Jeu de quilles de six pratiqué en Aquitaine, et particulièrement dans les Landes et le Béarn.
Les quilles de six sont l’un des nombreux jeux de quilles encore pratiqués en France.
Les quilles de six sont l’un des nombreux jeux de quilles encore pratiqués en France. Il consiste à abattre cinq des six quilles en présence, à l’aide de trois boulons (ou boulets). Il se pratique en individuel ou en équipe de quatre ; en loisir ou en compétition. Car même si les quilles de six sont un jeu affilié à la Fédération Française de Bowling et Sports de Quilles (FFBSQ), sa pratique ne se réduit pas aux championnats fédéraux (auxquels participent treize clubs et moins de 300 licenciés).
Le plantier
On y joue dans (ou sur) un "plantier" (appelé parfois un "quillier"1), espace situé en plein air, sur un sol en terre battue, en bitume ou en gravillons.
À une extrémité de l’aire de jeu se situe le pité (en ciment le plus souvent), rectangle au sol mesurant environ 1,64 mètre de large et 1,25 mètre de long. Derrière le pité, un périmètre de sécurité est établi, ceint par des planches en bois. Devant le pité est posée une tringle (barre métallique) qu’il faut impérativement franchir. Si elle "teinte", le tir est faux.
Sur le pité, six quilles sont alignées en deux rangées : trois petites (53 cm de haut) devant et trois grandes (63 cm de haut) derrière. Les deux rangées de quilles sont espacées de 39 cm d’axe à axe.
Face à ce pité, à onze mètres de la première rangée de quilles, c'est-à-dire au-delà du champ de tir, se situe le "pas de tir", carré de 1,5 mètre de côté. La distance de tir est raccourcie en fonction de la catégorie dans laquelle on concourt (âge et sexe).
Plusieurs plantiers sont souvent alignés dans les villages où les joueurs participent aux compétitions fédérales (il y en a par exemple dix-huit à Angaïs).
Le geste
Le joueur doit se placer dans le "pas de tir", le pied droit légèrement en retrait (pour un droitier), en tenant le boulon dans une main.
Deux façons de lancer le boulon sont tolérées lors des compétitions. La première, plus ancienne, est appelée "main ouverte" (ou "à l’endroit") c'est-à-dire la paume vers le haut. La seconde, qui l’a supplantée, est appelée "main fermée" (ou "à l’envers"), paume vers le bas.
Il doit viser et lancer le boulon pour atteindre les quilles et en abattre cinq, ni une de plus, ni une de moins, en un à trois coups. Lorsqu’il a abattu cinq quilles, il marque un point (ou jeu).
Entre chaque tir d’un même joueur, les boulons et les quilles tombés à cheval sur la ligne délimitant le cadre du plantier sont retirés du plantier. Ceux tombés à l’intérieur y restent. Ces éléments peuvent aider ou au contraire désavantager le joueur selon où ils sont situés et les quilles restant à abattre.
Si un joueur abat six quilles, le tir est nul et les quilles sont redressées. Si il lui reste un ou deux boulons il peut retenter le jeu.
La stratégie
"La meilleure façon de marquer un point est de commencer à abattre les quilles d'un côté et de remonter vers l'autre côté avec les deux boulets restants."2
"J’attaque toujours celle-là à droite parce que vous avez ce mouvement qui ramène. Au contraire le gaucher il tire à gauche. Si vous prenez au milieu c’est pas bon. Parce que si vous tapez au milieu, neuf fois sur dix vous allez enlever ces deux [celles du milieu] et après vous faites quoi ? Il reste deux maillets, il faut faire deux c’est facile et après l’escabeïl3. Tandis que si vous commencez par celles-là [les deux de droites] avec un peu de chance vous pouvez même faire les quatre4. Donc après il vous reste deux maillets et vous faites un et vous avez fait le jeu, c’est beaucoup plus facile."5
Une technique consiste à viser l’intérieur des quilles latérales (de droite et de gauche) pour que le boulon reste "travailler" sur le plantier. Si on vise l’extérieur de ces quilles, le boulon sort en principe immédiatement du plantier et ne peut plus abattre d’autres quilles.
Chacun choisit s’il préfère viser le pied, la pomme ou le haut de la quille. Viser le pied d’une quille est plus efficace mais ce coup implique de tirer moins fort et par conséquent revient à prendre le risque de ne pas atteindre le plantier. Souvent le premier boulon est considéré comme le plus important. de son résultat dépend la stratégie adoptée pour la suite du tir.
La compétition
En championnat individuel chaque joueur dispose de 60 tirs en trois séries de vingt (trois boulons équivalent à un tir) et peut donc marquer un maximum de 60 points. Dans la pratique, les meilleurs joueurs réalisent en moyenne 55 à 58 points.
En championnat par équipe, deux équipes de quatre joueurs s’affrontent sur un plantier. Chaque équipe apporte avec elle un (ou deux) jeu de quilles et boulons qui restera toute la journée sur un plantier désigné. Les joueurs ne sont donc pas assurés de jouer avec leur propre matériel.
Chaque joueur dispose de trois boulons pour faire un tir. Le joueur 1 de l’équipe A (1A) tire le premier, puis le joueur 1 de l’équipe B (1B), puis 2A, 2B, 3A, 3B, 4A, 4B. Ils se succèdent ainsi sept fois avant de changer de plantier où ils réitèrent une série de sept tirs chacun. Une équipe qui produit un sans faute peut ainsi marquer 56 points (ou jeux).
En Béarn, la compétition s’étend de mars à juillet, puis en septembre. Un classement par équipe est établi tout au long de la saison grâce notamment aux Coupes de ville. Le classement individuel lui est établi sur une seule journée. Le Championnat du Béarn se joue les samedi après-midi et le Championnat fédéral les dimanches (sur la journée entière). Aujourd'hui, il n’y a pas d’enjeu monétaire, on ne joue que pour le plaisir, le titre de champion (départemental ou national) et éventuellement un confit de canard ou un autre prix gourmand.
Des variantes
En dehors du calendrier fédéral, certains clubs organisent des "challenges", pour renflouer leurs caisses et patienter jusqu'à) la reprise de la compétition. Lors des challenges ou des parties hors fédération, le règlement des cinq quilles à abattre n’a plus nécessairement cours. Le jeu peut consister par exemple à "faire les trois escabeïls" (faire tomber les trois grandes quilles), ou à abattre les trois petites ou à abattre les six quilles, pour marquer un point.
Une quille rouge peut remplacer une petite quille sur le plantier et pour marquer le point, il faut obligatoirement qu'elle soit la seule à rester debout6 ou au contraire qu’elle soit abattue en premier.
1 Mais en règle générale le "quillier" désigne plutôt le bâtiment qui abrite le plantier dédié au jeu de quilles de neuf qui se pratique en intérieur.
2 Plaquette du Comité Technique et Sportif National Quilles de six.
3 L'escabeïl est le nom donné à l’action qui consiste à abattre une grande quille sans toucher la petite située juste devant elle.
4 Faire tomber trois quilles ou plus se dit tresquiller, ou balayer.
5 G. Sarraute, Labenne, 16 juillet 2012.
6 Cette variant peut aussi être utilisée en championnat de France pour départager deux finalistes.
- Les quilles (dont six sur le plantier) en bois de hêtre.
- Les boulets ou boulons (au moins trois). Ce sont des cylindres en bois de hêtre, longs de 30 cm et d’un diamètre de 10 cm, leur partie centrale est plus fine pour permettre la prise en main (diamètre 4,3 cm) pour la poignée (leur forme ressemble à celle d’une haltère). Ils pèsent entre 1,15 et 1,25 kg.
- À Hagetmau (Landes) un menuisier est agréé par la FFBSQ. Chaque club utilise trois ou quatre jeux de quilles par saison.
- Le plantier et ses quatre zones : le pas de tir, le champ de tir (long de plus de 10 mètres), le pité et le périmètre de sécurité.
- La tringle.
- Un tableau servant à inscrire les scores (un boulier à Labenne par exemple).
Essentiellement pratiqué en Béarn dans le département des Pyrénées-Atlantiques (neuf clubs affiliés à la FFBSQ : Abos, Angaïs, Artix, Bérenx, Bizanos, Gan, Orthez, Pau, Serres-Castet), ce jeu de quilles de six l’est aussi dans les départements voisins des Landes (un club : Saint-Sever), de Gironde (un club) et des Hautes-Pyrénées (deux clubs).
De façon informelle : au Pays basque (à Anglet) et surtout dans les Landes (fêtes de village ou foyers ruraux).
L’apprentissage se fait par immersion et imitation. La transmission a été longtemps interrompue dans certains villages où on assiste à une "relance" ou une "reprise".
Par le passé jeu réservé aux hommes, il est aujourd'hui pratiqué également par des femmes et des enfants. Une trentaine de femmes en Béarn (et moins d’une dizaine dans les trois autres départements) participent aux compétitions fédérales.
"Ayant comme première structure du jeu de quilles de six, ont été établi en 1932 en Gironde sous le nom de Ligue du Sud-Ouest, suivi en 1936 par la Fédération sportive et gymnique sportif du Travail. La quille de six était affiliée à la Fédération Française de Sport de Quilles (FFSQ) depuis 1957, évoluant actuellement sous le titre de la Fédération Française de Bowling et de Sport de Quilles (FFBSQ), fédération affiliée au Comité national olympique et sportif français."7
7 Description sur le site de la FFBSQ : http://www.ffbsq.org/#/471
Le jeu de quilles de six est antérieur à celui des quilles de neuf.
Au XIXe siècle (et même avant), dans le sud ouest de la France (Landes et Pyrénées-Atlantiques), on jouait aux quilles de six en extérieur, dans un plantier, et aux quilles de neuf en intérieur, dans un quillier. Du Béarn, le jeu de quilles de six se répandit jusqu’en Gironde où il fut adapté. On n’y jouait plus "au nombre de quilles" (c'est-à-dire qu’avec un nombre déterminé de boulons - cinq ou six - il fallait abattre un maximum de quilles, qui étaient réapitées ou repitées c'est-à-dire redressées, entre chaque boulon) mais au "cinq quilles à abattre". Après que le jeu girondin fut codifié en 1932, il fut réintroduit et adopté sous cette forme en Béarn.
Toutefois on y joue encore "au nombre de quilles" à Saint-Paul-lès-Dax (Landes) où des Béarnais se déplacent spécialement pour ce jeu ou lors de certains "challenges".
À Angaïs (Béarn), il y a dix-huit plantiers alignés (quatorze d’un côté, quatre de l’autre) à l’extérieur de la salle omnisport du village. Le jeu de quilles de six à Angaïs a été relancé en 1977 au moment de la création du foyer rural. L’adhésion à la FFBSQ s’est faite dès 1978. Personne au village n’avait encore joué en compétition jusque là, même si trois plantiers subsistaient dans des cafés du village. Aujourd'hui, les quilhous d’Angaïs jouent rarement en dehors des compétitions officielles et des challenges. Ils s’entrainent également tous les vendredis de la saison à partir de 18h30. Pourtant, jusque vers 1982, un concours était organisé pendant les fêtes du village mais il s’est avéré contraignant pour les joueurs qui, occupés au concours, ne participaient pas au reste de la fête.
Au contraire d’Angaïs, à Labenne (Landes), les joueurs ne participent pas aux compétitions officielles puisqu’aucun d’eux n’est licencié à la FFSBQ. Ils jouent des parties "amicales" depuis qu’un ancien président du Comité départemental des quilles de six, vivant à Labenne, a incité l’adjoint au maire, à relancer le jeu en 2010. Un plantier a été construit à proximité des arènes et les joueurs s’y retrouvent tous les lundis pendant la saison estivale, à l’occasion du marché nocturne. Au départ il s’agissait surtout d’animer les retours de chasse de l’association des chasseurs : il s’agissait d’ "accompagner l’apéro". Certains sont des anciens joueurs de rugby ou de pelote. À la retraite, ils cherchent surtout à s’occuper. Ils pourraient se constituer en club affilié à la FFBSQ mais ils n’ont pas envie d’avoir une association à gérer. L’idéal selon eux serait qu’un "jeune" monte un club qu’ils pourraient rejoindre. Pour l’instant, ils n’organisent pas de concours lors des fêtes du village car celles-ci ont lieu en décembre. Par contre ils ont déjà entamé un travail de transmission auprès des élèves des écoles environnantes.
- Plaquette
- Site internet
Initiation, démonstration ou concours lors de fêtes de villages (Ondres, Anglet, Dax) ou d’événements culturels (Festival Hestiv'Oc à Pau, Festival des Traditions Landaises).
Initiations et animations auprès de scolaires.
Existence d’un Comité Sportif National, affiliation à la FFBSQ.
Des articles paraissent dans la presse locale (La République des Pyrénées, L’Éclair).
- CAMY Jean. "Les quilles en Gascogne. Entre jeu et sport", in Terrain, n° 25, 1995 : 61-72.
- KESSLER Lin, 1983. La quille vivante. Éditions Joël Cuénot, Paris, 95p.
Personne(s) rencontrée(s)
- Gérard Sarraute et les joueurs de Labenne.
- Henri Pardies, ancien joueur à Angaïs, correspondant du journal La République pour les quilles de six.
Localisation (région, département, municipalité)
Aquitaine : Landes et Pyrénées-Atlantiques (Béarn).
Dates et lieu(x) de l’enquête : du 15 juin au 31 août 2012 dans les Landes et en Béarn.
Date de la fiche d’inventaire : 01 septembre 2012
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Cendrine Lagoueyte
Nom du rédacteur de la fiche : Cendrine Lagoueyte
N° d'inventaire Ministère Culture : 2012_67717_INV_PCI_FRANCE_00163
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2bz
Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_de_quilles_au_maillet
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