Bernard Delaval est artisan dans le domaine de la dorure sur bois.
Dans son atelier de 100m² à Chapaize, Bernard Delaval, doreur sur bois, conserve et restaure les objets que lui confient musées et Monuments Historiques.
Dans son atelier de 100m² à Chapaize, Bernard Delaval, doreur sur bois, conserve et restaure les objets que lui confient musées et Monuments Historiques. On y trouve principalement miroirs, sculptures, cadres en mauvais état de restauration aux bronzes qui s’oxydent ou aux pièces d’ornementations manquantes...
Bernard Delaval possède une collection de près de 500 dossiers rédigés au sujet des objets qui lui ont été confiés. Toutes les étapes de son intervention sont expliquées de façon détaillée et illustrée. Il raconte l’histoire de l’objet. Ces dossiers permettent la traçabilité des travaux de restauration ou de conservation et sont accompagnés de fiches techniques et déontologiques qui indiquent les choix de restauration. Bernard Delaval se replonge souvent dans ses archives lorsqu’il procède à de nouvelles interventions ou pour contempler ses 40 années de pratique. Les techniques du métier varient selon les époques et les œuvres. Ce sont les décors qui caractérisent les époques. Bernard Delaval fait des recherches sur les objets qu’il restaure ou conserve allant des époques du XVIIe au XIXe siècle. Ces époques étaient exigeantes dans le style de décoration puisque chaque roi imposait son style; il fallait donc suivre la tendance. Le style de Louis XIV est simple dans le dessin avec une reproduction de la nature et des feuilles qui suivent les volutes par exemple ; le style Louis XVI apporte davantage de feuillages et de fleurs.
La dorure sur bois est une succession de métiers qu’il est nécessaire de maîtriser pour valoriser sa pratique :
- la menuiserie-ébénisterie (avec des variantes suivant les époques)
- la sculpture (il faut compléter les altérations des bois sculptés qui se sont dégradées)
- le modelage qui a remplacé la sculpture à la fin du XVIIIe siècle jusqu'au début du XXe siècle (apprentissage de la matrice pour fabriquer un moule)
- la reparure (gravure des détails dans l’apprêt qui varie suivant les styles)
- et la dorure proprement dite à la feuille d’or et à la détrempe (ou à la mixtion au XIXe siècle)
Lors de son intervention Bernard Delaval commence tout d’abord par retirer de l’œuvre les mauvaises restaurations antérieures puis il reconsolide l’ensemble et fabrique les éléments manquants afin de redonner l’esprit de l’époque qui affecte l’objet. Il comble ainsi les lacunes ou les absences d’ornementations. Avant la pose de la feuille d’or, il pratique le dégraissage, l’encollage et complète les apprêts en appliquant 12 couches de craie et de colle de peau de lapin.
Ensuite les ornementations sont fabriquées par moulage à partir d’une matrice puis modelées et ciselées afin de procéder à la dorure et à la patine. Lorsque la feuille d’or est posée sur l’objet, elle est extrêmement fragile. Un simple toucher ou un coup de souffle peut la faire disparaitre. La pierre d’agate permet d’incruster l’or dans l’objet et de lui donner tout son éclat. L’or est ensuite retravaillé afin d’adoucir son aspect pour retrouver la patine et la teinte d’origine.
Le métier de doreur comporte plusieurs étapes de travail:
- La préparation du bois. On procède à un dégraissage du bois qui favorise l’accroche des apprêts. Cette opération est réalisée à chaud par imprégnation d’acide acétique et de colle de peau.
- L’encollage du bois. Il s’agit de recouvrir le bois d’une préparation de colle de peau qui est légèrement teintée de craie appelée "blanc de Meudon". Cette craie est sous forme de poudre obtenue par broyage. Mélangée à la colle de peau de lapin et à de l’eau, elle devient liquide et s’étale facilement sur le support. L’encollage permet au doreur de repérer les manques et de bien accrocher l’apprêt.
- La mise en apprêt : 8 à 12 couches d’apprêt sont passées à chaud, pochées puis tirées et enfin lissées. Ce support permettra à la feuille de "s’incruster" dans le bois.
- La reparure (après ponçage ou adoucissage) permet de travailler la ciselure de la préparation qui recouvre le bois pour imiter l’orfèvrerie très affutée et aiguisée. Cette opération permet de faire ressortir tous les détails engorgés pendant l’étape de la mise en apprêt. Il s’agit de graver les détails des styles de décoration dans l’épaisseur du blanc à l’aide des fers à réparer.
- L'assiette à dorer (ou bolus) est la terre d’argile de couleur rouge indispensable pour l’étape du brunissage et de l’application des feuilles d’or.
- Le brunissage permet de polir la feuille d’or et de faire ressortir les ombres et lumières par un jeu de mats et brillants.
- La dorure est souvent confiée à des mains féminines compte tenu de la délicatesse nécessaire à la pose des feuilles d’or.
- L’adoucissage nuance l’or en fonction de la restauration. On fait ainsi passer l’or ancien avec l’or neuf. L’œil ne sera pas heurté par les reprises mais un regard attentif pourra cependant déceler les parties restaurées.
Les matériaux utilisés par l’entreprise sont choisis avec exigence. Ils sont de très haute qualité pour une intervention dans le respect de l’œuvre confié. Il s’agit de matériaux tels que l’or, le carbonate de calcium, la terre d’Arménie, les colles de peau, les pigments naturels, les résines synthétiques, etc.
Les matériaux se raréfient avec la disparition des fabricants. Il est désormais difficile de s’approvisionner sur le marché français et étranger. Pourtant ces matériaux d’origine devraient continuer à exister pour assurer la continuité du métier. Cette disparition conduit à la disparition d’une multitude de savoir-faire.
- La colle de peau de lapin n’existe plus en France puisque les fabricants ont disparu. Certaines colles à l’étranger n’ont pas la même efficacité et ne permettent pas d’obtenir le rendu final d’origine. Bernard Delaval achète de la colle de peau en grain sans connaître les formulations et les composants.
- La terre d’Arménie n’existe pratiquement plus en France. Elle est utilisée dans la dorure après le travail de reparure. Bernard Delaval a eu la rare opportunité de s’approvisionner en stock de 30 kilos de terre d’Arménie ce qui lui permet encore aujourd’hui de pratiquer son savoir-faire par la technique du bol d’Arménie. Cette technique est difficile à préparer et à poser ce qui conduit les fabricants industriels à rajouter des produits de synthèse pour accélérer la préparation de cette terre. Bénéfique pour les grandes entreprises industrielles, cette accélération a fait disparaître le matériau de terre rouge originel. Le savoir-faire n’aura plus le même aspect final lors de la restauration de l’œuvre.
- L’or n’est fabriqué que par un seul batteur d’or en France: l’entreprise Dauvet. Il est soumis à la concurrence étrangère de moindre qualité (l’or étranger étant faiblement titré avec un pourcentage de cuivre plus élevé). Un matériau or faiblement dosé est plus accessible en termes de prix mais ne peut être travaillé sur des œuvres du XVIIe ou du XVIIIe siècle puisque les nuances des couleurs ne sont pas les mêmes. De plus il sera moins stable et risque de s’oxyder.
- Le palladium a été découvert au XIXe siècle. Pour la réalisation de l’or blanc, le palladium remplace l’argent du XVIIe siècle qui s’oxydait vite avec le temps par son faible alliage d’or. L’argent prenait le dessus et noircissait rapidement d’où le choix du palladium. Bernard Delaval restaure les objets en or blanc au palladium pour une parfaite stabilité dans le temps.
De nos jours, certains matériaux composites apportent une évolution contemporaine au métier de doreur sur bois. Ce sont les résines synthétiques modernes qui conservent le maximum de l’œuvre sans dégrader les parties anciennes. Avant l’existence de ces matériaux, le doreur qui complétait les ornementations manquantes collait une pièce en supprimant la surface vermoulue dégradé. Il fallait dégrader la partie ancienne en entaillant jusqu’à trouver une partie saine de l’œuvre qui permettait de faire une enture et de coller cette partie à la pièce manquante. Aujourd’hui les matériaux composites permettent de tenir compte des exigences de conservation des œuvres. La résine s’adapte sur la surface vermoulue traitée avec des durcisseurs ; une simple lame de rasoir permet de sculpter le matériau sans taper l’objet qui risque alors de se dégrader. De plus cette technique favorise la lisibilité de la restauration et une éventuelle réversibilité.
Bernard Delaval possède un outillage divers éparpillé de-ci delà dans son atelier. Cet outillage lui permet d’exercer son métier avec la plus grande dextérité. Il s’agit de couteaux à dorer, de palettes, de pinceaux en poils naturels (poils de blaireau, de soie de porc, de petit gris, de martre), de coussins à dorer, de pierre d’agate, de gouges de sculpteurs, de rabots, d’outils de ciseleurs, de ciseaux à bois, de fers à reparer, de mouilleux, etc.
- L’agate est une pierre en quartz calcédoine poli et fixé au bout d’un manche en bois par une virole métallique. Elle est utilisée pour brunir l’or après son application en feuilles sur les apprêts. Si la pierre d’agate se raye, il s’agira de la polir pour ne pas laisser des traces sur les brunis.
- La palette à dorer est composée d’une rangée de poils de martre disposée à plat et pincée dans une feuille de carton; elle permet de transporter la feuille d'or du coussin à la partie à dorer.
- Le coussin se compose d'une planchette rectangulaire garnie de ouate sur laquelle est tendue une peau de veau dégraissée et tannée. Un anneau de cuir est placé sous la planchette pour permettre au pouce de tenir le coussin. Celui-ci est divisé en deux surfaces avec d’une part la partie entourée d’un parchemin rigide replié sur lui-même permettant d’entreposer l'or et d’autre part la partie qui permet de tendre, couper et saisir les feuilles.
- Les brosses sont des pinceaux ronds aux poils en soie de porc dont la rigidité permet de coucher les apprêts. Elles sont composées de viroles en ficelle et d’un manche en bois. La rigidité des poils permet de déposer facilement les apprêts de craie.
- Les mouilleux sont des pinceaux pointus en poils de petit gris. Le manche est en bois et les viroles sont en ficelle. Ils permettent de mouiller l’assiette avant la dépose de la feuille d’or c’est la technique de la détrempe.
- L'appuyeux est un pinceau très doux et souple en petit gris destiné à appuyer sur la feuille d'or qui peut être retenue par une bulle d'air ou d'eau qui l'empêcherait d'adhérer sur les fonds.
- Le chien est un pinceau aux poils de sanglier, très durs et raides. Il égraine et lisse en même temps la surface de l'assiette qui prend alors une coloration plus profonde et brillante.
- Le couteau à dorer permet de couper les feuilles d’or grâce à sa lame droite et longue. Celle-ci est lisse et sans rayure pour permettre une coupe parfaite. A l’aide de l’aplat de la lame, ce couteau permet également de transporter les feuilles d’or du fond à l'avant du coussin. La feuille d’or posée sur la partie avant du coussin est jonflée c’est-à-dire aplatie en soufflant dessus puis coupée avec le couteau aux dimensions désirées.
- Les fers à reparer sont utilisés pour la reparure. Ils ont été fabriqués par Bernard Delaval après avoir acheté un outil de principe qui a ensuite été modelé en fonction de ses besoins. Les parties raclantes de ces fers sont de différentes largeurs avec des profils très variés. Ces fers se composent d’une tige d’acier recourbée, profilée et affûtée avec un manche en bois. Ces fers sont tirés vers soi pour graver les apprêts et permettent de remodeler et d’affiner la sculpture dans les moindres détails.
De nos jours, la plupart de ces outils sont difficiles à trouver. L’entreprise Dauvet tente de fournir les professionnels après la disparition des magasins spécialisés parisiens. Bernard Delaval explique l’évolution du marché après le choc pétrolier. À ses débuts, il fabriquait plus de 20 cadres par mois qu’il vendait très facilement. Aujourd’hui, les mentalités ont évolué et les perspectives de consommation ont changé. Les consommateurs aux revenus élevés ou moyens préfèrent orienter leurs choix de consommation dans les loisirs ou l’informatique par exemple. Selon Bernard Delaval, l’achat d’un cadre ou d’un miroir à un prix élevé ne concerne plus que quelques amateurs éclairés. Des objets de moindre qualité se trouvent facilement sur le marché à un prix compétitif. Noyé dans une société de surconsommation où les jeunes ne sont pas sensibilisés au métier, celui-ci disparaît progressivement faisant ainsi disparaître les artisans concernés ainsi que les outils et matériaux utiles au métier.
Bernard Delaval ne possède pas de machines. Il travaille avec un outillage de dorure sur bois.
Bernard Delaval intervient sur divers objets de bois dont le champ de restauration et de conservation est très vaste (XVIIe au XIXe siècle). La fabrication du bois doré a d’ailleurs été prolifique jusqu’au XIXe siècle: mobiliers (tables, chaises, fauteuils, consoles), mobilier utilitaire (baromètres et horloges, miroirs, luminaires, lustres), objets religieux (retables, statuaires, orgues) et encadrement. Il a par ailleurs fabriqué beaucoup de cadres et de sculptures dans les années 1985-1990.
C’est à l’âge de 22 ans que Bernard Delaval s’installe à son compte à Dijon en 1971. Il est le premier doreur sur bois à s’implanter dans la région depuis le XIXe siècle. Après dix années de pratique, il décide à 32 ans de quitter son atelier et le confie à ses quatre salariés après les avoir formés. Par choix de vie, il achète en Bourgogne une ancienne tuilerie du XVIIIe siècle laissée à l’abandon depuis plus de 75 années à Chapaize. Il aménage les lieux pour exercer son métier de doreur sur bois proche de la nature et de la campagne. La Bourgogne recense d’ailleurs 120 ateliers d’art sur 25 à 30 km laissant le soin de s’imaginer les raisons qui poussent ces artistes et artisans à choisir ce lieu d’implantation; peut-être la proximité de la région avec les axes commerciaux principaux (Paris, Mulhouse, Genève, Marseille, etc.) ou le côté paysagiste et historique des lieux… Bernard Delaval est accompagné de son épouse Solange Delaval qui pose la feuille d’or sur les objets.
Bernard Delaval explique la disparition progressive du métier de doreur sur bois. Selon lui, les générations actuelles rencontrent des difficultés pour apprendre ce métier. Il est demandé aux jeunes de maîtriser parfaitement les compétences intellectuelles au détriment de l’intelligence de la main. Bernard Delaval explique que l’apprentissage de ce métier lui a été plus facile parce qu’il a appris les techniques sur le tas auprès de son maître qui a tout de suite repéré ses compétences manuelles et l’a incité à s’installer rapidement à son compte. Pourtant son fils Benoît Delaval n’a pas pu devenir doreur sur bois comme son père.
Aujourd’hui dans ce métier, il ne suffit plus de transmettre le savoir-faire de père en fils. Le doreur sur bois accède au marché du travail à condition d’obtenir une habilitation à restaurer les œuvres des Musées de France. La clientèle de particuliers se raréfie dans ce métier compte tenu des changements des perspectives de consommation. Bernard Delaval explique que son fils, après un bac en Histoire de l’Art et malgré des talents manuels avérées en dessin, sculpture, modelage et couleur, n’a pas été sélectionné au regard de ces connaissances intellectuelles jugées insuffisamment brillantes en chimie et anglais pour intégrer les écoles du patrimoine agrées qui privilégient l’intellect à la main. Et pourtant cette exigence intellectuelle ne suffit pas selon Bernard Delaval à reprendre les œuvres confiés dans les ateliers. Pour relancer le métier de doreur sur bois, Bernard Delaval pense qu’il faut le faire connaître auprès du grand public et redonner l’envie aux jeunes de l’exercer. Il faut former les jeunes sur une période de longue durée et redonner la noblesse du métier manuel pour leur permettre d’accéder plus facilement au marché du travail ; l’intelligence de la main va de pair avec les connaissances intellectuelles artistiques qui ne s’acquièrent pas seulement dans les livres. La pratique de l’atelier développe une sensibilité qui favorise la compréhension des œuvres.
L’histoire du métier remonte à l’époque des égyptiens qui savaient battre la feuille d’or avec la frappe de l’or pour orner les chapiteaux. Sur les sarcophages on retrouve dorures et apprêts identiques à ceux réalisés aujourd’hui. Ils savaient marteler l’or sur la sculpture et le transformer jusqu’à une échelle de 1/10 millième.
L’or est intimement lié aux œuvres liturgiques recouvrant les divinités mayas, égyptiennes ou reflétant les rayons du soleil sur les coupoles des églises orthodoxes. L’histoire du bois doré est née en France au XVIIe siècle avec les rois, princes et bourgeois qui souhaitent illuminer leurs demeures en s’appropriant les qualités esthétiques de l’or. C’est ainsi que le caractère religieux est délaissé au profit d’un esthétisme décoratif. Louis XIV ordonna que son mobilier soit réalisé en or. Il fallait suivre la mode du roi ce qui a conduit les nobles et les bourgeois à démocratiser le métier de doreur jusque dans le mobilier (miroirs, baromètres, fauteuils, chaises, consoles, tables de chasse, etc.). Par souci d'économie, de nombreux sculpteurs ont essayé de diminuer le coût de leurs œuvres en or massif en utilisant des sculptures en bois recouvertes de plaques d'or cloutées ce qui a amoindri les reliefs. Pour conserver le naturel de la pièce dorée, l'artisan utilisait des feuilles d'or de plus en plus fines afin d'épouser les moindres détails. Et plus les feuilles diminuaient d'épaisseur, plus la sculpture se précisait... C’est l’apogée de la dorure jusqu’au XIXe avec la production industrielle de bois dorés ; à Paris les ateliers de dorure travaillaient sans relâche et l’on comptait jusqu'à 5000 doreuses.
Les guerres mondiales ont contribué à la disparition progressive du métier de doreur. Dans les années 1950, la consommation reprend peu à peu et la loi Malraux permet l’implantation des Monuments Historiques avec l’apogée des antiquaires et des doreurs. Aujourd’hui, le métier est en voie de disparition et seuls les doreurs habilités par les Musées de France peuvent intervenir sur les œuvres du patrimoine. Aujourd’hui on compte 100 doreurs sur bois en France (secteurs confondus avec les encadreurs d’art).
Avant de choisir le métier de doreur sur bois, Bernard Delaval voulait être artiste sculpteur. Il trouvait que ce métier ne lui rapportait pas l’argent nécessaire pour vivre alors il a décidé d’obtenir un CAP en menuiserie. Toutefois son désir était de concilier l’artisanat qu’il aimait particulièrement mais qu’il voulait plus artistique et le côté artistique auquel il ne croyait plus. Une personne lui a alors parlé du métier de doreur sur bois et lui a fait prendre conscience que ce métier n’existait plus en France avec seulement quelques doreurs installés à Paris. Le dernier doreur avait disparu de la Bourgogne depuis la fin du XVIIIe siècle et n’a pas été remplacé jusqu’à la fin du XIXe siècle. Bernard Delaval décide alors en 1966 à l’âge de 17 ans de s’en aller à Paris où il apprend les techniques sur le tas chez un maître doreur pendant trois années. Ce métier lui apparaît magique de par sa relation avec l’or, un matériau inaltérable et façonnable. Son maître repère ses compétences manuelles et le pousse à s’installer rapidement à son compte.
- Portes-ouvertes
- Expositions
- Foire / Salon
- Festival
- Réseau de professionnels
Pour valoriser le métier de doreur sur bois, Bernard Delaval considère qu’il faut maîtriser parfaitement les techniques de travail en utilisant les matériaux et les outils adéquats. Une mauvaise conservation ou restauration de l’objet confié discrédite le métier. Les objets dorés ont un coût de travail élevé qui les rend moins accessibles pour la société actuelle qui recherche d’autres biens de consommations. Seule une élite passionnée d’art peut encore acquérir des œuvres.
Bernard Delaval travaille auprès des Musées et des Monuments Historiques sur Dijon, Autun, Auxerre, Clamecy, Paray le Monial, Lons le Saunier, Orléans, Lyon et Grenoble. Au début de son installation, il participait à de nombreux salons tels que le salon des métiers d’art aux portes Versailles mais aussi aux biennales et expositions régionales (Écuries de Saint-Hugues de Cluny). Il était président de l’association Les Artistes et Artisans d’art clunisois.
À 55 ans, Bernard Delaval a du obtenir l’habilitation des Musées de France pour conserver sa clientèle institutionnelle avec qui il exerçait auparavant pendant trente années. La nouvelle loi des Musées l’a conduit à passer en 2003 l’habilitation nécessaire. C’est ainsi qu’il a pu conserver sa clientèle. Il est inscrit sur l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel du Ministère de la Culture.
- Centre de ressources de l’Institut National des Métiers d’Art (INMA)
23, avenue Daumesnil – 75012 Paris. Tél. : 01 55 78 85 85. info@eurosema.com
- Fiche métier SEMA "Doreur ornemaniste", septembre 2007 - BO.11 © Centre de ressources Sema, ISSN 1763-6892
Il n’existe pas de mesures de sauvegarde spécifiques au métier.
Bernard Delaval a été confronté dans son métier à des choix déontologiques. La stricte conservation des œuvres exclut les compléments des parties manquantes. Ainsi l’œuvre est seulement conservée et stabilisée dans le temps en refixant et en protégeant l’objet. Il s’agit ensuite d’un simple adoucissage des cassures et d’une homogénéisation de l’ensemble sans intervention sur les parties lacunaires. Selon lui, cette politique de stricte conservation des œuvres accélère la disparition du métier de doreur sur bois puisque la technique ne concerne plus les compléments des parties dégradées. Pourtant des interventions suivant les techniques d’origine et limitées aux altérations ne nuisent en rien à la conservation. Pour la survie du métier, il considère qu’il faudrait insister dans les écoles de conservation sur les techniques de dorure. Cela permettrait une expression artisanale passant par la reconnaissance de l’intelligence de la main. Les pratiques manuelles et l’apprentissage des techniques devraient être au moins aussi importantes que l’histoire de l’art ou l’apprentissage de la gestion des entreprises.
Bernard Delaval explique que les jeunes aux compétences manuelles parfois innées doivent pouvoir accéder plus facilement aux marchés. Pourtant ils leur sont souvent préférés des élèves sortant des écoles agrées qui privilégient une formation intellectuelle aux compétences manuelles qui sont l’essence du métier. Selon Bernard Delaval, les formations manuelles au métier de doreur sur bois ne peuvent s’acquérir que sur une longue période de pratique. Ce métier s’apprenait sur une période de quatre années et nécessitait un minimum de dix années de pratique. Aujourd’hui passer un CAP de doreur sur bois en trois ans avec la possibilité de s’installer à son compte au bout de six mois d’enseignement paraît insuffisant. Il constate que la formation actuelle n’est pas assez longue et poussée sur les pratiques manuelles. Parmi les 100 doreurs sur bois qui existent aujourd’hui en France (secteurs confondus avec les encadreurs d’art), on compte seulement 4 doreurs qui subsistent encore en Bourgogne.
Personne(s) rencontrée(s)
- Bernard Delaval, doreur sur bois, gérant de l'entreprise Bernard Delaval
Localisation (région, département, municipalité)
Bourgogne, Saône et Loire, Chapaize
Adresse : Lancharre
Ville : Chapaize
Code postal : 71460
Téléphone : 03 85 50 13 97
Adresse de courriel : delavalbernard@wanadoo.fr
Dates et lieu(x) de l’enquête : 9 novembre 2009, Bourgogne
Date de la fiche d’inventaire : 13 novembre 2009
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Lamia Gabriel
Nom du rédacteur de la fiche : Lamia Gabriel
Nom du photographe : Lamia Gabriel
N° d'inventaire Ministère Culture : 2009_67717_INV_PCI_FRANCE_00060
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2rx
Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dorure_sur_bois
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