La pratique du chant de quête consiste à aller de maison en maison ou de ferme en ferme pour chanter un chant précis en rapport avec la fête et demander en échange, soit des oeufs, soit de l’argent.
La pratique du chant de quête consiste , pour des groupes de quelques chanteurs, et à l’occasion de certaines fêtes calendaires, à aller de maison en maison ou de ferme en ferme pour chanter un chant précis en rapport avec la fête et demander en échange, soit des oeufs, soit de l’argent.
La pratique du chant de quête consiste , pour des groupes de quelques chanteurs, et à l’occasion de certaines fêtes calendaires, à aller de maison en maison ou de ferme en ferme pour chanter un chant précis en rapport avec la fête et demander en échange, soit des oeufs, soit de l’argent. Description de la pratique En Haute‐Bretagne, les deux fêtes calendaires à l’occasion desquelles des pratiques de chant de quête existent toujours sont Pâques et le 1er mai.
Pour Pâques, on parle de « chanter la Passion ». Selon les communes, il peut y avoir une à trois nuits de quête à l’occasion de cette fête : « la Passion » à proprement parler qui a lieu dans la nuit du samedi au dimanche 15 jours avant Pâques, le « Jeudi Saint » ou « Les Angoisses » (d’après le premier vers de la chanson) qui se chante le soir et la nuit qui suit le jeudi saint, et « la Résurrection » qui se chante dans la nuit du samedi au dimanche de Pâques. Pour la fête du 1er mai, on parle de « chanter le 1er mai », ou « chanter Mazi‐mazette », dans la nuit qui précède le 1er mai. Déroulement Qu’il s’agisse des quêtes de Passion ou des quêtes de mai, le déroulement est similaire : un groupe de chanteurs se rassemble en soirée : traditionnellement plutôt les jeunes, dans certaines communes même plus spécifiquement les jeunes hommes célibataires, ou les conscrits de l’année, mais aujourd’hui plus librement tous ceux qui le veulent. Ils s’en vont de maison en maison, autrefois à pied, aujourd’hui soit à pied, soit en voiture.
À l’arrivée devant chaque maison, le groupe lance le chant spécifiquement adapté à la circonstance, toujours le même. Le plus souvent, on chante un ou deux couplets d’introduction après lesquels le meneur demande à voix forte : « Faut‐i’ chanter ? ». Cela laisse le temps aux habitants de la maison de se réveiller et de se lever. S’ils répondent par la négative, les chanteurs s’envont jusqu’à la prochaine maison, souvent en chantant un couplet manifestant leur mécontentement, sur le ton de la plaisanterie mais parfois proche de l’insulte. S’ils répondent positivement, le groupe entreprend alors de chanter la chanson entièrement. Le plus souvent, ils restent dans la cour et doivent la chanter intégralement avant qu’on leur ouvre la porte. Certains surveillent même le déroulement du chant, qui est souvent long, et n’ouvrent que si celui‐ci a été correctement exécuté, sans oubli. Dans d’autres cas, on leur ouvre d’abord et le groupe chante à l’intérieur. Lorsque le chant est fini, la quête à proprement parler a lieu : selon les cas, les gens donnent des œufs ou de l’argent.
Il y a toujours parmi le groupe de chanteurs un « porteur de panier » chargé de récolter les œufs. La demande en elle‐même est généralement exprimée dans le chant lui‐même : « Mettez la main au nid, n’apportez pas la paille... », « Si vous donnez des oeufs, nous prierons pour la poule, si vous donnez d’ l’argent, nous prierons pour la bourse... ». Enfin dans chaque maison, les chanteurs se font offrir à boire et restent plus ou moins longtemps à bavarder. Ils repartent ensuite pour la prochaine maison en chantant un dernier couplet de remerciement: «En vous remerciant braves gens, le présent est honnête... » Selon les cas et les témoignages, le groupe de chanteurs peut ainsi visiter tout au long de la nuit entre dix et trente maisons. Selon les groupes et les circonstances, on restera plus ou moins longtemps dans chaque maison, et l’on poursuivra la tournée plus ou moins tard dans la nuit, les plus motivés y passant la nuit complète jusqu’au lever du jour. Le fruit de cette quête peut être utilisé de différentes manières selon les circonstances et les époques. Traditionnellement, le groupe de chanteurs pouvait, soit se partager le fruit de la quête, soit en faire don au curé de la paroisse, soit l’utiliser pour refaire ensemble un repas festif. Dans certains cas plus récent, on adapte l’usage et l’on peut par exemple, soit faire don du fruit de la quête à des associations caritatives, soit l’utiliser pour organiser dans les semaines suivantes un grand repas de « quartier » où l’on invite les habitants de toutes les maisons visitées à manger ensemble une grande « omelette ».
Répertoire utilisé et formes chantées Les collectes effectuées permettent de recenser dans la base de données de Dastum plusieurs centaines de versions de chants utilisées lors de ces quêtes. Toutes ces versions se rattachent en fait à un très petit nombre de chansons‐types, moins d’une dizaine. Pour la quête « de la Passion » qui était effectuée 15 jours avant Pâques, l’immense majorité des versions recensées se rattachent à trois chansons‐types : d’une part, « La Passion de Jésus‐Christ» (Coirault 8805), souvent considérée par les informateurs âgés comme « l’ancienne Passion » et qui est la plus répandue, d’autre part un groupe également assez important de versions qui se rattachent à deux chansons‐types proches l’une de l’autre, au point de fusionner parfois, « Le repentir de Judas » (Coirault – 8814) et « La Vierge consolée II » (Coirault – 8813). Les versions de ce deuxième ensemble sont souvent qualifiées par les informateurs anciens de « nouvelle Passion ». Enfin, une autre chanson‐type est attestée comme chant de Passion dans le pays de Redon, avec seulement quelques attestations : « La Passion de Jésus‐Crhist : la semaine sainte » (Laforte – II, B‐10) Pour la quête du Jeudi‐Saint, aussi nommée « Les Angoisses », moins répandue, on ne trouve qu’une seule chanson‐type attestée : Jésus portant sa croix (Coirault – 8808). De même pour la quête de la Résurrection qui a lieu le samedi de Pâques, la seule chanson‐ type attestée est « L’incrédulité de Thomas » (Coirault – 8817). Pour la quête du mois de mai, les nombreuses versions de chant recueillies sont plus difficiles à classifier car beaucoup de couplets sont interchangeables et passent facilement d’une chanson‐type à une autre. La majorité des versions repérées semblent toutefois pouvoir se rattacher à deux chansons‐types principales : « À l’arrivée du printemps doux... » (Coirault – 9003) et « Voici le joli mois de mai que les rosiers boutonnent... » (Coirault – 9021). Les formes d’expression du chant de quête varient en fonction des régions et des circonstances. Le chant peut être chanté simplement à l’unisson par l’ensemble des chnateurs.
Il peut aussi être lancé par un meneur auquel l’ensemble du chœur répondra. Dans ce cas, le chœur peut soit répéter tout ou partie de ce qu’a chanté le meneur, soit reprendre une autre partie, soit chanter le refrain. Dans tous les cas, le chant peut se faire soit a capella, soit avec l’accompagnement d’un sonneur local qui peut aussi être le meneur. Les instruments attestés traditionnellement pour cet usage sont tout simplement ceux qui étaient utilisés localement pour la danse, et qui différent d’une région à l’autre : vielle à roue, violon, accordéon.
La pratique de la quête chantée s’effectue, on l’aura compris, chez les gens, dans les cours et les maisons du voisinage, le plus souvent en milieu rural, mais parfois aussi en milieu urbain, dans les bourgs. La pratique concerne aussi les routes et chemins, surtout lorsque les déplacements se font à pied : on peut continuer alors de chanter en marchant, soit le chant de quête lui‐même, soit de véritables « chants à la marche » (voir la fiche d’inventaire sur le Chant à la marche en Haute‐Bretagne).
Dans la société traditionnelle, la transmission se faisait par imprégnation et de façon entièrement informelle. C’était un usage établi et que l’on reproduisait naturellement lorsqu’on arrivait en âge. Cependant, les chants de quête étaient souvent assez longs, et les occasions de les entendre étaient relativement rares (on n’avait l’occasion de les entendre qu’une fois par an tant qu’on n’y participait pas soi‐même). L’apprentissage réel du chant commençait donc réellement à partir du moment où l’on participait et que l’on répétait le chant entre 10 et 30 fois dans la même nuit. Si un groupe de jeunes chanteurs souhaitant se lancer dans une quête ne comptait pas parmi ses rangs de chanteurs suffisamment expérimenté, il pouvait parfois faire appel à certains chanteurs plus âgés et réputés pour connaître mieux que d’autres l’intégralité des couplets, celui‐ci pouvait alors leur transmettre de façon plus formelle le chant. Dans la pratique plus contemporaine, la transmission de la pratique se fait en partie différemment. L’apprentissage des chants peut se faire « à l’ancienne », par imprégnation et dans la pratique, mais elle peut aussi se faire maintenant par le biais des lieux d’apprentissage plus formels (ateliers ou cours de chant traditionnel) et à l’aide des enregistrements sonores ou des transcriptions écrites. De même, la transmission de la pratique en elle‐même peut se faire encore aujourd’hui soit de façon naturelle, par l’imprégnation, soit par l’action d’associations culturelles, de collecte du patrimoine oral, et qui encouragent la relance de ces pratiques.
La pratique de la quête chantée a existé dans toute la Haute‐Bretagne, mais de façon plus intense dans certaines régions que dans d’autres.
Comme beaucoup de pratiques traditionnelles, la pratique du chant de quête a tendu à disparaître peu à peu tout au long du vingtième siècle.
Dans beaucoup de régions, elle a complètement disparu avant ou juste après la seconde guerre mondiale. Dans d’autres régions, elle s’est maintenue dans certains hameaux seulement. Dans d’autres régions enfin, elle s’est maintenue de façon beaucoup plus générale jusqu’aux années 1960 à 1980, voire jusqu’à aujourd’hui, notamment dans la moitié nord de la Haute‐Bretagne, dans un vaste rectangle reliant Saint‐Brieuc, Loudéac, Rennes et Cancale.
Bien que la pratique ait pratiquement disparu depuis 1980, on constate qu’une certaine transmission continue de se faire néanmoins de façon plus ou moins souterraine : elle resurgit périodiquement ici ou là, au gré des dynamiques locales, s’éteint parfois pendant une dizaine d’années dans une commune donnée avant de repartir, portée par une nouvelle génération de jeunes qui ont entendu parler de la pratique et qui vont s’enquérir s’il le faut près des plus anciens de la chanson complète s’ils ne la connaissent pas. Ces résurgences périodiques et dispersées de la pratique peuvent aussi être le fait parfois de personnes plus âgées, qui ont connu cette pratique dans leur jeunesse, et qui décident de la relancer. À côté de ces résurgences spontanées existent aussi des relances de cette pratique organisées ou suscitées par l’action des associations de collectage et de valorisation du patrimoine oral.
On peut notamment citer l’association La Bouèze. Ayant recueilli près des porteurs de tradition ces fameux chants de quête et les témoignages qui les accompagnent, certains collecteurs, dans les années 1980, 1990, et jusqu’à aujourd’hui, décident de relancer ces pratiques, avec la participation des porteurs de traditions enregistrés dans un premier temps, mais également sans eux lorsque ceux‐ci viennent à disparaître.
Il est évidemment très difficile de quantifier le phénomène et de dénombrer les groupes de chanteurs ayant encore une pratique de la quête chantée car la plupart d’entre eux le font dans un cadre privé. On peut néanmoins repérer actuellement une dizaine de groupes de chanteurs pratiquant ou ayant pratiqué récemment une ou des quêtes chantées, la majorité dans la zone géographique citée ci‐dessus et où la pratique s’est maintenue le plus longtemps.
On peut dire que jusqu’à présent, la pratique de la quête chantée n’a fait l’objet d’aucune action de valorisation particulière. On peut tout au plus mentionner la publication de rares articles concernant la pratique dans la revue ArMen.
Il reste environ une trentaine de bottiers en France. Depuis une vingtaine d’années, le secteur industriel est marqué par les cessations d’activités et les restructurations. Le haut de gamme est également touché par la crise. En 2003, le secteur de la chaussure ne représentait plus que 51% de la filière cuir. Le nombre d’entreprises est passé de 437 pour 62305 salariés en 1980, à 141 entreprises avec un effectif de 13380 en 2004. Les premières régions touchées sont: Pays-de-Loire, Aquitaine et Rhône-Alpes. Néanmoins, la chute du secteur ralentit progressivement. La production de chaussures (hors pantoufle) s’élève à 37,8 millions de
paires. L’exportation se situe à 1066 millions d’euros et l’importation à 3375 millions d’euros. Les principaux importateurs sont maintenant les États-Unis et Hong-Kong, devant l’Allemagne. La France continue de subir la concurrence internationale, dont la pression se fait davantage sentir suite à la levée des quotas, notamment de la part de la Chine, mais également de l’Italie, sachant que cette dernière reste le premier fournisseur de produits
moyens et haut de gamme3.
Joël Albert évoque que son métier est voué à disparaitre d’ici quelques années. Il ferait selon lui partie de la liste des métiers en voie de disparition. Les aides proposés sur la commercialisation des produits n’existeraient pas. Les aides destinées aux petites structures seraient insuffisantes de nos jours parce que la confiance n’existerait pas entre les organismes et les artisans. Pourtant le savoir-faire artisanal intéresse le patrimoine français. Il faudrait selon lui une meilleure collaboration des autorités. Une meilleure sensibilisation. Il faudrait mettre en avant la disparition de ces métiers. Les jeunes doivent avoir l’envie de s’adonner avec passion à un métier manuel qui n’est pas toujours évident à pratiquer. C’est selon lui par la passion que de tels savoir-faire peuvent survivre. Ouvrir à son compte est réjouissant pour certaines personnes. Puis exercer un métier que l’on aime apporte un équilibre personnel. Il évoque l’importance de défendre la formation en encourageant les artisans à former les jeunes sans devoir batailler administrativement pour tenter d’obtenir les aides souhaitées. Joël Albert a pu côtoyer des personnes qu’il n’aurait jamais rencontrées s’il n’avait pas exercé ce métier. Des célébrités. Mais aussi des personnalités du monde de la finance. Un banquier suisse par exemple est tombé en panne devant son atelier. En attendant la dépanneuse, il a pris les mensurations nécessaires pour une paire de botte sur-mesure. Un jour, Joël Albert a chaussé le batteur des Rolling Stones… tant de rencontres qu’il juge passionnantes. Parfois on vient de loin pour se chausser chez lui en avion privé. Aujourd’hui il n’a plus qu’un seul souhait… que son métier continu à vivre sans lui.
- Postic (Fanch), Laurent (Donatien), « Eginane au gui l’an neuf – Une énigmatique quête chantée », ArMen, n°1, février 1986, p.32‐56.
- Giraudon (Daniel), « La nuit du 1er mai », n°58, avril 1994, p.2.
- Sevestre (Yoann), Les Fougerêts : patrimoine et identité d’une commune de Haute‐
Bretagne, Mémoire de maîtrise d’histoire, Université Rennes II, direction Alain Croix, 2002. (Voir notamment le chapitre « Patrimoine ethnologique » qui décrit la pratique du chant de quête de la Passion. )
« Un vieil usage breton – Les chants populaires de la Passion », Musique bretonne, n°81, mai 1988, pp.13‐15.
Nom de l’enquêteur ou des enquêteurs : Vincent Morel
Supports audio :
- Chant de passion enregistré en situation, à Pacé (35), en 1999, par Régis Auffray (archives sonores de Dastum, fichier son n°a11183)
- Chant de mai, Mme Dréno, Billiers (56) (archives sonores de Dastum, fichier son n°3266
N° d'inventaire Ministère Culture : 2013_67717_INV_PCI_FRANCE_00305
Identifiant ARK :ark:/67717/nvhdhrrvswvk2ds
Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
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