L’art de l’espalier, au sens large, est l’art de cultiver des arbres fruitiers dans un jardin, palissés le long de ses murs et dans le jardin lui-même, en formes plates ou en volume.
L'art de l'espalier est l’expression de savoirs et savoir-faire développés au cours des siècles par l’accumulation d’innombrables innovations produites par les jardiniers et dont la clé de voûte est les savoirs et savoir-faire de tailles spécifiques de formation et de fructification.
L’art de l’espalier, au sens large, est l’art de cultiver des arbres fruitiers dans un jardin, palissés le long de ses murs (espaliers stricto sensu) et dans le jardin lui-même, en formes plates (contre-espaliers) ou en volume. Il est l’expression de savoirs et savoir-faire développés au cours des siècles par l’accumulation d’innombrables innovations produites par les jardiniers et dont la clé de voûte est les savoirs et savoir-faire de tailles spécifiques de formation et de fructification. Ces tailles visent à produire des fruits de haute qualité gustative et facilement accessibles. Elles permettent d’obtenir des arbres qui occupent peu d’espace au sol, qui ont un potentiel de production importante et régulière, une grande longévité et qui ont des formes souvent esthétiques.
Jusqu’au milieu du XXe siècle, les savoirs et savoir-faire de l’art de l’espalier ont été la pratique de référence de toute l’arboriculture fruitière, utilisés par les professionnels et les amateurs. Depuis lors, l’arboriculture fruitière industrielle a adopté des approches beaucoup moins exigeantes en main-d’œuvre. L’art de l’espalier est alors entré en transition vers de nouveaux usages et pratiquants. Aujourd’hui, il contribue à réintroduire l’arbre fruitier dans la ville où il apporte des contributions positives à l’environnement, à la biodiversité et au bien-être individuel et collectif. Le défi est d’assurer la transmission et le développement continu de ses savoirs et savoir-faire ancestraux.
La communauté se compose de toutes les personnes qui pratiquent l’art de l’espalier, le mot espalier étant pris au sens large et incluant les espaliers stricto-sensu (formes plates palissées le long de murs), les contre-espaliers (formes plates palissées sur des structures qui ne sont pas des murs) et petites formes en volume. Voir Description détaillée de la pratique.
Les membres de la communauté visent tous des buts similaires. C’est avant tout d’obtenir des fruits de haute qualité gustative, facilement accessibles sur des arbres qui occupent peu d’espace au sol, qui ont un potentiel de production importante et régulière d’année en année (sans alternance) et une grande longévité. L’écartement des branches des espaliers produisent une meilleure aération de la couronne de l’arbre. L’humidité ambiante diminue empêchant alors le développement de certaines maladies cryptogamiques telles que le chancre, la tavelure, l’oïdium… La végétation est alors plus saine sans l’intervention d’aucun traitement. Ces arbres sont particulièrement bien adaptés à l’espace relativement réduit d’un jardin fruitier et potager historique ou contemporain, d’où l’expression également utilisée d’arbres en formes jardinées. L’expression formes jardinées est également utilisée pour les arbres et arbustes d’ornement [Le Maut].
Les arbres produits par la pratique de l’art de l’espalier, et par ses tailles de formation et de fructification, sont souvent très esthétiques mais cette poursuite esthétique n’est pas l’objectif premier des membres de la communauté. Évidemment, au cours du temps, les jardiniers ont découvert toute la plasticité de l’arbre fruitier et certains des membres de la communauté ont toujours poursuivi et continuent de poursuivre des buts esthétiques plutôt que productifs : l’arbre fruitier se rapproche alors de l’arbre d’ornement. Finalement, un très petit nombre des membres de la communauté utilise les tailles de l’espalier pour prolonger la vie d’arbres historiques comme la vigne de Hampton Court, au Royaume Uni (200 ans) ou les orangers en bac de Freÿr en Belgique (300 ans).
Les membres de la communauté se reconnaissent dans la valeur qu’ils accordent aux savoirs et savoir-faire de l’art de l’espalier, et en particulier au savoir-faire de ses tailles de formation et de fructification qui constituent la clé de voûte de l’art de l’espalier. Ils se reconnaissent dans leur volonté de faire vivre ces savoirs et savoir-faire et de les partager avec tous ceux qui s’y intéressent.
Les membres de la communauté sont des personnes venant souvent d’horizons divers mais qui se reconnaissent tous dans une même passion pour les fruits, les arbres fruitiers, la nature cultivée et la nature en général. On rencontre dans la communauté beaucoup de passionnés de la biodiversité végétale et animale (insectes pollinisateurs, animaux prédateurs des ravageurs ). Les membres de la communauté se reconnaissent aussi dans le respect qu’ils portent à un très petit nombre de « maîtres » de la pratique pas toujours faciles à identifier au niveau national. Quatre de ces « maîtres », Jacques Beccaletto, François Moulin, Thierry Regnier et Denis Retournard, ont activement participé à la préparation de la fiche. Si les membres de la communauté respectent les savoirs et savoir-faire du passé ou « des Anciens », si nombre d’entre eux sont amoureux de variétés anciennes de fruits, certains participent également au progrès de la science (c’est ainsi que, par exemple, les Croqueurs de Pommes participent aux analyses génétiques des fruits de l’INRAe). Même si les membres de la communauté sont plutôt des hommes relativement âgés, il faut noter la présence récente de plus en plus de jeunes et de femmes (en 2023, 35 % des membres de la liste de diffusion du collectif sont des femmes).
Aujourd’hui, la communauté est segmentée entre différents groupes et les relations entre les pratiquants restent souvent limitées aux groupes auxquels ils appartiennent. Il serait bon que de nouvelles initiatives, comme par exemple, la création d’une filière professionnelle et culturelle spécifique, permettent de développer la communication entre les différents groupes de la communauté.
Certains des membres de la communauté appartiennent à des groupes avec une longue et forte tradition de la pratique : centres historiques, jardins fruitiers historiques, de châteaux et de demeures historiques, amateurs qui cultivent des arbres fruitiers dans leur jardin ou sur leur façade, praticiens des murs à palisser et du palissage, et pépiniéristes spécialisés.
D’autres appartiennent à des groupes d’acteurs établis de l’arboriculture et de l’horticulture qui, parmi d’autres activités, pratiquent l’art de l’espalier : associations d’arboriculture fruitière et de pomologie, associations de jardins partagés, vergers conservatoires, etc.
La période récente a vu émerger toute une série de nouveaux groupes qui redécouvrent l’intérêt des fruitiers en espalier : municipalités et collectivités territoriales, nouvelles associations en milieu urbain et périurbain, acteurs de l’économie sociale et solidaire, fermes urbaines et périurbaines. D’autres individus appartiennent enfin à des organisations d’architectes paysagistes, des organisations professionnelles, scientifiques et des autorités politiques et administratives.
Il faut enfin dire que si elle a une vraie spécificité, la communauté des pratiquants de l’art de l’espalier n’est pas une communauté isolée et que ses frontières avec les autres communautés de pratiquants de l’arboriculture fruitière sont bien sûr extrêmement poreuses. C’est ainsi que le collectif s’est réjoui d’accueillir les Arbusticulteurs, l’association pour une gestion durable des arbustes. Dans la période de renouveau qu’elle connaît aujourd’hui, la grande force de l’arboriculture fruitière est probablement d’être très diverse : art de l’espalier, art de la conduite des arbustes, arboriculture paysanne (haies fruitières, joualles, trognes, etc.), pré vergers, arboriculture fruitière professionnelle, agroforesterie , art des aménagements paysagers avec des arbres fruitiers [voir le texte d’Evelyne Leterme en annexe 1 ], etc. Cette diversité lui permettant, par exemple, de proposer une multitude de solutions pour répondre aux multiples enjeux de la création d’espaces comestibles fruitiers urbains.
La préparation de la demande d’inscription des savoirs et savoir-faire de l’art de l’espalier a permis d’initier une mise en réseau et des échanges entre des membres de la communauté appartenant à l’ensemble des groupes qui sont présentés ci-dessous. Ce réseau a pris la forme d’un collectif ouvert, qui s’enrichit régulièrement de nouveaux membres. Le collectif se réunit périodiquement pour échanger sur les activités de ses membres et sur les thèmes de la sauvegarde et de la transmission des savoirs et savoir-faire de l’espalier. Jusqu’ici, 119 personnes (voir § V.1), sur une liste de diffusion d’environ 300 personnes, associations et institutions, ont participé à au moins une de ces réunions et près de 30 personnes constituent un socle de contributeurs réguliers à la réflexion sur la préparation de la fiche et les mesures de sauvegarde . Avec l’exploration des nouveaux usages de l’art de l’espalier dans l’espace urbain, le nombre des contacts augmente rapidement aujourd’hui.
Le collectif a également ouvert un site internet dédié, l’art de l’espalier.
Ces sites ont traditionnellement été des lieux de développement et de transmission des savoirs et savoir-faire mais si certains membres continuent d’exceller dans cette fonction, d’autres semblent connaître des difficultés que l’on souhaite passagères.
Il existe encore quelques centres historiques actifs dans la création, le développement et la transmission de l’arboriculture fruitière en formes jardinées en France et en Europe : L’École Du Breuil (Paris 12e), le Jardin fruitier du Luxembourg (Paris 6e) [Ill. n°1], le Potager du Roi à Versailles (Yvelines), la Société Régionale d’Horticulture de Montreuil (Seine Saint Denis) et la Société d'Horticulture, d'Arboriculture et de Viticulture de Bordeaux Caudéran (Gironde), le jardin fruitier du Jardin des Plantes de Rouen (Seine-Maritime), etc… La Société Régionale d’Horticulture de Montreuil a créé dès 1921 un Jardin- école pour dispenser gratuitement des enseignements à la population dans l'esprit des universités populaires de l'époque.
De taille modeste, ce groupe se compose de quelques passionnés, qui ont créé des vergers exceptionnels. On peut citer Dominique Stillace (La Pommeraie idéale), à Saint-Denis-de-Jouhet (Indre) [Ill. n°2], Christine Coulomb (Jardin des Merlettes), à Saint-Loup-des-Bois (Nièvre), Patrick Fontaine, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Ainsi que Jean-Claude Schaeffer, décédé en 2021, à Chabris (Indre).
La liste des membres de ce groupe est beaucoup plus longue. Sans chercher à être exhaustif, on peut citer : Château d’Ainay-le-Vieil (Cher), Musée Albert Kahn (Hauts-de-Seine), Verger Potager du Parc de Bagatelle (Hauts-de-Seine) Château de la Bourdaisière (Indre-et-Loire), Château de La Bussière (Loiret), Domaine National de Chambord (Loir-et-Cher), Domaine de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher) Jardins de la fondation William Christie à Thiré (Vendée), Château d’Esquelbecq (Nord), Potager de Lacroix-Laval (Rhône), les Vergers-Potagers du Château de Montigny-sur-Aube (Côte d’Or), Château Saint Bernard, Prieuré Notre-Dame d’Orsan (Cher), Château de Talcy (Loir-et-Cher), Château de Villandry (Indre-et-Loire), etc. Certains de ces jardins comportent des arbres anciens, parfois centenaires, souvent associés à des plantations plus récentes. D’autres ont été conçus ou recréés plus récemment, comme les jardins de la Fondation William Christie, ou les vergers-potagers du Château de Montigny-sur-Aube.
Il faut noter que dans les châteaux et demeures historiques, la place de l’espalier est généralement dans le jardin fruitier et potager, pas dans le verger.
Après avoir connu un certain déclin, ce groupe très vaste connaît de nouveaux développements. De nombreux particuliers recommencent à s’intéresser à l’art de l’espalier. Parfois ils retrouvent d’anciens arbres oubliés, plus souvent ils décident d’en planter de nouveaux sans toujours posséder les connaissances nécessaires à leur conduite. Les particuliers constituent aujourd’hui une clientèle très importante pour les pépiniéristes spécialisés. Les particuliers qui entretiennent des poiriers de façade perpétuent une tradition encore présente dans de nombreuses régions aux hivers rigoureux, et notamment dans le nord et l’est de la France (ainsi qu’en Wallonie).
Les espaliers se palissent sur des murs faits à partir de toutes sortes de matériaux (les jardiniers utilisant généralement les matériaux disponibles localement). Parmi ces différents murs, on peut citer les murs de palissage en silex et argile enduits de plâtre, une technique développée par les praticiens des murs à pêches de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Cette technique ancienne, remontant à la fin du XVIIe siècle a été récemment reprise par des associations et des entrepreneurs de la région de Montreuil et a fait l’objet de publications spécialisées [Lafarge ].
La production de jeunes arbres en formes palissées n’est pas assurée par tous les pépiniéristes, mais seulement par quelques pépiniéristes spécialisés comme les Pépinières Chatelain dans le Val-d’Oise, les pépinières Georges Delbard dans l’Allier, les pépinières Desmartis à Bergerac, les Pépinières Minier dans le Maine-et-Loire, les Pépinières du Parc dans le Loiret, pépinières Ogereau (Maine-et-Loire) etc. Il faut noter que dans les années récentes, on assiste à l’émergence d’un nombre significatif de nouveaux pépiniéristes qui produisent des arbres en espalier (en cours de documentation).
Même s’ils ont une activité qui n’est généralement pas centrée sur les espaliers, les membres de ces groupes considèrent que celles-ci font partie intégrante du patrimoine de l’arboriculture fruitière ainsi que l’a rappelé récemment Jacques Marchand, président des Croqueurs de Pommes dans son éditorial du bulletin 171 de l’association [2021]. L’importance des espaliers et autres formes jardinées pour les membres de ces groupes est variable mais semble être en augmentation.
Parmi ces associations, le réseau le plus important est celui des Croqueurs de pommes, dont le siège national est à Belfort [Ill n°3]. Créé en 1978, le réseau des associations des Croqueurs se consacre à la conservation de variétés anciennes et compte plus de 8 200 membres à travers la France. Plusieurs associations régionales des Croqueurs de pommes, ont pris part au collectif, Croqueurs de l’Ile-de-France, les Croqueurs d’Anjou, les Croqueurs de Corrèze, etc. Parmi les autres associations arboricoles et pomologiques : « i z’on creuqué eun’ pomm’ » (Oise), la Société pomologique du Berry, Les Mordus de la Pomme (Côtes d’Armor), le réseau Fruits Oubliés (Montpellier), le Centre National de Pomologie d’Alès (Gard), l’association Prune de Brignolles, etc.
Les conservatoires régionaux ou locaux ont parfois repris des vergers en formes jardinées. C’est le cas par exemple du Domaine de la Grange Prévôté (CERES) (Savigny-le-Temple, Seine-et-Marne). Les Jardins Fruitiers de Laquenexy (Moselle), développés à partir d’une collection de variétés d’une station expérimentale, présentent une collection de formes fruitières. Le Centre Régional de Ressources Génétiques des Hauts de France (CRRG) a conduit un programme de reconstitution de compétences pour des techniciens de jardins fruitiers palissés (Jardin Vauban à Lille, Square Parsy à Roubaix,..). Il existe également des jardins botaniques qui ont des arbres en formes jardinées. Il faut également citer des associations à vocation scientifique comme le CRBA de Lyon (Rhône) qui joue un rôle d’étude et de conseil.
Les arbres fruitiers n’ont pas toujours été particulièrement cultivés dans les jardins partagés. On constate cependant un intérêt croissant pour les formes jardinées comme par exemple dans le réseau Graine de Jardins (Ile-de-France).
La végétalisation de la ville crée d’importantes opportunités pour le développement du patrimoine d’arbres fruitiers. Les caractéristiques spécifiques des formes jardinées (fruits à portée de main, faible volume aérien et racinaire, etc.) leur confèrent une niche dans ce nouvel environnement [Goelzer] De nombreuses municipalités ont planté et continuent de planter des arbres fruitiers, et beaucoup sont porteuses de nouveaux projets. Si cette expérience nouvelle n’a pas encore été analysée de façon systématique, un premier recensement et une mise en réseau des acteurs a été initiée (voir § IV.4 sur la création de l’Observatoire des paysages comestibles fruitiers dans la cité, les premières assises de Nantes en 2023 « Des fruitiers dans la cité » et le projet POME de Plante & Cité). Le webinaire organisé le 12 juillet 2022 par Plante & Cité sur les paysages comestibles fruitiers dans la Cité a réuni 195 participants dont des représentants de 67 villes différentes.
De nombreuses associations s’intéressant aux formes jardinées sont apparues au cours des dernières années. Ce sont d’abord des associations constituées autour de vergers de bénévoles gérés par des bénévoles. Un exemple représentatif est le verger Yvette-Vallée en Transition, à Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines) [Ill n°3]. Ce sont également des associations qui créent, développent et gèrent des vergers en zone urbaine, comme par exemple Vergers Urbains, Paris (18e) ou VeniVerdi, Paris (20e).
Les micro-fermes urbaines et péri-urbaines constituent également une opportunité pour les formes jardinées. Des organisations de l’économie sociale et solidaire comme le réseau Cocagne (dont le siège est à Vauhallan, Essonne) ont également des plans de plantation d’arbres en formes jardinées.
Il faut finalement signaler l’existence de vergers palissés qui sont exploités au service de projets sociaux, culturels ou de formation. C’est le cas par exemple du Verger de Sillery (Essonne) qui est utilisé à des fins sociales (chantier d’insertion).
Ce groupe un peu hétéroclite regroupe toutes les organisations qui permettent de créer de nouveaux vergers et d’entretenir l’existant : paysagistes, entreprises de gestion de parcs et espaces verts, etc.
Ce groupe comprend de nombreuses associations et organisations qui ne sont pas centrées sur l’arboriculture fruitière en formes jardinées, mais qui en sont parfois proches et qui pourraient jouer un rôle important dans sa promotion : Association des Jardins potagers et fruitiers de France (Potagers de France), dont le siège social est situé au Potager du Roi / École nationale supérieure de paysage, à Versailles (Yvelines) ; Comité des Parcs et Jardins de France (CPJF), à Paris (7e), La Demeure Historique, à Paris (5e) ; Vieilles Maisons françaises (VMF), à Paris (7e) ; Association des Jardins botaniques de France et des pays francophones, à Nantes (Loire-Atlantique); Hortis, à Paris (9e) ; Plante & Cité, à Angers (Maine-et-Loire) ; Fédération nationale des Jardins familiaux et collectifs (FNJFC) et Conseil des Jardins collectifs et familiaux (Cnjcf), à Paris (15e), Le Jardin dans tous ses états (réseau national des jardins partagés) et Jardinot, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).
Ce groupe, hétérogène et assez difficile à identifier, semble constitué d’un assez grand nombre de personnes provenant d’une variété d’horizons et possédant différents niveaux de savoirs et de savoir-faire. Dans ce groupe, un très petit nombre de personnes bénéficie d’une très grande reconnaissance de leurs pairs. Ce sont des jardiniers, reconnus pour l’excellence de leur pratique, qui ont dirigé ou ont exercé des responsabilités importantes dans des jardins fruitiers historiques, qui ont formé un nombre important de professionnels et d’amateurs et qui ont publié des ouvrages de référence sur l’art de l’espalier.
On trouvera une liste actualisée des membres de la communauté dans la rubrique, l’univers de l’espalier du site du collectif.
La localisation résulte d’une mouvance lente et évolutive. L’implantation des espaliers et autres formes jardinées a été tributaire principalement de trois facteurs.
• La domestication des espèces fruitières : certaines espèces, bien qu’anciennement connues, n’ont été que tardivement cultivées en formes jardinées (grenadier, figuier, petits fruits…). D’autres sont d’origine ou d’introduction contemporaines (prunier japonais, actinidia…) et ne sont que très récemment cultivées en formes jardinées. Bien que les espaliers permettent de se soustraire, plus ou moins partiellement, aux contraintes climatiques, l’arboriculteur a d’abord privilégié les conditions climatiques idéales pour juger du comportement des espèces à ces tailles. La répartition s’est donc faite en France dans tout l’hexagone selon les besoins des introductions.
• Historiquement, les espaliers fruitiers sont apparus en Europe au Moyen Âge, puis à la Renaissance, dans les jardins des châteaux, couvents et monastères, où l’on recherchait une production de fruits de qualité, souvent à l’abri de murs. Cela s’opposait à une conception plus extensive de la production de fruits qui se développait dans des prés-vergers d’arbres haute- tige, implantés dans les pâtures, et faisant l’objet de moindres soins culturaux. Au XIXe siècle, les formes jardinées sont restées très présentes dans les châteaux, les grandes maisons bourgeoises et les domaines d’industriels et autres grandes fortunes financières sur toute la France.
• La culture des arbres fruitiers en formes jardinées a été, du XIXe siècle à la première moitié du XXe siècle, une méthode fournissant l’essentiel de la production fruitière destinée au marché et donc proche des plus grands centres de production. En Île-de-France, outre une ceinture discontinue de jardins et de vergers autour de Paris, la vallée de la Seine à l’ouest et les terroirs proches de Versailles, la vallée de Montmorency, les secteurs de Montreuil et la région de Corbeil et Thomery fournissaient l’essentiel de la production locale, du moins jusqu’à la période de la Première Guerre mondiale. D’autres grands centres régionaux étaient alimentés par la vallée de la Garonne, de la Loire, du Rhône ou de l’Isère. Certaines formes fruitières ont été utilisées dans l’ensemble des régions (comme les palmettes obliques ou Verrier), d’autres de manière plus localisée : formes en bateau ou en lyre dans la Vallée du Rhône, candélabres dans la Vallée de la Garonne et en Île-de-France, etc... On peut noter que certains vergers autour de Paris (Guicheteau à Gressy (Seine-et-Marne), Vassout à Gambais (Yvelines),etc.) continuent de produire des fruits de luxe grâce à leur grand savoir-faire.
Ces trois facteurs jouent encore un rôle en évoluant dans leurs formes. Les « nouveaux fruits » se cultivent davantage pour l’instant sous des formes naturelles en attendant de faire leurs preuves avec une culture plus rationalisée (agriculture urbaine). Les châteaux et demeures historiques, les grandes maisons bourgeoises et les domaines d’industriels se font rares. Ils deviennent souvent des lieux publics qui essayent de perpétuer leurs formes fruitières. La culture industrielle de fruits utilise maintenant des formes dites modernes, héritières assez éloignée des formes traditionnelles.
Il existe de nombreuses cartes et inventaires de la production fruitière en France, mais pas, à notre connaissance, pour la culture des arbres en espalier. Les associations des Amis du Potager du Roi et des Murs à pêches ont engagé, avec des moyens limités, un recensement, par le bouche-à-oreille, des vergers existants. Cet état des lieux non exhaustif a permis de valider l’idée qu’il existe encore de nombreux lieux et de nombreuses personnes intéressées (cf. section I.3), répartis sur une grande partie de la France (Ardennes, Aube, Calvados, Corse , Côte-d’Or, Gard, Indre, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Loiret, Lot-et-Garonne, Maine-et-Loire, Nièvre, Oise, Rhône, Paris, Seine-Maritime, Seine-et-Marne, Yvelines, Var, Essonne, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val-d’Oise). Contrairement à une opinion assez répandue, la localisation de la pratique ne se limite pas au nord de la Loire. De futures investigations permettront de mieux comprendre la localisation de la pratique dans l’ensemble de l’Europe.
L’art de l’espalier est pratiqué, à des degrés divers, dans le monde entier. En Europe bien sûr, et également en Amérique et en Asie [Kung et al.].
Elle est généralement reconnue comme une pratique assez fortement influencée par les arboriculteurs français et dans le monde anglo-saxon, elle est désignée par le mot français « espalier » (le mot désignant, comme nous le faisons dans la fiche l’espalier au sens large incluant formes plates et formes en volume). Comme l’exprime [Reich], « La définition de l'espalier est aussi laxiste que la plante est formelle ». De nombreux collèges d’horticulture d’universités américaines enseignent et publient sur la conduite en « espalier ». La conduite en « espaliers » est souvent présentée comme un art et une science. Elle est considérée comme une pratique d’origine ancienne qui peut présenter des bénéfices pour l’environnement [Ingels]. Aujourd’hui plusieurs jardins étrangers montrent de très belles collections d’arbres en espaliers : Gaasbeek (Belgique), dont le créateur, Marcel [Vossen] participe au collectif , Kew, The Newt, Wisley, etc. (Royaume-Uni), Würtzburg (Allemagne), Het Loo (Pays-Bas), Babylonstoren (Afrique du Sud), etc. Plusieurs participants étrangers (Belges et Suisses) ont également rejoint le collectif, voir Données techniques : praticiens rencontrés et contributeurs de la fiche.
Nous commençons par décrire ce qui distingue la pratique de l’art de l’espalier des autres formes de conduite des arbres fruitiers : la pratique des tailles de formation et de fructification qui constitue un patrimoine culturel immatériel de savoirs et savoir-faire accumulé au cours des siècles et toujours conservé et entretenu en France et dans de nombreux pays. Afin de limiter sa longueur, notre exposé sera centré sur les tailles de formation et de fructification des arbres fruitiers à pépins (poirier et pommier), même si ces tailles peuvent s’appliquer , à quelques variantes près, à tous les arbres fruitiers (y compris les agrumes et la vigne) et à certains arbustes fruitiers. Si elles en constituent en quelque sorte la clé de voûte, les tailles de formation et de fructification ne sont bien sûr que l’un des savoirs et savoir-faire nécessaires à la pratique de l’art de l’espalier et des autres formes jardinées. Dans une seconde partie, nous parlerons brièvement de ces savoirs et savoir-faire et notamment de celui de la greffe car les arbres en espaliers sont toujours greffés sur un porte-greffe. Nous montrerons enfin pourquoi la pratique de l’arboriculture fruitière en espalier est importante dans le monde d’aujourd’hui.
Art ou technique ? Le travail du collectif confirme que l’on peut parler d’un art plutôt que d’une technique de l’espalier. Pour s’en convaincre, il est certainement utile d’écouter William Christie parler de sa passion de l’espalier avec Jacques Beccaletto.
La taille dite de formation est la première étape du processus de production des fruits. Elle consiste à définir puis à mettre en œuvre une forme susceptible d’équilibrer la vigueur de l’arbre et la fructification désirée, compte tenu du porte-greffe, de l’espèce et de la variété et aussi du sol et de l’exposition. C’est ainsi que pour équilibrer un porte-greffe vigoureux, un jardinier pourra choisir une forme avec des branches obliques ou horizontales. Les multiples équilibres vigueur/production possibles ainsi que les multiples opinions des différents jardiniers quant à cet équilibre et à la façon de l’atteindre expliquent le nombre quasi infini de formes fruitières qui ont été créées ainsi que l’apparition continuelle de nouvelles formes.
La taille dite de fructification consiste, elle, à finaliser le processus de production de fruits sur les branches suffisamment formées pour produire.
Dans les premières années de la vie de l’arbre, la taille de formation permet de commencer à mettre en place la forme choisie pour l’arbre en faisant apparaître des rameaux qui deviendront les futures branches principales ou charpentières, puis de faire apparaître, à intervalles réguliers, le long de ces charpentières de courtes ramifications (ou coursonnes) qui porteront la fructification. La taille de fructification permettra elle de transformer les rameaux en coursonnes courtes (pour avoir les fruits près des charpentières) et fertiles (production régulière de beaux fruits).
Sur un arbre en cours de formation [Ill 4.1], on pratique à la fois la taille de formation sur la partie haute de l’arbre, la taille de fructification sur sa partie médiane, et sur sa partie basse une taille de fructification dite de restauration pour essayer, si nécessaire, de recréer des coursonnes.
Ces deux tailles vont consister à gérer le développement des productions ou organes végétatifs [Ill 4.2et 3] en déterminant, parmi ces différents organes ceux qui sont utiles, inutiles ou nuisibles et, suivant leur propriété, de les conserver intacts, d’en modifier le nombre, de modifier leur fonction par une diminution de leur longueur ou un changement de leur direction ou, enfin, d’éliminer ceux qui ne peuvent devenir utiles (yeux à bois excessifs, rameaux qui poussent de façon excessive ou ‘gourmands’, etc.). Le savoir-faire consiste à créer un équilibre entre deux forces qui se concurrencent : la puissance végétative et la puissance de fructification, et donc de bien répartir le flux de sève de façon à freiner ou à accélérer un peu l’arbre pour équilibrer bonne formation de l’arbre et bonne fructification.
En période de végétation, sur la plupart des arbres fruitiers, la sève montante (brute) favorise le développement des parties supérieures de l’arbre et de ses branches au détriment des parties basses :
-Par exemple, une branche latérale plus élevée sera plus vigoureuse qu’une branche moins élevée, également une branche latérale qui fait un angle aigu avec la charpentière sera plus vigoureuse qu’une branche de même hauteur et qui fait un angle moins aigu, etc.
- De même, un bourgeon qui est au-dessus d’un autre poussera plus vite que ce dernier et il sera également mieux alimenté en sève.
Si la sève montante (brute) favorise le développement des parties supérieures des branches au détriment de leur base, la sève descendante (élaborée),elle, est gorgée de sucre. Elle participe à la fois à élaborer les fruits et à nourrir l’arbre. Elle se concentrera plutôt dans les branches orientées vers le bas.
Encore plus que toutes les autres formes d’arboriculture fruitière, la culture en espalier s’inscrit dans la longue durée. Les arbres en formes jardinées peuvent vivre de 60 à 80, voire 100 ans (environ trois fois plus qu’en verger professionnel) et il faut de 5 à 20 ans pour les former. Si certains pratiquants forment leurs arbres eux-mêmes à partir d’un scion (jeune arbre greffé d’un an), de nombreux autres le font à partir d’arbres préformés (de 4 à 6 ans) qu’ils achètent à des pépiniéristes, comme cela a été récemment le cas, par exemple, pour la restauration, entre 2012 et 2015, des Vergers-Potagers du Château de Montigny-sur-Aube (Côte d’Or).
La très longue durée invite les pratiquants à faire preuve de patience et de persévérance. Elle appelle une gestion systématique des arbres : une conversation avec le responsable du jardin fruitier du Luxembourg révèle qu’il a mis en place un système rigoureux de suivi de chacun des arbres du jardin – voire de chacune des branches de certains d’entre eux. La conversation révèle également qu’il travaille avec un plan à long terme de remplacement des arbres visant à préserver l’âge moyen du jardin fruitier et à éviter d’avoir à faire face à des pics de replantations… et que les nombreux aléas l’amènent à régulièrement réactualiser ce plan. Finalement le chef jardinier a également un plan à long terme pour la conservation et le développement des compétences. La complexité de la gestion à long terme d’un jardin fruitier d’espaliers et autres formes jardinées croît rapidement avec sa taille, nettement plus rapidement que le nombre d’arbres. Les travaux menés dans le cadre de la préparation des premières assises des arbres fruitiers dans la cité, organisées par la ville de Nantes, Plante & Cité et le Collectif (voir IV.4.) montrent que ce problème de la longue durée est un défi d’importance pour les services des espaces verts des villes, un nouveau groupe de pratiquants. Selon les résultats de l’Observatoire des arbres fruitiers dans la cité créé en 2021 par le Collectif et Plante & Cité, le thème sur lequel les responsables de projets fruitiers sont le plus désireux d’échanger est l’organisation de l’entretien sur le long terme des arbres fruitiers.
Dans son Encyclopédie des formes fruitières, Jacques Beccaletto décrit 309 formes fruitières différentes, après en avoir éliminé près de 250 [Beccaletto, 2010] [Annexe 2]. Cette très grande diversité est le résultat de la survie à l’épreuve du temps de la multitude des petites inventions des jardiniers au cours des siècles. En établissant une sorte de partenariat avec les arbres, ils ont toujours poursuivi les mêmes buts : améliorer la qualité gustative des fruits, la quantité et la régularité de leur production et la facilité de leur accès. Au cours des siècles, les jardiniers se sont également appliqués à toujours rechercher les formes les mieux adaptées aux spécificités de chaque espèce et de chaque variété d’arbres fruitiers, de chaque type de lieu, de sol et d’exposition. Ils ont également recherché des formes permettant d’introduire plus de biodiversité dans leurs jardins fruitiers, des formes permettant d’allonger la durée de vie des arbres, etc.
Cette quête se nourrissant plus ou moins rapidement du progrès des connaissances scientifiques et de la technologie (il a fallu par exemple du temps avant que le sécateur ne s’impose).
En dépit de la très grande diversité des formes possibles, ce ne sont cependant probablement qu’une dizaine d’entre elles qui sont couramment utilisées aujourd’hui et celles-ci partagent toutes quelques éléments communs : une charpente solide permettant de porter de nombreux fruits, une charpente équilibrée permettant à la sève de bien circuler et d’avoir des fruits sur l’ensemble de l’arbre, y compris sur ses branches basses et un bon compromis entre des branches suffisamment espacées pour permettre que les fruits soient bien aérés et bien exposés à la lumière et un volume total de l’arbre suffisamment ramassé pour permettre de planter un nombre relativement important d’individus dans un espace réduit (les arbres en espalier sont rarement isolés).
Probablement dès l’origine, les jardiniers ont également pris conscience que les arbres en espaliers et autres formes jardinées permettent de faire des recherches esthétiques en exprimant toute la plasticité de l'arbre.
On classe généralement les espaliers au sens large ou les formes jardinées en deux types :
On trouvera en annexe 2 un plus grand échantillon de formes fruitières
Les formes fruitières ont constamment évolué au cours des âges et parmi les formes utilisées aujourd’hui par les pratiquants des espaliers et autres formes jardinées, il existe des formes souvent dites ‘classiques’ héritées des XVIe au XIXe siècle [Ill. 4.,5.,6.] et des formes dites ‘modernes’ héritées du XXe siècle [Ill. 8.] [Lespinasse, Leterme] . Les formes ‘modernes’ sont des formes créées pour les vergers professionnels (fructification rapide, moins de main d’œuvre, moins de structures de support, etc. Voir annexe 3 ). Conduits ainsi, les arbres n’ont pas la même longévité que s’ils sont conduits de façon ‘classique’ et ces formes ‘modernes’ peuvent être trop volumineuses pour être cultivées dans un jardin. Parmi les formes nouvelles du XXe siècle, dans la tradition ‘classique’, on citera également le cordon treillis Beccaletto -une forme inversée – plantée en 1999 au Potager du Roi et les formes créées par Dominique Stillace à La Pommeraie idéale.
Si pratiquement toutes les espèces d’arbres fruitiers, ainsi que certains petits fruits, voir annexe 4 , peuvent être conduits en espaliers et autres formes jardinées, toutes les formes ne sont pas adaptées à toutes les espèces et variétés. Selon Jacques Beccaletto, [Beccaletto] il existe beaucoup de formes possibles pour la plupart des variétés de poiriers et de pommiers, moins pour les pêchers et beaucoup moins pour les pruniers, cerisiers et abricotiers. Le plaqueminier, le grenadier et certains agrumes peuvent être palissés « à la diable ».
Le U simple est une forme qui convient bien au pommier (toutes les variétés) et au poirier (variétés se faible vigueur). Le pommier est à former sur les porte-greffe M9 et le poirier, de préférence, sur des cognassiers d’Angers. C’est une forme sur un tronc court (30 cm) sur lequel sont conduites deux charpentières verticales écartées de 30 cm. Pour obtenir cette forme, les étapes sont les suivantes [Ill. n° 9] :
- En automne, on installe un palissage, on plante le scion et le premier hiver, on taille à 35 cm du sol environ et on choisit deux yeux à bois latéraux (un à droite, un à gauche) juste au-dessous de la latte de palissage.
- Au printemps, la sélection se fait par ébourgeonnement. L’équilibre est alors recherché avec un palissage compensateur (inclinaison de la branche la plus forte et redressement de la branche la plus faible).
- En fin d’été, on palisse les extrémités des rameaux en formant les coudes qui deviendront le futur U. Il faut impérativement respecter des distances de 30 cm entre chaque branche charpentière (branches du U). Les deux branches ainsi obtenues seront de vigueur identique et faciliteront la taille fruitière. On palisse verticalement les rameaux et on supprime d’éventuels rameaux en surnombre.
- Les années suivantes, on monte la forme en laissant pousser les branches charpentières d’une vingtaine de centimètres (de façon à obtenir des charpentières solides).
On trouvera en annexe 5, les étapes à suivre pour obtenir deux formes en volume (gobelet et pyramide)
La taille de fructification ne peut se réduire à une simple règle technique, et chaque jardinier doit s’adapter aux réactions des arbres (évolution moins rapide qu’attendu, évolution plus rapide qu’attendu, etc.) De même chaque maître a sa propre formule pour ‘simplifier’ les choses. C’est ainsi que Denis Retournard, ancien jardinier du jardin du Luxembourg aime enseigner une technique de taille moyenne, donnant, dans plus de 80% des cas, de bons résultats et que ses auditeurs appellent parfois le « théorème de Retournard » : « Pour faire évoluer un œil (œil à bois ou dard), il faut réguler la sève en le protégeant par autant de portes de sorties (œil à bois ou dard) qu'il y a d'éléments poussant (de rameaux ou de bourses récentes) sur la coursonne. Pour obtenir un beau fruit, il convient de tailler tous les éléments situés au-dessus du bouton à fruit ». Une technique souvent citée dans les manuels de taille est celle de la taille trigemme, une technique mise au point vers 1850 par Jules Courtois, professeur d’arboriculture à l’école normale de Chartres, et longtemps considérée comme la référence pour la taille de fructification : elle consiste à tailler de façon à ne garder que trois yeux ou éléments poussants. Selon la quantité de sève qui parviendra à chacun de ces yeux, l’un évoluera en formant une nouvelle branche, l’autre en formant un dard qui, s’il est peu alimenté en sève, donnera un bouton à fleurs, puis, on l’espère, un fruit. Le dernier restera un œil dormant puis évoluera en dard. Selon la taille trigemme, la mise à fruits se fait généralement en trois ans [Ill 10]. S’il a pour mérite d'être simple à comprendre, ce principe de taille est aujourd’hui généralement considéré comme un peu trop simple pour orienter la pratique, car aucun arbre, aucune variété n'est semblable à l'autre et le pratiquant doit savoir tailler plus « court », ou plus « long » en fonction de la végétation existante.
L’hiver est une période très active de taille (« taille en sec ») mais ce n’est pas la seule. Les pratiquants taillent également en été (« taille en vert ») et, si cela est utile, interviennent sur les arbres à tout moment (pincements et autres interventions).
En hiver, la pratique de la taille est souvent une pratique collective, souvent festive, qui réunit plusieurs jardiniers et qui participe au processus de transmission « de sécateur en sécateur ». C’est notamment le cas dans les jardins fruitiers et vergers associatifs.
Avant de tailler un arbre, il faut le lire et dans la pratique de l’arboriculture en espalier et autres formes jardinées, ce qui distingue les maîtres des autres pratiquants, c’est leur capacité à lire les arbres de façon à la fois sûre et quasi instantanée. Les maîtres sont capables d’appréhender un arbre dans son ensemble, de juger de sa vigueur, de comprendre son histoire, de comprendre le flux de sève, l’impact de maladies, d’apprendre savoir comment l’arbre a réagi aux précédentes interventions, et aussi de zoomer sur différentes parties de l’arbre pour appréhender l’état de ses organes végétatifs qui vont permettre de faire apparaître des branches puis des fleurs aux endroits souhaités. Face à l’arbre, et surtout en absence de végétation lors de la taille d’hiver, ces organes végétatifs sont très nombreux, ne sont pas toujours faciles à interpréter voire même à identifier : certains yeux à bois du poirier et du pommier sont invisibles et leur emplacement ne peut être deviné que par les rides de l’écorce. Même pour le maître, la lecture d’un arbre est évidemment rendue plus sûre par la connaissance d’éléments peu ou pas visibles : sol, porte-greffe, voire variété.
L’expérience du terrain montre que différents maîtres ne lisent – et ne taillent - généralement pas l’arbre tout à fait de la même façon, ce qui confirme qu’il s’agit probablement plus d’un art que d’une simple technique. Par ailleurs, ils n’utilisent pas toujours les mêmes mots pour rendre compte de leur vision de l’arbre. Il en résulte que les savoirs et savoir-faire propres à la lecture de l’arbre – et à plusieurs autres dimensions de la taille de formation et de fructification - se transmettent plus naturellement par une interaction suffisamment longue (plusieurs années) entre une ou plusieurs personnes expérimentées et une ou plusieurs personnes moins expérimentées autour de plusieurs arbres.
L’expérience du terrain montre également que la lecture de l’arbre est une activité qui va se répéter tout au long de l’année, toutes les années pendant lesquelles le jardinier va s’occuper de l’arbre et ne va pas manquer de faire face à des surprises.
Même s’ils ont fait et font toujours l’objet de nombreuses publications, les savoirs et savoir-faire de la taille de formation et de fructification ne peuvent véritablement se transmettre que de jardinier à jardinier, et par l’interaction entre le jardinier et les arbres. L’écrit restant utile, voire indispensable, mais comme complément à la transmission de maître à élève. Même les meilleurs traités de taille – et les meilleurs cours théoriques de taille – parlent peu de la lecture de l’arbre et font des préconisations qui ne s’appliquent qu’à des situations ‘normales’, qui ne correspondent qu’à une très faible partie de la réalité. Il faut également noter que les écrits sont parfois des moyens pour leurs auteurs de montrer qu’ils sont capables d’obtenir des résultats exceptionnels, voire les meilleurs jamais atteints. La littérature sur la conduite des arbres en espalier comporte ainsi un certain nombre de querelles parfois récurrentes: sur la conduite du pêcher (une querelle qui a opposé les jardiniers de Montreuil à ceux du Potager du Roi), sur la supériorité de l’arcure (pratique consistant à arquer les rameaux pour favoriser la mise à fruits), sur la supériorité de la taille d’été (taille Lorette), sur les nouvelles méthodes de conduite, voire sur l’intérêt même de la taille.
La pratique de l’arboriculture fruitière en espalier ne se limite pas à la taille et exige également la maîtrise d’une large palette de savoirs et savoir-faire arboricoles comme la connaissance du climat et du sol, le choix des espèces et les variétés adaptées, la préparation du sol et des infrastructures de support, le choix des porte-greffes, etc. Une fois l’arbre planté il faut assurer les tailles d’hiver et d’été, lutter contre les intempéries et les parasites, gérer l’arrosage, surveiller les rongeurs, désherber, etc. Selon les termes de [Hoying et Robinson], « l’organisation des tâches dans un verger c’est aussi compliqué que l’assemblage d’un puzzle ». La gestion d’un verger ou d’un jardin composé d’arbres en espalier est rendue plus difficile par le fait que cette conduite repose sur beaucoup de tâches manuelles et très peu de mécanisation. Parmi tous ces savoirs et savoir-faire, deux sont particulièrement importants pour la pratique de l’espalier :
-Le choix du porte-greffe est essentiel car il est souvent pratiquement impossible de conduire en espalier un arbre dont le porte-greffe est trop vigoureux. Même s’il existe d’excellents pépiniéristes qui vendent des arbres avec un double étiquetage (porte-greffe et variété), ce n’est pas toujours le cas et c’est ce qui conduit certains amateurs éclairés à développer leur propre pépinière.
-L’art de l’espalier nécessite également la maîtrise de plusieurs savoirs et savoir-faire liés à la maîtrise des éléments matériels (voir 1.7) : construction et entretien des murs de palissage, techniques de palissage : construction des infrastructures de soutien, techniques de fixation des branches, etc.
Finalement, parmi les savoir-faire connexes, on peut également citer les techniques d’ensachage (pour protéger les fruits des ravageurs) et de marquage des fruits (technique ancienne d’obtention d’un décor sur les pommes, en cachant du soleil une partie de l’épiderme, technique aristocratique ancienne, ayant pris un statut professionnel à Montreuil à la fin du XIXe siècle et redécouverte au Jardin-école dans les années 2000. Chaque année, au Jardin - école, des artistes locaux marquent des fruits avec les pochoirs qu'ils ont imaginés. les Jardins fruitiers de Laquenexy ont repris cette technique et s’en sont fait une spécialité.
La pratique de l’art de l’espalier rend tout une série de services qui contribuent à poursuivre au moins neuf des dix-sept objectifs du développement durable (ODD, selon le référentiel de l’UNESCO).
Le premier service rendu par les espaliers est la production locale de fruits de qualité. En cela il contribue à une production et une consommation plus responsables (ODD 12).
Les espaliers ont des caractéristiques qui leur confèrent une place dans le retour récent de l’arbre fruitier en ville : faible volume racinaire et aérien, possibilité d’être conduits sur les murs, fruits à portée de main, etc. Ceci est confirmé par les réponses au questionnaire de l’Observatoire des paysages comestibles fruitiers dans la cité [voir IV.4] qui indiquent que plus de la moitié des projets de paysages comestibles fruitiers incluent des espaliers et contre-espaliers. 75 % des répondants au questionnaire indiquent que ces paysages ‘permettent une consommation de fruits de saison produits localement, et 56% qu’ ils aident à mieux faire comprendre les enjeux d’une nourriture saine’.
L’art de l’espalier fournit également d’autres services économiques : dans les associations, il contribue au développement de l’économie sociale et solidaire comme c’est le cas, par exemple dans le réseau Cocagne (ODD 8). Dans son développement en ville, il peut permettre de faire naître un nouveau métier d’arboriculteur fruitier spécialisé. Il peut aussi aider les entreprises d’aménagement et de paysage urbains à augmenter la valeur de leurs services, et à faire naître une nouvelle demande commerciale pour des fruits de haute qualité nutritive et gustative.
Il faut également noter les arbres en espalier rendent de nombreux autres services :
• Développement personnel et bien-être individuel. S’ils mettent le fruit à portée de main, les espaliers invitent leurs pratiquants à faire un investissement en attention et en temps. L’art de l’espalier permet de développer une relation avec la nature à la fois riche de sens et propice à un apprentissage permanent. Lorsqu’ils sont introduits dans les écoles, les espaliers contribuent à renforcer la qualité de l’éducation (ODD 4). Chez les particuliers et dans les associations, les espaliers contribuent en de multiples façons au développement et au bien être individuel (ODD 3) : lien à la nature, plaisir d’apprendre, fierté de réussir la conduite d’un arbre, sentiment esthétique, etc. Elle permet également de développer des qualités telles que la patience (il faut vingt ans de persévérance pour réaliser certaines formes fruitières), acceptation de l’incertitude et résilience. Les développements récents de l’art de l’espalier dans les milieux associatifs et les milieux urbains montrent que les participants s’approprient aisément la pratique. Grâce aux efforts de certaines associations, l’art de l’espalier est aujourd’hui facilement accessible à tous, y compris aux personnes en situation de handicap.
• Services de nature sociale. L’arboriculture fruitière est une activité éminemment sociale. Florent [Quellier] a documenté qu’au XVIIIe siècle l’art de l’espalier était considéré comme une pratique digne d’intérêt par les membres de nombreuses classes sociales, et que les jardiniers arboriculteurs ont été des intermédiaires entre les membres des classes dirigeantes et les paysans. Aujourd’hui et notamment dans le milieu associatif, l’art de l’espalier est une pratique dans laquelle des personnes se retrouvent pour une entreprise humaine qui va bien au-delà de la seule production de fruits. Vecteur de respect entre des personnes très différentes, l’espalier et l’arboriculture fruitière en général contribuent à établir une société plus apaisée (ODD 16). Depuis quelques années, la pratique est devenue plus inclusive en accueillant enfin plus de femmes et de jeunes (ODD 5).
• Services écologiques. Les arbres en espalier rendent enfin de nombreux services écologiques. Comme tous les autres arbres, et cela particulièrement dans les hypercentres urbains, ils contribuent à lutter contre les îlots de chaleur plus fréquents avec le réchauffement climatique (ODD 13). Par leur encombrement restreint, ils permettent de multiplier les espèces sur une surface réduite et favorisent ainsi la biodiversité écosystémique. Ils contribuent également, en facilitant la plantation de différentes variétés d’une même espèce, notamment locales, à la conservation de la diversité génétique des espèces cultivées (ODD 15). Par ailleurs les espaliers, de par leur structure même (taille, écartement des branches) permettent de lutter plus facilement contre les ravageurs en l’absence de tout traitement [Ingels]. Les conséquences de la disparition de l’art de l’espalier, ce qui a pu sembler se produire il y a quelques années, ne se limiteraient pas à la perte de savoir-faire accumulés depuis des siècles mais entraîneraient également des pertes de savoirs et savoir-faire connexes. En ville, les espaliers permettent à l’arbre de pénétrer des espaces interdits aux autres formes (façades, toits, bacs, etc.) et contribuent ainsi à la durabilité des villes (ODD 11). S’il contribue à de nombreux services écologiques, l’art de l’espalier permet à ses pratiquants de ne pas rester simples spectateurs, mais de s’engager dans une relation active et empathique avec la nature. Ils apprennent à respecter les arbres fruitiers, à les observer, à les aider à se développer et à comprendre que leurs interventions ont des effets qui ne sont ni immédiats ni automatiques. Voir également Annexe 6.
Français.
L’annexe 2 présente une liste de plus de 200 dénominations de formes fruitières, montrant la richesse lexicologique créée et sauvegardée à travers ce patrimoine culturel immatériel.
Le mur à palisser constitue le patrimoine bâti de l’arboriculture fruitière en formes jardinées. Il assure un rôle esthétique et technique. Il semble compliqué de dater précisément l’apparition des murs à palisser. Les fouilles archéologiques qui ont précédé la construction du Stade de France ont exhumé en 1997 des vestiges des XVe et XVIe siècles qui attestent que des murs étaient couverts de vignes sous l’Antiquité et au Moyen Âge. Devenu à la mode sous Louis XIII, le mur à palisser fait l’objet de nombreux écrits sous Louis XIV. Le jardin fruitier ou potager-fruitier est par nature un lieu clos et protégé. Le mur joue alors un rôle important : il isole des regards, favorise l’intime et permet de compartimenter le jardin, afin d’en faire un cabinet de curiosité horticole. Le mur à palisser crée un microclimat qui protège les fruitiers des gelées tardives et du vent, et restitue la nuit la chaleur emmagasinée dans la journée. Le chaperon qui couvre le mur protège les arbres des précipitations excessives tout en prolongeant la durée de vie du mur. La multiplication des expositions permet la culture de diverses espèces et variétés et assure ainsi un échelonnement des récoltes dans la saison. Les écrits du XVIIe siècle, à commencer par ceux de La Quintinie, dressent une typologie du mur à palisser, confirmée par les marchés passés entre maçons et propriétaires.
En moyenne, l’élévation, sous le chaperon, est comprise entre 6 et 10 pieds, soit 2 et 3 mètres. La hauteur doit être suffisante pour protéger le jardin des voleurs, des chasseurs, des bêtes sauvages et du vent. Elle doit permettre le palissage tout en évitant d’ombrager les différentes cultures du clos. Elle détermine enfin le choix des espèces, la forme des espaliers et l’espacement entre les arbres.
Conformément aux règles du bâti ancien, le mur est érigé avec des matériaux locaux : pierres, cailloux, terre, plâtre, chaux ou sable. Il est généralement couronné d'un chaperon de tuiles ou de plâtre, dont le débord prononcé protège le mur des infiltrations et les arbres des intempéries. Symboliquement, ce couronnement indique la propriété : chaperonné d'un seul côté, le mur appartient entièrement au propriétaire du clos vers lequel il s'incline ; chaperonné des deux côtés, le mur est alors mitoyen.
Pour assurer sa pérennité, le mur est construit sur des fondations de pierres, dont les dimensions et la profondeur varient selon les cas. Sa largeur diminue à mesure de l’élévation : les pierres les plus lourdes sont placées à la base, tandis que les plus légères (gravats de plâtre, notamment) forment l’arase. Les règles de l’art sont appliquées avec plus ou moins de respect selon les localités : des chaînages de grès renforcent les murs de Thomery (Seine-et-Marne) ou de Versailles (Yvelines), tandis que les murs de Montreuil (Seine-Saint-Denis) ou de la vallée de Montmorency (Val-d’Oise) sont avares en parpaings, boutisses et autres pierres traversantes. Pour éviter la nidification des nuisibles auprès des arbres, les parements sont enduits de chaux ou de plâtre. Afin des protéger les enduits et de réguler les remontées capillaires, les soubassements sont parfois laissés en pierres apparentes. Conscient des spécificités et des ressources locales, La Quintinie préconisait l'usage du plâtre, « quand on en a la facilité, telle qu’elle est aux environs de Paris ». Abondant et bon marché, il a aussi le mérite d’être souple et de permettre la fixation de treilles ou de loques au moyen de clous forgés. Enfin, le nécessaire entretien des murs est évoqué dans les traités : toujours au service du fruit et du jardin, la maçonnerie fait l’objet de campagnes de rénovation rythmées par les saisons. Il s’agit alors, avec beaucoup de précautions, d’intervenir sur les désordres du mur et de ses excroissances techniques (échalas de bois ou de métal, treilles ou verre de protection). C’est à la fin du XVIIIe et au XIXe siècle que la technique du mur à palisser est la plus documentée. Prenant souvent pour exemple les murs de Montreuil ou de Thomery, les traités modernes décrivent scrupuleusement l’implantation optimale des maçonneries et l’exposition des arbres. Véritable outil technique, le mur transcende sa seule fonction protectrice et intervient sur la maturité du fruit, précoce ou tardive.
Appréciée au XVIIe siècle pour des raisons esthétiques, la compartimentation du jardin est alors poussée à son extrême dans un souci d’optimisation et de production. Les murs de refends foisonnent au sein des clos, créant ainsi, selon certains, des microclimats favorables à la culture des fruitiers en espalier ou contre-espalier. Cette tendance favorise alors la création de sites aux aspects labyrinthiques qui marquent encore aujourd’hui le paysage. Thomery, à l’est de Fontainebleau, et Montreuil en sont deux exemples.
• Outils de taille : sécateur (introduit à partir de 1815), scie, serpette…
• Matériel de palissage : osier, ficelle, raphia.
•Matériel pour infrastructure : barres de fer , fils de fer (galvanisés ou plastifiés), lattes de bois (en bois traité ou peint), raidisseurs, pitons (en fer à T, plats, droits, ou « queues de cochon »), cavaliers.
Certaines structures en fer forgé sont nécessaires pour le palissage de formes complexes en volume. La forge d’art est aussi sollicitée pour les structures dans des lieux historiques. L’entreprise Loubière (Maine-et-Loire) a ainsi apporté (et continue d’apporter) son savoir-faire pour la rénovation de lignes de contre-espaliers de poiriers dans le Grand carré du Potager du Roi à Versailles. Certaines municipalités (Alès par exemple) ont le savoir-faire nécessaire pour produire leurs propres structures.
La formation à l’art de l’espalier est si hétérogène qu’il faut la segmenter.
Il existe une offre assez large d’information et d’initiation : ateliers, séances de présentation des activités de l’arboriculture fruitière en formes jardinées, vidéos ou tutoriels. Même si aucune d’entre elles ne saurait, à elle seule, constituer une formation complète à la taille de formation et de fructification de l’espalier, ces offres peuvent aider à entrer dans l’univers de la pratique des formes jardinées. Un premier inventaire de cette offre a été effectué par le collectif.
La maîtrise des savoirs et savoir-faire de la taille de formation et de fructification en arboriculture fruitière en formes jardinées semble requérir :
• Une formation de base pratique et théorique d’une soixantaine d’heures, qui doit permettre de transmettre les principes de base de la taille de formation et de fructification (une quarantaine d’heures) et les connaissances de base en physiologie végétale, sols, porte-greffes, intrants ou maladies et traitements.
• Une pratique individuelle, sécateur en main, s’étendant sur une période de plusieurs années, qui doit être suffisamment riche (travail sur différents types d’arbres, sur différentes formes ou dans différentes conditions). Elle est souvent plus efficace si elle est, au moins au début, bien encadrée. La formation de base ne doit pas nécessairement être le point de départ (en fait, elle est souvent plus efficace après un minimum de pratique) ni être effectuée en une seule fois car la répétition de certains de ses éléments peut être très utile. Les bases ne sont pas toujours assimilées en une seule fois !
• Enfin, cette taille de formation et de fructification est un art. Un véritable détenteur de savoirs et savoir-faire est capable de trouver et d’exprimer sa façon unique de conduire les arbres en formes jardinées, d’inventer des formes nouvelles et de former d’autres détenteurs de savoirs. On peut penser qu’il faut du temps (une dizaine d’années au moins) pour atteindre un tel niveau.
Si ce genre de parcours était possible il y a encore une trentaine d’années, il est très difficile à effectuer aujourd’hui (faiblesse de l’offre de cours de base ou manque de lieux de pratique). C’est un chantier essentiel des mesures de sauvegarde.
Il s’agit d’aider le très large groupe de tous les amateurs à être capable de conduire leurs arbres fruitiers eux-mêmes. Cet objectif peut être atteint de différentes façons, mais doit nécessairement comporter une forte dose de pratique individuelle (encadrée ou non) et un minimum de formation de base théorique et pratique. Si la demande de telles formations est forte, l’offre, elle, reste très limitée même si certaines associations s’engagent dans des initiatives très prometteuses.
Le Jardin du Luxembourg (domaine du Sénat) offre un cours (gratuit) de 60 heures. L’École Nationale Supérieure de Paysage propose au Potager du Roi un cours de 50 heures : 15 séances de 2h30 (théorie et pratique en 1re année) et 5 séances de 2h30, taille d'hiver pratique sur le terrain en 2e année. L’école Du Breuil propose plusieurs cours de 6 heures : taille des arbres fruitiers, taille des arbres à noyaux, pratique de taille au jardin. Tous ces cours ne consacrent qu’une partie limitée de leur enseignement aux formes jardinées et à la taille de formation et de fructification ; la taille de formation y est souvent la moins traitée. Dans ces jardins fruitiers comme dans les autres, la limitation de l’offre de formation (moins de 150 participants par an au total) semble due au manque de formateurs qualifiés. Même si cela commence à évoluer, les formateurs rencontrés sont encore trop souvent masculins et âgés.
De nombreux passionnés veulent créer leur propre école de formation, avec l’ambition clairement exprimée de fonder l’école de l’excellence du fruit, partant du constat qu’aujourd'hui le secteur a besoin d’arboriculteurs passionnés, qualifiés et formés à tous les aspects de leur métier en culture sous formes jardinées. Souvent simple mais efficace, le programme veut donner les clés de l’expertise du métier de l’arboriculture fruitière et de ce savoir-faire pour les jardins existants et à venir. Selon l’inventaire conduit par les Amis du Potager du Roi et les Murs à pêches (cf. section IV.4 Inventaires réalisés), de nombreux vergers (près d’un sur deux) proposent des initiations, sous forme d’activités courtes, ou d’ateliers et la taille n’en est que l’un des thèmes. Les Croqueurs de pommes ont des activités significatives de formation en pomologie, dans lesquelles la taille en formes jardinées a été marginale jusqu’à ce jour.
Dans le secteur de la production fruitière, il existe a minima des formations avec une sous-option en arboriculture fruitière, qui forment des ouvriers qualifiés, capables d'assurer les travaux d'horticulture courants. En fonction de la spécialité choisie, ils pourront exercer chez un pépiniériste, un maraîcher, un horticulteur ou un arboriculteur. La formation permet de maîtriser les étapes de mise en place d'une culture, les différentes techniques de multiplication, la récolte les fruits à la main ou à l'aide d'une machine et le conditionnement pour la mise en vente. Au mieux, selon les formateurs, ils auront un aperçu historique sur la culture en espalier. Les échanges du collectif avec le réseau Hortipaysages du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation montrent cependant que les choses changent et que l’enseignement technique devrait (re)devenir la filière principale de formation.
L’inventaire déjà cité constate une existence limitée de l’apprentissage (un jardin fruitier sur cinq dit former des apprentis). Du fait de la faible taille des équipes qui gèrent les vergers, la formation interne est souvent difficile. Environ un verger sur deux accueille des stagiaires, généralement en petit nombre.
Cette transmission perdure difficilement : le grand-père sachant tailler apprenant à son petit-fils est maintenant très rare. Il est remplacé par des « cours » donnés par des associations à leurs adhérents durant quelques heures ou par des démonstrations, révélant parfois une érosion du savoir.
Selon l’inventaire cité, il existe une offre de conseils, dispensés par de nombreux responsables de jardins fruitiers et vergers auprès d’autres jardins, mais pas nécessairement en matière d’arboriculture en formes jardinées.
Il existe d’excellents manuels sur l’arboriculture fruitière en formes jardinées. Selon l’inventaire cité, les ouvrages les plus lus sont L’Encyclopédie des formes fruitières, de Jacques Beccaletto ; La Taille des arbres fruitiers, de Jacques Beccaletto, Marie Claude Eyraud et Denis Retournard ; le Manuel de Jean-Yves Prat et, plus généralement pour l’arboriculture fruitière, les ouvrages de Denis Retournard, Jacques Beccaletto, Joseph Vercier et Évelyne Leterme. Il n’existe pas de revue spécialisée et l’association la plus citée dans l’inventaire est celle des Croqueurs de pommes, même si son objet ne concerne pas les formes jardinées.
L’arbre fruitier est autant une invention de l’espèce humaine qu’un produit de la nature. C’est sous l’influence humaine que le fruit est devenu utile pour son enveloppe charnue plutôt que pour ses graines. La culture des arbres fruitiers a demandé la maîtrise de plusieurs techniques horticoles (sélection, greffage, irrigation, taille, etc.).
Avec la culture de céréales, l’arboriculture fruitière est liée à la sédentarisation de l’homme [Janick, Hamon]. La pratique du greffage est apparue au début du premier millénaire avant J-C. L’arboriculture se développe à l’intérieur du Croissant fertile : en Mésopotamie, entre le Tigre et l’Euphrate, et en Égypte, dans la vallée du Nil. Les premiers arbres cultivés étaient des espèces indigènes. Tant les techniques de culture que les différentes espèces cultivées sont progressivement introduites en Europe au gré des migrations et des échanges entre civilisations. Les pommiers, les poiriers, les abricotiers et les pruniers arrivent en Europe depuis l’Asie, grâce, entre autres, aux conquêtes d’Alexandre le Grand.
Il semble qu’il y ait toujours eu plusieurs façons de conduire les arbres fruitiers et que l’arboriculture fruitière en formes jardinées ait progressivement émergé de l’accumulation d’une multitude de petites inventions de jardiniers spécialisés au cours des siècles. La quasi-totalité de ces inventions restera probablement à jamais anonyme et dans les nombreux ouvrages historiques [voir bibliographie en annexe] il est très difficile de faire la part entre ce qui est description de pratiques existantes et ce qui est véritablement nouveau.
Dans la Grèce et la Rome antiques, les techniques de culture resteront inégalées pendant des siècles. Les premiers ouvrages connus sur la taille datent de l’époque romaine. "Les Douze Livres de l'Agriculture" (De Re Rustica) par Caton l'Ancien, écrit au IIIe siècle avant notre ère, l'un des plus anciens traités d'agriculture romaine connus, contient des instructions détaillées sur la taille des arbres fruitiers.
Au Moyen Âge, des vergers structurent le territoire tout en fournissant la nourriture. Ils sont l’apanage du clergé et de la noblesse ; cependant, les fruits se retrouvent dans l’alimentation de l’ensemble de la population. Dès le VIe siècle, la loi salique prévoit des punitions pour toute personne qui abîmerait les arbres fruitiers. De précieux documents renseignent très précisément sur les cultures du temps, tel que le capitulaire De villis imperialibus, attribué à l’empereur Charlemagne vers l’an 800.
Quelques peintures de l’école franco flamande (1420-1520) montrent des arbres palissés et on distingue même les têtes de clous employés pour le palissage. Le terme espalier - même s’il désigne alors ce que l’on appelle aujourd’hui contre-espalier apparaît semble-t-il pour la première fois dans Les Remonstrances sur le default du labour & culture des plantes, & de la cognoissance d'icelles de Pierre Belon (1558). Selon [Quellier], c’est Jacques Boyceau de la Baraudière , jardinier de Louis XIII qui, en 1638 dans son Traité de jardinage selon les raisons de la nature et de l’art, est le premier à défini l’espalier stricto sensu comme un arbre fruitier palissé contre un mur.
À compter du XVIe siècle, d’assez nombreux ouvrages mentionnent et parfois décrivent ces savoirs et savoir-faire comme ceux de Stotele (1548), Le Paulmier (1589), Jean Bauhin (1588), Olivier de Serres (1600), Nicolas de Bonnefons (1651), l’Abbé Legendre (1652), Robert Arnaud d’Andilly, Merlet (1677), ou plus tard le Premier Catalogue des arbres à fruits dans les pépinières des Chartreux (1736).
Au XVIIe siècle, Jean-Baptiste de La Quintinie (1626-1688), créateur du Potager du roi à Versailles, met au point, entre autres, un système de culture et s’intéresse à la production de fruits : pour lui, « Tout le monde coupe, peu de gens taillent ». Au XVIIIe siècle, on note les publications de l’Abbé Schabol (1767) de Duhamel du Monceau (1768) et de l’Abbé Rozier (1785) (l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert décrit les diverses méthodes d’arboriculture).
Selon Florent [Quellier] les grandes familles de formes d’arbres que l’on connaît aujourd’hui existaient à la fin du XVIIe siècle : famille des espaliers, des contre-espaliers et éventails, des arbres buissons et gobelets, vases et autres corbeilles et la dernière-née, la famille des pyramides et des quenouilles.
Au XIXe siècle et jusqu’à la Première Guerre mondiale, l’arboriculture fruitière en formes jardinées va connaître une sorte d’apogée. Elle bénéficie de l’enthousiasme général pour l’arboriculture et l’horticulture – les mots arboriculture et horticulture datent eux-mêmes du XIXe siècle. Deux nouvelles technologies (la tréfilerie et le sécateur qui remplace la serpe) permettent de développer la plupart des formes fruitières que l’on connaît aujourd’hui : cordons verticaux et horizontaux, fuseaux (1816), losanges (ou haie belge), palmette Verrier (1850), pyramides, système Cossonet (1849), U simple et double (1850), vases et vases renversés, etc. On assiste également à un engouement pour la pratique, qui se manifeste par la création de jardins de collections de variétés et de formes jardinées, sans oublier une profusion de littérature spécialisée. Vers 1850, s’appuyant sur les savoir-faire des générations précédentes, Jules Courtois, professeur d’arboriculture à l’École normale de Chartres décrit la taille « trigemme ». Tout au long du XIXe siècle, de nombreux ouvrages d’arboriculture fruitière en formes jardinées sont publiés : Lelieur, Noisette, Lepère, Hardy père et fils, Baltet, etc.
C’est au tout début du XXe siècle que Louis Lorette, chef de pratique à l’École d’horticulture de Wagnonville décrit une méthode de taille de fructification dite « méthode Lorette » qui a pour principe d’affaiblir l’arbre par d’abondantes suppressions pendant l’été. Cette méthode relativement épuisante pour l’arbre ne convenant pas aux arbres de faible vigueur.
Le XIXe et le début du XXe siècle voient également apparaître les jardins ouvriers, les jardins familiaux et les cités-jardins qui vont largement diffuser l’art de l’espalier et ses savoir-faire.
Au XXe siècle, l’évolution des politiques agricoles et la faiblesse du prix des fruits transforment l’arboriculture en une pratique misant sur une production pratiquement industrielle cherchant à limiter la main-d’œuvre. La période de l’après Deuxième Guerre mondiale a également été celle de l’usage intensif d’une multitude de produits chimiques.
Au cours du XXe siècle de nouvelles formes fruitières sont mises au point : haie Bouché Thomas (1945), drapeau Marchand (1948), cordon Ferraguti (1948), palmette Baldassari (1948) et Arcure Lepage (1956). Plus tard, à partir des annnées1960, Jean-Marie Lespinasse (INRA) et ses collaborateurs ont développé des formes de conduite encore plus adaptées à l’architecture naturelle de l’arbre (axe vertical, solaxe, solen, etc.)
L’ensemble des savoirs et savoir-faire hérités du XIXe siècle, où ces pratiques avaient été portées à leur plus haut niveau d’excellence de pratique, de formes fruitières et de variétés, disparaît lentement mais sûrement (avec la disparition du métier de « jardinier de grandes maisons ») . Ainsi, il faut déplorer la disparition de nombreuses composantes parmi les vergers historiques : École de La Saulsaie à Montluel (Ain), École d’Igny (Essonne), École normale de Chartres (Eure-et-Loir), pépinière Jamin à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine) et, à Paris, le jardin de la faculté de Médecine et le Jardin royal des Plantes, devenu Muséum d’histoire naturelle à la Révolution.
Ce n’est qu’au début du XXIe siècle qu’un certain renouveau de l’art de l’espalier fruitier intervient. Il est porté par un nouvel intérêt pour l’arboriculture fruitière en général, par un nouvel intérêt pour la diversité – et la conservation des variétés anciennes de fruits (le mouvement des Croqueurs de Pommes est né en 1978), par le développement de nouvelles micro fermes urbaines et périurbaines (voir [Aubry] et al. et l‘AFAUP, Association Française d’Agriculture Urbaine Professionnelle), par l’émergence de mouvements pour une alimentation locale (Locavore 2005), par le mouvement pour la végétalisation des villes et l’agroforesterie urbaine (voir Salbitano et al. pour le développement de ce mouvement depuis le début du XXIe siècle), par le mouvement des villes en transition, etc.
Jusque dans les années 1960, l’art de l’espalier était la pratique de référence de toute l’arboriculture fruitière. Depuis lors, les vergers à haut volume de production ont redéfini les composantes de la qualité et ont cherché à maximiser le rendement en jouant sur une multiplicité de paramètres [Plénet et al., 2010]. Ils ont ainsi réduit leurs coûts de main d’œuvre et abandonné la taille en formes jardinées. En même temps, pendant plusieurs décennies, la fonction nourricière des jardins particuliers est un peu passée de mode et les arbres fruitiers y ont été moins cultivés.
Des années 1950 aux années 1990, l’arboriculture fruitière en espalier n’a pas échappé à l’utilisation intensive des traitements chimiques. Durant cette période, il était courant de faire une quarantaine de traitements chimiques par an dans le jardin-fruitier du Luxembourg, au Sénat. Depuis une trentaine d’années, et très souvent en précédant les règlementations, l’art de l’espalier a progressivement abandonné ces pratiques; les jardiniers, mangeant eux aussi des fruits, ont été conscients de la nécessité de cet effort. Même s’il y a eu des échecs (pertes d’arbres), la transition écologique a été réussie lorsqu’elle s’est accompagnée de plus d’observation et de compréhension, d’interventions plus précoces et plus précises, de la remise en pratique d’anciennes techniques (ensachage des fruits), de plus de planification et de plus de propreté, la science et la recherche accompagnant cet effort avec les nouvelles matières actives en lutte biologique. Cette transition a amené les jardiniers à acquérir de nouvelles compétences et à communiquer davantage avec leurs collègues et d’autres spécialistes.
A travers l’histoire, différentes façons de cultiver les arbres fruitiers ont vu le jour, répondant avec plus ou moins de bonheur aux défis de leur temps. Aujourd’hui, dans les vergers de production, la taille n’est qu’un élément du système de gestion des arbres – porte-greffe, distance de plantation, apports d’eau et d’engrais, etc. De nouvelles formes dites modernes ont été développées, [Lauri]. Ces formes s’appuient sur des connaissances anciennes (arcure) et des connaissances nouvelles (architecture de l’arbre) pour encore mieux adapter la conduite de l’arbre aux caractéristiques propres de chaque espèce et de chaque variété [voir la note sur ces formes en annexe]. Elles ont l’avantage d’accélérer la production de fruits, de réduire le temps nécessaire à la taille (10 à 20% du temps nécessaire pour les formes jardinées). Elles ont le désavantage de réduire la vie de l’arbre (environ 33% de la durée de vie des formes jardinées). Même si elles sont plus adaptées à un environnement professionnel ces pratiques de conduite des arbres fruitiers peuvent également avoir leur place dans les jardins des amateurs et dans les vergers urbains et péri-urbains –bien qu’ elles demandent plus de place que les formes jardinées.
Vergers Urbains a été créée en 2012, dans le 18ème arrondissement de Paris par un collectif ayant pour but de rendre la ville comestible, par un large éventail de modes d’action. Les fondateurs de Vergers Urbains sont investis pour la plupart dans le mouvement des « villes en transition » et la permaculture. Ils ont eu la volonté de sortir du monde souvent clos des jardins partagés pour investir plus largement l’espace public ou d’autres espaces collectifs. L’arbre fruitier est considéré par l’association comme le meilleur outil pour transformer le regard des citadins sur l’environnement urbain et susciter une réappropriation de la ville par le plus grand nombre. L’arbre n’est jamais isolé, il est parfois un prétexte, ou un vecteur, pour questionner sur la nature en ville, l’alimentation, ou le rôle des communs. Avec une très faible emprise au sol, il a un fort impact à la fois sur l’espace (le cadre de vie), sur l’écosystème urbain (lutte contre les îlots de chaleur urbains, augmentation de la biodiversité, captation du carbone, création de biomasse etc.), sur la santé (production saine et locale) et sur les liens sociaux.
Plus que tout autre arbre, les arbres fruitiers sont générateurs d’interactions entre les citadins. Ils provoquent des moments de convivialité autour de leur plantation, des récoltes, de la cuisine ; ils permettent de sensibiliser les habitants sur la question d’une alimentation saine et locale ou encore d’apprendre diverses techniques horticoles telles que la taille ou la greffe fruitière. Afin de mettre en valeur les bénéfices que portent les arbres fruitiers, l’équipe de Vergers Urbains rassemble des compétences diverses : paysagisme, urbanisme, architecture, agronomes, jardinage, animation. L’association compte plus de 200 projets réalisés ou en cours, avec au cœur de sa démarche l’implication des habitants. Implication nécessaire à la pérennité de nombre des projets. Ainsi, les séances de mobilisation, de co-conception et d’animation permettent aux citadins de se réapproprier l’espace public et se reconnecter avec leur environnement. « Nous adaptons le choix des formes en fonction des contextes et du degré d’implication des personnes concernées, qui seront amenées à en prendre soin. De par les contraintes propres au contexte urbain, les formes jardinées sont considérées comme les formes les plus adaptées pour amener l’arboriculture au cœur des villes. Ces contraintes sont liées à l’exigüité des espaces qui ne permettent pas le développement d’arbres fruitiers de plein vent ; ainsi qu’à la faible épaisseur de substrat qui ne permet pas d’accueillir d’arbres présentant un grand développement. De par leur faible développement, les arbres fruitiers palissés ont capacité à investir les espaces urbains résiduels, les entre deux. Aidé par les mains de l’homme, l’arbre fruitier peut adapter ses formes, pour s’intégrer au plus près des façades, sur les balcons, les terrasses, les toits. Plus qu’une confrontation antagoniste entre espaces cultivés et espaces bâtis, il s’agit d’une interaction créative et productive, une réconciliation ville nature. Les formes jardinées font partie à la fois du patrimoine architectural et du patrimoine paysager. Elles sont le symbole d’une co-évolution entre production agricole et ville. Symbole qui peut inspirer un retour d’une arboriculture de proximité, ou plus généralement du renforcement des liens entre ville et agriculture et l’émergence d’une ville comestible jardinée ».
Avec l’émergence de l’arbre fruitier en ville, l’art de l’espalier retrouve son potentiel de fournir une variété de services écosystémiques : contribution à la biodiversité et à la conservation des variétés anciennes et locales, contribution à la limitation du gaspillage, contribution à l’élimination des traitements phytosanitaires, contribution au mouvement de relocalisation des productions de fruits et aux bénéfices environnementaux de la végétalisation de la ville, et enfin contributions au bien-être individuel et collectif : contribution au goût et à son éducation, renforcement du lien à la nature, renforcement au lien avec l’histoire et les savoir-faire anciens, apport esthétique et renforcement des valeurs de persévérance, de résilience, et de tenue d’une vision à long terme.
L’art de l’espalier n’a jamais été une pratique isolée et s’est constamment nourri des découvertes des sciences des plantes, avec les découvertes continuelles sur la physiologie végétale spécifique à la végétation des espèces fruitières, pour le grand progrès des professionnels et une accessibilité facilitée au grand public.
L’arboriculture fruitière en formes jardinées montre de nombreux signes de vitalité.
Les réunions des 8 juin et 19 novembre 2020, du 6 avril 2021, du 4 février et du 13 décembre 2022 (cf. section V.1) ont réuni de nombreux passionnés de la communauté des pratiquants de l’art de l’espalier fruitier. Quelques très grands amateurs consacrent toujours leur vie à la constitution de vergers exceptionnels d’arbres fruitiers en formes jardinées.
De nombreuses associations s’investissent dans la création et l’entretien de vergers urbains et péri-urbains d’arbres fruitiers en formes jardinées. Contrairement aux autres activités de jardinage, l’arboriculture en formes jardinées génère des activités qui permettent d’animer la vie associative tout au long de l’année. Deux de ces associations ont ainsi très régulièrement participé aux réunions: Vergers urbains et Yvette Vallée en transition.
L’association des Croqueurs de pommes, qui, depuis 1978, travaille à la sauvegarde des variétés fruitières régionales en voie de disparition et regroupe plus de 8 200 membres, a aussi pour préoccupation les savoir-faire de l’arboriculture fruitière en formes jardinées et leur transmission. Cette arboriculture peut en effet faciliter la conservation des variétés anciennes. Les Croqueurs peuvent jouer un rôle significatif dans la mise en place de mesures de sauvegarde.
De très nombreuses municipalités s’intéressent à la plantation d’arbres fruitiers dans les espaces publics, ce qui a amené le collectif à organiser avec la ville de Nantes et Plante & Cité, les premières Assises des paysages comestibles fruitiers dans la Cité qui se dérouleront à Nantes les 7 et 8 septembre 2023. Ces initiatives de réintroduction de l’arbre fruitier en ville rencontrent souvent les problèmes difficiles de la formation des agents municipaux et de l’entretien de ces nouveaux vergers.
Les pépiniéristes spécialisés vendent chaque année plusieurs milliers de jeunes arbres préformés (âgés de 5/6 ans) en palmettes et autres formes jardinées. Ces ventes, qui ont longtemps stagné, semblent être à nouveau en croissance. Elles sont faites à une diversité de clients, parmi lesquels les particuliers représentent un segment significatif, qui continue donc de cultiver des arbres en formes jardinées.
De nouveaux usages des vergers en formes jardinées apparaissent, à l’instar de l’aide thérapeutique, développée par le verger de Sillery, à Épinay-sur-Orge (Essonne), qui confie l’entretien de ses arbres à des binômes constitués d’un bénévole et d’un « usager ».
Enfin, généralement pour des raisons esthétiques, des paysagistes préconisent toujours la plantation d’arbres fruitiers en espalier.
Si la vitalité est indéniable, les menaces et risques sont également nombreux.
• Problème d’information et d’image : l’art de l’espalier est une activité mal connue et son objectif de production de fruits de haute qualité et ses avantages en milieux exigus sont souvent ignorés. Elle souffre d’une image de pratique compliquée et difficile à maîtriser, ce qui est un problème pour la transmission de ces savoir-faire aux amateurs. L’image de l’art de l’espalier est également souvent un peu vieillotte et mériterait d’être sérieusement rajeunie. Dans le but de contribuer à dissiper les malentendus, l’association des Amis du Potager du Roi a conçu une liste de « Vrai-Faux ».
• En transition, la communauté de l’art de l’espalier ne semble plus être ou pas encore redevenue une véritable communauté. Ses différents membres communiquent relativement peu entre eux. Contrairement à d’autres cas, il n’existe pas de réunions ou d’événements où se retrouvent les membres de la communauté ni de publications spécifiques.
• De nombreux membres de la communauté se recrutent parmi les retraités, très importants pour la communauté car ils constituent une grande réserve de bénévoles. Il conviendrait cependant de faire des efforts pour recruter des membres plus jeunes, ce qui semble tout à fait possible au vu de l’expérience de plusieurs associations.
• Déficit de jardins fruitiers et vergers d’excellence : de nombreux jardins fruitiers, centres traditionnels de l’art de l’espalier ont vu leur patrimoine arboricole décliner au cours des dernières années. Les nouveaux centres associatifs de l’art de l’espalier ne se sont pas encore établis comme centres d’excellence. Ces jardins fruitiers et vergers, seuls capables de montrer une large collection de formes avec des arbres d’âges différents, sont essentiels à la formation des jardiniers et amateurs.
• Problème de leadership de la communauté : les réunions de juin et de novembre 2020 ont montré que les grands experts du début du XXIe siècle n’ont pas encore trouvé suffisamment de successeurs pour former, développer et guider la communauté. La très grande majorité de ses membres, présents à cette réunion, ont indiqué que leur entrée et leur implication durable dans l’art de l’espalier avaient résulté de contacts (formation, conseils, échanges) avec l’un des deux grands experts du domaine, Jacques Beccaletto ou Denis Retournard.
• Absence de métiers spécifiques à l’art de l’espalier dans le passé, les principaux sachants et formateurs étaient attachés à des centres traditionnels de l’arboriculture fruitière en formes jardinées, qui n’ont plus, aujourd’hui, le même rayonnement. Il est urgent d’inventer de nouveaux cadres dans lesquels pourraient se développer un nouveau métier de formateur/conseil en arboriculture fruitière en formes jardinées. Les métiers connexes (arboriculteurs professionnels, jardiniers d’espaces verts urbains, etc.) ont de moins en moins de compétences dans ce type d’arboriculture.
• Même si l’offre en supports d’information et d’initiation est importante et souvent utile, l’offre de formation reste insuffisante. L’arboriculture fruitière en formes jardinées requiert des formations initiales, des formations continues ainsi que des formules de suivi et de conseil. Lors de la réunion du 19 novembre 2020, il a été décidé de constituer une structure d’échange continue d’information et cela notamment en matière de formation.
• Plantation d’arbres fruitiers en ville, dans les écoles, etc.
• Développement d’associations et d’entreprises d’arboriculture fruitière urbaine et péri-urbaine
• Offre de jeunes arbres en espaliers par les pépiniéristes
• Accueil, formation et encadrement de bénévoles dans les associations
• Nouvelles formations
• Inventaires spécialisés (cf. section IV.4 Inventaires réalisés)
• Accueil d’apprentis (limité)
Dans sa lettre de soutien à l’inscription (cf. section V.2), l’École Du Breuil assure « accompagner le regain d’intérêt pour l’arboriculture fruitière en forme jardinée en ville et comme mode de production », en s’appuyant notamment sur son BPREA Fermes agroécologiques urbaines et péri-urbaines pour tester la viabilité et les moyens de remettre l’arboriculture en forme jardinée au cœur d’un processus de production.
L’association Yvette-Vallée en transition communique une image moderne de l’art de l’espalier auprès d’un public jeune et composé d’hommes et de femmes.
En 2022, un groupe de pépiniéristes spécialisés au sein de l’interprofession VALHOR a obtenu la reconnaissance d’un nouveau Label Rouge Arbres Fruitiers de jardin.
Un représentant du réseau RESO’THEM-Hortipaysages, réseau national des établissements de formation agricole, du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a participé à toutes les réunions du collectif (cf. section V.1) et a proposé de faciliter les appuis par la formation en matière de transfert et de maintien des compétences et des capacités professionnelles dans le domaine de l’art de l’espalier, indiquant que « les structures publiques de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) et leurs homologues du secteur privé pourraient être invitées à apporter leurs contributions, à leur convenance ». Voir les premiers résultats obtenus dans "Mesures de sauvegarde envisagées".
Dès leurs premières réunions, les membres du collectif, se sont accordés sur le fait que si l’art de l’espalier est exposé à des menaces, il retrouve aujourd’hui une vitalité qui doit être renforcée par une multitude de mesures de sauvegarde. Ces initiatives doivent être portées par les membres de la communauté qui seuls peuvent prendre en charge le développement et la transmission de ce qui les rassemble. Les mesures proposées ci-dessous ne sont que des premières pistes.
La complexité de cette communauté fait qu’il faut maintenir les efforts pour inclure tous ses membres. Il faut également se rapprocher de communautés connexes qui partagent des passions communes et avec lesquelles des collaborations fructueuses peuvent s’établir. C’est ainsi que le collectif a été très heureux d’accueillir en 2022 l’association des Arbusticulteurs (spécialistes des arbustes en général, donc des arbustes fruitiers). Un autre objectif est de mettre en œuvre des analyses systématiques des récentes et souvent importantes plantations d’arbres fruitiers en ville : quelle y est la véritable place de l’art de l’espalier ? Quels sont les enjeux de ce nouveau développement de l’art de l’espalier ? C’est dans ce but que le collectif a mis en place avec Plante & Cité (Angers) un Observatoire des paysages comestibles fruitiers dans la Cité. Il convient également de continuer à analyser les autres développements de l’art de l’espalier.
Plusieurs participants à la réunion du collectif du 13 décembre ont décrit les actions de promotion de l’arboriculture fruitière qu’ils mènent (information, initiation, formation, conseils, bourses aux greffons, etc.) et parmi celles-ci, les actions d’initiation et à la taille de formation et de fructification en particulier. Parmi les intervenants à la réunion du 13 décembre on peut citer le Centre Régional de ressources génétiques des Hauts de France, le Jardin des Merlettes, les associations ‘I z’on creuqué eun’ pomm’’ et les Croqueurs de l’Ile-de-France et d’Anjou. Une tendance prometteuse a été mentionnée par la plupart des intervenants : les participants à ces initiatives sont de plus en plus jeunes et de plus en plus de femmes y prennent part. Cette tendance a été confirmée par les responsables des cours de formation à l’arboriculture fruitière du jardin du Luxembourg. Il convient aussi de noter les récentes initiatives de communication lancées par le jardin des Merlettes ou le Centre national de Pomologie d’Alès (voir également la transcription de la réunion du 13 décembre 2022). Finalement, il faut noter l’importante communication récemment effectuée par le Potager du Roi autour de la reconstitution de plusieurs lignes de palmettes Legendre autour du Grand Carré. Cette communication a également permis de mieux faire connaître l’importance de la ferronnerie d’art nécessaire à la conduite de ces arbres. Il faut cependant reconnaître que la pratique de l’art de l’espalier reste insuffisamment comprise et qu’il est important de faire mieux comprendre l’ensemble des services qu’elle peut rendre au-delà de la simple production de fruits. Il faut faire mieux comprendre ses avantages et ses limites. Il faut également montrer que c’est une pratique riche de sens dont l’accès n’est pas particulièrement difficile et qui est ouverte à tous. C’est dans ce but que plusieurs membres du collectif, comme la ville de Ris-Orangis ou la Fédération de Murs à Pêches de Montreuil ont récemment lancé de nouvelles initiatives ouvertes à un large public.
Plusieurs pistes sont apparues récemment :
a donné lieu à de nombreux échanges sur la valeur de la réintroduction de formations à l’arboriculture fruitière avec une spécialisation art de l’espalier dans l’enseignement technique agricole. Une nouvelle formation à la mise en place, à l’entretien et au suivi d’un verger en formes adaptées aux espaces contraints de la ville doit être lancée par le centre CFP-MFR La Ferrière (Vendée) à l’automne 2023.
est en cours d’élaboration à l’École nationale supérieure de paysage sous l’égide du Campus Versailles patrimoine et artisanat d’excellence, avec l’École Du Breuil, le Lycée agricole de Saint Germain-en-Laye et l’Établissement public du Château de Versailles.
La récente introduction d’un module arboriculture fruitière en formes jardinées dans le BPREA Fermes agro écologiques urbaines et péri-urbaines de l’École Du Breuil est une très bonne nouvelle. On doit aussi saluer le rôle des associations. Les Croqueurs de pommes peuvent servir d’exemple pour organiser des formations, développer des centres de compétences, capables non seulement de transmettre le savoir-faire, mais également de créer de nouveaux savoir-faire, développer des publications, etc. De même, l’intérêt du CRBA de Lyon (Rhône) pour développer un pôle régional de formation mettant en avant la tradition lyonnaise de l’arboriculture en formes jardinées est une autre bonne nouvelle.
Le besoin de vergers pédagogiques. Dans la mesure où les formations pratiques à l’art de l’espalier nécessitent un patrimoine important d’arbres (un arbre ne se taille qu’une fois et les apprenants doivent pouvoir apprendre sur des arbres d’espèces différentes, de formes différentes et d’âges différents). Il convient donc de replanter des arbres fruitiers – ce qui se passe aujourd’hui en milieu urbain et également de redécouvrir les vieux arbres qui existent dans certains jardins et de restaurer les nombreux jardins potagers et fruitiers historiques ‘oubliés’ qui existent en France. L’expérience du CFP MFR La Ferrière montre également qu’un centre de formation peut constituer un réseau local de jardins fruitiers et de vergers : un tel réseau pouvant permettre au centre de donner accès à ses élèves à un nombre important d’arbres et aux propriétaires et gestionnaires de ces jardins et vergers d’avoir des arbres bien taillés. Au cours de la réunion du 23 janvier 2023, les responsables des Vergers-Potagers du château de Montigny-sur-Aube (Côte-d’Or) et de l’association I z’on creuqué eun’ pomm (Oise) ont indiqué leur intérêt pour participer à des réseaux de vergers pédagogiques.
Même si elle n’est pas facile à mettre en œuvre, cette mesure de sauvegarde est probablement essentielle. En effet, le développement de formations professionnelles ne peut se justifier que si un vrai métier de jardiniers arboriculteurs fruitiers spécialisés dans l’art de l’espalier existe. Aujourd’hui, ce métier est trop devenu un métier de « niche » (au mieux parfois un métier d'art) qui n'est pas aujourd'hui suffisamment valorisé (image et salaires). Ce manque de reconnaissance entraîne bien évidemment une pénurie de vocations. Les choses ne sont cependant pas aussi sombres quand on constate la récente réintroduction de l’arbre fruitier en ville : pour que cette introduction réussisse, il va falloir de nombreux jardiniers arboriculteurs spécialisés dans l’art de l’espalier. Pour cela il va falloir aider les jardiniers en place à développer de nouvelles compétences et recruter de nouveaux jardiniers.
En 2021, le collectif a constitué un groupe de travail qui a pu produire un premier référentiel de formation de professionnels. Les 17 et 18 janvier 2023, le collectif a organisé une première formation de formateurs au Château de Valmer. Ces Journées de Valmer ont réuni 34 personnes (28 participants, quatre de nos plus grands experts et enseignants : Jacques Beccaletto, François Moulin, Thierry Regnier et Denis Retournard, ainsi que deux facilitateurs). Trois générations étaient présentes avec un nombre significatif de jeunes enseignants de l’arboriculture fruitière appartenant aux milieux de l’enseignement agricole, des agents des services municipaux et des membres d’associations venant de la région parisienne, de Lyon, de Nantes, de la Ferrière en Vendée, de Tours, et pour 3 d’entre eux de l’étranger. Il ne s’agissait pas d’un cours de taille mais bien d’échanges et de réflexions sur les meilleures façons de transmettre les savoirs, savoir-faire et gestes de l’art de l’espalier. Plusieurs des échanges aux pieds des arbres fruitiers ont été filmés de façon à pouvoir en faire bénéficier d’autres enseignants. Un rapport a été établi sur ces premières journées de la transmission.
Au niveau productif, les organismes scientifiques s’intéressent évidemment avant tout à l’arboriculture fruitière de type industriel et à l’amélioration de sa productivité. Nous pensons cependant que la communauté scientifique pourrait s’intéresser aux autres services de l’arboriculture fruitière : contribution à l’agriculture urbaine et péri-urbaine, agroforesterie, développement des micro-fermes, contribution au bien être individuel et social, etc. Nous sommes très heureux de la participation aux travaux du collectif, depuis 2022, de Marie-Reine Fleisch d’AgroParisTech. Il faut également noter que depuis 2022, Vergers Urbains collabore avec l’équipe agriculture urbaine de l’UMR SADAPT de l’INRAE – AgroParisTech.
Mesurer des impacts écologiques. Il nous paraît important que la communauté scientifique s’approprie l’étude de l’impact écologique de la réintroduction de l’arbre fruitier en ville et de l’impact écologique de l’espalier en particulier.
Adaptation au changement climatique. C’est un autre domaine qui mérite de continuer à être investi par la communauté scientifique [Legave]. L’art de l’espalier est tout à fait susceptible d’être utilisé pour de nouvelles espèces et variétés.
Comment inciter les municipalités à planter de nouveaux vergers d’arbres fruitiers en formes jardinées dans leurs espaces verts et dans leurs écoles et à libérer des espaces pour des vergers associatifs ? Cela pourrait passer par l’organisation d’événements autour des arbres fruitiers en ville et par l’apport de solutions pour l’entretien des vergers déjà plantés. Ces solutions peuvent résulter de la formation des jardiniers municipaux, par des bénévoles et/ou par de nouveaux professionnels. C’est dans cet esprit que le collectif est entré en partenariat avec Plante & Cité et la ville de Nantes pour lancer les Premières assises internationales des paysages comestibles fruitiers (« Des fruitiers dans la cité ») à Nantes les 7 et 8 septembre 2023. Ces assises permettront notamment de présenter des initiatives inspirantes, et d’échanger autour des chapitres d’un guide méthodologique pour la mise en place de paysages comestibles fruitiers, que Plante & Cité prévoit de diffuser en 2024.
Les développements récents de l’agriculture urbaine et péri-urbaine ( voir [Aubry et al] et l’AFAUP) se sont probablement plus faits autour des productions légumières que des productions fruitières. Par leur adaptation naturelle aux petits jardins, les espaliers peuvent permettre d’augmenter la production fruitière de cette nouvelle agriculture.
Pour tous les particuliers qui possèdent un jardin, qui ont accès à un jardin partagé voire à un jardin de copropriété, les arbres en formes jardinées peuvent leur permettre d’avoir accès à des fruits de qualité. Pour les gestionnaires et propriétaires de fruitiers et potagers d’exception, on pourrait envisager la création d’un label « Jardin fruitier remarquable ». Un projet de « concours fruitier » a été par exemple envisagé plusieurs fois avec plusieurs associations et la SNHF, Société Nationale d’Horticulture de France, déjà organisateur du prix annuel du « Concours National des Jardins Potagers ».
Les pépiniéristes devraient notamment fournir plus d’information sur les porte-greffes et offrir plus de contrats de culture.
Il est urgent que les jardiniers arboriculteurs expérimentés prennent le relais des grands anciens, ce qui passe probablement par une meilleure valorisation salariale de leurs compétences.
Plus de femmes dans des rôles de « sachantes », plus de jeunes générations, plus de diversité sociale, etc.
La constitution de l’inventaire (cf. section IV.4 Inventaires réalisés) a fait ainsi prendre connaissance des initiatives du Conservatoire végétal régional d’Aquitaine, qui avait trouvé, il y a quelques années des approches intéressantes dans ses relations avec les municipalités.
La démarche d’inscription de l’arboriculture fruitière en formes jardinées a recueilli, à ce jour, 33 lettres de consentement et de soutien, réunies dans un dossier de 94 pages.
https://artdelespalier.org/wp-content/uploads/2023/03/soutiens-art-espalier-2303151.pdf
Ont adressé leur soutien :
Larcher, Gérard, Président du Sénat
Ville de Montreuil (Patrice Bessac, maire). D’autres acteurs locaux se sont joints à ce soutien : Fédération des Murs à Pêches, Société Régionale d’Horticulture de Montreuil, Association Fruits défendus, association des Murs à pêches et jardin remarquable de Patrick et Geneviève (ces deux derniers ont aussi transmis des lettres en leur nom).
Corbière, Alexis, député de la Seine-Saint-Denis, circonscription de Bagnolet-Montreuil
Croq, Gisèle, ingénieur des Jardins du Luxembourg
Hennekine, Alexandre, ex-directeur, pour l’École Du Breuil
Leterme, Évelyne, ex-fondatrice et directrice, Conservatoire végétal régional d'Aquitaine
Triollet, Régis, animateur national DGER-BDAPI, RESOTHEM-Hortipaysages
Goelzer, Sébastien, urbaniste, co-fondateur, et Jalet, Hugo, pour l’association Vergers Urbains
Douchin, Frédéric, gérant, pépinières du Parc
Nicou, Michel, directeur général, pépinières Minier
Ogereau, Pierre, gérant, pépinières Ogereau
Haussonville, Jean d’, Directeur Général du Domaine national de Chambord
Loumaye, Anne-France, Jardins d’Annevoie
Taulard, Julien, jardinier en chef, Château de Talcy
Coulomb, Christine, créatrice, Le Jardin des Merlettes
Fontaine, Patrick, jardinier arboriculteur amateur, Le Verger de Patrick et Geneviève, Murs à pêches de Montreuil
Schaeffer, Jean-Claude, créateur, verger Les Ceveaux
Stillace, Dominique, créateur, La Pommeraie idéale
Batz, Anne-Christine de, pour Les amis du dehors (Port-Royal des Champs)
Benoît-Tekatlian, Marie, pour l’Association des Murs à pêches de Montreuil
Debarle, Gilles, pour Jardins potagers et fruitiers de France
Del Porto, Pierre, pour AFMA
Fourey, Henri, président Croqueurs de pommes de l’Île de France
Verbrugghe, Éric, pour l’Association I z’on creuqué eun’ pomm’
Buffévent, Alexia de
Cathelin, Florence
Gilquin, Bernard
Lebarillier, Anne, membre de l’association des jardiniers amateurs de la Manche
Nérot, Éric
Seillière, Antoinette
Beccaletto, Jacques, ancien jardinier en chef du Potager du Roi
Durnerin, Alain, ingénieur horticole, ingénieur en chef du Génie rural et des Eaux et forêts (en retraite)
Moulin, François, conseiller technique et encadrant, Croqueurs de pommes de l’Île-de-France
Enggasser, Josiane, pour CULINARIUM ALPINUM (Suisse)
Le chef d’orchestre William Christie, créateur des Arts Florissants et des jardins de la Fondation William Christie à Thiré (Vendée), pratiquant de l’art de l’espalier, a apporté son soutien par une vidéo, échange avec Jacques Beccaletto (vue plus de 3000 fois sur YouTube).
La démarche a aussi reçu le soutien de Pierre Louault, sénateur d’Indre-et-Loire et ancien maire de Chédigny, village labellisé « jardin remarquable ».
L’histoire de la taille fruitière n’est pas née d’une invention ou d’un inventeur. Pas d’homme extraordinaire ni de savant « un peu fou » qui change la face du monde grâce à une trouvaille technique bricolée dans un laboratoire de fortune. Ici, l'invention est la réponse à un problème posé grâce à des circonstances imprévues. Selon la légende, un âne aurait appris aux humains à tailler la vigne, quelque part en Palestine, en grignotant les sarments d'un pied... C'est ce pied qui porta les plus belles grappes, les viticulteurs commencèrent alors à tailler tous leurs pieds. Même s’il reste une place pour les histoires merveilleuses, le geste et le savoir-faire dans la taille sont d’ordre technique et ne relèvent pas du tout de la question de la science en tant qu’interprétation du phénomène. Ce n’est pas la science qui a précédé la technique, mais, à partir du XIXe siècle, les rôles seront inversés.
L’intervention de Jacques Beccaletto, faite en 2009, sur les arbres en formes jardinées au Potager du Roi, est accessible en ligne sur le site de l’association des Amis du Potager :
http://www.amisdupotagerduroi.org/wp-content/uploads/2021/06/Presenatation-Jacques-Beccaletto.pdf
Un premier inventaire des différents groupes de la communauté actuelle des praticiens et détenteurs des savoir-faire de l’arboriculture fruitière en France a été lancé en septembre 2019, sous l’égide des associations des Amis du Potager du Roi et des Murs à pêches de Montreuil. Fondée sur une base de données et un questionnaire, sa synthèse a été présentée le 8 juin 2020 lors de la réunion de la communauté de l’arboriculture fruitière en formes jardinée.
Chagnon (Catherine), Retournard (Denis), Schlosser (Michel), Inventaire de la situation de l’arboriculture fruitière en formes jardinées, Paris, Amis du Potager du Roi / Murs à Pêches, juin 2020.
http://www.amisdupotagerduroi.org/wp-content/uploads/2020/09/Premier-Inventaire-de-larboriculture-en-formes-jardinees_8-Juin-2020.pdf
Plante & Cité et le Collectif se sont associés pour lancer en 2021/2022 un Observatoire des paysages comestibles fruitiers dans la cité, sous la forme d’un questionnaire en ligne, avec pour but de mieux comprendre les initiatives de plantations de fruitiers en ville, la place des différentes formes fruitières dans ces initiatives, les services associés, les thèmes sur lesquels les répondants souhaitaient poursuivre les échanges, et les principales difficultés rencontrées. Les résultats de cet observatoire ont permis de confirmer la place significative des espaliers et contre-espaliers, présents dans 55% des plantations recensées (les petites formes en volume sont aussi présentes dans plus d’un tiers des cas). De manière globale, ils ont montré que de nombreux services socio-écosystémiques sont associés aux fruitiers en milieu urbain et aux activités générées par les soins aux arbres, au premier rang desquels le lien social créé entre les habitants, la préservation de la biodiversité, l’augmentation de l’intérêt pour la nature cultivée, et l’accès à une nourriture saine et de saison.
L’enquête a par ailleurs montré de fortes attentes de partage d’expériences et de connaissances autour de la question de l’arbre fruitier en ville, et plus de 300 participants se sont inscrits à un webinaire organisé en juillet 2022 pour présenter à la fois les résultats de l’Observatoire et l’ensemble des possibilités d’utilisation des formes fruitières en milieu urbain.
Si les fruitiers en ville sont de plus en plus plébiscités, tant l’enquête que les premiers échanges confirment l’urgence d’organiser des processus de transmission des savoirs et savoir-faire, ce thème venant en tête des problèmes les plus difficiles mentionnés par les participants, en particulier s’agissant des jardiniers des services des espaces verts.
La densité des vieux poiriers haute-tige palissés sur les façades et les pignons des habitations rurales a été mise en évidence en Wallonie et en Nord-Pas de Calais à l’issue d’un inventaire réalisé en 2010-2011 dans l’Avesnois-Thiérache (France) et le sud de l’Entre Sambre et Meuse (Belgique). Cet inventaire a été réalisé dans le cadre du projet BIODIMESTICA de coopération transfrontalière, soutenu par l’Union européenne et les Régions de Wallonie et du Nord-Pas de Calais, en associant le Centre régional de ressources génétiques du Nord-Pas de Calais et le Centre de recherches agronomiques de Wallonie, à Gembloux, le Parc naturel Viroin-Hermeton (Belgique) et le PNR de l'Avesnois (France).
Les Poiriers palissés. Une tradition du Nord-Pas de Calais et de Wallonie, Tournai, CRA-Wallonie / CRRG Nord-Pas de Calais, octobre 2014, 65 pages. En ligne : https://rwdf.cra.wallonie.be/sites/default/files/linked_docs/Fruits/7-Espaliers/Les_poiriers_palisses.pdf
Le moteur de recherche dans les bases patrimoniales du ministère de la Culture propose une vingtaine de résultats pertinents à la requête sur le mot-clé « palissés », qui renvoient aux collections photographiques de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine et aux notices documentaires de sites et d’objets mobiliers réalisées par les services de l’Inventaire général du patrimoine culturel.
https://www.pop.culture.gouv.fr/search/list?mainSearch=%22paliss%C3%A9s%22
Association Danone pour les fruits, Inventaire national des collections fruitières, Levallois-Perret, Association Danone pour les fruits (coll. « Patrimoine fruitier »), 2001.
Aubry (Christine), Giacché (Guilia), Maxime (Françoise), Soulard (Christophe-Toussaint), cood. Les agricultures urbaines en France, Versailles, Quæ, 2022.
Beccaletto (Jacques), Encyclopédie des formes fruitières. « Les modes de conduite » : un métier, un art, une passion, Arles, Actes Sud, 2010.
Beccaletto (Jacques), Retournard (Denis), La Taille des arbres fruitiers. Former et entretenir toutes les formes fruitières pas à pas, Paris, Ulmer, 2015.
Boyceau de La Baraudière (Jacques), Traité de jardinage selon les raisons de la nature et de l’art, Paris 1638.
Cusin (Louis), « Les palmettes Verrier. Suite et fin », L’Horticulture nouvelle, Lyon, 1899.
Du Breuil (Alphonse), Cours élémentaires théoriques et pratiques d’arboriculture, Paris, Masson éditeur,1846
Duhamel du Monceau (Henri-Louis), Traité des arbres fruitiers, contenant leur figure, leur description, leur culture, etc., tome Ier, Paris, Saillant et Desaint, 1768.
Hamon (Serge), L’odyssée des plantes sauvages et cultivées, Marseille Versailles, Quæ, 2018
Frère Henri, Cours pratique d’arboriculture fruitière, Rennes, libraire-éditeur Fougeray, 1878.
Hoying (S.A.) et Robinson (T.L.), The apple orchard planting system puzzle, 10.17660/Acta Hotc.1998.513.30
Ingels (Chuck), Wave of the Future : Espalier for Harvest and Pest Management, University
Janick (Jules), The origins of fruits, fruit growing and fruit breeding, Wiley online library, 2010
Kung (Michael), Kho (Cybil), Kwok (Lilian), Espaliers, Transforming ordinary vegetation into living works of art, Singapore,
La Quintinie (Jean Baptiste) de., Instruction pour les jardins fruitiers et potagers, Paris, Claude Barbin, 1690, Rééd. Arles, Actes Sud, 1999.
Lauri (Pierre-Eric), "From tree architecture to tree training. An overview of recent concepts developed in Apple in France", Journal of the Korean Society for Horticultural Science 43 (6), 2002
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Leterme (Evelyne), La biodiversité amie du verger, Rodez, Rouergue, 2014
Plénet (Daniel), Simon (Sylvaine), Vercambre (Gilles), Lescourret (Françoise), « Systèmes de culture en arboriculture fruitière et qualité des fruits », Innovations agronomiques, n° 9, 2010, p. 85-105.
Prat (Jean-Yves), Retournard (Denis), L'ABC de la taille, Paris, Rustica éditions, 1999.
Reich (Lee) Fruiting espaliers: a fusion of Art and Science, Arnoldia, 1999-2000, winter
Lafarge (Ivan) Les murs à palisser “à la Montreuil”, e-Phaïstos, Volume 1 n0 1 Juin 2012
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Vercier (Joseph), Arboriculture fruitière, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1911.
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Les Arts Florissants, Le verger de William Christie, 2020, 3 min. 43 : https://www.facebook.com/watch/?v=304018360759176
DRIEE Ile-de-France, Les murs à pêches de Montreuil, l’œuvre de ma vie (jardin remarquable de Patrick et Geneviève), 2019, 3 min. 33 : http://www.driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/IMG/mp4/mursmontreuilvideo-h264_pour_la_diffusion_de_podcasts_video_medium.mp4
France 3 Centre Val-de-Loire, Découverte de "La pommeraie idéale" à Saint-Denis-de-Jouhet (Indre), reportage, 2017, 4 min. 21 : https://youtu.be/fuMd8ld5nzY
France 3 Paris Ile-de-France, Les murs à pêches de Montreuil, un patrimoine francilien en danger, 2020, 2 mn 34 : https://www.youtube.com/watch?v=M3HS4PMYCms
Parcs et jardins région Centre, Centre Val-de-Loire le château d’Ainay-le-Vieil, 2016, 13 min. 12 : https://www.youtube.com/watch?v=yfrQFUpQNZg
Association des Murs à Pêches de Montreuil, « L’arbre palissé, son mur, patrimoine universel ? », 2020, 9 min. : https://wp.me/poPRW-1UB
Debaisieux, Olivier, Pommiers et poiriers en espalier aux pépinières d'Enghien, 2016, 13mn : https://www.youtube.com/watch?v=VihL-S1X0I0
France 2 émission Télé Matin, Arbres fruitiers palissés, intervention de Laurent Chatelain (pépinières Chatelain), 2016, 4 min. 50 : https://www.youtube.com/watch?v=A5mI9ojVPIk&t=217s
Marc Mennessier, Tout savoir sur la taille des arbres fruitiers avec Denis Retournard, mars 2017, 36 min. : https://www.lefigaro.fr/jardin/2017/03/07/30008-20170307ARTFIG00102-jardin-tout-savoir-sur-la-taille-des-arbres-fruitiers.php
Truffaut, Comment cultiver des arbres fruitiers palissés, 2021, 4 mn 34, https://www.youtube.com/watch?v=gjhbWkEKoUc
David Jeannerot, Visite au verger du Luxembourg (Paris), 2017, 6 min. 45 : https://www.youtube.com/watch?v=aXDysxg45Qc
École nationale supérieure de paysage, Le Potager du Roi par ses jardiniers, avril 2020, 6 min. 11 : https://www.youtube.com/watch?v=n5RiGOe7aCo
Parcs et jardins région Centre, Centre Val-de-Loire le château d’Ainay-le-Vieil, 2016, 13 min. 12 : https://www.youtube.com/watch?v=yfrQFUpQNZg
France 3 Hauts de France, Recques-sur-Hem (Pas-de-Calais) : deux poiriers de la façade d’une maison labellisés « Arbres remarquables », 2010, 24 sec. : https://www.youtube.com/watch?v=oPEIu4SsWEU
Peter Thevenot, River Road Farms An Espaliered Tree Nursery Tour, 4 min.57: https://youtu.be/MjGNgLO9_Tk
Guido Tolke et Julia Dordel, Jupiter Films, L’intelligence des arbres, 2016, 1 h. 20 min.
• Collectif : https://artdelespalier.org/
• Amis du Potager du Roi : http://www.amisdupotagerduroi.org/
• Association des Murs à pêches de Montreuil (Seine-Saint -Denis) : https://mursapeches.blog
• Château de la Bourdaisière (Montlouis-sur-Loire, Indre-et-Loire) : https://www.labourdaisiere.com/portfolio-category/parc-jardins/
• Château d’Esquelbecq (Nord) : https://chateau-esquelbecq.com/jardin-flamande-2/
• Château de Talcy (Loir-et-Cher) : http://www.chateau-talcy.fr
• Château de Valmer (Chançay, Indre-et-Loire) : https://www.chateaudevalmer.com/le-domaine/les-jardins
• Château de Villandry (Indre-et-Loire) : https://www.chateauvillandry.fr/chateau-jardins/jardins-villandry-pas-a-pas/
• Croqueurs de pommes d’Île-de-France (Eaubonne, Val-d’Oise) : https://www.croqueur-idf.fr/
• Domaine national de Chambord (Loir-et-Cher) : https://www.chambord.org/fr/les-ecuries-de-chambord/les-jardins-potagers-de-chambord/
• École Du Breuil. Arts et Techniques du paysage (Paris 12e) : http://www.ecoledubreuil.fr/
• ENSP Potager du Roi (Versailles, Yvelines) : http://www.potager-du-roi.fr/site/potager/index.htm
• Jardin-école de la Société Régionale d’Horticulture de Montreuil (Seine-Saint -Denis) : https://jardin-ecole.com/newsitejardin-ecole
• Jardins fruitiers de Laquenexy (Moselle) : http://www.jardinsfruitiersdelaquenexy.com
• La Pommeraie idéale (Saint-Denis-de Jouhet, Indre) : www.pommeraie-ideale.com
• Le jardin des Merlettes (Saint-Loup-des-Bois, Nièvre) : http://jardindesmerlettes.com
• Potager conservatoire de Lacroix-Laval : http://parcs.grandlyon.com/potager3D/index.html
• Prieuré Notre-Dame d’Orsan (Maisonnais, Cher) : http://www.prieuredorsan.com
• Sénat (jardin du Luxembourg, Paris 6e) : http://www.senat.fr/visite/jardin/index.html
• Vergers urbains (Paris 18e) : http://vergersurbains.org
La démarche de reconnaissance des savoir-faire de l’art de l’espalier fruitier au Patrimoine culturel immatériel s’appuie sur un collectif qui s’est réuni à six reprises depuis juin 2020 (8 juin et 19 novembre 2020, 6 avril 2021, 4 février , 13 décembre 2022 et 23 janvier 2023). Au préalable, 26 responsables de jardins fruitiers avaient contribué à l’inventaire en répondant à un questionnaire. Chacune des réunions a permis d’accueillir de nouveaux membres et d’élargir les échanges, en particulier aux développements de l’arboriculture fruitière en ville et dans le monde associatif, ainsi qu’au thème de la formation. Chaque réunion (sauf celle du 23 janvier 2023) a donné lieu à un compte rendu détaillé approuvé par les participants. 119 personnes ont participé au moins une fois à ces réunions,
École Du Breuil :
Bauzet, Jean Pierre, responsable du Domaine de l’École Du Breuil, 75012 Paris, jean-pierre.bauzet@paris.fr
Degardin, Alexandre, jardinier formateur à l’École Du Breuil, 75012 Paris, alexandre.degardin@paris.fr
Deschamps, Joffrey, enseignant formation des jardiniers gastronomes, 75012 Paris, joffrey.deschamps@paris.fr
Duplat, Arnaud, jardinier formateur à l’École Du Breuil, 75012 Paris arnaud.duplat@paris.fr
Garaix, Léon, directeur de l’École Du Breuil, 75012 Paris, leon.garaix@paris.fr
Marin, Agnès, Directrice de la formation pour adultes à l’École Du Breuil, 75012 Paris, agnes.marin@paris.fr
Bonnet, Alexandra, directrice de l’École Nationale Supérieure de Paysage, 78000 Versailles, a.bonnet@ecole-paysage.fr
Jacobsohn, Antoine, adjoint à la directrice de l’École Nationale Supérieure de Paysage, en charge du potager du roi, 78000 Versailles, a.jacobsohn@ecole-paysage.fr
Croq, Gisèle, ingénieur des Jardins du Luxembourg, 75006 Paris, g.croq@senat.fr
Delalex, Franck, responsable du verger, Jardins du Luxembourg, 75006 Paris, f.delalex@senat.fr
Hermet, Yann, assistant technique des jardins du Luxembourg, y.hermet@senat.fr
Lelièvre, Bernard, président, Société Régionale d'Horticulture de Montreuil, 93100 Montreuil, bernard.lelievre9@wanadoo.fr
Schuller, Philippe, responsable du jardin école, Société Régionale d'Horticulture de Montreuil, 93100 Montreuil, philippe.schuller@sfr.fr
Coulomb, Christine, créatrice, Le Jardin des Merlettes, 58200 Saint-Loup-des-Bois, c.coulomb@jardindesmerlettes.com
Fontaine, Patrick, jardinier arboriculteur amateur (jardin familial labellisé Jardin Remarquable), Le Jardin de Patrick et Geneviève (Murs à pêches de Montreuil), 93100 Montreuil, patrickfontaine49@wanadoo.fr
Schaeffer, Jean-Claude, créateur du verger « Les Ceveaux », 36210 Chabris, (décédé en mai 2021)
Stillace, Dominique, créateur de la Pommeraie idéale, 36230 Saint-Denis-de-Jouhet, lapommeraieideale@gmail.com
Barbaud Marc, expert jardin, Jardins de la fondation William Christie à Thiré (Vendée), et jardins du Logis de Chaligny (Vendée), barbaud.marc@orange.fr
Batz, Anne-Christine de, ex-présidente des Amis du Dehors, Port-Royal de Champs, 78114 Magny-les-Hameaux (nouvelle présidente : Janine Rouet, lesamisdudehors@gmail.com)
Bommelaer, Laure, propriétaire gestionnaire, Château de la Bussière, 45230 La Bussière, chateaudelabussiere@gmail.com
Doury, Nathalie, directrice du Musée départemental Albert Kahn, Jardin Albert Kahn, 92100 Boulogne-Billancourt, ndoury@hauts-de-seine.fr
Garbe, Pascal, directeur de Moselle Passion, pascal.garbe@moselle.fr, et Pereira, Claire, chef jardinier, Jardins fruitiers de Laquenexy, 57530 Laquenexy, claire.pereira@moselle.fr
La Tour d’Auvergne, Marie-Sol de, co-propriétaire responsable des jardins, Château d’Ainay-le-Vieil, vice-présidente, Fondation des parcs et jardins de France, 18200 Ainay-le-Vieil, accueil@chateau-ainaylevieil.fr
Ménage-Small, Marie-France, propriétaire exploitant, Château de Montigny, 21520 Montigny-sur-Aube, info@chateaudemontigny.com
Pearon, Cyril, et Kennedy, Anne, Prieuré Notre-Dame d’Orsan, 18170 Maisonnais, jardinsdorsan@gmail.com
Popihn Dominique, propriétaire en charge du jardin fruitier potager, Château Colbert, 49360 Maulévrier, d.popihn@popihn.com
Pontbriand, Catherine de, propriétaire responsable des jardins, Château de Clivoy, 53420 Chailland, catherinedeclivoy@gmail.com
Portuguez, Laurent, ancien chef jardinier, Château de Villandry, 37510 Villandry, jardins.villandry@orange.fr
Saint Venant, Alix de, vice-présidente des Amis du Potager du Roi, Association des jardins potagers et fruitiers de France, Château de Valmer, 37210 Chançay, alixdesaintvenant@gmail.com
Saulnier, Baptiste, ancien chef de service de la ferme maraîchère et arboricole, Domaine national de Chambord, Château de Chambord, 41250 Chambord (nouveau jardinier en chef Billon, Julien, julien.billon@chambord.org )
Schmitt Pierre-Emmanuel, chef d’unité Jardin, musée départemental Albert Kahn, 92100 Boulogne-Billancourt, pschmitt@hauts-de-seine.fr
Tamer-Morael, Johan, responsable des Jardins, Château d’Esquelbecq, 59470 Esquelbecq, acde59470@gmail.com
Taulard, Julien, jardinier en chef, Château de Talcy, 41370 Talcy, julien.taulard@monuments-nationaux.fr
Toutain, Nicolas, chef jardinier, Château de la Bourdaisière, 37270 Montlouis-sur-Loire, jardin@labourdaisiere.com
Polle, Caroline , co-ordinatrice de l’association des Murs à pêches de Montreuil, 93100 Montreuil gobetue@orange.fr
Mage, Pascal, président de l’association des Murs à pêches de Montreuil, 93100 Montreuil, pascal.mage@wanadoo.fr
Roseau, Charles-Louis, membre de l’association des Murs à pêches de Montreuil, spécialiste des murs à palisser, clroseau@hotmail.fr
Chatelain, Laurent, gérant, Pépinières Chatelain, 95500 Le Thillay, laurent@pepinieres-chatelain.com, site : http://www.pepinieres-chatelain.com
Debaisieux, Alexandra et Olivier, les Pépinières d’Enghien (7850 Enghien, Belgique), contact@espalierfruit.be
Douchin, Frédéric, gérant, pépinières du Parc, 45300 Ascoux, frederic.douchin@orange.fr
Dumont, Éric, Pépinières Baltet-Dumont, Les arbres Eric Dumont, 10800 Buchères, edbaltet@gmail.com, site : http://ericdumont.fr
Hewertson, Sophie, SCEA Pépinière La Palmette, 50590 Regnéville-sur-Mer, pepiniere.lapalmette@gmail.com
Nicou, Michel, directeur général, pépinières Minier, 49250 Beaufort-en-Vallée, contact@pepinieres-minier.fr
Ogereau, Pierre, gérant, pépinières Ogereau, 49700 Tuffalun, info@pepinieres-ogereau.fr
Chasseguet Christine, présidente de l’association Les Arbusticulteurs, christine.chasseguet@arbusticulteurs.com
Drocourt, Sylvain, responsable du Verger d’Eaubonne, Croqueurs de pommes d’Île-de-France, 95600 Eaubonne, s.drocourt@free.fr
Fourey, Henri, président des Croqueurs de pommes d’Île-de-France, henri.fourey@orange.fr
Henry, François, président de l’association Les mordus de la pomme, 22100 Quévert, fh22@wanadoo.fr
Jacquemin, Michel, président des Croqueurs de Pommes de Lorraine, 54280 Seichamps, croqpomlor@laposte.net
Jouve, Hélène, responsable du verger conservatoire, LPA du pays de BRAY, Château de Merval, 76220 Brémontier-Merval, helene.jouve@educagri.fr
Laroche, Béatrice, membre du bureau, Association i z'on creuqué eun' pomm', beatrice.laroche.paris@gmail.com
Lescure, Jean-Jacques, membre du conseil d'administration, Croqueurs de Pommes du Cantal, 15000 Aurillac, jjlescure@googlemail.com
Mandonnet, Jacques, membre, Croqueurs de pommes d’Île-de-France, mandonnet.j@orange.fr
Mitteau, Martine, Union Pomologique de France, mitteau@free.fr
Oger, Michel, président des Croqueurs de Pommes de l’Anjou, 49290 Chaudefonds sur Layon, michelraymonde.oger@orange.fr
Pruvost, Jean-Paul, ancien président de l’Union Départementale des Syndicats et Associations arboricoles et horticoles de la Moselle (nouveau président depuis 2023 Loos, Raymond, raymond.loos@orange.fr)
Rauzier, Sabine, responsable du Centre de Pomologie, Mairie d’Alès, 30 115 Alès Cedex, centre.pomologie@ville-ales.fr
Richard, Marc, président, Association Les Prunes de Brignoles, 83 170, Brignoles, prunedebrignoles@hotmail.fr
Roullaud, Jean-Pierre, président, fondateur, Association Arborepom, 29 300 Arzano, jean.pierre.roullaud@wanadoo.fr
Verbrugghe, Éric, président, Association « i z'on creuqué eun' pomm' », 60660 Cires-lès-Mello, erverbrugghe@gmail.com
Bruneaux, Guillaume, chargé de mission Valorisation du patrimoine fruitier, Centre Régional de ressources génétiques Hauts de France, 59650 Villeneuve d'Ascq, g.bruneaux@enrx.fr
Debarle, Gilles, directeur du Domaine de la Grange-La Prévôté (CÉRÈS), Ville de Savigny-le-Temple, Jardins potagers et fruitiers de France, 77176 Savigny-le-Temple, gilles.debarle@savigny-le-temple.fr
Goossens, Julien, responsable du Jardin des plantes, Jardin botanique de la ville de Rouen, 114bis avenue des Martyrs de la Résistance, 76100 Rouen, julien.goossens@rouen.fr
Poyet, Élodie, responsable des Conservatoires, Potager de Lacroix-Laval, 69280 Marcy-l'Étoile, epoyet@grandlyon.com
Rivoyre, Michel de, président, Parcs et Jardins de Midi-Pyrénées, 31140 Fonbeauzard, michelderivoyre@gmail.com
Viry, Elise, Société d’horticulture, d’arboriculture et de viticulture de Caudéran, 33200 Bordeaux, elise.viry@snhf.org
Courtial, Franck, et Rabreaud, Hélène, formateurs, CFP-MFR 85280 La Ferrière, franck.courtial@mfr.asso.fr
Lacourt, Luc, Enseignant Sciences et Techniques Horticoles, Lycée agricole privé Costa de Beauregard - Fondation du Bocage, 73000 Chambéry, luc.lacourt@bocage.cneap.fr
Leroux, Laure, CléOme Formation, 37230 Luynes, laureleroux.cleome@gmail.com
Malécot, Valéry, Maître de Conférences en botanique, L’Institut Agro, Agro Campus Ouest, campus d’Angers, 49000 Angers, valery.malecot@agrocampus-ouest.fr
Offret, Elisabeth, responsable pôle de compétences Paysage et biodiversité, Centre national de la fonction publique territoriale, 34000 Montpellier, elisabeth.offret@cnfpt.fr
Regnard, Jean-Luc, Professeur émérite, chercheur associé UMR AGAP, L’Institut Agro, Agro Campus Montpellier, jean-luc.regnard@supagro.fr
Triollet, Régis, animateur national DGER-BDAPI, RESOTHEM-Hortipaysages, CFPPA Angers La Fresne, 49130 Angers Cedex 01, regis.triollet@educagri.fr
Crozat, Stéphane, directeur du Centre de recherche en botanique appliquée, et Novak, Sabrina, responsable projets et développement, Domaine Melchior Philibert, 69390 Charly, crba@crba.fr
Delcroix, Yves, conseiller en arboriculture fruitière et ingénieur en aménagement du territoire et des paysages, Chambre d'agriculture (en retraite), 37170 Chambray les Tours, delcroixyves37@orange.fr
Del Porto, Pierre, Patrimoine Environnement, AFMA, 75015 Paris, pierre.delporto@gmail.com
Durnerin, Alain, ingénieur horticole, ingénieur en chef du Génie rural et des Eaux et forêts (en retraite), 78610 Le Perray en Yvelines, alain.durnerin@orange.fr
Guihéneuf, Yves, ingénieur horticole, Professeur honoraire INHP Angers, yguihene@modulonet.fr
Heuraux, Christine, Responsable études et évaluation patrimoine naturel, Fondation du Patrimoine, Neuilly-sur-Seine, 92 200 christine.heuraux@fondation-patrimoine.org
Le Bec, Michel, Délégué pour le 93, Fondation du Patrimoine, 93 500 Pantin, Fondationpatrimoine93@wanadoo.fr
Lenoir, Olivier, délégué général national Rempart, 75004 Paris, lenoir@rempart.com
Pagel-Brousse, Marie-Georges, présidente`de l'Union Rempart, 75004 Paris, pagel-brousse@rempart.com
Arlandon, Lisa, Responsable de l’inventaire du patrimoine biodiversité Ville de Gennevilliers, 92230, Lisa.ARLANDON@ville-gennevilliers.fr
Barré, Maryline, Directrice adjointe Jardin des sciences & Biodiversité Ville de Dijon, 21000, mbarre@ville-dijon.fr
Blaison, Gwenaelle, responsable d’équipe, Direction Nature et Jardins, Ville de Nantes, Gwenaelle.blaison@mairie-nantes.fr
Chapuis, Gautier, Conseiller municipal délégué en charge de l’Alimentation locale et de la Sécurité alimentaire, Ville de Lyon, gautier.chapuis@mairie-lyon.fr
Foucard, Pierre, Chef de projet « Système alimentaire local et agriculture urbaine » Direction des espaces verts, 69002 Lyon, pierre.foucard@mairie-lyon.fr
Claise, Déborah, en charge du projet de re-création d’un verger viticole urbain à Thomery, 77810, deborahclaise@hotmail.fr, et Destors, Caroline, élue municipale référente du projet, c.destors@mairiethomery.fr
Hays, Dominique, président du Réseau Cocagne, 91430 Vauhallan, dhays@angesgardins.fr
Journet, Marion, coordinatrice des cultures Veni Verdi, 18 rue Ramus, 75020 Paris, 07 78 69 79 61, marion.journet@veniverdi.fr
Goelzer, Sébastien, urbaniste, co-fondateur de l’association Vergers urbains, et Jalet, Hugo, référent arboriculture fruitière, 75018 Paris, 01 82 09 05 62, vergersurbains@gmail.com
Mauclère, Hervé, membre fondateur du collège solidaire, Yvette Vallée en transition-Le Verger des habitants, 78470 Saint-Rémy-les-Chevreuse, h.mauclere@free.fr
Melin, Gil, maire adjoint de Ris-Orangis, Président des Jardins familiaux de Ris-Orangis, 91130 Ris-Orangis, gilles.melin1@orange.fr
Nédélec, Elsa, cheffe de projet Paysages nourriciers & fermes urbaines Nantes Métropole, 44000 Nantes, Elsa.NEDELEC@nantesmetropole.fr
Péchabrier, Marianne , coordinatrice de formation, Veni Verdi, 75020 Paris, marianne.pechabrier@veniverdi.fr
Perrocheau, Romaric, Directeur du Service des Espaces Verts et de l'Ecologie de Nantes Métropole, 44000, romaric.perrocheau@nantesmetropole.fr
Poorteman Sylvain, agent de maîtrise principal, Direction parcs et jardins Ville de Tourcoing, 59200, spoorteman@ville-tourcoing.fr
Tempia, Diana, coordinatrice, Fruits Défendus, 33 rue Pierre Jean de Béranger, 93 000 Montreuil, 06 77 52 27 39, fruitsdefendus@villecomestible.org
Bétrancourt, Mathieu, directeur de la fondation franco-britannique de Sillery, betrancourt.mathieu@ffbs-sillery.com, et Novel, Jean-David, responsable du verger de Sillery, 91360 Epinay-sur-Orge, jd.novel@free.fr
Leterme, Évelyne, Consultante et Formatrice en arboriculture fruitière agroécologique, ex-fondatrice et directrice du Conservatoire végétal régional d'Aquitaine, 47130 Montesquieu, eleterme3@gmail.com
Colleu-Dumond, Chantal, directrice du Domaine et du Festival International des Jardins de Chaumont-sur-Loire, Domaine régional de Chaumont-sur-Loire, 41150 Chaumont-sur-Loire, chantal.colleu-dumond@domaine-chaumont.fr
Guibourgé, Antoine, Directeur, Studio Mugo, 189 rue d'Aubervilliers, 75018 Paris, aguibourge@mugo.fr, site https://www.studiomugo.com
Baudelet, Laurence, coordinatrice de projets, Graine de jardins, 21 rue de Jessaint, 75018 Paris, lba@grainedejardins.fr
Gutleben, Caroline, directrice de Plante & Cité (Ingénierie de la nature en ville), 49000 Angers,caroline.gutleben@plante-et-cite.fr
Tournellec, Guy, SNHF Section potagers et fruitiers et membre du jury du concours National des Jardins Potagers, Société nationale d'horticulture de France, 21 cité Ar Gozhenn, 22200 Saint Agathon, guy.tournellec@gmail.com
Détenteurs et transmetteurs individuels de savoirs et savoir-faire
Moulin, François, conseiller technique, encadrant, Amis du Potager du Roi, Croqueurs de pommes d’Île-de-France, 78220 Viroflay, francois.moulin78@orange.fr
Regnier, Thierry, co-président de l’association Fruits défendus, membre de la Fédération des Murs à pêches, membre de l’association des Murs à pêches de Montreuil, 93100 Montreuil, thierryrgn@gmail.com
Buffévent, Alexia de, amdebuffevent@hotmail.com
Chopin, Sonia, chopinsonia@gmail.com
Gilquin, Bernard, bernard.gilquin@gmail.com
Issenmann, Martin, m.issenmann@wanadoo.fr
Links, Chantal, chantali2@wanadoo.fr
Loumaye, Anne-France, af.loumaye@hotmail.fr
Sirieix, Frédéric, fresir75@gmail.com
Allimann, Yvette, Fructus, association suisse pour la sauvegarde du patrimoine fruitier , yvette.allimann@bluewin.ch
Amgarten, Werner, Fructus, association suisse pour la sauvegarde du patrimoine fruitier , werner.amgarten@bluewin.ch
Debaisieux, Alexandra et Olivier, pépinières d’Enghien, rue Noir Mouchon, 7850 Enghien (Belgique) contact@espalierfruit.be
Enggasser Josiane, responsable conseil et projet, Culinarium Alpinum, 6370 Stans (Suisse), josiane.enggasser@culinarium-alpinum.ch
Koedinger, Luc, ruespécialiste des arbres fruitiers en façade, Aubange (Belgique), arbres.espaliers@gmail.com
Van den Bossche, Herman, co-créateur du nouveau jardin d'arbres fruitiers du Château de Gaasbeek (Belgique), hermanvandenbossche@ymail.com
Vossen, Marcel, co-créateur du nouveau jardin d'arbres fruitiers, Château de Gaasbeek (Belgique), allurehorses@gmail.com
Retournard, Denis (rédacteur principal), ancien responsable du verger du Luxembourg (Paris 75006), retournard.denis@orange.fr
Beccaletto, Jacques (rédacteur principal), ancien jardinier en chef du Potager du Roi à Versailles, jacquesbeccaletto@orange.fr
Chagnon, Catherine, membre des Amis du potager du Roi (78000 Versailles), catherine.chagnon@me.com
Coulomb, Christine, créatrice, Le Jardin des Merlettes, c.coulomb@jardindesmerlettes.com
Fourey, Henri, président des Croqueurs de pommes d’Île-de-France, henri.fourey@orange.fr
Goelzer, Sébastien, urbaniste, co-fondateur de l’association Vergers urbains (Paris 75018), vergersurbains@gmail.com
Mage, Pascal, président de l’association des Murs à pêches de Montreuil (93100), pascal.mage@wanadoo.fr
Mauclère, Hervé, membre fondateur du collège solidaire, Yvette Vallée en transition-Le Verger des habitants, h.mauclere@free.fr
Roseau, Charles-Louis, membre de l’association des Murs à pêches de Montreuil, clroseau@hotmail.fr
Triollet, Régis, animateur national DGER-BDAPI, RESOTHEM-Hortipaysages, regis.triollet@educagri.fr
Schlosser, Michel (contact), président des Amis du Potager du Roi, schlosserm@darden.virginia.edu
A ce stade, il n’a pas été formé de comité scientifique. Le travail d’inventaire a été mené par une équipe de bénévoles recrutée dans les associations des Amis du Potager du Roi et des Murs à Pêches de Montreuil : Chopin, Sonia ; Dumont, Barbara ; Issenmann, Martin ; de Maintenant Arnaud ; Nérot, Éric ; et Sirieix, Frédéric qui ont travaillé en liaison avec le comité de rédaction.
La présente version de la fiche a été envoyée pour relecture et vérification à l’ensemble des membres du collectif. Ont notamment apporté leurs commentaires : Debaisieux, Olivier (pépiniériste spécialisé, Les Pépinières d’Enghien, Belgique) ; Jacobsohn, Antoine (adjoint à la directrice de l’École Nationale Supérieure de Paysage, en charge du Potager du roi, Versailles) ; Jacquemin, Michel (président des Croqueurs de Pommes de Lorraine) ; Lelièvre, Bernard (président de la Société Régionale d'Horticulture de Montreuil) ; Ménage-Small, Marie-France (propriétaire exploitant, les Vergers-Potagers du Château de Montigny-sur-Aube).
Région parisienne et province et Belgique/ premier inventaire commencé en septembre 2019.
Date de remise de la fiche
17 mars 2023
Année d’inclusion à l’inventaire
2023
N° Ministère de la Culture
2023_67717_INV_PCI_FRANCE_00525
Identifiant ARKH
<uri>ark:/67717/nvhdhrrvswvksw1</uri>
Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Espalier
Apprendre à connaitre les arbres fruitiers à travers leur l’histoire et leurs besoins pour pouvoir les utiliser dans les aménagements paysagers.
1– De la domestication d’espèces fruitières pérennes à l’agriculture traditionnelle agriculture d’associations
• L’arboriculture fruitière récente (connaissances – adaptations)
• Les possibilités offertes par une arboriculture novatrice : les haies fruitières et les associations de plantes
2- Que recouvre la notion de verger ?
• Les étapes de la plantation et de l’entretien des arbres fruitiers
3- Exemples d’aménagements paysagers – fruitiers
Mots-clefs
• Ressources génétiques fruitières, patrimoine fruitier local, biodiversité cultivée, (utilisation d’une diversité la plus large possible)
• Valorisation du patrimoine, agroécologie, développement durable, (utilisation de techniques novatrices)
• Recouvre les notions de : protection et amélioration des sols, développement de la faune et de la flore spontanée, séquestration de carbone,
• Production de fruits, (but ultime)
• transmission des connaissances (à l’aide de ces systèmes paysagers agricoles).
• Conçus et constitués à partir d’arbres fruitiers, implantés dans des systèmes à très forte densité et très haute diversité biologique, où la flore, la faune et les microorganismes y sont très riches.
• La complexité du système engendre une autoprotection du verger.
• Ces aménagements sont caractérisés par une grande diversité d’espèces et de variétés mais aussi de conduite des arbres.
Ils se présentent sous différentes formes :
• de vergers haute-tige diversifiés greffés sur porte-greffes vigoureux (pommiers, cerisiers, pruniers, abricotiers, poiriers…)
• de vergers piétons à plus haute densité greffés sur porte-greffes nanifiants (pommiers, poiriers, pruniers, cerisiers) + figuiers, feijoa, grenadiers…
• d’alignements symétriques sous forme de jouale : alternance d’arbres fruitiers et de vignes et d’une culture intercalaire
• de haies fruitières à haute biodiversité, alternant arbres et arbustes :
• les arbres fruitiers y sont diversifiés et (si possible) peu sensibles aux maladies
• les arbustes ont pour but :
-d’assurer la nourriture des auxiliaires et des pollinisateurs, par la présence de floraisons échelonnées (des plus précoces aux plus tardives),
-de présenter un mélange de feuillages caduques et persistants, (par exemple les arbousiers en fleurs au moment de la plantation attirent instantanément des bourdons pollinisateurs)
- d’alimenter le sol en matière organique (chutes des feuilles, les bois de taille) et de le protéger de l’ensoleillement direct.
- production de fruits possible pour certaines espèces (cerisiers acides, feijoa, grenadiers, néfliers, cognassiers…)
• de formes adaptées au terrain et à l’imagination (arcs, cercles, arches, etc.).
Palmette Legendre (vers 1680)
5 - Exemples de formes en volume (sans axe central)
Cette liste indique :
• L’ensemble des formes fruitières recensées dans l’Encyclopédie des Formes Fruitières
• Parmi ces formes, celles qui, selon Jacques Beccaletto (JB) et Denis Retournard (DR), peuvent être considérées comme accessibles en termes de difficultés, et en même temps intéressantes pour des sites historiques et des amateurs.
• Et parmi ces formes, celles qui peuvent être recommandées pour l’arboriculture urbaine.
Forme jardinée particulièrement intéressante | Forme recommandée pour l'arboriculture urbaine | |||
JB | DR | JB | DR | |
Boule | OUI | OUI | ||
Espalier à la Française | ||||
Éventail | OUI | OUI | ||
Éventail La Quintinie | OUI | OUI | ||
Éventail oblique | OUI | OUI | ||
Éventail simple | OUI | OUI | OUI | OUI |
Palissage à la diable | OUI | OUI | OUI | OUI |
Palmette à branches croisées | OUI | |||
Palmette à branches droits | ||||
Palmette en carré | ||||
Palmette Forsyth | ||||
Palmette horizontale Legendre d'"origine" | OUI | OUI | ||
Palmette oblique croisée à deux ou trois étages | OUI | OUI | OUI | |
Plein vent commun | OUI | |||
Pyramide | OUI | OUI | ||
Berceau | OUI | OUI | OUI | OUI |
Candélabre à 6 branches | OUI | OUI | ||
Candélabre à 7 branches | OUI | OUI | ||
Candélabre à 8 branches | ||||
Candélabre à branches convergentes | ||||
Candélabre Chevreau | ||||
Candélabre épaulé | ||||
Candélabre Lorette | ||||
Candélabre rayonnant | ||||
Candélabre Trouillet | OUI | |||
Colonne | OUI | OUI | OUI | OUI |
Colonne Ailée | ||||
Colonne graduée à trois étages | ||||
Colonne simple | OUI | OUI | ||
Colonne superposée | ||||
Contre espalier de Versailles | OUI | |||
Contre espalier double | ||||
Contre espalier en plein vent vertical | ||||
Contre espalier en série | ||||
Cordon Cazenave | ||||
Cordon épaulé | OUI | OUI | ||
Cordon Guyot | OUI | OUI | OUI | OUI |
Cordon horizontal bilatéral | OUI | OUI | OUI | OUI |
Cordon horizontal bilatéral double | OUI | OUI | OUI | |
Cordon horizontal bilatéral quadruple | ||||
Cordon horizontal bilatéral quintuple droit | ||||
Cordon horizontal bilatéral quintuple pyramidal | ||||
Cordon horizontal bilatéral triple | OUI | OUI | ||
Cordon horizontal double | OUI | OUI | ||
Cordon horizontal plat | ||||
Cordon horizontal système Breton | ||||
Cordon horizontal unilatéral | OUI | OUI | OUI | OUI |
Cordon horizontal unilatéral à deux niveaux | OUI | OUI | ||
Cordon horizontal unilatéral quadruple | ||||
Cordon horizontal unilatéral quintuple droit | ||||
Cordon horizontal unilatéral quintuple pyramidal | ||||
Cordon horizontal unilatéral triple | OUI | OUI | ||
Cordon Mesrouze | ||||
Cordon oblique brisé | OUI | |||
Cordon oblique double | OUI | |||
Cordon oblique double forme Griffon | ||||
Cordon oblique simple | OUI | OUI | OUI | OUI |
Cordon spiralé | OUI | OUI | OUI | OUI |
Cordon spiralé double | OUI | OUI | ||
Cordon Sylvoz | ||||
Cordon vertical | OUI | OUI | OUI | |
Cordon vertical inverse | OUI | OUI | ||
Cordon vertical ondulé | OUI | OUI | OUI | OUI |
Cordon vertical ondulé double | OUI | OUI | ||
Cordon vertical Rose Charmeux à coursons Opposes | OUI | |||
Cordon verticaux alternés | OUI | OUI | OUI | |
Cordons Gressent | ||||
Crosse de l'Isère | ||||
Cylindre ou vase droit | OUI | OUI | OUI | |
Demi palmette oblique | OUI | |||
Double U | OUI | OUI | OUI | OUI |
Espalier de plein vent horizontal | ||||
Espalier Eugénie | ||||
Espaliers formes de fantaisie | ||||
Éventail à branches convergentes | ||||
Éventail à branches croisées | ||||
Éventail à la Française | ||||
Éventail de Dalbret | ||||
Éventail de Montreuil | ||||
Éventail Dumoutier | ||||
Éventail modifié | ||||
Éventail simple | OUI | OUI | OUI | |
Forme armorial | ||||
Forme en cible | OUI | OUI | ||
Forme en volume avec axe central | ||||
Forme sinueuse | ||||
Forme sinueuse de Rouen | OUI | OUI | ||
Fuseau | OUI | OUI | OUI | |
Fuseau de Choppin | OUI | OUI | ||
Girandole | ||||
Gobelet accolé en livre ouvert | OUI | OUI | ||
Gobelet accolé en urne | OUI | OUI | ||
Gobelet couvert | ||||
Losange | OUI | OUI | OUI | OUI |
Losange double | ||||
Lyre double N°2 | OUI | |||
Palmette à branches alternes | ||||
Palmette à branches courbées | ||||
Palmette à branches croisées | OUI | |||
Palmette à branches sinueuses | OUI | |||
Palmette à cinquante branches | ||||
Palmette à cordons verticaux | ||||
Palmette alterne Gressent | ||||
Palmette candélabre | OUI | OUI | ||
Palmette concentrique | OUI | |||
Palmette à double branches obliques | ||||
Palmette double horizontale | ||||
Palmette double tige Fanon | OUI | |||
Palmette Du Breuil | ||||
Palmette en carré de Saint-Briac | ||||
Palmette en carré modifié | ||||
Palmette en cordons horizontaux | ||||
Palmette en éventail | ||||
Palmette en U de Bengy Puyvallée | ||||
Palmette en V | ||||
Palmette Gressent | ||||
Palmette Gressent personnalisée | ||||
Palmette horizontale de Frère Henri | ||||
Palmette horizontale épaulée | ||||
Palmette horizontale Picot-Amette | ||||
Palmette inversée | OUI | |||
Palmette Jumelle | OUI | |||
Palmette Lajoulet | ||||
Palmette oblique à angle variable | ||||
Palmette oblique ancienne | OUI | |||
Palmette ondulée | OUI | |||
Palmette simple à branches contournées | ||||
Palmette simple | OUI | OUI | OUI | |
Palmette Verrier à 4, 5, 6, 7 et 8 branches | OUI | OUI | ||
Palmette verticale croisée | OUI | |||
Palmette verticale croisée double tige | OUI | |||
Palmettes à équerres | ||||
Palmettes en série | ||||
Parapluie | OUI | OUI | ||
Pyramide ailée | OUI | OUI | ||
Pyramide ailée simple | OUI | OUI | ||
Pyramide en arcures | OUI | OUI | ||
Pyramide en étages | OUI | OUI | ||
Pyramide horizonto-verticale | ||||
Pyramide horizonto-verticale - forme à 4 ailes | ||||
Rideau à arcures croisées | ||||
Rideau carré | ||||
Rideau cordon | ||||
Rideau pigeonné | ||||
Rideau Verrier | ||||
Rideau-portière | ||||
Système Thomery | OUI | OUI | OUI | |
Système Cossonet | OUI | OUI | OUI | |
Système Cossonet double-tige | OUI | |||
Taille de quarante | ||||
Trident | OUI | OUI | OUI | OUI |
Trident à losanges | ||||
Trident avec cercles sur axe | OUI | OUI | ||
Trident double encadré | OUI | |||
Trident rayonnant | ||||
Trident triple | ||||
U croisé | OUI | OUI | ||
U double | OUI | OUI | OUI | OUI |
U double encadré | OUI | OUI | ||
U simple ancien | OUI | OUI | OUI | OUI |
U triple | OUI | OUI | ||
Vase | OUI | OUI | ||
Vase à 20 branches | ||||
Vase en série de jeunes arbres | OUI | |||
Vase Médicis | OUI | OUI | ||
Vase pyramide à losanges | ||||
Vase ramifié | OUI | |||
Vase renversé | OUI | OUI | ||
Vase spiralé | OUI | |||
Vase tige | OUI | OUI | ||
Verrier double | OUI | OUI | OUI | |
Verrier triple | OUI |
Forme jardinée particulièrement intéressante | Forme recommandée pour l'arboriculture urbaine | |||
JB | DR | JB | DR | |
Arcure Lepage n°1 | OUI | OUI | OUI | |
Arcure Lepage n°2 | OUI | |||
Arcure Lepage n°3 | OUI | |||
Axe incliné | OUI | OUI | OUI | OUI |
Bateau | OUI | OUI | ||
Bouché Thomas | ||||
Buisson axe central | OUI | OUI | ||
Buisson commun | OUI | OUI | ||
Buisson espagnol | OUI | OUI | ||
Candélabre | OUI | OUI | ||
Cep en gobelet | OUI | |||
Cône spiralé | OUI | OUI | ||
Cordon vertical Ferraguti | OUI | |||
Croisillons | OUI | OUI | OUI | |
Croix de la Légion d'Honneur | ||||
Drapeau Marchand | OUI | OUI | OUI | |
Fleur de liseron arrondie | ||||
Fleur de liseron plate ou Y | ||||
Flûte | OUI | |||
Forme Vincent | OUI | OUI | OUI | |
Forme Métais | OUI | |||
Free spindle | ||||
Gobelet arqué | ||||
Gobelet californien | ||||
Gobelet classique | OUI | OUI | OUI | OUI |
Gobelet différé | ||||
Gobelet ouvert | ||||
Gobelet ouvert retardé | ||||
Gobelet Renaud (vase) | ||||
Gobelet sur échalas | OUI | |||
Gobelet vaucusien traditionnel | ||||
Losange superposé | OUI | |||
Lyre Chouteau | OUI | |||
Lyre n°1 | OUI | |||
Palmette en sapin | OUI | |||
Palmette Ferraguti | OUI | |||
Palmette horizontale à trois étages | OUI | |||
Palmette Baldassari | OUI | |||
Quenouille | OUI | OUI | OUI | |
Quenouille de Villandry | OUI | |||
Slender Spindle | ||||
Sphère | OUI | |||
Table | OUI | |||
Table à la diable | OUI | |||
Taille en quenouille | ||||
Toupie | OUI | OUI | ||
Tri axe | OUI | |||
Tulipe à 3 branches | OUI | |||
Tulipe à 4 branches | ||||
U inversé | OUI | |||
Vase à trois branches | ||||
Ypsilon Baldassari |
Jacques Beccaletto, janvier 2021.
Axe structuré ; axe vertical ; buisson axe central ; dôme Leydier ; gobelet arqué ; gobelet ouvert ; palmette libre ; palmette 3 axes ; palmette Valaisane ; solen (cordon horizontal moderne) ; solaxe ; tatura et variantes (Mikado, Taturaxe, Drilling, …) ; tesa et U moderne.
Ces formes sont d’un premier abord, assez faciles à conduire, pour les personnes qui recherchent la simplicité.
Leur production, leur mise à fruits est en général plus rapide que pour les formes dites anciennes, souvent dès la deuxième ou troisième année après plantation. Les formes fruitières modernes ont un but précis : la récolte rapide. C’est certes intéressant, mais pour les particuliers, c’est un choix.
Les interventions de taille sont simplifiées au minimum de façon à diminuer les heures de travail dans les vergers professionnels (seulement 10 à 20 % du temps nécessaire pour les formes anciennes)
Les structures de supports sont généralement réduites au minimum nécessaire à la forme fruitière pour des économies d’investissements, le but étant la rentabilité.
Certaines formes ne demandent pas du tout de structure de support : par exemple l’éventail simplifié, pour le cerisier, ou certains gobelets.
Il y a également une recherche d’accessibilité à l’arbre, « formes basses » appelé vergers piétons, récoltes facilitées et main d’oeuvre réduite.
Ces formes modernes fonctionnent plutôt bien mais surtout avec les variétés du commerce actuel.
La durée de vie des arbres est plus courte, car il existe un épuisement normal des arbres. On peut considérer que la durée de vie d’un arbre conduit en formes modernes est d’un tiers -un peu plus pour certaines espèces comme les poiriers, et pommiers- de la durée de vie des arbres conduits en formes dites anciennes. Un verger actuel a une durée de vie voisine de quinze à vingt ans maximum. Pour des formes fruitières anciennes la durée de vie, même si elle peut être variable, variait de 30 à 50 ans en verger professionnel, et peut atteindre beaucoup plus en verger historique : de 80 à + de 100 ans.
Si les interventions de taille sont simplifiées au minimum, elles demandent quand même des connaissances techniques sur la fructification (formation des boutons floraux, induction florales, transformation des yeux à bois en boutons floraux). Il faut savoir gérer les branches fruitières d’une année sur l’autre pour avoir des récoltes régulières.
Quelques formes modernes peuvent avoir une végétation trop épaisse au centre de l’arbre. Des interventions d’éclaircissages sont nécessaires pour une bonne aération du feuillage et des fruits.
Pour quelques formes (axe, solaxe, gobelet ouvert, etc.) il y a des risques de casse de branches en cas de fortes récoltes. C’est une chose plus rare en verger ancien palissé.
Quelques formes actuelles demandent l’emploi de sangles, courroies ou liens divers pour ouvrir et écarter les charpentières ou les soutenir c’est le cas du dôme Leydier et de quelques gobelets ouverts, formes difficiles à imaginer dans un jardin. La pose de quelques étaies sont quelquefois nécessaires pour soutenir les branches trop chargées en fruits.
Certaines formes modernes ne sont pas adaptées pour des petits jardins privés ou familiaux, de par leur diamètre de végétation, ou leur manque d’intérêt esthétique.
Si cela reste le choix privé de chacun, le plaisir commande et domine généralement ce qui se passe dans le jardin.
Si les formes fruitières modernes ont un but précis, récolte rapide etc…, elles ont une esthétique assez neutre.
Finalement, il peut être difficile de conduire certaines variétés anciennes selon des formes fruitières modernes, car certaines ne se prêtent pas à quelques unes de leurs contraintes, (vigueur, port, etc.).
Sur les formes modernes les interventions sont peu nombreuses mais ciblées durant la végétation, l’amateur n’aura pas forcément cette approche et les connaissances de cette pratique. Pratique pour laquelle il faut connaître le type de végétation de l’espèce concernée (port érigé, semi érigé, retombant, ainsi que le type spur « branches courtes peu ramifiées »). Les formes fruitières anciennes permettent de contrôler plus facilement ces différentes spécificités de végétation.
Moins de précision sur le positionnement des coups de sécateurs pour les formes modernes. Il n’est pas toujours nécessaire d’obtenir un ou plusieurs départs de rameaux à des endroits précis, comme pour toutes les formes fruitières anciennes.
On peut considérer que sur les formes fruitières anciennes il y a une recherche systématique de l’exposition à la lumière et la recherche de l’aération du feuillage par les diverses façons de placer les charpentières, c’est pour cela qu’il y a eu autant de formes fruitières inventées.
La taille sur les formes modernes c’est plutôt de la conduite, moins de coups de sécateurs mais plus de positionnement des branches vers des angles horizontaux voire en arcures pour faciliter la mise à fruit. Cela reste le b.a-ba de l’arboriculture fruitière moderne. On y vient, le b.a-ba d’aujourd’hui est le résultat des recherches de nos illustres anciens, qui depuis que la culture des arbres fruitiers existe, se sont torturé l’esprit pour comprendre le fonctionnement de la physiologie végétale, circulation de la sève etc…, positionnement des branches charpentières à la verticale, puis à l’oblique ou à l’horizontale, puis encore en arcure, se qui a amené des milliers d’essais durant des décennies pour arriver aujourd’hui à considérer que la chose est normale.
Merci les anciens, c’est la moindre des choses, et pourtant aujourd’hui cela est employé en verger moderne de façon naturelle comme si c’était normal une fois de plus.
La grande différence reste sur la façon d’accompagner l’arbre, on dirige ses branches vers des positionnements adéquats qui facilite la mise à fruit, en jouant aussi sur l’exposition à la lumière.
Ils restent les mêmes pour les deux façons de faire (formes anciennes, formes modernes) ; obtenir des fruits et de préférence de bonne qualité.
Production en grande quantité avec les formes modernes.
Pour les formes fruitières anciennes, que l’on appelle aujourd’hui formes jardinées, Il existe quelques buts supplémentaires, la recherche d’un plaisir personnel, la maîtrise de l’art de la taille, le savoir-faire, la satisfaction de l’oeil, épater ses amis ou surprendre les visiteurs de son jardin, et pourquoi pas montrer le savoir hérité du grand père… Tout cela est difficile à imaginer avec des formes modernes.
Dire que l’emploi du sécateur est une aberration est faux. Qui n’a pas vu un jour des arbres couverts de fruits jusqu’à en craquer, sur des palmettes Verrier ou autres formes fruitières anciennes.
Certains écrits expliquent la pratique de la taille dite « moderne » sans être capable de citer les formes fruitières adéquates à employer dans un jardin fruitier privé ou pas. Les espaces dans ces lieux sont souvent restreints et ne conviennent pas à des gobelets ouverts et autres formes encombrantes et encore moins dans des jardins historiques, sauf à montrer l’évolution des formes fruitières et des techniques de taille, choses qui étaient faites au Potager du Roi, il y a quelques années dans un but pédagogique.
Bien sûr, les formes modernes ont leur place dans certains jardins, mais faut qu’ils soient assez grands pour cela.
Il faut, me semble-t-il, associer aux formes fruitières anciennes, une part de noblesse, la richesse du passé, rejoignant l’art d’une technique avec un art de vivre, une nostalgie moderne en quelque sorte.
Abricotier (Palissage à la diable, Gobelet basse-tige)
Arbousier (Buisson plat palissé)
Caseillier (Buisson)
Cassissier (Buisson)
Cerisier (Cordon vertical, palmette oblique, gobelet basse-tige)
Cognassier (Gobelet basse-tige)
Feijoa (Palissage à la diable)
Figuier (Éventail palissé à la diable)
Framboisier (Buisson plat palissé)
Grenadier (Palissage à la diable)
Groseillier (Buisson)
Kiwi (Palissage à la diable)
Myrtillier (Buisson)
Mure ronce (Palissage à la diable)
Noisetier (Buisson haut)
Pêcher (Palissage à la diable, lyre, U simple, cordon vertical ondulé double)
Plaqueminier (Palissage à la diable)
Poirier (40 formes palissées différentes)
Pommier (25 formes palissées différentes)
Prunier (Palmette trois axes, gobelet basse-tige, palmette candélabre 4 branches)
Vigne (Système Thomery, cordon vertical)
Agrumes divers -
Amélanchier -
Argousier -
Azérolier -
Cormier -
Églantier -
Jujubier -
Nashi -
Néflier du Japon -
Pistachier -
Olivier -
Passiflore -
Prunelier (épine noire) -
Sureaux noir -
Etc..
Pour obtenir un gobelet dirigé (une forme simple à obtenir) [Ill n°1] :
-Pour un gobelet dirigé à huit branches verticales, à la plantation, il faut tailler le scion à 30 cm de hauteur au-dessus de quatre yeux bien formés. Lorsque les bourgeons poussent, on les palisse sur l'infrastructure de soutien. On dessine alors sur le terrain un cercle de 20 cm de rayon, le pied du scion étant le centre. On trace deux diamètres perpendiculaires. À l'extrémité des diamètres, on plante des piquets d'environ 50 cm de hauteur. On prend ensuite une baguette flexible courbée en arc de cercle. C'est sur cette baguette que l'on palisse les futures branches charpentières écartées de 30 cm les unes des autres.
-Pour la deuxième taille (hiver suivant), il convient de rabattre au-dessus de deux yeux latéraux les quatre branches charpentières verticales. Ces yeux forment la bifurcation analogue à une fourche posée à plat sur le sol et dont les dents auraient la pointe en l'air. Lorsque les bourgeons poussent, on les palisse sur des baguettes au fur et à mesure, de manière à ce qu'ils aient tous la même hauteur à leur extrémité. En cas de déséquilibre de l'un ou de l'autre, on fait un palissage compensateur momentanément.
Ill. n°1 : Les deux premières années de la formation d’un gobelet libre : automne hiver (1 ), 1er printemps, été (2, 3), 2ème hiver (4), 2ème été (5 et 6) Source : Beccaletto (Jacques), Retournard (Denis), Eyraud (Marie-Claude), La Taille des arbres fruitiers. Former et entretenir toutes les formes fruitières pas à pas, Paris, Ulmer, 2015.
-Pour la troisième taille (hiver suivant), on taille les rameaux de prolongements des huit branches charpentières sur un oeil faisant face au jardinier et tous les prolongements à la même hauteur, pour garder l'équilibre de la forme.
-Les tailles suivantes consistent à tailler les prolongements toujours de la même manière, toujours sur un oeil de face, pour éviter les coudes disgracieux.
Pour obtenir une pyramide ailée (pour amateur éclairé seulement) [ill. n°2]:- La formation de cette forme demande des baguettes en infrastructure de soutien pour palisser les ailes de la forme. Les branches sont implantées par étages espacés de 50 cm. Elles sont insérées selon un angle de 60° par rapport au tronc.- Après avoir taillé à environ 50 cm du sol, il faut sélectionner les yeux à conserver. Pour obtenir les premières branches, on réserve cinq yeux échelonnés autour de l'axe central. La phyllotaxie (ordre dans lequel sont implantés les feuilles ou les rameaux) facilite cette opération. Ces cinq premiers yeux sont suivis par un sixième placé au-dessus d'eux. Cet "oeil de flèche" est destiné à prolonger l'axe central.
- Au lieu de tailler directement au-dessus de l'oeil de flèche, on effectue une taille "à l'onglet". Cette taille consiste à couper le scion à 10 cm au-dessus de l'oeil de flèche et à éborgner sur sa longueur. On obtient ainsi un moignon inactif. Il sert à palisser le bourgeon destiné à prolonger le tronc. On supprime cet onglet en fin de saison, en le coupant à ras du départ du rameau vertical de prolongement.
- On forme les premières branches charpentières.
Ill. 2. La forme pyramide ailée A gauche, pyramide ailée, dessin de Jacques Beccaletto, © Jacques Beccaletto,
2010 A droite pyramide ailée simple, photo François Moulin© François Moulin, 2011
Tous les yeux en surnombre doivent être éborgnés. On régularise la vigueur en établissant des barrages de sève, en entaillant au-dessus du premier et du deuxième oeil (les plus bas), et en pratiquant des encoches au-dessous des quatrièmes et cinquièmes yeux. On laisse intact le troisième oeil (celui du milieu). - La deuxième année (taille hiver), on rabat à 15-20 cm les deux rameaux inférieurs, à 10 cm les troisièmes et quatrièmes rameaux, à 5 cm seulement pour le plus haut. Le sixième oeil, le prolongement, est taillé court sur le premier oeil opposé à son départ. Cette taille fait refluer la sève dans les jeunes branches. - Les années suivantes, il faut monter l'axe central en écartant de 50 cm chaque nouvelle série de branches. On n’entreprend la deuxième série de branches que lorsque la première est bien établie. Si la longueur des premières branches est insuffisante, on effectue une seconde taille de renforcement. On procède toujours avec un oeil opposé au point de départ du prolongement. Dès que possible, on fait remonter les cinq branches charpentières en les coudant pour former les ailes de la pyramide. Il faut palisser régulièrement les branches maîtresses.
ENJEUX SOCIETAUX ET ENVIRONNEMENTAUX DE LA CULTURE DES ARBRES FRUITIERS EN FORMES JARDINÉES
1-LA TENDANCE DEPUIS 30 ANS : L’INDUSTRIALISATION DE LA PRODUCTION DE FRUITS ..................................................................................................................................................
Enjeux sociétaux ..................................................................................................................................
Enjeux environnementaux .................................................................................................................
2- LA CULTURE DES ARBRES FRUITIERS EN FORMES JARDINEES APPORTE UNE REPONSE AUX DEMANDES ENVIRONNEMENTALES ET SOCIETALES ACTUELLES....
Une réponse aux demandes de l’économie sociale et solidaire ....................................................
Les formes jardinées offrent une solution adaptée à la culture des fruits dans un cadre urbain et péri urbain ...........................................................................................................................
Pourquoi une reconnaissance si tardive de l’intérêt présenté par les formes fruitières jardinées dans le cadre urbain et péri urbain ? Qu’est ce qui a changé ? ....................................
Les vertus environnementales des formes jardinées .....................................................................
La culture en mode industriel produit des fruits de qualité nutritive médiocre et de saveur médiocre : peu appétents, en particulier pour les jeunes consommateurs
Les petits vergers locaux sont abandonnés. Il n’y a presque plus de production locale. L’offre de fruits dans les magasins ‘bio’ est assez médiocre : fruits chers, peu de choix, état des fruits variable à mauvais.
Or, à part pour les fruits produits de façon industrielle, le coût des fruits a flambé ces dernières années, empêchant de facto leur accès à la plupart des consommateurs : cerises, pêches, abricots pour les gros fruits. Les petits fruits sont a fortiori devenus hors de portée : framboises, cassis, groseilles, fraises..
Il s’agit donc d’un enjeu de santé publique : Les autorités sanitaires recommandent de consommer 5 fruits et légumes par jour. Sans indiquer où les trouver pour qu’ils soient bels et bons… et pas trop chers ? Complètement en opposition avec le mode de production actuelle, le public, lui, souhaite le retour à une production de proximité, variée et de bonne qualité gustative et qui engage la participation des consommateurs.
La production actuelle est à ‘longue distance’ : très éloignée des consommateurs finaux, à l’autre bout du pays, à l’étranger, voire sur d’autres continents. La filière fruitière est engagée dans une guerre des prix. Tout ceci en complète opposition avec le souhait ‘locavore’ des consommateurs. Alors que les transferts de population vers les villes s’accélère partout dans le monde, les urbanistes recherchent au contraire des solutions pour des modes de production urbains ou péri urbains (mouvement des ‘villes fertiles’).
La production industrielle est gourmande en intrants : des intrants, au premier rang desquels l’eau, une ressource de plus en plus rare, sont requis en quantité bien supérieure à ceux nécessaires en production à petite échelle. Installation de goutte à goutte et irrigation systématique pour une production de fruits de calibre important au détriment de la qualité nutritive.
De nombreux traitements phytosanitaires sont requis sur les vergers en production industrielle en raison de l’effet ‘cluster’ qui aggrave les dégâts causés par les insectes ravageurs, en particulier. Pour les pommes cultivées en mode conventionnel on parle d’un minimum de 10 à 12 traitements par an. Il en résulte bien entendu une importante pollution des sols et des nappes phréatiques, mais aussi des fruits eux mêmes.1
Appauvrissement de l’offre et diminution de la biodiversité : D’une part, seuls sont produits les fruits qui supportent les méthodes industrielles de culture, de récolte, de transport et de conservation. D’autre part, par souci de simplicité et de rentabilité, chaque producteur ne produit que très peu de variétés de la même espèce. De nombreuses variétés disparaissent / ont déjà disparu en conséquence de cette concentration variétale.
Sécurité alimentaire : Certaines cultures sont abandonnées par la filière fruitière. C'est le cas des poires : Il y avait 6000 producteurs de poires en France en 2017, mais il n'en restait plus sur 3000 en 2019. 2
Une évolution importante est déjà constatée pour la culture des légumes : Le retour des particuliers à la culture d’un potager s’accompagne d’une meilleure connaissance des variétés. On parle désormais de courge ‘Butternut’, de ‘Sucrine du Berry’… Même constatation pour les tomates, par exemple. Mais les fruits n’ont pas encore connu cette évolution et les connaissances des consommateurs demeurent très sommaires et sans spécificité variétale.
Un gros intérêt économique pour le budget familial3 : Même si c’est avant tout la qualité des fruits et légumes produits qui motive les jardiniers, l’aspect économique d’une production familiale est tout à fait important. Et celui-ci augmente notablement lorsque l’on fait une part belle aux fruits, dont les prix ont fortement augmenté ces dernières années.
La création de lien social : La culture des jardins, en particulier potagers mais aussi fruitiers, est au coeur de nombreuses initiatives liées à l’économie sociale et solidaire. Le jardinage est facteur de cohésion sociale par les échanges et l’entraide qu’il suscite entre voisins dans le cas des jardins individuels, ou entre les participants qui doivent apprendre à se partager le travail et à compter les uns sur les autres, dans le cas des jardins collectifs. Un service en amène un autre : prêt d’outils, échange de bonnes pratiques et conseils d’entretien ou de taille, broyage partagé de végétaux et préparation de compost. De plus l’entretien des jardins fruitiers créés par les villes demande souvent un entretien qui peut être assuré, en tous cas en partie, par des personnes en rupture de lien social ou en difficulté d’insertion.
Du lien social est également créé à l’occasion du partage des récoltes. Celles-ci sont souvent trop abondantes par rapport aux besoins familiaux. On propose donc naturellement des fruits autour de soi : à sa famille et à ses proches, aux voisins, aux amis et collègues. Selon l’adage : ‘un jardinier doit être ou vraiment peu doué ou vraiment avare pour ne pas avoir de quoi partager avec ceux qui l’entourent’. Si le partage du travail n’est pas toujours facile à organiser, celui des récoltes l’est parfois encore moins. Les discussions à cette occasion et les conflits résolus créent naturellement du lien social entre les participants.
Une réponse simple au manque de place qui bloque souvent la culture des fruits dans le cadre urbain ou péri urbain : Dans la plupart des jardins partagés d’aujourd’hui (autrefois ‘jardins ouvriers’) la culture des arbres fruitiers est formellement interdite et cette interdiction spécifiquement mentionnée dans le règlement. Deux reproches tout à fait légitimes sont faits aux arbres fruitiers : l’encombrement de leur racines et l’ombre projetée sur la parcelle qui nuit à la culture de certains légumes. On a donc longtemps considéré que les deux cultures, fruits et légumes, ne sont pas compatibles. L’exemple du Potager du Roi est une preuve éclatante du contraire, mais sous deux conditions : adopter la culture des fruits en formes jardinées et être très vigilant sur les espèces et variétés fruitières choisies.
Les arbres fruitiers conduits en formes fruitières jardinées (qu’ils soient palissés ou en 3 D) sont de moindre encombrement par rapport aux arbres de plein vent. Ils conviennent donc à des jardins de petite taille, au centre de villes moyennes ou jardins de banlieue. Ils conviennent également à toutes les trames vertes, si petites soient elles. Là où il n’y aurait de place que pour un seul cerisier de plein vent, on peut facilement planter et conduire six à dix petits fruitiers palissés tout autour du jardin. Et il restera de la place pour un petit potager et un espace d’agrément ou de jeux. Le choix de porte greffes nanifiants, qui convient aux arbres en haie fruitières, limite d’autre part le développement des racines. L’emplacement des arbres et leur forme fruitière seront choisis en fonction de l’exposition de la parcelle et des besoins du potager. La plupart des espèces peuvent ainsi retrouver leur place au jardin, y compris les espèces généralement exclues qui pourront, elles aussi, faire l’objet de tailles en formes jardinées spécifiques, buissons bas ou croisillons pour les cerisiers, fuseaux pour les pruniers, par exemple. On apportera une attention particulière au choix des porte greffes pour limiter le développement des racines et surtout des drageons.
La ‘miniaturisation relative’ de ces fruitiers en limite de jardins ou en haies fruitières basses au milieu du jardin permet de faire pousser un grand choix de fruits pour alimenter la table familiale : Un choix judicieux des espèces et variétés permet de faire durer ce plaisir une bonne partie de l’année. On pourrait ainsi imaginer et proposer aux particuliers différents exemples types, modulés selon la taille de leur jardin, ses conditions édaphiques, l’existence ou non de murs pour accueillir des palissages… et les goûts des propriétaires. Les gens manquent parfois d’idées parce qu’ils ignorent que de nombreuses espèces fruitières se palissent. Ils pensent aux pommes et aux poires bien sûr, mais ignorent les abricots, coings, prunes et mirabelles, pêches, figues, kiwis et kakis. Et même les treilles de raisins.
Sécurité alimentaire : La quantité de fruits produite peut être tout à fait considérable sur un espace très réduit. Un plaqueminier conduit en buisson, par exemple, donnera aisément 40 à 60 kilos de kakis pour un encombrement au sol de moins de 10 mètres carrés. C’est un bon exemple de la différentiation alimentaire permise par cette culture : des fruits qui mûrissent en fin d’année, en relais de la saison des poires et un apport de vitamine C. Sans compter la qualité ornementale de cet arbuste au printemps, en été et en automne qui s’accommodera de nombreuses formes fruitières, tant palissées qu’en buisson ou gobelet.
Une réponse adaptée au mouvement ‘locavore’ : Pour obtenir une ressource à portée de main, abondante, d’un coût de production réduit, sans frais de transport, de stockage ou de distribution. Les arbres fruitiers en forme jardinée répondent à ce besoin. Dans certains cas, on sur-cueillera les fruits qui mûriront tranquillement à l’abri. Ce choix n’est pas possible dans la production agro-industrielle qui exige des fruits assez durs pour permettre leur stockage et leur transport ‘en gros’.
Les fruits obtenus sur des arbres en formes fruitières jardinées sont de meilleure qualité gustative. Leur calibre est amélioré car la petite taille des arbres permet un éclaircissage facile des fruits après la nouaison. Et les fruits obtenus présentent des qualités organoleptiques bien supérieures à celles des fruits cueillis bien avant maturité. Leur conservation naturelle, sans recours à des installations coûteuses, est également améliorée par les cueillettes échelonnées et différenciées qui sont possibles au niveau local.
Cette nourriture de bonne qualité (‘slow food’, en quelque sorte) peut être consommée en frais ou tout au long de l’année. La plupart des fruits se prêtent bien à la transformation. Traditionnellement des pâtisseries, des confitures et des gelées, mais aussi, plus récemment des préparations, fruits séchés, compotes, qui permettent de suivre les demandes des consommateurs d’une évolution vers une alimentation allégée en sucre, produite localement et bio.
Pendant longtemps, aucun besoin n’était ressenti. L’offre locale de fruits était abondante. Les consommateurs mangeaient ce qui était produit sur place. Le transport de fruits venant de régions spécialisées (pêches de Montreuil, chasselas de Pouilly, etc.) répondait aux désirs d’une clientèle relativement nantie. Les habitudes de consommation ont changé avec l’augmentation du niveau de vie. Face à une guerre des prix, la réponse de la filière a été l’industrialisation des méthodes de production et de récolte. L’éveil des consommateurs est relativement récent et concomitant à une réelle prise de conscience écologique qui remet en cause beaucoup d’habitudes, y compris alimentaires.
La culture fruitière est moins répandue que la culture maraîchère. Le délai pour obtenir des résultats (la ‘mise à fruits’ des arbres) se mesure en années, pas en mois et cela peut décourager. De plus, pour obtenir de bons résultats, il faut connaître un certain nombre de gestes techniques quel que soit le mode de conduite des arbres. La culture en formes fruitières jardinées apparaît particulièrement compliquée et exigeante. Elle est souvent considérée comme élitiste, peut-être parce que l’on trouvait surtout des arbres palissés dans les vergers des châteaux.
On peut facilement cultiver des arbres fruitiers en formes jardinées non régulières : Même si ces dernières demeurent très prisées par les amateurs, il y a bien d’autres façons de jardiner un arbre que de le conduire en cordon, palmette ou fuseau. Taille Lorette, arcatures, taille ‘à la diable’, sont autant de possibilités qui permettent soit d’accélérer la mise à fruits, soit de simplifier les tailles en s’adaptant simplement à la vigueur des arbustes. Le champ d’exploration est vaste. Les formes évoluent sans cesse, accompagnées par les recherches faites par les acteurs de l’arboriculture professionnelle. Un verger de pommes, par exemple, ne ressemble plus du tout à l’image traditionnelle du verger normand, aux arbres de plein vent aux pieds desquels broutent les vaches. Au contraire, les arbres sont conduits en haies fruitières et leur hauteur est limitée à environ trois mètres, pour respecter les nombres de la législation du travail. Ces vergers désormais ‘piétons’ montrent à voir à leur tour des formes jardinées. axes, solaxes, etc. Pour certaines (buissons, gobelets) il n’y a guère de différence avec les formes fruitières jardinées traditionnelles, pour d’autres (axes, solaxes, GT), l’attention est complètement concentrée sur la productivité immédiate requise des arbres, quitte à les affaiblir et à les renouveler très rapidement. En Nouvelle Zélande, on parle de renouveler les pommiers tous les 4 ou 5 ans, contre 15 à 20 ans pour les arbres en conduite libre sur porte greffes moyen à faible (M26 à M26)4, une méthode productive, peut-être, mais une aberration environnementale.
Une longévité accrue pour les arbustes fruitiers : Conduire un arbre en forme jardinée, c’est souvent prolonger sa vie : en particulier pour les pêchers et les pruniers. Ils reçoivent plus de soins et de façon plus régulière que des arbres de plein vent. Les branches d’un mirabellier ou d’un pêcher conduit en forme jardinée ne cassent pas sous le poids des fruits, par exemple, car le jardinier a pris soin de monter progressivement une charpente adaptée aux récoltes futures.
Des vergers de petite taille sont plus faciles à conduire selon les critères de l’agriculture bio que les exploitations plus grandes. La diversité des espèces évite l’effet ‘cluster’ dont souffrent les exploitations monocultures. Cela nécessite du soin, certes, et d’anticiper les problèmes mais une gestion du jardin en semi-permaculture permet de rétablir rapidement la biodiversité nécessaire, en particulier en ce qui concerne les insectes pollinisateurs et tous les êtres vivants nécessaires à la vie du sol.
Une meilleure protection contre les ravageurs (oiseaux pour les cerises, frelons sur les poires, par exemple…) car les fruits sont à portée de main du fait de la taille réduite des arbres. Ceci permet un ensachage facile ou la pose de filets, selon les cas. On peut également surveiller et supprimer rapidement d’éventuels parasites, le gui, par exemple.
Les arbres fruitiers représentent un apport intéressant dans le cadre des trames vertes urbaines : Quand les insectes sont là, les oiseaux reviennent. ‘The garden’, le journal de la société royale d’horticulture britannique, a publié il y a quelques années une série d’articles sur les synergies créées par les jardins de banlieue en termes de biodiversité lorsque ceux-ci ne cherchent plus à être ‘propres’ mais vivants.5 La présence d’arbres fruitiers jardinés dont le sol est entretenu de façon raisonnée, surtout si elle se présente en continuité de jardins particuliers, permet une transition douce entre le ‘tout propre’ (le souhait d’un certain public) et la permaculture, source de vie. Là où il y a des arbres fruitiers, le béton vert des thuyas recule.
Encourager les consommateurs ruraux à prendre soin des vergers existants abandonnés. A la campagne, tant de fruits se perdent ! Alors, pourquoi en planter d’autres ? Il faut examiner la situation plus en détail, pour comprendre pourquoi ces fruits ne sont ni récoltés ni consommés. En Puisaye, par exemple, les poiriers qui poussent dans les haies et les pommiers des petits vergers sont le plus souvent abandonnés :
- Les poiriers des haies, très anciens (centenaires, voire bicentenaires) sont souvent très productifs mais ces fruits sont inutilisables. Une grande partie des arbres produisent des poires à poiré qui ne correspondent pas aux demandes actuelles des consommateurs. Pour les autres, leur grande taille (forme dite ‘Vauban’) empêche tout entretien régulier (éclaircissage, ensachage des fruits, récolte à la main, et même traitement contre les insectes ravageurs). Les fruits tombent au sol en s’abîmant. Ils sont de plus envahis par les carpocapses. Or il s’agit souvent de variétés tardives (Maude, Certeau d’Automne, Beurré Clairgeau, Curé…) de grande qualité gustative mais qui ne pourront pas atteindre leur maturité puisqu’abîmés et attaqués. La quasi-totalité de la récolte est inutilisable.
- Les vergers de pommes sont abandonnés un peu partout : beaucoup de pommes à cidre et des pommes à couteau mais sur des arbres de plein vent là encore difficiles à entretenir. Le manque de taille et de soins réguliers résulte en des fruits en surnombre, de petite taille, qui mûrissent mal car mal éclairés et qui sont donc de qualité médiocre. Sans parler des carpocapses. Pour un seul ‘Chataignier du Morvan’, c‘est plusieurs centaines de kilos de fruits qui vont à la benne.
- Au passage, on peut noter que la rénovation de ces vergers abandonnés constituerait un bon terrain d’exercice pour tous les arboriculteurs/encadrants dont les villes ont besoin et qu’il faut former.
Ceci est un dialogue entre Henri Fourey (président des Croqueurs de Pommes de l’Ile-de-France), Hervé Mauclère (Fondateur de Yvette Vallée en Transition), Régis Triollet (DGER, Réseau HortiPaysages) et modéré par d’autres membres du comité de rédaction. Ce dialogue passe en revue les rubriques de la note Patrimoine culturel immatériel : La Roue du développement durable.
Henri Fourey. Il n’y a pas de mise en place sans un minimum de financement, bien-sûr, mais c’est de faible niveau, si l’on ne compte pas le foncier nécessaire.
Denis Retournard. Un arbre coûte très peu et un sécateur coûte € 20.
Henri Fourey. Il y a peu de possibilités de mise en place sans un minimum de moyens techniques et d’espaces de formation. Ces surfaces existent, mais sont abandonnées ou très peu utilisées, il ne manque que la volonté, d’élus, de propriétaires fonciers, de bénévoles, pour mettre en oeuvre des projets dans ces lieux. La commercialisation des productions est le plus souvent un geste de reconnaissance pour ceux qui aident à son entretien.
Hervé Mauclère. L’argent n’est pas le facteur important. Nous avons créé un verger de 500 arbres en 5 ans avec très peu de moyens (800 € de subvention les 3 premières années, puis 1 100 après). Les premières années, chacun apportait son outil selon les travaux à réaliser. Nous produisons certains de nos porte greffe, nos arbres, et en diffusons.
Nous partageons un savoir-faire, un élan de groupe et de nouvelles amitiés, entre personnes de tout âge et milieu social, et bien sûr nos récoltes. Il se crée beaucoup d’amour et de respect entre personnes très différentes.
Quand les arbres produiront, nous aurons beaucoup de fruits qui génèreront de nouveau projets de transformation et de distribution, qui eux-mêmes génèreront sans doute des revenus.
Notre projet, avec en 5 ans les 4 000 présences de bénévoles sur le site pendant 3 heures, les 500 arbres greffés, qui font aujourd’hui partie du patrimoine de la ville, représente l’équivalent d’un investissement de 100 000€ au moins sur 5 ans.
Régis Triollet. Cette pratique donne des occasions : de mobiliser le bénévolat autour d’un objectif commun ; de mutualiser des matériels et équipements ; de soutenir les productions collaboratives de ressources rares ; de collecter des dons et d’identifier des soutiens diversifiés ; de produire des publications avec frugalité ; de favoriser les sciences participatives thématiques ; de proposer des valorisations au sein des écoles ; de former par le partage d’expériences et les témoignages ; d’initier des évènements pour débattre et partager ; et de saisir des opportunités de financements publics.
Alix de Saint Venant. L’activité peut être accessible gratuitement. Elle est souvent exercée sous forme de bénévolat, qui est une manière d’apporter une valeur économique « gratuite ».
Jacques Beccaletto : La production de fruits est une ressource non négligeable.
Catherine Chagnon. Il faut également citer les bourses aux greffons organisées par les Croqueurs de Pomme, c’est une autre ressource qui peut se partager.
Henri Fourey. Le renouveau de la pratique des formes jardinées répond au désespoir des propriétaires d’arbres plantés par eux-mêmes, ou leurs parents, et qu’ils voient dépérir et se déformer sans savoir que faire.
Une bonne formation technique rendrait ses développements commerciaux moins décevants et ravirait les vendeurs de fruitiers.
Les surfaces de sols nécessaires étant faibles, une plus grande diffusion de la pratique permettrait de sauvegarder nombre de variétés fruitières rares, très intéressantes pour leur qualités organoleptiques et gustatives et leur valeur économique. Il en va de la survie de plusieurs dizaines de variétés fruitières plus ou moins oubliées, qui ne sont pas valorisées par des formes en hautes tiges.
Régis Triollet. Le renouveau de l’arboriculture fruitière en formes jardinées peut avoir de nombreux effets économiques : restauration de filières et de métiers spécialisés ; soutien du développement des agricultures urbaines ; appui aux circuits courts au service du consommateur ; diversification des productions alimentaires de proximité ; contribution à l’éducation par le jardinage de loisir ; offre d’une alimentation variée de saison.
Denis Retournard. Oui, un fruit de qualité sur forme jardinée avec une variété plus que recommandable se vend à l’unité aussi cher qu’un kilo de fruits industriel. La commercialisation est pour l’instant inexistante ou presque mais la communication sur le fruit pourrait permettre une très forte valorisation.
Alix de Saint Venant. Il existe déjà une production de fruits haut de gamme pour des restaurants de chefs célèbres. L’activité peut générer des revenus (cours payants) qui peuvent participer à l’entretien de l’outil de travail et donc accroître sa vitalité.
Jacques Beccaletto. La découverte de fruits anciens par le public créée une attirance pour l’achat de fruits (variétés) méconnus, un plus pour la valeur à la vente. C’est une demande nouvelle qui ne menace probablement pas la production déjà existante.
Catherine Chagnon. La pratique pourrait aussi contribuer positivement à l’économie des fermes urbaines.
Hervé Mauclère. Un verger palissé est un élément important dans un écosystème, d’autant plus s’il est constitué de variétés différentes. Il est un refuge de biodiversité et capte dans sa croissance du carbone pour produire des fruits. Il nourrit beaucoup d’insectes. Un verger peut et doit vivre sans produit chimique, pour la santé des hommes et le respect du milieu.
L’observation des insectes sur le verger au cours des saisons est pleine d’enseignements sur les impacts réciproques et sur l’évolution du climat.
La production de fruits locaux et consommés sur place, dans les écoles en priorité, est un exemple d’économie de transport avec un impact positif sur l’environnement et la santé.
Henri Fourey. Cette démarche permet de mettre en place une filière de connaissances destinée à faire perdurer des formes fruitières de faible volume qui aideront à sauvegarder des variétés parmi les espèces fruitières.
Ces formes sont à hauteur humaine, ce qui rend l’accès et l’observation plus faciles. On peut observer les interactions avec le milieu naturel, la prédation efficace des oiseaux par exemple vis à vis d’insectes ravageurs. On peut installer des nichoirs. Ce mode de culture incite à mettre en place rapidement des moyens naturels de lutte contre des prédateurs insectes ou aviaires, par l’ensachage des fruits par exemple, beaucoup plus facile à installer sur des formes jardinées. Les amateurs comprennent vite l’avantage de protéger le végétal par une action rapide et efficace, sans laisser s’installer une évolution plus grave. Un traitement naturel immédiat étant plus efficace.
Régis Triollet. L’arboriculture fruitière en formes jardinées contribue à préserver la biodiversité végétale domestique, soutenir les services rendus par le végétal en ville, restaurer les systèmes résilients de production, proposer des jardins fruitiers sains et collectifs, réintroduire des variétés locales adaptées et communiquer sur les cycles de vie des fruitiers.
Alix de Saint Venant. Les floraisons sont précieuses pour les insectes butineurs et même les insectes ravageurs sont utiles à d’autres animaux. Le respect de l’environnement est une des bases de cette activité : la pratique en elle-même s’effectue dans le respect des cycles de la nature.
Jacques Beccaletto. La pratique a su s’orienter vers une limitation des intrants phytosanitaires, voire leur élimination totale. Le respect de l’environnement est favorisé par la pratique manuelle et la méthode suivie par les arboriculteurs.
Denis Retournard. La redécouverte de méthodes anciennes comme l’ensachage a accompagné la transition au zéro phyto.
Catherine Chagnon. On peut également se référer aux ouvrages d’Evelyne Leterme (voir bibliographie) et au site du Jardin Des Merlettes créé par Christine Coulomb (voir sitographie).
Hervé Mauclère. Le verger fait partie de la nature, il la complète et l’enrichit. La production locale par les habitants ou de petits exploitants fait la fierté des hommes et des femmes qui en sont les acteurs, et les consommateurs.
Régis Triollet. Cette pratique permet de développer les relations « Homme-Nature » en situation (chantiers de vergers), de présenter des ressources pédagogiques sur la Protection Biologique Intégrée (gestion phytosanitaire raisonnée), d’encourager des journées « Portes ouvertes » des jardins fruitiers (démonstrations et dégustations), de monter des opérations « Je jardine à la maison », de mener des potagers et vergers dans les cours d’école ou encore de publier des posters pédagogiques « ludiques ».
Denis Retournard. La pratique permet d’explorer la biodiversité variétale et de s’intéresser à la botanique des espèces fruitières. L’obtention d’un fruit sain sur un arbre sain est une célébration de la relation avec la nature.
Jacques Beccaletto : On travaille sur la diversité des espèces et des variétés. Les techniques des formes fruitières anciennes aident à retrouver les valeurs présentes autrefois dans nos campagnes. La pratique contribue à améliorer les rapports entre les personnes.
Catherine Chagnon. Dans sa lettre de soutien, Gisèle Croq (Ingénieur du Jardin du Luxembourg) écrit : « Nul ne saura maîtriser son arbre s’il ne considère pas son sol, son climat, la circulation de la sève, l’équilibre entre le feuillage et les fruits, bref ces savoirs complexes et transversaux autour du vivant qui ouvrent le regard de l’homme sur la nature et son environnement ». Sur un plan complémentaire, Dominique Stillace (La Pommeraie Idéale) souligne que la nature impose son rythme pour la formation des arbres fruitiers en formes jardinées, qui s’inscrit donc dans le temps long. Pour lui, « la patience requise, la persévérance et l’attention sur le long terme pour l’arbre sont des valeurs importantes ».
Hervé Mauclère. La disparition des formes jardinées serait la perte d’un savoir-faire ancestral, la perte de variétés oubliées ou écartées parce que soi-disant « non rentables » ou pas assez « belles » pour la consommation.
Les enfants des écoles doivent savoir planter et cultiver, nous les accueillons au verger, et plantons avec eux dans leurs cours d’école.
L’activité des vergers ne doit pas être changée, elle doit être ressuscitée.
Un enseignement doit être organisé, car trop de plantations sont faites pour l’image politique locale sans qu’aucun entretien ne soit organisé… avec hélas un abandon rapide des vergers et la mort des arbres.
A ce jour, seules quelques associations sont capables d’assurer l’entretien des vergers, mais elles ne sont souvent composées que de retraités … et le nombre diminue !
Il est primordial que des jeunes et adultes actifs rejoignent la passion des fruitiers palissés, (ce que nous faisons avec Yvette Vallée en Transition).
Henri Fourey. La disparition de ce type de formes de fruitières entraînerait la disparition simultanée des variétés anciennes qui ont besoin de ce faible développement pour produire des fruits. Il est impossible dans des formes hautes de type plein-vent.
Sans une inclusion des jeunes générations, il y aura à terme disparition complète et définitive de ces variétés. Il faut créer et perpétuer une formation aux techniques de tailles nécessaires à la conservation des formes jardinées.
Régis Triollet. La productivité du fruitier est tributaire de son mode de gestion (techniques spécialisées). Nous avons un devoir de mémoire des « Savoirs traditionnels » avec les générations futures. Il faudra aussi une adaptation des techniques aux contraintes environnementales (fruitiers palissés /foncier rare).
Jacques Beccaletto. La disparition de la pratique serait l’oubli définitif d’une pratique ancienne, qui a donné naissance à une pratique utilisée aujourd’hui par les professionnels. Il n’est pas facile d’inclure les jeunes générations mais c’est indispensable. Il y a des efforts à faire. Il faut informer le grand public, faire des appels à idées.
Alix de Saint Venant. La disparition de la pratique serait la perte de la possibilité pour une famille de se nourrir sainement, localement et à moindre frais. Ce serait une perte de savoirs et savoir-faire pour les générations futures.
Catherine Chagnon. Pour impliquer les enfants, les formes jardinées permettent des vergers piétons qui facilitent leur interaction avec l’arbre fruitier. Christine Coulomb (Le jardin des Merlettes) dit vouloir « créer un verger où un enfant peut cueillir lui-même cerises et poires à portée de ses mains… »).
Plusieurs contributions indiquent que des évolutions devraient intervenir pour assurer la continuité de la pratique. Selon Gilles Debarle (Conservatoire de Savigny le Temple et Association Potagers de France) il convient de « développer les formes les plus adaptées aux contraintes d’aujourd’hui et de demain », notamment dans les zones urbaines. L’école Du Breuil, elle, vise à « remettre au goût du jour les conduites d’arbres fruitiers qui sont suffisamment résistantes aux aléas ».
Henri Fourey. L’Association des Croqueurs de Pommes valorise ces cultures en organisant des séances de formation tout public sur toutes les actions, démarches et gestes essentiels pour réussir à mener et entretenir ces formes fruitières. Elle stimule les participants à acquérir des compétences et les incite à multiplier ce type d’action autour d’eux.
Cette activité de formation est très demandée, notamment par un public urbain, souvent éloigné de la « terre » et qui demande à en retrouver le contact.
Ces formations s’appuient aussi sur des exercices pratiques en salle en pomologie et des projections de supports techniques spécifiques.
Hervé Mauclère. Bénévole actif, et surtout « chef d’orchestre » et compétent, ce sont les clefs pour le lancement et la vie de nouveaux projets. C’est ce que je fais dans mon nouveau « job » de retraité !
Les vergers participatifs font la fierté des habitants, même s’ils n’y participent pas (deux tiers des adhérents ne viennent pas au verger, mais le soutiennent). Ils font la fierté aussi des politiques qui les permettent, et s’appuient sur les associations pour leur réussite.
Des projets conviviaux de lieux de consommation locale sont en train de se concevoir, restauration, potager, verger, vente de produits locaux, ces lieux seront aussi de futurs lieux conviviaux de rencontre, de « faire ensemble » et de partage pour des sociétés « durables ». Nous y participons.
Régis Triollet. L’appropriation se fait au travers de démarches collaboratives, inclusives et ouvertes, d’un patrimoine commun valorisé collectivement et de ressources publiques, à large diffusion.
Jacques Beccaletto. L’appropriation se fait également par des échanges d’information et des encouragements. Il y a beaucoup d’échanges.
Catherine Chagnon Le respect fait aussi partie de l’appropriation. A ce sujet on peut rappeler les propos de Vergers Urbains : il y a moins de dégradations que ce qui pouvait être craint dans des vergers implantés dans l’espace public. Ce qui semble indiquer un respect de l’arbre mais aussi sans doute du travail des autres.
Henri Fourey. L’accès à ces techniques est ouvert à tous, même aux jeunes adultes, qui n’ont plus ce contact avec le milieu rural qui transmettait ces connaissances.
De plus en plus d’espaces en ville sont créés pour réunir des volontaires qui peuvent profiter des informations diffusées sans besoin de matériel spécifique, ou si peu, un sécateur au minimum.
Les volumes nécessaires à ces formes fruitières sont tout à fait adaptés aux implantations en zone urbaine, qui correspondent à une demande de plus en plus forte.
Hervé Mauclère. Oui, le verger est ouvert, mais toujours « surveillé » par un groupe compétent qui accueille, l’explique et le fait respecter. Mais un verger doit être physiquement clos lorsqu’il n’est pas en activité. (Pour le protéger des animaux à quatre pattes, mais à deux pattes aussi…). Le verger participatif partagé entre des habitants est sans doute le meilleur lieu de lien social nouveau de la vallée, inter générationnel, inter communal, de nouveaux amis qui vont aussi ensemble s’entraider dans leurs propres jardins ou tailler les arbres dans les écoles.
Jacques Beccaletto. Ces méthodes de taille sont à la portée de tous les publics. Elles donnent l’occasion de se réunir pour partager une occupation « noble » qui lient ceux qui les pratiquent.
Alix de Saint Venant. Néanmoins, je dirais que c’est une activité encore majoritairement masculine et que la pratique associative permet aux femmes de prendre leur place sécateur en main sans être reléguées au ramassage des tailles et à l’éclaircissement (ce qu’elles font d’ailleurs probablement mieux que les hommes ).
Hervé Mauclère. En général, nous sommes dans la proportion de 2 femmes pour 8 hommes, mais il est arrivé que je me retrouve entouré de 8 femmes ! Les hommes aiment bien venir se défouler dans des travaux lourds (création d’une mare, réfection d’un mur, abattage d’arbres, construction d’un portail…). Les femmes sont plus orientées vers l’entretien, la taille, la plantation. Mais la plupart des activités sont partagées, et se composent vite en groupe de travail et de discussion selon les affinités.
Ce sont des moments d’échange, de débats, de partage d’idées et de futurs projets, mais aussi d’observation, et de fierté d’être dans ce lieu entièrement réalisé par nous depuis cinq années. Nous en profitons ensemble, nous levons un verre, partageons un gâteau ou de la pâte de coing, surtout pendant cette période d’isolement due au COVID… Le verger de la vallée de l’Yvette est avant tout un catalyseur de lien et de cohésion sociale. Avec beaucoup d’amour…
Henri Fourey. Les projets et les mouvements que l’on constate dans des copropriétés urbaines ne cessent de se développer, ils rapprochent des habitants en leur donnant un but local, devant chez eux, en mobilisant les qualités de chacun, c’est un moyen efficace de créer des liens entre ces habitants.
Il suffit parfois comme on le rencontre souvent d’une seule personne qui déclenche ce besoin de plantation pour mettre en route une structure de plusieurs formes palissées là où une simple pelouse en piteux état orne les alentours des immeubles.
Hervé Mauclère. Oui, et c’est la principale réussite du verger des habitants. Mais ce ne sont pas les formes fruitières qui en sont la cause, c’est la façon dont nous les avons plantées et entretenues ensemble. C’est la richesse de la transmission de compétences, et le partage de moments forts qui font notre fierté. La résilience du territoire passe par une alimentation locale retrouvée, et c’est l’objectif commun qui donne du sens à nos projets.
Oui cette arboriculture, encourage l’écoute de l’autre, le partage d’avis, le consensus – rare en France – la création, le design commun et la réalisation des rêves des amis du verger. On crée des liens intergénérationnels par les activités en commun au Verger des Habitants.
Régis Triollet. L’interaction résulte du fait que cette arboriculture fruitière permet de capitaliser et de diffuser des savoirs, de mobiliser des experts et praticiens, de constituer des espaces variés d’échanges, de rassembler des communautés savantes et apprenantes, de diversifier les ressources supports à la pédagogie, d’agir collectivement pour accompagner des transitions, de structurer et accompagner un collectif diversifié, en respectant les différentes opinions – il y a rarement une seule solution pour tailler un arbre- et de les fédérer autour de compromis.
Denis Retournard. Un exemple de liens : les rendez-vous Croqueurs les jeudis au verger de Chambourcy avec au minimum 20 personnes qui partagent une douceur (à base de fruits) après le travail. Toutes les associations font de même et il y en a plusieurs dans chaque département. On n’a jamais vu une réunion se terminer à coup de sécateur. Il n’y a aucun enjeu sauf celui de se faire plaisir comme bénévole.
Jacques Beccaletto. De nombreuses interactions ont lieu au sein des nombreuses associations. Les liens se créent autour de l’approche d’une pratique vraie, la taille des arbres fruitiers et son résultat. Dans ces interactions, on respecte généralement celui (celle) qui sait, celui (celle) qui aide et apprend aux autres.
1. GREENPEACE. ( Juin 2015)‘The Bitter Taste of Europe’s Apple Production and how Ecological Solutions can Bloom’ Extrait : ‘Mettre fin à la contamination des vergers par les pesticides’ https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2017/02/Rapport-Pommes_FR.pdf
2. Reportage LCI 28/11/2020 13h22 https://www.lci.fr/regions/video-la-production-de-poires-boudee-dans-l-hexagone-2171403.html
3. Étude menée à l’initiative de la section potagers et fruitiers de la Société Nationale d’Horticulture de France (SNHF) en partenariat avec l’Association Jardinot, la Fédération Nationale des Jardins Familiaux et Collectifs (FNJFC), SBM Solabiol et le Groupement National Interprofessionnel des Semences et plants (GNIS).
4. TRANSBIO Fruits. (2008-2014). Valorisation des Compétences Transfrontalières pour la Promotion de la Production Fruitière Biologique. https://www.biowallonie.com/wp-content/uploads/2017/06/Grand-guide-web-low.pdf
5. The Royal Horticultural Society (2012, April, May and June). Living Gardens.
L’association Vergers Urbains a été créée en 2012 dans le 18ème arrondissement de Paris par un collectif ayant pour but de rendre la ville comestible, par un large éventail de modes d’action. Les fondateurs de Vergers Urbains sont investis pour la plupart dans le mouvement des « villes en transition » et la permaculture. Ils ont eu la volonté de sortir du monde souvent clos des jardins partagés pour investir plus largement l’espace public ou d’autres espaces collectifs.
L’arbre fruitier est considéré par l’association comme le meilleur outil pour transformer le regard des citadins sur l’environnement urbain et susciter une réappropriation de la ville par le plus grand nombre. L’arbre n’est jamais isolé, il est parfois un prétexte, ou un vecteur, pour questionner sur la nature en ville, l’alimentation, ou le rôle des communs. Avec une très faible emprise au sol, il a un fort impact à la fois sur l’espace (le cadre de vie), sur l’écosystème urbain (lutte contre les îlots de chaleur urbains, augmentation de la biodiversité, captation du carbone, création de biomasse etc.), sur la santé (production saine et locale) et sur les liens sociaux.
Plus que tout autre arbre, les arbres fruitiers sont générateurs d’interactions entre les citadins. Ils provoquent des moments de convivialité autour de leur plantation, des récoltes, de la cuisine ; ils permettent de sensibiliser les habitants sur la question d’une alimentation saine et locale ou encore d’apprendre diverses techniques horticoles telles que la taille ou la greffe fruitière.
Afin de mettre en valeur les bénéfices que portent les arbres fruitiers, l’équipe de Vergers Urbains rassemble des compétences diverses : paysagisme, urbanisme, architecture, agronomes, jardinage, animation. L’association compte plus de 200 projets réalisés ou en cours, avec au coeur de sa démarche l’implication des habitants. Implication nécessaire à la pérennité de nombre des projets. Ainsi, les séances de mobilisation, de co-conception et d’animation permettent aux citadins de se réapproprier l’espace public et se reconnecter avec leur environnement.
Nous adaptons le choix des formes en fonction des contextes et du degré d’implication des personnes concernées, qui seront amenées à en prendre soin.
De par les contraintes propres au contexte urbain, les formes jardinées sont considérées comme les formes les plus adaptées pour amener l’arboriculture au coeur des villes. Ces contraintes sont liées à l’exigüité des espaces qui ne permettent pas le développement d’arbres fruitiers de plein vent ; ainsi qu’à la faible épaisseur de substrat qui ne permet pas d’accueillir d’arbres présentant un grand développement.
De par leur faible développement, les arbres fruitiers palissés ont capacité à investir les espaces urbains résiduels, les entre deux. Aidé par les mains de l’homme, l’arbre fruitier peut adapter ses formes, pour s’intégrer au plus près des façades, sur les balcons, les terrasses, les toits. Plus qu’une confrontation antagoniste entre espace cultivée et espaces bâti, il s’agit d’une interaction créative et productive, une réconciliation ville nature.
Les formes jardinées font partie à la fois du patrimoine architectural et du patrimoine paysager. Elles sont le symbole d’une co-évolution entre production agricole et ville. Symbole qui peut inspirer un retour d’une arboriculture de proximité, ou plus généralement du renforcement des liens entre ville et agriculture et l’émergence d’une ville comestible, jardinée.
Pour faire face à la perte des savoir-faire et au manque de connaissance concernant ces formes, Vergers Urbains développe diverses formations (taille fruitière, greffe, …), destinées tant au monde professionnel qu’au grand public. Nous mettons par ailleurs en place plusieurs lieux ressource permettant la diffusion des pratiques, ainsi que des pépinières permettant de diffuser des variétés locales, avec les porte-greffe les plus adaptés à l’espace urbain. C’est le cas du verger de Fleury, du site des Fermiers Généreux, de Commun Jardin, ou prochainement le site de la rue Mathis (projet le Terrier).
C’est pour mieux faire connaitre et diffuser ces pratiques et ces savoirs que nous soutenons l’initiative visant à inscrire l’arboriculture fruitière en forme jardinée au patrimoine immatériel de l’Unesco. Nous souhaitons permettre tant une préservation des formes et des espaces actuels qu’une réactualisation des pratiques, en accord avec les enjeux urbains et environnementaux actuels et dans la dynamique de développement de l’agriculture urbaine et l’intégration du végétal nourricier en ville. L’appel à ces formes devient de plus en plus justifié pour inscrire le patrimoine nourricier en harmonie avec l’espace bâti, mais le potentiel de ces formes, dans toute leur diversité est encore trop méconnu.
L’équipe Vergers Urbains
Façades, balcons, terrasses et toits végétalisés. Il y a aujourd’hui une dynamique autour de la végétalisation des bâtiments. Si on utilise les plantes grimpantes, on parle encore très peu d’arbres fruitiers et d’arbres en formes jardinés.
Vergers Urbains travaille beaucoup avec Toits vivants1 mais n’a pas encore réussi à concrétiser un projet complet façades et toit. Vergers Urbains travaille beaucoup avec des architectes et des promoteurs. On n’est encore qu’au début de la dynamique. La végétalisation fait encore peur aux promoteurs : contraintes techniques (étanchéité, structure, portance des balcons, etc.) et contraintes de gestion et d’entretien (même si des organisations comme Vergers Urbains ou des entreprises d’entretien d’espace verts peuvent assurer l’entretien). La perte des feuilles des arbres fruitiers en hiver est parfois vue comme un problème. Souvent la végétalisation est envisagée au début des projets mais est ensuite éliminée pour des raisons d’économies budgétaires. La végétalisation n’est pas encore perçue comme un avantage compétitif par les promoteurs. Vergers Urbains a par contre réussi à réaliser des projets sur les toits qui ont l’avantage d’être un espace commun. Vergers Urbains a pu créer des jardins communs sur les toits pour lesquels ils sont animateur et gestionnaire. Il est souvent possible d’impliquer les habitants pour l’entretien. Des jardins en pied d’immeuble ont été également créés.
Vergers Urbains a été créé pour implanter des arbres fruitiers en ville mais s’est très rapidement aperçu qu’il était préférable d’intégrer les arbres fruitiers dans des écosystèmes comestibles diversifiés avec des plantes potagères et aromatiques. On parle maintenant de « forêts fruitières » pour décrire ces écosystèmes dans lesquels l’arbre fruitier est au centre. Vergers Urbains utilise différentes solutions pour créer ces écosystèmes ultra densifiés : bacs pour créer des petits écosystèmes très denses avec l’arbre au milieu, pergolas, ou véritables forêts fruitières qui sont la forme la plus dense. Vergers Urbains a également des projets de maraîchage destinés à la vente et dans lesquels sont également intégrés des arbres. Vergers Urbains est de plus en dans des projets d’agroforesterie à une diversité d’échelles.
Technologie, robotisation. En maraichage il existe une dynamique pour l’introduction de nouvelles technologies pour mécaniser, et robotiser mais pas en l’arboriculture fruitière, qui comme l’arbre en général attitre plutôt des gens qui sont plus sur le ‘low-tech’.
L’AFAUP2 (Association Française d’Agriculture Urbaine Professionnelle créée en 2015). Vergers Urbains fait partie de l’AFAUR. Les membres de l’AFAUR sont surtout orientés vers le maraîchage. Peu sont orientés vers l’arboriculture fruitière mais certains ont des arbres fruitiers.
Ce qui est très limitant c’est la qualité du sol. L’arbre fruitier est cependant moins sensible à la pollution du sol que les plantes maraichères. On a également du mal à planter des arbres fruitiers sur les trottoirs car certains fruits peuvent créer des nuisances quand ils tombent sur le sol. On peut alors s’orienter vers des fruits à coque. Les dégradations sont le troisième facteur limitant, mais l’expérience montre que cela reste à la marge. Vergers Urbains accompagne souvent des projets participatifs ou des copropriétés et rencontre alors le quatrième facteur limitant : la contrainte de l’attention.
On constate aujourd’hui la disparition de nombreux vergers en France. Il serait bon de faire des recherches pour mieux comprendre les raisons de ces disparitions et surtout de proposer des techniques pour relancer l’arboriculture fruitière en France et notamment en périphérie urbaine
Il existe une grande diversité de sites urbains et péri-urbains :
• Dans la plupart de ses projets, Vergers Urbains opère sur des petites surfaces (800-1500 m2 ). Dans ces projets, la production de fruits et la récolte ne sont pas l’objectif principal3. Il s’agit surtout d’apporter des animations, de la formation et du conseil. Pour évaluer ce type de projets, Vergers Urbains met en place un référentiel mesurant le degré de réalisation de sept objectifs (voir annexe)
• A une autre extrémité du spectre, Vergers Urbains travaille également sur le projet Villiers-le-Bel. A Villiers-le-Bel, il existe 4 hectares (sur 80 hectares de terres agricoles) de vergers abandonnés depuis 2018. La ville a la volonté de reprendre, remettre en état et d’étendre ces vergers avec différentes formes. Ces 80 hectares donnent sur la plaine de France dans laquelle il y a encore des terrains. Ce site pourrait constituer un projet pour des recherches sur des solutions d agroforesterie.
Aujourd’hui, le potentiel des formes palissées est mal connu et ces formes ne sont généralement pas demandées spontanément. Ce sont des organisations comme Vergers Urbains qui les proposer quand elles sont adaptées à la situation.
Les formes jardinées ont l’avantage de pouvoir être utilisées dans des espaces très réduits et de ne nécessiter qu’un volume de sol réduit. Même si elles n’occupent pas une place majoritaire dans l’espace urbain, les formes jardinées y ont une place qui se justifie par des considérations d’espace et paysagères. Les formes jardinées ont également
des qualités esthétiques.
Dans ses forêts fruitières, Vergers Urbains utilise une variété de formes (dont des formes colonnaire) et également des formes palissées pour limiter les cheminements, pour délimiter les zones d’accueil, et pour avoir des arbres le long des grilles extérieures.
Un autre avantage des arbres en formes jardinées est qu’ils permettent de délimiter des espaces (délimitations vivantes) et d’éviter la pose des clôtures.
Les formes palissées peuvent également être utilisées dans les trames vertes et bleues et notamment pour amener l’arbre au plus près des bâtiments. C’est la logique du dernier kilomètre : seul l’arbre fruitier en formes jardinées peut venir au contact des bâtiments (comme les anciens ‘poiriers de façade’).
Vergers Urbains ne défend pas les pleins vents sur les toits car ce n’est pas forcément écologique : cela implique des modifications de structures des bâtiments. Par contre l’arbre fruitier et notamment le petit arbre fruitier en formes jardinées qui ne demande que peu de substrat peut constituer des éléments verticaux et créer de l’ombre. Les formes jardinées fonctionnent bien sur les toits pour peu que la contrainte du vent soit prise en compte.
Les formes jardinées sont difficiles à reconstruire en cas de dégradation. Heureusement cela reste un phénomène assez marginal.
Vergers Urbains utilise surtout des U doubles et palmettes Verrier. Également des cordons et formes colonnaires.
Vergers Urbains a également récupéré des arbres dégrades auquel ils essayent de redonner une forme, comme dans le square Alain-Bashung à la Goutte d’Or.
Vergers Urbains peut également utiliser des cordons comme à la Maison du jardinage4 dans le parc Bercy. Les buis ont été remplacés par des cordons mais il y a des problèmes causés par la trop grande vigueur des porte-greffe.
Vergers Urbains peut également orienter vers des formes plus modernes et faire des compromis quand les populations sont peu stables ou quand il y a un manque de formation.
Figuiers. Vergers Urbains plante pas mal de figuiers. Ce sont des arbres très robustes qui peuvent prendre différentes formes et qui n’ont pas besoin de beaucoup de sol.
La communauté scientifique commence à s’intéresser à l’agroforesterie urbaine.
Vergers Urbains entretient des contacts avec la communauté scientifique depuis 2012 et notamment avec l’équipe agriculture urbaine de l’UMR SADAPT5 de INRAE-AgroParisTech. Cette équipe travaille sur des sujets très variés d’ordre social, économique, technique, etc. On est impliqué dans leur programme Refuge6 consacré à l’étude de la pollution des sols. Cette équipe n’est pas axée sur les arbres fruitiers mais est composées de quelques chercheurs qui s’intéressent à la foresterie urbaine.
Vergers Urbains a essayé de répondre à des appels de la Fondation de France qui a décidé de promouvoir l’agroforesterie7 et qui a lancé un appel à projet pour des recherches en agroforesterie8. Vergers Urbains avait commencé à travailler sur des sujets tels que l’impact social de l’arboriculture fruitière en ville et sur des modèles économiques pour l’arboriculture fruitière urbaine et l’agroforesterie.
Dans les années récentes, il semble que la communauté scientifique se soit d’abord intéressée au maraichage, aux micros fermes : comment peut-on cultiver sur des petites surfaces ? Cela a contribué à développer de nouvelles fermes autour des villes. Les études réalisées autour de la Ferme du Bec Hellouin ont notamment permis de crédibiliser un nouveau type de maraîchage. Plus récemment le Bec Hellouin a publié les résultats de son expérience de forêt jardin9.
Il faudrait maintenant développer des projets d’arboriculture fruitière, étudier comment ces projets peuvent participer à la dynamique des trames vertes et bleues des municipalités10.
Vergers Urbains a un ou deux sites qui sont suivis par l’agence régionale de biodiversité. La biodiversité est prise en compte dans le référentiel d’évaluation des verger (voir annexe 7bis ).
7 objectifs et 20 indicateurs pour évaluer les jardins de Vergers Urbains
7 objectifs | 20 indicateurs |
1. Augmenter l’appropriation des espaces publics par la participation des habitant.e.s à leur transformation et végétalisation | 1. Nombre et diversité des jardinier.ère..s impliqué.e.s dans le lieu 2. Types d’appropriation du jardin créé 3. Qualité paysagère du site |
2. Faire de la médiation sociale en imaginant, construisant et animant les espaces de jardinage avec les habitants | 4. Dispositions prises pour toucher des publics vulnérables 5. Membres de l’association formé.e.s à la médiation sociale |
3. Aboutir à une multiplication de la végétalisation comestible | 6. Création et autonomisation d’un collectif de jardiniers.ère.s |
4. Transmettre des savoirs au plus grand nombre autour du jardinage écologique et de la construction bois | 7. Connaissance des savoirs transmis 8. Diversité des publics touchés par les activités pédagogiques 9. Qualité des ateliers et formations 10. Niveau de formation de l‘équipe |
5. Favoriser l’insertion professionnelle | 11. Nombre de personnes ayant trouvé un emploi suite à leur passage dans l’association 12. Nombre et types de postes créés dans l’association 13. Nombre et types de personnes suivies en chantier d’insertion 14. Types de compétences acquises |
6. OEuvrer pour la biodiversité en plantant la ville et en protégeant les friches | 15. Conservation ou sanctuarisation de friches sanctuarisées 16. Régénération de sols fonctionnels 17. Sensibilisation des publics aux enjeux de la biodiversité 18. Amélioration de la biodiversité faunistique et floristique |
7. Réduire au maximum notre empreinte écologique dans nos pratiques et projets | 19. Gestion des déchets ou extrants des jardins 20. Gestion de l’eau et de l’électricité |
Source : Vergers Urbains
1. http://www.toitsvivants.org ; https://villeresiliente.org/babylone/
2. http://www.afaup.org/
3. Pour envisager des modèles économiques reposant sur la vente de fruits, il faut des surfaces beaucoup plus importantes (5 hectares ?).
4. https://www.paris.fr/lieux/maison-du-jardinage-pole-ressource-jardinage-urbain-1788
5. https://www6.versailles-grignon.inrae.fr/sadapt
6. https://www6.versailles-grignon.inrae.fr/ecosys/Recherche/Projets/REFUGE
7. https://www.fondationdefrance.org/fr/sensibiliser-le-grand-public-lagroforesterie
8. https://www.fondationdefrance.org/fr/recherches-sur-les-agroforesteries ; Voir aussi le site de l’Association Française de l’Agroforesterie – l’agriculture dans les règles de l’arbre https://www.agroforesterie.fr
9. https://www.fermedubec.com/la-recherche/les-rapports-scientifiques/ « L’agroforesterie qui consiste à associer les arbres ou les haies aux productions agricoles (cultures, prairies) pour obtenir des agrosystèmes pluristratifiés, est l’une des voies agro-écologiques, soutenue par la Fondation de France ».
« L’agro-écologie n’est pas considérée ici comme une forme particulière d’agriculture mais comme une vision pouvant transformer toutes les formes actuelles d’agriculture et comme une inspiration sur les chemins pour y parvenir. Elle impose cependant de profonds changements dans la façon d’analyser, d’évaluer et de concevoir tant les pratiques de culture et d’élevage que les systèmes de production, d’échange et de consommation :
• l’abandon de la recherche de solutions « passe-partout » au profit d’une diversité de systèmes à construire par les acteurs eux-mêmes, dans chaque contexte biophysique et socio-économique
• l’intégration des différentes échelles auxquelles opèrent les processus écologiques et socio- économiques de l’agro-écologie : la parcelle (lieu des interactions entre l’eau, les sols, les plantes, les animaux…), l’exploitation agricole (unité de gestion et de vie), le territoire (échelle d’organisation du paysage, des relations sociales de proximité, des systèmes alimentaires et de maîtrise des flux et impacts sur les ressources) ;
• l’intégration des savoirs profanes (notamment sur les pratiques agricoles) et des savoirs scientifiques plus génériques (sur les processus et sur les méthodes) pour produire des connaissances activables et utilisables par le plus grand nombre
• une réinscription des pratiques dans le temps long, celui des processus écologiques (croissance d’un arbre, maintien ou restauration d’un sol de qualité, changement climatique…), celui des acteurs (nouveaux apprentis- sages et compétences à acquérir pour les paysans, les chercheurs et accompagnateurs, ...) et enfin celui des institutions (gouvernance, nouveaux référentiels de politiques publiques).
10. Vergers Urbains n’a pas encore fait d’études sur la consommation d’eau des arbres en formes jardinées
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