La botterie (maison Sari Saumur, Joël Auber, à Saumur)

Joël Albert est bottier. Il est spécialisé dans la fabrication sur-mesure de la botte d’équitation.

Aujourd’hui on peut dire qu’il est l’un des derniers bottiers d’équitation en Europe.

Joël Albert est bottier. Il est spécialisé dans la fabrication sur-mesure de la botte d’équitation. Aujourd’hui on peut dire qu’il est l’un des derniers bottiers d’équitation en Europe. Par rapport à un bottier classique il prend en compte non seulement le pied mais aussi toute la jambe qui doit être recouverte de cuir. Vingt à quarante-cinq heures de travail sont nécessaires pour fabriquer une paire de bottes qui nécessite plus d’une centaine d’opérations.
Joël Albert emploie 4 personnes qui travaillent dans ce domaine où le confort est essentiel. À chaque fois qu’il confectionne une nouvelle paire, son expérience et son adresse sont mises au défi. De la prise de mesures jusqu’au moment où il remet la paire de bottes lustrées à celui qui les portera, son œil ne doit pas se tromper, sa main ne doit pas faillir.

- Il n’existe pas deux pieds identiques. Joël Albert commence par prendre les mensurations. Il recueille un maximum d’informations précises sur les deux pieds du client. Cette prise de mesure se compose de l’empreinte et de toutes les mesures relatives à la hauteur de la botte ou à la grosseur du genou par exemple. Le mollet est littéralement scanné. Il doit être impossible de passer un doigt entre la botte et la jambe. Les éventuelles malformations ou les déformations pathologiques sont prises en compte. En règle générale, la taille du pied d’une personne en bonne santé est constante à n’importe quel moment de la journée. Mais il peut évoluer en fonction de la température ou d’une activité sportive. Il est alors recommandé de prendre les mesures le matin. Ces données relatives au client sont inscrites sur le registre en papier. On y trouve des lignes tracés, des numérotations, des ombres… qui montrent à quel point les pieds sont propres à chaque personne. Le client choisit alors le modèle, l’empreigne et la couleur de la botte.

- Il dessine ensuite sur le papier le modèle de la botte souhaité par le client ce qui va lui permettre de réaliser le patronage. Le patron papier est ainsi préparé. Une collection de patronages aux mesures et aux références diverses est éparpillée dans l’atelier. On se sait jamais… les clients reviennent souvent et les mensurations ne changent pas d’une année à l’autre. Sauf pour ceux qui prennent beaucoup de poids ou qui font un régime. Alors il faut refaire la botte.

- Vient alors la première étape de fabrication : la confection de la tige (c’est-à-dire la partie supérieure de la botte). Il confectionne un prototype en cuir pour un premier essayage avec son client (prototype d’essayage) ce qui permet d’apporter les corrections souhaitées en fonction des mesures prises.

- La matière première (cuir de veau dit "boxcalf") est découpée. Elle est choisie par le client. Par exemple pour une botte destinée à un cavalier qui concourt aux Jeux Olympiques, la semelle sera plutôt en élastomère pour une meilleure légèreté et finesse que la botte traditionnelle. Le noir est le plus courant en matière de couleur. Il existe aussi plusieurs nuances sombres. Le brun par exemple va du marron foncé presque noir au cognac clair, en passant par les coloris plus ambrés, et la palette des bordeaux est encore plus vaste, puisqu’elle s’étend du rouge cerise au bordeaux foncé. Joël Albert propose par ailleurs diverses combinaisons de cuirs et de couleurs pour rompre avec la paire de botte classique unie (la rigueur des bottes d’officiers n’empêche pas l’alliance entre le cuir et le lin et même le jean).

- La phase suivante est l’assemblage de la tige. Les différentes parties du cuir sont assemblées entre elles pour former la tige ainsi que les revers et la doublure. Les bottes sont doublées de peau. Les éléments sont ensuite collés entre eux avec une vérification précise de la justesse de la découpe. Pour cela il suffit d’ajuster la peau en la tirant avec une pince à monter et avec un marteau à rabattre, de l’afficher à l’aide de clous pour qu’elle épouse parfaitement la forme. Quant au cambrage de la botte, il doit être bien prononcé afin de rendre la botte confortable (les industriels par exemple ne cambrent pas beaucoup les bottes parce que le temps de travail est long ; puis, il est important de maîtriser parfaitement cette particularité ce qui n’est pas évident).

- Vient ensuite l’étape du piquage. Le bottier commence par noter la position des ornements. Il pare et brûle la bordure du cuir avant de le remplier, la denteler, la perforer ou la passepoiler, afin d’ôter les restes de peau qui dépassent et de durcir les bords. Il applique ensuite des renforts sur la botte afin de ralentir les déformations dues à l’usage. Une fois les renforts et la doublure fixés, la tige montée, on s’occupe des finitions de la partie supérieure de la botte.

- Quant à la fabrication du dessous de la botte et du semellage, elle a lieu dans une autre salle de travail qui juxtapose l’atelier. On part de la prise de mesures préalable qui est la base de la confection d’une forme en bois. Celle-ci est une reproduction simplifiée du pied humain qui remplacera le pied du client lors du montage de la botte. Joël Albert utilise les formes en bois qu’il possède en stock dans son atelier et qui correspondent à différentes pointures ou largeurs de pieds. Par rapport aux mesures de son client, il choisit celle qui lui correspond parfaitement. Puis il reporte les mesures prises. Ce travail est précis parce qu’il doit suivre parfaitement l’empreinte du pied. Il peut ajouter des épaisseurs de cuir aux endroits voulus de la forme en bois en fonction des mensurations du client par exemple. C’est la méthode par adjonction qui consiste à corriger les endroits essentiels où le bottier doit apporter des modifications sur le contour du pied ou les éminences par exemple. Puis c’est l’assemblage par la découpe des parties du dessous de la botte (première, semelle, trépointe, sous-bouts et bon-bouts). Il les ajuste à la forme en bois. Il fait une incision dans le cuir avec un tranchet afin d’indiquer le futur emplacement de la couture de semelle : après diverses opérations de montage qui nécessitent une dextérité parfaite de la main, la tige de la botte sera finalement montée sur la forme en bois.

- Puis c’est le semellage qui peut se faire en caoutchouc, en cuir (en fonction de la demande du client). Avant la pose du talon, il est nécessaire d’aplanir la semelle. Puis c’est le polissage avec les finitions nécessaires au modèle telles que l’ornementation de la semelle et la lisse du talon. Quant à la déforme, Joël Albert retire la forme en bois à l’aide d’un tire pied et d’un crochet pour laisser apparaître la botte. Celle-ci est lustrée et les lacets sont passés si nécessaires.

- La botte est alors plate. Il faut lui donner la forme du galbe de la jambe. Intervient alors la fabrication de l’embauchoir. C’est la reproduction exacte en bois de la jambe du client. Il est fabriqué uniquement sur demande et coûte 710 euros. Dans son atelier de menuiserie, Joël Albert fabrique 50 paires d’embauchoirs par an. Il découpe une bûche de hêtre qu’il dégrossie à l’aide de la scie à ruban et la place sur un tour à copier la silhouette du pied. Il réalise alors une réplique exacte de la jambe de son client. Puis la dernière particularité de l’atelier est le trempage des bottes dans l’eau pendant une journée afin d’assouplir le cuir, pour la mise sur embauchoir.

L’une des principales difficultés de son métier est l’approvisionnement en cuir. Joël Albert ne négocie pas la matière première parce que l’élégance et la durée de vie d’une botte dépendent de la qualité des différents matériaux dans lesquels elle va être réalisée. C’est pourquoi il accorde une grande importance au choix des peaux. Il s’approvisionne en cuir de veau auprès des tanneries françaises qui fournissent Hermès et la maroquinerie de très haut de gamme.
Toutefois c’est avec effarement qu’il assiste depuis quelques années à une descente vertigineuse de la qualité du cuir en provenance des tanneries françaises. Celles-ci l’expliquent par la qualité des élevages. De nos jours les élevages sont destinés à l’alimentation (la peau est la partie pauvre de l’animal) ; les veaux ne sont plus élevés par petits groupes. Alors la peau de la bête reçoit plus facilement des coups de clôtures lors des pâturages. Ou alors le veau n’arrive pas à maturité ; la fibre de la peau n’est donc pas suffisamment ferme.
Par ailleurs Joël Albert s’approvisionne en petite quantité par rapport aux grandes maisons de luxe. Alors les tanneries françaises privilégient ces dernières dans le choix des cuirs. Il ne restera plus suffisamment de peaux de très haute qualité pour les petites structures.
Selon lui, ce problème d’élevage va poser des contraintes dans la profession. Le temps pour travailler la peau sera plus long. Le prix de vente augmentera. La qualité sera malheureusement moindre (à défaut de la matière première adéquate).

Joël Albert travaille avec un outillage main dont il ignore l’âge. Son principal outil est la forme en bois qui permet de reproduire le pied de son client.
Il découpe avec un tranchet ou à la machine, les différentes parties de cuir qui seront assemblées entre elles pour former la tige de la botte. Il ajuste la peau en la tirant avec une pince à monter et un marteau à battre. Pour la déforme il retire la forme en bois à l’aide d’un tire pied et d’un crochet. Il coud avec des alênes à la main.

Le travail est manuel. On trouve quelques machines à coudre qui permettent d’assembler les cuirs. La coupe du semellage en cuir et en caoutchouc se fait à l’aide d’une machine à presse ; son intervention permet d’accélérer le processus de la coupe. Elle complète la dextérité de la main et ne dégrade en rien la qualité du produit. Joël Albert a fabriqué une ancienne machine à galber le cuir introuvable sur le marché. L’investissement de départ pour l’acquisition des machines n’a pas été contraignant pour l’atelier puisqu’elles ont été récupérées de l’industrie depuis plus de vingt ans. Elles ont ensuite été adaptées aux besoins de production.

Une clientèle sur-mesure vient chercher encore plus qu’un objet bien pensé et bien fait. Les bottes doivent être enfilées sans même s’en rendre compte. Il faut déceler ce que le client attend pour qu’il soit bien dans ses bottes. Joël Albert a modernisé sa création en réalisant des bottes adaptées à l'équitation sportive d'aujourd'hui tout en conservant le savoir-faire très particulier de la botte à Saumur. Il propose une gamme aussi bien traditionnelle que moderne.

- Le monde équestre est restreint selon lui mais il offre des produits diversifiés pouvant aller du simple loisir à l’équitation de compétition. Ce sont des produits haut de gamme. Il chausse l’élite des cavaliers. Il confectionne les fameuses bottes noires des écuyers et officiers du Cadre Noir. Il insiste sur le fait que tous les clients ne sont pas que des cavaliers fortunés. Certains passionnés du cheval paient parfois en dix fois. Il intervient également auprès des chasseurs ou de particuliers. Il y a 20 ans les clients étaient principalement des hommes d’affaires de la haute bourgeoisie. Aujourd’hui, il a un public plus jeune qui vient de la bourse, la pub, l’économie, etc.

- Certaines personnes veulent du sur-mesure parce qu’elles rencontrent des problèmes de pointures. En règle générale, les pieds sont torturés par notre monde civilisé avec nos déplacements en voiture ou le travail au bureau par exemple. Mais surtout en raison de la mauvaise qualité des chaussures bien souvent inconfortables.

- Parfois Joël Albert rencontre des clients qui désirent se différencier des autres et exprimer leur individualité. Ils veulent choisir la forme, le modèle, les combinaisons de cuir, la couleur, la densité de la semelle, le talon et les ornements. Alors Joël Albert dévie un peu de l’équitation en proposant une collection de prêt à porter et de demi-mesure (bottes, bottines, chaussures de ville).
Les produits réalisés sont abordables par rapport à ceux qui se trouvent dans le haut de gamme. Et, pour le rendre plus accessible, Joël Albert s’est rapproché d’un industriel pour développer de nouveaux modèles. Il allie son savoir-faire traditionnel avec le savoir-faire industriel de la société Paraboot ce qui permet de faire baisser les coûts de production pour la clientèle de loisir. Ainsi il dessine toutes les bottes à l’unité et elles sont fabriquées en petite série par la société. Les industries haut de gamme fabriquent les bottes selon les mêmes étapes de fabrication que dans l’atelier sauf qu’ils auront plus de machines et de personnes sur chaque poste de travail. Il s’agit de prendre en compte chez Joël Albert la dimension humaine qui intervient dans la fabrication des bottes et la qualité durable de ses produits. La politique tarifaire est accessible compte tenu des coûts liés à la fabrication et au temps de travail. Une tarification honnête pour un travail de qualité : les bottes d’équitation sur mesure valent entre 1000 et 4000 euros. Et celles du prêt à porter valent entre 800 et 1000 euros. Par ailleurs l’activité de la réparation des bottes est importante au sein de l’atelier. Certains clients ont du mal à se séparer de leurs bottes qui deviennent des objets sentimentaux et fétichistes ; alors il les envoie en réparation. Il peut y avoir des coutures qui s’usent par exemple. Ou le contact du cuir avec la sueur du cheval qui abîme la matière, un changement de fermeture arrière, une création d’une nouvelle fermeture, une réalisation d’une pièce face interne de la botte, un talon usé, une semelle, etc. Un poste de travail géré par Brigitte son ouvrière, est entièrement dédiée à cette activité.

La ville de Saumur est reconnue pour son activité équestre. À la fin du XVIe siècle, le roi Henri IV permis à son ami Duplessis-Mornay de fonder une université protestante et une académie équestre à Saumur. Puis c’est l’installation du corps royal des carabiniers au XVIIIe siècle, l’arrivée de l’école de cavalerie au XIXe siècle (qui formera notamment le Cadre Noir), la création de l’Institut Français du Cheval et de l’Équitation en 1972. Aujourd’hui la tradition équestre de Saumur perdure encore ; elle s’inscrit dans l’économie locale puisque le cheval est présent dans de nombreux secteurs tels que le tourisme, le commerce ou l'artisanat1.
L’atelier de Joël Albert s’inscrit dans cette tradition équestre puisqu’il se situe à la Place Sénatorerie à Saumur. Joël Albert est l’un des seuls bottiers en Europe à se spécialiser dans la botte d’équitation. Il est situé au bon endroit ce qui lui a permis de conforter sa réputation qui dépasse aujourd’hui les frontières françaises. Il expédie le sur-mesure partout en France avec une clientèle de professionnels de l’équitation (cavaliers). Son atelier s’est élargi il y a 2 ans avec la construction d’une mezzanine pour y installer son bureau. Dans la première salle de l’atelier, Brigitte travaille les réparations. Un poste de travail concerne les prises de mesure et l’assemblage par couture des éléments constitutifs de la botte. Dans la deuxième salle, on y travaille le semellage et la fabrication de la tige de la botte. Quant aux embauchoirs qui vont donner le galbe de la botte ils sont réalisés dans son atelier de menuiserie. Dans sa boutique à l’entrée de son atelier, on peut admirer les bottes rouges à lacets en vogue chez les motards et aviateurs de l’entre-deux-guerres. Il y aussi les bottes de polo avec fermeture à l’avant en cas de fracture, différents modèles de bottines anglaises, des richelieus, etc.

1 www.ville-saumur.fr/fr/habitersaumur/capitale-equestre/index.html

Andréas est son apprenti. Il travaille par alternance. Il a arrêté ses études en seconde pour se consacrer à la botte d’équitation. Non parce qu’il n’était pas capable de continuer ses études. Bien au contraire il souhaite poursuivre sa passion pour l’équitation. Il reprendra peut-être par la suite l’activité de son maître. En tout cas, il est formé dans cet esprit de relève.
Alors qu’il revenait d’un concours d’équitation à Chantilly, Joël Albert s’est arrêté sur une aile d’autoroute pour déjeuner avec un ami cavalier qu’il a aperçu par hasard sur sa route. Andréas y était. Ils ont discuté. Aujourd’hui tous les deux souhaitent aller le plus loin possible dans la formation. Ensuite la vie suivra son cours. Dans 10 ans Joël Albert souhaite prendre sa retraite. Mais qui reprendra ? De nos jours l’inquiétude selon lui est la formation. Il n’y a plus de formations adéquates. Les jeunes ne seraient pas suffisamment sensibilisés aux métiers manuels. Ils ne comprennent pas que le métier de bottier est bien souvent contraignant parce que physique et répétitif. Puis les métiers manuels sont souvent dévalorisés dans notre société actuelle qui tend davantage vers une industrialisation. Joël Albert a du mal à former les jeunes. Il doit batailler afin de monter des dossiers administratifs pour obtenir les aides à la formation professionnelle. Parfois il se sent obligé de justifier la qualité de son travail déjà établie pour obtenir les aides souhaitées. Selon lui, il faudrait davantage faire confiance aux artisans et les aider au cas par cas afin qu’ils puissent perpétuer un savoir-faire qui fait la renommée du patrimoine français.
Lorsqu’il a accueilli il y a 4 ans Brigitte, celle-ci ne connaissait rien au métier de bottier. Il a réussi à obtenir les aides pour la former et aujourd’hui elle a sa place dans l’entreprise. Actuellement il se trouve dans une situation où sa deuxième ouvrière souhaite quitter l’atelier pour retourner vivre dans sa région d’origine après 20 années de service. Recruter un jeune débutant prendrait trop de temps à former. Un coût qui se répercutera sur son chiffre d’affaires : le temps qu’il passera à le former est celui qu’il aurait pu consacrer à la production. Toutefois il a réussi à "dénicher" une personne apte à remplacer cette ouvrière. Mais il faut compléter sa formation ; il souhaite pour cela bénéficier d’une aide à la formation sans devoir batailler administrativement pour obtenir les fonds nécessaires.

VASS Laszlo ; MOLNAR Magda, 1999. La chaussure pour homme faite main, Könemann.

Des peintures rupestres espagnoles datant de la période comprise entre 15 000 et 12 000 ans avant notre ère attestent que très tôt l’homme a ressenti le besoin de protéger ses pieds contre les intempéries. Les formes de la chaussure primitive s’apparentaient à une simple enveloppe de peau de bête, ou à une sandale rudimentaire en raphia, en feuilles de palmier ou en bois. Mais ce besoin de protection ne tarda pas à susciter l’envie de se servir de la chaussure pour afficher sa personnalité. Plus la notoriété d’un homme était grande, plus ses chaussures étaient décorées et originales. L’appartenance à un groupe social se manifestait souvent par telle ou telle forme (type de chaussure et ornements bien précis). C’est ainsi qu’apparurent les balbutiements de la mode.
On ne sait pas exactement quand la fabrication des chaussures est devenue un véritable artisanat, mais il y 4000 ans en Égypte, ce métier jouissait d’une certaine considération. Dans l’Égypte ancienne, le port de sandales argentées ou ornées de pierres était l’apanage des grands prêtres et des souverains, un privilégié associé à une importante fonction à la cour du pharaon. Dès la première dynastie (2850-2660 av. J.-C.), un homme surveillait les précieuses sandales des dignitaires dans les lieux saints où l’on pénétrait que nu-pieds. À l’occasion de certaines cérémonies, il suivait leur propriétaire en les portant sur un coussin ; cette fonction perdurera jusqu’aux temps modernes.

Les procédés et les subtilités de cet artisanat se sont ensuite affinés au cours des siècles, car jusqu’à la fin du XIXe siècle, jusqu’à la généralisation de la production industrielle de chaussures, les gens portaient des chaussures ou des bottes faites main. Les différentes étapes que comporte ce processus de fabrication d’une paire de chaussure sont aujourd’hui les mêmes qu’il y a 100 ou 200 ans. Les travaux préparatoires font en revanche l’objet d’une certaine spécialisation, le travail étant divisé entre divers spécialistes.
Le métier regroupe quatre spécialités en une : le formier, le patronnier, le tigiste ou piqueur de tige, le monteur (chaussure homme ou femme). Le nom de "bottier" a été définitivement adopté pour désigner le maître artisan confectionnant, à la main et sur mesure, des bottes et des chaussures de luxe, principalement pour homme. Il peut fabriquer la chaussure entièrement ou une étape spécifique de sa réalisation. La profession est d’ailleurs régie par la loi du 14 Mai 1948 qui stipule dans l’article 3 "l’appellation bottier est exclusivement réservée à ceux dont l’activité principale est de confectionner et de vendre des chaussures sur mesure"2.

2 Fiche SEMA "Bottier main", avril 2006 - CU.4, © Centre de ressources Sema, ISSN 1763-6892

En 1977, Joël Albert fils de cordonnier choletais et originaire du Maine et Loire, part à Paris pour y apprendre la fabrication de la chaussure orthopédique. Puis il passe 10 années sur les routes de France et d’Europe grâce à son tour de France auprès des Compagnons du Devoir. En 1987 il arrive à Saumur (capitale de l’équitation) pour se spécialiser dans la botte d’équitation chez un ancien militaire et dernier bottier équestre qui le prend comme ouvrier. Deux ans plus tard il reprend l’activité de son patron alors parti à la retraite. À quatre reprises il a failli arrêter. Puis il a réadapté la fabrication à l’équitation sportive et de loisirs. Aujourd’hui il fête fièrement ses vingt-ans de métier toujours avec passion.

- Site internet

- Boutique

- Foire / Salon

- Label Entreprise du Patrimoine Vivant

- Réseau de professionnels

- Concours d'équitation

Joël Albert apparaît commercialement sur les principales compétitions équestres. Lors de concours internationaux ou nationaux, il expose quelques modèles de bottes sur un stand. Il prend les mensurations des clients intéressés.
Il vend par l’intermédiaire de son site internet www.joelalbert.com créé depuis 5 ans qu’il juge indispensable pour sensibiliser le grand public sur les métiers manuels et pour accroître sa clientèle. Il vient une fois par mois à Paris à la rencontre de ses clients parisiens. Le bouche à oreille fonctionne très bien.
Il participe au salon du cheval de Lyon et de Bordeaux (www.salon-cheval.com). Il évoque le fait que les aides financières pour les salons ne concernent que les groupes de personnes qui exposent les mêmes produits. Pourtant certains métiers rares devraient bénéficier d’une aide financière qui doit être attribuée au cas par cas (car le coût des stands est très cher). Joël Albert n’est pas intéressé par une participation à des salons français ou étrangers qui ne concerne pas le monde de l’équitation. Outre l’importance des frais de commercialisation, il n’est surtout pas équipé pour répondre à une forte demande étrangère. Il se satisfait de sa réputation déjà établie même auprès de particuliers étrangers. Parfois certains tours opérateurs de la région le contactent afin que les touristes curieux puissent découvrir son métier ; ces portes ouvertes lui permettent de rencontrer des clients potentiels.
Par ailleurs dans sa boutique, il valorise les artisans qui ont un goût pour l’équitation. Il expose dans sa vitrine quelques œuvres en bronze qu’il juge exceptionnelle représentant des chevaux par exemple ou des peintures relatives à l’équitation.

L’entreprise est inscrite sur l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel du Ministère de la Culture. Elle a été labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant en 2006. Joël Albert était expert pendant deux années pour le prix professionnel régional de la SEMA.

- Centre de ressources de l’Institut National des Métiers d’Art (INMA) 23, avenue Daumesnil – 75012 Paris. Tél. : 01 55 78 85 85. info@eurosema.com

Ouvrages

- VASS Laszlo ; MOLNAR Magda, 1999. La chaussure pour homme faite main,  Könemann.

Articles

- HUERTA Tania ; GUGGENHEIM Hélène. "La Grande Écurie, scène pour l'art équestre",in Métiers d'art, n° 236, 01/11/2007 : 42-45.

- HUERTA Tania ; GUGGENHEIM Hélène. "Des chevaux et des hommes", in Métiers d'art, n° 236, 01/11/2007 : 46-57.

- GUIMARD Emmanuel, "Joël Albert chausse l’élite des cavaliers", in Les Échos, 18-19 juillet 2003.

La pratique de la quête chantée a existé dans toute la Haute‐Bretagne, mais de façon plus intense dans certaines régions que dans d’autres.
Comme beaucoup de pratiques traditionnelles, la pratique du chant de quête a tendu à disparaître peu à peu tout au long du vingtième siècle.
Dans beaucoup de régions, elle a complètement disparu avant ou juste après la seconde guerre mondiale. Dans d’autres régions, elle s’est maintenue dans certains hameaux seulement. Dans d’autres régions enfin, elle s’est maintenue de façon beaucoup plus générale jusqu’aux années 1960 à 1980, voire jusqu’à aujourd’hui, notamment dans la moitié nord de la Haute‐Bretagne, dans un vaste rectangle reliant Saint‐Brieuc, Loudéac, Rennes et Cancale.
Bien que la pratique ait pratiquement disparu depuis 1980, on constate qu’une certaine transmission continue de se faire néanmoins de façon plus ou moins souterraine : elle resurgit périodiquement ici ou là, au gré des dynamiques locales, s’éteint parfois pendant une dizaine d’années dans une commune donnée avant de repartir, portée par une nouvelle génération de jeunes qui ont entendu parler de la pratique et qui vont s’enquérir s’il le faut près des plus anciens de la chanson complète s’ils ne la connaissent pas. Ces résurgences périodiques et dispersées de la pratique peuvent aussi être le fait parfois de personnes plus âgées, qui ont connu cette pratique dans leur jeunesse, et qui décident de la relancer. À côté de ces résurgences spontanées existent aussi des relances de cette pratique organisées ou suscitées par l’action des associations de collectage et de valorisation du patrimoine oral.
On peut notamment citer l’association La Bouèze. Ayant recueilli près des porteurs de tradition ces fameux chants de quête et les témoignages qui les accompagnent, certains collecteurs, dans les années 1980, 1990, et jusqu’à aujourd’hui, décident de relancer ces pratiques, avec la participation des porteurs de traditions enregistrés dans un premier temps, mais également sans eux lorsque ceux‐ci viennent à disparaître.
Il est évidemment très difficile de quantifier le phénomène et de dénombrer les groupes de chanteurs ayant encore une pratique de la quête chantée car la plupart d’entre eux le font dans un cadre privé. On peut néanmoins repérer actuellement une dizaine de groupes de chanteurs pratiquant ou ayant pratiqué récemment une ou des quêtes chantées, la majorité dans la zone géographique citée ci‐dessus et où la pratique s’est maintenue le plus longtemps.

3 Fiche SEMA "Bottier main", avril 2006 - CU.4, © Centre de ressources Sema, ISSN 1763-6892

Personne(s) rencontrée(s)

Joël Albert, dirigeant de l’entreprise SARL Saumur Botterie

Localisation (région, département, municipalité)

Pays de la Loire, Maine et Loire, Saumur

Adresse : 7, place de la Sénatorerie
Ville : Saumur
Code postal : 49400
Téléphone : 02 41 38 33 00
Adresse de courriel : contact@joelalbert.com
Site Web

Dates et lieu(x) de l’enquête : 18 mai 2010, Saumur, Maine et Loire
Date de la fiche d’inventaire : 01 juin 2010
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Lamia Gabriel
Nom du rédacteur de la fiche : Lamia Gabriel
Nom du photographe : Joël Albert © Photo Christophe Petiteau - Montevideo

N° d'inventaire Ministère Culture :  2010_67717_INV_PCI_FRANCE_00120
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2zp

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Botterie_d'equitation

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