À l’occasion de la sortie en février du dernier numéro de la collection « Ethnologie de la France et des mondes contemporains », coéditée par le ministère de la Culture et la Fondation Maison des sciences de l'homme.
L'anthropologue Jean-Louis Tornatore présentera, à l’Institut national du patrimoine le mercredi 3 avril à 18 h 00, l’ouvrage qu’il a dirigé : Le patrimoine comme expérience. Implications anthropologiques, en dialogue avec Christian Hottin, directeur des études du département des Conservateurs de l'INP.
Ce nouvel ouvrage collectif vient à un moment où l’activité patrimoniale a largement débordé ses institutions officielles et où sa couverture par les sciences humaines et sociales a pris une consistance certaine. En dix textes et au moins autant de situations, en France, à Rhodes, à Tonga, en Uruguay et en Colombie, il donne à saisir des « implications anthropologiques » de et dans l’exploration de cette activité, à partir desquelles se dessinerait un fil conducteur permettant de parcourir, sans la réduire, sa grande hétérogénéité. Qu’on la prenne sous l’angle de l’irruption du patrimoine dans les terrains (de jeu) des anthropologues ou bien sous celui de la constitution du patrimoine en un domaine singulier de recherche, l’anthropologie du patrimoine apparaît inséparable des interrogations récurrentes sur la catégorie de culture : sur son institution, sur sa mise en scène, sur sa spectacularisation, sur les façons de l’écrire comme sur la critique de son pouvoir de purification, de hiérarchisation ou de domination.
Que montrent ces écritures anthropologiques de patrimoines ? Qu’en se frottant aux expériences du passé, de la culture, religieuse ou profane, de la quête de reconnaissance, de la mémoire des violences de guerre, de la discrimination sociale, de la ruine des choses du monde, les anthropologues font l’expérience du patrimoine, instrument politique aux multiples fonctions : contrôle, aménagement, restauration, réparation, reconnaissance…
Jean-Louis Tornatore est anthropologue, professeur à l’université de Bourgogne (Dijon) et chercheur au Centre Georges Chevrier « Sociétés et sensibilités » (UMR 7366 CNRS-uB). Dans la continuité de divers travaux sur l’activité patrimoniale et mémorielle, il explore aujourd’hui les conditions de possibilité d’un scénario contre-hégémonique du patrimoine.