(Source)

- Réception des peaux brutes : achetées auprès des abattoirs ou de grossistes, salées ou quelquefois sèches, comme les peaux de chevreau, elles sont entreposées dans un local frais.

- Rognage : la 1ère opération réalisée sur la peau est la découpe au couteau des parties de la peau ne présentant pas d'intérêt.

- Reverdissage (Trempe) : pour redonner de la verdeur à la peau (la réhydrater), elle est mise en coudreuse (cuve remplie d'eau et agitée par une hélice) pour être humidifiée à cœur et lavée de ses souillures.

- Enchaucenage : dans le but de séparer la peau de la laine, un enchaux (mélange de sulfure de sodium et de chaux, liquide et épais) est passé sur le côté chair de la peau (côté inverse à l'épiderme, donc côté derme). Au bout de plusieurs heures, la racine du poil est attaquée par le sulfure et la laine peut être retirée. 

- Délainage : il suffit alors de passer la peau sur la délaineuse (machine à cylindre à lames non coupantes) pour ôter mécaniquement la majeure partie de la laine qui doit céder sans effort. Cette laine est récupérée, séchée et vendue en tant que sous-produit. 

- Pelannage : les peaux délainées sont plongées dans un bain de chaux pendant plusieurs jours, pour achever l'action agressive à l'égard des bulbes pileux des poils restants. De plus, il se crée un gonflement de la peau dû à une modification chimique apportée par la chaux et qui permettra la fixation ultérieure des produits chimiques tannants.

- 2ème délainage : la peau est passée à nouveau à la délaineuse pour enlever les derniers poils.

- Déchaulage, confitage, picklage : les opérations sont enchaînées dans le même foulon (ou tonneau). La peau, toujours en milieu aqueux, est mise en contact avec des produits chimiques qui tout d'abord éliminent le calcium de la chaux présent dans la peau (le déchaulage) puis attaquent les filtres élastiques de la peau (le confitage, cette opération était réalisée avec des excréments au Moyen-âge, naturels pourvoyeurs d'enzymes pancréatiques, aujourd'hui remplacées par des enzymes industriels), et enfin l'acidifient très fortement, dans le double objectif de la préparer aux opérations de dégraissage et de tannage. Cette opération dure une journée environ. Les peaux sont ensuite mises à plat pendant quelques jours pour compléter l'action des produits mis en oeuvre. 

- Dégraissage - tannage : dans un foulon, les peaux sont mises en contact avec des savons biodégradables (ou des solvants) puis rincées pour leur ôter le maximum de matière grasse naturelle. Puis la peau est tannée au chrome. Cette opération se déroule en milieu acide, et le chrome se fixe grâce à une basification (remontée de PH). Le chrome se fixe sur la structure collagénique de la peau, et la stabilise. À la fin de ces opérations qui durent une journée environ, les peaux tannées, d'aspect bleuâtre, peuvent résister à une température de 100 °C environ. Elles sont mises à plat quelques jours pour favoriser la fixation complète du chrome : c'est le mûrissement.

- Retannage : les peaux sont reprises en foulon pour incorporer des tanins synthétiques organiques et des matières grasses pour donner à la peau "la main", c'est-à-dire le toucher et l'aspect particulier à la Mégisserie Colombier. Elles sont ensuite mises à plat, puis essorées et étirées le lendemain sur machine (le mastage) et séchées. 

- Corroyage - triage : après séchage, les peaux sont étirées et assouplies sur une machine (palissonneuse) puis triées en différents choix en fonction de leurs défauts, taille, épaisseur, etc... Lorsqu'une commande est déclenchée, les peaux sont mises à l'épaisseur désirée par le client (dérayage ou dolage) puis partent dans l'atelier de teintures pour être teintes.

- Teinture : les peaux sont teintes au foulon en plein bain, dans toute leur épaisseur, à la couleur désirée par le client. Pendant cette opération, on peut raffermir la peau en lui ajoutant des tanins (peaux pour chaussures) ou l'assouplir encore en additionnant des matières grasses (peaux pour vêtements, ganterie...). Puis elles sont de nouveau mastées et séchées.

- Corroyage - finition : différentes opérations mécaniques sont réalisées sur la peau en fonction de l'article fini désiré. Éventuellement, pour certains articles, une peinture adaptée au cuir sera pulvérisée à la surface pour la protéger ou masquer de petits défauts (pigmentation).

- Classement : il s'agit de déterminer un rapport qualité/prix pour les différentes peaux.

Mode d'apprentissage (diplômes, formation en entreprise...) : 

- École Française de Tannerie : en 1899 l'Institut de Chimie industrielle de l'Université de Lyon fonde l'École Française de Tannerie. À l'origine spécialisée dans le domaine du cuir, l'École, en collaboration avec le Centre National des Arts et Métiers, se diversifie dans la plasturgie. Elle se dote en 1969 d'un département Peintures, Encres et Adhésifs et devient l'ESCEPEA, École Supérieure du Cuir et des Peintures, Encres et Adhésifs. En 1988, l'ESCEPEA absorbe l'ESITL, héritière de l'École de Tissage, et prend le nom d'ITECH, Institut Textile et Chimique de Lyon. L'Institut Textile et Chimique de Lyon est la seule école d'ingénieurs héritière des écoles de textile, cuir et chimie fondées à Lyon depuis plus d'un siècle par les professionnels. Formations internes en entreprise pour certaines étapes de la production et notamment pour la teinture.

- Lycée technologique d'Alembert à Paris, qui forme des techniciens.

- Peau d'agneau : 80% de provenance française, notamment du sud de la France, et 20% de provenance espagnole. 

- Peau de chevreau : ces peaux sont achetées par différents gantiers, et ensuite envoyées à la mégisserie Colombier pour le traitement. 

Les problèmes d'approvisionnement ne sont pas de type quantitatif car, même s'il y a eu une baisse des abattages en France,le nombre de mégisserie a aussi diminué. Il s'agit plutôt de problèmes qualitatifs liés à une baise de la qualité des peaux.

- Produits chimiques : de tannage, de retannage, de finissage et colorants.

- Sel : pour le travail de rivière.

Toutes les machines sont encore en vente sur le marché, mais il ne reste qu'un seul producteur en France. Elles sont achetées notamment en Italie, où il y a une tradition importante de tannerie, et en Espagne.

- Peau d'agneau pour vêtement, ganterie, chaussure et maroquinerie.

- Peau de chevreau pour ganterie et vêtement.

- Peau de mouton pour chaussure, maroquinerie, articles administration et cuirs spéciaux.

L'atelier se trouve à Saint-Junien car le grand_père de Pascal et Arnaud Colombier était originaire de la région et à cette époque il y avait une demande de peaux très importantes liée au secteur de la ganterie. Ce secteur s'est aussi développé à Saint-Junien grâce à la présence de la Vienne, un cours d'eau douce essentiel pour le travail de rivière dans la production du cuir. 

L'implantation de cette entreprise en Limousin, une région peu industrialisée, pose des problèmes en ce qui concerne les transports et les services logistiques. Néanmoins cette localisation est importante pour le développement économique de la région.

La Mégisserie Colombier est une entreprise familiale, fondée en 1925. 

La formation aux différentes  phases de production est faire principalement en interne, selon les besoins de l'entreprise. Par manque de moyens, l'entreprise ne peut pas accueillir et former des apprentis qui après ne seront pas intégrés dans l'activité de production. Pour certaines étapes, et notamment pour la teinture, en raison du long apprentissage, la formation et l'embauche de personnel spécialisé s'avèrent très difficiles.

Les deux cousins, Pascal et Arnaud, souhaitent transmettre l'entreprise, quand ils partiront à la retraite. Le fils de Pascal, qui est diplômé à l'École Française de Tannerie et qui actuellement travaille dans une entreprise à Lyon, pourrait éventuellement reprendre l'activité.

La Mégisseie Colombier a été créée par Léon Colombier qui a commencé une activité de teinture à Saint-Junien dès 1925. L'entreprise a créée pour répondre à la demande des gantiers qui étaient très nombreux à Saint-Junien à cette époque. Les bâtiments actuels datent de 1952, et ont été construits sur les bords de la Vienne, dont les eaux douces sont parfaitement adaptées au travail du cuir.

Saint-Junien a toujours été une ville de tradition gantière et mégissière : en 1860, il y avait environ 13 mégisseries, pour 250 ouvriers mégissiers, et 17 ganteries, employant 1950 ouvriers gantiers. Vers les années 60, la crise du secteur de la ganterie a obligé l'entreprise Colombier à diversifier sa production et à ajouter à sa gamme la peau d'agneau et de mouton. Depuis une dizaine d'année, et parallèlement à la peau d'agneau et de mouton, la Mégisserie Colombier a développé la peau de chevreau haut de gamme pour le gant de luxe, fabrication qui place l'entreprise au rang de premier spécialiste français de cet article.

Le savoir-faire et la créativité, développés depuis 1925 et au long de trois générations de mégissiers passionnés de cuir, ont permis à l'entreprise de se situer parmi les toutes premières dans ce secteur et de continuer à progresser.

Aujourd'hui, l'entreprise est dirigée par Pascal Colombier, diplômé de l'École Française de Tannerie de Lyon (EFT 11978), et son cousin Arnaud Colombier, diplômé de l'ESCEPEA (ex EFT 1988). La clientèle de l'entreprise est surtout française (80%), néanmoins une partie importante du chiffre d'affaire est réalisé à l'export, vers l'Italie, la Chine et les États-Unis. La clientèle est très variée, du moyen de gamme au très haut de gamme.

Le métier a énormément évolué, à savoir : 

- diminution de la pénibilité du travail : de nouvelle machines ont permis d'améliorer les conditions de travail et de mécaniser certaines étapes

- réduction de la consommation d'eau : de nouvelles technologies ont permis de diminuer l'eau nécessaire pour le processus de fabrication et dépurer les eaux utilisées.

- Plaquette (en français ou en italien)

- Portes-ouvertes

- Foire / Salon

- Label Entreprise du Patrimoine Vivant

- Site internet

- Résidences d'artistes

- Agents de vente en Italie et en France

- Boutique (produits en cuir, mais pas fabriqués dans l'entreprise)

- Annuaire des industries du cuir 

- Annuaire interprofessionnel de la tannerie et de la mégisserie

- Centre technique du cuir

- Projet de création d'une Maison du cuir de Saint-Junien

Personne(s) rencontrée(s)

- Pascal Colombier, dirigeant de l'entreprise Mégisserie Colombier SA

Localisation (région, département, municipalité)

Limousin, Haute-Vienne, Saint-Junien

Adresse : 13 av. Gay Lussac
Ville : Saint-Junien
Code postal : 87200

Téléphone : 05 55 02 30 60
Adresse de courriel : colombier@cuir-colombier.fr 

Indexation : Mégisserie, peaux, tannage

Date et lieu(x) de l'enquête : 24 novembre 2008
Date de la fiche d'inventaire : 24 novembre 2008
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Francesca Cominelli et Catherine Virassamy
Nom du rédacteur de la fiche : Francesca Cominelli

Support audio : oui
Photographies : oui

N° d'inventaire Ministère Culture : 2008_67717_INV_PCI_FRANCE_00012
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2nt