Les savoir-faire vanniers en Bretagne : la fabrication des sklisseneù

Les vanneries sont produites grâce à des savoir faire qui se sont maintenus sur plusieurs millénaires dans une aire de production.

Dans le pays Vannetais, on appelle sklissenneù , les vanneries rondes dont le départ de fabrication se fait grâce à un nombre impair de montants arqués et taillés en pointe et qui sont enfoncés dans un bouton constitué d’un brin entortillé. Ces vannerie sont connu e s sous différents noms sklissen, sklisse, clisse, golo panier « à patates ». La forme principale est une corbeille équipée de deux poignées fixées dans la bordure. Une taille plus grande est appelée mann. De nos jours, ceux ci ont souvent remplacé les montants en châtaignier par du fil de fer.

De nombreux fabricants continuent à pratiquer ces savoir-faire. La plupart sont des agriculteurs retraités. Cet inventaire est rédigé principalement à partir d’entretiens réalisés depuis 2004 auprès de Julia Le Gallo vannière à Camors et dans une moindre mesure auprès d’Alain Prado,originaire de Plouay.

Ce groupe de vannerie (sklisseneù) n’est produit que sur l’aire de production décrite (Fig. 4). Il appartient à la famille des vanneries à montants courbés en hémiméridien à montants concentriques ou croisés. Ce type de travail n’est réalisé que sur la péninsule armoricaine et ne se rattache à aucun des savoir-faire vanniers pratiqués en Europe. Il s’agit probablement de l’aire native de cette vannerie. On trouve les fabricants de ce groupe de vanneries dans le pays vannetais, situé au centre et à l’ouest du département du Morbihan.Jusqu’à la fin du XXesiècle, les abords des forêts, notamment celles de Camors et de Floranges, ont accueilli des populations de vanniers professionnels. Des ateliers ont aussi existé en-dehors de ce secteur, par exemple l’atelier de Jean-Marie Prado à Plouay (nord de Lorient), qui fournissait dans les années 50-60 les agriculteurs et les pêcheurs du port de Lorient. Ce savoir faire est aussi pratiqué de manière diffuse par les agriculteurs de ce territoire.

La récolte des matériaux: une activité liée à la forêt

Des populations de vanniers se sont installées auprès des bois dans lesquels ils prélèvent les jeunes tiges nécessaires à la fabrication, principalement la bourdaine. Le propriétaire du bois donne son accord, avec généraleme nt une contrepartie, sous forme de corvées ou de paniers. Les vanniers côtoient ainsi les sabotiers, les bûcherons, les charbonniers, les gardiens de troupeau, etc. Des essences comme la bourdaine croissent opportunément dans les espaces boisés éclaircis. Les anciens vanniers conviennent qu’il est plus difficile de récolter du bois de qualité de nos jours du fait que les forêts sont moins bien entretenues.

La bourdaine est fréquente dans le Massif Armoricain : on la rencontre dans les haies, les taillis, les bords de l’eau et les marécages. C’est celle qui croît dans les forêts qui intéresse le plus les vanniers. Julia Le Gallo, née en 1921, vannière à Camors dans le V annetais traduit le mot frança is bourdaine par le terme breton koed envot . Jo Rio , linguiste à l’Université de Bretagne Sud, a rencontré d’autres variantes en breton vannetais : koed ivo, koed évo (Hérisset, 2007). Il propose comme terminologie générale en breton koad evor/ivo. Julia

Le Gallo conserve sa bourdaine pendant plusieurs mois dans un endroit frais. Au bout d’un certain temps, le matériau se travaille moins bien et il faut être plus vigilant pour ne pas casser les brins . De ce fait, les vanniers habitent presque toujours prè s d’une forêt ou d’un bois, afin de s’y approvisionner régulièrement. « Au départ, je faisais 4 à 5 km avec mes cousines, jusqu’à la gare de Baud, et on revenait avec le fagot de bois sur la tête. On avait mal souvent à la tête. Toute la bourdaine ne provenait pas la forêt domaniale de Camors, mais aussi de la forêt de Floranges. C’était une forêt privée qui appartenait au Comte de Saint Georges. Il avait une équipe de bûcherons, aussi le sous bois était bien entretenu, et de ce fait la bourdaine poussait bien. On appelait huern une éclaircie humide dans la forêt, une sorte de lande. C’est dans ce milieu que se plaît bien la bourdaine. »

Julia se rend maintenant dans le huern avec Claude, son gendre, qui assure la manutention et le transport. Nous avons avec elle reconstitué les gestes des ramasseurs de bourdaine : coupe (Fig. 5), lien du fagot (Fig. 6) et transport : sur la tête (Fig. 7) puis sur un vélo (Fig. 8). En Bretagne, il était d’usage d’échanger des matériaux contre le tressage. On le voit dans le témoignage de Joseph Le Tutour qui fréquentait les mêmes bois que Julia : « Dans les villages au bord de la forêt, les enfants allaient couper de l’osier bleu appelé aussi bourdaine, ou de l’osier vert appelé par les vieux er blazers, le puant, parce qu’il sentait fort. [Les tiges coupées étaient destinées à des fabricants de paniers.] Il fallait porter de l’osier pour deux paniers pour bénéficier gratuitement de l’un d’eux… Les grandes personnes allaient également effectuer une cueillette qui était interdite. Mais les paniers étaient nécessaires pour la manutention des pommes de terre... (Le Rouzic, 2007) »

L’informateur appelle « osier » d’autres essences que des saules. Le mot d’osier n’a peut être pas de véritable équivalent dans le parler breton de l’informateur : « l’osier bleu » est la bourdaine et « l’osier vert » est probablement une variété d’aulne.

Dispositif de fabrication

La confection d’un sklissen se divise en différentes séquences :

-Fabrication du bouton

-Pose des montants

-Tressage des flancs à genoux

-Tressage des flancs après démoulage

-Rabattage des montant s pour clore le panier

-Fabrication d’une poignée

-Nettoyage du panier fini

Les baguettes de bourdaine sont au préalable triées en fonction de leur taille et de leur diamètre. Le fond d’un panier est fabriqué en bourdaine brute, et les flancs en bourdaine grattée ( écorcée). Des tiges de châtaignier ou de houx de 60 cm de long, et de 8 mm de diamètre sont épointées. À partir de la pointe le bois est légèrement effilé sur 20 cm. Ces brins seront les montants ( moleù ) du panier. Ils sont enfoncés dans un petit tortillon d’osier ou de bouleau appelé le bouton. Cette opération se fait sur un gabarit, le moule, qui comporte une tige centrale fixé e sur un disque de bois comprenant 13 encoches, soit une par montant. Le tressage des flancs se fait la corbeille renversée. Lorsque que ce tressage des côté s est achevé, le panier est démoulé et retourné. Afin de le border (c’est à dire de maintenir la clôture), les moleù sont épointés, tordus, et enfoncés à droite du montant précédent à l’aide du bâton. Dans le cas de poignées disposées au dessus du bord, deux montants en vis à vis ne sont que partiellement enfoncés de façon à prévoir le passage d’une main. Ils participeront à la réalisation de la poignée, lui conférant une bonne attache puisque les montants qui la composent s ont en place dès le départ du fond. Pour terminer les poignées, il faut rajouter à côté de chacun de ces deux montants un brin de châtaignier, le tourner sur lui même et faire un aller retour en l’enroulant, en serrant très fort, autour du montant concerné.

Dans les vanneries à montants de bois en arcs rampants, les montants peuvent être fixés à un pied, un «moule» ou une «table».La variante vannetaise se caractérise par l’emploi de moules présentant un nombre impair d’encoches. Au centre du disque est fixé un axe dont l’embout est réduit. L’extrémité la plus grosse des montants est épointée. Les montants sont ensuite coupés à la même longueur du côté le plus fin des brins. La pointe est piquée dans un anneau, appelé «bouton»,placé en haut de l’axe central. L’autre bout des montants est posé dans l’encoche pour former un arc. Le vannier travaille à genoux ou assis.Le haut de l’axe a un diamètre plus réduit pour accueillir l’anneau d’osier dans lequel sont piqués les montants.

Dans le Morbihan, Julia Le Gallo, vannière à Camors et Jean-Marie Prado, vannier jusqu’en 1962 à Plouay, travaillent à genoux (Fig.11et Fig.12). Le moule de Jean-Marie est de plus grande dimension. Dans son atelier place de l’église, il produit de grandes corbeilles pour les agriculteurs des environs et les pêcheurs du port de Lorient. Il pose les genoux sur la base large de son moule alors que Julia les plie sur le sol en les protégeant par un tablier.

 

Les aspects structurels

Les montants d’un sklissen partent ou se croisent en un point central situé au fond de l’objet. La mise en tension des arcs est permise par un établi appelé moul . Le démarrage de la fabrication se fait en piquant des montants dans un bouton : un anneau constitué d’osier entortillé et entrelacé.

Les modes de départ de la vannerie à montants en fil de fer, variante qui s’est développée chez quelques vanniers, sont une adaptation du mode de départ précédent pour prendre en compte les caractéristiques du fil de fer. Ainsi, les montants sont ils enfoncés sur un anneau fait d’osier entortillé.

La fabrication de la bordure permet de rassembler les montants et de fermer la clôture. Chacun leur tour, les montants sont les uns après les autres renversés et piqués le long d’un montant voisin après avoir été tordus partiellement sur eux mêmes.

La dernière étape consiste en la pose d’équipements tels des poignées ou une anse. Les poignées sont faites d un montant et d’un brin piqué . Un second brin est piqué dans la bordure. Il est tordu sur lui même. La poignée est constituée d’un entrelacement de deux courses de ce brin avec le montant précédemment cité, également tordu.

Si dans le pays de Baud positionner une anse au dessus du bord est la règle Julia Le Gallo place plutôt les anses sur le côté pour les clients de la région de Pluvigner. Elle ignore la raison de cette demande. Peut être était ce pour faciliter un transport sur la tête. Dans le cas d’un panier équipé d’une anse, celle ci est fabriqué e à partir d’une sous anse en bois enfoncée dans la bordure le long des montants . Elle est ensuite habillée par des brins plus fins (souvent quatre) tordus sur eux mêmes . Ils enlacent la sous anse et la lient au panier.

 

 Les aspects esthétiques

Dans la vannerie du groupe vannetais, paniers et petites corbeilles domesti ques sont clôturés en bandes alternées de bourdaine grattée et non grattée. La norme pour les grandes corbeilles dites sklisseneu est un fond foncé en bourdaine non grattée peut être pour le protéger et les flancs blancs en bourdaine grattée, plus « propre ». Notons qu’il y a aujourd’hui plus d’attrait à produire des objets multicolores, quitte à utiliser des essences ornementales

 

La vannerie à montants courbés disposés en hémiméridien est particulière à la Bretagne. Les variantes de cette vannerie se partagent le territoire régional sans cohabiter. Leurs aires de diffusion sont plausiblement stabilisées. Elles se caractérisent par l’emploi d’un vocabulaire vernaculaire spécifique et probablement ancien, compte tenu d’un mode de transmission de ces savoir faire essentiellement en milieu familial. Les vanneries de ce groupes sont dominantes, et tous les degrés d’industrialisation (domestique, villageois, industriel) sont représentés. Tous ces éléments donnent à penser que cette vannerie est native. Sa dynamique de diffusion récente est caractérisée par une régression liée à une disparition des usages et l’arrêt d’une transmission du savoir au sein des familles.

La vannerie à montants courbés concentriques, localisée à l’ e st de la Bretagne , produit un type d’objets extrêmement homogène : une corbeille ronde, de la même taille, avec les mêmes matériaux et les mêmes éléments techniques. Ce type ne semble pas avoir été influencé par les autres techniques de vannerie qui se sont développées par la suite sur une partie de ce territoire. À l’ ouest , le type natif a été adapté, ce qui lui a permis de répondre à l’émergence de nouveaux besoins. Cette adaptation s’est avérée indispensable en l’absence d’autres types techniques, au contraire de la situation de la partie est.

En considérant la situation strictement du point de vue de la vannerie, des travaux portant sur l’Égypte et sur le Moyen Orient montrent combien de telles techniques familiales se maintiennent sur plusieurs millénaires, en dépit d’autres évolutions culturelles. L’étude diachronique des types de vannerie est à ce titre un indicateur pertinent pour étudier la diffusion des techniques voire parfois la mobilité des populations.

Malheureusement, les sols acides et le climat humide du Massif armoricain rendent difficile la conservation de vanneries anciennes. Il n’y aurait pas de traces de vannerie préhistorique ou antique en Bretagne (source : Annie Bardel, CNRS). Ceci empêche une évaluation de l’ancienneté des types techniques s’appuyant sur des vestiges archéologiques. Hélène Balfet (1964) décrit les environnements qui permettent la conservation de la vannerie à travers les âges. Il en découle un avantage des milieux secs sur les milieux humides à l’exception des milieux gorgés d’eau comme le sont les boucles fossiles de la Seine où ont été découvertes des nasses préhistoriques ce qui explique en partie le grand nombre de pièces trouvées, par exemple, en Égypte ou au Moyen Orient. Danielle Stordeur ( 1989) décrit des vestiges de vannerie du Proche Orient vieux de 10 000 ans. « On a constaté dès l’abord, une pleine maîtrise des savoir faire. On assiste également à un autre phénomène […], celui d’une inertie qui a pu peser plusieurs millénaires sans qu’aucun changement ne soit constaté. […] Mais persistance ne signifie pas permanence (Fiches, Stordeur, »

La singularité de ces techniques en Europe, et notamment leur absence dans les régions voisines, sous tend comme hypothèse principale que la Bretagne est le berceau de ces techniques, de facto natives. Un croisement de la cartographie des vanneries en Bretagne avec d’autres ethnographies et des travaux d’archéologie pourrait être fécond, notamment dans la définition d’espaces d’échanges culturels.

La transmission des techniques, et donc des termes afférents, s’est faite au sein de lignées familiales. Potentiellement, des objets sont nommés avec des mots empruntés à des langues anciennes par les populations de fabricants et les utilisateurs traditionnels. Les locuteurs des langues romanes et celtiques actuellement parlées en Bretagne n’utilisent pas ou peu ce vocable dans lequel ils ne retrouvent pas les racines du vocabulaire courant. Citons à titre d’exemple les termes baskodenn (ar vaskoden , Pont l ’Abbé, Combrit Sainte Marine, Sud Finistère ) carbasson (variantes cabasson, calbasson , Bassin Rennais, ou bine (nord du Penthièvre) dont les noms actuels rappellent les mots gaulois bascauda, carbanton et benna désignant eux aussi des objets potentiellement tressés (Delamarre, 2003).

Si l’hypothèse du maintien d’un vocabulaire ancien est validée, elle peut notamment s’expliquer par la mobilité réduite des populations vannières. Les vanniers bretons résident souvent aux confins forestiers des communes. Ils trouvent dans les bois les matériaux de fabrication et en habitent la lisière. Ils vivent loin du bourg et de son influence. Ils participent ainsi d’une civilisation forestière qui vit en marge des autres groupes ruraux, conformément à la description qu’en a faite Suzanne Le Rouzic dans une étude sur les riverains des forêts domaniales de Camors, Floranges, Lanvaux dans le Morbihan (Le Rouzic, 2007).

Pour les populations de la région, la pratique de la vannerie locale est vue comme étant certainement très ancienne. Cette activité ne laissant pas de traces archéologiques distinctes, ou remarquables il est difficile pour les populations de réaliser depuis quand elle existe. Les récits locaux rapportent essentiellement des faits qui se sont tenu s au XX e siècle. La fabrique de paniers à Camors, trop ordinaire, n’a, semble t il, pas fait l’objet de description écrite. On n’en trouve p as trace non plus dans les administrations, pour lesquelles les fabricants même professionnels n’avaient pas d’existence légale : bien souvent, la vannerie ne procurait qu’un revenu complémentaire en marge de l’exercice d’une autre profession et cette activité n'était généralement pas déclarée comme telle. Ainsi, les vanniers cotisaient souvent comme agriculteurs, parfois comme exerçant une autre profession. D'ailleurs, entre eux, ils ne se disaient pas « vanniers »: précisant simplement qu’ils « fabriquaient des paniers ». Dans les années 50, i l y avait encore une dizaine d’ateliers. Julia Le Gallo se souvient de quelques uns de ses collègues des années 50. « Quand j'étais plus jeune, il y avait M. Boèdec : il faisait ça à temps plein. Mais à cette époque là, ça gagnait bien plus que maintenant. Il arrivait à s’en sortir. Car il y avai t de la demande. C’était quelqu’un de la génération de ma mère. » « Il y avait aussi mes oncles maternels Louis et Armand Le Guennec et Marie Frapper qui en faisaient pas mal. Dans la famille Evano, du côté de mon père, il y avait aussi des fabricants, com me ma tante Noëlle.» « Il y avait également Jacques Hamonic, à l’origine couvreur, qui s’ était reconverti à la fabrique de paniers suite à un accident…» « Pour gagner sa vie, il valait mieux être bûcheron ou sabotier, même charbonnier. Pour devenir fabricant de paniers, il fallait déjà être dans une famille qui en faisait. On faisait ce métier si on n'avait pas la force d'être bûcheron, ou si on ne trouvait pas d'autre travail sur place. »

Julia Le Gallo née en 1921 , est la plus jeune d’une famille de 6 enfants. Marie Joséphine, sa mère, veuve à 52 ans, a repris l’activité de fabrication de paniers de son père. À l’âge de 5 ans, Julia découvre la langue française à l’école. Ses études s’achèvent à 12 ans avec l’obtention du certificat d’études. À partir de 14 ans, elle apprend le travail de la bourdaine en aidant sa mère, tout comme avant elle ses soeurs Albertine et Helena. Un problème d’asthme ne lui a pas permis de partir rejoindre ses soeurs à la conserverie de sardines, la Quiberonnaise.

Julia, comme sa mère avant elle, s'est mariée à un bûcheron. La vannerie lui a apporté un revenu complémentaire tout en lui permettant de rester à Camors. « Il fallait gagner sa croûte, comme on disait. » « C’était un travail pour celles qui ne pouvaient pas aller travailler ailleurs. » Les fabricants de paniers ne limitaient pas leur activité à la vannerie. Ils confectionnaient également des fagots, payés à la centaine et achetés par les boulangers, surtout pendant la guerre. Certains façonnaient aussi des balais de bouleau. Jusqu’aux années 50, l’écorce de bourdaine, issu e du grattage des brins, était vendue à des pharmaciens (utilisé e comme purgatif). « Et puis », nous dit encore Julia, « les vanniers avaient fréquemment une tenue (petite propriété) avec une ou deux vaches. »

Sa mère avait obtenu une autorisation du Comte de Saint Georges pour couper la bourdaine dans sa forêt à Pluvigner. « Le Comte avait une équipe de bûcherons, aussi le sous bois était il bien entretenu, et la bourdaine abondait. Il ne demandait en paiement que deux paniers que le garde venait chercher tous les ans. » Par la suite, la bourdaine a été prélevée surtout dans la forêt domaniale de Camors. « Dans le temps, pour prendre de la bourdaine dans la forêt de Camors, il fallait faire des corvées . On allait travailler deux jours pour rien. On nous demandait d’entretenir les chemins, les fossés, de participer aux plantations. Ça ne concernait pas les sabotiers mais les vanniers, comme tous ceux qui conduisaient leurs vaches à la forêt. »

Cette vannerie n’est pas enseignée. Les revenus de cette activité sont modestes, aussi dans le contexte économique actuel il n’y a pas de successeur déclaré aux vanniers professionnels âgés population sur laquelle pourtant repose la transmission. Ces savoir faire sont donc extrêmement fragilisés.

Les communautés identifient les vanneries vannetaises comme faisant partie de leur patrimoine. Il n’y a cependant pas à l’heure actuelle d’association porteuse de leur sauvegarde. La thèse soutenue en 2012 par Roger Hérisset est un travail d’ampleur qui a amélioré la visibilité de ces savoirs. Elle s’accompagne de conférences locales et de supports de vulgarisation. Le travail de s fabricant s est aussi mis en avant à l’occasion de fêtes locales (par exemple le 15 août à l’occasion de la fête de Kerrodic à Baud) et par des écomusées tels que celui de Poulfetan mise en place d’ ateliers thématiques) ou encore celui de Saint Degan (collections de pièces). La sauvegarde passe d’une part par la reconnaissance de ces savoirs et par la mise en oeuvre de circuits économiques permettant d’en tirer un revenu, fusse t il complémentaire.

Les associations de promotion et sauvegarde du patrimoine considèrent ces vanneries comme faisant partie de leur champ d’action . Prenons comme exemple les cas des vanneries utilisé es pour la vente du poisson . Le commerce du poisson frais se faisait dans des corbeilles larges à la forme aplatie ( Fig. 28 , Fig. 29 et Fig. 30 Lorsqu’ il était porté sur la tête, le panier était posé sur un plateau pour protéger la marchande des écoulements. Si la vannerie n’est plus qu’exceptionnellement utilisée dans le travail, elle acquiert un statut identitaire, comme on peut le voir dans l’illustration ci après Fig. 31 et Fig. 32 Un cercle de danse traditionnelle de Port Louis (Morbihan s'est saisi de la valeur symbolique de la corbeille que portèrent sur la tête des marchandes de poissons. Cette corbeille, portée par Myriam Ribler de Merlevenez, est l’une de celles utilisées par le cercle de danseurs An drouz Vor(Port-Louis, Morbihan). Elles ont été fabriquées à Calan à la demande du cercle. Contrairement à l’usage, il manque le plateau en zinc sur lequel repose le panier. Les corbeilles,autrefois utiles,sont devenues un objet symbolique. Elles sont présentées par le cercle de danseurs An drouz Vorqui s’est saisi de ce patrimoine et a sollicité un fabricantâgé.

N° d'inventaire Ministère Culture : 2014_67717_INV_PCI_FRANCE_00342
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk295

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