L’indigo est extrait de différentes plantes : le pastel et la persicaire en zone tempérée, les indigotiers en zone tropicale. La culture du pastel et la teinture au pastel étaient déjà connues au Néolithique. Ce savoir-faire est d’autant plus remarquable que le pigment contenu dans les feuilles est invisible ; le bleu n’apparaît qu’au terme d’une délicate gestation : macération, fermentation et oxydation. Ainsi le pastel exige un savoir-faire d’une extrême précision, qui permet de teindre en bleu mais aussi d’obtenir toute une gamme de verts, de violets, de bruns. Du Moyen-Âge au XVIe siècle, il a fait la richesse du triangle Albi-Carcassonne-Toulouse, dit alors Pays de Cocagne.

L’indigo est extrait de différentes plantes : le pastel et la persicaire en zone tempérée, les indigotiers en zone tropicale. La culture du pastel et la teinture au pastel étaient déjà connues au Néolithique. Ce savoir-faire est d’autant plus remarquable que le pigment contenu dans les feuilles est invisible ; le bleu n’apparaît qu’au terme d’une délicate gestation : macération, fermentation et oxydation. Ainsi le pastel exige un savoir-faire d’une extrême précision, qui permet de teindre en bleu mais aussi d’obtenir toute une gamme de verts, de violets, de bruns. Du Moyen-Âge au XVIe siècle, il a fait la richesse du triangle Albi-Carcassonne-Toulouse, dit alors Pays de Cocagne. Au XVIIe siècle, les teinturiers lui ont ajouté l’indigo d’indigotier, venu des Indes et d’Amérique, pour renforcer son pouvoir colorant. Mais, en 1897 Adolf von Baeyer a lancé l’indigo synthétique et le pastel a peu à peu disparu des champs et des teintureries. Depuis près de quarante ans, sa culture connait un renouveau en Occitanie. Avec l’aide notamment du Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie Agro-Ressources de Toulouse, des applications se sont concrétisées, dans de nombreux domaines (textiles, cosmétiques, éco-matériaux, peintures, encres, Beaux-Arts), mais le marché n’en demeure pas moins étroit. Car la qualité et la quantité de pigment produit varie trop sensiblement d’une année à l’autre, selon les conditions climatiques et les méthodes culturales. Cependant les maîtres teinturiers, artisans d’art et créateurs designers, relayés par les offices de tourisme, s’attachent à faire vivre ce savoir-faire tandis que les chercheurs et les scientifiques tentent d’optimiser les procédés d’extraction et de teinture, en continuant à étudier les multiples propriétés du pastel, plante tout à la fois tinctoriale, médicinale (reconnue depuis 2011 dans la pharmacopée européenne), fourragère, fongicide, insecticide, condimentaire.

La pratique de la teinture au pastel disparue à la suite de l’invention des colorants synthétiques

(Cf. III.1), a connu un renouveau dans les années 1970. La communauté impliquée aujourd’hui en Occitanie est constituée de maîtres teinturiers et de créateurs (stylistes, designer et plasticiens) qui vivent leur démarche comme militante et leur expérience comme une aventure toujours recommencée, à la mesure des épreuves et des surprises que réservent en eux-mêmes la culture de la plante et le processus de la teinture. Ils sont épaulés par des chercheurs, historiens et scientifiques (Cf.II.2.), qui font émerger des pratiques éco responsables et qui soulignent les opportunités économiques générées par le pastel. Ainsi les praticiens (artisans d’art – teinturiers) valorisent le caractère éthique de leurs créations dans le process de commercialisation d’autant plus que l’attrait du public pour les produits naturels ne cesse de grandir.

Il existe plusieurs types de teinturiers : ceux qui se consacrent exclusivement à la teinture au pastel (une dizaine) et ceux qui pratiquent plus généralement les teintures naturelles, dont la teinture au pastel (une vingtaine). Les premiers ont été pour la plupart regroupés, pendant dix ans, dans l’Académie des Arts et des Sciences du pastel fondée en 2004 avec pour vocation d’étudier et de faire connaître le pastel dans tous les domaines : artistique, patrimonial, scientifique, social, économique.

En 2009, l’entreprise Bleu de Lectoure, créée en 1994 par Henri et Denise Lambert, était l’entreprise de référence. Une authentique filière existait alors : culture du pastel et extraction du pigment en Ariège au sein de la Coopérative Agricole de la Plaine de l’Ariège, teinture dans le Gers à Lectoure, en Haute-Garonne à Toulouse et dans le Tarn à Aussillon (Etablissements Henri Plo) ; confection de tissus à Castres (Textiles Montagne, Tissus Calvet) et de vêtements à Lectoure (Lomagne Confection, Matière Bleue) et à Toulouse (AHPY Création). Cependant le marché ne s’est pas suffisamment développé, du fait de l’irrégularité de la production de pastel, tant en quantité qu’en qualité. La CAPA, faute de débouchés solides, a cessé la fabrication du pigment en 2017. Les teinturiers s’efforcent désormais de s’en procurer individuellement et se tournent vers l’Italie quand ils n’en trouvent pas en Occitanie. Les cultures (tant pour la production de feuilles que pour la production de graines permettant d’obtenir de l’huile) sont actuellement disséminées en Ariège, en Haute- Garonne, dans le Gers et dans le Tarn. De nouveaux liens se créent avec les communautés du textile (laine, lin et coton) existantes localement : La Carde à Esquière-Sère (Hautes-Pyrénées) et, dans le Tarn Les Toiles de la Montagne Noire à Mazamet, les Etablissements Plo à Aussillon, la Filature du Parc à Brassac, les Tissus Calvet, la Filature Albouy et le Tissage Clarenson à Castres, La Maille au personnel à Montredon-Labessonnié, Missègle à Burlats.

La démarche visant à obtenir l’inscription au Patrimoine Culturel Immatériel français a constitué un projet fédérateur, permettant de souder à nouveau les praticiens, sans discrimination entre ceux qui prônent les procédés traditionnels et ceux qui utilisent les procédés modernes.

Lieu(x) de la pratique en France

 

La culture du pastel et la pratique de la teinture à l’indigo de pastel sont majoritairement localisées dans la Région Occitanie, dans les départements de l’Aude, de l’Ariège, du Gers, du Gard, de la Haute-Garonne et du Tarn. Cependant, un renouveau s’opère également en Normandie et en Picardie, dont le pastel, nommé waide ou guède, fut réputé au XIIIe et XIVe siècle avant que les conflits entre la France et l’Angleterre aient fini par mettre à mal cette production, détrônée alors par celle du Languedoc.

 

 

Pratique similaire en France et/ou à l’étranger

 

La culture du pastel et la pratique de la teinture à l’indigo de pastel existent aussi en Allemagne en Thuringe, en Italie en Toscane, dans les Açores, en Catalogne autour de Gérone.

Le pastel, Isatis tinctoria L., appartient à la famille des Brassicacées (autrefois dite Crucifères) comme le colza et la moutarde. Mais contrairement à ces plantes annuelles, le pastel est une bisannuelle : il accomplit son cycle de végétation sur deux ans. La première année, la plante s’enracine profondément et présente au sol une rosette de feuilles qui recèlent les précurseurs de l’indigo. Les feuilles sont glabres mais celles inférieures peuvent être velues. La deuxième année, une tige aérienne se développe, parée de feuilles plus effilées. Le pastel fleurit alors en avril-juin : les fleurs, très petites, donnent des fruits secs nommés siliques, d’un brun brillant, violet à maturité, contenant les graines jaune d’or d’à peine un millimètre de diamètre, dont on tire une huile bénéfique pour la peau. Ce sont les feuilles développées durant la première année de végétation qui recèlent le plus de principe colorant et qui sont donc récoltées pour l’en extraire. Comme le pastel a la faculté de repousser vite, il est possible de réaliser en moyenne quatre récoltes dans l’année de mai à octobre, selon les conditions climatiques.

L’extraction du pigment se faisait à l’origine dans des cuves à partir des feuilles fraîches où l’on procédait simultanément à la teinture. Mais l’essor économique a conduit à stocker les feuilles sous forme de pâte façonnée en coques ou cocagnes, puis en agranat pour faciliter le transport et l’exportation. Au XVIIIe siècle, les savants ont établi un procédé plus simple et plus économique à partir de la macération des feuilles fraîches en cuve. Ce procédé décrit dans les Instructions Pratiques sur la culture du pastel et du moyen d’en extraire l’indigo de M.de Puymaurin en 1810 a été optimisé grâce au CATAR à Toulouse dans les années 1990. Il fait encore l’objet de recherches à l’heure actuelle. Cependant certains artisans teinturiers et créateurs optent pour le façonnage des cocagnes, à titre expérimental et de façon démonstrative lors de fêtes médiévales.

 

 

La Culture du pastel

 

La culture du pastel dans le Lauragais requérait autrefois de très nombreux bras : c’était presque un travail de jardinage. Ce travail manuel est le plus souvent remplacé par des machines. Cependant tous ceux qui cultivent le pastel aujourd’hui en Occitanie, prônent une culture raisonnée, veillant à limiter les intrants et à pratiquer des rotations dans le souci de préserver l’environnement : ainsi les champs sont ensemencés de manière très serrée pour éviter le développement des herbes et l’utilisation d’herbicides. Le pastel étant parfois sujet à des attaques d’insectes ou de champignons, des produits biologiques sont utilisés pour lutter contre les altises, piérides ou charançons des tiges.

En cas de sécheresse seulement, l’irrigation est nécessaire pour assurer une production de biomasse suffisante. Qui plus est, le pastel est une bonne tête de rotation agricole grâce à sa racine pivotante profonde qui aère le sol et comme crucifère elle apporte à la culture suivante des minéraux non négligeables. Ainsi le pastel représente une diversification intéressante pour les agriculteurs. Certes il préfère les terrains argilo-calcaires, profonds, drainés, largement fumés, exposés au sud/sud-est, à pente moyenne, avec une réserve hydrique assez élevée ; et pour accroître son développement et la qualité du pigment, il requiert surtout de la chaleur et de l’ensoleillement. Fort heureusement l’Occitanie dispose de terres correspondant à ces exigences.

La récolte des feuilles se fait par cueillette ou fauche un peu au-dessus du collet à partir du mois de juin ; à la main pour les parcelles expérimentales et à la machine pour les grandes surfaces. Il est impératif qu’une période ensoleillée précède ces récoltes successives, l’ensoleillement favorisant l’apparition des précurseurs de l’indigo. Il est conseillé d’opérer en fin de matinée lorsque l’air est exempt d’humidité (brume ou rosée). Les collectes successives peuvent se poursuivre chaque mois jusqu’en automne. Un hectare de pastel était autrefois réputé livrer 20 tonnes de feuilles donnant 1200kg de coques, équivalant à 35 à 45 kg de pigment (Economie d’un village du Lauragais 1593-1715, Les Annales du Midi, 1966). De nos jours, pour que cette culture soit rentable, il faut récolter un important volume de feuilles. Un hectare de pastel avec 4 coupes devrait à l’heure actuelle livrer 40 tonnes de feuilles dont on extrait 80 kg de pigment, sachant qu’il faut une tonne de feuilles pour obtenir 2kg de pigment. Les producteurs occitans tablent plus couramment sur 18 à 20 tonnes de feuilles et 35 à 40kg de bon pigment par hectare avec 5 à 6 coupes par an.

 

 

Extraction du pigment

 

L’extraction se pratique aujourd’hui aussitôt après la récolte des feuilles. Effectivement de nombreux savants de toute l’Europe ont participé dès les années 1750 à des recherches pour trouver un procédé plus facile et plus économique pour extraire le pigment directement à partir des feuilles fraîches, sans passer par la phase des cocagnes. Les feuilles récoltées sont mises à macérer dans de l’eau chaude. L’infusion est récupérée, filtrée, mêlée de chaux (correction de l’acidité pour permettre aux précurseurs de réagir), battue pour oxygéner la solution, condition nécessaire pour l’obtention du pigment insoluble dans l’eau. Ce pigment précipite au fond de la cuve, il est filtré et séché.

Les installations d’extraction sont placées près des champs au moment de la récolte pour plusieurs raisons. Dès que la plante est cueillie, le pouvoir pigmentaire du pastel baisse, il est donc important de réduire au maximum le temps de transport entre la coupe et la mise en cuve pour l’extraction. Ensuite les cuves de macération utilisées pour la première étape de l’extraction de l’indigo sont une source d’engrais : après avoir infusé, les feuilles peuvent être épandues dans les champs avec les eaux de lavage lesquelles sont aussi très riches en matière fertilisante. La contenance des cuves varie selon la taille de l’entreprise. La Coopérative agricole de la plaine de l’Ariège qui devait traiter la récolte de plusieurs agriculteurs, utilisait des cuves de grande contenance : 280 hectolitres. Une petite unité d’extraction utilise des cuves de 800 à 5000 litres.

L’extraction est une étape très sensible et ne parvient pas toujours à offrir une qualité constante de pigment ; aussi un nouveau programme de recherche New Cocagne porté par le Laboratoire de Chimie Agro-industrielle de Toulouse (UMR 1010 INRA-INP/ENSIACET), a-t-il été lancé en 2019 pour améliorer les performances de la plante et tenter de trouver un procédé de production de pigment à partir d’une matière végétale conservée en sec, par opposition au traitement obligatoire des feuilles en vert tel qu’il se fait aujourd’hui.

 

 

Teinture

 

L’indigo n’existe pas à l’état naturel dans la plante ; les feuilles de pastel contiennent seulement les molécules dites précurseurs de l’indigo, les indoxyles (solubles et incolores). Il faut placer ces précurseurs dans des conditions bien particulières pour qu’ils réagissent entre eux et forment une molécule d’indigo bleu (insoluble et coloré). A l’inverse, lors de la teinture, l’indigo se présente sous sa forme insoluble. Il faut donc le rendre soluble dans l’eau du bain, on dit qu’il faut le « réduire ». Cette réduction devant s’opérer en milieu basique, cela nécessite l’apport de chaux. On peut procéder à une réduction organique en ajoutant au bain de la garance et du son, ou bien à une réduction chimique en ajoutant au bain de l’hydrosulfite de sodium et de la soude. On obtient ainsi la forme soluble et incolore qui va pénétrer la fibre. Pour que le bleu apparaisse, une oxydation est nécessaire, elle s’opère grâce à l’oxygène de l’air lorsque le tissu sort du bain.

Ces réactions sont très sensibles. Leur maîtrise confère à la pratique un côté mystérieux, entretenu par une certaine tradition du secret chez les teinturiers. Selon Michel Pastoureau, les conseils pratiques et opératoires ont toujours voisiné avec les considérations allégoriques et symboliques (Pastoureau M., Jésus chez le teinturier, Couleurs et teintures dans l’Occident médiéval, éd. Le Léopard d’or, 1998, p.63,64).

Les teinturiers installés en Occitanie soulignent que l’extrême diversité des interactions entre la couleur, les fibres choisies (fibres d’origine végétale ou bien fibres d’origine animale, soie et laine), la qualité de l’eau, la température et le Ph du bain (pour la teinture de la laine, un Ph 9- 9,5 est préférable ; pour les autres fibres un Ph de 11-11,5 convient), la pression atmosphérique, les dimensions de la cuve imposent beaucoup de tâtonnements. Aussi le métier de teinturier de bleu s’apprend-il plus par l’expérience et l’observation qu’en suivant des recettes. Le choix du récipient dans lequel on va procéder à la teinture est également important : autrefois les cuves étaient en bois, aujourd’hui les récipients sont en acier inoxydable ou en plastique, ils doivent être hauts et étroits pour permettre l’immersion totale des tissus et éviter l’oxydation de la cuve. Pour Denise Lambert, Atelier des bleus pastel d’Occitanie, « on ne domine pas une cuve de pastel, on la comprend, on réajuste sans cesse. Tout dépend aussi du lieu où l’on se trouve, de la pression atmosphérique, de l’humidité de l’air. Il faut comprendre sa cuve et bien connaître les textiles que l’on va y plonger. Il ne faut pas oublier non plus que la qualité du pigment est essentielle, or cette qualité varie d’une année à l’autre, selon les méthodes de culture du pastel, selon les sols, selon les conditions climatiques. »

Sachant que rien ne remplace la pratique, les modes opératoires décrits ci-dessous le sont à titre indicatif.

 

Cuve montée avec des feuilles fraîches

 

Selon le mode opératoire le plus ancien, aujourd’hui réservé à des démonstrations, la cuve peut être montée avec des feuilles fraîches. Ce procédé est expliqué ainsi qu’il suit par Anne Varichon (Couleurs, pigments et teintures dans les mains des peuples, éd du Seuil, 2001, p.149). « Pour teindre 500gr de laine, soie, lin ou coton : Ebouillanter 500 grammes de feuilles fraîches avec 4 litres d’eau et laisser la température descendre à 50°C. La stabiliser ainsi pendant une journée. Les enzymes présents dans les feuilles et secrétés par les bactéries présentes aussi sur les feuilles provoquent l’hydrolyse des précurseurs. Lorsque des bulles apparaissent à la surface du bain (signe de fermentation) ajouter 6 grammes de chaux éteinte et remuer en maintenant la température à 50°C pendant encore trois heures. Enfin introduire le tissu mouillé, le maintenir immergé quelques minutes, le sortir et l’étendre à l’air. Renouveler l’opération jusqu’à obtention de la teinte souhaitée. »

Les inconvénients sont évidemment la faible concentration du bain de teinture et le temps long de trempage du tissu. Plusieurs trempages entrecoupés d’expositions à l’air sont nécessaires pour obtenir des tons plus foncés. Il convient par ailleurs de renouveler la cuve par de nombreux apports de feuilles.

 

Cuve montée avec des cocagnes

 

C’est le procédé le plus traditionnel. Les feuilles récoltées et passées à la meule étaient façonnées en pelotes dites coques ou cocagnes, puis séchées dans les greniers pendant sept à huit semaines. Ces cocagnes sèches étalées au sol, étaient broyées au maillet puis arrosées d’eau pour lancer une nouvelle fermentation. Baigna, recolgna et bira : la pâte était retournée deux fois par semaine jusqu’aux 36 tours réglementaires. Cette phase était particulièrement délicate (certains prêtaient serment de ne rien révéler des secrets d’une bonne fermentation). La pâte obtenue, façonnée en carré, était mise à sécher pour obtenir l’agranat.

Le mode opératoire est expliqué ainsi qu’il suit par Dominique Cardon (Le Guide des Teintures Naturelles, Lausanne/Paris,éd. Delachaux et Niestlé, 1990, p. 138) « Ramollir dans de l’eau 500g de coques de pastel, employer un récipient de 25 litres pour faciliter le trempage du tissu à colorer. L’eau doit être à une température de 40 à 50°C. Ajouter 50 gr de garance en poudre, 20 gr de chaux éteinte et 50 gr de son. Bien mélanger, couvrir afin de maintenir la température. Laisser reposer 6h puis pallier, c’est à dire brasser doucement 30mn sans remuer le dépôt du fond. Laisser reposer 3h, pallier à nouveau jusqu’à l’apparition de veines bleues à la surface de la cuve. Pallier encore 2 fois en 6h. A la fin du dernier palliement, parsemer 2gr de chaux à la surface de la cuve. Couvrir, continuer à pallier de 3h en 3h jusqu’à ce que le bain soit jaune d’or avec en surface des veines bleues et une écume légère : la fleurée de pastel. Pour teindre, on écarte la pellicule cuivrée avant d’y tremper les écheveaux ou le tissu. Eviter les éclaboussures qui réintroduiraient de l’oxygène, éviter le contact du tissu avec le fond de la cuve. Laisser tremper en remuant doucement pendant 15mn. Sortir les pièces teintes, essorer, aérer. La cuve bien palliée est parsemée de 1 à 2gr de chaux, couverte et réchauffée. Il est ainsi possible d’effectuer deux à trois trempages pour obtenir des tons bleus de plus en plus foncés. »

Cette cuve montée avec des cocagnes a été remise à l’honneur par David Santandreu. « Les cocagnes servent à la fois de source de colorant et de matière organique végétale dont la digestion par les bactéries permet la réduction de l’indigo. » David Santandreu a mis au point un mode opératoire personnel qu’il enseigne lors de stages. Si le temps de préparation de la cuve est long (la fermentation dure au moins trois semaines), par contre cette cuve peut être utilisée plusieurs mois.

Le Recueil des principaux procédés de teintures à mordant à l’usage des teinturiers de G .Van Laer, en 1871, livre une recette à partir de cocagnes pour des contenants plus vastes. Dans une cuve de 2m50 de profondeur sur 1m60 de diamètre, on fait infuser dans 6 000 litres d’eau froide 100kg de pastel en coques et 8kg d’indigo broyé mêlés à 10kg de mélasse de betteraves. Puis on y ajoute 1000 litres d’eau chaude à 55° ou 60°C, avec 4kg de son, 12kg de potasse et 5kg de chaux éteinte. » Cette recette évoque la période où l’indigo exotique est ajouté dans la cuve en complément du pastel. La mélasse de betteraves, le son ou la garance étaient utilisés comme agents réducteurs.

 

Cuve montée avec l’agranat de pastel

 

Ce procédé a été reconstitué lors du 2° Congrès International « Pastel, indigo et autres colorants naturels : passé, présent et futur » à Toulouse en 1995. Dominique Cardon nous en livre le mode opératoire (Le monde des Teintures Naturelles, éd. Belin, 2014, pages 338-339). « On réduit en poudre 3 kg de pastel agranat. On les met dans un récipient de 30 litres que l’on remplit aux 3⁄4 d’eau très chaude que l’on veillera à maintenir ensuite autour de 50° C. (Le maintien de la température est nécessaire à la prolifération des bactéries qui, dans ce processus biochimique, assurent la réduction de l’indigo du pastel agranat sous sa forme soluble capable d’imprégner le tissu.) Pour donner au bain l’alcalinité optimale Ph9 (milieu alcalin aussi nécessaire aux bactéries), on ajoute de la potasse obtenue en calcinant dans un four de la lessive de cendres très concentrée (c’est la cendra de recuyt ou la zenere recotta des sources médiévales catalanes et vénitiennes) ou de lie de vin (lume de feza). On mélange bien, on couvre, on maintient constamment à la même température. On laisse reposer 6 h, puis on pallie la cuve. On laisse reposer encore 3h, on vérifie le Ph du bain, on ajoute de la cendre si nécessaire, puis on pallie. On continue ainsi, en palliant et en surveillant température et Ph jusqu’à ce que le bain soit jaune d’or avec, en surface, une pellicule cuivrée et qu’après les palliements se forme une écume bleue, la fleurée de pastel. Ce sont les signes que toute l’indigotine présente dans l’agranat se trouve réduite dans le bain à l’état de leuco-indigo sauf à la surface de contact du liquide avec l’air. Lors du Congrès à Toulouse en 1995, la teinture a pu avoir lieu 24h après le montage de la cuve. Alors que la cuve de pastel médiévale était prête à teindre au bout de deux jours... » Il existe une variante, dite cuve à l’urine ; l’alcalinité nécessaire est alors assurée par l’ammoniaque formée dans les urines qui fournissent aussi les bactéries propices à la réduction de l’indigo.

 

Cuve montée avec du pigment de pastel

 

Il faut avant tout veiller à la qualité du pigment : selon M. Giobert, professeur de chimie à Turin, directeur de l’école impériale pour la fabrication de l’indigo, « sa couleur bleue, sa manière de présenter un reflet métallique lorsqu’on le frotte légèrement avec les doigts, sa propriété d’exhaler une fumée pourpre lorsqu’on le chauffe, sa dissolubilité dans l’acide sulfurique sans s’altérer dans ses apparences bleues, sa divisibilité immense, sont autant de caractères auxquels on reconnaît l’indigo. On peut ajouter encore à ces caractères les suivants : son indissolubilité dans l’eau, dans les acides (le sulfurique excepté), dans les alcalis, dans l’alcool et dans les huiles. » (Traité sur le pastel et l’extraction de son indigo Paris 1813, p.83) « La marque du vrai pastel ou guède est quand il est sec, léger, violet et reluisant ; et quand il est mis au feu, il faut qu’il fasse une fumée violette et qu’il laisse peu de cendres. » (Les Couleurs, Dictionnaire universel d’Antoine Furetière, rééd. Zulma, 1997, p.84)

La teinture au pastel ne nécessite pas de mordançage (opération qui permet aux couleurs de se fixer sur le tissu, ce préalable consistant le plus souvent à tremper le tissu dans un bain d’alun). La seule préparation indispensable est un lavage soigné des tissus (même s’ils sont neufs) pour enlever d’éventuelles taches et tous les apprêts ; ainsi les fibres rendues poreuses pourront fixer uniformément le pigment.

On procède à la teinture lorsque la cuve préparée a suffisamment reposé. La cuve peut être préparée la veille. Les tissus que l’on plonge dans la cuve sont préalablement trempés dans l’eau et essorés. On les plonge progressivement et verticalement, on accompagne avec un bâton l’immersion complète du tissu sans introduire d’oxygène. On laisse le tissu immergé quelques minutes. On le sort et on l’expose à l’air, on l’étend sur un fil pour favoriser le déverdissage : effectivement le tissu sort du bain verdâtre. Progressivement, la couleur bleue apparaît sur les fibres. La première plongée du tissu dans le bain est essentielle pour apprécier la réception du pigment par les fibres. Le bain est renouvelé au moins trois fois et plus, selon l’intensité de bleu désirée. Le tissu est rincé à l’eau puis lavé en machine.

 

Cuve au fer : 10g d’indigo de pastel, un peu d’alcool, 20g de sulfate de fer, 30g de chaux éteinte, un récipient de 5 litres et une bassine d’eau, un mortier, des gants et un bâton pour remuer. Dans le mortier, mélanger l’indigo en poudre avec un peu d’alcool pour obtenir une pâte lisse. Dans une cuve, verser cette pâte et la diluer dans de l’eau tiède (40°C) jusqu’à remplir la cuve au 3⁄4. Ajouter le sulfate de fer dans une partie de ce bain, bien dissoudre et verser dans la cuve. Ajouter la chaux dans une partie de ce bain, bien dissoudre et verser dans la cuve. Bien remuer et laisser reposer une heure avant de teindre. Préparer une bassine d’eau. Tremper le tissu dans la cuve sans faire de bulles. Laisser entre 5mn et 1h (ce temps de trempage varie selon la température et selon la nature du tissu) dans la cuve puis essorer et tremper aussitôt dans la bassine d’eau. Essorer et sécher au grand air.

Cuve à l’hydro-sulfite de sodium assurant la réduction rapide et complète de l’indigotine : pour monter une cuve de teinture de 210 litres, préparez la veille une « cuve-mère » de 5 litres. Pour une contenance plus grande (cuve de 310 litres) préparez 2 cuves mères. Certes l’hydrosulfite est un produit chimique mais il n’est pas toxique ; il est utilisé en œnologie pour éviter l’oxydation des vins. Les doses utilisées sont rigoureusement respectées pour ne pas nuire à l’environnement.

Préparation de la cuve mère : dans un récipient séparé, verser 6 cuillères à soupe d’indigo de pastel, mélanger avec un peu d’eau bouillante pour faire un empâtement. Remplir un bécher de 5 litres avec de l’eau très chaude (pas jusqu’au bord). Tourner à la main et ajouter 50ml de lessive de soude puis 3 cuillères à soupe d’hydrosulfite de sodium ;

Enfin verser dans le bécher l’empâtement de pigment. Le liquide deviendra progressivement jaune-brûnatre. Laisser reposer jusqu’au lendemain, afin que le dépôt soit bien au fond du récipient.

Préparation de la cuve de teinture : remplir d’eau la cuve de teinture, puis ajouter 3 cuillères à soupe d’hydrosulfite de sodium, mélanger délicatement et enfin ajouter la « cuve-mère », en évitant de mettre le dépôt du fond du récipient. Mélanger et attendre 10 minutes avant de commencer la teinture.

 

Cuve au fructose : 10g d’indigo de pastel, 20g de chaux éteinte, 30g de fructose cristallisé. Monter la cuve dans un récipient de 5 litres en acier inoxydable du type faitout pour permettre l’immersion des fibres, écheveaux ou tissus tout en minimisant la surface de contact du bain avec l’air. Broyer finement l’indigo et l’empâter dans un petit volume d’eau chaude. Verser dans le récipient qui servira de cuve de l’eau très chaude (80°C), puis l’indigo, puis le fructose, puis la poudre de chaux. Respecter cet ordre. Bien pallier la cuve en mélangeant les ingrédients sans introduire d’air. Laisser reposer 24h.Teindre en plongeant le tissu, préalablement mouillé et essoré, dans la cuve dont la température doit être descendue au- dessous de 50°C.

 

Rappelons que les recettes données ci-dessus ne sont pas suffisantes pour la pratique du métier : les teinturiers s’accordent sur la nécessité d’observer, sentir, juger, anticiper, saisir les opportunités pour parfaire le montage de la cuve et son entretien. Autrefois, à mesure que le pouvoir tinctorial de la cuve faiblissait, on teignait en clair. Aujourd’hui on monte dès le départ une cuve claire ou foncée. Si l’on souhaite une cuve foncée, on augmente la part d’indigo de pastel. Il est aussi possible de renforcer la cuve avec une part d’indigo d’indigotier. Une cuve se conserve longtemps si elle est régulièrement entretenue et enrichie. La couleur de la solution sera le critère d’une bonne réduction. L’expérience joue ici encore un grand rôle. On peut donc entretenir une cuve en rajoutant périodiquement de l’indigo, du sirop de fructose et de la chaux pour maintenir un Ph de 11. Selon Serge Raynal, pour protéger une petite cuve, on peut la recouvrir d’une fine couche de gelée d’ail. Précieuse alliance entre végétaux ! Les teinturiers occitans demeurent attentifs au respect de l’environnement et ont à cœur de valoriser les richesses naturelles locales.

Rappelons que pastel est un mot occitan du XIVe siècle, diminutif de pasta, « pâte ». Il désigne la plante, Isatis tinctoria L, dont les feuilles réduites en pâte pressée en boules dites cocagnes contiennent le principe colorant bleu. C’est donc le mode préparatoire du pigment qui a donné, en pays occitan, son nom à la plante. Le terme ne doit pas être confondu avec pastel, mot du XVIIe siècle emprunté à l’italien pastello (au sens initial de gâteau) qui désigne une pâte faite de pigments colorés pulvérisés, agglomérés et façonnés en bâtonnets. Par métonymie, pastel désigne l’œuvre exécutée par les artistes avec ces bâtonnets. Pastel, adjectif, désigne des teintes douces.

Le pastel, Isatis tinctoria L, est nommé guède ou waide en Picardie.

Les procédés de teinture ont évidemment leur vocabulaire propre. En occitan, baigna, recolgna et bira signifie baigner, remuer et retourner la pâte lors de la préparation de l’agranat (Cf.1.5). Pallier une cuve signifie brasser la cuve avec une pale en un mouvement horizontal pour homogénéiser le bain tout en introduisant le moins possible d’oxygène. Une cuve mère désigne la préparation faite dans un petit récipient, qui sera versée dans un second temps dans la cuve de teinture proprement dite (Cf. 1.5). Un pied de cuve désigne la cuve de base pour teindre un textile avant qu’il ne reçoive sa couleur principale dans un autre bain.

La gamme des bleus : Colbert publie en 1669 l’Instruction pour les teintures où apparaît le classement des bleus en treize nuances : bleu blanc, bleu naissant, bleu alazado, bleu mourant, bleu mignon, bleu céleste, bleu turquin, bleu de reine, bleu de roi, fleur de guesde, bleu pers, aldego, bleu d’enfer. Au XVIIIe siècle, la gamme de bleus d’Antoine Janot comportait à son tour huit teintes : bleu déblanchi, bleu mignon, bleu de ciel, bleu d’azur, bleu céleste, bleu de roi, bleu turquin, aile de corbeau.

Patrimoine bâti

 

Les bâtiments directement liés à la culture et à la teinture sont rares. Toutefois on recense des moulins pasteliers et des séchoirs à cocagne dans le Château de Magrin (Tarn) (en partie classé Monument Historique en 1979), dans le Château de Lasbordes (inscrit Monument Historique en 1979) près d’Albi (Tarn) où la production de pastel est attestée jusqu’en 1840, sur la commune de Lautrec (Tarn) ou encore à Mazères (Ariège). « Le nombre des moulins pasteliers était considérable en Lauragais : on en relève plusieurs centaines dont six à Corronsac, dix à Caignac, et à Saint-Michel-de-Lanes, cinq à Nailloux, trois à Ayguevives. » (Odol J., op. cit. p.95). Nombre de moulins en bois n’ont hélas laissé aucune trace, seule la toponymie conserve cette mémoire ; ainsi le lieu-dit La Pastelerie à Lautrec et le lieu-dit Moulin Pastelier à Saint- Félix Lauragais.

On peut également voir des soleilhous, greniers ouverts, où séchaient le pastel dans le vieil Albi (Maison du Vieil Alby) et dans les villes de Caraman, Pompertusat, Auzeville Tolosan en Haute- Garonne. Citons enfin la Maison Enjalbert dans le Vieil Albi, maison à colombages parée de décors, dont une sculpture représentant un « petit pisseur » pourrait évoquer l’utilisation de l’urine pour activer la fermentation des cocagnes.

Cependant les marchands qui se sont enrichis dans le commerce du pastel ont beaucoup construit. Ils affichaient leur réussite notamment par leurs hôtels particuliers aux fameuses « tours d’orgueil » : hôtel Reynès (cour intérieure avec loggia ornée des bustes de François 1er et de la reine) classé au titre des Monuments historiques en 1862, hôtel de Saunal et hôtel Seré de Rivières à Albi, hôtel de Bernuy (classé Monument historique en 1889), hôtel d’Assézat (classé Monument historique en 1914) et hôtel Delfau à Toulouse.

La cathédrale d’Amiens porte sur le mur sud de sa nef une statue représentant deux marchands guèdiers devant un sac de tourteaux de guède (dénomination du pastel en Picardie), en mémoire de l’importante production de guède-pastel au XIIIe siècle, détrônée par celle du Lauragais. Ainsi la prospérité engendrée par le pastel a permis au chapitre cathédral d’Albi la réalisation d’œuvres majeures dans la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi. Les plus grands sculpteurs et peintres ont été appelés. Sainte Cécile est la seule cathédrale en Europe dont les voûtes et les murs sont entièrement peints (chantier entrepris de 1509 à 1512). Notons que pour réaliser leurs fresques les peintres italiens utilisaient pour pigment bleu, non pas un pigment de pastel, mais un pigment minéral, l’azurite broyée en fine poudre. Cependant c’est bien grâce à la richesse engendrée par le pastel, que la ville a pu s’offrir ces artistes italiens : un champ ensemencé en pastel rapportait trois fois plus qu’un champ cultivé en blé, d’où un montant de la dîme versée à l’Eglise trois fois supérieur.

Le pastel, sa culture et son commerce, ont rapporté de grosses sommes à l’Eglise, la dîme étant perçue sur le pastel. Ainsi peut-on parler, selon Jean Odol, des «églises du pastel»: Montgeard (construite par quatre marchands pasteliers inhumés dans les chapelles latérales), Baziège, Ayguesvives, Villenouvelle, Villefranche, Montesquieu, Nailloux, Montgiscard, Cintegabelle, Caraman, Salles-sur-l’Hers, Avignonet, Saint-Félix, Verfeil, Molandier (Odol J., Lauragais, Pays des Cathares et du pastel, éd. Privat, 2004, p.98-99).

D’autres villes ont aussi connu une grande prospérité grâce au pastel. Ainsi Mazères en Ariège de 1340 à 1440 devint un des plus gros centres de draperie en pays de Foix : l’Hôtel d’Ardouin (classé Monument historique en 1955) abrite aujourd’hui un musée dans lequel une salle est consacrée à l’histoire du pastel. La teinture était alors la dernière étape dans la production des draps. Les ordonnances évoquent toujours les trois métiers alors indissociables de la draperie : tisserand, pareur et teinturier.

De même, on parle en Haute-Garonne de « Châteaux pasteliers »: le château de Laréole près de Cadours (classé Monument Historique en 1927, propriété du Conseil Départemental de la Haute-Garonne), le château de Montgeard, le château de Loubens (qui accueillit la fête du pastel), les châteaux de Tarabel et de Belflou.

 

 

Objets, outils, matériaux supports

 

Le matériel pour l’extraction du pigment, relevé dans le Traité de Giobert (Traité sur le pastel et l’extraction de son indigo par M. Giobert, Paris 1813, p.149), se compose de cuves en bois, trempoire, cuve de repos pour éliminer les sédiments terreux, battoir, cuve de dépôt et de précipitation et d’ustensiles divers: baquets, casseroles et grosses cuillers de cuivre, thermomètres, flacons, tamis, moules en fer blanc pour la formation des pains de pigment, des paniers d’osier, des fourches, des tridents en bois... Dans les petits ateliers, le matériel pour la teinture proprement dite se composait de cuves en bois, d’une forme arrondie et de la capacité de 7 à 8 hectolitres. Dans les grandes structures, il était conseillé de faire exécuter des cuves en maçonnerie d’une forte épaisseur ou assujetties par des clefs en fer et de les enduire dans leur intérieur d’un ciment très fort et susceptible de recevoir un beau poli (M. Giobert, op.cit., p.133-135). Le Petit manuel complet du teinturier (par Riffault, Vergnaud, Julia de Fontenelle et Thillaye, Paris, 1859, p.279-281) fait seulement mention de grands vaisseaux de bois. Les Mémoires de teinture étudiés par Dominique Cardon évoquent encore de grandes cuves de bois, en parties enterrées, et maintenues couvertes quand on ne les travaille pas, de façon à assurer une bonne inertie thermique du bain. Le Musée de Mazères conserve une nasse : ce dispositif était utilisé pour éviter que les tissus ne touchent des dépôts éventuels au fond de la cuve dans laquelle ils étaient plongés. Il reste encore à Albi une auge en pierre visible au Bon Sauveur, où se trouvait l’Ecole Impériale du pastel en 1811.

Aujourd’hui l’extraction du pigment comme la teinture au pastel se pratique dans des cuves en acier inoxydable ou en plastique, de 50l à 1000l selon les ateliers. Les cuves organiques sont préparées dans des récipients en acier inoxydable permettant de réchauffer le bain si nécessaire. Les cuves chimiques se font indifféremment dans des récipients en inox ou en plastique. Bâtons de bois, béchers, cuillères sont aussi requis pour mélanger les ingrédients.

Matériaux supports : les praticiens teignent des textiles naturels, des fibres d’origine végétale (lin, chanvre, coton) comme les fibres d’origine animale (soie, laine, mohair, angora). La connaissance de la nature des tissus et de leur provenance est fondamentale : les saisons et la nourriture des moutons influent sur la qualité de la laine donc aussi sur les modes opératoires au moment de la teinture. Des créateurs teintent aussi d’autres matériaux (Cf. galerie L’Art et la Matière à Burlats-81).

Des tissus teints à l’indigo de pastel sont conservés dans des musées: casaques de Mousquetaires au Musée de l’Armée (Hôtel des Invalides) à Paris, uniformes de Hussards au Musée Massey à Tarbes, costumes au Musée Fragonard à Grasse. Jean-Claude Bordes (Les Toiles de la Montagne Noire à Mazamet dans le Tarn) possède une collection privée de tissus anciens teints au pastel dont des couvertures piquées avec motifs en lin, chanvre et bourre de coton datant de la Révolution Française. Xavier Plo (Etablissement Henri Plo à Aussillon dans le Tarn) conserve des bobines de fil teint à l’indigo de pastel.

La pratique se transmet aujourd’hui dans les ateliers de teinture des praticiens sous forme de stages ouverts à toute personne intéressée par les teintures naturelles : Atelier des Bleus Pastel d’Occitanie à Roumens, AHPY Création à Toulouse, La Petite Maison du Pastel et la Ferme au Village à Lautrec, Plantes et Couleurs en Bretagne sous la direction de Michel Garcia. L’association des artisans d’art de Burlats, au sein de la galerie L’Art et la Matière, propose une formation pour transmettre le savoir-faire de la teinture au pastel à d’autres artisans susceptibles de l’utiliser dans leurs propres créations sur d’autres supports et ainsi élargir les possibilités d’utilisation du pigment de pastel (pâte polymère, argile métallique, béton, galets, osier, bois). Terre de Pastel propose aussi dans son Museum du pastel à Labège des ateliers d’initiation à la teinture et à l’impression des textiles pour les enfants comme pour les adultes. Des associations préconisant d’une manière générale toutes les teintures végétales sensibilisent aussi le grand public à l’utilisation du pigment de pastel : ainsi en Haute-Garonne, Couleurs en Herbe à Castanet Tolosan, Patrimoine Culture et Territoires à Nailloux et Shida à Colomiers, dans le Tarn Le Paysan des Couleurs au sein de la SCOP Ozon. L’activité et le rôle de chacun de ces acteurs sont développés dans le chapitre suivant.

Stages et projets pédagogiques sont essentiels pour l’enrichissement de la pratique et la notoriété du pastel et aussi pour convaincre les collectivités territoriales de soutenir cet élément patrimonial en l’absence d’un syndicat professionnel. Maîtres teinturiers et créateurs participent activement à la mise en place de ces projets dans le milieu scolaire et ce, dès le primaire : une mallette pédagogique a été réalisée par l’Académie des Sciences et des Arts du pastel en 2005 (commande du Rectorat du Tarn). Signalons encore le Festival Lettrec, réservé aux scolaires, lancé à Lautrec depuis 2013 avec la Découverte d’une richesse du patrimoine, le pastel, encadré par Nadine Guy. En 2016-2017 AHPY Création a entrepris un travail de création textile avec des enfants de 8 à 11 ans dans l’Hôtel d’Assézat à Toulouse.

Depuis 2013, Terre de Pastel propose à tous une découverte et une expérimentation du pastel d’aujourd’hui et d’hier. Chaque année, les cycles 1, 2 et 3 de nombreuses écoles visitent le Museum du pastel ; un programme spécial CLAE a été mis en place. Le Muséum du Pastel a aussi collaboré avec l’école ECRAN, spécialisée dans les arts appliqués et le multimédia, pour réaliser les personnages de l’enquête « Qui a volé le panier de cocagnes ? ». Proposé aux élèves de 3 ° année encadrés par André Pons, le projet a été remporté par Rémi Dupont et a permis la création du cahier d’enquête remis à chacun des participants. Chaque année, l’école de Design textile de Labège collabore avec le Muséum pour présenter la couleur végétale aux étudiants de première année. De même, des échanges scolaires européens s’organisent avec le lycée Emilie de Rodat pour les échanges France / Allemagne. Le Muséum du Pastel accueille chaque année des stagiaires en formation supérieure pour des projets autour de la coloration et la cosmétique végétale pastel (marketing, création produits, culture) : ainsi Vivian Sardat, étudiant de Master 1 Chimie analytique et instrumentalisation à l’Université Paul Sabatier a travaillé sur la spectrographie de masse de la feuille de pastel pour identification des précurseurs. Ce travail fera l’objet d’une prochaine présentation au Muséum.

 

Au niveau des collèges, signalons un projet culturel original : une peinture a été commencée en 2007 par les élèves du collège international Massillon de Clermont-Ferrand et terminée par des élèves Inuits, avec de l’encre bleu de pastel de Lectoure mélangée à la neige du grand Nord.

 

Au niveau des lycées, le module Culture du pastel, sensibilisation à la diversification est proposé depuis 2016 aux élèves du lycée Professionnel Agricole de Lavaur - Flamarens (Tarn) avec Patrice Plane, professeur, et Nadine Guy, maître teinturière.

En 2018-2019, deux enseignants de physique-chimie, Laure-Amat Chappuis et Daniel Galy, ont mené un projet intitulé Teinture à l’indigo naturel en Occitanie, un retour durable ? avec une classe de 1ère spécialisée en Sciences et technologies de laboratoire au Lycée de La Borde Basse à Castres (Tarn) avec le concours de David Santandreu, maître teinturier. Les élèves ont expérimenté trois cuves : cuve d’indigo de pastel au fructose et à la chaux, cuve d’indigo d’indigotier au fructose et à la chaux, cuve d’indigo d’indigotier au sulfate de fer. Cette étude alliait patrimoine, chimie et développement durable.

En février 2020, dans le cadre d’un échange culturel franco-espagnol, le collège de Saint-Jory (31) recevait les correspondants des élèves de la classe d’espagnol. L’idée de mettre en avant deux couleurs des deux pays en lien avec leur histoire a permis la mise en place d’une action intitulée Du Rose au Bleu, de l’Espagne à la France. Les élèves ont réalisé une teinture en rose cochenille, et observé une démonstration de teinture à l’indigo de Pastel avec Vanessa Boudet. Ils sont repartis avec leur création tinctoriale réalisée sur un foulard de soie.

En 2010, au Lycée Myriam (lycée professionnel et technologique des Métiers de la mode et du vêtement) à Toulouse, le module Teinture à l’indigo de pastel encadrée par Denise et Mariam Lambert, a permis la création par les élèves d’une robe destinée à la Vierge de la Daurade. L’expérience a été renouvelée en 2019 ; elle s’est terminée par un défilé de mode dans la Chapelle des Carmélites à Toulouse.

En 2019-2020 au sein du lycée professionnel Françoise Dissard à Tournefeuille (31) les élèves de CAP ont travaillé avec Vanessa Boudet, sur un « projet global allant de la création d’un produit jusqu’à la vente dans une boutique existante au sein du lycée. Trois thèmes ont été proposés, chacun correspondant à des savoir-faire spécifiques permettant aux élèves de réaliser le projet final : teintures à l’indigo de pastel, impressions et nuançage, teintures avec d’autres couleurs. » En 2019-2020 au sein de l’Université Toulouse 2, Delphine Talbot, maître de conférences en arts plastiques et arts appliqués, directrice de l'Institut Supérieur Couleur Image Design, a fait travailler la promotion de Master sur la recherche et le développement de gammes de coloris issus de végétaux tinctoriaux (dont le pastel) et d’effets sensoriels (textures et effets de surface) pour du cuir végétal (cuir issu de résidu de raisin après vendange).

Egalement en novembre 2019, au sein de l’Institut Supérieur Couleur Image Design (ISCID) du Campus de Montauban, durant la Design Innovation Week, des recherches de teinture ont été menées pour la start-up Mondin (cuir écologique de luxe, issu de résidu de raisin après vendange) avec Rodolphe Mondin et Julien Housiaux sortis de la Business School de Toulouse.

 

Citons encore au sein de l’ISCID deux projets professionnels développés encore avec Delphine Talbot dans le cadre de stages d’étudiantes en Master 2 « Création Recherche et Innovation en Couleur » : Bluesoul projet de recherches et de développement d’une gamme de cuirs de chèvre nubuck teints à l’indigo de pastel par Kheira Terbah avec la tannerie Alran située à Mazamet.

Pastel et Violette projet de développement d’une gamme de coloris et de motifs pour le textile issu du pastel par Chloé Prieur en relation avec AHPY Création à Toulouse.

Enfin, au sein de l’Institut National Universitaire Champollion à Albi, dans le cadre de l’unité d’enseignement particulière VPHN, Valorisation du Patrimoine et Humanités Numériques, des recherches ont été menées avec les étudiants en licence d’histoire en vue d’une conférence et d’une brochure destinée à des professionnels liés au pastel, ainsi que la réalisation d’un son et lumière projeté sur les murs de l’Hôtel Reynès. Ce projet encadré par Clément Bur, maître de conférences en histoire ancienne et Cécile Sabathier, doctorante en histoire médiévale, a conduit les élèves aux Archives départementales où ils ont été reçus par Gérard Alquier, historien président d’Albi Patrimoine.

Les démonstrations et les ateliers proposés lors des fêtes du patrimoine, dans les salons de créateurs et à l’occasion de colloques constituent aussi un moyen de sensibiliser un large public (Cf. IV.2).

La plupart des praticiens sont impliqués dans la transmission par les stages qu’ils organisent dans leurs ateliers, notamment l’Atelier des Bleus Pastel d’Occitanie de Denise Siméon Lambert Maître Teinturière à Roumens (31), AHPY Créations d’Annette Hardouin et Yves Patissier à Toulouse (31), La petite maison du pastel de Nadine Guy à Lautrec (81), La Ferme au Village de Françoise Carayol et David Santandreu à Lautrec (81). Les visites guidées et les ateliers au sein du Muséum du pastel créé par Sandrine Banessy co-fondatrice du groupe Terre de Pastel à Toulouse Labège, au Château des Plantes à Cambounet-sur-le-Sor (81) par Bruno Berthoumieux et dans l’atelier-jardin de l’Artisan pastellier, Didier Boinnard à Graulhet, contribuent encore à cette transmission.

Il faut noter d’autres forces vives, tels les offices du tourisme de Toulouse et d’Albi qui possèdent un espace dédié au pastel, le Pôle d’équilibre territorial et rural Tarn-Agout (Saint- Sulpice-la-Pointe, Lavaur, Lautrec) qui a déposé la marque Pays de Cocagne et le Pôle d’équilibre territorial et rural du Pays Lauragais (Castelnaudary, Revel, Villefranche-de- Lauragais, Bram, Nailloux, Caraman) qui a déposé la marque Pays de pastel. La Route Historique du pastel au Pays de Cocagne (adhérente à la Fédération Nationale des Routes Historiques). Et bien sûr les visites guidées dans le Château Musée de Magrin de Patrice Georges Rufino près de Saint Paul Cap de Joux (81).

 

 

Praticiens voués exclusivement à la teinture au pastel

 

Atelier des Bleus Pastel d’Occitanie 31540 Roumens

Atelier labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant

Avec sa fille Mariam (diplômée du lycée professionnel et technologique des Métiers de la mode et du vêtement de Toulouse), Denise Siméon Lambert, maître artisan teinturière, poursuit à Roumens le travail initié à Lectoure dans le Gers en 1994, avec son mari Henri Lambert, pour relancer la culture et la teinture au pastel en Midi-Pyrénées, travail alors soutenu par les scientifiques du Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie Agro-Ressources de Toulouse et de l’Université Paul Sabatier (Cf.infra IV.4.Récits liés à la pratique et à la tradition). Denise Siméon Lambert collabore avec des stylistes français, belges et japonais, participe à des colloques internationaux et à des animations historiques dont la Fête du Roi de l’Oiseau au Puy-en-Velay (43). Dans l’atelier de Roumens, près de Revel, elle propose des stages de teinture pour professionnels, des visites et des démonstrations pédagogiques. L’atelier est référencé en 2006 au sein de la Fondation du groupe LVMH et en 2008 au sein de la Fondation du groupe La Dépêche du Midi.

 

AHPY Création 89 rue du Caillou Gris 31200 Toulouse

Annette Hardouin et Yves Patissier, ennoblisseurs textiles et créateurs de vêtements pièces uniques, sont installés dans la région toulousaine depuis 1999. Formés à la teinture au pastel par Henri et Denise Lambert, ils plongent dans le bleu et ouvrent leur atelier à Toulouse (Cf.infra IV.4.Récits liés à la pratique et à la tradition). Annette obtient le grade de Maître artisan d’art en 2010. Elle rejoint les Ateliers d’Art de France en 2011. Annette et Yves participent aux Journées Européennes des Métiers d’Art et au Salon International du Patrimoine Culturel au Carrousel du Louvre à Paris. Ils proposent 5 Masterclass pour répondre aux besoins de formation en stylisme, modélisme, couture, patronage et teinture création au pastel. AHPY est impliqué au sein du projet européen COOP’ART dans un programme de valorisation du tourisme culturel axé sur les métiers artistiques. Le tissage des matières utilisées dans leurs créations et les impressions de leurs motifs sont réalisés en France.

 

Terre de Pastel / Bleu par Nature 629 rue Max Planck 31670 Labège

En 2013 Jean-Jacques Germain fonde avec Sandrine Banessy le groupe Terre de Pastel. L’activité se développe sur la culture, la recherche et le développement, et la production de produits cosmétiques et textiles. Il exploite aujourd’hui 14 hectares de pastel à Labège où se trouve la maison mère avec les ateliers de production, de teinture et d’impression, le muséum du pastel, le spa et la direction administrative. Un complexe unique de 2000 m2 qui propose une immersion complète dans le pastel. Terre de Pastel crée et fabrique en Occitanie des produits éco-responsables sous la marque Bleu par Nature. Outre trois boutiques à Labège, Toulouse et Albi, et le Boudoir à Toulouse, Terre de pastel a lancé en 2020 son e-boutique et poursuit en parallèle des activités de recherche dans le nouveau programme New Cocagne avec le soutien de la Région Occitanie et du Fonds Européen de développement Régional. Quatre laboratoires occitans sont associés à ce programme. Le groupe Terre de Pastel a créé 40 emplois en Occitanie.

 

La petite maison du pastel 1 place centrale 81440 Lautrec

Nadine Guy a multiplié les expériences dans les entreprises textiles de tout l’hexagone, de la confection à la distribution : forte d’un parcours à de multiples postes qui lui permettent d’appréhender toutes les facettes des métiers du textile, de la conception de modèles pour les grandes marques jusqu’à la distribution en passant par le façonnage au Maroc, elle décide finalement de déposer ses valises à Lautrec pour monter en 2010 sa propre société en ajoutant à sa carte un savoir-faire supplémentaire, la teinture au pastel. Styliste modéliste de formation, elle devient Maître artisan en teinture au bleu en 2016 et Artisan Métiers d’Art en 2018. Nadine Guy teint avec une cuve organique à la chaux et au fructose suite à une formation dans l’atelier de Michel Garcia en 2012. Elle a créé une gamme de vêtements pour enfants et adultes teints par ses soins dans son atelier, elle présente aussi du linge de maison et des objets de décoration. Nadine Guy accueille dans son atelier des apprentis.

Elle participe depuis 2015 à un projet pédagogique avec le Lycée Agricole de Flamarens pour faire connaître aux élèves la culture du pastel. L’indigo qu’elle utilise, provient de cultures proches de Lautrec. Elle procède elle-même à l’extraction du pigment.

Elle anime le Circuit de la Route du pastel qui conduit du Musée du Pastel de Magrin à Lautrec. L’atelier de teinture est au moulin de Ginestet 81440 Lautrec. L’atelier de couture est au sein de La petite Maison du Pastel 1 place centrale 81440 Lautrec

 

La Ferme au Village 4 rue du Mercadial 81440 Lautrec

En 1996, Françoise Carayol décide d’amener les produits de sa ferme au village. Ainsi naît La Ferme au Village. Outre les produits de la ferme, Françoise Carayol se passionne pour une culture patrimoniale, le pastel. En 2011 elle crée la boutique pastel, en 2013 elle se forme à la teinture au pastel avec réduction à l'hydrosulfite de sodium. En 2017 elle est initiée par David Santandreu, maître teinturier expert en bleu, aux méthodes de teinture avec une réduction naturelle par fermentation. Elle développe alors son atelier de production de teinture sur textile (vêtements et linge de maison) grâce à trois cuves de 300l, cuves permanentes à réduction lente, par fermentation, 100%naturelle, à l'indigo de pastel renforcées à l'indigo des tropiques, méthode traditionnelle des pays du Magreb, mise au point par David Santandreu. Elle possède en outre une cuve de 200l montée à partir de cocagnes réalisées à partir d'une culture locale et renforcée à l'indigo des tropiques : cette cuve est réalisée selon une recette d'Antoine Janot (maître teinturier du XVIIIe à St Chinian), issue du livre de Dominique Cardon, "Des couleurs pour les lumières".

« Jusqu’en 2019 nous avons travaillé avec un indigo fabriqué par la CAPA en Ariège ; en 2020 dans l'incapacité de se fournir en France à un tarif non prohibitif, nous avons acquis de l'indigo de Pastel provenant d'Italie. ».

La Ferme au Village met à disposition son atelier afin d’accueillir des stages dirigés par David Santandreu.Françoise Carayol organise aussi des ateliers et des visites conférences « découverte et partage de mon métier de teinturier » où l’on découvre l’histoire du Pays de cocagne, la plante Isatis Tinctoria et ses usages, et les différentes méthodes de teinture à partir des feuilles fermentées et à partir du pigment, indigo de pastel. Ces ateliers et stages s'adressent à différents publics, scolaires, adultes, personnes en situation de chômage. Ayant 57 ans, Françoise Carayol pense former une personne pour la reprise de son activité.

 

Pastel de la Serre route de la Serre 81580 Cambounet sur le Sor

Gilles et Bruno Berthoumieux ont créé le Château des Plantes, entreprise familiale qui se consacre à la culture de plantes aromatiques pour préparer des huiles essentielles ; depuis 2014, ils ont relancé la culture du pastel jusqu’à sa transformation en produits cosmétiques et en produits de teinture. En 2019, Bruno crée la marque emblématique Pastel de la Serre assurant au consommateur une totale traçabilité des productions issues de leur plantation de pastel. Il propose aux visiteurs la découverte de la culture, de l’extraction (suivi garanti par Green’Ing) et de la teinture végétale naturelle dans le respect des traditions de <em> l’Isatis tinctoria</em> antérieures à l’utilisation du réducteur chimique hydrosulfite de sodium. Le domaine teint sur place à la demande.

 

Mathera Pastel 20 rue Saint-Michel 81170 Cordes-sur-Ciel

Serge et Nadine Raynal élaborent, à partir de pastel cultivé dans le Tarn, des produits de soin pour la peau à l’huile de pastel. Ils proposent des créations textiles à partir de tissus teints au pastel par leurs soins dans une cuve alimentée en eau pure des environs de Cordes et des produits beaux-arts pour artistes.

 

Bleu Pastel de Lectoure 55 rue Alsace Lorraine 32700 Lectoure

Cécile Gex et Jean-Marie Neels ont repris en 2017 l’entreprise fondée à Lectoure par Henri et Denise Lambert. Cécile, formée par ces derniers, poursuit la teinture. Jean-Marie Neels cultive le pastel et extrait le pigment nécessaire sur ses terres de Sempesserre, 12 km au nord de Lectoure. Bleu de pastel de Lectoure propose une collection de vêtements teints au pastel, souvent présentée lors d’un défilé de mode, et développe une boutique en ligne. En 2018, Bleu pastel de Lectoure est labellisé Eco-défi grâce à ses innovations en matière d’extraction du pigment, de teinture écologique et sa culture biologique du pastel.

 

Harmonie du papier et du pastel

3 Rivals, 11230 Sainte Colombe-sur-l’Hers

Geneviève Sicre, après avoir suivi des études d’ingénieur agronome, travaille les végétaux et pratique les techniques du papier végétal depuis 1996, et la teinture au pastel depuis 1999 après avoir rencontré Catherine Haedens (fondatrice de la Fleurée du Pastel à Toulouse) et Henri et Denise Lambert à Lectoure. Inscrite à la Maison des Artistes depuis 20 ans, elle crée des œuvres végétales teintes au pastel, diffusées dans de nombreux salons liés aux livres et aux livres d’artiste aux côtés des éditions Anima Mundi et du groupe d’Artisans d’Art. Aujourd’hui à la retraite, elle poursuit ce travail en privilégiant les pièces uniques ou à petits tirages.

 

 

Artisans et créateurs valorisant toutes les plantes tinctoriales dont le pastel

 

La Main des Sables David Santandreu, artisan teinturier Grand Teint, expert en production de plantes tinctoriales, réalise des teintures à façon pour professionnels et particuliers. Il encadre des stages de formation à la teinture au pastel dans la Ferme au Village à Lautrec dans le Tarn, dans la Ferme-école de Mercin dans la Creuse (avec l’association Vieilles racines et jeunes pousses 11 Mercin 23420 Mérinchal) et dans l’atelier de Mademoiselle C (Caroline Cochet, 33760Targon) en Gironde.

 

L’Artisan pastellier

En 2000 à ALBI, Claire Delahaye (fille de Gilbert Delahaye) historienne de l’Art et Didier Boinnard chimiste, fondent L’Artisan Pastellier avec pour objectif de développer les couleurs naturelles. Fort de son expérience chez Sennelier, Didier Boinnard fabrique artisanalement, pour les arts et la décoration, des produits authentiques à base de couleurs naturelles, minérales et végétales. Avec l’indigo de pastel, produit phare de l’enseigne, Didier Boinnard prépare de l’encre pour les Arts, de l’aquarelle extra-fine, une gamme de 7 pastels à l’huile et une gamme de 4 pastels tendres, de la peinture à l’huile extra-fine, de la cire à cacheter, des peintures pour la soie et pour les tissus, des peintures pochoirs. Il propose aussi une gamme de peinture « rustique » pour les huisseries et la décoration, le fameux bleu charrette, qui est d’ailleurs prescrit par l’architecte des Bâtiments de France dans les secteurs protégés. La boutique, au cœur du Vieil Alby, propose encore une collection de vêtements, linge de maison et accessoires originaux teints à l’indigo de pastel par ses soins. Laboratoire atelier de fabrication : 7 rue Arago 81300 Graulhet Boutique, 5 rue Puech Bérenguier 81000 Albi

 

Galerie l’Art et la Matière 81100 Burlats

Chantal Celotto, présidente co-fondatrice de l’association Artisans Créateurs Tarnais créée en 2005, consacre dans la galerie un espace d’exposition aux artistes utilisant l’indigo de pastel dans leurs créations sur textiles et autres supports ; l’indigo de pastel provient majoritairement du Château des Plantes de Cambounet-sur-le-Sor. Chantal Celotto, peintre coloriste sur soie depuis 1994, pratique la teinture végétale depuis 20 ans, elle a été formée à la teinture au pastel par Isabelle Le Roy, Ferme Angolaine à Puylaurens (81).

Les artistes créateurs qui exposent dans la galerie sont Clara Cailler Des idées plein les doigts, créations originales bijoux en pâte d'argile teintée au bleu de pastel ; Françoise Lacotte, Lili Rose d’Occitanie, objets décoratifs et bijoux en bois peint au bleu de pastel, peinture fournie par Didier Boinnard, l’Artisan Pastellier ; Benjamin Rialtey, créations et documents de reconstitutions historiques faits à la plume d’oie et entre autres d'encre au bleu de pastel ; Chantal Celotto, Créations Chantalsoie écharpes, étoles, foulards en soie naturelle, coton, lin, laine, teintés à l’indigo de pastel ; Nelly Treilles, Ricoco, vêtements et créations textiles teintés au bleu de pastel ; Christelle Cousin, gamme de bijoux en galets peints avec des pigments issus du pastel, parfois travaillés avec de la feuille d’or ou d’argent ; Céline Savineau Free Mousse, savon artisanal à l’huile de pastel ; Dina Vermeiren, cartes postales, marque-pages, carnets ornés de pétales de fleurs naturelles séchées, fils, plumes, tissus teintés au bleu de pastel. Casimir Ferrer, parrain de l’association, a réalisé des peintures au bleu de pastel lui aussi produit par le Château des Plantes.

Etablissements Henri Plo Xavier Plo, Teinturier, rue de la mécanique, 81200 Aussillon. Xavier Plo a participé à la réalisation de teintures de fil en bobine à l’indigo de pastel avec Denise et Henri Lambert. Projet avec Patrick Brénac Green’Ing et Eric Carlier tisseur.

 

Le paysan des Couleurs, membre de la SCOP OZON

Fabre de la Grange 81140 Penne du Tarn

Frédéric Boyer, jardinier teinturier, animateur nature environnement depuis plus de 20 ans, propose des interventions pédagogiques autour des teintures et des encres végétales dont la teinture au pastel (stages pour adultes et enfants) avec créations de pièces uniques sur papier et tissu, et des balades buissonnières à la découverte du patrimoine végétal.

 

Green’Ing Ingrédients naturels, colorants naturels –conseil et accompagnement de projets

Les Douze 34600 Bédarieux

Patrick Brénac, docteur en substances naturelles (Université Montpellier II) et Isabelle Brénac, ingénieur ISIM (Polytech Montpellier) travaillent depuis 20 ans sur les couleurs végétales. Installés depuis 2017 dans l’Hérault. « Le marché des ingrédients naturels, des extraits végétaux et des couleurs naturelles est un marché spécialisé en développement. » Green’Ing propose des prestations d’accompagnement et de gestion de tout projet lié au végétal, de la sélection des plantes tinctoriales à la production jusqu’à la valorisation des produits finis. Patrick Brénac participe à de nombreux colloques sur le développement des couleurs végétales (dont le pastel) et l’innovation pour les secteurs du textile, de la cosmétique, des matériaux renouvelables... Projet avec les talents textiles locaux, Le Fil Amalric, Le Passe Trame Eric Carlier, Teinturerie Plo Xavier Plo

 

Plantes et Couleurs 1 rue des Cendres 56320 Le Faouet

L’entreprise Plantes et Couleurs, dirigée par Michel Garcia, fabrique des pigments et des colorants végétaux, destinés à la teinture textile, aux Beaux-Arts et à la décoration. Michel Garcia, auteur de nombreux ouvrages sur les teintures végétales (voir bibliographie IV.4.), fondateur du Jardin Conservatoire des plantes tinctoriales de Lauris (84) anime des stages sur les teintures naturelles et dispense des formations professionnelles pour accompagner les projets visant à produire, transformer et utiliser les couleurs végétales dont le pastel. Plantes et Couleurs recommande les procédés de chimie verte, pour un emploi des pigments et des colorants végétaux, dans le respect des personnes et de l’environnement.

 

Shida 24 allée du Loiret 31770 Colomiers

Artiste teinturière, passionnée par les plantes et leurs usages, Vanessa Boudet travaille depuis 2012 dans la région toulousaine. Elle s’intéresse plus particulièrement au shibori, technique japonaise de teinture à réserve par ligature sur tissu. Spécialisée dans les teintures à l’indigo naturel, elle développe ses créations tinctoriales en utilisant des savoir-faire anciens et nouveaux, lui permettant de tisser des liens entre tradition et modernité. Vanessa propose des ateliers, des démonstrations et des activités ludiques pour stimuler l'imaginaire et la créativité à partir des plantes. Elle travaille en collaboration avec le Bleu de Lectoure pour promouvoir ses créations tinctoriales, et avec diverses institutions pour le développement des savoirs en teinture naturelle pour un large public (Jardins du Muséum de Borderouge, Médiathèque Odyssud-Blagnac, Lycée Françoise Dissard de Tournefeuille, Musée de Cerdagne, Archives Départementales de Haute-Garonne...).

 

Atelier de Gaëlle Le Village 31440 Argut Dessus Marith Bonnenfant, art-thérapeute et créatrice textile, compose des Mandalaines bleu, tapis - mandalas à partir de laines teintes au pastel par Denise Lambert. Atelier de Sandrine Rozier 19 rue de la Figairasse 34070 Montpellier

Atelier de Sandrine Rozier 19 rue de la Figairasse 34070 Montpellier

Sandrine Rozier, créatrice textile, designer costumes, diplômée de l’Institut Français de la Mode s’est engagée dans le renouveau des teintures naturelles et leur utilisation dans les décors et costumes des scènes de théâtre, à l’Opéra-Comique de Paris, au Festival d’Art Lyrique d’Aix- en-Provence. Elle participe à des formations professionnelles dispensées au GRETA de la Création, du Design et des Métiers d’Art de Paris, au sein de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs et à la Cité Internationale de la Tapisserie d’Aubusson. Sandrine Rozier et Clément Bottier, enseignant à l’ENSAAMA, coordonnent la formation professionnelle Couleur et Sérigraphie au Théâtre des 13 vents (Montpellier).

L’atelier de Mademoiselle C 33760 Targon

Caroline Cochet, teinturière sur tissu et laine, spécialisée en teinture naturelle, anime des ateliers découverte des teintures à l'indigo.

Patricia Sauvant

Créatrice, mode et teintures végétales 63270 Saint-Maurice és Allier

 

 

Associations impliquées dans la transmission

 

Infiniment pastel, présidée par Annette Hardouin, a organisé la « Fête de l’Or bleu en Pays de cocagne » au Château de Loubens Lauragais, fête qui a réuni alors tous les acteurs en 2011, 2013 et 2015.

 

Albi Patrimoine, présidée par Gérard Alquier, a créé en 2020 une exposition en 10 tableaux sur l’histoire du pastel, dans la Maison du Vieil Alby.

 

Académie du Pastel/ Muséum du Pastel 629 rue Max Planck 31670 Labège

L’Académie des Arts et des Sciences du Pastel, présidée par Sandrine Banessy, a organisé depuis 2004 plus de 300 animations sur la Haute-Garonne et le Tarn et obtenue avec Didier Gardinal le nom « Autoroute du Pastel » pour l’autoroute Toulouse-Albi.

 

Les Amis de Saint Martin et Mauriac, 81600Mauriac

Les Amis de Saint Martin et Mauriac organisent des démonstrations de teinture dans le Jardin des Couleurs (en bas du château), souvent encadrées par Le paysan des Couleurs, Frédéric Boyer (installé à Penne du Tarn). Jardin des Couleurs : jardin installé en bas du château. Autour de l’église du Carla (Castelnau-de-Lévis), devenu lieu d’exposition et de conférences, avec l’association 1000 étoiles pour l’enfance, l’artiste, Casimir Ferrer a planté un jardin pédagogique dont un carré de pastel.

 

 

Patrimoine Culture et Territoires

En Mirabail 31560 Nailloux

L’association, présidée par Michel Fouet, a pour but de faire connaître et de mettre en valeur la patrimoine historique, touristique et culturel des territoires depuis 2012.

Réalisation d’une exposition (10 panneaux) « Sur les traces du pastel ». Animations démonstrations de teinture au pastel. Interventions dans les écoles cycle 3 (école de Nailloux en 2019) et collège 6° et 5° (collège Condorcet à Nailloux en 2018). Participation aux Foires aux Plantes de Puydaniel, aux Journées du Patrimoine dans l’Hôtel Ardouin à Mazères. Stage pastel et shibori en octobre 2020 à Nailloux.

Couleurs en herbe 5 rue des Eglantines 31320 Castanet Tolosan

Couleurs en Herbe promeut la connaissance des plantes locales et de leurs usages : ateliers de teinture végétale et sorties botaniques. L’association propose des conférences sur le thème de la botanique et des teintures végétales et dispense une formation professionnelle pour les animateurs-nature autour des couleurs végétales (encres, peintures, teintures à base de plantes).

 

Association Plante et Planète La Calvayrié 81120 Mont-Roc

Association présidée par Nathalie Froissard. L'aventure a commencé avec l'envie de sensibiliser le grand public aux plantes menacées qui sont utilisées dans le cadre de coutumes traditionnelles, par des campagnes d’information et des actions sur le terrain. Elle a évolué depuis pour englober plus largement l'éducation globale sur notre lien avec les plantes. La mission peut se traduire ainsi : protéger le lien vital qui unit l’homme au végétal. Il s'agit de renouer les alliances avec le monde végétal qui nous offre tant. L’antenne tarnaise de l’association organise un jeu « Les secrets d’Isatis Escape Game » ; conception Nathalie Frossard, teintures végétales Louise Wulverick, peintures et illustrations Claudia Thermidor- Colnet.

Aux Couleurs du Monde, présidée par Chantal Toulemonde, a créé en 2019 l’évènement Le Fil Bleu, de l’Occitanie au Japon ; de multiples évènements, expositions et conférences autour de l’indigo de pastel se sont déroulés à Toulouse et à Albi (voir plus loin dans le chapitre consacré aux actions de valorisation).

 

AMAP Tinctoriales des Cévennes Le Mas d’O 30124 L’Estrechure

L’association met en réseau les producteurs récoltants de plantes tinctoriales sur le territoire des Cévennes. Cecilia Walden Gautier, membre de l’AMAP, cultive le pastel sur les terres de Songes de Sahuc à Commessac près de Sumène entre Le Vigan et Saint Hippolyte du Fort dans le Gard.

 

Autres personnes impliquées dans la transmission

Professeurs: Delphine Talbot (ISCID, Campus Montauban), Clément Bur et Cécile Sabathier (Histoire INU Champollion Albi) Isabelle Rodier et Clément Bottier (ils proposent des formations de teinture et d’impression naturelle pour les particuliers, les entreprises et enseignent à l’ENSAD, Arts Décoratifs de Paris, et à l’ENSAAMA, Ecole Nationale supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art).

 

Historiens et chercheurs : Dominique Cardon (Directeur de Recherche émérite, CNRS, CIHAM/UMR 5648 Lyon), Anne Varichon (Université Paul Valéry-Montpellier 3, laboratoire de recherche Seppia), Mathieu Harsch (Université Paris Diderot/Université Padoue-Vérone- Venise), Clément Bottier (designer textile et couleur), Isabelle Rodier (designer couleurs et matières - ENSAD), Sandrine Rozier (designer costumes et textile pour les arts vivants), Marie- Anne Sarda conservatrice du patrimoine et conseillère scientifique à l’INHA, Jean-Michel Minovez (professeur d’histoire moderne à l’Université de Toulouse Jean Jaurès), Gilbert Larguier (professeur d’histoire moderne à l’Université de Perpignan), Gérard Alquier (auteur, président d’Albi Patrimoine, animateur de l’Université Pour Tous du Tarn), Céline Mathieu, ingénieur de recherche UMR INRAE- Toulouse INP, Valérie Olivier Salvagnac, maître de conférences en économie, membre de l’URM INPT-INTAE AGIR-équipe ODYCEE de Toulouse, Gérard Vilarem, docteur en Agrochimie – Ingénieur de Recherche INPT – Directeur adjoint de Région Académique à la Recherche et à l’Innovation Occitanie.

La plante, Isatis tinctoria L., et ses propriétés tinctoriales étaient connues depuis le Néolithique : en témoignent les fibres végétales retrouvées dans la caverne d’Adaouste (Bouches-du-Rhône). Au Moyen Âge, le pastel était cultivé un peu partout en France non seulement pour teindre en bleu mais aussi pour obtenir d’autres gammes de couleurs ; des verts, des violets et des bruns. Les teinturiers donnaient à leurs étoffes un « pied » de bleu en les plongeant dans un bain de pastel avant de poursuivre les teintures. La Picardie et la Normandie étaient alors plus spécialisées dans cette production. Cependant la culture du pastel se développait dans le sud : « Les tarifs de leudes de Collioure (1243) et du val de Querol (1288) constituent les premiers témoignages d’un négoce du pastel par terre et par mer, d’une production déjà non négligeable en Languedoc dès le milieu du XIII° siècle, stimulée par l’essor de la draperie (Larguier G., « La Méditerranée, l’autre voie du commerce du pastel » Midi- Pyrénées Patrimoine, n°33, 2013, p.46). » Ces cultures se développèrent d’autant plus qu’à la fin du Moyen Âge, on assista à une véritable réorganisation de la hiérarchie des couleurs qui prévalait jusque-là en Europe. Le bleu réservé à la teinture des vêtements des artisans et des paysans, intéressait désormais les monarques : « Le roi Arthur est, au même titre que la Vierge et le roi de France, un agent efficace de la nouvelle symbolique du bleu à partir du XIIIe siècle » (Pastoureau M., Bleu, Histoire d’une Couleur, Paris, Seuil, 2000, p.62). Marchands, drapiers, teinturiers s’empressèrent de répondre à cette nouvelle mode. Peu à peu, les teinturiers spécialisés dans le bleu prirent la tête de leur profession : la réalisation du « chef d’œuvre », nécessaire pour obtenir la maîtrise à Toulouse, se fit en bleu à partir du XIVe siècle. Et dès 1380, le pastel du Lauragais détrônait celui cultivé dans le Nord : sa qualité supérieure liée à un ensoleillement plus grand de la plante était reconnue. Qui plus est, le Lauragais présentait alors une très forte densité de population et donc une main d’œuvre abondante pour le travail dans les champs.

L’essor de l’industrie textile dans le sud a d’autant plus encouragé la culture du pastel que les draps et les textiles étaient vendus majoritairement colorés. Le pastel permettait alors d’obtenir une large gamme de couleurs comme le mentionne l’agronome Olivier de Serres dans son Théâtre d’Agriculture et Mesnage des champs (Arles, Actes Sud, 2001, p.1092) : il « fait la couleur bleue et par meslange avec d’autres drogues, la noire, la tanée, la violete, la grise, la verte : en somme il est employé à toutes couleurs obscures, de lui-mesme aussi seul, en causant des claires, comme célestes plus ou moins chargées. »

 

Le pastel occitan était vendu sous forme de cocagnes et d’agranat à des marchands extérieurs (Béarnais, Bigourdans, Castillans) jusqu’à ce qu’un « système complet » se constitue, les marchands toulousains faisant cultiver, collecter, traiter et conditionner, pour avoir la maîtrise totale de la production et de la vente du pastel. « Annuellement à l’époque de l’âge d’or du pastel en midi toulousain, on exportait à destination de l’Europe du Nord, entre 40 000 et 60 000 tonnes d’agranat, nécessitant la mise en culture chaque année de 40 000 à 60 000 hectares, le tout permettant de faire vivre, peu ou prou, entre 80 000 et 100 000 personnes dans ce fameux pays de cocagne en réalité le triangle du bleu Albi, Toulouse, Carcassonne. » (Rufino P.G., Le pastel or bleu du Pays de Cocagne, Toulouse, éd. Daniel Briand, 1998, p.165). Michel Garcia note quant à lui : « Au XVIe siècle, on exporte depuis Bordeaux jusqu’à 200 000 balles de coques ou cocagnes (de 100kg environ), produites surtout dans les diocèses d’Albi, de Toulouse, de Castres et de Lavaur, dits « les quatre diocèses » (Garcia M., Couleurs du vivant, l’exemple de l’indigo, conférence INHA-Paris, 15 janvier 2020).

Au XVIIe siècle, l’arrivée de l’indigo exotique, importé des Colonies du Nouveau Monde et d’Inde, et son ajout aux cuves de pastel permirent aux teinturiers de rendre leur teinture plus performante. Au siècle suivant, progressivement, la cuve de pastel enrichie à l’indigo exotique devint une cuve d’indigo exotique enrichie au pastel car les propriétés réductrices du pastel agranat « permettaient l’utilisation optimale de chaque cuve et l’épuisement total de son pouvoir colorant » selon Dominique Cardon (« Le pastel en Languedoc, une histoire qui ne finit pas », Les Annales du Midi, tome 132, n°309-310, janvier-juillet 2020, p.83). Pour faire face au Blocus Continental qui privait la France de l’indigo importé servant à teindre notamment les uniformes des armées, Napoléon décida de soutenir la culture du pastel dans le sud. Deux écoles furent créées, l’une à Albi, administrée par M.de Puymaurin, et l’autre à Turin (Italie), dirigée par Mr. Giobert. Les progrès de la chimie permirent ensuite de développer une nouvelle méthode d’extraction du pigment directement à partir des feuilles, sans passer par les cocagnes. Cette nouvelle méthode est encore un sujet de recherche de nos jours. Après la fin de l’Empire, la production de pastel se maintint car les teinturiers continuèrent à utiliser un peu de pastel agranat afin de faciliter la réduction de l’indigo exotique. Ce maintien pallia aussi les aléas des voyages maritimes qui pouvaient priver momentanément les teinturiers d’indigo exotique, le pastel permettant d’attendre la cargaison suivante. Mais en 1883, le chimiste allemand Adolf von Baeyer parvint à synthétiser l’indigo. La généralisation de l’utilisation de colorants synthétiques qui s’ensuivit, provoqua alors le déclin des cultures de pastel et l’indigo exotique disparut du marché.

 

En 1965, Gilbert Delahaye, expert tisserand d’art et teinturier, venu s’installer à Cordes-sur- Ciel (Tarn) retrouva des graines sur le causse du Larzac et ensemença une première parcelle. Il reprit les Instructions sur la culture du pastel et les moyens d’en extraire l’indigo de Mr de Puymaurin, publiées en 1811 à Albi et annota chaque article en l’enrichissant de ses propres expériences. Il réalisa ainsi avec son ami Jean-Claude Schaeffer les premières extractions d’indigo de pastel en Occitanie au XXe siècle. Ses travaux sont aujourd’hui conservés au Musée du Textile de Labastide Rouairoux. A son tour, Patrice-Georges Rufino, journaliste et historien, acheta en 1980 au cœur du triangle Albi, Carcassonne, Toulouse, le château de Magrin où se trouvait un ancien séchoir à pastel et créa un musée pour faire revivre l’épopée de la plante, ainsi que la Route historique du Pastel reliant 17 cités à travers les départements de l’Aude, de l’Ariège, de la Haute-Garonne, du Gers et du Tarn.

En 1989, la Coopérative Agricole Lauragaise (devenue le Groupe Coopératif Occitan à Castelnaudary) relança (en collaboration avec l’Ecole Nationale Supérieure de chimie de Toulouse et son laboratoire des Agro-ressources) la culture sur une soixantaine d’hectares pour récolter, non pas les feuilles, mais les graines afin d’en tirer de l’huile utilisée en pharmacie, en cosmétologie (société Bourjois/Chanel) et dans la chimie fine.

En 1993, Henri et Denise Lambert, après avoir acheté au pied de Lectoure (Gers) une ancienne tannerie du XVIIIe siècle, créèrent leur laboratoire en suivant les recommandations du Traité de Giobert datant de 1813 et furent lauréats en 1998 du Prix Dunhill Prestige qui récompense les artisans exerçant un métier rare. Avec le concours des scientifiques du Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie Agro-Ressources de Toulouse et de l’Université Paul Sabatier, notamment de l’agrochimiste Gérard Vilarem, les procédés d’extraction du pigment furent optimisés. En 1999 les premiers essais industriels étaient réalisés grâce à un partenariat entre les Bleus de Pastel à Lectoure, le Centre d’Application et de Traitement des Agroressources de Toulouse, la Coopérative Agricole des Plaines de l’Ariège en Ariège, et la Coopérative Agricole des Viticulteurs et Agriculteurs de Limoux, deux coopératives qui avaient décidé d’orienter leurs projets de diversification vers des cultures historiques. Une filière se mettait en place. Avec le pigment produit en Ariège, l’entreprise de teinture Henri Plo à Aussillon-Mazamet ennoblissait fibres, fils en bobine, tissus de chaîne et de trame ; à sa suite l’entreprise de tissage, Textiles Montagne, à Castres, tissait les fils teints au pastel ; enfin l’entreprise Lomagne Confections à Lectoure créa une gamme de vêtements bleus.

 

Ces compétences multiples ont séduit les grands couturiers : Ted Lapidus, Nana Aganovich, Chevignon firent teindre des centaines de pièces de tissus, coton, laine, soie dans l’atelier des Lambert. D’autres personnalités s’engagèrent dans l’aventure : Claire Delahaye (fille de Gilbert Delahaye), historienne de l’art, et Didier Boinnard, chimiste, fondèrent en 1999 L’Artisan Pastellier, avec pour objectif de développer les couleurs naturelles dans les craies, encres et peintures pour artistes. Carole Garcia et Nathalie Juin créèrent à leur tour Cocagne et Compagnie, dans le but d’exploiter les vertus médicinales du pastel : ainsi naquit une gamme complète de cosmétiques sous la marque Graine de pastel. Annette Hardouin et Yves Patissier montèrent un atelier de teinture et de couture, AHPY Création, à Toulouse. Le couturier Thierry Potente, féru de tissus anciens, vint aussi se former dans le Gers puis ouvrit à Revel le Carré Bleu de pastel. La plupart de ces talents se retrouvèrent dans l’Académie des Sciences et des Arts du Pastel, fondée en 2004, avec pour vocation d’étudier et de faire connaître au plus grand nombre le pastel, dans les domaines artistique, scientifique, social, économique et patrimonial.

Une seconde vague rejoignit les engagés de la première heure : Mathera à Cordes, La Petite Maison du Pastel et La Ferme au Village à Lautrec. Jean-Jacques Germain et Sandrine Bannessy créèrent en 2013 le groupe Terre de Pastel à Toulouse-Labège. Gilles Berthoumieux, fondateur de la société Sirius, spécialiste des huiles essentielles, se lança à son tour avec son frère Bruno dans la culture du pastel au Château des Plantes à Cambounet-sur-le-Sor, près de Castres.

Un renouveau s’amorçait plus modestement en Picardie, dans les années 2000, avec Jean- François Mortier, à Méharicourt dans la Somme, formé auprès de Michel Garcia. Aujourd’hui Aurore Cottrel (Blue Pastel, le Rêve Bleu) et Arnaud Besnier, lauréats de la troisième édition des Trophées de la bio-économie organisée par la DRAAF Normandie-Picardie, se lancent à leur tour dans la culture du pastel et l’extraction du pigment.

Evolution de la pratique

A l’origine, les premières teintures étaient faites dans des cuves où macéraient les feuilles fraîches. Au Moyen Âge, pour conserver l’indigo de pastel tout en le concentrant et faciliter son transport et l’exportation, les feuilles subissaient deux transformations : fabrication de cocagnes et préparation de l’agranat (Cf. I.5.). Au XIXe un procédé d’obtention du pigment à partir des feuilles fraîches (sans passer par le stade des cocagnes et de l’agranat) fut mis au point. En 1811, Mr de Puymaurin (Ecole d’Albi) décrivit précisément ce procédé dans ses Instructions pratiques sur la culture du pastel et sur le moyen d’en extraire l’indigo. Ce même procédé d’extraction fut optimisé au début des années 2000 par les agro-chimistes du CRITT (Centre régional d’Innovation et de Transfert des Techniques) Agro-Ressources et de l’Université Paul Sabatier de Toulouse. Il est encore aujourd’hui sujet de recherche dans le programme New-Cocagne, lancé en 2019 pour améliorer les performances de la plante et tenter de trouver un procédé de production de pigment à partir d’une matière végétale conservée dans des conditions proches de la cocagne, c’est-à-dire en sec, par opposition au traitement obligatoire des feuilles en vert tel qu’il se fait aujourd’hui. Quatre laboratoires occitans sont associés à ce programme : le laboratoire de chimie agro-industrielle de l’INP et le CRIT-CATAR de Toulouse, la faculté de Pharmacie de Toulouse, le SIRAD de Montpellier et l’UMR AGIR-ODYCEE de Toulouse.

améliorer les rendements de production en mettant en œuvre un procédé plus efficient. Car le montage d’une cuve à partir de cocagnes n’est pas aujourd’hui économiquement rentable. Ce procédé est seulement pratiqué à titre d’expérimentation ou lors de manifestations historiques. Aujourd’hui, la majorité des praticiens montent leurs cuves avec du pigment de pastel.

Cependant des expériences sont menées depuis 2018 sous la direction de Dominique Cardon, en collaboration avec Iris Brémaud, pour retrouver l’échelle des bleus d’Antoine Janot (1700- 1778) maître teinturier à Saint-Chinian (34). Cinq teinturiers de bleu à travers le monde, Hisako Sumi (Japon), David Santandreu (France), Aboubakar Fofana (Mali), Charlotte Kwon et Tim MacLaughlin (Canada), se sont prêtés à l’exercice. « La recherche continue, mais ces expériences montrent déjà que des teintures bleues ayant les mêmes caractéristiques colorimétriques que les bleus d’un teinturier languedocien du XVIIIe siècle peuvent être obtenues aujourd’hui de cuves d’indigo biologique de différents volumes, montées avec de l’indigo extrait de toutes les plantes à indigo qui ont été traditionnellement utilisées à grande échelle dans toutes les régions du monde. » Dominique Cardon poursuit une nouvelle campagne d’archéologie expérimentale sur la productivité du pastel tel qu’il était préparé au Moyen Âge (agranat) en partenariat avec l’AMAP Tinctoriales des Cévennes à L’Estrechure dans le Gard.

 

Adaptation/ Emprunts de la pratique

La nature des textiles à teindre, fibres animales (laine, soie) ou fibres végétales (lin, coton), donne lieu à des procédures différentes notamment en ce qui concerne la température du bain et le temps d’immersion dans la cuve. La connaissance des tissus est fondamentale. Les praticiens reconnaissent leur préférence pour les tissus fabriqués dans la région. Ainsi s’exprime leur souci de valoriser deux activités patrimoniales complémentaires, éléments forts de l’identité régionale : la teinture au pastel et la production textile d’Occitanie.

Outre la teinture en cuve, avec ou sans réalisation de motifs (par nœuds, par couture ou par réserve de cire, technique japonaise shibori), existe aussi la technique d’impression de motifs sur tissus, au cadre plat, dite à la lyonnaise, pratiquée en particulier dans l’atelier de Terre de Pastel à Labège (31). Cette méthode consiste à passer successivement sur un tissu, tendu sur une table, des cadres plats faisant office de pochoirs pour imprimer des motifs.

L’Artisan Pastelier, à Albi (81), fabrique pour les arts et la décoration des produits naturels à base d’indigo de pastel : peintures, pastels, cires, pigments, encres. Prodirox, à Capens (31), a repris sa recette de peinture Bleu Charette et propose des peintures naturelles bio-écologiques pour la finition et le bâtiment.

Notons encore la fabrication de peinture pour carrosserie automobile et aéronautique : en juillet 2000 alors que le Lycée professionnel de Nogaro, dans le Gers, allait disposer pour la rentrée d’une nouvelle Formule Renault qui serait livrée non peinte, Henri Lambert réalisa une livrée bi ton, du bleu clair au bleu foncé, élaborée à partir de l’indigo de pastel cultivé près de Lectoure.

 

Autres développements

Rappelons que le pastel est une plante tout à la fois tinctoriale, médicinale, fourragère, fongicide, insecticide, condimentaire. La complémentarité des produits extraits des feuilles et des graines de la plante (le colorant bleu indigo tiré des feuilles et l’huile produite des graines), la diversité de leurs usages (dans l’art, la haute couture, l’imprimerie, la carrosserie automobile et aéronautique, le traitement des bois, la médecine et les cosmétiques), l’orientation vers la production de colorants végétaux renouvelables (à la place des colorants synthétiques dérivés du pétrole) sont de sérieux atouts.

Dans le domaine des cosmétiques et de la santé : déjà en 1991, la Coopérative du Groupe 0ccitan à Castelnaudary s’est employée sur une soixantaine d’hectares à produire des graines destinées au laboratoire de cosmétologie de Bourgeois. Nathalie Juin et Carole Garcia ont créé en 2003 leur société Cocagne et Compagnie pour exploiter les vertus médicinales du pastel. Elles ont produit une gamme complète de cosmétiques sous la marque Graine de pastel, présentée en boutique à Toulouse, Albi, Carcassonne et Paris.

De 2010 à 2017, AHPY Création et l’Atelier des Bleus de Pastel ont participé au développement de produits cosmétiques à base de pastel en Autriche et en Allemagne, en partenariat avec le chercheur Alois Hirschmugl.

Depuis 2013, Terre de Pastel mène plusieurs programmes de recherche et développement (brevets en cours) et élabore une gamme complète de cosmétiques utilisant les vertus médicinales de la feuille de pastel, gamme commercialisée sous la marque Bleu par Nature.

 

En 2011, le pastel dans son entier (racines, feuilles, graines) est reconnu en Europe pour son potentiel thérapeutique : propriétés anti-inflammatoires, anti-tumorales, anti-microbiennes, antivirales et anti-oxydantes : il suscite aujourd’hui de nombreux programmes de recherche. « Isatis tinctoria L. a une histoire ancienne et bien documentée en tant que colorant indigo et plante médicinale. Il a longtemps été utilisé comme plante ornementale et comme plante d'alimentation animale, et, actuellement, son importance a augmenté dans l'industrie cosmétique. En raison de la pertinence de cette espèce, un grand nombre d'enquêtes in vitro et in vivo menées sur I. tinctoria principalement au cours des 20 dernières années ont fourni un soutien scientifique pour ses diverses utilisations traditionnelles, ce qui montre que les divers extraits ou composés isolés de différentes parties de cette espèce ont un large spectre d'activités biologiques. À notre connaissance, il n'y a qu'un seul article de revue précédant de Hamburger (2002), qui rapportait des études publiées de 2000 à 2002 se concentrant uniquement sur l'activité anti-inflammatoire de I. tinctoria extrait et son composant actif tryptanthrine. Cette revue d'article fournit un aperçu à jour et complet principalement sur la phytochimie et les propriétés biologiques démontrées pour cette espèce précieuse afin de soutenir son potentiel thérapeutique et fournir des données pour de futures perspectives de recherche. L'article se concentre également sur les tentatives d'études en biotechnologie végétale pour l'amélioration de la production de composés bioactifs à partir de cultures de racines et de pousses velues d'I.Tinctoria comme alternative aux matières premières végétales.»( Speranza Jasmine, Natalizia Miceli, Maria Fernanda Taviano, Salvatore Ragusa, Inga Kwiecien, Agnieska Szopa et Halina Ekiert, « Isatis tinctoria L. : examen de sa botanique, de ses utilisations ethnobotaniques, de la phytochimie, des activités biologiques et des études biotechnologiques », Revue Plantes, 9, n°3, mars 2020, Bâle, Suisse).

La culture du pastel pourrait bien être un atout majeur pour la Région car l’éventail des applications est très large comme l’exprimait Henri Lambert en 2009 : « Le pastel permet une approche pluridisciplinaire, tant de possibilités nous sont offertes : teinture des textiles, vêtements et linges de maison, production de cosmétiques, production de peintures et d’encres pour les Beaux-Arts, de peintures et de lasures pour la maison. Et l’on peut colorer d’autres supports tels le bois et la terre, créer des bijoux, des objets de décoration... Je crois à l’avenir d’une peinture naturelle pour les carrosseries automobiles et dans le domaine aéronautique. » Encourager et valoriser les produits locaux originaux d’origine naturelle et renouvelable pourrait devenir une priorité.

 

Vitalité

 

Toutes les mesures détaillées pour faire connaître le pastel et transmettre les savoir-faire concernant la teinture (infra, IV.2) témoignent de la vitalité de la communauté ainsi que de l’engouement du public pour les teintures naturelles. Outre les maîtres teinturiers et les créateurs, les scientifiques et les historiens œuvrent aussi pour la connaissance de cet élément authentique du patrimoine, à travers quantité d’ouvrages et de colloques. La filière du pastel est susceptible de créer des emplois et les praticiens souhaitent convaincre de nouveaux investisseurs.

 

 

Menaces et risques

 

Les praticiens rappellent volontiers que cet élément du patrimoine doit être valorisé à chaque étape, depuis la culture et l’extraction jusqu’à la teinture et pas seulement à travers le produit fini. Faire connaître aux agriculteurs les possibilités qu’offrent le pastel est primordial afin de pallier au manque de pigment en France. En 2021, on compte seulement 33 hectares de pastel cultivés en Occitanie. Une étude agronomique complète serait souhaitable pour établir un itinéraire technique de culture (dates optimales de semis et de récolte, densité de semis, fumure, traitements) afin d’encourager les agriculteurs confrontés aux aléas climatiques. L’objectif du programme Spindigo, initié en 2001 pour 3 ans, était « d’introduire des cultures de pastel dans l’agriculture européenne et développer la production de pigment indigo de pastel afin de satisfaire la demande européenne en couleurs naturelles, au moins 5% du marché européen (alors entièrement alimenté par l’indigo synthétique) devant être satisfait par l’indigo naturel d’une pureté supérieure à 90%, cultivé sur 20 000 hectares et procurant au secteur rural un revenu appréciable. Des essais ont été menés en Espagne, Italie, Allemagne, Grande-Bretagne, Finlande pour comparer trois lignées de pastel en fonction du rendement des feuilles en pigment. Les travaux ont porté sur les dates de semis et de récolte, la fertilisation azotée, l’écartement des rangs, les traitements herbicides, l’optimisation d’extraction à la ferme. » Il est hélas impossible de mesurer à l’heure actuelle les résultats de ces projets.

Aujourd’hui les difficultés d’approvisionnement en graines pour développer les cultures et en pigment pour les teintures, les aléas climatiques, la fragilité de la filière, l’absence de syndicat professionnel, la concurrence agressive entre certains praticiens, le manque de reconnaissance de la teinture au pastel comme un métier à part entière dans le système éducatif, la difficulté de vivre seulement du bleu de pastel, apparaissent comme des handicaps. De même le manque de transparence dans les pratiques, peut-être due au secret entretenu autour des procédés de teinture comme aux mauvaises informations qui ont circulé ici et là, est à déplorer. La vulgarisation peut véhiculer des erreurs historiques et scientifiques. Cependant si les méthodes modernes de culture et de teinture peuvent aujourd’hui requérir l’utilisation de produits chimiques, tous s’accordent à raisonner ces pratiques dans un effort de transition écologique.

Soulignons qu’il existait en 2009 une belle dynamique autour du pastel, un vrai consensus au sein de la communauté des praticiens; celle-ci vole en éclat en 2010, après le décès brutal d’Henri Lambert, l’initiateur du renouveau du pastel et l’élément fédérateur par excellence. Il est temps de réagir, rétablir les synergies pour convaincre les institutions régionales et nationales afin de garantir une filière adossée à une charte de qualité, à l’instar de la Hollande qui a bâti un vrai projet autour de la garance. Une menace concurrentielle étrangère pourrait bien peser sur l’avenir du pastel en France.

Cependant même si les praticiens déplorent l’absence d’école professionnelle officielle pour la teinture au pastel, il existe des formations qui sensibilisent aux teintures naturelles : BTS design de mode, textile et environnement, Licence artisan designer, dispensées au sein de l’ISCID, Institut Supérieur Couleur Image Design (Université Toulouse Jean Jaurès-Campus de Montauban). Diplôme Design Textile en 5 ans, au sien de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. L’INMA (Institut National des Métiers d’Art, Paris) reconnaît depuis 2015 au sein de la liste des 281 métiers d’art, le métier d’ennoblisseur textile qui regroupe toutes les actions déployées pour apprêter les étoffes, teinture, plissage, lustrage, satinage...

https://www.institut-metiersdart.org/metiers-art/fiches-metiers/textile/ennoblisseur-textile

Certains diplômes peuvent être préparés dans le cadre de la formation professionnelle continue. Des formations non diplômantes permettent de suivre une initiation, d’acquérir les bases d’un savoir-faire ou de se perfectionner dans une technique.

Modes de sauvegarde et de valorisation

Maîtres teinturiers et créateurs, à travers leurs entreprises et les associations qu’ils ont créées, s’appliquent à mettre en avant les possibles utilisations du pastel dans plusieurs secteurs sans oublier le tourisme. Ils multiplient les animations et les démonstrations. Les poètes sauvegardent aussi la mémoire du pastel, ainsi Antonin Grimal écrivait :

 

Il était un superbe pays de cocagne

 

Le sol fertile et gras de la plaine albigeoise

Nourrissait, autrefois, le précieux pastel.

On le voyait partout de la ferme au castel

Étendre son tapis de couleur vert-turquoise.

 

Or, c’était le métier de la classe bourgeoise

Que de pétrir la plante, au mode rituel,

Et d’en faire des pains, réglés par un cartel,

Que l’on nommait cocas, dans la langue patoise.

 

Le pastel est gourmand : il exigeait du soin,

Du travail et de l’art ; on l’exportait au loin

Et il enrichissait la ville et la campagne.

 

Albi n’a pu garder sa riche toison d’or;

Si l’Inde et la chimie ont tari son trésor,

Il lui reste le nom de pays de cocagne.

 

Antonin Grimal (1862 – 1943), « Heures Albigeoises », Recueil de sonnets

Parmi les initiatives et évènements de promotion organisés depuis le renouveau des années 1970, il convient de mentionner les réalisations suivantes :

 

 

Editions de livres et de plaquettes

 

Le pastel est sujet à maints développements. La bibliographie est imposante. On compte plus de vingt titres consacrés exclusivement au pastel sans compter ceux qui se penchent plus généralement sur toutes les teintures naturelles. Parmi les succès d’édition, signalons les essais de culture et de fabrication d'indigo de pastel fidèlement retranscrits en 1977-78 par G. Delahaye et J.-C. Schaeffer dans la revue La Navette. Le livre Pastel en Pays d’Oc, éditions TME, publié en 2004 a fait l’objet de 4 rééditions avec mises à jour. A partir de l’ouvrage intitulé « 7 promenades au Pays du pastel » un audio guide « Les ports du pastel » a été réalisé par les offices de tourisme du Tarn.

Se distinguant des œuvres documentaires, le roman Pastel écrit par Olivier Bleys, paru en 2000 aux éditions Gallimard à Paris, plongeait le lecteur dans les intrigues au sein d’un atelier de teinture du XVe siècle en pays albigeois. En 2003 parut même un conte Flok le petit canard bleu (écrit par Annick Boss et Michel Rivalland, éditions Pastel et Safran), premier livre pour enfants où l’on pouvait se promener dans les lieux réels de l’histoire (l’ancienne tannerie de Lectoure devenue l’atelier de teinture de Denise et Henri Lambert) et rencontrer les héros.

L’édition de la plaquette « La Route du Pastel » imaginée par Patrice Georges Rufino en 1993, réactualisant la route du pastel de Cocagne présentée par Jacqueline Puget dans un reportage durant le JT Toulouse diffusé le 3 août 1984, (archive INA notice RBC99001948) fut aussi très remarquée. Le circuit de 200 km reliait 17 cités, à travers les départements de l’Aude, de l’Ariège, de la Haute-Garonne, du Gers et du Tarn. Cette initiative fut suivie par de nombreuses publications dans les offices du Tourisme du Pays de Cocagne officialisant routes historiques, circuits pédagogiques et randonnées pédestres comme Les Chemins du pastel à Puylaurens (81).

 

La haute couture

Les commandes des grands couturiers et leurs échos dans la presse sont également valorisants. Saluant en 1997 la collection printemps-été présentée à Paris par le couturier parisien Olivier Guillemin avec des modèles teints au bleu de Lectoure, le Figaro titrait : Le Bleu entre en scène. Deux ans après, Ted Lapidus consacrait sa collection automne hiver 1999-2000 au pastel, à la cochenille et à la garance dans le souci de « marier la tradition et la haute technologie et de présenter la Haute Couture du troisième millénaire comme l’alliance entre le rêve et la réalité. » En mars 2011 Le Figaro titrait encore Prêt à porter Parisien : Aganovitch voit la vie en bleu. D’autres grands couturiers, Tender Clothing UK, Echological Colors NDL, Arpenteur FR, Hiroyuki Takamatsu,Yoshida Sinsaku et Toshihiro Tanaka se tournaient vers Lectoure où officiaient alors Henri et Denise Lambert.

 

Création d’associations

L’Académie des Sciences et des Arts du pastel, créée en 2004, a pour vocation d’étudier et de porter à la connaissance du plus grand nombre le pastel dans tous les domaines et de créer un lieu de médiation culturelle. Chaque année dans un lieu de patrimoine (une fois Toulouse, une fois en Région) avaient lieu les Dîners de l’Académie avec des invités prestigieux : en 2005 la Chapelle des Carmélites à Toulouse, en 2006 l’Abbaye de Sorrèze (Tarn), en 2007 l’Hôtel Saint Jean à Toulouse, en 2008 le Château de Loubens (Haute-Garonne), en 2009 le Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse, en 2010 le Domaine d’Arton (Gers), en 2011 le Bazacle à Toulouse, en 2012 les Moulins Albigeois (Tarn), en 2013 le Muséum de Terre de Pastel à Toulouse Labège et en 2014 sur le canal du Midi à Toulouse, lors des 10 ans de l’association.

En 2004 est créée l’Association de Développement du Pays de Cocagne qui devient en 2015 le PETR Pays de Cocagne regroupant 3 Communautés de Communes (Tarn-Agout, Lautrécois – Pays d’Agout, Sor et Agout), pour mettre en avant l’identité du pastel sur ce territoire : ainsi sont proposés des aménagements paysagers (jardins pasteliers) aux communes, des ateliers découverte du pastel dans les Offices du Tourisme.

En 2011 est créé Infiniment Pastel avec pour but de faire connaître le pastel et son histoire ainsi que d’accompagner le développement de la filière. Ainsi naissent les Fêtes de l’Or Bleu en pays de Cocagne dans le parc du château de Loubens-Lauragais, en juin 2013 et 2015, authentique tableau vivant comptant plus de 150 participants bénévoles costumés en bleu, rassemblant de nombreux praticiens de la Haute-Garonne, du Gers, du Tarn et de l’Ariège.

En 2019, deux nouvelles associations sont constituées, l’une à Castres Les Ambassadeurs du pastel, l’autre à Toulouse la Confrérie du Pastel, l’or bleu. Leur objet est bien la diffusion de la connaissance de la plante emblématique de la région. Enfin l’AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne de proximité) Tinctoriales des Cévennes sous la bienveillance de Dominique Cardon, est créée pour mettre en réseau des producteurs récoltants de plantes tinctoriales sur le territoire des Cévennes.

 

 Le pastel sur scène

Deux spectacles mettant en scène l’histoire du pastel ont été produits.

Pastel Carambouille de Michel Mathe, interprété et mis en scène par la Compagnie Grenier Théâtre aux Jacobins à Toulouse et à Caraman en 2009, est une farce révélant les intrigues du commerce du pastel. « En août 1533, Toulouse reçoit la visite de François 1er. Entre les plats raffinés et les affaires délicates, le menu s’annonce copieux. Les caisses royales sont vides tandis que celles de la ville se remplissent grâce à la vente du pastel. Le riche marchand pastelier Jean de Bernuy convie le Roi à un festin donné en son honneur dans son hôtel particulier. La nuit avance et le vin conduit les réjouissances. S’il espérait une soirée tranquille, François 1er aurait dû décliner l’invitation. Ce soir, il va manger chaud ! »

Un Ruban Bleu Pastel de François Grand-Clément, créé par la Compagnie CARRARE à Albi en 2019, saisit une page d’histoire entre montée du Catharisme et Guerres de religions pour appréhender la saga du pastel. Paule de Viguier, héritière d’une célèbre famille de négociants pasteliers toulousains, découvre en 1589 un manuscrit écrit quatre siècles plus tôt par un drapier albigeois qui retrace les circonstances ayant permis à un teinturier de génie du XIIe siècle d’extraire du pastel un bleu si pur qu’il fut remarqué par la reine de France, Aliénor d’Aquitaine. On découvre alors comment la couleur bleue, jusque-là méprisée, acquit en quelques décennies le statut de couleur royale.

Notons encore les concerts « Pastel » de l’ensemble baroque toulousain Antiphona sous la direction de Rolandas Mileika, donnés dans la chapelle Sainte-Anne à Toulouse en 2005.

 

Expositions, participation à des salons et autres manifestations

La première exposition Du pastel à l’espace organisée au Bazacle du 25 septembre au 17 octobre 1999 par l’Académie des sciences, inscriptions et belles lettres de Toulouse réunissait les acteurs de l’époque, Henri Lambert pour le Bleu de Lectoure, l’école de chimie de Toulouse, Patrice Georges Rufino du château de Magrin, la CAVALE Coopérative agricole des viticulteurs et agriculteurs de Limoux et de ses environs et la CAPA Coopérative des Plaines de l’Ariège.

La dernière en date fut proposée par l’association Aux Couleurs du Monde qui organisa en 2019 l’évènement Le Fil Bleu pour célébrer le pastel et les autres plantes à indigo - persicaire, indigotier - en Occitanie et au Japon, à travers l’univers du textile, illustrant ainsi la similarité des pratiques qui relient ces deux cultures, par-delà leurs différences. Cet événement biculturel s’inscrivait en 2019 dans le droit le fil des célébrations de 2018 pour les 160 ans du Traité de paix, d’amitié et du commerce entre la France et le Japon. Le Fil Bleu investit la Chapelle des Carmélites et l’Hôtel d’Assézat à Toulouse, les Archives Départementales du Tarn, la galerie La Cheminée et l’Hôtel Reynès à Albi avec une palette d’évènements, conférences, ateliers, démonstrations, concerts, lectures et notamment l’exposition Le fil bleu des indigos naturels, de l’Occitanie au Japon. Pour découvrir toutes les facettes de l’indigo naturel, cette exposition abordait différents domaines de la recherche scientifique, la botanique pour connaître les différentes plantes à indigo, la chimie pour étudier l’extraction du pigment, l’histoire pour suivre la montée en puissance du bleu dans les modes, la linguistique et enfin les pratiques artisanales et artistiques. Tous les praticiens de la région étaient présents. Signalons les conférences : le 6 mai, David Santandreu, Pastel et indigo tropical, les inséparables. Trois siècles de symbiose. Le 13 mai, Patrick Brenac, Indigo de pastel, procédés et usages. Le 20 mai, Carole Garcia, Graines de pastel, remèdes de beauté. Le 27 mai, Didier Boinnard, Le pastel dans les arts. Le 29 mai, Dominique Cardon, Delphine Talbot, Bleu, de l’Occident à l’Extrême Orient.

Des foires et salons de métiers d’art régionaux ou nationaux proposent conférences et démonstrations. Les marchés de Noël, les salons du Tourisme, les Rendez-vous aux jardins nationaux et régionaux promus par le Ministère de la Culture, les Salons Loisirs Créatifs

(Nantes, Paris, Quimper, Montauban, Biarritz...) voient la participation des teinturiers de pastel tout comme les Fêtes médiévales à Burlats (81), à Saint-Félix Lauragais (31), au Puy en Velay (43) ou à Termes d’Armagnac (32).

La Petite Maison du pastel et La Ferme au Village de Lautrec ainsi qu’AHPY Création participent aux Journées Européennes des Métiers d’Art.

Au Salon Ob’Art, AHPY Création présente des pièces uniques. En 2014, lors de la Semaine de la langue française « Un mot...un artisan d’art » coorganisée par la DRAC et la Chambre Régionale de Métiers de Midi-Pyrénées, Annette Hardouin a ainsi créé Tohu Bohu, œuvre exposée dans l’Hôtel Saint-Jean à Toulouse.

A l’échelon international, Denise et Henri Lambert ont participé en 2000 au Salon International de la Mode SIMOD à Dakar avec une collection teinte au pastel. Ils ont renouvelé le défi au Symposium on Natural Dyes Maiwa à Vancouver au Canada en 2009. AHPY Création a participé au Salon International du patrimoine Culturel au Carrousel du Louvre à Paris en 2014, 2015, 2016 et 2017.

 

L’appui des historiens et des créateurs

Les historiens, par leurs recherches et expérimentations, contribuent fortement à la renommée du pastel et offrent leur appui aux praticiens d’aujourd’hui. Ainsi Dominique Cardon (directrice de recherche émérite au CNRS, spécialiste de l’histoire et de l’archéologie du textile et des couleurs) par ses recherches internationales lancées en 2018 et encore en cours aujourd’hui, pour retrouver l’échelle des bleus d’Antoine Janot avec cinq teinturiers de bleu à travers le monde : Hisako Sumi (Japon), David Santandreu (France), Aboubakar Fofana (Mali), Charlotte Kwon et Tim MacLaughlin (Canada).

Jean-Michel Minovez, par ses études sur les draperies du Midi du XVIIe au XXe siècle (Paris, CNRS Éditions, 2012), a également apporté un éclairage précieux sur les rapports avec la teinturerie. « En reconstituant l’histoire longue, heurtée et complexe des territoires industriels méridionaux au cours du XIXe siècle, l’auteur entend offrir l’appui de l’histoire aux acteurs d’aujourd’hui. »

Ainsi encore, Marie-Anne Sarda, conservatrice au sein de l’Institut National d’Histoire de l’Art à Paris a organisé, de novembre 2019 à mai 2020, une série de tables rondes réunissant producteurs et teinturiers dans le cadre du séminaire Couleurs du vivant. L’exemple de l’indigo L’indigo naturel, quelle échelle aujourd’hui ?

L’éclairage médiatique sur les projets et les expérimentations autour de l’utilisation ponctuelle de pastel par des designer textiles connus constitue aussi un atout. Ainsi les performances d’Anaïs Duplan (designer plasticienne installée à Castres), de Julia Gazères (créatrice de tissus installée à Prémian), de Cécile Milhau (créatrice tarnaise de patchworks), d’Anne Rieger (teinturière professionnelle installée dans le sud de la France), de Pascal Gautrand (expert des filières mode et textile, créateur de Made in Town), d’Isabelle Rodier et Clément Bottier « designers textile et couleur, rassemblés au sein du collectif pluridisciplinaire Kifabrik.

 

Communication dans les médias

Nombreux sont les articles retraçant la saga du pastel, parus dans les journaux quotidiens régionaux (La Dépêche du Midi, Sud-Ouest, Le Journal d’Ici) ou nationaux (Le Figaro), comme dans les magazines français (Village de France, Fémina, Maison Française, Pratique du Patchwork, Art&Décoration, Pour la Science) mais également étrangers (Gardens, Gardenia, Sweet Paul Magazine...). Ils contribuent aussi à la valorisation des savoir-faire liés au pastel.

Mentionnons aussi les émissions de télévision : en 1997, sur France 3, un reportage sur le Bleu de Lectoure dans l’émission « Les pieds sur l’herbe ».

Trois reportages dans Des Racines et des Ailes (en 2018 avec Graine de Pastel, en 2019 autour des Hôtels pasteliers de Toulouse et encore en 2020 un tournage dans le Lauragais). La carte aux trésors, à la découverte de l’or bleu, diffusée en octobre 2020. L’invitation au voyage, sur ARTE, le 14 mars 2019 Bleu, couleur de la gloire occitane. Dans Bienvenue chez nous, sur TF1, ont été invitées successivement Denise Lambert à Lectoure, Annette Hardouin à Toulouse, Sandrine Banessy à Labège que l’on retrouve dans l’émission Grands Reportages encore sur TF1 consacrée aux « Chercheuses de Couleurs ».

Les émissions internationales évoquent aussi le sujet notamment la chaîne NHK éducative, au Japon, lorsqu’un danseur japonais apprend le français avec AHPY et Terre de pastel en décembre 2019.

Signalons encore le reportage La Renaissance du pastel à Lautrec tourné en juin 2018 par Dedans-Dehors et sur Web Série Tricolor (du groupe Première Vision pour encourager la renaissance de la filière lainière en France, notamment dans le Tarn) l’épisode 3 « A la croisée des fibres » avec les témoignages d’Eric Carlier (Le Passe-Trame, Payrin-Augmontel), de Xavier Plo (Plo Ennoblisseur, Aussillon) et de Patrice Ferrié (Ets Ferrie, Lescout) en ligne sur le site. Série créée par Pascal Gautrand fondateur de Made in Town, une structure qui accompagne les acteurs des industries textiles créatives dans la valorisation des savoir-faire et des territoires.

 

Ouvertures de boutiques

Depuis l’ouverture en 2002 de la première boutique entièrement consacrée au pastel La Fleurée de pastel dans l’ancien Hôtel Delfau au cœur de Toulouse, les lieux de vente se sont multipliés à Albi, Montpellier, Paris, le dernier ayant été ouvert rue de Rémusat à Toulouse.

 

 

Actions de valorisation à signaler

 

1995 : Pastel, indigo et autres teintures naturelles ; Passé, présent, futur, II° Congrès international (après celui d’Erfurt en 1992) à Toulouse en juin 1995

1998 : Participation de Gérard Vilarem et Henri Lambert au colloque international, L’Oro Blu, Ascoli Piceno en Italie.

1998 : Jean-François Gardeil, directeur de Compagnie Les Chants de Garonne, met en scène Orféo (opéra de Monteverdi), avec des décors et costumes teints à l’indigo de pastel.

2001 : Initiation du programme de recherche européen SPINDIGO

2002 : Serge Montagne (Textiles Montagne), dans le Tarn, réalise une prestigieuse commande pour Christian Lacroix ; il s’agit de reconstituer un tissu de momie en fils teints au pastel.

2003 : Lors du Shell Eco-Marathon, sur le circuit Paul Armagnac de Nogaro (32), le second prix du design Michelin distinguant les recherches innovantes est remporté par un véhicule dont la carrosserie est peinte au bleu de pastel.

2007 : Présentation à l’église du Jésu à Toulouse par l’Académie des arts et des sciences du Pastel de la fresque monumentale de céramique Bleu de Pastel Bleu Maya de l’artiste Mexicain José Luis Garcia avec la collaboration de la céramiste Française Marjorie Thébault.

2008 : L’International Symposium and Exhibitions on Natural Dyes de Dauegu, en Corée du Sud, conférence sur le pastel par Henri et Denise Lambert invités d’honneur en compagnie de Michel Garcia pour la garance.

2009 : Plus grosse production de l'histoire d'indigo de pastel - 2,5 T de pigment - produit par la CAPA (Coopérative Agricole des Plaines d'Ariège) sous la direction de Jean-Michel Léopold dans le cadre de l’accord entre l’ONIPPAM (Office National Interprofessionnel des Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales), le Laboratoire de Chimie Agro-Industrielle de l’Institut National Polytechnique de Toulouse (CATAR) et la Société Bleu de pastel de Lectoure.

2009 : Les étudiants en Master de l’ISCID du Campus de Montauban, soutenus par leurs professeurs Xavière Ollier, Elodie Bécheras, Céline Caumon, Delphine Talbot, répondent à l’appel à projet lancé par l’association de développement du pays de Cocagne pour favoriser l’appropriation du pastel par les territoires en imaginant des aménagements paysagers et des éclairages urbains originaux.

2009 : Teinture des nappes du Festival de Cannes à l’indigo de pastel par Denise Lambert. Création d’un Escape Game, Les secrets d’Isatis, par l’association Plante et Planète à La Calvayrié Mont-Roc dans le Tarn.

2010 et 2011 : Démonstration de teinture sur la place du Capitole à Toulouse par l’Académie des arts et des sciences du pastel, invitée à la Fête de la Violette.

2013 : Création du Muséum du Pastel en mécénat par les co-fondateurs de Terre de Pastel

2013, 2015 et 2017 : Fêtes de l’Or bleu en pays de Cocagne dans le parc du Château de Loubens- Lauragais, organisée par l’association Infiniment Pastel

2016: Participation de Delphine Talbot, Patrick Brénac, David Santandreu, Gilles Berthoumieux au colloque Ethno-poétique des couleurs, organisé au Musée Georges Labit à Toulouse.

2016 : Colloque Retour au Pays de cocagne, nouvelles perspectives sur l’histoire du pastel languedocien (XIV° - XVIII° siècle), organisé dans l’Hôtel d’Assézat.

2018 : Participation de Terre de Pastel aux animations de « Toulouse Capitale européenne de la Science » place du Capitole.

2018 : le PETR Pays de Cocagne regroupant les trois Communautés de Communes, Tarn- Agout, Lautrécois–Pays d’Agout et Sor et Agout, dépose la marque Pays de Cocagne ; en parallèle, le PETR du Pays Lauragais dépose la marque Pays du Pastel.

2016, 2017, 2018, 2019 : Teinture des casaques des Mousquetaires au bleu de pastel pour le Festival d’Artagnan chez d’Artagnan à Lupiac (Gers).

2016 : Dans le cadre de la Biennale Emergences à Pantin, exposition du projet associant design et collaborations industrielles mené par Isabelle Rodier et Clément Bottier (Kifabric), avec pour partenaires Le Fil Amalric (filature), les Ets Henri Plo (teinture), Le Passe Trame (tissage) et Green’ing (couleurs naturelles et accompagnement).

2019 : La Ferme au Village de Lautrec accueille un groupe de Jordaniennes de l’association SAFI CRAFTS dans le cadre d’un projet soutenu par l’UNESCO afin qu’elles apprennent et transmettent à leur tour la teinture au pastel à partir de cocagne.

2019 : Dans la Chapelle des Carmélites à Toulouse, défilé de mode organisé par les élèves du lycée Myriam avec les modèles qu’ils ont créés à partir de tissus teints à l’indigo de pastel, en présence du styliste japonais Toshihiro Tanaka.

2019 : Couleurs en Occitanie. Les teintures naturelles. Patrimoine et sources d’inspiration, à Montpellier (34). Journées d’étude avec et autour de Dominique Cardon. Participation de Jean-Marc Sauvier, de Delphine Talbot, de Patrick Brenac, de David Santandreu, de Kheira Terbah, de Clément Bottier et de Sandrine Rozier. Ces deux derniers coordonnent la formation professionnelle Couleur et Sérigraphie au Théâtre des 13 vents (Montpellier).

2019 : Visites guidées, conférences et ateliers de l’Ecole Européenne de l’Art et des Matières autour de l’Or Bleu à Albi.

2019 : Colloque Couleurs du vivant. L’exemple de l’indigo, organisé par l’Institut National d’Histoire de l’Art à Paris.

2019 : Evènement Fil Bleu, organisé par l’association Aux Couleurs du Monde à Toulouse et Albi

2020 : AHPY Création crée Pastel & Violette (marque déposée), valorisant les deux plantes patrimoniales de Toulouse.

2021 : Aurore Cottrel et Arnaud Besnier, lauréats de la troisième édition des Trophées de la bio-économie organisée par la DRAAF Normandie-Picardie pour leur projet Blue Pastel, le Rêve Bleu, se lancent à leur tour dans la culture du pastel et l’extraction du pigment.

 

 

Reconnaissance publique

 

1995 : Une convention, en application du contrat de plan Etat-Région, est signée entre l’ONIPPAM (Office National Interprofessionnel des Plantes à

Parfum, Aromatiques et Médicinales) et la CAPA (Coopérative Agricole des Plaines de l’Ariège), dans le cadre d’un programme de développement de plantes tinctoriales pour financer les expérimentations relatives au pastel conduites par le Laboratoire de Chimie Agro-Industrielle de l’Institut National

Polytechnique de Toulouse (CATAR) et la Société Bleu de pastel de Lectoure.

1998 : Henri Lambert est désigné lauréat régional du Prix Dunhill Prestige qui récompense les artisans exerçant un métier rare ou en voie de disparition, lié au luxe et au prestige.

2008 : La ville d’Albi crée une Nuit Pastel chaque premier dimanche de juin.

2010 : Le nom d’Autoroute du Pastel est attribué à l’autoroute A68 reliant Toulouse et Albi grâce à l’intervention de Didier Gardinal et Sandrine Banessy.

2012 : La collection de timbre, La France comme j’aime, présente un timbre dédié au pastel. 2017 : Une boutique pastel est implantée au sein de l’espace Duty free de l’aéroport de Toulouse-Blagnac.

2019 : Lancement du programme New Cocagne, financé par la Région Occitanie, le Fonds européen de développement régional (FEDER), et le groupe Terre de pastel.

Les praticiens souffrent de la méconnaissance du public et des institutions et bien sûr du manque de cultures de pastel en Occitanie pour s’approvisionner localement en pigment. Pour assurer la pérennité de l’élément, ils s'emploient à développer toujours mieux les initiatives suivantes :

- La poursuite des actions de sauvegarde existantes décrites précédemment, conférences, expositions, démonstrations, communications dans les médias, projets pédagogiques du primaire à l’Université pour informer le public et renforcer la visibilité de la filière sur le territoire. Ainsi dans le Tarn, trois communautés de communes, Tarn-Agout (21 communes autour de Saint-Sulpice-la-pointe et de Lavaur), Lautrécois-Pays d’Agout (28 communes autour de Lautrec), Sor et Agout (26 communes autour de Puylaurens), réunies dans le Pôle d’Equilibre Territorial et Rural Pays de Cocagne, ont créé le magazine « Pays de Cocagne » et un site à vocation touristique ( https://www.lepaysdecocagne.fr/ ) ; elles projettent la mise en place d’une signalétique originale sous la forme de mât de cocagne pour renforcer la visibilité du pastel sur le territoire. Un appel à projet va être lancé auprès des artisans du territoire.

 Dans le même souci d’information, le musée Charles Portal (musée d’art et d’histoire de Cordes-sur-Ciel) prépare une nouvelle exposition consacrée aux tisserands de Cordes notamment Gilbert Delahaye, auteur des premières nouvelles extractions de pastel dans les années 1970. La galerie l’Art et la Matière à Burlats (81) projette d’agrandir l’espace d’exposition dédié aux artistes utilisant l’indigo de pastel dans leurs créations.

- L’inclusion des savoir-faire liés à la teinture au pastel à l’Inventaire National du Patrimoine Culturel Immatériel s’efforce d’impliquer le plus grand nombre de praticiens. Cette inclusion à l’inventaire national du PCI permettra de fixer l’état de la connaissance sur les savoir-faire, tout en tentant d’identifier de façon exhaustive les membres de la communauté impliqués et leurs interactions avec les sphères économique, culturelle, environnementale et sociétale. Elle devrait inciter les Chambres d’Agriculture à informer les agriculteurs sur les opportunités de diversification offertes par le pastel, culture patrimoniale, en synergie avec les cultures de lin, chanvre, coton qui renaissent en Occitanie, afin de structurer une filière régionale rappelant les ordonnances des siècles passés qui évoquaient toujours trois métiers indissociables : tisserand, pareur et teinturier. Ainsi les institutions susciteraient des formes de collaboration et de coopération au sein du territoire, valorisant les ressources naturelles locales.

- dans le même esprit, la mise en place d’une IGP (Indication géographique Protégée) sur le modèle de la tapisserie d’Aubusson, inscrite depuis 2009 au Patrimoine de l’UNESCO, pourrait renforcer la visibilité du pastel sur le territoire occitan et inciter les lycées agricoles occitans à inclure un module «culture du pastel» dans leurs formations comme le fit le lycée professionnel agricole de Flamarens-Lavaur (81) avant que le professeur concerné Patrice Plane ne prenne sa retraite.

Transmission/valorisation :

-Inclusion des savoir-faire liés au pastel dans les formations initiales et continues des filières textiles.

-Projet d’une Fondation Isatis Tinctoria à Villemur-sur-Tarn : sur le site de l’ancienne manufacture Brusson (fabrication de pâtes alimentaires) au bord du Tarn, Denise et Mariam Lambert entreprennent de créer un centre de ressources qui sera tout à la fois un lieu de formation, d’apprentissage, d’expérimentation et d’exposition, valorisant les savoir-faire liés au pastel et leurs applications dans le futur. Il accueillera en résidence étudiants et artistes. Le site en bordure du Tarn rappelle l’axe principal d’exportation du pastel au XVIe siècle : les balles étaient transportées par charrette jusqu’à Gaillac puis chargées sur les gabarres qui descendaient le Tarn puis la Garonne pour gagner Bordeaux où elles étaient embarquées sur des navires de haute mer. Cette fondation se mettra en contact avec la Cité du cuir et des matières, en cours de montage à Graulhet.

-Projet d’une Manufacture du Pastel à Labège : Jean-Jacques Germain et Sandrine Banessy souhaitent aménager 3000 m2 en bordure des champs de pastel pour les installations nécessaires à l’extraction du pigment, les ateliers de teinture et d’impression ainsi qu’une partie muséographique.

Poursuite de la recherche et de la documentation : -Poursuite du programme New Cocagne pour mieux comprendre les mécanismes chimiques et biologiques qui limitent la production de pigment à partir des précurseurs présents naturellement dans les feuilles et ainsi améliorer les performances de la plante. Ce programme associe plusieurs partenaires pour la partie unité de recherche ; le Laboratoire de Chimie Agro-industrielle (UMR 1010 INRA-INP/ENSIACET), le laboratoire PHARMADEV, la plateforme d’histocytologie et imagerie cellulaire végétale PHIV du CIRAD-INRA, l’équipe AGIR-ODYCEE. Pour la partie entreprise, le groupe Terre de pastel.

-Développement des projets dans les universités, sur plusieurs volets :

- culture du pastel – exploitation : recherches autour de la culture du pastel, son exploitation par les teinturiers et/ou dans le domaine de la cosmétologie.

- projets de valorisation territoriaux du pastel // Histoire//Design // Arts appliqués // Tourisme.

 

Récits liés à la pratique et à la tradition

 

Entretien avec Denise Lambert Après avoir participé en 1984 à la création du premier village du Livre et de l’Espace à Redu dans les Ardennes Belges où ils tiennent la galerie Le Bateau Ivre, Henri et Denise Lambert profitant de l’ouverture des frontières européennes, s’aventurent en 1993 dans le sud de la France. Une annonce immobilière les conduit à Lectoure dans le Gers : une ancienne tannerie est en vente. « Nous avons acheté ce lieu sur un coup de cœur. Nous voulions nous installer sur un terroir de France pour y créer un centre d’art contemporain dans un lieu encore vierge à ce niveau-là. La Gascogne nous a tout de suite séduits. Mais notre projet originel s’est vite transformé dans la recherche du bleu qui couvrait les volets du bâtiment. Nous avons été immédiatement sensibilisés par ce bleu des bleus qui a couru toute l’Europe et ne s’altère même pas après un siècle à la lumière. Notre but fut alors de faire pousser cette couleur ! Nous avons cherché les graines de pastel au Conservatoire National des plantes à Milly-la-Forêt, nous les avons semées dans un champ voisin. Notre but n’était pas de refaire le pastel selon les méthodes ancestrales mais de mettre au point des techniques innovantes. Grâce à nos amis bouquinistes, nous avons retrouvé plusieurs ouvrages du XVIIIe siècle et surtout le traité de Giobert de 1813 qui contenait tout sur la culture et la méthode d’extraction pour produire du pigment sans passer par la cocagne. On s’est appuyé sur les travaux des chimistes de Napoléon pour mettre au point une méthode moderne d’extraction du pigment bleu. Henri était visionnaire, faire revivre ce savoir-faire est devenu pour lui la priorité, c’était exaltant : il expérimentait passionnément, récoltait les feuilles, lançait la macération dans des récipients de fortune, un aquarium avant d’acquérir une cuve... Nous n’étions ni chimistes ni teinturiers de métiers, nous avons regardé autrement, on s’est formé nous-mêmes avec un esprit d’ouverture plus grand, en se remettant sans cesse en question. Une méthode et une persévérance qui ont convaincu les scientifiques du CATAR de Toulouse de nous suivre. Très vite la presse a parlé de nous.

Les grands couturiers nous ont confié des tissus rares, ce fut passionnant. Un défi chaque jour. Ce bleu a un côté magnétique qui fascine ; qui plus est, il sublime les tissus. Ils vibrent, ils sont rendus à la vie. Mais pour atteindre ce bleu, il faut beaucoup d’humilité, attendre, observer, tous les sens aux aguets autour de la cuve, ...enregistrer mentalement les conditions de la préparation, la qualité et la température de l’air et de l’eau, le choix du pigment, sa provenance de telle ou telle parcelle. Anticiper, mémoriser... On ne domine pas une cuve de pastel, on la comprend, on réajuste sans cesse. Il faut de l’intuition, de la patience et une bonne oreille aussi pour être aussi attentif à une cuve qui bruite... Au bout du compte on est toujours récompensé. C’est fou comme ce bleu donne du plaisir aux gens, comme la musique : nous avons fait des stages avec des femmes en difficultés, elles en sont sorties transformées. Ce métier est passionnant. Le transmettre est d’autant plus important. »

Entretien avec Annette Hardouin et Yves Patissier : Annette et Yves créent depuis 1987 des vêtements et des accessoires en petites séries avec des matières nobles et naturelles. Ils quittent Paris en 1999 pour Toulouse. « Nous avons rencontré Denise et Henri Lambert et notre vie a basculé dans le bleu. Grâce à eux nous avons appris l’essentiel : l’art de teindre au pastel se construit moins sur la base de théories scientifiques et de recettes que sur les qualités d’observation, d’intuition, d’émotion. Quand nous choisissons les tissus, nous les voyons en bleu même s’ils ne sont pas bleus... Nous imaginons le devenir ; découvrir la réaction sur le tissu est toujours exaltant. Je teins le tissu au mètre et je choisis la fibre selon la saison. Nous privilégions les matières françaises bio. Si une idée me vient à 3h du matin, je bondis du lit, je note... La création est mon axe de vie, mon oxygène de tous les jours. Avec les restes de tissus, je compose des tableaux textiles, j’habille des corsets. Teindre avec le pastel est une aventure unique, artistique.

Deux fois par an, nous accueillons un stagiaire en dernière année école de design, mode, stylisme. Mais nous ne prenons pas d’apprenti sur un an car nous ne sommes pas assez disponibles, nous sommes nomades, beaucoup de salons nous entraînent en France et à l’étranger. Tenir un stand pour présenter nos créations est aussi exaltant. Avant de vendre une écharpe, il y a toute une histoire à transmettre. Nous sommes des passeurs. Valoriser et faire connaître le patrimoine occitan au travers du pastel est une belle mission ! C’est notre vœu avec notre dernière création Pastel & Violette (marque déposée) qui associent deux plantes patrimoniales le pastel et la violette sur un tissu d’exception 30% soie et 70% coton. Nous sommes devenus officiellement ambassadeurs de Toulouse, membres du Club des ambassadeurs, créé par l'agence d'attractivité de Toulouse en octobre 2016. Ce Club a vocation à fédérer des personnalités, aux compétences plurielles autour d'un projet commun : faire connaître et rayonner en France et à l'Étranger la destination Toulouse. Nous sommes ravis de faire partie de ce réseau et de pouvoir représenter et promouvoir notre belle ville. »

 

Inventaires réalisés liés à la pratique

 

L’Institut National d’Histoire de l’Art à Paris , les Bibliothèques Municipale et Départementale de la Haute Garonne, les Archives Départementales de l’Aude, de l’Hérault, du Tarn, de la Haute-Garonne, les Universités Jean Jaurès Toulouse et Via Domitia de Perpignan, le Musée du textile à Labastide Rouairoux (Tarn), le Musée du Costume et du Bijou, le musée Fragonard à Grasse (Alpes Maritimes), le Musée Massey à Tarbes (Hautes Pyrénées), le Musée du Vieux Nîmes (Gard) possèdent des fonds documentaires conséquents autour de l’histoire de pastel. Une salle du Musée Archéologique de Lectoure (Gers) présente une pharmacie du XIXe siècle (provenant d’Astaffort) reconstituée dans ses moindres détails qui évoque les vertus médicinales du pastel.

 

 

Bibliographie sommaire

 

Annales du Midi, Retour au pays de Cocagne. Nouvelles perspectives sur l’histoire du pastel languedocien (XIIIe-XVIIIe siècle), Revue de la France méridionale, tome 132, n°309-310, janvier-juin 2020, éd. Privat

Armagnac Chantal, Le Pastel en Pays de Cocagne, Albi, éd. Bleu pastel, 2016 Balfour-Paul Jenny, Indigo: from Mummies to Blue Jeans, Archetype Publications, 2006

Bernet Gabriel, L’économie d’un village du Lauragais au XVII° siècle : le consulat de Pugnères de 1593 à 1715, Les Annales du Sud, 1966

Banessy Sandrine, Le Pastel en pays d’oc, Toulouse, éd. TME, 2003

Bleys Olivier, Pastel, Paris, éd. Gallimard, 2000

Bru Henri, « Hôtels et châteaux Renaissance à l’âge d’or du Pastel », Revue du Tarn, n°189 Bru Henri, De Viviès Bertrand, Tarn aux couleurs de l’Occitanie, éd. Bonneton, 1998

Bru Henri, Albi et les Albigeois, Albi, éd. Grand Sud, 2003

Brumont Francis, « Le pastel, bleu de cocagne », dans Midi-Pyrénées Patrimoine n°33, éd. Midi-Pyrénéennes, 2013

Brumont Francis, 50 ans après ; le pastel de Gilles Caster et sa postérité, Toulouse, Fédération Historique de Midi-Pyrénées, 2009

Caster Gilles, Le commerce du pastel et de l’épicerie à Toulouse, de 1450 à 1561, Toulouse, éd. Privat, 1964

Caster Gilles, Les routes de cocagne, Toulouse, éd. Privat, 2000

Cardon Dominique, Le Guide des Teintures Naturelles, Lausanne/Paris, éd. Delachaux et Niestlé, 1990

Cardon Dominique, Le monde des teintures naturelles, Paris, éd. Belin, 2014

Cardon Dominique, Mémoires de teinture – Voyage dans le temps chez un maître des couleurs, CNRS Editions, 2015

Cardon Dominique, Hisako Sumi, David Santandreu, Aboubakar Fofana, Charlotte Kwon, Tim MacLaughlin, Iris Bremaud, Dans les pas bleus d’Antoine Janot, 2018

Cardon Dominique, Des couleurs pour les Lumières – Antoine Janot, teinturier occitan 1700- 1778, Paris, CNRS Editions 2019

Cardon Dominique, Iris Brémaud, Le cahier de couleurs d’Antoine Janot, paris, CNRS Editions, 2020

Delahaye Gilbert, La Navette, revue spécialisée sur le tissage artisanal, 1977-1978.

De Puymaurin, Instructions pratiques sur la culture du pastel et sur le moyen d’en extraire l’indigo, Albi, 1811

Elias-Jaime Matadamas-Ortiz, Etude et caractérisation des matières colorantes du pastel ; détermination des conditions optimales d’extraction pour leur utilisation à l’échelle industrielle, thèse sous la direction de Gérard Vilarem, CRITT Toulouse, 2002

Estienne Charles et Liébault Jean, L’Agriculture et Maison Rustique, édition Lyon, 1578 Fohlen Claude, « A propos du Blocus Continental, le pastel toulousain », Toulouse, Annales du Midi, 1949

Furetière Antoine, Les Couleurs, Paris, éd. Zulma, 1997

Mr Giobert, Traité sur le pastel et l’extraction de son indigo, imprimé par ordre de sa majesté impérial et royale à Paris 1813.

Ferasin Valentine, "L'objet patrimonial au service de l'identité d'une région. Le cas du pastel en Occitanie.", Mémoire de Master Patrimoine et Musées (Parcours Valorisation des Patrimoines et Muséologie-Muséographie), sous la direction de Christel Venzal, Pau, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2019

Garcia Michel, Le pastel de Picardie, INHA, janvier 2020

Garcia Michel, De la Garance au Pastel, Aix-en-Provence, éd. Edisud, 2007

Garcia Michel, Plantes colorantes – Teintures végétales, Aix-en-Provence, éd. Edisud, 2008

Larguier Gilbert, « La Méditerranée, l’autre voie du commerce du pastel », dans Midi-Pyrénées Patrimoine n°33, éd. Midi-Pyrénéennes, 2013

Manciet Bernard, Pastel, alchimie du bleu, Saint-Seurin de Prats, éd. La Part des Anges, 2001

Manuels Roret Petit manuel complet du teinturier par Messieurs Riffault, Vergnaud, Julia de Fontenelle et Thillaye nouvelle édition entièrement refondue et considérablement augmentée par M.F.Malepeyre, Paris, 1859

Marandet Marie-Claude, « Les négociants du Lauragais », Histoire et Sociétés rurales, 2013/1 vol.39

Mazeau Dominique, « Une plante en ses heurs et malheurs », Midi-Pyrénées Patrimoine n°33, éd. Midi-Pyrénéennes, 2013

Marquet Marie, Guide des teintures naturelles, plantes à fleurs, Paris, éd. Belin, 2011

Minovez Jean-Michel, La Puissance du Midi: Drapiers et draperies de Colbert à la Révolution, Presses Universitaires de Rennes, 2012

Mollard Desfour Annie, Le dictionnaire des mots et expressions de couleur du XXe siècle. Le Bleu, Paris, CNRS Éditions, 1998, 2004.

Mollard Desfour Annie, Le Bleu. Dictionnaire de la couleur. Mots et expressions d’aujourd’hui (XXe-XXIe s.), CNRS Éditions, Paris, 2013. Odol Jean, Lauragais : pays des Cathares et du Pastel, éd. Privat, 2004

Pastoureau Michel, Jésus chez le teinturier, Couleurs et teintures dans l’Occident médiéval, éd. Le Léopard d’or, 1998

Pastoureau Michel, Bleu, Histoire d’une couleur, Paris, éd. du Seuil, 2000 Protet Georges, Mémoires d’Albi, Albi, éd. Grand Sud, 2008

Rufino Patrice Georges, Le pastel, or bleu du pays de cocagne, Toulouse, éd. Daniel Briand, 1990

Sacrebleu. Le bleu dans les arts du Moyen Âge à nos jours, Catalogue d’exposition, Collectif, sous la direction de Mélanie Lerat, Musée des Beaux-Arts d’Arras, 2016.

Secrets concernant les Arts et Métiers, nouvelle édition, revue, corrigée et considérablement augmentée. Tome second à Bruxelles par la Compagnie 1766

Secrets concernant les Arts et Métiers, nouvelle édition, revue, corrigée et considérablement augmentée. Tome second à Caen chez G.Le Roy imprimeur du Roi 1781

Speranza Jasmine, Natalizia Miceli, Maria Fernanda Taviano, Salvatore Ragusa, Inga Kwiecien, Agnieska Szopa et Halina Ekiert, Isatis tinctoria L. (Woad) : A review of Its Botany, Ethnobotanical Uses, Phytochemistry, Biological Activities ansd Biotechnological Studies, Plants (Basal, Switzerland) 9, n°3 (1 mars 2020)

Suau Bernadette, Almaric Jean-Pierre, Olivier Jean-Marc, Toulouse, une métropole méridionale. Vingt siècles de vie urbaine, Fédération Historique de Midi-Pyrénées, 2009

Varichon Anne, Couleurs, pigments et teintures dans les mains des peuples, Paris, éd. Du Seuil, 2001

Une histoire Bleue, catalogue de l’exposition Une histoire bleue, Musée du Vieux Nîmes, Nîmes, éditions Le BiblioFil, 2009

 

Filmographie sommaire

 

Le pastel Alchimie au pays de Cocagne, film de Michel Fouet, produit par IXIMAGE Toulouse, 1999, 23mn

Lauragais, le pays sous l’écorce, film de Francis Fourcou et Jean Odol, produit par Ecransud, 1993

Bleu de Pastel, film de Dominique Guerrero et Clotilde Verriès, Argane Productions, 2015, 55mn

Le Pastel au pays de cocagne, film de Serge Vincent et Gérard Alquier, produit par Albi Patrimoine, 2019, 10mn

L’or Bleu ; les dessous de l’industrie, film de Marion Clément de Green Door Stories, 2019 Reportages radiophoniques ou télévisés :

Rencontre avec Dominique Cardon, archéologue du textile et de la teinture: Franceinter.fr/emissions/les-savanturiers/les-savanturiers-03janvier-2015

Franceculture.fr/fondation-dentreprise-hermes/teindre  et imprimer

 

Sitographie sommaire

 

http://www.critt.net/agro_ref.htm  de la récolte du pastel aux produits finis

https://www6.toulouse.inrae.fr/lca/layout/set/print/Projets-principaux/FEDER/NEW-COCAGNE

Culture et extraction du pigment de pastel, exemple de la Coopérative Agricole de la Plaine de l’Ariège : https://slideplayer.fr/slide/176653/

http://made-in-town.com/made-in-occitanie-le-paysage-de-la-fabrication-contemporaine/

www.lamaindessables.blogspot.com

www.latelierdesbleuspasteldoccitanie.com

www.terredepastel.com

www.lart-et-la-matiere.org/creationschantalsoie/

www.facebook.com/boutiqueartisanalelartetlamatiere

www.lapetitemaisondupastel.com

www.lafermeauvillage.fr

www.mathera-pastel.com

www.vanessaboudet.wixsite.com/shidacpieterrestoulousaines.org/chemin-faisant 

www.violettesetpastels.fr

www.artisanpastellier.com

www.chateaudesplantes.com

www.plo-ennoblisseur.fr

www.mathera-pastel.com

www.lestoilesdelamontagnenoire.com

www.paysandescouleurs.jimdofree.com

www.michelgarcia.fr

videos.tf1.fr/jt-13h/elles-redonnent-une-seconde-vie-au-pastel-5856766.html

www.couleurs-de-plantes.com

www.grainedepastel.com

www.bleu-de-lectoure.com

www.pastel-chateau-musee.com

stmartinmauriac.blogspot.com

www.ville-mazeres.fr/musee-d-ardouin

www.patrimoinecultureetterritoires.jimdo.com

www.artematieres.com 

Blog de Christian Rivière du CDT Tarn :

http://www.dedans-dehors.com/2018/06/renaissance-du-pastel-albigeois-a-lautrec-en- pays-de-cocagne.html

Denise Lambert

Atelier des Bleus pastel d’Occitanie 31540 Roumens,

www.denisesimeonlambert , 06 41 93 39 25

 

Annette Hardouin et Yves Patissier

AHPY, 89 rue du Caillou Gris 31200 Toulouse,

www.ahpy.eu , 06 08 61 05 12 – 05 62 79 17 91

 

Nadine Guy, La petite maison du pastel,

Atelier de teinture Moulin de Ginestet 81440 Lautrec

Atelier de couture La petite Maison du Pastel 1 place centrale 81440 Lautrec

www.lapetitemaisondupastel.com , 06 20 62 95 26

 

Françoise Carayol, La Ferme au Village

4 rue du Mercadial 81440 Lautrec

www.lafermeauvillage.fr , 05 63 74 23 29, 06 85 62 26 78

 

Bruno Berthoumieux, le Château des Plantes

Route de la Serre 81580 Cambounet-sur-le-Sor

www.pasteldelaserre.fr  , 05 32 09 11 74, 06 67 44 66 67

 

Didier Boinnard, L’Artisan Pastelier

Laboratoire atelier de fabrication : 7 rue Arago 81300 Graulhet, tél 05 63 42 12 23 Boutique, 5 rue Puech Bérenguier 81000 Albi,

tél 05 63 38 59 18 www.artisanpastellier.com

 

Chantal Celotto, Galerie l’Art et la Matière, 5 place des Tisserands 81100 Burlats,

www.lart-et-la-matiere.org , 05 63 35 67 48

Serge et Nadine Raynal, Mathera Pastel 20 rue Saint-Michel 81179 Cordes-sur-Ciel

www.mathera-pastel.com , 05 63 56 01 55

 

Sophie Thillaye, Isatis Field 31380 Azas

s.thillaye@yahoo.fr

 

David Santandreu, La Main des Sables

www.lamaindessables.blogspot.com

 

Patrick Brénac, Green’Ing Les Douze 34600 Bédarieux

www.green-ingredients.com

 

John Bedrines, CAPA Saverdun

Coopérative Agricole de la Plaine de l’Ariège R.N. 20, 09700 Le Vernet d’Ariège

05 61 67 92 70

 

Xavier Plo, Plo Ennoblisseur,

2A rue de la Mécanique, 81200 Aussillon

www.plo-ennoblisseur.fr,  05 63 35 40 11

 

Gérard Vilarem, Céline Mathieu

CRT CATAR ENSIACET Laboratoire de chimie Agro-industrielle

4 allée Emile Monso 31030 Toulouse Cedex 4,

05 34 32 35 49 https://www.agroressources-et-agro-industries-durables/ 

 

Michel Garcia, Plantes et Couleurs, 1 rue des Cendres 56320 Le Faouet

www.michelgarcia.fr

 

Gérard Alquier, Albi Patrimoine

Maison du vieil Alby, 1 rue Croix Blanche 81000 Albi

www.albi-patrimone.frhistoire-du-vieil-alby.blog4ever.com

Rédacteur(s) de la fiche

 

Chantal Armagnac, Auteur Le Pastel en Pays de Cocagne, éd. Bleu pastel, Albi, 2016

La partie consacrée à la culture du pastel, a été réalisée suite à des échanges avec (par ordre alphabétique) Sandrine Banessy, John Bedrines (CAPA Saverdun) Bruno Berthoumieux, Patrick Brénac, Françoise Carayol, Nadine Guy, Denise Lambert, Jean-Marie Neels, Serge et Nadine Raynal, Sophie Thillaye.

La partie consacrée à la teinture, a été réalisée suite à des échanges avec (par ordre alphabétique) Sandrine Banessy, Bruno Berthoumieux, Didier Boinnard, Patrick Brénac, Françoise Carayol, Dominique Cardon, Michel Garcia, Nadine Guy, Annette Hardouin, Denise Lambert, Serge et Nadine Raynal, David Santandreu.

 

Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés ou membre(s) de l’éventuel comité scientifique instauré

 

Nom(s) / Fonctions

Dominique Cardon

Historienne, spécialiste des techniques traditionnelles de production textile et de teinture, Directeur de Recherche émérite, CNRS, CIHAM/UMR 5648 Lyon.

Michel Garcia

Auteur de nombreux ouvrages sur les teintures végétales (voir bibliographie IV.4.), fondateur du jardin Conservatoire des plantes tinctoriales de Lauris (84), formateur au sein de Plantes et Couleurs.

Yvon Hamon

Conseiller pour l’Ethnologie et le Patrimoine Culturel Immatériel PCI, DRAC Occitanie

Gérard Alquier

Historien, président d’Albi Patrimoine, animateur de l’Université Pour Tous du Tarn

Céline Depond, chargée de mission Métiers d’Art, CMAR Occitanie/Pyrénées-Méditerranée

Pilar Oraa Gil, chargée de mission projet Coop’Art, CMAR Occitanie/Pyrénées-Méditerranée

Bruno Leclerc, Master 2 Expertise Ethnologique en Patrimoine Immatériel, sous la direction de Nicolas Adell - UT2J, stagiaire CMAR

Occitanie/Pyrénées-Méditerranée

Jean-Etienne Ribéreau-Gayon, Master 2 Risques, Santé, Science et Environnement, Sciences Po Toulouse, stagiaire à l’INP-ENSAT, chargé du diagnostic de la filière pastel dans le cadre du projet New Cocagne

Gérard Vilarem

Docteur en Agrochimie – Ingénieur de Recherche INPT – Directeur adjoint de Région Académique à la Recherche et à l’Innovation Occitanie

 

Lieu(x) et date/période de l’enquête

Premier contact à la CMAR à Toulouse, avec Céline Depond et Pilar Oraa Gil, Chantal Armagnac en novembre 2019

Entretien avec Didier Boinnard, Chantal Armagnac, Albi, en novembre 2019

Premier entretien à la DRAC, à Toulouse, avec Yvon Hamon, Céline Depond et Pilar Oraa Gil, Chantal Armagnac en janvier 2020

Réunion préparatoire à la CMAR, à Toulouse avec Céline Depond, Pilar Oraa Gil, Annette Hardouin, Denise Lambert en février 2020

Réunion plénière des praticiens dans l’Hôtel Reynès à Albi le 2 mars 2020

Réunion à la CMAR à Toulouse avec Céline Depond, Pilar Oraa Gil, Annette Hardouin, Denise Lambert, Chantal Armagnac début mai 2020

Visite d’atelier : APHY Création à Toulouse avec Bruno Leclerc mai 2020

Visite d’atelier : Bleus de pastel à Roumens avec Bruno Leclerc mai 2020 Réunion Albi juin 2020

Visite de Terre de Pastel avec Bruno Leclerc juin 2020

Visite d’atelier : Bleus de pastel à Roumens en juillet et décembre 2020 Visite d’atelier : Mathera pastel à Cordes en août 2020

Visite du Château de Magrin en septembre

Visite de l’exposition « Pastel » dans la Maison du Vieil Albi en septembre 2020

Entretien avec Gérard Vilarem en novembre 2020

Visite d’atelier La Petite maison du pastel à Lautrec en novembre 2020

Réunion de travail en visio-conférence CMAR Occitanie (Céline Depond, Pilar Oraa Gil) – DRAC Occitanie (Yvon Hamon) Chantal Armagnac

Entretien avec Françoise Carayol en mars 2021

Réunion plénière des praticiens à la Chambre de Métiers et de l’artisanat du Tarn le 4 mars 2021

Réunion à la DRAC, Toulouse en mars 2021 Entretien avec Jean-Marie Neels en avril 2021

 

 

Données d’enregistrement

 

Date de remise de la fiche: Mai 2021

Année d’inclusion à l’inventaire: 2021

N° de la fiche: 2021_67717_INV_PCI_FRANCE_00500

Identifiant ARKH: ark:/67717/nvhdhrrvswvksn9

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : https://www.pci-lab.fr/images/pdf/Tutoriel.pdf

Contribuer Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cocagne_(teinture)

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