Yennayer est célébré partout dans le monde par les Imazighen (Berbères), en Afrique du Nord ou au sein des diasporas. En Île-de-France, les membres de la communauté issue de la diaspora berbère sont, pour la plupart, des personnes originaires de la Kabylie, une région au nord de l’Algérie. En incluant les différents segments de cette population (résidents algériens et Français d’origine algérienne), 800 000 Kabyles environ vivent de nos jours en France, installés pour une grande partie en région parisienne.

Yennayer est célébré partout dans le monde par les Imazighen (Berbères), en Afrique du Nord ou au sein des diasporas. En Île-de-France, les membres de la communauté issue de la diaspora berbère sont, pour la plupart, des personnes originaires de la Kabylie, une région au nord de l’Algérie. En incluant les différents segments de cette population (résidents algériens et Français d’origine algérienne), 800 000 Kabyles environ vivent de nos jours en France, installés pour une grande partie en région parisienne. De 30 à 40 % de la population d’origine algérienne installée en France est kabyle.

À cette migration majoritaire des Kabyles, s’ajoutent, dans le dénombrement total de la population berbérophone de France, des ressortissants d’autres régions algériennes (Sous, Aurès) et du Maroc (Rif et province orientale). Selon des estimations non-officielles, le nombre total de personnes d’origine berbère vivant aujourd’hui en France se porterait à 1,5 millions. Pour certains chercheurs, le berbère est aujourd’hui la deuxième langue parlée en France. Depuis le « Printemps berbère » de 1980, un grand nombre d’associations culturelles berbères nouvelles se sont créées à Paris. Parmi les associations les plus anciennes toujours actives en Île-de-France, citons l’ACB (Association Culture Berbère, fondée en 1979) et Tamazgha Paris (créée en 1993). Ces nombreuses organisations franco-berbères et franco-kabyles sont impliquées dans l’organisation d’événements pour célébrer Yennayer et dans la sauvegarde de la culture berbère, en général en Île-de-France, se plaçant dans le chemin ouvert dans les années 1960 pour la promotion et le renouveau de la culture berbère.

Yennayer est le premier jour de l’an du calendrier berbère. Il correspond au premier jour du calendrier julien, décalé de douze jours par rapport au calendrier grégorien en vigueur de nos jours en France. La date précise de cette festivité de Nouvel An varie entre le 12 et le 14 janvier du calendrier actuel, selon différentes interprétations. Le mot Yennayer dérive très probablement du terme latin Ianiarius, qui désignait le mois de janvier. Pour d’autres chercheurs, le mot pourrait provenir de l’ancienne langue berbère : yan ou encore yiwen, qui signifie le numéro « un », ayyur, qui veut dire « mois », ou encore ayur, qui veut dire « lune », yennayer signifiant le premier mois ou encore la première lune. Pourtant, le fait que le calendrier utilisé par les populations berbères soit un calendrier solaire et que les noms des autres onze mois de ce calendrier soient des adaptations des noms des mois d’origine latine, ne donne pas beaucoup de crédit à ces interprétations. Plusieurs rites et symboles caractérisent cette célébration, selon les connotations régionales. Cependant, au-delà des différences régionales, l’objectif des rituels est toujours le même : le présage d’une nouvelle année féconde. L’ambiance de joie et d’amusement évite les discours tristes ou négatifs, pour écarter les mauvais présages pour l’année qui commence.

Quand Yennayer arrive, toute tache commencée dans l’année précédente doit être terminée. C’est notamment le cas du tissage fait par les femmes en Kabylie. La femme est traditionnellement l’interlocutrice entre les humains et les esprits. Elle fait un grand nettoyage de la maison. On remplace tout ce qui est vieux et usé. On achète de nouveaux vêtements. Il s’agit de purifier la maison pour accueillir les esprits bénéfiques. En ce sens, on place de la nourriture dans différents endroits de la maison, pour nourrir ces esprits, et on évite de balayer et de sortir les braises du feu les jours suivant le Yennayer, pour ne pas les effrayer.

Une pratique partagée dans toutes les régions est le repas familial (imensi umenzu n yennayer), un repas très copieux pendant lequel tous les convives doivent manger à satiété, bon augure d’abondance et de prospérité. Ce repas est souvent précédé par un rite sacrificiel symbolique, dont la portée est de protéger la famille du mauvais sort (asfel) durant toute l’année. On se doit de sacrifier un coq. Au début du repas, on doit déposer les cuillères dans les assiettes vides, réservées aux absents ou aux personnes récemment décédées. Les plats de Yennayer sont différents selon la région. Les plus répandus sont le couscous aux sept légumes, plat préparé avec seulement des légumes vertes et servi spécialement au Maroc ; une autre version de ce plat présente plutôt sept variétés différentes de légumes secs ; la viande de volaille, notamment en Kabylie ; les fruits secs ; le cherchem, plat à base de fèves, pois chiches et blé dur, agréablement parfumé de cumin ; le berkoukes, boulettes de farine cuites dans un bouillon, qu’on mange traditionnellement la veille de Yennayer ; nombre de gâteaux, beignets et crêpes avec des noms différents selon la région, mais avec des préparations très similaires (trid, ah’eddur, tighrifin, acebbwad’, tih’bulin, lesfendj, lexfaf). À la fin du repas, la tradition veut que la femme du foyer prenne une poignée de couscous et la présente tour à tour à chacun des membres de la famille en disant : « Tiens, mange ». Le convive doit lui répondre : « Je n’ai plus faim ! ». La même dépose ensuite la boulette de couscous devant la porte de l’habitation. Le lendemain, elle l’examine et en tire des présages sur la météorologie, de futures récoltes et, en général, l’année qui commence. Cette coutume prend le nom de tlkimt n djiwnegh. Dans certaines régions, le couscous est substitué par des coupelles remplies de sel : le niveau d’humidité du sel annoncerait alors un mois arrosé ou non. Parmi les rites du Yennayer, on retrouve aussi le carnaval : les enfants, masqués, vont par groupes en chantant à travers les rues et font des collectes de gâteaux et autres friandises. Un autre rituel très répandu est la première coupe de cheveux des nouveaux-nés.

Ces festivités prennent une autre connotation dans le contexte migratoire parisien. Sauf dans les célébrations dans le contexte intime et familial, qui reprennent plus ou moins les rites originels, la diaspora berbère organise de nos jours plusieurs célébrations communautaires, sous l’impulsion de très nombreuses associations franco-berbères et d’artistes présents en région parisienne. Ces célébrations prennent la forme de journées culturelles, où la communauté peut afficher son identité de manière plus globale. Ces événements couvrent un arc de temps plus étendu, qui dure tout le mois de janvier et parfois aussi jusqu’à la moitié du mois de février. Les hautes personnalités de la culture berbère sont invitées et un discours fortement identitaire et des revendications politiques sont souvent affichées pendant ces célébrations. La communauté se réuni ainsi pour réaffirmer l’identité berbère. Ces nouveaux types d’événements comprennent des conférences autour de la culture berbère avec différentes thématiques : histoire (citons en exemple une conférence sur la présence des Berbères dans la Bible, organisée par l’association Idlès), politique (à l’instar de la conférence sur la situation des Berbères du Rif marocain, organisée par l’association RIFrance) et, plus largement, langue et culture amazigh. Au cours de dîners et de soirées dansantes, la communauté se retrouve dans les locaux d’associations ou des salles associatives louées pour fêter ensemble le Nouvel An, autour d’un repas accompagné par la musique et la danse traditionnelle. Ce fut ainsi le cas des associations Tamazgha (Paris) et Taferka (Montreuil, Seine-Saint-Denis) le 12 janvier 2019. Enfin, on peut assister à des concerts organisés dans des bars ou des salles de concert, avec la participation d’artistes berbères. Le 12 janvier 2019, un grand concert a réuni trois noms légendaires de la musique kabyle, Idir, Aït Menguellet et Allaoua sur la scène de l’AccorHotels Arena à Paris-Bercy.

Le français, le berbère (dans les différentes acceptions régionales), l’arabe (dans les différentes acceptions régionales).

L’adage kabyle « Ad ffɣen iberkanen, ad kecmen imellalen » annonce le premier jour de l’an, et plus précisément le passage des journées courtes, ou « noires » (ad ffghen iberkanen), aux journées longues, ou « blanches » (ad kecmen imellalen). « Assegas ameggaz » signifie « bonne année » en langue berbère.

Patrimoine bâti

Sans objet

Objets, outils, matériaux supports

Instruments traditionnels de musique :
tamja ou gasba (flûte)
bendir ou allun (tambour)
davul ou tabl (tambour à deux têtes qui se joue avec un maillet)

Drapeaux ou banderoles figurant le yaz, symbole de la langue et de la culture berbère, et l’etla, lettre de l’alphabet amazigh

La transmission des pratiques culturelles liées au Yennayer se fait naturellement, « par osmose ». Les plus jeunes apprennent les rituels, les recettes, les chants en participant aux cérémonies et à leur préparation. Cette transmission se fait en premier lieu dans le contexte familial, mais les événements publics jouent aussi leur rôle dans la transmission.

Pour la cuisine, la danse, la musique, le chant, la langue et l’histoire, la transmission peut parfois se faire de manière plus formelle pendant toute l’année. Les associations franco-berbères organisent des ateliers pour l’apprentissage de ces activités, à l’instar d’ACB (Association Culture Berbère), la plus ancienne association berbère de Paris, qui depuis plusieurs années a créé une véritable « école berbère ».

De nombreuses organisations franco-berbères et franco-kabyles sont impliquées dans l’organisation d’événements pour célébrer Yennayer et sauvegarder la culture berbère en Île-de-France :

• ACB (Association de Culture Berbère)
• Association Amazigh berbère d’Île-de-France
• Association Ameslay
• Association Assirem de Bondy
• Association berbère de France de Saint-Ouen
• Association berbère Taferka
• Association des jeunes kabyles de France
• Association franco-berbère d’Épinay-sur-Seine
• Association franco-berbère de l’Essonne
• Association franco-berbère de Massy
• Association franco-berbère de Villeparisis
• Association franco-kabyle de Champigny
• Association franco-kabyle Idlès
• Association Maison Amazigh d’Argenteuil
• Association RIFrance pour le développement humain
• Association Tamaynut France
• Association Tamazgha Paris
• Centre culturel franco-berbère de Drancy
• Coordination des Berbères de France
• Maison de la culture berbère de France (INALCO)

L’adoption progressive du calendrier julien en Afrique du Nord

Le calendrier julien, à la base de la festivité de Yennayer, a été élaboré par l’astronome grec Sosigène d’Alexandrie, en s’inspirant de l’ancien calendrier égyptien, et sous l’impulsion de Jules César, qui officialise son utilisation en 45 avant J.-C. dans tout l’Empire romain. Ce calendrier fut introduit aussi en Afrique du Nord, à l’époque de Juba II, et le mot Yennayer dérive très probablement du terme latin Ianiarius, qui désignait le mois de janvier.

En Afrique du Nord, des traces anciennes de la célébration de Yennayer (plutôt appelées alors « calendes de Janvier » ou « fête de Ianus ») datent de cette époque : ouvrage De l’idolâtrie de Tertullien (212), mosaïque (222-235) du site de Thysdrus (Tunisie) et sermon de saint Augustin d’Hippone (397).

Au VIIe siècle, l’Afrique du Nord passe sous le contrôle du califat islamique. Les nouveaux conquérants musulmans introduisent un nouveau calendrier, dit de l’Hégire, calendrier lunaire, complètement différent du calendrier julien. Pourtant, selon certaines sources (ouvrage de l’historien al-Mas’ûdi (947), opuscule d’Abû l-Hasan al Qâbisi (fin du Xe siècle) et édit du vizir Fadhil (1195), interdisant en Égypte la célébration de cette fête, jugée contraire à l’Islam), les pratiques de Nouvel An liées aux calendriers anté-islamiques ont subsisté pendant des siècles.

Le terme utilisé alors pour décrire cette célébration est celui de qalandas (arabisation du mot latin « calendes »), sans présence du terme Yennayer jusqu’au Xe siècle. Ce dernier vocable est très probablement issu du dialecte utilisé par les habitants de l’Andalousie musulmane. Dans cette région, le calendrier julien latin a perduré après la conquête islamique. Nombre de scientifiques islamiques (agronomes, météorologues, médecins) commencent à apprécier ce calendrier, plus proche du cycle des saisons agricoles, et se l’approprient. Le mot Yennayer apparaît pour la première fois dans un poème de l’auteur cordouan Muhammad Ibn Quzman (fin XIe siècle), qui utilise le terme aid al Yannayr pour évoquer les célébrations du 1er janvier et décrit avec minutie les différents fruits consommés à cette occasion par le peuple de Cordoue. Le calendrier julien était non seulement connu alors des élites scientifiques arabo-andalouses, mais aussi de la population, qui célébrait la nouvelle année lors d’une fête appelée Yannayr. Au XIe siècle, l’Andalousie est intégrée politiquement aux grands empires amazighs, almoravide puis almohade : il est probable que le vocable et surtout la festivité de Yannayr se sont diffusés en Afrique du Nord.

La première trace écrite de la présence de Yannayr en Afrique du Nord est un texte rédigé par Abu al Abbas et son fils Abu al Qasim al-Azafi au XIIIe siècle. Dans ce texte, les auteurs lancent un « avertissement contre les nouveautés », parmi lesquelles ils distinguent « l’anniversaire de Jesus (...) et al-Yannayr, sept jours plus tard ». Le ton alarmiste fait penser que cette fête avait largement gagné la région d’Afrique du Nord au début du XIIIe siècle. Au-delà de l’aspect festif, la diffusion du calendrier julien en Afrique du Nord s’effectue à partir de la science andalouse et des textes rédigés par des savants nord-africains après la perte de l’essentiel des territoires d’Al-Andalus par les Musulmans au XIIIe siècle. Dès lors, les traces se multiplient de la célébration de la fête de Yennayer par les populations d’Afrique du Nord et de l’usage du calendrier julien dans le domaine agricole. Ainsi, selon un texte de Hassan al-Wazzan (XVIe siècle), dans la ville de Fès, sont présentes « quelques anciennes coutumes de fêtes délaissées par les Chrétiens », notamment « le premier jour de l’an, les enfants vont en masque par les maisons des gentilshommes, demandant des fruits, avec chansons ». De même, le géographe espagnol Marmol y Carvajal (XVIe siècle) aborde la question des calendriers suivis par les populations : « Il y a quantité de ces peuples, tant Africains qu’Arabes, qui, sans savoir lire ni écrire, rendent des raisons suffisantes touchant le labourage, par les règles de l’Astronomie : mais ils tirent ces règles du trésor de l’Agriculture, qui fut traduit de latin en arabe en la ville de Cordoue (...). Dans ce livre sont contenus les douze mois de l’année en latin, et ils les suivent pour ce qui concerne le labourage ».


L’émigration des communautés kabyles en France

La Kabylie a été au cours de son histoire une région de forte émigration. Historiquement, l’insurrection anti-coloniale de 1871 et la dépossession des terres lancée par la colonisation ont déclenché le premier mouvement migratoire des Kabyles vers la Tunisie et puis vers la France. Mais les facteurs économiques (pauvreté, insuffisance de travail, manque de projets de développement économique) et démographiques (surpopulation de la région, manque de grands centres urbains) deviendront très tôt les motifs principaux de cette migration.

La première vague d’émigration remonte à la campagne de Madagascar (1894). Les « convoyeurs kabyles » accompagnent le va-et-vient continuel des bateaux qui opèrent des transferts massifs de bovins et chevaux. Au début du XXe siècle, le besoin de main-d’œuvre amène de plus en plus de Kabyles à venir travailler en France. Ils représentent alors 80 % de tous les migrants provenant d’Algérie. Selon une enquête de 1912 du directeur de l’Office de l’Algérie à Paris, 4 à 5000 Kabyles résident en France, principalement à Marseille, Paris et en Pas-de-Calais. En 1921, l’enquête de Louis Massignon recense près de 12 000 travailleurs kabyles dans l’agglomération parisienne, dont 2700 aux usines Renault à Billancourt (Hauts-de-Seine), 7000 aux usines Citroën à Clichy (Seine-Saint-Denis) et à Levallois (Hauts-de-Seine), 2500 laveurs de voiture à Saint-Ouen et à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Les principaux centres d’hébergement des Kabyles étaient à la Villette, le long du canal de l’Ourcq et rue des Flandres, Grenelle et avenue de Maine, boulevard d’Italie, boulevard de la Gare, rue de la Glacière et d’Alésia. Dans les années 1930-1940, Paris devient le principal pôle d’immigration. L’émigration algérienne atteint 212 000 personnes en 1954, dont plus de la moitié était kabyle. Après l’indépendance de l’Algérie, le mouvement migratoire s’accélère : de 350 000 personnes en 1961, on atteint près de 900 000 personnes en 1975, quand Algérie et France décident d’arrêter l’émigration. Après 1962, cette émigration devient de moins en moins kabyle : les Kabyles continuent à quitter leur région, mais plutôt pour aller s’installer dans les grandes villes d’Algérie.

La présence longue et conséquente d’une population berbérophone a fait que la France, et notamment sa capitale, Paris, est, depuis longtemps, un pôle important de la vie culturelle berbère, tout particulièrement kabyle. La situation d’exclusion de la langue et de la culture berbère, qui a longtemps prévalu en Afrique du Nord, a eu par ailleurs pour conséquence, surtout en Algérie, le déplacement de l’activité « berbérisante » vers la France et Paris. L’espace migratoire devient un terrain privilégié d’expression identitaire, un lieu de travail culturel intense et de combat politique actif. Depuis les années 1930 au moins, Paris est un des hauts lieux de la chanson kabyle. Depuis 1962, la production de et sur la langue berbère a été réalisée essentiellement en France. En 1967 l’Académie berbère a été fondée à Paris. Un de ses membres, Ammar Negadi, a conseillé que le début de « l’ère amazigh », et donc du calcul des années dans le calendrier berbère, soit placé en 950 avant J.-C., à la date de l’accession au pouvoir du premier pharaon berbère en Égypte, Sheshonq Ier (en berbère, Chachnaq). L’année 2019, objet de l’enquête préalable à la réalisation de la présente fiche, correspond à l’année 2969 du calendrier berbère Le Groupe d’études berbères de l’université de Paris VIII fut un autre groupe important pour la diffusion et le renouveau de la langue et de la culture berbère à Paris durant les années 1970.

La plupart des associations de culture amazigh organisent des événements festifs à l’occasion du Yennayer. Célébrer le Nouvel An traditionnel est l’occasion d’exprimer une forme de revendication identitaire, expliquant l’élan de cette pratique festive parmi la communauté berbérophone présente en France. Tous les ans, au moins une vingtaine d’événements différents sont organisés par la diaspora à Paris et en Île-de-France pour célébrer Yennayer, au-delà du contexte familial et intime. Ces événements prennent les formes plus diverses : des conférences sur différentes thématiques, culturelles, historiques ou politiques liées à l’identité berbère ; des concerts de musique traditionnelle ou moderne en langue berbère ; des expositions d’artisanat ; des diners dansants ; des fêtes intra-communautaires. On observe donc une tendance, également présente au sein d’autres diasporas, à transformer les festivités du Nouvel An en festivals et journées culturelles, avec le but d’afficher de manière globale la culture et l’identité berbère.

Vitalité

La festivité de Yennayer présente une bonne vitalité parmi la diaspora berbère d’Île-de-France. Tous les ans, au moins une vingtaine d’événements publics sont organisés en région parisienne pour le célébrer. Le nombre d’associations franco-berbères continue d’augmenter et les célébrations voient la participation d’un grand nombre de personnes, toutes générations confondues, des personnes plus âgées aux enfants de bas-âge. De nombreux éléments culturels constituent les événements liés à la célébration de Yennayer, mais la musique et la gastronomie occupent sûrement la place principale et représentent les pratiques les plus vivantes. Sur le plan musical, le nombre d’artistes d’origine berbère résidant en Île-de-France est très élevé ; depuis plusieurs années déjà, Paris est un haut lieu de la chanson berbère, notamment kabyle. Ces artistes se produisent pendant les événements avec un répertoire festif qui dépasse les chansons traditionnellement liées à la célébration de Yennayer. Beaucoup de membres de la communauté participent souvent aux chants pendant les événements. Cette pratique est très partagée, les chants étant un vecteur de transmission de la langue et de la culture aux plus jeunes générations.

Sur le plan gastronomique, des plats typiques de Yennayer sont, à tous les événements organisés, le plus souvent préparés par les femmes, chaque famille apportant quelque chose pour participer à l’organisation des festivités. À la préparation travaillent ensemble les femmes les plus âgées et les plus jeunes. La cuisine est aussi un domaine privilégié de transmission du patrimoine culturel entre générations.

Menaces et risques

En Afrique du Nord, la célébration de Yennayer a souvent été menacée au cours de l’histoire pour son caractère laïc, en contraste avec l’islamisation progressive du territoire à partir de la fin du VIIe siècle. Des traces écrites de ces interdits sont présentes depuis le XIIIe siècle : un texte d’Abu al Abbas et de son fils Abu al Qasim al-Azafi lance un « avertissement contre les nouveautés », dont « l’anniversaire de Jesus (...) et al-Yannayr, sept jours plus tard » en particulier. Ce texte représente en même temps la première trace écrite du mot Yennayer et un des premiers interdits à sa célébration.

Encore récemment, des interdictions de célébrer Yennayer ont été exprimées, comme en 2014, par la municipalité de Biskra (Algérie), ou, en 2016, par un établissement scolaire à Réghaia (Algérie). L’Algérie est pourtant le seul pays qui, en 2018, sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika, a officiellement décrêté Yennayer fête nationale. Dans les autres pays d’Afrique du Nord, Yennayer n’est pas reconnu officiellement. Dans le contexte parisien, les obstacles à la célébration de Yennayer sont les mêmes que pour toute autre célébration « translocale » : d’une part, le calendrier des jours férié en France ; d’autre part, le nouveau contexte de la pratique. Le 12 janvier (voire le 13 et le 14, pour certains) n’est pas reconnu comme jour férié en France, ce qui empêche les membres de la communauté franco-berbère de fêter publiquement Yennayer le jour même de la festivité. Sauf pour les rituels et les cérémonies intimes et familiales, les événements publics sont souvent organisés à partir du week-end suivant la date de Yennayer. Du reste, la période dévolue à l’organisation des événements festifs de Yennayer est très étendue : certains événements ont lieu pendant le mois de février, plus d’un mois après le 12 janvier.

Le nouveau contexte de reproduction de la pratique constitue un autre obstacle. Yennayer est une festivité ancrée dans le monde agricole et Paris diffère fortement des villages de l’Afrique du Nord. Alors que les cérémonies et les rituels intimes et familiales peuvent être reproduits de manière plus ou moins fidèle par les familles franco-berbères, certains événements publics sont difficilement réplicables, tels que le carnaval des enfants, les rituels de divination de la météorologie ou le sacrifice du coq. Ces pratiques ont donc totalement disparu dans ce nouveau contexte parisien. D’autres ont dû être adaptées, comme les recettes traditionnelles, face à l’absence de certains ingrédients originaux. Pourtant, l’effort de la communauté est réel pour essayer de sauvegarder l’authenticité des plats et des goûts typiques, soutenu par le commerce très développé avec les pays d’Afrique du Nord.

Une dernière réflexion, plus partagée, porte sur le statut associatif d’une grande partie des organisateurs des événements publics de célébration de Yennayer. Comme dans d’autres pratiques issues des diasporas, ce statut des acteurs de la sauvegarde n’offre pas de garantie de pérennisation des activités, bien que certaines associations d’origine berbère soient assez anciennes : en 2019, ACB a fêté quarante ans d’activité et Tamazgha, vingt-six. Elles témoignent donc aussi de la stabilité de certaines organisations franco-berbères et de la forte implication de la communauté envers la sauvegarde de leur culture et de leurs traditions.

Modes de sauvegarde et de valorisation

Les principaux modes de valorisation de la festivité de Yennayer sont les événements organisés par les associations franco-berbères de la région parisienne. À tous les événements assistent des personnes d’autres origines géographiques, qui partagent avec la diaspora berbère cette fête de Nouvel An. Ces mêmes associations organisent des conférences sur des thématiques parfois liées au calendrier traditionnel ou à la fête de Yennayer. Les ateliers de langue, de cuisine, de danse ou de musique berbère sont également très importants pour la sauvegarde des pratiques associées au Nouvel An berbère.

Actions de valorisation à signaler

La réalisation de la présente fiche d’inventaire a permis d’étudier plusieurs des événements recensés en 2019 pour les célébrations de Yennayer 2969 :

• Concert d’Ali Amran à la Maison de la Musique de Nanterre (11 janvier 2019)
• Dîner-concert au restaurant La Grotte à Montreuil, organisé par la rédaction de Radio Tiziri (11 janvier 2019)
• Manifestation « Oui à l’enseignement de la langue amazigh-berbère en France » devant le ministère de l’Éducation, organisée par l’Association amazigh berbère d’Île-de-France (12 janvier 2019)
• Célébration de Yennayer à la Mairie de Paris (12 janvier 2019)
• Concert « 1, 2, 3 Kabylie » avec Aït Menguellet, Allaoua, Idir à l’AccorHotels Arena de Paris-Bercy (12 janvier 2019) • Conférence « Les berbères dans la Bible » de Nabil Ziani, organisée par l’Association franco-kabyle Idlès (12 janvier 2019)
• Fête de Yennayer dans les locaux de l’association Tamazgha Paris, dans le 14e arrondissement (12 janvier 2019)
• Fête de Yennayer dans les locaux de l’association Taferka à Montreuil (12 janvier 2019)
• Concert de Wahab pour Yennayer au Royal Est à Paris (12 janvier 2019)
• Soirée de Nouvel An berbère et concert de Abbas Ait R’zine et Lakhdar Sennane au théâtre de l’Agora d’Evry (12 janvier 2019)
• Concert de Rabah Asma et Dyhia à l’Espace Lumière d’Épinay-sur-Seine, organisé par la Coordination des Berbères de France et l’association CBF d’Épinay-sur-Seine (13 janvier 2019)
• Fête de Yennayer en musique dans la salle polyvalente du marché de Clichy-sous-Bois, organisée par l’association Abaraz (13 janvier 2019)
• Brunch de Yennayer au Royal Est à Paris (13 janvier 2019)
• Concert de Yennayer à l’Espace Pascal-Tabanelli de Champigny-sur-Marne, organisé par l’Association des jeunes kabyles de France (AJKF) (13 janvier 2019)
• Soirée-concert de Yennayer à la salle Jean-Vilar d’Argenteuil, organisée par l’association Maison Amazigh d’Argenteuil (19 janvier 2019)
• Concert de Malika Domrane, Rabah Alfane, Berbère Valwa dans la salle de la Légion d’honneur à Saint-Denis, organisé par plusieurs organisations franco-berbères de Saint-Denis (19 janvier 2019)
• Cérémonie de Yennayer à la mairie du 5e arrondissement, organisée par la Coordination des Berbères de France (25 janvier 2019)
• Concert de Yennayer de Rami Mouloud à la Maison pour tous de Villeparisis, organisé par l’Association franco-berbère de Villeparisis (25 janvier 2019)
• Nouvel An berbère avec Ait Hamid à la salle Saint-Just d’Ivry-sur-Seine, organisé par l’Association franco-kabyle d’Ivry-sur-Seine (26 janvier 2019)
• Concert de Yennayer de Amzik à la salle Barbara de Saint-Ouen, organisé par l’Association berbère de France de Saint-Ouen (ABFSO) (2 février 2019)
• Journée culturelle et concert de Yennayer à l’Espace Liberté de Massy, organisée par l’Association franco-berbère de l’Essonne (3 février 2019)
• Soirée Yennayer avec Nora At Brahim et dîner familial au Milord à Paris (9 février 2019)


Modes de reconnaissance publique

La Ville de Paris organise tous les ans un événement pour célébrer Yennayer à l’Hôtel-de-ville.

Parmi les personnalités invitées par les associations franco-berbères se trouvent souvent des représentants publics, tels que les maires des villes où sont organisées les célébrations. Tel était le cas, en 2019, de Patrice Bessac, maire de Montreuil, présent aux célébrations organisées par l’association Taferka, ou de Florence Berthout, maire du 5e arrondissement de Paris, aux célébrations organisées par la Coordination des Berbères de France.

Comme pour d’autres pratiques culturelles portées par les diasporas sur le territoire français, il conviendrait de reconnaître des jours fériés « de choix libre » pour permettre aux communautés d’origine étrangère de fêter au moins certaines de leurs célébrations traditionnelles à la bonne date. L’instauration de subventions spécifiques pour des organisations de sauvegarde d’éléments « remarquables » du patrimoine culturel immatériel permettrait d’aider à la stabilité financière des structures de type associatif travaillant dans le domaine culturel.

Récits liés à la pratique et à la tradition

Une histoire légendaire est commune à toutes les régions d’origine de cette pratique festive : celle de la vieille femme de Yennayer. Une veille femme, croyant l’hiver passé, sort un jour de soleil dans les champs et se moque de lui. L’hiver, mécontent, emprunte deux jours au printemps et, pour se venger, fait éclater un grand orage qui emporte la vieille femme. De nombreuses variantes de cette légende existent : la vieille dame est emportée en barattant du lait ; ce n’est pas elle qui est emportée, mais sa chèvre ; elle n’est pas emportée, mais transformée en une statue de pierre ; l’orage dure un seul jour plutôt que deux… Dans tous les cas, cette légende marque les festivités et influence certains comportements durant cette période : les animaux ne doivent pas sortir pendant le mois de Yennayer (traditionnellement, il convenait de réchauffer les maisons durant ces jours les plus froids de l’année) ; pendant le repas, les parents brandissent la menace de la vieille femme, si leurs enfants ne mangent pas à satiété (la veille femme viendrait remplir leur ventre de paille) ; pour permettre aux jeunes plantes d’arriver à maturité, il était interdit de les arracher, au prétexte que la vieille femme aurait uriné dessus.

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Khellil (Mohand), « Kabyles en France, un aperçu historique », Hommes et migrations, n° 1179, 1994, p. 12-18

Khellil (Mohand), « L’émigration algérienne en France au XXe siècle, un exil planifié », Hommes et migrations, n° 1295, 2012, p. 12-25.

Laceb (Djamel), dir., Yennayer : patrimoine de l’humanité, Haut-commissariat à l’Amazighité/Algérie Press Service, 2017 (dossier constitué en vue de soumettre le Yennayer à l’Unesco pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité).

Servier (Jean), Les Portes de l’année, Paris, Robert Laffont éditions, 1962.

Slimani-Direche (Karina), Histoire de l’émigration kabyle en France au XXe siècle, Paris, L’Harmattan, 1997.

Slimani-Direche (Karina), « Kabylie. L’émigration kabyle, entre tradition économique et histoire politique », Encyclopédie berbère, n° 26 [Judaïsme – Kabylie], 2004.

Youbi (Mohand Salah), Berbères de France, Paris, L’Harmattan, 2004.

Ziani (Nabil), Les Berbères dans la Bible, Paris, Tatamis, 2018.


Filmographie sommaire

Sans objet

Sitographie sommaire

• Site du LACNAD – Centre de recherche berbère (CRB), à l’Inalco : https://www.centrederechercheberbere.fr/

Article de Salem Chaker, « Le berbère en France » : https://www.centrederechercheberbere.fr/le-berbere-en-france.html

• Site du Musée de l’Histoire de l’immigration (Paris) : http://www.histoire-immigration.fr/  Article de Peggy Derder, « L’immigration algérienne en France » : http://www.histoire-immigration.fr/dossiers-thematiques/caracteristiques-migratoires-selon-les-pays-d-origine/l-immigration-algerienne

• Site du magazine en ligne berbériste de l’association Tamazgha : http://www.tamazgha.fr/  Articles de Ydir Plantade, « Yennayer en Afrique du Nord : histoire d’un mot », http://tamazgha.fr/Yennayer-histoire-d-un-mot,2388.html  ; de Tamilla At Ali, « L’émigration kabyle en France : une chance pour la culture berbère ? », http://www.tamazgha.fr/L-emigration-kabyle-en- France-une-chance-pour-la-culture-berbere,1620.html ; d’Emile Laoust, « Le premier jour de l’an, Ennayr », extrait de Mots et choses berbères, Paris, 1926 : http://www.tamazgha.fr/Le-premier-jour-de-l-an-Ennayr,421.html  ; d’A. et F. Sayad, A. et F., « Yennayer en Kabylie » : http://www.tamazgha.fr/Yennayer-en-Kabylie,440.html  ; de Nedjima Plantade, « Yennayer et le calendrier julien » : http://tamazgha.fr/Yennayer-et-le-calendrier-Julien,1547.html

• Site de l’association ACB (Association Culture Berbère) : https://www.acbparis.org/

Plusieurs entrées sur le Yennayer

• Site d’information kabyle : https://kabyle.com/

Article de Stéphane Arrami, « Kabyles de France : une présence plus que centenaire » : https://kabyle.com/kabyles- france-presence-plus-centenaire-20124

• Site du Cercle d’étude et de réflexion sur l’autonomie de la Kabylie : http://www.cerak.net/

Article de Madjid Boumekla, « Yennayer dans la culture berbère » : http://www.cerak.net/contributions_yennayer_madjid%20boumekla.html

• Site de la wiki-encyclopédie amazigh : http://www.wikimazigh.com/

Article de Bouattar L’Houari, « La légende de la vieille de Yennayer » : http://www.wikimazigh.com/wiki/Encyclopedie-Amazighe/Encyclo/LaLegendeDeLaVieilleDeYennayer 

• Blog sur la culture amazigh : http://zighcult.canalblog.com/

Article de Anzar, « Yennayer, origine et rites » : http://zighcult.canalblog.com/archives/2006/06/02/1815211.html

• Article « L’Algérie fête officiellement le Nouvel An berbère pour la première fois », quotidien Le Monde, 12 janvier 2018 : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/01/12/en-algerie-le-nouvel-an-berbere-ferie-pour-la-premiere-fois_5241028_3212.html 

• Article « Traditions : Yennayer, fête du Nouvel An amazigh », quotidien El Moudjahid : http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/118658

• Page Facebook « Concerts et événements kabyles » : https://www.facebook.com/concertsetevenementsKabyle/

• Page Facebook « Tous les concerts kabyles » : https://www.facebook.com/TousLesConcertsKabyles/

Praticien(s) rencontré(s) et contributeur(s) de la fiche

AGAOUA Wahab, chanteur d’origine kabyle
BARACHE Mohand, coordinateur de l’Association berbère Taferka (Montreuil), berberetaferka@yahoo.fr
BELKADI Azal, musicien et chanteur lyrique berbère
FERKAL Masin, président de l’Association Tamazgha (Paris), tamazgha.paris@gmail.com
IMAZITEN Sissi, chanteuse d’origine kabyle
LABOU Houria, présidente de l’Association franco-kabyle Idlès (Paris), asso-franco-kabyle75011@laposte.net
MAOUCHE Irij, membre de l’Association Tamazgha (Paris)
ZIANI Nabil, documentaliste et chercheur en histoire berbère


Soutiens et consentements reçus

Plusieurs autres entretiens informels ont été réalisés pendant les festivités. Toutes les personnes rencontrées ont donné leur soutien à la réalisation de cette fiche d’inventaire, en vue de l’inscription du Yennayer en Île-de-France, à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel, et leur consentement à utiliser les informations et les images tirées de leurs entretiens pour l’élaboration de la fiche et de la vidéo-documentaire associée.

Rédacteur(s) de la fiche

TORTORIELLO Simone, sociologue, responsable scientifique du projet « Inventaire du Patrimoine culturel immatériel translocal francilien », Association île du Monde, simone.tortoriello@iledumonde.org, 06.44.98.05.64

Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés ou membre(s) de l’éventuel comité scientifique instauré

ORTIZ AVILA Daniel, anthropologue, responsable de la production audiovisuelle, Association île du Monde

Lieux(x) et date/période de l’enquête

Paris et région Île-de-France, 2019-2020


N° d'inventaire Ministère Culture : 2020_67717_INV_PCI_FRANCE_00479

Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvksn6

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Yennayer

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