Animation estivale ponctuant la « saison des eaux », cette fête voit défiler des voitures fleuries, devenues aujourd’hui des chars fleuris sur des thèmes qui diffèrent tous les ans.
Les fêtes des Fleurs apparaissent à la fin du XIXe siècle dans plusieurs stations thermales des Pyrénées, telles Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne), Eaux-Bonnes (Pyrénées-Atlantiques), Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) ou encore Ax-les-Thermes (Ariège). Animation estivale ponctuant la « saison des eaux », cette fête voit défiler des voitures fleuries, devenues aujourd’hui des chars fleuris (en fleurs naturelles ou en papier crépon suivant les lieux) sur des thèmes qui diffèrent tous les ans. Le travail de création de ces chars débute généralement six à huit mois en amont par les services techniques municipaux ou bien par des associations locales.
Les fêtes des Fleurs apparaissent à la fin du XIXe siècle dans plusieurs stations thermales des Pyrénées, telles Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne), Eaux-Bonnes (Pyrénées-Atlantiques), Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) ou encore Ax-les-Thermes (Ariège). Animation estivale ponctuant la « saison des eaux », cette fête voit défiler des voitures fleuries, devenues aujourd’hui des chars fleuris (en fleurs naturelles ou en papier crépon suivant les lieux) sur des thèmes qui diffèrent tous les ans. Le travail de création de ces chars débute généralement six à huit mois en amont par les services techniques municipaux ou bien par des associations locales. La fête des Fleurs se compose de diverses animations (élection de la « miss Fleurs », animations de bandas, course de garçons de café ou encore marché) et surtout du corso fleuri le dimanche : les chars paradent dans les rues de la station avant le lancer des fleurs (la « bataille de fleurs ») sur le public ou sur les autres chars durant leur dernier tour de piste.
Les communautés de la fête des Fleurs de Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne)
Le service « animation » de Bagnères-de-Luchon, en concertation avec les élus du conseil municipal de la ville, est chargé de l’organisation de la fête des Fleurs sur le plan logistique, technique, sécuritaire et festif (programmation, réception des troupes et bandas, installation des tribunes, etc.).
Les services techniques municipaux de Bagnères-de-Luchon réalisent les structures des chars au sein des ateliers municipaux. Les fleurs sont ensuite collées par les associations de la ville de Bagnères-de-Luchon, qui défilent sur leur char. Les remorques utilisées dans le défilé sont prêtées par la mairie et par les agriculteurs des environs. Environ 10 000 personnes assistent au corso fleuri de la Fête des fleurs de Bagnères-de-Luchon.
Les communautés de la fête des Fleurs des Eaux-Bonnes (Pyrénées-Atlantiques)
L’association Eaux-Bonnes Accueil regroupe des bénévoles provenant des différents quartiers des Eaux-Bonnes (Aas, Assouste, Gourette et Eaux-Bonnes). Ces derniers organisent diverses manifestations locales, dont la fête des Fleurs, en partenariat avec le service animation de l’office du tourisme des Eaux-Bonnes. Les bénévoles de l'association « Eaux-Bonnes accueil » se chargent de fleurir tous les chars et de préparer les costumes des enfants qui y sont postés. Les remorques tractant les chars sont prêtées par les agriculteurs des environs. 2 à 3000 personnes viennent assister à la fête des Fleurs des Eaux-Bonnes, d’une moindre échelle par rapport à celle de Luchon.
Lieu(x) de la pratique en France
Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne) et Eaux-Bonnes (Pyrénées-Atlantiques), lieux des enquêtes préalables à la présente fiche. D’autres fêtes des Fleurs existaient dans les Pyrénées, comme à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) ou Ax-les-Thermes (Ariège), qui ont aujourd’hui disparu.
Pratique similaire en France et/ou à l’étranger
• Corso carnavalesque, à Nice (Alpes-Maritimes)
• Fête du Citron, à Menton (Alpes-Maritimes)
• Corso fleuri, à Bormes-les-Mimosas (Var)
• Corso de la Lavande, à Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence)
• Corso fleuri, à Nyons (Drôme)
• Grand corso fleuri, à Doudeville (Seine-Maritime)
• Corso fleuri, à Sélestat (Bas-Rhin)
• Corso fleuri de la fête des Vendanges, à Neuchâtel (Suisse)
À la fin du XIXe siècle, les villes d'eaux pyrénéennes ont (ré)inventé des pratiques festives annuelles pour animer la saison thermale des curistes. Bagnères-de-Luchon, Eaux-Bonnes, Bagnères-de-Bigorre ou encore Vernet-les-Bains inscrivaient ainsi une fête des Fleurs dans le programme de leurs animations estivales. Cette animation mobilise toujours, à Eaux-Bonnes et Bagnères, différents acteurs des communautés locales, - des services techniques municipaux, qui réalisent les structures des chars, aux groupes sociaux (associations, écoles, quartiers) qui se retrouvent pour coller manuellement des fleurs et participer au corso fleuri.
Les préparatifs de la fête : la construction des chars
Les étapes de construction des structures en fer à Bagnères-de-Luchon
Un employé des services municipaux de Bagnères-de-Luchon est chargé de la réalisation des structures en fer placées sur les chars lors de la fête des Fleurs. Il se consacre à ce travail pendant près de la moitié de l’année, selon un calendrier défini : l’étape de fabrication se déroule du mois de mars à la fin du mois de juillet ; lorsque chaque structure est construite, les autres employés municipaux s’emploient alors à les garnir d’un grillage, puis à les monter sur les plateaux durant le mois d’août.
Le thème annuel est choisi par le service « animation » et les conseillers municipaux de Bagnères-de-Luchon. Le serrurier-métallier des services techniques leur propose différents motifs pour illustrer les thèmes retenus, ce qui représente une trentaine de motifs répartis sur vingt chars en 2019. Pour le corso fleuri en 2020 portant sur le thème « les régions françaises », le char de la Région Nouvelle-Aquitaine devrait comporter trois sculptures représentatives du territoire : les huîtres de Noirmoutier, le surf sur les plages landaises ainsi que le jeu de pelote basque, matérialisé par un fronton et une chistera. Ces pièces doivent respecter des dimensions particulières, jusqu’à 5 m de hauteur sur 3 m de large, pour s’intégrer sur des chars. Elles ne peuvent être plus importantes, au risque de ne pouvoir se croiser ou de passer sous les arbres et les câbles bordant les allées d’Étigny.
Une fois les motifs calculés à l’échelle, ils sont tracés sur un quadrillage au sol, sur lequel s’appuie le serrurier pour réaliser l’étape de soudure entre les différentes barres (des ronds lisses en acier de 6 à 12 mm) afin de façonner l’armature : « on forme toute la ferraille, fait des ronds, des ceintrages, des mises à plat, sur une base d’un dessin qu’on fait au sol […]. On part d’une structure sur un plat, après on essaie de donner le plus de volume possible » [entretien avec J. Carmeille, 10 février 2020]. Ces pièces en acier sont préparées en double afin de pouvoir les mettre en volume, d’une épaisseur de 20 cm environ, ce qui permet d’obtenir plusieurs faces sur une structure.
Chaque motif demande une semaine de travail au métallier-serrurier, avec l’aide des autres employés des services municipaux : « des collègues viennent nous guider, nous aider à la manutention, nous donner des idées par rapport à des volumes […] » [entretien avec J. Carmeille, 10 février 2020]. Lorsque la structure en fer est achevée, elle est alors installée sur des supports, grâce à des tirefonds fixés dans de lourdes pannes en bois, afin de la stabiliser sur les remorques. Les structures et les soudures doivent être particulièrement solides car elles seront largement éprouvées lors de la « bataille de fleurs ». Puis chaque employé municipal - qu’il soit maçon, jardinier ou charpentier – a en charge la réalisation d’une structure de grillage.
Deux jours avant la fête des Fleurs, les chars sont rangés dans un entrepôt ou bien livrés dans des villages alentours afin qu’ils soient fleuris par les associations locales. Ces dernières, constituées généralement d’une vingtaine de personnes, entament une lutte contre la montre pour achever de coller les fleurs naturelles sur les structures, avant que ne commence le défilé du dimanche après-midi : « il y en a, oui, ils y passent des nuits entières […]. En général, ça s’est toujours fait plus ou moins dans la souffrance, mais ça s’est fait ! » [entretien avec S. Bayle, 11 mars 2020].
Les fleurs sont commandées par la responsable du service Parcs et Jardins de la ville de Bagnères-de-Luchon à une entreprise horticole installée aux Pays-Bas, Stichting Bloemencommissie Zundert, qui les livre par camion réfrigéré l’avant-veille du défilé. La commande se compose de 500 000 dahlias pour la fête des Fleurs et 300 dahlias sur tiges (destinés à confectionner des bouquets sur des chars), ainsi que 100 000 dahlias pour la fête des Fleurs des enfants. Chaque association reçoit des lots de fleurs de différentes couleurs (rouge, blanc, violet, jaune, rose, orange ou encore abricot, suivant les stocks), dont la quantité varie en fonction de la superficie du char, qu’elle fixe sur leur char avec de la colle néoprène. En comparaison, il fallut coller 57 000 fleurs (ce qui nécessita 141 pots de colle) sur les 15 chars qui composaient le thème « Walt Disney » pour la fête des Fleurs enfantine qui s’est déroulée le 14 septembre 1986 : Panpan, le lapin de Bambi, nécessita 2500 à 3000 fleurs, le chien Pluto requit 3500 à 4000 fleurs, tandis qu’il fallut 7000 fleurs pour Hiawatha le petit Indien. Les deux défilés (adultes et enfants) nécessitèrent alors 600 000 fleurs naturelles [Arch. mun. Bagnères-de-Luchon].
La fabrication des fleurs en papier crépon aux Eaux-Bonnes
La construction de tous les chars de la fête des Fleurs n’est pas envisageable, sur place aux Eaux-Bonnes, qui compte 291 habitants (INSEE), dont seulement environ 150 résidents permanents, en raison du faible nombre de bénévoles et surtout, contrairement à Bagnères-de-Luchon, ville de 2324 habitants (INSEE), de l’absence d’employé municipal consacré à ce travail à l’année. Aussi des échanges de structures ont lieu avec d’autres organisateurs de fêtes des Fleurs, notamment dans les départements des Landes et du Gers. Une ou deux structures sont réalisées par l’association « Eaux-Bonnes accueil », sur les six chars qui composent le défilé. Il n’existe donc pas de thème commun entre les chars : les motifs reprennent les structures existantes, hormis le char du Gâteau créé en 2018, pour fêter la vingtième année de la fête des Fleurs.
Les membres de l'association s'activent pour préparer les chars du défilé dans les locaux de l’ancienne école des Eaux-Bonnes. Du mois de novembre au mois d’août, jour de la fête, une dizaine de mains féminines et quelques mains masculines s’emploient à fabriquer des fleurs en papier crépon selon les thèmes et les couleurs des chars. Des bandes de papier crépon sont coupées et agrafées, puis les fleurs sont « ouvertes » à la main avant d’être collées sur les structures, préalablement grillagées et recouvertes de papier journal. Maryse, la couturière de l’association, réalise les costumes des enfants en fonction du thème du char sur lesquels ils défileront. Les hommes s’occupent d’aller chercher les structures dans les autres villes ou d’en construire de nouvelles : « c'est un travail de longue haleine, qui implique qu'il faut qu'il y ait une quinzaine de personnes qui s'en occupent toute l'année, en fait. Pour un week-end. Ah c'est du boulot ! » [entretien avec C. Loustau, 16 janvier 2020]. Les agriculteurs de la commune prêtent les remorques et quelques curistes – des habitués qui viennent uniquement pour la fête des Fleurs, selon un bénévole – apportent leur aide pour monter les structures sur les plateaux.
Le défilé et la bataille de fleurs
Lors de cette fête qui s’étend du jeudi au dimanche, diverses animations égaient la ville, tels une course de garçons de café (le « challenge inter-bars »), un défilé de voitures anciennes, l'élection de la miss Fleurs ou encore des défilés de bandas et de troupes étrangères. La cavalcade du dimanche demeure le clou du spectacle : ces chars fleuris, répondant à un thème variable tous les ans, défilent dans la ville thermale selon un parcours spécifique, en faisant, par exemple, trois tours du jardin Darralde aux Eaux-Bonnes, ou deux tours, de la gare à l'extrémité des allées d'Étigny à Bagnères-de-Luchon. Les participants déguisés sur les chars lancent des fleurs (à Bagnères-de-Luchon) ou des confettis (aux Eaux-Bonnes) sur le public amassé sur les trottoirs.
À Bagnères-de-Luchon, les chars, qui représentent un groupement associatif ou un village, sont tirés depuis 2016 par des tracteurs de collection loués par une association de Tarbes nommée « Tracteur d’époque et de collection pyrénéenne » [La Dépêche, 27 août 2016]. Le premier tour du corso fleuri s’ouvre par un défilé de voitures anciennes et de la Fanfare luchonnaise, puis la Compagnie des guides à cheval de Luchon, plus ancienne association de la ville, présente une démonstration du claquement de fouet. Les chars défilent après eux, avant d’être évalués par une tribune officielle composée d’élus ou de personnalités, qui les récompensent d'une bannière en soie, dont les motifs représentent l’affiche annuelle de la fête des Fleurs. La fameuse « bataille des fleurs », engagée entre les différents chars et avec le public, s’amorce au troisième passage sur les allées d’Étigny : « sur le dernier tour, c’est le but de la fête des Fleurs : d’arracher toutes les fleurs [des chars] et de les jeter sur tout le monde. C’est de ‘‘dépouiller les chars’’ » [entretien avec S. Bayle, 11 mars 2020].
Une deuxième « fête des Fleurs enfantine » a lieu en septembre pour les enfants, avec des chars plus petits. Ces derniers sont réalisés par le métallier-serrurier des services municipaux de Bagnères-de-Luchon, qui fabrique une quinzaine de « motifs » en fer supplémentaires et ajoute des barrières de sécurité sur les chars.
Aux Eaux-Bonnes, le circuit du corso fleuri se déroule autour de la place centrale de la ville thermale, en faisant trois tours du jardin Darralde, ainsi baptisé par l'impératrice Eugénie pour rendre hommage à son médecin thermal aux Eaux-Bonnes, Prosper Darralde. Lors du corso fleuri, divers groupes musicaux s’intercalent entre les chars pour animer la fête, en sus d’un marché artisanal et des animations pour enfants. La fête des Fleurs se déroule généralement le deuxième dimanche du mois d’août, ou bien le premier dimanche d’août pour ne pas se superposer avec les fêtes du village d’Aas, un quartier de la commune des Eaux-Bonnes.
Cette manifestation se trouve à l’interface entre les arts du spectacle (création des motifs des chars, représentations artistiques des groupes entre les chars), les actions culturelles, coordonnées par les offices de tourisme et le tissu associatif local, et la politique culturelle municipale des Eaux-Bonnes ou de Bagnères-de-Luchon. La fête des Fleurs est un événement estival majeur des stations thermales pyrénéennes des Eaux-Bonnes et de Bagnères-de-Luchon.
Langue(s) utilisée(s) dans la pratique
Français
Éléments matériels liés à la pratique
Patrimoine bâti
Les fêtes des Fleurs se déploient dans l’espace public, dont les éléments paysagers urbains offrent un cadre lié à l’histoire du thermalisme : le jardin Darralde aux Eaux-Bonnes [notice IA64002663, base Mérimée], les allées d’Étigny à Bagnères-de-Luchon [notice IA31012344, base Mérimée] ou encore autrefois les allées des Coustous à Bagnères-de-Bigorre.
Objets, outils, matériaux supports
• Pour la réalisation des chars : des fleurs (en crépon ou naturelles selon la ville), du grillage rond ou lisse en acier, des tirefonds (types de vis supportant une charge lourde), de la colle néoprène, des remorques et des tracteurs.
• Pour le corso fleuri : des déguisements et du maquillage, des bannières peintes, des fleurs ou des confettis.
D’anciennes bannières sont conservées aux Archives départementales des Hautes-Pyrénées :
- bannière « Cauterets. Bataille des fleurs. 8 août 1895 », 88,5 x 57 cm, de soie rose,
- bannière « Ville de Cauterets. Bataille de Fleurs. 14 août [18]97 », 90 x 62 cm, de soie rose,
- bannière « Ville de Cauterets. Bataille de Fleurs. 11 août 1898 », 81,5 x 56 cm, de soie rose,
- bannière « Ville de Bagnères-de-Bigorre. Bataille de fleurs. 1934 », 127,5 x 68 cm, de tissu jaune.
Le musée du Pays de Luchon conserve les affiches et bannières anciennes de Bagnères-de-Luchon.
• Pour les supports de communication : les affiches de la fête des Fleurs réalisées depuis le XIXe siècle ou les cartes postales anciennes et actuelles.
L’employé des services municipaux de Bagnères-de-Luchon, en charge de la réalisation des chars, a obtenu un CAP métallier-serrurier, mention Soudure. La transmission du savoir-faire s’exprime à travers sa filiation, puisqu’il est le fils de l’ancien fabriquant de chars de la ville, Gilbert Bayle : « j’ai appris de mon père en fait, qui a fait la fête des Fleurs pendant trente-cinq ans. On a travaillé vingt ans ensemble, et maintenant c’est moi qui aie repris le flambeau » [entretien avec S. Bayle, 11 mars 2020]. Il est désormais en charge des programmes artistiques (création des modèles) et opérationnels (sécurité et du montage des structures) des chars : « ma mission, c’est que les chars soient prêts en temps et en heure, et posés sur les remorques en sécurité ». Le corso fleuri demeure un moment de validation et de fierté du travail accompli entre le père et le fils : « Chaque année, on se met à une buvette et puis on regarde les chars. Et il me dit ‘‘oh tu aurais pu faire ça’’. Bon ça va, en général ça lui plaît ! Il est content quand ça ressort bien quoi. Ça prend au cœur quand même, c’est normal [après avoir] passé autant de temps […], ça juge le temps de travail au final » [ibid.].
La technique de fabrication des chars a relativement peu évolué depuis une cinquantaine d’années, hormis la mécanisation de la découpe des barres en acier : « ça fait vingt ans que je travaille comme ça, je pense que mon père a toujours travaillé comme ça aussi. Bon après, c’est le but de la tradition, de garder et faire les choses comme ça » [entretien avec S. Bayle, 11 mars 2020]. Ce dernier indique toutefois qu’il y a une quarantaine d’années, les structures étaient composées de bois et de fer (et non uniquement en fer comme aujourd’hui), ce qui pouvait alléger la charge sur la remorque.
L’équipe des trois employés des services municipaux, du temps du père de ce métallier-serrurier, se résume aujourd’hui à son travail. Aussi il souhaite former un apprenti pour transmettre son savoir-faire et ainsi assurer la pérennité du corso fleuri.Depuis un an, un autre employé vient l’aider ponctuellement à accomplir ce travail qui l’occupe durant sept mois de l’année.
Même si le calendrier annuel s’anime de divers événements à Bagnères-de-Luchon, tels que le festival des Créations télévisuelles, le Tour de France ou encore le « Luchon Aneto Trail », la fête des Fleurs est un moment important dans la vie locale, puisqu’elle rassemble familles et amis qui (re)viennent y assister. D’anciens Luchonnais ne manquent pas de revenir tous les ans pour cette animation estivale, tandis que les habitants reçoivent leur réseau social ou familial : « ils sont contents de venir là, ou de faire venir leurs amis pour faire la fête et voir les chars. Ça fait partie de la culture de Luchon. […] Il y a pas mal de monde qui part aussi, dans la vie. Tous les gens reviennent dès qu’ils peuvent. Ils reviennent peut-être plus pour la fête des Fleurs que pour le Premier de l’An ! » [entretien avec S. Bayle, 11 mars 2020].
Aux Eaux-Bonnes, la reprise de la fête des Fleurs a pu se réaliser grâce au prêt des chars par la ville de Gan (Pyrénées-Atlantiques), située à une trentaine de kilomètres de la station thermale [cf. la partie III.2. Évolution/adaptation/emprunt de la pratique]. Puis certains habitants se sont impliqués dans cette animation pour faire vivre la petite station thermale : « ça a démarré de là. Puis après, on s’est pris au jeu et on s’est fait nos plateaux. Parce qu’aller emprunter chez les autres, c’est du boulot ! » [entretien avec un bénévole, 19 juillet 2018]. Qu’ils soient ancien hôtelier ou simple habitant d’un quartier des Eaux-Bonnes, ces bénévoles ont à cœur de faire vivre le village durant l’été, tandis que les animations hivernales se déroulent dans la station de ski de Gourette.
Aujourd’hui, une cohésion sociale se dessine autour de cet événement qui rassemble tous les ans une dizaine de bénévoles, composés de parents et grands-parents aidés de quelques enfants, qui travaillent durant près de dix mois pour réaliser les structures des chars ou les fleurs en crépon. D’après C. Loustau, « c’est aussi un lien social extraordinaire au niveau associatif » : les membres de l’association se retrouvent le lundi et le jeudi pour confectionner des fleurs, mais aussi discuter et boire le thé [entretien avec C. Loustau, 16 janvier 2020].
Les services municipaux de Bagnères-de-Luchon, principalement un métallier-serrurier, construisent les chars qui sont fleuris par divers groupes qui y défileront, comme lors de la fête des Fleurs de 2019 :
- des associations ou structures : l’établissement et service d'aide par le travail-ESAT L’Edelweiss, l’Échiquier, le Quadrille luchonnais, le centre de vacances BTP, les thermes de Luchon, l’association Coordination pour la Défense du Rail et de l'Intermodalité en Comminges/Barousse (CDRIC), le centre équestre, la MJC, les Fils de Luchon, Luchon Motors Days, Bricomarché, le ski club, le tennis club, la Cabane de rondins, le golf municipal de Luchon, Luchon d’antan ;
- des villages alentour, tels Salles, Pratviel ou Juzet-de-Luchon.
Le char d’ouverture ou « char de la Reine », sur lequel défilent la miss Fleurs et ses deux dauphines, est fleuri par le service municipal des espaces verts de la ville.
À ces acteurs du défilé s’ajoutent le service animation et le conseil municipal de la ville de Bagnères-de-Luchon.
L’association Eaux-Bonnes accueil, composée d’une dizaine de membres, décore les chars et confectionne les costumes de la fête des Fleurs, en partenariat avec l’office de tourisme des Eaux-Bonnes. Les enfants du village montent sur les chars lors du défilé, accompagnés par leurs parents.
Repères historiques
L’apparition de la fête des Fleurs à Bagnères-de-Luchon
La première bataille de fleurs (ou l’une des premières), nommée par la suite « concours d'automobiles fleuries », puis « fête des Fleurs », est décrite dans le journal d'un bourgeois luchonnais le 19 août 1888 [Lagaillarde, 1988]. La manifestation consiste en un défilé de voitures fleuries qui paradent dans les rues de la station thermale, avant de se lancer des fleurs entre elles et sur le public. Il s'agit alors de voitures hippomobiles décorées ou de chars tirés par des bœufs, puis de véhicules motorisés, qui « rivalisent d'élégance et de luxe fleuri. [Les véhicules] reluisent comme s'ils sortaient de la maison de vente et courent faire leur toilette de gerbes et de guirlandes chez les horticulteurs, qui sont littéralement surmenés, mais qui se sont surpassés » [La Dépêche, 24 août 1905]. Lors de ce défilé, les véhicules se succèdent les uns aux autres devant le jury, assis dans les tribunes, qui décerne des bannières d'honneur et des médailles : dans le défilé, le public admire « une voiture garnie de fleurs et d'herbes champêtres très élégamment placées en gerbes », puis « une voiture-omnibus toute enguirlandée de chrysanthèmes violets et jaunes retenus par des rubans de même couleur » et l'automobile du baron M. de Rothschild « orné[e] de glaïeuls et d'énormes gerbes placées à l'avant des phares où s'épanouissent de merveilleux tournesols ». Puis arrive le moment de la bataille des fleurs proprement dite : « Les fleurs voltigent d'une automobile à l'autre, d'une automobile à la foule, avec une ardeur endiablée [...]. On ne s'est quitté sur le lieu du combat que lorsque toutes les munitions ont été épuisées » [ibid.].
L’acteur et journaliste Maurice Froyez (1860-1942) devient le président du comité de la fête des Fleurs de Bagnères-de-Luchon en 1891. Ce comité organise un concours de photographes-amateurs lors de la bataille des Fleurs du 9 août 1891 : les concurrents doivent remettre leurs épreuves illustrant le défilé ou la bataille des fleurs. Grâce au réseau de connaissances parisien de Maurice Froyez, les épreuves primées de la fête des Fleurs de Luchon figurent dans l'exposition du Photo-Club de Paris [Froyez, 1891, p. 192].
La fête des Fleurs à Bagnères-de-Bigorre depuis (au moins) 1895
Le journal L’Avenir des Hautes-Pyrénées décrit la composition de la fête des Fleurs du 18 août 1895, mais il ne s’agit peut-être pas de la première occurrence de l’événement. La cavalcade se compose alors de breaks (véhicules hippomobiles à quatre roues), de tonnelles fleuries, de landaus, de charrettes anglaises, de vélocipèdes ou de bicyclettes qui défilent dans les rues, des allées des Coustous au Casino, où leur sont remis une bannière décorée de fleurs et de vues locales. Non seulement les véhicules sont décorés, mais les maisons aussi, qui bordent les allées des Coustous, sont parées de fleurs et de verdure. La fête se termine par un spectacle pyrotechnique (feux de Bengale et fusées) animé par l’Harmonie bagnéraise et les Chanteurs montagnards [L’Avenir des Hautes-Pyrénées, 25 août 1895].
La fête des Fleurs aux Eaux-Bonnes depuis (au moins) 1901
La fête des Fleurs aux Eaux-Bonnes remonte à la fin du XIXe siècle (selon l’oralité) ou au tout début du XXe siècle (selon les premiers articles connus parus dans la presse) : la bataille des fleurs, organisée par le casino d'Eaux-Bonnes, se compose de 18 voitures lors du corso fleuri de 1901 [Le Patriote, 14 août 1901]. Les chars ne sont pas décorés par des fleurs en papier crépon, comme à la fin du XXe siècle, mais de fleurs naturelles et de branchages. En sus des fleurs et des serpentins qui composent la bataille, les confettis sont également utilisés depuis le début du XXe siècle aux Eaux-Bonnes, comme le témoigne un article du journal Le Patriote du 10 août 1901, qui relate l'autorisation du maire de la commune envers les marchands pour ne vendre que des confettis de la même couleur. Diverses manifestations précèdent la bataille de fleurs comme une course romaine, une course aux œufs, à l'écrevisse, au picotin, à l'aiguille ou à colin-maillard [Le Patriote des Pyrénées, 11 août 1901]. Cependant, contrairement aux autres animations hebdomadaires qui ponctuent la saison estivale, à l’instar des courses à la montagne ou des démonstrations de danses ossaloises, il s’agit d’une fête annuelle. Un conseiller municipal d’Eaux-Bonnes souligne cette dimension festive inhérente au thermalisme : « tout comme il y avait des casinos dans les stations thermales et balnéaires pour que les gens puissent jouer, il y avait une fête des Fleurs aussi » [entretien avec C. Loustau, 16 janvier 2020]. Dans un article du 11 août 1925 du journal L’Indépendant des Basses-Pyrénées, le maire d’Eaux-Bonnes, M. Abadie-Tourné, remercie notamment les représentants de la vallée lors de l’inauguration de la maison de repos des PTT, qui se déroule en même temps que la fête des Fleurs. Parmi ceux-ci, il s’adresse particulièrement à « mon cher président, créateur et animateur de ces belles fêtes des fleurs dont le succès se renouvelle tous les ans » : s’agirait-il de M. Miro, président du syndicat d’initiative, qui assiste également à cette cérémonie ?
Cet engouement s’inscrit dans un contexte financier difficile pour cette ville d’eaux impériale. En effet, l’empreinte de l’impératrice Eugénie aux Eaux-Bonnes, sous le Second Empire et la Troisième République, dans cette station thermale engendre à la fois une certaine renommée mais aussi des investissements conséquents pour développer la station et assumer son rang parmi les villes de villégiatures pyrénéennes majeures. Alors qu’elle s’est déjà fortement endettée dans les années 1890, la ville cherche à attirer davantage de clientèle : « À partir des années 1900, s’ouvre une nouvelle période, marquée à la fois par une démocratisation de la fréquentation et de nouvelles modalités de représentation des traditions. Le périmètre d’influence de la station s’élargit alors à toute la haute vallée et ce sont les villages qui désormais montent à elle. Dès 1902, de nouvelles distractions y sont proposées : une Fête des fleurs, des concours de beauté, de costumes, de danses et de chants, l’élection d’une reine d’Ossau. Ces concours persisteront jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, qui marque la faillite de la station thermale » [Albert-Llorca et Bonnemason, 2012].
La fête des Fleurs est donc un outil de distinction sociale qui met en avant l'industrie automobile naissante et, surtout, qui met en scène les élites venues séjourner dans ces villes thermales. C’est ainsi que Marcel Gilbert, qui devint avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation, raconte que ses parents avaient l’intention de décorer une charrette pour la fête des Fleurs des Eaux-Bonnes ; le véhicule étant indisponible, ils se firent prêter une autre charrette par un paysan d’Aas interpellé grâce au langage sifflé [Arripe, 1984]. Le public admire autant les toilettes élégantes des dames que le luxe des attelages et leurs guirlandes de fleurs, tandis que les édiles locaux affirment leur présence dans les tribunes lors de ces fêtes : « La bataille de fleurs que le casino d'Eaux-Bonnes a organisé pour dimanche s'annonce comme devant être des plus brillantes. La municipalité, sous le patronage de qui cette fête aura lieu, a invité M. Francière, préfet, et le nouveau sous-préfet d'Oloron à venir y assister [...] » [Le Patriote des Pyrénées, 11 août 1901].
À la Belle Époque, le thermalisme est en vogue et attire une clientèle nombreuse et souvent issue des classes sociales aisées. Aussi les villes d'eaux mettent en place un programme des fêtes comprenant défilés de chars fleuris, kermesses, concours culinaires ou encore attractions enfantines pour distraire les curistes autant que pour se distinguer elles-mêmes : « À lire les programmes des fêtes de chaque saison, il semble bien que les stations thermales cherchent à tout prix à occuper le visiteur pour accéder au statut de villes dans lesquelles on ne s’ennuie jamais » [Caribon, 2014, p. 101].
Un phénomène de mode
Traditionnellement, la période de pratiques festives liées aux fleurs est le mois de mai (le mois de Marie), où l’on retrouve par exemple les mayades dans les Landes ou les rogations. Certaines de ces pratiques agricoles ont pu donner lieu à des fêtes qui voient toujours défiler des chars fleuris, comme la fête des Vendanges de Neuchâtel en Suisse, la fête du Citron de Menton, la fête du Mimosa de Mandelieu. Certains de ces corsos fleuris, comme le carnaval de Nice, s’adressent spécifiquement à un public d’hivernants aussi mondain que la bonne société qui se retrouvait dans les villes thermales.
Les fêtes des Fleurs ne sont pas une exclusivité des villes thermales pyrénéennes puisqu'elles se déroulent dès 1873 lors du carnaval de Nice, mais aussi à Cannes, Marseille ou Paris à la fin du XIXe siècle. C'est ainsi que le maire de Nice définit les grands traits de la bataille de Fleurs, qui ressemble à celles observées dans les Pyrénées puisqu'elle consiste en « un double défilé de voitures allant en sens inverse sur une promenade d'une grande étendue et se lançant réciproquement des bouquets de fleurs. Des bannières d'honneur ou autres objets sont décernés en prix, par le Comité, aux voitures les mieux ornées en fleurs et en feuillage » [Cazalet, 1892, p. 11-12]. Puisque de grandes villes possèdent une bataille de fleurs, cet auteur fait un plaidoyer en faveur de l'instauration d'une bataille des fleurs à Bordeaux en argumentant que cette dernière possède également « de nombreux équipages, de gracieuses et jolies femmes, l'amour des beaux spectacles et du plaisir » ainsi qu'un parc dont le tracé permettrait de respecter les deux lignes de voiture ; toutefois, ce projet ne semble pas avoir abouti.
Les villes thermales transposent ce modèle festif au calendrier des cures et font glisser cette fête de carnaval à la période estivale, notamment au mois d'août qui voit le plus d'affluence de curistes et de touristes. Le journal L’Avenir des Hautes-Pyrénées livre quelques informations sur l’histoire de cette fête des Fleurs, mode qui proviendrait de la côte méditerranéenne (la « côte bleue » s’étend de l’ouest de Marseille à l’étang de Berre). Elle est attestée sur les allées des Coustous « envahi[e]s par la foule élégante des étrangers », à Bagnères-de-Bigorre, depuis au moins le 18 août 1895 : « Dimanche, c’était la bataille des fleurs, cette fête fleurie qui vient de la côte bleue et s’acclimate partout » [L’Avenir des Hautes-Pyrénées, 25 août 1895].
Les fêtes des Fleurs semblent être un phénomène étendu rapidement à de très nombreuses stations thermales pyrénéennes, bien au-delà des trois plus importants sites de Bagnères-de-Luchon, Bagnères-de-Bigorre et les Eaux-Bonnes. En effet, leurs traces se retrouvent aussi, grâce à différents supports iconographiques ou textuels, dans d’autres stations plus secondaires tout au long de la chaîne pyrénéenne : une fête des Fleurs fait l’objet d’une carte postale à Loures-Barbazan ou à Cauterets (Hautes-Pyrénées), ville thermale dont les Archives départementales des Hautes-Pyrénées conserve une bannière datant de 1895 ; une autre est décrite à Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales) dans le journal Le Canigou du 27 juillet 1907 ; ou bien est photographiée à Ax-les-Thermes (Ariège) en 1932.
Évolution de la fête des Fleurs de Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne)
Autrefois, les fleurs naturelles qui ornaient les chars de la fête des Fleurs de Bagnères-de-Luchon étaient cultivées localement par les jardiniers municipaux. En effet deux champs (un champ municipal et un champ prêté par un particulier), situés à l’entrée de la ville, étaient dévolus à la culture de ces fleurs qui allaient servir à décorer les chars : l’un pour les reines marguerites et l’autre pour les roses d’Inde. Cette activité requérait le travail à temps complet de deux employés municipaux.
Cependant, cette production s’est arrêtée en 2006 en raison du coût de production et la fourniture en fleurs est depuis confiée à un prestataire extérieur qui livre les dahlias depuis les Pays-Bas.
De nouvelles normes de sécurité sont désormais obligatoires et se ressentent dans l’organisation logistique et budgétaire de la fête, avec la présence d’un PC sécurité, d’un service de sécurité incendie et d'assistance à personne (SSIAP) et des agents dédiés, ou encore l’apparition de toilettes chimiques. Depuis 2017, l’entrée pour admirer le corso fleuri dans les rues de Luchon est devenue gratuite (même si les places dans les tribunes restent payantes). La fête des Fleurs commence dès le jeudi avec l’élection de miss Fleurs, la course des garçons de café et des spectacles des formations musicales et pyrotechnique le vendredi, le défilé des bandas et des troupes étrangères qui se poursuit le samedi, avant le défilé des chars le dimanche.
L’implication dans ces animations connaît un essoufflement des bénévoles : si la course des garçons de café, nommée aujourd’hui « challenge inter-bars », n’est pas une invention récente, elle reste menacée par la faible participation des acteurs locaux : « ça a toujours été. En fait ça se perd de plus en plus parce qu’ils […] peinent à trouver les gens qui ont envie de le faire » ; tandis qu’une course pédestre autour de Luchon, nommée « la ronde des fleurs », s’est arrêtée en 2017 [entretien avec S. Bayle, 11 mars 2020]. Le nombre de chars présents dans la cavalcade suit cette conjoncture puisqu’une vingtaine de chars défile actuellement, tandis qu’une bénévole du corso fleuri confiait qu’il y en avait bien plus auparavant. S. Bayle, qui a déjà construit 25 chars, confirme et souligne que son père a pu fabriquer jusqu’à 28 chars il y a une trentaine d’années.
Cette évolution suit la baisse de la fréquentation touristique liée au thermalisme dans les stations pyrénéennes. S’il y avait 30 000 curistes il y a une vingtaine d’années, la fréquentation n’est plus que de 10 000 curistes actuellement. Les moyens financiers s’alignent sur cette ressource économique, mais il faut noter le renouveau du public : même s’il y a moins de curistes, désormais des cars amènent des touristes depuis l’Espagne, dont la frontière se trouve à 10 km de Bagnères-de-Luchon, qui réservent de nombreuses places dans les tribunes.
Disparition de la fête des Fleurs de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées)
À Bagnères-de-Bigorre, les quartiers réalisaient autrefois leur char de façon autonome, avant que ce travail ne revienne aux associations (culturelles, sportives ou encore de jumelage) aidées d’une subvention municipale. La fête des Fleurs était alors le point d’orgue de la saison thermale. Progressivement, les services techniques municipaux furent chargés de créer les structures des chars ; tandis que les associations s’occupaient de piquer manuellement les fleurs dessus. La ville possédait ses propres serres municipales dans lesquelles les employés municipaux faisaient pousser les fleurs naturelles qui ornaient les chars : « […] c’étaient des œillets d’Inde par exemple, qui étaient cultivés exprès par les services municipaux, le service des espaces verts, pour décorer les chars. Il y a pas mal de vieilles cartes postales et de photographies dans le fonds Eyssalet qui montrent ces chars fleuris à différentes époques. On voit que ce sont des plantes sauvages : il peut y avoir aussi bien du lierre que des iris ou d’autres plantes » [entretien avec B. Morisson, 20 mars 2018]. Un autre habitant de Bagnères-de-Bigorre se remémore différents lieux dans la ville dédiés à ces cultures florales : « je me souviens d'un champ de fleurs cultivé au quartier des Anous pour préparer les chars […]. Derrière le premier gymnase de Raoul Vergès, un vaste espace était dédié à la floriculture destinée à cette belle fête dans les années 1970 » [correspondance avec J.-C. Sanchez, 2 mai 2020]. Avant que ces œillets d’Inde jaune et orange ne soient cultivés par le service parcs et jardins de la ville, des témoignages attestent de collectes de plantes dans la nature, comme les iris des Pyrénées ramassés au col du Tourmalet [Flors, 2010, p. 12].
La fête des Fleurs a disparu à Bagnères-de-Bigorre au début du XXIe siècle : le comité des fêtes est dissout le 14 juin 2001 pour des raisons internes [La Dépêche, article du 31 mai 2001], tandis que l’organisation de la fête s’arrête définitivement en 2004. Plusieurs facteurs semblent avoir contribué à son déclin, notamment l’accès devenu payant, la difficulté à mobiliser des personnes pour le montage et le fleurissement des chars et un problème de gouvernance entre le comité des fêtes et le conseil municipal. En 2005, le maire Rolland Castells décida de la remplacer par le festival de chant « À Voix hautes ».
Depuis 2010, une autre fête des Fleurs est apparue au sein du parc Bel Air à Tarbes (Hautes-Pyrénées) depuis 2010, sous forme de marché aux plantes, avec une quarantaine d’exposants. Organisée par le service Paysages et Espaces publics de la ville de Tarbes, elle se déroule le premier dimanche d’octobre, mais ne fait aucune référence – hormis le nom – aux corsos fleuris que d’autres villes pyrénéennes ont connus.
Résurgence de la fête des Fleurs aux Eaux-Bonnes (Pyrénées-Atlantiques)
Selon Marlène Albert-Llorca [2012], la seconde guerre mondiale met un coup d’arrêt aux diverses animations de la station thermale des Eaux-Bonnes, dont la fête des Fleurs qui s’arrête dans les années 1950. En 1998, les commerçants situés autour du jardin Darralde se réunissent en association pour organiser une animation afin de dynamiser la vie sociale et économique locale. Un premier projet de petit train touristique dans la ville n’est finalement pas retenu. Par ailleurs, il existait non loin une cavalcade à Gan (Pyrénées-Atlantiques), composée de chars fleuris en papier crépon, qui défilait le 1er mai. Les liens entre le maire et l’organisateur de la cavalcade de Gan permirent d’organiser une nouvelle fête des Fleurs aux Eaux-Bonnes, grâce au prêt du matériel ou à l’achat des chars de Gan. D’abord en juillet pendant quelques années, la fête s’est ensuite décalée au mois d’août pour attirer davantage de public. Cette fête est organisée actuellement par l'association Eaux-Bonnes Accueil [entretien avec I. Wojtyniak, 11 janvier 2018].
Christian Loustau, ancien animateur à l’office de tourisme des Eaux-Bonnes, témoigne : « à l'époque [avant les années 1950], on décorait les charrettes qui servaient pour le travail de tous les jours. Tirées par un âne ou par un cheval. Mais c'était sommaire quoi, c'était plus artisanal dans les années 1950 puis avant. Tandis que là, on fait vraiment des chars avec des structures qui sont assez importantes […]. On a voulu remettre au goût du jour cette fête des Fleurs un peu plus "modernisée" disons. Et c'est pour ça qu'il y a vingt ans, on a lancé cette fête des Fleurs version XXe siècle » [entretien avec Ch. Loustau, 16 janvier 2018].
Évolutions technologiques et sociologiques générales
Il faut relever une évolution majeure dans les acteurs participant à la fête des Fleurs, depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Certes, les cavalcades et corsos fleuris étaient des fêtes « destiné[es] à faire valoir la station [de Bagnères-de-Bigorre] auprès de la population étrangère qui la fréquente » [L’Avenir des Hautes-Pyrénées, 4 septembre 1898] et demeurent toujours une animation estivale pour un public de curistes ou de touristes. Cependant, la composition de la cavalcade s’est transformée sur le plan technique comme sociologique : aux véhicules hippomobiles ou aux premières automobiles privées – fleurons des avancées technologiques de l’époque et objets de luxe que l’on expose – succèdent de lourds chars tirés par des tracteurs. En sus de l’évolution des modes de déplacement, les premières cavalcades mettent ainsi en avant les familles qui conduisent ces véhicules richement fleuris, devant la bonne société venue « prendre les eaux » ou les édiles locaux..
Cette mise en scène sociale de l’élite fait partie des éléments qui composent « les inventions de distinction » émergeant au XIXe siècle dans les nouveaux espaces touristiques, notamment dans les stations balnéaires et thermales [Marc Boyer, 1996]. Selon ce dernier, cette conduite de distinction se diffuse par « capillarité sociale » et se voit réappropriée par les classes populaires dans le courant du XXe siècle. Dans le cas des fêtes des Fleurs, ce n’est désormais plus l’élite mondaine venue en cure thermale qui défile lors du corso fleuri mais des quartiers de la ville, puis aujourd’hui des associations locales, qui participent au collage des fleurs sur les chars ainsi qu’à la cavalcade et à sa bataille de fleurs (ou de confettis). S’observe ainsi une réappropriation par le collectif social, soutenu par les municipalités locales, pour participer à cette fête qui reste un moment d’entre-soi pour les locaux, tout en étant admirés par les regards extérieurs venus applaudir les chars..
Vitalité
Les villes de Bagnères-de-Luchon et des Eaux-Bonnes continuent de soutenir, par des subventions municipales, l’organisation de ces fêtes locales qui voient s’impliquer de nombreux acteurs de la communauté, allant des bénévoles associatifs aux employés municipaux.
Ainsi l’association Eaux-Bonnes Accueil organise diverses animations comme une tombola et une bourriche pour s’auto-financer en partie, complétée par une subvention municipale. Outre la fête des Fleurs, cette association prépare également d’autres manifestations culturelles : depuis 2005, le casino est transformé en espace culturel où se déroule des spectacles, des concours de belote, un pot d’accueil hebdomadaire pour les curistes et touristes estivaux. En collaboration avec le service animation de l’office de tourisme des Eaux-Bonnes, elle organise également des visites guidées du village, des marchés, le carnaval ou encore le feu de la Saint-Jean.
Menaces et risques
La livraison des dahlias importés des Pays-Bas est effectuée deux jours avant la fête des Fleurs de Bagnères-de-Luchon, afin de conserver le maximum de fraîcheur aux fleurs. Elle est donc tributaire des éventuels aléas de ce prestataire autant que de la météorologie puisque les fleurs, une fois sorties du camion réfrigéré, souffrent de la chaleur par temps de canicule et risquent de se faner avant le défilé du lendemain. De même, les structures des chars des Eaux-Bonnes doivent être conservées sous des toiles jusqu’au jour du défilé, puisque les fleurs en papier crépon ont tendance à faner lorsqu’elles sont exposées à la lumière. Elles sont également soumises aux aléas climatiques car les colorants du papier crépon déteignent sous l’action de l’eau.
Les métiers d’art reconnaissent certains savoir-faire des décorateurs sur métal (graveurs, ciseleurs ou médailleurs), mais actuellement, il n’existe pas de « profession » liée à la fabrication des structures en fer des chars du corso fleuri. La transmission du savoir-faire peut être mise en péril lorsqu’elle repose sur un seul employé municipal, notamment à Bagnères-de-Luchon. Enfin, les mesures sanitaires prises en raison de la pandémie de la COVID-19 ont modifié le calendrier annuel : les fêtes des Fleurs de Bagnères-de-Luchon et d’Eaux-Bonnes sont annulées en 2020 en raison des difficultés liées aux délais de préparation restreints, à la distanciation sociale avec le public ou sur les chars ainsi qu’aux règles sanitaires du corso fleuri.
Modes de sauvegarde et de valorisation
Fonds iconographique
Le fonds Alix (Eyssalet-Ardouin), situé à Bagnères-de-Bigorre, conserve 700 000 négatifs pris dans les vallées des Hautes-Pyrénées, dont 60 000 documents numérisés. Parmi ceux-ci, figurent des centaines de photographies anciennes et actuelles de la fête des Fleurs de Bagnères-de-Bigorre, de Gerde ou de Bagnères-de-Luchon.
La boutique « Alix » à Bagnères-de-Luchon est tenue par Henriette Ardouin, ancienne employée de Georges Eyssalet, propriétaire d’un studio photographique et fondateur, aux côtés de son frère Paul, de quatre magasins renommés, qui prirent le nom d’« Alix » (de leur mère Alice) : Bagnères-de-Bigorre en 1907, Lannemezan en 1927, Tarbes en 1933 et Bagnères-de-Luchon en 1948. Aujourd’hui, le magasin de Luchon possède de nombreux clichés photographiques que Mme Ardouin, dite « Mme Alix », expose ou vend sous forme de cartes postales.
D’autres maisons d’édition vendent des posters ou des cartes postales de Bagnères-de-Luchon, dont les référents symboliques sont le thermalisme et la fête des Fleurs. La vogue actuelle de reproduction de cartes postales anciennes met en avant d’anciennes affiches, généralement des lithographies de la fin du XIXe siècle, vantant la station thermale, surnommée la « reine des Pyrénées ».
Valorisation touristique
Les affiches
Des campagnes d’affichage ont lieu dans le département de la Haute-Garonne et ceux, limitrophes, du Tarn ou de l’Aude (Albi, Castres ou encore Carcassonne).
Les sites internet
- La fête des Fleurs dans l’agenda 2018 d’Eaux-Bonnes, sur le site de l’Agence d'attractivité et de développement touristiques Béarn Pays basque. URL [consulté le 2 mai 2018] : http://pratique.tourisme64.com/animation/eaux-bonnes/fete-des fleurs/FMAAQU064FS0012H.html - La fête des Fleurs de Bagnères-de-Luchon dans l’agenda de l’office de tourisme « Pyrénées 31 Tourisme » (Luchon - Saint-Béat - Saint-Bertrand). URL [consulté le 2 mai 2018] : http://www.luchon.com/fete-des-fleurs/bagneres-de-luchon/tabid/37155/offreid/60116323-ab9d-4acb-837b-57645ac88903/detail.aspx
- La fête des Fleurs de Bagnères-de-Luchon dans l’agenda des événements de la communauté de communes Pyrénées haut-garonnaises. URL [consulté le 23 avril 2020] : https://www.cc-pyreneeshautgaronnaises.fr/decouvrir/agenda/143-fete-des-fleurs-2020 - « C’est le top départ pour la traditionnelle fête des Fleurs à Bagnères-de-Luchon ! », publié le 25 août 2016. URL [consulté le 29 avril 2020] : https://actu.fr/occitanie/toulouse_31555/cest-le-top-depart-pour-la-traditionnelle-fete-des-fleurs-a-bagneres-de-luchon_3730388.html
- « Fête des Fleurs à Bagnères-de-Luchon », Guide du Routard, Midi toulousain-Occitanie. URL [consulté le 29 avril 2020] : https://www.routard.com/guide_agenda_detail/13702/fete_des_fleurs_a_bagneres_de_luchon.htm
Actions de valorisation à signaler
Valorisation des affiches anciennes
De juillet à septembre 2019, le musée du Pays de Luchon abritait une exposition rétrospective de la fête des Fleurs intitulée « 120 ans, bannières et documents ». Certaines affiches de la fête des Fleurs de Bagnères-de-Luchon furent signées par de grands noms de l'époque comme les illustrateurs Jules Chéret (1836-1932) ou Henri Boulanger alias Henri Gray (1858-1924).
Réutilisation des chars
Les structures en acier des chars de la fête des Fleurs de Bagnères-de-Luchon sont prêtées ou revendues à d’autres villes (Saint-Gaudens, Mont-de-Marsan, voire jusqu’en Italie) qui souhaitent les acquérir pour diverses motivations : avoir des chars lors de leur cavalcade ou de leur carnaval, orner un rond-point ou encore réaliser un décor végétalisé en plantant du buis. Certains particuliers acquièrent aussi des structures pour les transformer en volière ou en kiosque. Un site internet est en cours de réalisation pour faciliter les démarches entre les villes intéressées et Bagnères-de-Luchon [entretien avec S. Bayle, 11 mars 2020].
Depuis 2018, ces structures sont réutilisées comme éléments décoratifs : illuminations de Noël ou éclairages exposés dans différentes places dans la ville de Bagnères-de-Luchon. Un projet d’éclairages de Noël sur un thème variant chaque année, à partir de nouvelles structures en fer non montées sur des chars, est actuellement en débat au sein du conseil municipal.
Modes de reconnaissance publique
La fête des Fleurs de Bagnères-de-Luchon est répertoriée dans le programme de l’office de tourisme de Haute-Garonne (Bagnères-de-Luchon, Saint-Béat et Saint-Bertrand).
Mesures de sauvegarde envisagées
La vitalité actuelle de cette pratique culturelle et festive, dans des contextes de fort soutien des deux communes, n'a pas déclenché de démarches de mesures de sauvegarde spécifiques à Bagnères-de-Luchon ou aux Eaux-Bonnes. Néanmoins, ces deux communes ont appuyé et validé son inscription à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel.
Récits liés à la pratique et à la tradition
Les versions varient sur l’origine de la fête des Fleurs à Bagnères-de-Luchon, ses protagonistes et sa date de création. Cette ville semble être la première station thermale pyrénéenne à avoir lancé ce type de fête, originaire de Provence. En fêtant sa 120e édition en 2019, la mairie la fait donc débuter en 1889. De son côté, le photographe Jacques Bergeon, dans son ouvrage Luchon en cartes postales au temps jadis, légende prudemment une carte postale ancienne : « Lieu privilégié pour le déroulement de la fête des Fleurs, les allées d’Etigny virent la première de celle-ci, du moins l’officielle, le 11 août 1899 » [Bergeon, 2003]. Parfois est évoquée la création de la fête des Fleurs en 1888, suivie d’une première fête des fleurs inaugurée le 11 août 1889 : « sur son idée, à l'occasion d'une rencontre équestre au champ de course de Moustajon en 1888, les hommes fleurissent des calèches et décorent leur équipage d'une abondance de fleurs des champs pour se livrer ensuite à une joyeuse bataille de fleurs avec le public » [Encyclopédie Wikipedia, article « Maurice Froyez »]. Cette notice s’appuie sur un article du journal La Dépêche, qui retrace l’historique de la fête des Fleurs en s’appuyant sur les recherches de l'agent du patrimoine du musée et les amis de l'académie Julien-Sacaze, mais ne mentionne pas ses sources. Ces derniers amènent de nouvelles hypothèses qui expliqueraient l’origine de la fête des Fleurs à Bagnères-de-Luchon et surtout son importation. Ainsi, des clichés des premières cavalcades fleuries de la Côte d’Azur, exposées dans la vitrine du photographe luchonnais et monégasque Numa Blanc, auraient donné quelques idées au journaliste parisien Maurice Froyez en séjour à Bagnères-de-Luchon [La Dépêche, 2 juillet 2009].
Plusieurs discours journalistiques ou littéraires attribuent la création à Edmond Rostand (1868-1918), auteur dramatique célèbre qui a fait de nombreux séjours dans la station thermale. Ainsi l’écrivaine Anne Lasserre-Vergne raconte – sous forme de tradition orale – la première bataille de fleurs : « On raconte qu'en 1888, le jeune Edmond Rostand et le journaliste Maurice Froyez quittent Luchon pour gagner, à 3 km de là, l'hippodrome de Moustajon. Chemin faisant, les deux amis décorent leur équipage d'une multitude de fleurs des champs. S'arrêtant devant le café Arnative, établissement à la mode, ils improvisent une bataille de fleurs. C'est ainsi, dit-on, que naquit le premier "Corso fleuri" qui a lieu traditionnellement, à Luchon, le dernier dimanche d'août » [Lasserre-Vergne, 2012, p. 147]. En 1999, la 100e fête des Fleurs mettait à l’honneur cet auteur dramatique qui est resté très lié à Bagnères-de-Luchon. Lors d’un reportage où la journaliste présente la fête des Fleurs, « une tradition séculaire puisque cette manifestation est née en 1888, sous l’impulsion de l’enfant du pays qu’est devenu Edmond Rostand », le président du comité centenaire, Henri Pac, explique que les chars de cette édition particulière ont pour thème « l’œuvre d’Edmond Rostand » avec des chars sur Cyrano de Bergerac, sur la Princesse lointaine ou encore sur les Musardises [YouTube, 100e fête de fleurs de Luchon, publiée le 1er août 2012]. En effet, dès 1880, les parents d’Edmond Rostand, Eugène et Angèle, emmènent la famille Rostand à Bagnères-de-Luchon où ils font construire une maison de villégiature en 1874, la villa Julia (du nom de Juliette, la sœur d’Edmond Rostand) [notice IA31012364, base Mérimée]. Eugène Rostand fait la rencontre de sa future épouse, la poétesse Rosemonde Gérard, dans cette station thermale et tous deux participent à la fête des Fleurs de 1891, en gagnant le deuxième prix du concours de chars fleuris [Lasserre-Vergne, 2012, p. 147]. Encore aujourd’hui, la ville rend hommage à cet écrivain à travers plusieurs intentions commémoratives : un buste en marbre à son effigie est érigé en 1922 [notice IM31000909, base Palissy] et un boulevard porte son nom.
Toutefois, il est difficile d’affirmer qu’Edmond Rostand est l’instigateur de la fête des Fleurs, en l’absence de sources fiables. Selon un hôtel de Bagnères-de-Luchon, ce ne serait pas Edmond Rostand mais Maurice Froyez, un journaliste parisien ami de cet écrivain, qui aurait lancé une première « bataille de fleurs » en 1888, avant d’officialiser cette fête avec une première édition en 1889 ; Edmond Rostand n’y interviendrait que lors de la troisième édition en 1891 [cf. le site internet de l’Hôtel Aquitaine].
Les années concordent avec le journal d'un bourgeois luchonnais, Louis Lagaillarde, qui évoque bien une fête des Fleurs le dimanche 19 août 1888. Celui-ci ne relate pas une simple bataille entre individus revenant des courses, mais bien un corso fleuri avec défilé de véhicules, ce qui fait supposer que la « création » de la fête se soit déroulée avant 1888 : « vers 5 h 30 nous avons assisté, avec l’oncle Bernard, près l’hôtel Sacarron, au défilé des voitures et cavalcades venant du champ de courses. Les voitures en double rangée occupaient toute l’allée d’Étigny. Un certain nombre de voitures faisaient le tour du Cours et en se croisant on se jetait des bouquets de fleurs d’une voiture à l’autre. Cet amusement – auquel prenaient part des cavaliers – et désigné sous le nom de bataille de fleurs avait attiré une foule énorme […] » [Lagaillarde, 1988, p. 267]. Il juge la bataille de fleurs de l’année suivante « plus agréable, plus complet […]. Voitures et chevaux étaient couverts de fleurs et allaient au pas […]. Les personnes qui occupaient les voitures se jetaient des bouquets de fleurs, parfois des bouchons de foin ou de paille à qui mieux mieux » [ibid., p. 268].
La ville a rapidement pris conscience de l’intérêt d’une telle fête et crée dès 1890 un comité en charge de son organisation, soutenu par une subvention municipale et des contributions de la Compagnie fermière des Thermes [ibid., p. 268]. Déjà 150 voitures « admirablement décorées » y participent, d’après le journal parisien Gil Blas du 14 août 1890 : des titres prestigieux y figurent, tels la princesse Estradère, la comtesse de Germiny ou encore le duc de Gramont, mais Edmond Rostand n’est point mentionné. L’année suivante, dans un courrier adressé à une société parisienne, Maurice Froyez se présente comme étant le président du comité de la Fête des fleurs de Bagnères-de-Luchon [Froyez, 1891, p. 192]. En 1896, Edmond Rostand ne figure toujours pas parmi les membres organisateurs de la bataille des fleurs [La Petite Gironde, 3 août 1896]. Lors de la bataille des fleurs du 19 août 1906, le journal Le Figaro indique qu’elle est organisée par Maurice Froyez, assisté du marquis de Mérainville de Sainte-Claire, Eugène Rostand (le père d’Edmond Rostand), Eugène Reyais et Paul Daumont [Le Figaro, 24 août 1906].
Si Luchon fêtait en 2019 sa 120e édition de la fête des Fleurs, Eaux-Bonnes présentait sa ... 20e fête des Fleurs en 2018, puisque celle-ci s’était arrêtée dans les années 1950 avant d’être relancée en 1998 par l'association des commerçants de l'époque. Ce demi-siècle d’absence a contribué à effacer dans les mémoires les traces de cette première version, même si certains des plus anciens bénévoles conservent quelques photographies dans leurs tiroirs.
Inventaires réalisés liés à la pratique
• Base Mérimée (patrimoine monumental) du ministère de la Culture : allées d’Étigny à Bagnères-de-Luchon [notices IA31012344 et IA31012364]
• Base Palissy (patrimoine mobilier) du ministère de la Culture : buste d’Edmond Rostand [notice IM31000909]
• Inventaire général du patrimoine culturel :
Région Nouvelle-Aquitaine : jardin Darralde aux Eaux-Bonnes [dossier IA64002663] : http://dossiers-inventaire.aquitaine.fr/dossier/jardin-darralde/903cb457-387b-451f-b943-f7dacb00aed2
Région Occitanie : recensement sur le patrimoine thermal (2015)
• Inventaire du patrimoine thermal, culturel et de villégiature dans les Pyrénées françaises (programme de recherche européen TCV-PYR 2017-2020/FEDER)
• Inventaire national du patrimoine culturel immatériel :
Fiche « La fête du Citron, à Menton (Alpes-Maritimes) » :
Fiche « Les mais et mayades de Clermont, Donzacq, Narosse, Saint-Jean-de-Marsacq, Saint-Vincent-de-Tyrosse et Saubion (Landes) » :
Sur PCI Lab : https://www.pci-lab.fr/index.php?option=com_fichesinventaire&view=fiche&Itemid=389&id=56
Bibliographie sommaire
Sources figurées
• Arch. dép. Hautes-Pyrénées : fonds des cartes postales anciennes (cotes 5 Fi 138/251 et 5 FI 59/222), bannières anciennes (cotes 1 OBJ 1, 1 OBJ 2, 1 OBJ 3, 1 OBJ 4)
• Arch. mun. Bagnères-de-Luchon : notes manuscrites, cotes 1L14, 1L15, 80W1, 80W2
• Bibl. nat. France, département Estampes et Photographie : affiches anciennes, cote TF-739-PET FOL
• Bibl. Rosalis (Toulouse) / Bibl. nat. France : affiches anciennes, cote ENT DN-1 (GRAY,Henri/4)-ROUL
• Ville de Bagnères-de-Bigorre : fonds photographique Alix / CCHB
Presse ancienne
Gil Blas (Bibl. nat. France)
L’Avenir des Hautes-Pyrénées (Bibl. nat. France)
L’Indépendant des Basses-Pyrénées (Arch. intercommunales Pau-Pyrénées, Ee 3218)
La Dépêche (Toulouse) (Bibl. Rosalis/Bibl. nat. France, JOD-10171)
La Petite Gironde (Bibl. nat. France)
Le Canigou (Arch. dép. Pyrénées-Orientales, PER 816)
Le Figaro (Bibl. nat. France)
Le Patriote (Arch. intercommunales Pau-Pyrénées, Ee3195)
Articles de revues
Albert-Llorca, Marlène, et Bonnemason, Bénédicte, « La jupe rouge de l’héritière. Un costume « traditionnel » de la vallée d’Ossau », Clio. Femmes, Genre, Histoire, n° 36, 2012 [en ligne : http://journals.openedition.org/clio/10816]
Caribon, Carole, « Villes d'eaux, villes de loisirs. L'exemple des stations thermales françaises de la fin du XIXe siècle aux années trente », Histoire urbaine, n°41, 2014, p. 101.
Cazalet, Charles, Une bataille de fleurs au Parc-Bordelais (projet), Bordeaux, G. Gounouilhou, 1892, 105 p.
Froyez, Maurice, « Un concours de photographies à Luchon », Bulletin du Photo-Club de Paris, Paris, 1891, p. 192.
Lagaillarde, Georges, « Les premières fêtes de Fleurs à Bagnères-de-Luchon vues par un témoin », Revue de Comminges, n°1, 1988, p. 267-268.
Ouvrages imprimés
Arripe, René, Ossau 1900. Le canton de Laruns, Toulouse, Loubatières, 1987.
Bergeon, Jacques, Luchon en cartes postales au temps jadis, Nîmes, Lacour-Ollé, 2013, 127 p.
Boyer, Marc, L'Invention du tourisme, Paris, Gallimard (coll. « Découvertes »), 1996, 160 p.
Garreta Raphaële, Morisson Béatrice et Largier Gérard, Flors, à chacun sa nature, à chacun sa fleur. Le livre de l’exposition, Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées et CPIE Bigorre-Pyrénées, Bagnères-de-Bigorre, Éditions pyrénéennes, 2010, 72 p.
Lasserre-Vergne, Anne, Les Pyrénées au temps de Victor Hugo, Pau, Cairn, 2012, 323 p.
Teisseire, Hélène, Ax-les-Thermes et ses environs, Alan Sutton (coll. « Mémoire en Images »), 2005, 128 p.
Filmographie sommaire
Documentaires télédiffusés (liste non exhaustive)
• Trois raisons de se rendre à la fête des fleurs de Bagnères-de-Luchon, France 3 Occitanie, diff. 14 août 2018, en ligne : https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/hautes-pyrenees/tarbes/trois-raisons-se-rendre-fete-fleurs-bagneres-luchon-1526068.html
• Bagnères-de-Luchon. Fête des fleurs de Luchon : le grand bouquet final, La Dépêche, diff. 27 août 2018, 1 min 33, en ligne : https://www.ladepeche.fr/article/2018/08/27/2857399-le-grand-bouquet-final.html
• Mme Alix, une centenaire toujours active à Luchon, ViàOccitanie, diff. 13 octobre 2018, 1 min 53, en ligne : https://viaoccitanie.tv/madame-alix-une-centenaire-toujours-active-a-luchon/
• La fête des fleurs à Luchon, JT 20h du 29 août 1955, 3 min 01, archives INA, en ligne : https://www.ina.fr/video/CAF97514064/la-fete-des-fleurs-a-luchon-video.html
Films diffusés sur YouTube (liste non exhaustive)
• Réalisation des chars de la fête des fleurs, par Luchon vidéos, 1er juin 2019, 5 min 06, en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=LfrAlWRXypg
• Luchon : les Pyrénées grand format (Grand Site Occitanie), par Tourisme Occitanie, 8 août 2018, 4 min 34, en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=0bFbZ9XgYCY
• Fête des fleurs dans le temps. II, par Luchon d’antan, 27 août 2017, 13 min 53, en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=tZ_WRgMLlQ0
• Les préparatifs de la fête des fleurs de Luchon 24 août 1967, par Luchon d’antan, 2 août 2016, 23 sec, en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=IAGb2i3rjg0
• Fête des fleurs Luchon 1955, par Christian de Miegeville, 26 mai 2012, 2 min 59, en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=Ix_Ztwb9e1c
• 100e fête des fleurs à Luchon [reportage de 1999], par Christian de Miegeville, 1er août 2012, 2 min 43, en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=9Kefq5MrKow
Sitographie sommaire
Articles de presse (consultés le 7 mai 2020)
• « Bagnères-de-Luchon. Fête des fleurs 2020 : la 121e édition fêtera les régions françaises », La Dépêche, 27 août 2019, en ligne : https://www.ladepeche.fr/2019/08/27/la-121e-edition-fetera-les-regions-francaises,8378142.php
• « Luchon. Et de 100 bougies pour Mme Alix », La Dépêche, 1er septembre 2018, en ligne : https://www.ladepeche.fr/article/2018/09/01/2860246-luchon-et-de-100-bougies-pour-madame-alix.html
• « Eaux-Bonnes : la fête des fleurs est de retour ce week-end », La République des Pyrénées, 8 août 2018, en ligne : https://www.larepubliquedespyrenees.fr/2018/08/08/eaux-bonnes-la-fete-des-fleurs-est-de-retour-ce-week-end,2400231.php
• « Bagnères-de-Luchon. Des tracteurs de collection pour des chars », La Dépêche, 27 août 2016, en ligne : https://www.ladepeche.fr/article/2016/08/27/2407202-des-tracteurs-de-collection-pour-les-chars.html
• « Bagnères-de-Luchon. Fête des fleurs : la der des ders pour Gilbert Bayle », La Dépêche, 24 août 2016, en ligne : https://www.ladepeche.fr/article/2016/08/24/2405469-fete-des-fleurs-la-der-des-ders-pour-gilbert-bayle.html
• « Eaux-Bonnes : dimanche, la Fête des fleurs », La République des Pyrénées, 9 août 2012, en ligne : https://www.larepubliquedespyrenees.fr/2012/08/09/dimanche-la-fete-des-fleurs,1093740.php
• « Les multiples beautés de Luchon », La Dépêche, 2 juillet 2009, en ligne : https://www.ladepeche.fr/article/2009/07/02/633331-les-multiples-beautes-de-luchon.html
• « La Fête des fleurs en sursis », La Dépêche, 31 mai 2001, en ligne : https://www.ladepeche.fr/article/2001/05/31/119170-la-fete-des-fleurs-en-sursis.html
Blogs de particuliers [consultés le 12 mai 2020]
• Bannières de la Fête des fleurs de Bagnères-de-Luchon depuis 1962, en ligne : http://neep.free.fr/ol/Galerie_art.html
• Dahlia Database (Stichting Bloemencommissie Zundert), en ligne : https://www.bloemencommissie.nl/dahlia-database/
• Fête des fleurs-marché aux plantes de Tarbes, en ligne : http://www.tarbes.fr/gp/Fete-des-Fleurs/580/0
• Historique de l’hôtel Aquitaine, en ligne : http://www.hotelaquitaine.fr/fr/fete-des-fleurs.html
• Photographies de fêtes des Fleurs à Lourdes en 1912 et vers 1930, en ligne : http://photosanciennes.loucrup65.fr/lourdes05.htm
• Tracteur d’époque et de collection pyrénéenne, en ligne : https://tecp.asso-web.com/
Autres ressources
• Statistiques de l’INSEE (2016) : https://www.insee.fr/fr/statistiques
• Wikipedia, article « Maurice Froyez » : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Froyez
Praticien(s) rencontré(s) et contributeur(s) de la fiche
Dans le cadre de l’inventaire du patrimoine thermal, culturel et de villégiature dans les Pyrénées françaises (programme de recherche TCV-PYR), l’enquête de terrain fut conduite auprès de personnes liées aux fêtes des Fleurs dans différentes stations thermales de la chaîne pyrénéenne (Bagnères-de-Bigorre, Bagnères-de-Luchon et Eaux-Bonnes). La méthode adoptée repose sur un processus itératif, en revenant vers ces personnes pour confronter les données recueillies et obtenir leur approbation sur les images ou textes produits dans le cadre de cette fiche d'inventaire. Des entretiens semi-directifs ont ainsi été réalisés auprès de bénévoles, d’employés ou d’élus municipaux, d'associations ou de collectivités locales liées aux fêtes des Fleurs, auxquels s’ajoutent des observations in situ de deux fêtes des Fleurs effectuées en 2018 et en 2019.
ARRAZAU Pascale, responsable des archives municipales, Bagnères-de-Luchon, 05 61 94 68 70, p.arrazau@mairie-luchon.fr
BAYLE Stephan, métallier-serrurier, services techniques de Bagnères-de-Luchon
CARMEILLE Jérôme, serrurier, services techniques de Bagnères-de-Luchon
CHAPELEAU Christophe, fonds photographique Alix, 2 rue du Pont de la Moulette, 65200 Bagnères-de-Bigorre, 05 62 91 59 97, fondseyssalet@haute-bigorre.fr
LOUSTAU Christian, ancien animateur à l’Office de tourisme, conseiller municipal, mairie d’Eaux-Bonnes, 05 59 05 32 69, comeauxbonnes@cdg-64.fr
MORISSON Béatrice, Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées, Vallon de Salut, 65203 Bagnères-de-Bigorre, beatrice.morisson@cbnpmp.fr
TRONC Marie-Françoise, responsable des parcs et jardins, mairie de Bagnères-de-Luchon, mf.tronc@mairie-luchon.fr
WOJTYNIAK Isabelle, présidente de l’association Eaux-Bonnes accueil et gérante de l’espace culturel du casino, Eaux-Bonnes, isabelle.wojtyniak@sfr.fr
Bénévoles lors de la préparation des chars des Eaux-Bonnes, le 19 juillet 2018
Public lors de la fête des Fleurs des Eaux-Bonnes, le 12 août 2018
Bénévoles et public lors de la fête des Fleurs de Bagnères-de-Luchon, le 25 août 2018
Soutiens et consentements reçus
BADOR Christophe, directeur de l’office de tourisme des Eaux-Bonnes, direction@gourette.com
LOUSTAU Christian, conseiller municipal, mairie des Eaux-Bonnes, comeauxbonnes@cdg-64.fr
MIRAMONT Carole, responsable du service animation, mairie de Luchon, c.miramont@mairie-luchon.fr
SANCHEZ Jean-Christophe, président de la société Ramond, jc.sanchez@free.fr
SARRAZIN Colombe, responsable du service culturel, mairie de Bagnères-de-Bigorre, colombe.sarrazin@ville-bagneresdebigorre.fr
Rédacteur(s) de la fiche
LAMOTHE Mathilde, chercheur, chargée de mission pour l'inventaire du patrimoine culturel immatériel, programme de recherche européen TCV-PYR (2017-2020), financé par l’Union européenne (FEDER), en partenariat avec les régions Occitanie-Pyrénées-Méditerranées et Nouvelle-Aquitaine / Université de Pau et des Pays de l'Adour, Laboratoire ITEM EA 3002–UPPA, Institut Claude-Laugénie, avenue du Doyen Robert-Poplawski, 64000 Pau, 05 59 40 72 84, mathilde.lamothe@univ-pau.fr
Enquêteurs ou chercheurs associés ou membres de l’éventuel comité scientifique instauré
CASTAÑER MUÑOZ Esteban, professeur d’histoire de l’art contemporain, Université de Perpignan Via Domitia
CHABBERT Roland, chef du service Connaissance et Inventaire des patrimoines, direction de la Culture et du Patrimoine, Région Occitanie
HEINIGER-CASTERET Patricia, maître de conférences en anthropologie, Université de Pau et des Pays de l’Adour
JALABERT Laurent, professeur d’histoire contemporaine, Université de Pau et des Pays de l’Adour
MEYNEN Nicolas, maître de conférences en histoire de l’art contemporain, Université Toulouse-Jean Jaurès, chef de file du programme de recherche européen TCV-PYR (FEDER)
Lieux et date/période de l’enquête
Bagnères-de-Bigorre : 20 mars et 12 juillet 2018, 27 juin et 10 octobre 2019
Bagnères-de-Luchon : 25 août 2019, 10 février et 11 mars 2020
Eaux-Bonnes : 11 et 16 janvier, 19 juillet et 12 août 2018
Données d’enregistrement
Date de remise de la fiche : 3 juillet 2020
Année d’inclusion à l’inventaire: 2020
N° d'inventaire Ministère Culture: 2020_67717_INV_PCI_FRANCE_00474
Identifiant ARKH: ark:/67717/nvhdhrrvswvksnv
Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bagn%C3%A8res-de-Luchon
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