Loire) : https://www.chateauvillandry.fr/chateau-jardins/jardins-villandry-pas-a-pas/ 
•  Croqueurs de pommes d’Île-de-France (Eaubonne, Val-d’Oise) : https://www.croqueur-idf.fr/
• Domaine national de Chambord (Loir-et-Cher) : https://www.chambord.org/fr/les-ecuries-de-chambord/les-jardins-potagers-de-chambord/ 
• École Du Breuil. Arts et Techniques du paysage (Paris 12e) : http://www.ecoledubreuil.fr/ 
• ENSP Potager du Roi (Versailles, Yvelines) : http://www.potager-du-roi.fr/site/potager/index.htm 
• Jardin-école de la Société Régionale d’Horticulture de Montreuil (Seine-Saint -Denis) : https://jardin-ecole.com/newsitejardin-ecole 
• Jardins fruitiers de Laquenexy (Moselle) : http://www.jardinsfruitiersdelaquenexy.com 
• La Pommeraie idéale (Saint-Denis-de Jouhet, Indre) : www.pommeraie-ideale.com 
 • Le jardin des Merlettes (Saint-Loup-des-Bois, Nièvre) : http://jardindesmerlettes.com
• Potager conservatoire de Lacroix-Laval : http://parcs.grandlyon.com/potager3D/index.html 
• Prieuré Notre-Dame d’Orsan (Maisonnais, Cher) : http://www.prieuredorsan.com 
• Sénat (jardin du Luxembourg, Paris 6e) : http://www.senat.fr/visite/jardin/index.html 
•  Vergers urbains (Paris 18e) : http://vergersurbains.org

Praticiens rencontrés et contributeurs de la fiche : 

La démarche de reconnaissance des savoir-faire de l’art de l’espalier fruitier au Patrimoine culturel immatériel s’appuie sur un collectif qui s’est réuni à six reprises depuis juin 2020 (8 juin et 19 novembre 2020, 6 avril 2021, 4 février , 13 décembre 2022 et 23 janvier 2023). Au préalable, 26 responsables de jardins fruitiers avaient contribué à l’inventaire en répondant à un questionnaire. Chacune des réunions a permis d’accueillir de nouveaux membres et d’élargir les échanges, en particulier aux développements de l’arboriculture fruitière en ville et dans le monde associatif, ainsi qu’au thème de la formation. Chaque réunion (sauf celle du 23 janvier 2023) a donné lieu à un compte rendu détaillé approuvé par les participants. 119 personnes ont participé au moins une fois à ces réunions, 

Sites traditionnels

• Centres historiques

École Du Breuil :
Bauzet, Jean Pierre, responsable du Domaine de l’École Du Breuil, 75012 Paris, jean-pierre.bauzet@paris.fr 

Degardin, Alexandre, jardinier formateur à l’École Du Breuil, 75012 Paris, alexandre.degardin@paris.fr 

Deschamps, Joffrey, enseignant formation des jardiniers gastronomes, 75012 Paris, joffrey.deschamps@paris.fr 

Duplat, Arnaud, jardinier formateur à l’École Du Breuil, 75012 Paris arnaud.duplat@paris.fr 

Garaix, Léon, directeur de l’École Du Breuil, 75012 Paris, leon.garaix@paris.fr 

Marin, Agnès, Directrice de la formation pour adultes à l’École Du Breuil, 75012 Paris, agnes.marin@paris.fr 

ENSP Potager du roi :

Bonnet, Alexandra, directrice de l’École Nationale Supérieure de Paysage, 78000 Versailles, a.bonnet@ecole-paysage.fr 

Jacobsohn, Antoine, adjoint à la directrice de l’École Nationale Supérieure de Paysage, en charge du potager du roi, 78000 Versailles, a.jacobsohn@ecole-paysage.fr 

Jardin du Luxembourg :

Croq, Gisèle, ingénieur des Jardins du Luxembourg, 75006 Paris, g.croq@senat.fr 

Delalex, Franck, responsable du verger, Jardins du Luxembourg, 75006 Paris, f.delalex@senat.fr 

Hermet, Yann, assistant technique des jardins du Luxembourg, y.hermet@senat.fr 

Murs à pêches de Montreuil :

Lelièvre, Bernard, président, Société Régionale d'Horticulture de Montreuil, 93100 Montreuil, bernard.lelievre9@wanadoo.fr

Schuller, Philippe, responsable du jardin école, Société Régionale d'Horticulture de Montreuil, 93100 Montreuil, philippe.schuller@sfr.fr

• Grands amateurs

Coulomb, Christine, créatrice, Le Jardin des Merlettes, 58200 Saint-Loup-des-Bois, c.coulomb@jardindesmerlettes.com

Fontaine, Patrick, jardinier arboriculteur amateur (jardin familial labellisé Jardin Remarquable), Le Jardin de Patrick et Geneviève (Murs à pêches de Montreuil), 93100 Montreuil, patrickfontaine49@wanadoo.fr 

Schaeffer, Jean-Claude, créateur du verger « Les Ceveaux », 36210 Chabris, (décédé en mai 2021)

Stillace, Dominique, créateur de la Pommeraie idéale, 36230 Saint-Denis-de-Jouhet, lapommeraieideale@gmail.com 

• Jardins fruitiers de châteaux, de demeures historiques et d’espaces paysagés

Barbaud Marc, expert jardin, Jardins de la fondation William Christie à Thiré (Vendée), et jardins du Logis de Chaligny (Vendée), barbaud.marc@orange.fr

Batz, Anne-Christine de, ex-présidente des Amis du Dehors, Port-Royal de Champs, 78114 Magny-les-Hameaux (nouvelle présidente : Janine Rouet, lesamisdudehors@gmail.com)

Bommelaer, Laure, propriétaire gestionnaire, Château de la Bussière, 45230 La Bussière, chateaudelabussiere@gmail.com

Doury, Nathalie, directrice du Musée départemental Albert Kahn,    Jardin Albert Kahn, 92100 Boulogne-Billancourt, ndoury@hauts-de-seine.fr

Garbe, Pascal, directeur de Moselle Passion, pascal.garbe@moselle.fr, et Pereira, Claire, chef jardinier, Jardins fruitiers de Laquenexy, 57530 Laquenexy, claire.pereira@moselle.fr

La Tour d’Auvergne, Marie-Sol de, co-propriétaire responsable des jardins, Château d’Ainay-le-Vieil, vice-présidente, Fondation des parcs et jardins de France, 18200 Ainay-le-Vieil, accueil@chateau-ainaylevieil.fr

Ménage-Small, Marie-France, propriétaire exploitant, Château de Montigny, 21520 Montigny-sur-Aube, info@chateaudemontigny.com

Pearon, Cyril, et Kennedy, Anne, Prieuré Notre-Dame d’Orsan, 18170 Maisonnais, jardinsdorsan@gmail.com

Popihn Dominique, propriétaire en charge du jardin fruitier potager, Château Colbert, 49360 Maulévrier, d.popihn@popihn.com

Pontbriand, Catherine de, propriétaire responsable des jardins, Château de Clivoy, 53420 Chailland, catherinedeclivoy@gmail.com

Portuguez, Laurent, ancien chef jardinier, Château de Villandry, 37510 Villandry, jardins.villandry@orange.fr

Saint Venant, Alix de, vice-présidente des Amis du Potager du Roi, Association des jardins potagers et fruitiers de France, Château de Valmer, 37210 Chançay, alixdesaintvenant@gmail.com

Saulnier, Baptiste, ancien chef de service de la ferme maraîchère et arboricole, Domaine national de Chambord, Château de Chambord, 41250 Chambord (nouveau jardinier en chef Billon, Julien, julien.billon@chambord.org )

Schmitt Pierre-Emmanuel, chef d’unité Jardin, musée départemental Albert Kahn, 92100 Boulogne-Billancourt, pschmitt@hauts-de-seine.fr

Tamer-Morael, Johan, responsable des Jardins, Château d’Esquelbecq, 59470 Esquelbecq, acde59470@gmail.com

Taulard, Julien, jardinier en chef, Château de Talcy, 41370 Talcy, julien.taulard@monuments-nationaux.fr

Toutain, Nicolas, chef jardinier, Château de la Bourdaisière, 37270 Montlouis-sur-Loire, jardin@labourdaisiere.com

• Praticiens des murs à palisser et du palissage en général

Polle, Caroline , co-ordinatrice de l’association des Murs à pêches de Montreuil, 93100 Montreuil gobetue@orange.fr

Mage, Pascal, président de l’association des Murs à pêches de Montreuil, 93100 Montreuil, pascal.mage@wanadoo.fr

Roseau, Charles-Louis, membre de l’association des Murs à pêches de Montreuil, spécialiste des murs à palisser, clroseau@hotmail.fr

• Pépiniéristes spécialisés

Chatelain, Laurent, gérant, Pépinières Chatelain, 95500 Le Thillay, laurent@pepinieres-chatelain.com, site : http://www.pepinieres-chatelain.com

Debaisieux, Alexandra et Olivier, les Pépinières d’Enghien (7850 Enghien, Belgique), contact@espalierfruit.be

Douchin, Frédéric, gérant, pépinières du Parc, 45300 Ascoux, frederic.douchin@orange.fr

Dumont, Éric, Pépinières Baltet-Dumont, Les arbres Eric Dumont, 10800 Buchères, edbaltet@gmail.com, site : http://ericdumont.fr

Hewertson, Sophie,  SCEA Pépinière La Palmette, 50590 Regnéville-sur-Mer, pepiniere.lapalmette@gmail.com

Nicou, Michel, directeur général, pépinières Minier, 49250 Beaufort-en-Vallée, contact@pepinieres-minier.fr

Ogereau, Pierre, gérant, pépinières Ogereau, 49700 Tuffalun, info@pepinieres-ogereau.fr

Acteurs établis de l’arboriculture et de l’horticulture

• Associations arboricoles et pomologiques.

Chasseguet Christine, présidente de l’association Les Arbusticulteurs, christine.chasseguet@arbusticulteurs.com

Drocourt, Sylvain, responsable du Verger d’Eaubonne, Croqueurs de pommes d’Île-de-France, 95600 Eaubonne, s.drocourt@free.fr

Fourey, Henri, président des Croqueurs de pommes d’Île-de-France, henri.fourey@orange.fr

Henry, François, président de l’association Les mordus de la pomme, 22100 Quévert, fh22@wanadoo.fr

Jacquemin, Michel, président des Croqueurs de Pommes de Lorraine, 54280 Seichamps, croqpomlor@laposte.net

Jouve,    Hélène, responsable du verger conservatoire, LPA du pays de BRAY, Château de Merval, 76220 Brémontier-Merval, helene.jouve@educagri.fr

Laroche, Béatrice, membre du bureau, Association i z'on creuqué eun' pomm', beatrice.laroche.paris@gmail.com

Lescure, Jean-Jacques, membre du conseil d'administration, Croqueurs de Pommes du Cantal, 15000 Aurillac, jjlescure@googlemail.com

Mandonnet, Jacques, membre, Croqueurs de pommes d’Île-de-France, mandonnet.j@orange.fr

Mitteau, Martine, Union Pomologique de France, mitteau@free.fr

Oger, Michel, président des Croqueurs de Pommes de l’Anjou, 49290 Chaudefonds sur Layon, michelraymonde.oger@orange.fr

Pruvost, Jean-Paul, ancien président de l’Union Départementale des Syndicats et Associations arboricoles et horticoles de la Moselle (nouveau président depuis 2023 Loos, Raymond, raymond.loos@orange.fr)

Rauzier, Sabine, responsable du Centre de Pomologie, Mairie d’Alès, 30 115 Alès Cedex, centre.pomologie@ville-ales.fr

Richard, Marc, président, Association Les Prunes de Brignoles, 83 170, Brignoles, prunedebrignoles@hotmail.fr

Roullaud, Jean-Pierre, président, fondateur, Association Arborepom, 29 300 Arzano, jean.pierre.roullaud@wanadoo.fr

Verbrugghe, Éric, président, Association « i z'on creuqué eun' pomm' », 60660 Cires-lès-Mello, erverbrugghe@gmail.com

• Vergers conservatoires et autres institutions

Bruneaux, Guillaume, chargé de mission Valorisation du patrimoine fruitier, Centre Régional de ressources génétiques Hauts de France, 59650    Villeneuve d'Ascq, g.bruneaux@enrx.fr

Debarle, Gilles, directeur du Domaine de la Grange-La Prévôté (CÉRÈS), Ville de Savigny-le-Temple, Jardins potagers et fruitiers de France, 77176 Savigny-le-Temple, gilles.debarle@savigny-le-temple.fr

Goossens, Julien, responsable du Jardin des plantes, Jardin botanique de la ville de Rouen, 114bis avenue des Martyrs de la Résistance, 76100 Rouen, julien.goossens@rouen.fr

Poyet, Élodie, responsable des Conservatoires, Potager de Lacroix-Laval, 69280 Marcy-l'Étoile, epoyet@grandlyon.com

Rivoyre, Michel de, président, Parcs et Jardins de Midi-Pyrénées, 31140 Fonbeauzard, michelderivoyre@gmail.com

Viry, Elise, Société d’horticulture, d’arboriculture et de viticulture de Caudéran, 33200 Bordeaux, elise.viry@snhf.org

• Enseignement agronomique et agricole, formation continue et recherche

Courtial, Franck, et Rabreaud, Hélène, formateurs, CFP-MFR 85280 La Ferrière, franck.courtial@mfr.asso.fr

Lacourt, Luc, Enseignant Sciences et Techniques Horticoles, Lycée agricole privé Costa de Beauregard - Fondation du Bocage, 73000 Chambéry, luc.lacourt@bocage.cneap.fr

Leroux, Laure, CléOme Formation, 37230 Luynes, laureleroux.cleome@gmail.com

Malécot, Valéry, Maître de Conférences en botanique, L’Institut Agro, Agro Campus Ouest, campus d’Angers, 49000 Angers, valery.malecot@agrocampus-ouest.fr

Offret, Elisabeth, responsable pôle de compétences Paysage et biodiversité, Centre national de la fonction publique territoriale, 34000 Montpellier, elisabeth.offret@cnfpt.fr

Regnard, Jean-Luc, Professeur émérite, chercheur associé UMR AGAP, L’Institut Agro, Agro Campus Montpellier, jean-luc.regnard@supagro.fr

Triollet, Régis, animateur national DGER-BDAPI, RESOTHEM-Hortipaysages, CFPPA Angers La Fresne, 49130 Angers Cedex 01, regis.triollet@educagri.fr

Crozat, Stéphane, directeur du Centre de recherche en botanique appliquée,  et Novak, Sabrina, responsable projets et développement, Domaine Melchior Philibert, 69390 Charly, crba@crba.fr

• Autres

Delcroix, Yves, conseiller en arboriculture fruitière et ingénieur en aménagement du territoire et des paysages, Chambre d'agriculture (en retraite), 37170 Chambray les Tours, delcroixyves37@orange.fr

Del Porto, Pierre, Patrimoine Environnement, AFMA, 75015 Paris, pierre.delporto@gmail.com

Durnerin, Alain, ingénieur horticole, ingénieur en chef du Génie rural et des Eaux et forêts (en retraite), 78610 Le Perray en Yvelines, alain.durnerin@orange.fr

Guihéneuf, Yves, ingénieur horticole, Professeur honoraire INHP Angers, yguihene@modulonet.fr

Heuraux, Christine, Responsable études et évaluation patrimoine naturel, Fondation du Patrimoine, Neuilly-sur-Seine, 92 200 christine.heuraux@fondation-patrimoine.org

Le Bec, Michel, Délégué pour le 93, Fondation du Patrimoine, 93 500 Pantin, Fondationpatrimoine93@wanadoo.fr

Lenoir, Olivier, délégué général national Rempart, 75004    Paris, lenoir@rempart.com

Pagel-Brousse, Marie-Georges, présidente`de l'Union Rempart, 75004 Paris, pagel-brousse@rempart.com 

Nouveaux acteurs

• Municipalités, associations, arboriculture urbaine et péri-urbaine et économie sociale et solidaire

Arlandon, Lisa, Responsable de l’inventaire du patrimoine biodiversité Ville de Gennevilliers, 92230, Lisa.ARLANDON@ville-gennevilliers.fr

Barré, Maryline, Directrice adjointe Jardin des sciences & Biodiversité Ville de Dijon, 21000, mbarre@ville-dijon.fr

Blaison, Gwenaelle, responsable d’équipe, Direction Nature et Jardins, Ville de Nantes, Gwenaelle.blaison@mairie-nantes.fr

Chapuis, Gautier, Conseiller municipal délégué en charge de l’Alimentation locale et de la Sécurité alimentaire, Ville de Lyon, gautier.chapuis@mairie-lyon.fr

Foucard, Pierre, Chef de projet « Système alimentaire local et agriculture urbaine » Direction des espaces verts, 69002 Lyon, pierre.foucard@mairie-lyon.fr

Claise, Déborah, en charge du projet de re-création d’un verger viticole urbain à Thomery, 77810, deborahclaise@hotmail.fr, et Destors, Caroline, élue municipale référente du projet, c.destors@mairiethomery.fr

Hays, Dominique, président    du Réseau Cocagne, 91430 Vauhallan, dhays@angesgardins.fr

Journet, Marion, coordinatrice des cultures    Veni Verdi, 18 rue Ramus, 75020 Paris, 07 78 69 79 61, marion.journet@veniverdi.fr

Goelzer, Sébastien, urbaniste, co-fondateur de l’association Vergers urbains, et Jalet, Hugo, référent arboriculture fruitière, 75018 Paris, 01 82 09 05 62, vergersurbains@gmail.com

Mauclère, Hervé, membre fondateur du collège solidaire, Yvette Vallée en transition-Le Verger des habitants, 78470 Saint-Rémy-les-Chevreuse, h.mauclere@free.fr

Melin, Gil, maire adjoint de Ris-Orangis, Président des Jardins familiaux de Ris-Orangis, 91130 Ris-Orangis, gilles.melin1@orange.fr

Nédélec, Elsa, cheffe de projet Paysages nourriciers & fermes urbaines Nantes Métropole, 44000 Nantes, Elsa.NEDELEC@nantesmetropole.fr

Péchabrier, Marianne    , coordinatrice de formation,    Veni Verdi, 75020 Paris, marianne.pechabrier@veniverdi.fr

Perrocheau, Romaric, Directeur du Service des Espaces Verts et de l'Ecologie de Nantes Métropole, 44000, romaric.perrocheau@nantesmetropole.fr

Poorteman Sylvain, agent de maîtrise principal, Direction parcs et jardins Ville de Tourcoing, 59200, spoorteman@ville-tourcoing.fr

Tempia, Diana, coordinatrice, Fruits Défendus, 33 rue Pierre Jean de Béranger, 93 000 Montreuil, 06 77 52 27 39, fruitsdefendus@villecomestible.org

• Autres

Bétrancourt, Mathieu, directeur de la fondation franco-britannique de Sillery, betrancourt.mathieu@ffbs-sillery.com, et Novel, Jean-David, responsable du verger de Sillery, 91360 Epinay-sur-Orge, jd.novel@free.fr

Leterme, Évelyne, Consultante et Formatrice en arboriculture fruitière agroécologique, ex-fondatrice et directrice du Conservatoire végétal régional d'Aquitaine, 47130 Montesquieu, eleterme3@gmail.com

Autres groupes

• Prescripteurs et entreprises spécialisées

Colleu-Dumond, Chantal, directrice du Domaine et du Festival International des Jardins de Chaumont-sur-Loire, Domaine régional de Chaumont-sur-Loire, 41150 Chaumont-sur-Loire, chantal.colleu-dumond@domaine-chaumont.fr

Guibourgé, Antoine, Directeur, Studio Mugo, 189 rue d'Aubervilliers, 75018 Paris,  aguibourge@mugo.fr, site https://www.studiomugo.com

• Associations nationales

Baudelet, Laurence, coordinatrice de projets, Graine de jardins, 21 rue de Jessaint, 75018 Paris, lba@grainedejardins.fr

Gutleben, Caroline, directrice de Plante & Cité (Ingénierie de la nature en ville), 49000 Angers,caroline.gutleben@plante-et-cite.fr

Tournellec, Guy, SNHF Section potagers et fruitiers et membre du jury du concours National des Jardins Potagers, Société nationale d'horticulture de France, 21 cité Ar Gozhenn, 22200 Saint Agathon, guy.tournellec@gmail.com

Détenteurs et transmetteurs individuels de savoirs et savoir-faire

Moulin, François, conseiller technique, encadrant, Amis du Potager du Roi, Croqueurs de pommes d’Île-de-France, 78220 Viroflay, francois.moulin78@orange.fr

Regnier, Thierry, co-président de l’association Fruits défendus, membre de la Fédération des Murs à pêches, membre de l’association des Murs à pêches de Montreuil, 93100 Montreuil, thierryrgn@gmail.com

Praticiens amateurs (Amis du Potager du roi)

Buffévent, Alexia de, amdebuffevent@hotmail.com

Chopin, Sonia, chopinsonia@gmail.com

Gilquin, Bernard, bernard.gilquin@gmail.com

Issenmann, Martin, m.issenmann@wanadoo.fr

Links, Chantal, chantali2@wanadoo.fr
Loumaye, Anne-France, af.loumaye@hotmail.fr

Sirieix, Frédéric, fresir75@gmail.com

Amateurs et praticiens en Belgique et Suisse 

Allimann, Yvette, Fructus, association suisse pour la sauvegarde du patrimoine fruitier , yvette.allimann@bluewin.ch

Amgarten, Werner, Fructus, association suisse pour la sauvegarde du patrimoine fruitier , werner.amgarten@bluewin.ch

Debaisieux, Alexandra et Olivier, pépinières d’Enghien, rue Noir Mouchon, 7850 Enghien (Belgique) contact@espalierfruit.be

Enggasser Josiane, responsable conseil et projet, Culinarium Alpinum, 6370 Stans (Suisse), josiane.enggasser@culinarium-alpinum.ch

Koedinger, Luc, ruespécialiste des arbres fruitiers en façade, Aubange (Belgique), arbres.espaliers@gmail.com

Van den Bossche, Herman, co-créateur du nouveau jardin d'arbres fruitiers du Château de Gaasbeek (Belgique), hermanvandenbossche@ymail.com

Vossen, Marcel, co-créateur du nouveau jardin d'arbres fruitiers, Château de Gaasbeek (Belgique), allurehorses@gmail.com

Métadonnées de gestion

Rédacteurs de la fiche

Retournard, Denis (rédacteur principal), ancien responsable du verger du Luxembourg (Paris 75006), retournard.denis@orange.fr

Beccaletto, Jacques (rédacteur principal), ancien jardinier en chef du Potager du Roi à Versailles, jacquesbeccaletto@orange.fr

Chagnon, Catherine, membre des Amis du potager du Roi (78000 Versailles), catherine.chagnon@me.com

Coulomb, Christine, créatrice, Le Jardin des Merlettes, c.coulomb@jardindesmerlettes.com

Fourey, Henri, président des Croqueurs de pommes d’Île-de-France, henri.fourey@orange.fr

Goelzer, Sébastien, urbaniste, co-fondateur de l’association Vergers urbains (Paris 75018), vergersurbains@gmail.com

Mage, Pascal, président de l’association des Murs à pêches de Montreuil (93100), pascal.mage@wanadoo.fr

Mauclère, Hervé, membre fondateur du collège solidaire, Yvette Vallée en transition-Le Verger des habitants, h.mauclere@free.fr

Roseau, Charles-Louis, membre de l’association des Murs à pêches de Montreuil, clroseau@hotmail.fr

Triollet, Régis, animateur national DGER-BDAPI, RESOTHEM-Hortipaysages, regis.triollet@educagri.fr

Schlosser, Michel (contact), président des Amis du Potager du Roi, schlosserm@darden.virginia.edu 

Enquêteurs ou chercheurs associés ou membres de l’éventuel comité scientifique instauré

A ce stade, il n’a pas été formé de comité scientifique. Le travail d’inventaire a été mené par une équipe de bénévoles recrutée dans les associations des Amis du Potager du Roi et des Murs à Pêches de Montreuil : Chopin, Sonia ; Dumont, Barbara ; Issenmann, Martin ; de Maintenant Arnaud ; Nérot, Éric ; et Sirieix, Frédéric qui ont travaillé en liaison avec le comité de rédaction.

La présente version de la fiche a été envoyée pour relecture et vérification à l’ensemble des membres du collectif. Ont notamment apporté leurs commentaires : Debaisieux, Olivier (pépiniériste spécialisé, Les Pépinières d’Enghien, Belgique) ; Jacobsohn, Antoine (adjoint à la directrice de l’École Nationale Supérieure de Paysage, en charge du Potager du roi, Versailles) ; Jacquemin, Michel (président des Croqueurs de Pommes de Lorraine) ; Lelièvre, Bernard (président de la Société Régionale d'Horticulture de Montreuil) ; Ménage-Small, Marie-France (propriétaire exploitant, les Vergers-Potagers du Château de Montigny-sur-Aube).

Lieu(x) et date/période de l’enquête

Région parisienne et province et Belgique/ premier inventaire commencé en septembre 2019.

Données d’enregistrement

Date de remise de la fiche
17 mars 2023
Année d’inclusion à l’inventaire
2023
N° Ministère de la Culture
2023_67717_INV_PCI_FRANCE_00525
Identifiant ARKH
<uri>ark:/67717/nvhdhrrvswvksw1</uri>

 

 

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer

Accéder à la fiche sur Wikipédia :https://fr.wikipedia.org/wiki/Espalier

Extrait d’une présentation faite par Evelyne Leterme à l’ENSAP, Bordeaux, mai 2020.

Vers des aménagements paysagers avec des arbres fruitiers

Apprendre à connaitre les arbres fruitiers à travers leur l’histoire et leurs besoins pour pouvoir les utiliser dans les aménagements paysagers.

1– De la domestication d’espèces fruitières pérennes à l’agriculture traditionnelle agriculture d’associations
• L’arboriculture fruitière récente (connaissances – adaptations)
• Les possibilités offertes par une arboriculture novatrice : les haies fruitières et les associations de plantes

2- Que recouvre la notion de verger ?
• Les étapes de la plantation et de l’entretien des arbres fruitiers

3- Exemples d’aménagements paysagers – fruitiers

Le verger paysager du Conservatoire Végétal Régional d’Aquitaine

Mots-clefs
• Ressources génétiques fruitières, patrimoine fruitier local, biodiversité cultivée, (utilisation d’une diversité la plus large possible)
• Valorisation du patrimoine, agroécologie, développement durable, (utilisation de techniques novatrices)
• Recouvre les notions de : protection et amélioration des sols, développement de la faune et de la flore spontanée, séquestration de carbone,
• Production de fruits, (but ultime)
• transmission des connaissances (à l’aide de ces systèmes paysagers agricoles).

Des aménagements paysagers originaux

• Conçus et constitués à partir d’arbres fruitiers, implantés dans des systèmes à très forte densité et très haute diversité biologique, où la flore, la faune et les microorganismes y sont très riches.
• La complexité du système engendre une autoprotection du verger.
• Ces aménagements sont caractérisés par une grande diversité d’espèces et de variétés mais aussi de conduite des arbres.

Ils se présentent sous différentes formes :

• de vergers haute-tige diversifiés greffés sur porte-greffes vigoureux (pommiers, cerisiers, pruniers, abricotiers, poiriers…)
• de vergers piétons à plus haute densité greffés sur porte-greffes nanifiants (pommiers, poiriers, pruniers, cerisiers) + figuiers, feijoa, grenadiers…
• d’alignements symétriques sous forme de jouale : alternance d’arbres fruitiers et de vignes et d’une culture intercalaire
• de haies fruitières à haute biodiversité, alternant arbres et arbustes :
• les arbres fruitiers y sont diversifiés et (si possible) peu sensibles aux maladies
• les arbustes ont pour but :
-d’assurer la nourriture des auxiliaires et des pollinisateurs, par la présence de floraisons échelonnées (des plus précoces aux plus tardives),
-de présenter un mélange de feuillages caduques et persistants, (par exemple les arbousiers en fleurs au moment de la plantation attirent instantanément des bourdons pollinisateurs)
- d’alimenter le sol en matière organique (chutes des feuilles, les bois de taille) et de le protéger de l’ensoleillement direct.
- production de fruits possible pour certaines espèces (cerisiers acides, feijoa, grenadiers, néfliers, cognassiers…)
• de formes adaptées au terrain et à l’imagination (arcs, cercles, arches, etc.).

 

 

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