La construction navale vernaculaire en bois : le doris de Saint-Pierre et Miquelon

Le doris de Saint-Pierre-et-Miquelon destiné à la petite pêche est dérivé des doris des Bancs. 

D’un  point de vue de la forme, on distingue le doris de Saint-Pierre du doris de Miquelon. Ce dernier a  notamment été équipé à partir des années 1950 d’une “cabane” servant d’abri et située plus ou moins  au centre de la coque.  

Le doris de Saint-Pierre-et-Miquelon destiné à la petite pêche est dérivé des doris des Bancs. D’un  point de vue de la forme, on distingue le doris de Saint-Pierre du doris de Miquelon. Ce dernier a  notamment été équipé à partir des années 1950 d’une “cabane” servant d’abri et située plus ou moins  au centre de la coque.  

Le paysage de l’archipel est ainsi façonné par l’espace du plain, organisé autour des salines et des  doris avec les cabestans comme éléments centraux. Le plain est une grève de galets assez haute qui  constitue la zone primordiale du retour de pêche. Les salines, alignement de cabanons polychromes,  situées en front de mer, étaient à la fois des lieux de construction, ainsi que des lieux d’hivernage et  d’entretien.

Jusqu’au milieu des années 1980, les constructeurs de doris appartenaient à un groupe d’artisans  spécialisés et reconnus qui pratiquaient leur activité constructive en même temps qu’une autre  activité liée à la mer, principalement la pêche. Du fait de la disparition de son usage premier, la petite  pêche, il n’y a plus de constructeurs professionnels de doris dans l’archipel. La construction et la  réparation des embarcations sont désormais pratiquées à des titres divers : patrimoine, pêche  amateure, plaisance. Le doris de Saint-Pierre-et-Miquelon, élément identitaire fort de l’archipel, est  devenu un objet patrimonial et de loisir.

La construction et la réparation des embarcations sont pratiquées à des titres divers (patrimoine,  pêche amateure, loisir) en plus des activités professionnelles (ill. 1-2-3). Les constructeurs amateurs  sont soit regroupés en association, soit pratiquent leur passion individuellement. Nombre d’entre  eux sont autodidactes. Néanmoins, ils peuvent discuter avec d’anciens constructeurs de doris,  comme Cyril Franché, qui nostalgiques d’un temps disparu et conscients d’une disparition  progressive des savoir-faire traditionnels de la construction des doris de Saint-Pierre-et-Miquelon  ont la volonté de transmettre leurs connaissances.  

Dans ce cadre général, Rosiane de Lizarraga, cheffe de la Mission aux Affaires Culturelles (MAC) de  Saint-Pierre-et-Miquelon, indique que la principale association qui fédère la communauté est  l’association saint-pierraise Les Zigotos. Celle-ci, créée en 1990, utilisait initialement le doris à des  fins sportives ou de loisirs. En 2013, l’association s’est inscrite dans une nouvelle dynamique et  œuvre depuis lors pour la sauvegarde du patrimoine maritime en entreprenant un important travail  de maintien de la pratique (savoir-faire constructifs et usages). La même année, elle ouvre un atelier  de réparation et de fabrication de doris dans l’esprit d’un atelier collectif avec pour objectif de  collecter les doris en déshérence et les restaurer. En dix ans, les membres des Zigotos ont permis aux  bénévoles d’apprendre le travail sur bois et de manier les outils traditionnels contribuant ainsi au  maintien des compétences en charpente marine : “c’est notre patrimoine” est inscrit dans l’atelier du  Père Pierre à destination des visiteurs. La flotte de l’association compte aujourd’hui 11 doris.  L’association les fait vivre lors de sorties en mer organisées pour ses membres (dès que la météo le  permet), mais également pour la promotion de l’activité dorissière et de l’archipel. En plus des  constructeurs, les usagers des doris, gens de mer, ainsi que celles et ceux qui les entourent et les  accompagnent, constituent un autre pan de la communauté, encore actif.

Le doris de Saint-Pierre-et-Miquelon est d’abord perçu par les “anciens” pour sa valeur d’usage, c’est à-dire comme un outil de travail. “Un doris est un doris mais tous les doris sont pas pareils”, raconte  Michel de Lizarraga, ancien pêcheur miquelonnais, “On faisait tout avec”. Il s’agit d’un “bateau qui  s’adapte à toutes les pêches”. Michel de Lizarraga ajoute que quand l’embarcation “retombait sur la  lame, le clin jouait” permettant d’assurer sa solidité. Le travail de Désiré Briand est resté dans les mémoires. Les souvenirs de retour de pêche et de salage de la morue dans les salines, “une  manufacture de casse-couilles”, sont omniprésents. A travers l’idée d’“être les meilleurs”, d’intégrer  les rangs des “cachalots”, on affirmait l’idée que “c’est le travail qui payait”. Par ailleurs, on voit se  dessiner à travers le doris, un lien fort entre territoire et patrimoine. Lauriane Detcheverry, directrice  de l’Arche Musée et Archives de la Collectivité Territoriale, rappelle ainsi que le doris est “un symbole  fort de l’archipel, un élément identitaire”. Marc Dérible, bénévole au sein de l’association Les Zigotos,  affirme, quant à lui, que “raconter le doris c’est raconter Saint-Pierre-et-Miquelon”. 

Lieu(x) de la pratique en France

Archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon (Amérique du nord)

Pratique similaire en France et/ou à l’étranger

En France hexagonale, la construction de navires à clins de type doris est encore présente sur les  rivages de la Manche et de la mer du Nord, notamment en Normandie, en Rance, ou dans les Hauts de-France. 
A l’échelle européenne, la pratique de construction de navires à clins perdure en Scandinavie  insulaire et maritime. Elle a fait l’objet d’une inscription sur la Liste représentative du patrimoine  culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco en 2021 (dossier d’inscription n°01686, co-porté par  les Îles Féroé, le Danemark, l’Islande, la Suède et la Norvège, intitulé : « Les traditions nordiques des  bateaux à clins »).

En Amérique du nord, sur les côtes atlantiques des États-Unis et surtout du Canada, la construction  des doris est toujours en vigueur. Ces pratiques bénéficient de nombreuses initiatives de préservation  et valorisation, par exemple sur la presqu’île de Nouvelle-Écosse (Halifax), ou sur l’île de Terre Neuve (Wooden boat museum de Winterton). 

Le doris de Saint-Pierre-et-Miquelon est un dérivé des doris des Bancs qui étaient embarqués sur  des goélettes armées pour la Grande pêche par les Terre-neuvas. Progressivement, il est devenu  l’embarcation des petits pêcheurs artisans de l’archipel, qui l’ont utilisée jusque dans les années 1990. Associé aux heures de gloire de la pêche à la morue localement, le doris représente  “l’embarcation emblématique” de l’archipel comme le rappelle Alain Orsiny, président de  l’association Miquelon Culture Patrimoine. Il est un “symbole identitaire” de la communauté des  saint-pierrais et des miquelonnais selon Ketty Orsiny, adjointe au Maire de Miquelon. Sa  construction constitue une activité fédérative au sein de la communauté depuis plusieurs siècles, et  malgré la fin de l’usage du doris pour la pêche, celle-ci perdure au sein d’ateliers privés ou associatifs,  lieux de sociabilisation active, notamment en hiver, pour les habitants. Par ce biais, il est possible de  “rendre hommage aux anciens et conserver leur savoir-faire” raconte Stéphane Perrin. La  construction et la rénovation des doris permet également la conservation d’une flottille locale,  largement employée l’été lors de sorties en mer collectives, elles aussi source de liens sociaux forts.

Le doris (ill. 1) est une embarcation à déplacement, de fort échantillon qui était tirée au sec au retour  de pêche. Leur construction se faisait au cours de l’hiver pendant la période d’interruption de la  campagne de pêche. Elle appartient au groupe des embarcations à sole et à virures axiales. D’un point  de vue de la forme, on distingue le doris de Saint-Pierre (ill. 2) du doris de Miquelon (ill. 3). Ce  dernier a plus de tonture, une étrave plus élancée et élevée, un écusson plus large et a été équipé à  partir des années 50’ d’une “cabane”. En ce qui concerne l’usage, Michel de Lizarraga nous rappelle  que les “doris de Saint-Pierre-et-Miquelon étaient très bons à la mer mais qu’il ne fallait pas les  maltraiter”. 

Chaîne opératoire traditionnelle de la construction d’un doris de Saint-Pierre-et Miquelon

1. La coque 

A fond plat, la coque est constituée d’une sole et de virures axiales disposées à franc-bord et rendues  cohérentes par les courbes de sole. La courbe de sole (élément horizontal) et les allonges (deux  montants verticaux) sont assemblées au niveau du talon par des ferrures (ill. 1 à 5). L’assemblage est  réalisé au moyen d’un gabarit propre à chaque constructeur (ill. 6). L’angle d’ouverture des allonges est constant. Seule la largeur de la courbe de sole varie. L’arrière de la coque est fermé par un tableau  trapézoïdal (ill. 7).

2. L’étrave sans râblure

Elle est renforcée sur sa face antérieure par une fausse étrave (ill. 8)

3. Le bordé

Il comprend une série de cinq ou six virures assemblées à clins (ill. 9).

4. La serre

Elle est solidement fixée aux montants des courbes.

5. Le liston

Il est posé à l’extérieur de la coque dans le haut de la dernière virure.

6. Les bancs (ill. 10)

Assemblés par clouage à la serre, ils assurent la rigidité transversale.

7. Aménagements intérieurs (ill. 11)

- pontage avant et arrière (tilles) ; 
- caisson établi à peu près au centre de la sole qui est destiné à protéger le moteur ; - caisse à hélice qui sert de cage de protection au levier de l’arbre à hélice ; 
- conduit en forme de U inversé qui recouvre l’arbre de couche.  

Cyril Franché, ancien constructeur de doris, estime la construction d’un doris à 400-440 heures de  travail à deux personnes et la durée de vie d’une embarcation entretenue régulièrement à 30-40 ans  Selon lui, on ne travaille plus de la même façon aujourd’hui. De manière plus générale, il faut  souligner que le caractère insulaire de Saint-Pierre-et-Miquelon entraîne la nécessité “de faire avec  ce que l’on a”, d’où une réutilisation des matériaux du quotidien pour fabriquer une gaffe avec un  bâton de hockey ou une écope avec un bidon de javel découpé comme cela est présenté dans la saline  d’exposition n°16 des Zigotos par exemple.

Construction neuve, l’Acajou

Le processus de construction de l’Acajou n’a pas débuté de la même façon que celui d’une  construction traditionnelle. En effet, le projet a eu pour point de départ le moteur hors-bord acheté  avant le commencement de la construction. La sole et le plan général de l’embarcation ont été tracés par Yannick Autin sur un carton en tenant compte des caractéristiques du moteur (dimension, poids, fonctionnement lié à la possibilité de lever le moteur à l’intérieur du doris). Il n’a jamais fait de calculs  de cotes. Il explique qu’il s’est inspiré des “courbes” et des “pentes” d’autres doris de Saint-Pierre,  dont il a dû réduire les dimensions de façon à adapter son doris à l’utilisation d’un moteur moderne  hors-bord. Il a de fait été obligé de créer ses propres gabarits. Il estime son travail à 800 heures,  sachant qu’il s’agissait d’une première construction, réalisée sur son temps libre en même temps qu’il  travaillait et sans aide extérieure. Il évalue la durée de vie de son doris à “environ 10 ans, après, il  faudra le retaper”. Il poursuit en expliquant qu’il a “pêché avec, comme les anciens, mais en loisir”. “Conscient du devoir de mémoire lié à cette embarcation traditionnelle” comme il le dit lui-même, il  a fait don de l’Acajou à l’Association de Sauvegarde du patrimoine de l’archipel .

1. La sole en sapin d’une épaisseur comprise entre 2,5 et 2,7 cm 

La construction a débuté par le tracé de la moitié de la sole sur un gabarit de contreplaqué de 6 mm  d’épaisseur (ill. 1) sur lequel a été tracé également le contour du caisson/puits du moteur hors-bord.  L’autre moitié du contour de la sole a été dessinée par effet de “miroir”. Ensuite, a été réalisé un  second gabarit destiné à donner à la sole sa “tonture” (sa courbure) (ill. 2). Après le découpage des  virures et leur pose, des tasseaux servant à fixer provisoirement les virures ont été vissés sur la face  intérieure de la sole (ill. 3). Après démontage des tasseaux, les trous des vis ont été bouchés. Les cans  (tranches) des deux virures latérales de la sole ont été équerrées selon l’angle d’ouverture du bordé  inférieur (galbord). Enfin, la sole a été ployée pour lui donner sa tonture à l’aide d’étais verticaux.  Les virures de la sole ont été étoupées à l’aide d’un ciseau.  

2. Les membrures en chêne

Le découpage des varangues a suivi. A partir, d’un gabarit reprenant le principe traditionnel des  gabarits des constructeurs de doris de Saint-Pierre-et-Miquelon, varangues et allonges ont été  assemblées. Des plaques en fer galvanisé ont été découpées pour assurer l’assemblage des varangues  aux allonges (ill. 5-6). Ensuite, est intervenue la pose sur la sole d’un renfort de la base de l’étrave  (ill. 7) et de la courbe d’écusson. Les membrures ont alors été posées et fixées sur la sole (ill. 8) de  même que l’étrave et l’écusson (il. 9) également en chêne.

3. Le bordé en pin

Dans la mesure où il n’a pas été forcément possible d’avoir des planches de pin de longueur suffisante  en raison de sa raréfaction et de son coût, les virures ont été réalisées en deux parties assemblées par  un joint en biseau collé (ill. 10). Le galbord a été tracé avec un important brochetage réalisé à l’œil  en fonction de la forme fuselée de la sole. Les trois autres virures en revanche n’ont pas été  brochetées. Les bordages ont été assemblés à s par des pointes galvanisées enfoncées à partir de  l’extérieur dont l’extrémité inférieure a été ployée à 90°. Pour cette étape, la présence d’une personne  supplémentaire a été nécessaire : une personne à l’extérieur pour “frapper la tête de la pointe” et une  autre à l’intérieur pour ployer l’extrémité de la pointe dans le but de faire un effet de serrage. Il n’y a  pas eu de calfatage du bordé à l’exception de la zone d’assemblage entre l'extrémité inférieure du  galbord et la can chanfreiné de la virure latérale de la sole. « La peinture a fait l’étanchéité des clins »  nous raconte Yannick Autin.

4. La peinture et la finition

Il a peint (ill. 13) et décoré son embarcation de petites sculptures (ill. 14).

5. La motorisation

Yannick Autin a fabriqué un système de relevage du moteur hors-bord. Ce dernier lui permettait  d’atteindre la vitesse de huit nœuds tout en consommant peu d’essence et en étant particulièrement  silencieux (ill. 15).

Restauration d’un bateau du patrimoine, le Saint-Étienne

Le Saint-Étienne construit en 1981 à Saint-Pierre est classé au titre des monuments historiques par  l’arrêté ministériel n°56 du 16 août 2016. Une première “rénovation” a eu lieu à cette date. Suite à  des dégâts importants constatés sur l’embarcation, un chantier de restauration d’ampleur a été  entamé en 2018 par les membres de l’association Les Zigotos. L’état des lieux réalisé en 2018 a révélé  une sole en pin, un galbord en contreplaqué et des “courbes” en chêne très abîmés. Une campagne  photographique détaillant le démontage des pièces “pourries” (ill1-2-3-4-5) est alors envoyée à Jean Louis Dauga, expert pour le patrimoine maritime auprès du Ministère de la Culture, pour  recommandation. Une grande partie des courbes était à changer et il a été nécessaire de refaire  entièrement la sole et l’écusson (ill. 6-7-8). Après trois mois de travail, le Saint-Etienne a été remis à  l’eau. Cette démarche patrimoniale s’inscrit dans le propos de Gérard Hélène, président de  l’association Les Zigotos, qui affirme qu’il est de “notre devoir de ne pas oublier” de façon à ce que  “nos enfants et nos petits-enfants sachant combien notre histoire est importante”.

Restauration-reconstruction d’un bateau familial, le Pierre-Alexandre

Le projet de restauration du Pierre-Alexandre a été pensé de façon à remettre en pratique les  techniques de construction traditionnelles du doris de Saint-Pierre-et-Miquelon. C’est ainsi qu’à  partir d’un doris en contre-plaqué, l’équipe familiale pilotée par Alain Cormier et Stéphane Perrin a  fait le choix de restaurer-reconstruire le Pierre-Alexandre à clin (ill. 1-2). 
Pour ne pas perdre la forme de l’embarcation et au vu de l’état de la dégradation de la structure, il a été décidé de commencer par changer les courbes et ensuite la sole. La coque ancienne a été utilisée  comme un gabarit-moule. A partir de cette enveloppe, ils ont changé toutes les courbes (ill. 3). Puis,  l’embarcation retournée, la virure de sole a pu être changée à son tour (ill. 4). Le travail s’est  poursuivi avec le remplacement du bordé en contre-plaqué en bordé à clins (ill. 5 à 7). L’embarcation  a de nouveau été retournée sur la sole, de façon à procéder au remplacement de l’étrave et du tableau  arrière (ill. 8-9). La pose des 4e et 5e virures a pu se poursuivre (ill. 10). Les serres ont également été  changées (ill. 11). De manière classique, ils ont ensuite procédé au pontage arrière et au pontage  avant, puis au découpage de la sole pour permettre le passage de l’arbre à hélice (ill. 12), à la pose  des bancs et du plancher de sole (ill. 13) et enfin à la mise en place du moteur sur son bâti (ill. 14).

Stéphane Perrin précise qu’ils ont essayé au maximum de retrouver les gestes des anciens en  rassemblant les courbes grâce à la technique du “pointé maté” sur les rivets (ill. 15) ou bien encore le  calfatage de la virure de sole avec de l’étoupe sur la coque retournée (ill. 16). De façon à assurer une  meilleure étanchéité des parties immergées dans l’eau, le mastic-colle mono composant Sikaflex a  été utilisé. 

Construction de la réplique du 2 Pierres

Encadrés par Vincent Rinaldo, enseignant-responsable de la section bois, les élèves du Lycée  professionnel Emile Letournel ont construits la réplique du 2 Pierres. Les procédés techniques  utilisés diffèrent de ce qui a pu être observé précédemment. En effet, il s’agissait à la fois de travailler  à partir d’un modèle existant tout en formant des élèves à une nouvelle façon de travailler le bois.  Quatre promotions d’élèves se sont succédées pour réaliser ce « chef d’œuvre », soit une quinzaine  de jeunes parmi lesquels quatre jeunes filles. Vincent Rinaldo souligne que de manière générale on  observe une augmentation du nombre de jeunes filles suivant le CAP Charpentier bois depuis cinq six ans maintenant. Il estime que cette ouverture au genre féminin est liée au fait que le bois est un  matériau noble qui demande de la patience, un attrait pour la transformation de la matière ainsi que  pour une esthétique du résultat.

Le séquençage des opérations relatives à la construction de la réplique du 2 Pierres a de fait été  influencé par les rythmes scolaires et diffère de celui d’une construction traditionnelle. La première  étape a consisté à faire un relevé de cotes sur le bateau originel. Bertrand Rivière, professeur de  dessin industriel, a fait un premier plan numérique à partir du logiciel de conception CAO 3D  Solidworks. Vincent Rinaldo a fait un relevé de cotes personnel de manière traditionnelle avec une  machine à plomb de façon à s’approprier les formes du tracé. De façon à faciliter l’apprentissage des  élèves, le « squelette » du doris (membrures et varangues) a été déposé au sol avant assemblage (ill.  1). Le traçage de l’étrave s’est fait traditionnellement à partir d’un gabarit (ill. 2). L’usinage a été  réalisé à la scie à ruban et les finitions à la ponçeuse. Le traçage de la sole s’est fait à l’aide des  membrures (ill. 3-4). Une fois découpée, la sole a été percée et les varangues ont été fixées (ill. 5).  Puis, est venu le tour de fixer l’étrave et l’écusson. L’étape suivante a consisté à fabriquer les  caillebotis (ill. 6) avant le montage des bordés à clins (ill. 7). Afin d’optimiser la stabilité et la  navigation, les membrures et la sole ont été mises d’aplomb et de niveau. Suite au contreventement  général de l’ensemble des éléments : la sole, l’étrave et l’écusson sont alignés à l’aide d’un laser pour  éviter que le Doris ne prenne du gauche. Le temps de pose et de séchage de la peinture (une couche  primeur, deux couches de finition) (ill. 8) qui dicte les possibilités d’avancer avait été sous-estimé.  Les différents aménagements intérieurs dont les tilles (compartiments à l’avant et à l’arrière) ont  ensuite été mis en place (ill. 9). Enfin, le caisson à moteur en spruce a été réalisé (ill. 10). Durant  cette première phase, les derniers éléments posés ont été : la contre étrave avec des tirefonds,  l'anneau de remorquage, le gouvernail assemblé par collage, des listons et des plat-bords.

Après une longue pause de mai 2022 à janvier 2023, une seconde phase de construction a été lancée.  Des pièces de finition ont été ajoutées à la poupe et à la proue du doris. Le caisson destiné à accueillir  le mât a été réalisé, ainsi que deux grosses pièces de chêne pour la réception du moteur. Un travail a  été mené ensuite pour fabriquer le caisson étanche de l'arbre moteur et de l'hélice, ainsi que pour  découper la sole. Après avoir posé un joint de silicone marine entre le fond du doris et les pièces du  caisson, le caisson de l’arbre à moteur a pu être fixé (ill. 11). Enfin, la sole a été calfatée.

D’un point de vue technique, si les méthodes de taillage du bois notamment par rabotage ont été  respectées par rapport à celles utilisées pour la construction du doris original, l’inox a été introduit  pour certains éléments, l’étanchéité n’a pas été assurée par calfatage mais par collage, la rainure de  la languette a été faite en silicone, le cintrage a été réalisé à la main sans étuve par le biais d’une  alternance de temps de séchage et d’arrosage.

 

Français.

Régionalisme de Saint-Pierre-et-Miquelon (français).

Anglais d’Amérique du nord pour certains termes particuliers, liés par exemple à la motorisation. 

Patrimoine bâti

Il faut distinguer les lieux de construction des lieux d’hivernage et d’entretien des doris qui  aujourd’hui sont distincts, et les lieux d’exploitation, à savoir les ports et le plain jusqu’à la mer  côtière.

Les membres de l’association Les Zigotos exercent leur activité de construction et de restauration  dans un ancien bâtiment datant de la prohibition de 400m2 dénommé l’atelier du Père Pierre  appartenant à l’entreprise Hélène & Fils. Le bâtiment comprend espaces distincts dévolus à la  construction et à la restauration d’embarcations : un atelier de construction (ill. 1), un atelier pour la  peinture et les finitions (ill. 2), une salle de repos, un espace de stockage, et à l’étage le bureau de  l’association. L’atelier du Père Pierre a pour vocation première la restauration des doris durant la  période hivernale et l’entreposage du matériel nécessaire (machines, outils, matériaux, etc.).

Le Lycée professionnel Emile Letournel a mis à la disposition de Vincent Rinaldo et de ses élèves  l’atelier bois pour la construction de la réplique du 2 Pierres (ill. 3). Le lieu a dû être réaménagé afin  de créer un espace dédié à la construction navale tout en gardant la possibilité de continuer à  travailler sur des exercices de charpente classique : déplacement de la machinerie, création d’un  portique en hauteur pour stabiliser le doris lors de sa construction, création d’un lieu de stockage du  bois à l’extérieur dans le but de minimiser les variations dimensionnelles.

L’espace du plain est organisé autour des salines et des doris avec les cabestans comme éléments  centraux. Le plain est une grève de galets assez haute qui constitue la zone primordiale du retour de  pêche. Les salines (ill. 4-5), quant à elles, sont situées en front de mer et façonnent le paysage de  l’archipel. Il s’agit d’une sorte de hangar (6 à 8m de long, 4 à 6m de large) qui servait d’abris pour les  doris l’hiver et pour le salage de la morue pendant la saison de pêche. Aujourd’hui, les 40 salines de  Saint-Pierre appartiennent à l’État qui par le biais de la collectivité territoriale en assure la  répartition entre les différents acteurs. A l’heure actuelle, l’Association des Zigotos loue les salines  n°16, 20, 21 et 22 dans l’Anse à Rodrigue. Il y a sur Miquelon 4 salines identiques à celles de Saint Pierre. Ces salines ont été construites dans les années 1970. Elles sont à la disposition des pêcheurs  de Miquelon pour le stockage de leur matériel de pêche. Les pêcheurs amènent leur doris au-devant  de leur saline. Autrefois, les salines étaient situées dans le prolongement des maisons. A Miquelon,  Roger Etcheberry, un ancien pêcheur, explique que « l’espace entre la grève, là où l’on échoue le doris  et on le « saille » n’est pas très proche de la saline, entre les deux il y avait les cabestans qui, eux  étaient un peu plus bas que la saline. En cas de prévisions de tempêtes le doris était monté plus haut,  jusqu’à quasiment arriver au niveau du cabestan ». Il faut donc y associer les bois de saillage  surmontés de leur cabestan en bois qui est peint en rouge à Saint-Pierre et dont il existe encore des fabricants locaux, comme Pascal Lucas à Miquelon. Le cabestan est destiné à hisser le doris à terre,  qui est lui-même posé sur un ensemble en bois, permettant de ne pas abîmer la coque sur les galets.  Des lisses (6 troncs, de 3 à 4 m, grossièrement équarris) et des rouleaux (2 troncs bien droits, assez  gros) sont utilisés pour faciliter la remontée de l’embarcation (ill. 6-7-8). L’ancien pêcheur poursuit  son propos ainsi : « les lisses et les rouleaux ne servaient pas seulement à protéger la « sole » du  doris des galets mais aussi à faciliter la remontée de l’embarcation, qui aurait été quasiment  impossible sans les lisses et les rouleaux. Hors d’atteinte de la mer, oui, mais en calculant le niveau  de la marée haute ! En d’autres termes, savoir, avec les variations de marée, où le doris était en  sécurité ». Une fois le doris saillé, hors d’atteinte de la mer, celui-ci est débarqué. Les pêcheurs  ouvrent alors leur saline, au sein de laquelle ils conservent un ensemble d’outils, d’instruments,  d’objets, dont ils vont se servir pour travailler le poisson et préparer le doris pour le lendemain.

Objets, outils, matériaux supports

Outillage

Les outils utilisés sont très souvent ceux à disposition dans les lieux de construction, à savoir ceux  des charpentiers ou des ébénistes dans le cas de Yannick Autin (rabot, varlope, ciseau, marteau, table  de scie, scie à ruban, dégauchisseuse-raboteuse, scie sauteuse, ponceuse, etc.).

Les élèves du Lycée professionnel Emile Letournel ont fabriqué des tréteaux avec des assemblages  traditionnels à mi-bois pour la croix de Saint-André, tenon-mortaise et entailles droites pour le  piétement. Ils étaient destinés à supporter le poids de l’embarcation au moment de donner sa  courbure à la sole et à faciliter l’opération de levage.

Pour cintrer la contre-étrave de l’Acajou, Yannick Autin a été obligé de fabriquer une étuve avec une  bouilloire et un grand tuyau en PVC.

Matériaux

Traditionnellement, toutes les pièces découpées de la charpente transversale (courbe de sol, courbe,  courbe de moteur, bâti du moteur) et des extrémités (étrave, fausse-étrave, écusson) sont faites en  chêne blanc d’Amérique ou en merisier. Il s’agit de bois durs, résistants, lourds qui manquent de  souplesse et fendent facilement. Ils nécessitent de fait l’emploi de clous galvanisés. Les pièces ployées  de grandes dimensions (virures de la sole, serres, banc, liston, canal de l’arbre, caisse de l’hélice) sont  quant à elles en spruce, un résineux léger qui possède une forte élasticité longitudinale. On trouve  également pour les pièces ployées de grandes dimensions telles que la semelle du pied de mât, le bas bordé, les bordés et les tilles du pin Douglas qui est plus lourd que le spruce mais également élastique  et résistant longitudinalement. Chaque pièce de bois importée nécessitait un retravail. Toutes les  personnes auprès desquelles cette enquête a été réalisée soulignent que l’insularité entraîne la  « nécessité de faire avec ce qu’on a en termes de matériaux ».

Aujourd’hui, on commande en France des plaques de contre-plaqué spéciales marine (9 mètres de  long et 1,22 mètres de large) qui viennent d’Allemagne notamment. Les bois de bordage viennent du  Canada. Stéphane Perrin précise qu’il a pu trouver localement du bois de chêne courbe et du pin  d’Oregon de 30 pieds de long pour les bordés à Toronto pour la restauration-reconstruction du  Pierre-Alexandre. Gérard Hélène explique qu’il s’équipe régulièrement localement avec du bois  personnel pour les membrures des constructions neuves réalisées par l’association Les Zigotos. Le  coût d’achat et d’importation obligatoire de ces bois rend la construction neuve difficile (environ  7000 euros pour une embarcation).

Parallèlement à cela, on observe une évolution des matériaux utilisés avec l’introduction de  l’aluminium, du cuivre galvanisé, de la colle et de la fibre de verre par exemple.

Le bois utilisé pour les lisses et les rouleaux destinés au saillage des doris est du spruce. Les troncs  étaient collectés par les pêcheurs durant l’hiver. A Miquelon surtout, ils montaient, par groupe ou en  famille, dans des zones « réservées » dans la « montagne » et coupaient les lisses et rouleaux. Le tout  était redescendu en traîneau à cheval depuis les collines boisées, au-dessus de Mirande, jusqu’à  Miquelon.

Le parcours d’apprentissage des personnes rencontrées, qui repose essentiellement sur un régime  opératoire de l’oralité avec un apprentissage au sein du cercle familial, est le suivant :

Cyril FRANCHE commence sa carrière en 1968 en tant que pêcheur sur le vieux doris de son père.  Joseph Heudes fait appel à lui en 1977 pour construire un doris. Il apprend les savoir-faire de la  construction navale à ses côtés à la saline au plain. Ils construisent ensemble cinq doris en un an.  Puis, vingt-quatre nouveaux doris en plus des réparations. Le dernier doris qu’il a construit date de  1986 et était destiné à Miquelon. Il pratique son activité de charpentier naval l’hiver, tandis que  d’avril à octobre il continue à partir à la petite pêche. Il considère que d’un point de vue technique  (pensée et geste), c’est la construction de la caisse à hélice, du canal, du bâti et de la caisse à moteur  qui nécessite un temps d’apprentissage plus long de par la précision (au millimètre près) nécessaire  à la réalisation de ces éléments.

Gérard DISNARD est sollicité par son beau-père, Désiré Briand, et Noël Poirier à la fin des années  70’ pour aider à la construction de doris, c'est ainsi qu’il a construit les trois derniers doris de  Miquelon en contre-plaqué.

Yannick AUTIN se considère comme un autodidacte, ce qui lui a offert un « champ de liberté » dans  la mise en œuvre de ses savoirs et de ses savoir-faire qu’il n’aurait très certainement pas eu suite à  une formation institutionnelle, celle-ci ayant tendance à formater et uniformiser les modalités de la  pratique. Passionné du bois, il a travaillé enfant dans l’atelier de son père qui était charpentier  terrestre et ancien pêcheur sur Miquelon. Quand il a voulu construire son doris, n’ayant « personne  pour lui montrer » comment faire, il a d’abord commencé par observer les formes des embarcations  existantes sur l’archipel, puis il a fait des essais en dessinant différents plans adaptés à son moteur  moderne. Son apprentissage se fonde sur l’observation et l'expérimentation. Il explique que, de fait,  ce qui lui a pris du temps c’est de faire un premier doris, mais que « s’il devait en faire un autre il  irait deux fois plus vite ».

Stéphane PERRIN est détenteur d’un CAP menuiserie. Il a été formé au travail de charpente terrestre  par son père qui était lui-même charpentier. Après avoir travaillé dans le bâtiment, il a complètement  changé d’orientation en 2007. C’est auprès de Cyril Franché qu’il a appris les techniques et les gestes  associés à la construction navale du doris de Saint-Pierre-et-Miquelon.  

Gérard HELENE a appris les premiers gestes de la charpenterie de marine auprès de son grand-père  qui était constructeur de doris et de son père. Il a conservé le doris de son grand-père aux Îles-de-la Madeleine. S’il s’est orienté professionnellement dans le bâtiment, depuis une dizaine d'années  maintenant il est un pilier de l’association Les Zigotos. Les savoir-faire spécifiques qu’il associe à la  construction navale sont le calcul des mesures et la prise des angles, le tracé de l’étrave, le travail des  courbes et l’étanchéification des embarcations. Il précise que dans le cadre des constructions neuves,  il travaille sans gabarit à partir du tracé de la sole et de la mesure prise “bord à bord”.

Vincent RINALDO est responsable de la section charpenterie bois au sein du Lycée professionnel  Emile Letournel. Compagnon charpentier, il fait son tour en France hexagonale et à l’étranger dans les territoires ultramarins, d’abord en Guyane, puis à Saint-Pierre-et-Miquelon. Il rentre dans  l’Éducation nationale en 2005. La découverte de la charpente navale s’est faite par le biais du projet  de construction de la réplique du 2 Pierres. Il s’est retourné vers les « anciens » présents dans  l’association Les Zigotos pour recueillir leur savoir-faire. Mais c’est en expérimentant par lui-même  qu’il a acquis la maîtrise du geste juste. Le calendrier scolaire (projet mené sur quatre ans donc avec  un étalement dans le temps des différentes étapes de construction) auquel il a fallu qu’il adapte son  propre apprentissage a entraîné un temps d’acquisition du savoir-faire plus long. Selon lui, la  principale différence entre l’architecture terrestre et l’architecture navale concerne les pièces courbes  et les croches.  

Le monde associatif joue un rôle essentiel dans la préservation et la transmission des savoir-faire à  la fois en récolant les mémoires et en perpétuant la pratique :

- L’association Les Zigotos œuvre pour la transmission des savoir-faire.
- Depuis 2023, l’association Miquelon Culture Patrimoine (MCP) en partenariat avec la mairie de  Miquelon-Langlade porte le projet de construction d’un doris avec les anciens. Les travaux sont  programmés débuter à l’automne 2024.  
- L’association La Sauvegarde du Patrimoine de l’Archipel (SPA) expose deux doris à la maison  Jézéquel, classée au titre des monuments historiques à l’île aux Marins. Le troisième doris offert par  Yannick Autin devrait rejoindre l’ensemble Morel, classé au titre des monuments historiques à l’île aux-marins au cours de l’année 2024.

Par ailleurs, plusieurs particuliers possèdent encore d’anciens doris ou se sont lancés dans la  construction de nouveaux. Le caractère insulaire de Saint-Pierre-et-Miquelon permet des échanges  précieux au sein de la communauté entre les anciens artisans et ces jeunes passionnés du bois. La  participation de Cyril Franché à la restauration du Pierre-Alexandre en est un exemple.

Le 24 mai 2018, une convention pluriannuelle de valorisation et préservation du patrimoine  maritime de Saint-Pierre-et-Miquelon par un public jeune fut signée entre le Préfet de Saint-Pierre et-Miquelon, le Président de la Collectivité Territoriale, le Chef de l’établissement du Lycée Émile  Letournel et le Président de l’association Les Zigotos. Le lycée Émile Letournel et l’association Les  Zigotos se sont engagés à mettre en place un projet pluridisciplinaire à caractère professionnel  (PPCP) autour de la construction d’un doris de Saint-Pierre avec le soutien du Pôle Développement  Attractif de la Collectivité Territoriale et notamment son service : l’Arche – Musée et Archives. La  Collectivité Territoriale s’est engagée à apporter un soutien logistique, documentaire et technique  pour la valorisation du projet. L’association Les Zigotos s’est engagée à apporter son expertise  technique auprès du lycée, à assurer la charge de l’achat des matériaux de construction et mobiliser  ses adhérents afin qu’ils apportent leur appui et savoir-faire dans le projet. Le soutien financier du  projet programme « Transmission des savoirs et démocratisation de la Culture » du ministère de la Culture a été mobilisé par la Direction de la Cohésion Sociale, du Travail, de l’Emploi et de la  Population (DCSTEP). En ce qui concerne les élèves, les éléments essentiels de l’apprentissage par  rapport à leur cursus principal ont été le tracé pièce par pièce associé aux calculs, la manipulation  des machines-outils pour ne pas gaspiller le bois, et le cintrage. 

La construction des doris et la pêche.

Les doris sont une embarcation populaire en Amérique du nord. Ils apparaissent par l’intermédiaire  des navires banquiers, qui partent chaque année pour leur campagne de pêche en Atlantique nord,  depuis l’Europe continentale, à destination des colonies et comptoirs de pêche de la région de  l’Atlantique nord-ouest. Les goélettes banquières de la Grande pêche embarquent sur leur pont un  grand nombre de doris. Ces derniers, armés par quelques matelots (« les dorissiers »), sont  « largués » par la goélette le temps d’une marée, avec lignes et boëte, puis récupérés à l’issue. C’est  l’addition de leurs prises qui remplissent les cales des goélettes. Celle-ci rentrent en fin de saison en  Europe. Toutefois, les doris subissent de nombreuses avaries, lors des largages, mais aussi et surtout  lors de très fréquents événements en mer, souvent mortels. Les goélettes perdent ainsi énormément  de doris à chaque campagne, et ne peuvent rentrer en métropole se recharger en doris. Cela conduit  à la création de chantiers de construction in situ, au plus près des bancs, sur Terre-Neuve, en  Nouvelle-Écosse, mais également à Saint-Pierre-et-Miquelon. Une manufacture de doris, qui  produisait plusieurs centaines de doris annuellement à la fin du XIXe siècle, est ainsi créée par une  coopérative d’armateurs dans les prés surplombant le fond du barachois de Saint-Pierre. Au temps  de l’âge d’or de la pêche à la morue, à la fin du XIXe siècle, on dénombre plus de 500 doris de Saint-Pierre-et-Miquelon sur l’archipel.  

En parallèle, les colons pêcheurs, notamment basques, bretons et normands sur l’archipel,  établissent des comptoirs de pêche dans la région. Chaque baie se retrouve ainsi occupée par des  familles de pêcheurs françaises, mais aussi anglaises, conduisant à l’apparition de la notion de  French shore sur les côtes terre-neuviennes, alors occupées, comme le nom l’indique, par tout un  ensemble de comptoirs de pêche français qui ciblent la morue, mais également le capelan, le saumon,  ou le homard. Ces pêcheurs sont qualifiés par l’administration française de « petits pêcheurs », en  opposition aux pêcheurs banquiers (ill. 1). Ils sont indépendants, et généralement le patron du doris  est l’armateur, propriétaire de l’unité. Celui-ci embarque un matelot avec lui, de sa famille ou du  voisinage. Une part de ces petits pêcheurs est constituée de saint-pierrais et de miquelonnais, qui ne  vont occuper ces baies qu’à la belle saison, et restent sur l’archipel l’hiver, où demeure leur famille.  Ils mettent en place différentes stratégies d’acquisition de petits navires polyvalents adaptés à la  pêche. Ils en construisent eux-mêmes sur l’archipel l’hiver et en réparent l’été sur le French shore. 

Une véritable activité professionnelle dédiée de charpenterie de marine émerge dans leur sillage.  C’est l’avènement dans la région de petits chantiers de construction spécialisés dans les doris. Les  officiers français de la Marine qui arment la Station navale de Terre-Neuve et la Colonie de Saint Pierre-et-Miquelon sont chargés de protéger les intérêts des petits pêcheurs. Ils réalisent une  campagne annuelle d’inspection des comptoirs, et relèvent le nombre de doris possédés et usités. De  nombreux croquis et coupes des embarcations sont réalisés par ces officiers. Ils démontrent  notamment l’emploi concomitant des doris et warys localement. La construction vernaculaire des  petits pêcheurs est alors encore peu standardisée, et chaque fabricant a ses méthodes de fabrication  propres, même si, logiquement, quelques lignes générales se dessinent. Les doris locaux diffèrent  quelque peu des doris des bancs (ill. 2), et sont parfois proches des warys (ill. 3). Cette parenté doris warys a été étudiée par Éric Rieth. A l’aube de la première guerre mondiale, la motorisation apparaît  (ill. 4).

Durant l’après-guerre, des armateurs français, constructeurs de doris des bancs, sont constructeurs  à plein temps. Parallèlement à cette activité professionnelle, les pêcheurs de Saint-Pierre-et Miquelon font des réparations mineures sur leurs propres embarcations. Michel de Lizarraga se  rappelle qu’au tout début des années 60’ il a été amené à changer des morceaux de sole ou de courbes  qui pourrissaient, ou bien encore à réparer la caisse à hélice, sur l’embarcation qu’il avait en  association avec Jean Autin. Alain Orsiny a recensé dans les données établies par le délégué du  gouverneur de l’époque pour Miquelon 72 doris et 154 marins en 1951.

Dans les années 1950, si les petits pêcheurs du French shore ont disparu, une communauté active  demeure encore à Saint-Pierre et à Miquelon. De nombreuses anses sont encore occupées par des  doris, comme la Pointe au cheval (ill. 4), au début de l’isthme de Langlade. Le doris était positionné  là-bas pour la saison, permettant d’être « au plus près du poisson ». Les pêcheurs rentraient au bourg  chaque soir, à l’issue d’une route harassante selon les moyens de transport. A partir des années 1970,  en dehors des ports de Miquelon et de Saint-Pierre, toutes les anses et l’Île aux marins sont désertées  par les pêcheurs en doris.

Dans les années 1975, le doris est également utilisé à Saint-Pierre pour la pêche à l’encornet (ill. 5).  On charge alors 6700 à 8000 livres d’encornets par embarcation, même si par la suite on impose  une limite de 5000 livres. On fait jusqu’à deux livraisons par jour le week-end. On compte alors 15 à  20 doris de Saint-Pierre et 6 à 7 doris de Miquelon qui pratiquaient cette pêche. C’est à la même  période qu’à Miquelon, certains des derniers doris ne sont plus saillés sur le plain, mais rentrent à  quai dans le nouveau port en eau.  

L’introduction du longliner puis du fish loop est venue concurrencer le doris dans les années 90’ et  a entraîné une modification progressive des techniques de pêche commerciales qui a abouti à un  épuisement des fonds marins. C’est ainsi que développement de la pêche hauturière, au détriment  notamment de la petite pêche artisanale de l’archipel, a participé, entre autres, à l’extinction du doris  de pêche localement (les derniers doris employés à la pêche professionnelle l’ont été sur Miquelon).

La pratique de la pêche professionnelle en doris s’inscrit dans la tradition des pratiques de pêche des  petits pêcheurs (alors même que les dorissiers des banquiers avaient disparu dès l’arrivée des  chalutiers à vapeur dans la région, à partir des années 1910—1920). Sur Saint-Pierre, et encore plus,  sur Miquelon, l’activité de pêche en doris a pourtant structuré la vie communautaire du quotidien  jusque dans les années 90’. Le moratoire du gouvernement fédéral canadien du 2 juillet 1992 qui  interdit la pêche à la morue le long de la côte est du Canada met fin quant à lui à près de cinq siècles  de pêche à la morue à Terre-Neuve-et-Labrador, ainsi qu’à Saint-Pierre-et Miquelon depuis les - premières expéditions de pêche de Jacques Cartier. 

Les enquêtes menées sur les métiers de la construction navale et de la pêche à Saint-Pierre-et Miquelon par Eric Rieth, Aliette Geistdoerfer et Jean Chapelot de 1979 à 1983 témoignent d’un  artisanat spécialisé associé à une autre activité professionnelle liée à la mer. A cette époque-là  quelques noms apparaissaient encore comme ceux d’artisans reconnus en ce domaine : Désiré  Briand (ill. 1) à Miquelon et Joseph Heudes (ill. 2) à Saint-Pierre, constructeurs de doris et pêcheurs  côtiers ; Pierre Hélène (ill. 3), charpentier de marine et scaphandrier à Saint-Pierre. Cyril Franché  (ill. 5) que nous avons pu rencontrer rappelle que l’année (1977) où il a construit son premier doris durant la période hivernale, il était à la pêche d’avril à octobre. Aujourd’hui, il n’y a plus de  constructeurs professionnels de doris dans l’archipel. Les métiers de voilier, poulieur et calfat tels  qu’ils étaient pratiqués par Joseoh Foliot, Louis Vigneau et Clément Vallée (ill. 4) ont disparu. 

 

Le doris de Saint-Pierre-et-Miquelon s’est adapté à plusieurs innovations depuis sa création. Une  modification de la taille des embarcations a accompagné l’apparition du moteur. On peut également  citer l’ajout d’une « cabane » sur les doris de Miquelon qui partaient plus loin en mer, au-delà de l'Île  Brunette vers Sagona par exemple, en raison de la raréfaction de la ressource morutière dans les  eaux proches de Miquelon. En effet, ils restaient parfois jusqu’à cinq heures en mer avant d’atteindre  leur zone de pêche. Avant cela, les pêcheurs étaient protégés des intempéries par une toile fixée sur  des poteaux de bois. Cette invention technique serait attribuée à Jean et Ange Lemaine. Comme les pêcheurs craignant un déséquilibre en cas de forte mer y étaient réticents, un système modulable a  été prévu de façon à pouvoir détacher la cabine en urgence si nécessaire. Michel de Lizarraga se  rappelle que l’utilisation du compas magnétique étant perturbée par le volant en fer, il a été décidé  de remplacer ce dernier par un volant en bois.

La difficulté à trouver des bois de longueur a entraîné progressivement une disparition du clin pour  le contre-plaqué, malgré le fait que le jeu des clins offrait une meilleure résistance à la mer quand le  doris retombait sur une lame. Gérard Disnard se souvient que de 14 courbes et une sole de 6,20 m dans la construction à clin, on est passé progressivement à 15 courbes et à une sole de 6,50 m avec le  contre-plaqué.

Certaines évolutions quant aux outils utilisés comme le passage du rivet au boulon peut poser des  problèmes techniques liés notamment à l’accastillage comme le rappelle Cyril Franché. Néanmoins,  Gérard Hélène, s’il reconnaît qu’une construction à clin est « plus belle et plus stable », revendique  la nécessité de faire évoluer les techniques afin de s’adapter à l’usage de nouveaux matériaux.

Il faut noter que dans les années 1980, certains élus de l’archipel, notamment Henri Claireaux,  sénateur de Saint-Pierre-et-Miquelon de janvier 1947 à septembre 1968, ont engagé un programme  de coopération avec différents pays du Sud global, notamment en Asie, Afrique et Amérique du sud  (Inde, Madagascar, Brésil, Sénégal, etc.), visant à apporter les savoirs et savoir-faire de construction  et d’exploitation du doris au sein de certaines communautés côtières pour les aider dans le  développement local de leurs activités halieutiques. Le doris de l’archipel représentait alors un  modèle social d’indépendance et d’autonomie permettant aux pêcheurs de faire vivre leur famille tout en n’embarquant pas sur les chalutiers usines. Ainsi, grâce à plusieurs subventions publiques et  des liens avec l’Agence française de développement, des pêcheurs et charpentiers ont été envoyés au  sein de plusieurs régions à l’étranger, pour former certains groupes de pêcheurs à l’usage du doris,  ce qui a constitué une diffusion de la pratique au sein de territoires littoraux historiquement non  concernés. La pratique a ainsi été empruntée à l’étranger hors Atlantique nord.

Par ailleurs, si les doris construits localement l’ont été majoritairement pour des fonctions  halieutiques, une part non négligeable des unités construites l’a également été pour servir d’autres  intérêts. Les administrations portuaires, notamment, ont construit ou commandé des doris adaptés  aux travaux maritimes, ou à des fonctions spécifiques de transbordement. La Direction  départementale de l’Équipement (aujourd’hui DTAM 975) a par exemple travaillé en interne sur la  réalisation de plans de doris adaptés aux activités de ses services gérant les infrastructures  maritimes. Les ingénieurs, techniciens et dessinateurs de cette administration ont ainsi dressé les  plans d’un doris de servitude. Ces plans ont ensuite été fournis à la Subdivision des Phares et Balises  de l’archipel, qui, au sein de ses différents ateliers, et notamment l’atelier « bois » (charpente,  menuiserie), a pu en fabriquer. Ces doris ont été réellement adaptés au contexte « Équipement » et  s’éloignent de plusieurs manières d’un doris de pêche classique. Ils ont servi principalement aux  menus travaux des agents en charge du balisage, pour des relèves de gardiens de phare (à Pointe Plate par exemple, une petite presqu’île en plateau située au sud-ouest de Langlade, où il était  nécessaire aux agents pour traverser la baie entre Saint-Pierre et Langlade), des transbordements de  charges, ou encore des petits travaux portuaires, des déglaçages de bouées, ou des interventions sur  des balises et feux (comme sur le feu du Petit Saint-Pierre par exemple). Ils ont été marqués d’une  étoile rouge, symbole des agents des Phares et balises. La station locale de pilotage a également été  propriétaire de différents doris, dits « doris pilote ». Ils étaient employés pour amener depuis le quai  le pilote jusqu’au navire qui patientait sur rade et inversement. Ils ont été marqués d’une ancre de  marine, symbole des fonctions de pilotage, et de la lettre « P ».  

Pour information, il existait un autre usage aujourd’hui disparu, celui lié aux marées de goulet qui  avaient lieu en général au printemps. Lorsque les beaux jours revenaient et que s’annonçaient les  premières marées à la morue, les pêcheurs se rendaient au goulet du Barachois, au droit de l’isthme  entre Miquelon et Langlade, et venaient taper dans les moulières pour collecter de la boëtte qui était  utilisée pour boëtter les lignes à morue durant la saison. Cet usage était ponctuel et saisonnier.  Parfois, la moule était vendue à la seille. Les pêcheurs Saint-Pierrais pêchaient également des coques  dans le grand Barachois. Ce mollusque était salé sur place. On trouve d’ailleurs autour de  l’emplacement des « cabanes du Goulet » des coquilles de coques. Par ailleurs, lors de quelques  marées, notamment lors de la saison du capelan, certains équipages pêchaient « en bœufs », avec  deux doris, l’un rabattant la senne.

Parmi les usages aujourd’hui disparus, on peut ajouter que le doris servait aussi pour la récolte du  goémon pour les jardins. Certains pêcheurs allaient en chercher vers Béliveau lorsque qu’il était  absent près des côtes du village. Employé de manière majoritaire, voire exclusive, par les marins pêcheurs artisans de l’archipel, jusque dans les années 1990, son usage professionnel a globalement  disparu en une vingtaine d’années, avec les derniers pratiquants du doris à la fin des années 1990  (sur Miquelon avec Jean-Pierre Morel), seuls demeurent des usages halieutiques amateurs pour quelques marées ponctuelles. Toutefois, ces pratiques de loisir ne diffèrent pas des pratiques  professionnelles, excepté par les territoires de pêche fréquentés (les marins-pêcheurs pouvaient se  rendre aux Plattes, voire au-delà de l’Île Brunette, au Canada, à plusieurs heures de route pêche du  port), la durée des marées, ou les quantités recherchées. 

Vitalité

Trois associations sont aujourd’hui impliquées dans la sauvegarde du doris, dont une constituée  spécialement dans cet objectif, notamment par l’entretien et la reconstruction de ces embarcations.  Le doris jouit d’un attachement très fort de la population, qui en fait un des symboles de l’archipel.  Un tour en doris représente une attractivité touristique affichée, demandée et appréciée, ce qu’offre  l’association les Zigotos.

Si l’usage professionnel du doris de Saint-Pierre-et-Miquelon pour la pêche à la morue a aujourd’hui  disparu, il existe d’autres usages inhérents à une multitude d’activités locales, parfois encore  d’actualité, tels que la chasse ou le transport, mais aussi une pêche de loisir.

Les pratiques cynégétiques sont historiquement fortement ancrées dans l’archipel, où 10% de la  population chasse. Celles-ci visent notamment les gibiers d’eau, comme les godes, et de mer, comme  les macreuses, abondants autour des îles et îlots de Saint-Pierre-et-Miquelon. En permettant de  rallier les “cailloux” (roches émergées, situées à distance de la terre ferme), de s’abriter et  éventuellement de rester une nuit sur la zone de chasse, le doris constitue un moyen nautique  d’intérêt. Le doris peut servir également à emmener les barriques (gros tonneaux) pour la chasse au  large et à les ramener après la passée (passage des oiseaux de la zone où ils dorment à celle où ils  mangent deux fois par jour en général). Retourné sur l’envers, il peut par ailleurs servir d’abris de  chasse temporaire.

Le menu transport a un caractère familial et d’entraide.  Le doris sert parfois, même si c’est de moins en moins le cas, au transport des personnes, des biens  et des marchandises entre les îles (Saint-Pierre, Île aux marins, Miquelon et Langlade), voire entre  deux anses ou deux rives d’un étang ou d’un barachois. Il peut aussi être brièvement transporté sur  les sillons et cordons de galets de l’archipel pour passer d’un étang à la mer par exemple, et éviter  ainsi de contourner les îles et leur cap notamment à Miquelon.

Menaces et risques

La surpêche qui a été pratiquée au temps de l’âge d’or de la pêche à la morue (25 000 à 40 000 tonnes  de morue/an) a engendré un épuisement des ressources naturelles et de fait une disparition de  l’usage traditionnel du doris de Saint-Pierre-et-Miquelon. Il faut y associer la problématique du  stockage des embarcations pendant la période hivernale qui de fait réduit les possibilités de  constructions neuves.

La ressource naturelle bois n’étant pas directement disponible sur l’archipel, la problématique de  l’approvisionnement est de fait majeure. Le climat médio-nordique océanique froid et la dureté de  l’environnement marin des îles ne permettent pas d’envisager un plan de reforestation comme cela  a pu être pratiqué en métropole et cela dès le Moyen Age.

La perte des savoir-faire traditionnels est l’autre élément essentiel dans l’analyse des menaces et des risques. En effet, comme on a pu le voir dans le point sur les pratiques vivantes, un point de vigilance  doit être fait sur le rapport entre construction neuve et restauration de bâtiments anciens construits  selon des techniques traditionnelles. A titre d’exemple, sur Miquelon, la question des plans de doris  spécifiques à l’île est fréquemment revenue pendant nos enquêtes. Le chantier Briand n’ayant pas  été sauvegardé, une inquiétude existe quant à l’existence de plans conservés, qui pourraient éclairer  les particularités vernaculaires du doris miquelonnais, et surtout, participer à la relance du doris sur Miquelon. Par ailleurs, d’après ce que l’on a pu observer auprès des personnes enquêtées, on voit  très clairement une disparition progressive du geste du calfat alors que le dernier calfateur  professionnel de l’archipel, Clément Vallée, est disparu en 1988.

La conservation de certains doris d’époque encore existants est sujette à caution. L’exemple du doris  placé sur le plain, à l’est du village de Miquelon, est un exemple convoqué par la communauté de  mauvaise pratique de conservation : exposé aux éléments et non entretenu, le doris est désormais  voué à s’écrouler sur lui-même, sans aucune chance de restauration, alors même qu’il avait été offert  par un ancien pêcheur. D’autres doris dorment dans des locaux inadaptés ou chez des particuliers  d’un certain âge. Une réflexion pourrait être engagée sur leur sauvegarde à long terme. 

Modes de sauvegarde et de valorisation

Les musées de l’archipel possèdent différentes collections liées à la construction des doris et leur  armement à la pêche, tant sur Saint-Pierre (musée de l’Arche ; musée Héritage ; musée Archipélitude  à l’île-aux-Marins où l’association la Sauvegarde du Patrimoine de l’Archipel (SPA) conserve et  expose dans différents lieux, deux doris au rez-de-chaussée de la maison Jézéquel classée au titre des  monuments historiques notamment et à l’été 2024, le doris donné par Yannick Autin à l’association  SPA devrait être présenté sur les bois de saillage de l’ensemble Morel, également classé au titre des  monuments historiques et remisé dans la saline de l’ensemble Morel durant la période hivernale)  qu’à Miquelon (musée géré par l’association Miquelon Culture Patrimoine). Celles-ci sont mises en  valeur dans le cadre de diverses expositions. Par ailleurs, les églises recèlent de multiples  représentations de doris, physiques ou non (maquettes de procession, vitraux, etc.).  

Chaque année, une fête des marins a lieu à Saint-Pierre. La 144ème édition de la fête des marins sera  célébrée le 23 juin 2024 sur Saint-Pierre. La fête des marins s’inscrit dans un rendez-vous  traditionnel (PCI) où les habitants rendent hommage aux marins disparus et aux hommes de la mer  (décorum dans l’église, pavoisement, procession avec maquettes de bateaux, etc.). Celle-ci a  également existé jusque dans les années 2000 à Miquelon et a été relancée en 2023. Historiquement,  ces fêtes qui permettent de réunir la communauté concernée autour d’un évènement festif à fort  impact ouvrent la saison de pêche. Après une procession nautique, où tous les doris défilent sous les  pavois, accompagnés des autres navires du port (sauvetage en mer, etc.), les nouvelles unités  construites durant l’hiver et armées ensuite à la pêche côtière sont bénies. Chaque doris embarque  une petite vierge miniaturisée pour lui porter chance. On retrouve à Saint-Pierre, à Miquelon et à  Langlade des vierges processionnaires montées sur des doris miniaturisés dans les lieux de culte. A  cette occasion, les familles de pêcheurs offrent des répliques miniatures de doris réalisées sur  l’archipel à l’église ou à la Société des marins qui les conservent entre deux fêtes dans différents  locaux religieux et civils. Quatre bénédictions de doris ont eu lieu en 2023. Sur Miquelon, la chorale  locale s’est investie dans une relance du répertoire de chants de marin pour l’occasion.

Actions de valorisation à signaler

L’association des Zigotos fondée en 1989 était à l’origine une association sportive qui relevait des  défis en faisant des traversées jusqu’à Langlade, Terre Neuve, Fortune, Grand Banc, Saint Laurent,  etc. En 2010, les 3 équipages de 7 rameurs des Zigotos ont ainsi parcouru 68 milles marins pour  rallier Saint-Pierre à Marystown après 23 heures de rame. Depuis une dizaine d’années, elle s’est  orientée vers une dimension patrimoniale à travers la sauvegarde des savoir-faire constructifs. Ils  ont commencé par racheter pour 6000 euros le Saint-Etienne (classé MH en 2016) et le Larry. Les  Zigotos possèdent à l’heure actuelle 11 doris de Saint-Pierre qu’ils ont achetés, construits ou  restaurés, mis à leur disposition ou issus de don : 4 doris moteur (Le Saint-Etienne, Le Larry, Les 2  Pierre, le doris construit par l’atelier Bois avec les jeunes du Lycée), 7 doris à avirons dont 3 grands  doris avec un barreur (Zigotos 1, Les Zigotos, La Poursuite), 3 doris des bancs à deux rameurs (Le  Saint-Pierre et Miquelon, Le Pays Basque, La Relève) et un doris des bancs à quatre rameurs et un  barreur (La Continuité). L’atelier du Père Pierre est ouvert toute l’année au public de façon à communiquer autour des savoir-faire mis en situation. Il constitue un lieu de rencontres entre les  différentes générations. Des visites guidées sont organisées et selon l’activité en cours, des  animations et concerts y sont aussi proposés. Par ailleurs, Les Zigotos recréent de l’usage en  proposant des sorties en mer de mai à décembre (si le temps le permet) pour pêcher à la mitraillette  ou à la ligne, puis travailler le poisson et le cuisiner à la saline. Ils participent depuis ces dernières années aux journées européennes du patrimoine. Le 20 septembre 2020, ils ont conduit sur l’île aux  Marins Marc Dérible, ancien instituteur, à bord du Saint Pierre pour la dictée du patrimoine. Les  textes d’auteurs locaux sont privilégiés (avec de nombreux termes vernaculaires). Le 14 août 2022,  un de leur doris équipé d’une cabane construite pour l’occasion à Miquelon dans le garage de Claude  Orsiny et de son beau-père Bernard Gaspard a été l’élément central de la reconstitution théâtralisée  d’un retour de pêche des années 50 organisée à Miquelon. Ils participent également au rayonnement  du patrimoine local dans la proche région comme en témoigne leur participation au festival acadien  de Caraquet au Nouveau-Brunswick. Cela s’inscrit dans le développement des échanges culturels  souhaité dans le cadre de la Coopération Régionale. Fortement médiatisé, on relève un attachement  très fort de la population saint-pierraise à l’association. Par ailleurs, l’association Les Zigotos est un  acteur patrimonial, culturel et touristique qui s’associe aux très nombreux événements (nationaux  ou locaux) organisés sur l’archipel qu’ils soient privés, associatifs ou institutionnels. L’association  répond également aux diverses sollicitations des médias locaux, nationaux voire internationaux afin  de valoriser et mieux faire connaître cet élément du patrimoine culturel immatériel de l’archipel.

Sur Miquelon, l’association Miquelon Culture Patrimoine est également investie sur la question du  doris et de la pêche. Grâce à l’Appel à projets Unesco lancé par la Mission aux affaires culturelles de la Préfecture en 2021, l’association a travaillé à un collectage des mémoires, dans une démarche  d’ethnographie de sauvegarde, consacré aux pêcheurs artisans en doris de Miquelon. Ce travail  d’enquête a ensuite permis d’engager un projet de reconstitution d’un retour de pêche piloté par la  metteure en scène Isabelle Astier. Ce retour de pêche de doris miquelonnais qui s’est déroulé le 14  août 2022 sur le plain de Miquelon a permis à une foule d’intéressés de venir observer un évènement  disparu depuis plusieurs années. Pour aider à cela, les Zigotos ont prêté l’un de leur doris.

Le projet de construction de la réplique du 2 Pierres par les élèves du Lycée professionnel Émile  Letournel est tout à fait original tant par les acteurs réunis (Éducation nationale, Ministère de la  Culture, Collectivité territoriale, monde associatif) que par son ambition (par l’acquisition d’un  savoir-faire nouveau les jeunes apprennent l’histoire de leur territoire, mais en plus en deviennent  des acteurs). En référence aux termes de la convention tripartite signée par toutes les parties, la  valorisation du projet devait passer par le site de l’Arche. Une page facebook (Construction doris  Zigotos) a été ouverte par Vincent Rinaldo afin de garder la trace de l’histoire de la construction de  la réplique du 2 Pierres. Cette expérience de transmission des savoir-faire par la réalisation d’un  projet d’étude va faire date à Saint-Pierre. En effet, les élèves du Lycée professionnel Émile Letournel  seront sollicités pour réaliser des affûts côtiers en bois nécessaire au projet de remise en état de la  Batterie d’artillerie du Fort de l’Ile aux Marins porté par l’association Sauvegarde du Patrimoine de  l’Archipel qui consistera dans la mise en situation de deux obusiers et de deux canons.  

Modes de reconnaissance publique

Les chaînes télévisées et radiophoniques locales de France Télévision (SPM La Première) sont  activement engagées dans la valorisation du patrimoine maritime de l’archipel, et, très fréquemment,  réalisent des reportages y afférents.

Les institutions publiques locales (État et Collectivité territoriale) financent des projets ou  participent à la pérennisation financière des associations en lien avec les doris, démontrant une  implication attentive des pouvoirs publics. Ce soutien prend différentes formes, avec, par exemple,  des Appels à projets ponctuels qui ont permis de financer différentes actions. A titre d’exemple, dans  le cadre du projet de candidature de l’archipel au patrimoine Mondial de l’Unesco, la Mission aux  Affaires Culturelles de Saint-Pierre-et-Miquelon a lancé un appel à projet à l’automne 2021. Six  associations de l’archipel y ont répondu dont l’association Miquelon Culture Patrimoine avec un  projet qui comportait deux volets : le collectage accolé aux recherches de Roger Etcheberry pour  servir à l’écriture d’une reconstitution d’un retour de pêche théâtralisé des années 50. Comme évoqué  plus haut, ce projet a été réalisé en 2022 grâce au prêt du doris « Les 2 Pierres » de l’association Les  Zigotos. Une cabane a été construite pour l’occasion. Les Zigotos ont de leur côté proposé un retour  de pêche dans le port de Saint-Pierre avec de nombreux membres de l’association en costumes  d’époque, réalisés à l’atelier du Père Pierre durant la période hivernale. A proximité de leurs salines  des ateliers de découpe et de séchage du poisson étaient organisés. Un repas a été confectionné et  distribué aux spectateurs présents. 

Mesures de sauvegarde envisagées

L’archivage des éléments matériels (photos, films, plans) des travaux de construction ou de  restauration menés par les différents acteurs de la pratique rencontrés et le recueil sonore de leurs  récits est la première étape des mesures de sauvegarde qui pourraient être envisagées. Le travail  d’enquête réalisé pour cette fiche d’inventaire PCI pourrait en constituer la base.

Le doris de Saint-Pierre-et-Miquelon associé à l’histoire des savoir-faire constructifs et à l’histoire  de la petite pêche est à intégrer en tant qu’élément marquant qui fait de l’archipel un site universel  et exceptionnel dans le projet d’inscription de l’archipel sur la liste du patrimoine mondial de  l’Humanité (Unesco) initié en 2020 et piloté actuellement par Rosiane de Lizarraga.

L’association Miquelon Culture Patrimoine qui a pour but de promouvoir l’art, la culture et l'histoire  de l'île de Miquelon-Langlade a présenté un dossier patrimonial de sauvegarde des savoir-faire au  secrétariat d’État de la Mer (FIM) afin d’obtenir un financement destiné à la reconstruction d’un  doris de Miquelon selon les techniques traditionnelles. Celui-ci s’inscrit dans un projet plus vaste de  valorisation avec la reconstruction d’une saline avec ses bois de saillage. La relance d’une activité liée  au doris sur l’île de Miquelon apparaît comme un enjeu d’importance. L’engagement de la Mairie de  Miquelon et du FIM doivent permettre de lancer en 2024 le projet sur le plan financier.

L’intégration de la présentation des savoir-faire de la construction du doris de Saint-Pierre dans la  construction d’un parcours patrimonial dans l’archipel mettant en jeu des lieux (les salines de saint Pierre ; l’atelier du Père Pierre des Zigotos ; les doris présentés au rez-de-chaussée de la Maison  Jézéquel et dans l’ensemble Morel de l’île aux Marins), les collections religieuses et les collections  muséales publiques et privées de l’archipel, les représentations artistiques de l’objet patrimonial  doris (toile de Gaston Roullet au Musée de l’Arche, Résidence d’artistes avec les peintres de la marine  sur l’île aux Marins) permettraient de créer un projet ambitieux et dynamique en lien avec le  développement touristique de l’archipel. A cela pourrait s’ajouter au public la présentation des deux  doris conservés dans les collections de l’Arche.

A l’échelle de l’Atlantique nord, deux options devraient être explorées activement, pour inscrire  l’archipel dans des réseaux sur le doris et la pêche : renforcer la coopération régionale sur le sujet  avec le Canada, et notamment Terre-Neuve, les Îles de la Madeleine, la Nouvelle-Écosse et le  Nouveau-Brunswick, où de nombreux acteurs sont encore actifs ; engager une candidature  d’adjonction française au dossier d’inscription sur les listes Unesco des « traditions nordiques des  bateaux à clins ».

Par ailleurs, une démarche éducative encourageant la participation de tous les enfants et jeunes de  l’archipel à la sauvegarde des savoir-faire constructifs du doris de Saint-Pierre-et-Miquelon par  l’acquisition de connaissances, un rapport direct aux embarcations, la rencontre avec des  constructeurs anciens et actuels, et une pratique de l’activité de la charpente navale, serait une  mesure de sauvegarde viable dans laquelle les jeunes feraient une histoire pratique de leur territoire  et en deviendraient des acteurs à part entière. 

 

Tous les praticiens rencontrés ont soutenu la démarche d’inventaire menée. Ils apparaissent sur tous  les supports multimédias remis avec la présente fiche d’inventaire. Ils ont par ailleurs mis à  disposition une partie de ces supports multimédias. 

Récits liés à la pratique et à la tradition

CHAPELOT Jean, GEISTDOERFER Aliette et RIETH Éric, Les îles Saint-Pierre et Miquelon : étude  archéologique, historique et ethnographique, Rapport DGRST, 1982, 2 vol.

Collectages d’Anatole Danto, Léa Pertel, Jules Danto et Eric Collias, réalisés dans le cadre de  différents projets (Archipel.eu, Institut français ; Mission d’évaluation DCSTEP 975 ; Projet de  recherche SPA, MITI CNRS ; Mission de coopération, Institut français du Danemark ; Projets Fjords  de l’ouest, ArcticLab) à Saint-Pierre et Miquelon, en Islande et aux Féroé : https://cocoon.humanum.fr/exist/crdo    

Collectage de chants de marins de l’archipel par l’OPCI-EthnoDoc lors de deux missions (2003 et  2016), dans le cadre du projet De morue et de violon : échanges musicaux entre les Saint-Pierrais  et les Fécampois. Les données collectées ont été versées sur la base de l’Office, RaDdo : https://raddo-ethnodoc.com/carte/

Inventaires réalisés liés à la pratique

- Enquête ethnolinguistique conduite par Patrice Brasseur et Jean-Paul Chauveau, consacrée au  français parlé sur l’archipel, et comprenant un champ lexical vernaculaire lié à la pêche et au doris  très important, réalisée entre 1983 et 1986 (voir la publication du dictionnaire afférent, référencé ci dessous).

- Une campagne de relevé des mesures des doris de l’archipel a été réalisée il y a quelques années par  le Wooden boat museum de Terre-Neuve, qui s’est alors intéressé aux doris locaux et à leur construction. Les plans et coupes y sont toujours aujourd’hui conservés.

- Inventaire consacré à la mémoire de la petite pêche miquelonnaise morutière réalisé à la demande  de l’association Miquelon Culture Patrimoine par Anatole Danto dans le cadre de la démarche  d’inscription de l’archipel au patrimoine mondial de l’Unesco intégrée dans le Contrat de  Développement Territorial porté par l’État et la Collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon,  ainsi que la Mission aux Affaires Culturelles (MAC) : https://cocoon.humanum.fr/exist/crdo/meta/cocoon-f41d841c-157a-42fc-9d84-1c157a32fcf7  

Bibliographie sommaire

Bibliographie

ANCELLIN Jacques, « La pêche aux îles Saint-Pierre et Miquelon-rapport de mission (Mai-Juillet  1951) », Revue des Travaux de l'Institut des Pêches Maritimes, 19(1), 1955, p. 10-50. 
BRASSEUR Patrice, CHAUVEAU Jean-Pierre, Dictionnaire des régionalismes de Saint-Pierre et  Miquelon, Tübingen, M. Niemeyer, 1990. 
DERIBLE Marc, Le doris et son environnement à Saint-Pierre et Miquelon, 2023.
ETCHEBERRY Roger, La pêche côtière à Miquelon vers le milieu du XXème siècle, Chez l’auteur. 
GEISTDOERFER Aliette, « S’approprier la mer aux îles de la Madeleine, Québec, et à Saint-Pierre et-Miquelon », Anthropologie maritime, 2, 1985, p. 31-39. 
GEISTDOERFER Aliette, « Ethnologie d'une culture maritime qui disparaît : Saint-Pierre et  Miquelon (France) », Ethnologies, 12(2), 1990, p. 123-141. 
GEISTDOERFER Aliette, « "Des lions, des mouettes et des fauvettes". Étude des patronymes des  doris de Saint-Pierre. Des rapports entre les pêcheurs et la mer », Annales de Normandie, Vol. 26,  n°1, 1995, p. 193-204. 
LANDRY Nicolas, « Étude du risque dans la vie maritime autour de Saint-Pierre-et-Miquelon 1817– 1948 », Newfoundland and Labrador studies, 34(2), 2019, p. 231-270. 
LEVERT Florence, « Au bonheur de l’ethnographe, à Saint-Pierre-et-Miquelon », Ethnologie  française, 37(2), 2006, p. 495-496. 
LOSIER Catherine, LIEW Zhe Min, CHAMPAGNE Mallory et LIVINGSTON Meghann, « Le grand  métier et la petite pêche : Archéologie des XIXe et XXe siècles à l’anse à Bertrand, Saint-Pierre et  Miquelon », Revue d'Archéologie contemporaine, (1), 2021, p. 59-80. 
MOEBS Mathilde, « Les dorissiers du Pays de Caux », Le Chasse-marée, n°51, sept. 1990. 
MUSEE DES TERRE-NEUVAS, Doris doris. Le doris hier et aujourd'hui à Fécamp et dans le monde, Musée des Terre-Neuvas, Fécamp, catalogue d’exposition n°24, 2002. 
RIETH Éric, « Mission ethno-archéologique aux îles Saint-Pierre et Miquelon », Cols Bleus, 1595,  1979, p. 10-13. 
RIETH Éric, « Le doris côtier de Saint-Pierre et Miquelon : mode de conception et procédés de  construction », Actes du Colloque International sur les Traditions Maritimes au Québec (Québec,  10-12 October 1984), 1985, p. 386-409. 
RIETH Éric, « Essai d'analyse d'une parenté technologique : warys et doris de pêche côtière de Saint Pierre et Miquelon », O. Lixa-Filgueiras (dir.), Local Boats, British Archaeological Reports,  International Series, 438, 1988, p. 119-139. 
RIETH Éric, « La voilure des doris de Saint-Pierre-et-Miquelon », Neptunia, n°171, 1988, p. 38-46.
RIETH Eric, « La construction des doris à Saint-Pierre-et-Miquelon (1re partie) », Neptunia, n° 175,  septembre 1989, p. 37-44. 
RIETH Eric, « La construction des doris à Saint-Pierre-et-Miquelon (2e partie) », Neptunia, n° 177,  septembre 1989, p. 37-44. 
RIETH Eric, « Architecture et technique de construction des doris de pêche côtière de Saint-Pierre et-Miquelon », Doris, doris. Le doris hier et aujourd'hui à Fécamp et dans le monde, Musée des  Terre-Neuvas, Fécamp, 2002, p. 74-85. 
RIETH Eric, « Aux origines du doris des bancs », Doris, doris. Le doris hier et aujourd'hui à Fécamp  et dans le monde, Musée des Terre-Neuvas, Fécamp, 2002, p. 10-17. 
RIETH Eric, « Diversité fonctionnelle du doris américain à la fin du XIXe siècle », Deuxièmes  Journées d’Histoire de la Grande Pêche (Fécamp, 11-12 octobre 2003), Actes recueillis et mis en  forme par Eric Barré, Société Française d’Histoire Maritime, Paris, 2003, p. 9-31. 
ROY Carmen, Saint-Pierre et Miquelon : une mission folklorique aux îles, n°56, Ministère du Nord  canadien et des ressources nationales, 1962. 
RUBIN Steven H., « The St. Pierre Dory: An Endangered Species », Boating, vol. 43, jan-jun. 1978. Rapports de recherche 
DANTO Anatole, COLLIAS Éric, Pour une anthropologie de la nature en contexte archipélagique  ultramarin : les patrimoines maritimes immatériels de Saint-Pierre et Miquelon dans la  perspective d’un classement au titre du patrimoine mondial de l’UNESCO, Rapport de recherches  (Préfecture de Saint-Pierre-et-Miquelon), 2019. 
DANTO Anatole, Mémoires de la pêche morutière : ethnographies de la pêche côtière  miquelonnaise en doris (seconde moitié du XXème siècle), Rapport de recherches (Préfecture de  Saint-Pierre-et-Miquelon, Collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon, Miquelon Culture  Patrimoine), 2021. 
DANTO Anatole, DANTO Jules, PERTEL Léa, Saint-Pierre et Miquelon (France). Un Patrimoine  culturel immatériel halieutique du local au global, Rapport de recherches (Institut français, OCTA,  APCA, UE, PIIRESS), 2023. 
DANTO Anatole, DANTO Jules, PERTEL Léa (2023). Les relations Hommes-Mers au sein des  communautés côtières boréales : Ethno/graphies sensibles des immatérialités des connaissances  et pratiques concernant l’environnement marin, Rapport de recherches (Institut français, OCTA,  APCA, UE, PIIRESS), 2023. 
EYNAUD Philippe, Analyse du déclin de la pêche artisanale à St Pierre et Miquelon, Rapport  Ifremer, 1986. 
GEISTDOERFER Aliette, Saint-Pierre et Miquelon. Une communauté de petits pêcheurs. Quel  avenir ? Rapport de recherches, Ministère de la Culture, n°71, 904, 1988.

Conférences

DANTO Anatole, « Usages de l’environnement marin, savoirs écologiques et patrimoine culturel  immatériel : naviguer entre les patrimoines à l’heure du Capitalocène à Saint-Pierre et Miquelon »,  Colloque Les sciences de la soutenabilité et l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon : perspectives de  recherches interdisciplinaires. Brest, décembre 2019.

Archives sommaires

Archives nationales

19940647/12. AO 83 DOM 22. Recherches archéologiques, ethnologiques et historiques des îles  Saint-Pierre-et-Miquelon.

20060629/248. Recherches archéologiques, ethnologiques et historiques des îles Saint-Pierre-et Miquelon (sur la construction de Doris), (n°83DOM22).

20070119/36. Études sur Saint-Pierre-et-Miquelon (1967-1989).

Archives diplomatiques (site de Nantes)

Poste de Halifax. 260 P0/1/18. Correspondance avec Saint-Pierre-et-Miquelon. Poste de Reykjavik. 568 P0/1/19-25. Pêche. 
Poste de Saint-Jean-de-Terre-Neuve. 595 P0/1/13-15. Correspondance avec Saint-Pierre-et Miquelon ; 40-55. Affaires maritimes.

Service historique de la Défense (Division territoriale nord-ouest, Brest)

MB/5C. Stations et divisions navales de Terre-Neuve et d’Islande (1880-1914). Comprend une riche  documentation sur la pêche, notamment la petite pêche sur l’archipel et de French shore, ainsi que  les relevés, croquis, notes et cartographies des campagnes d’inspection annuelles de la Marine  française dans la région. Une source de premier plan. 
MB/1U6. Campagne du croiseur Isly, 1899. Album photographique.

Muséum national d’histoire naturelle, Bibliothèque centrale

Fonds Aliette Geistdoerfer (non classé, non accessible). 
Archives du Laboratoire des Pêches Coloniales puis Laboratoire des Pêches outre-mer. Dossiers  géographiques > Amérique du Nord, Saint-Pierre et Miquelon, Terre-Neuve. ARCH PC 34.

Musée du Quai Branly-Jacques Chirac

Fonds photographique E. Aubert de la Rüe.

Musée national de la Marine

Fonds Serge Lucas. FP/2022/7. 
Bibliothèque. Plans de doris (voir la plateforme CLADE pour effectuer une recherche : bibliotheques numeriques.defense.gouv.fr/musee-national-de-la-marine/document/ ).

Archives 975, musée de l’Arche

Industries, implantation d’entreprises 13 584. Economie. Industries, implantation d’entreprises.  Visite et marquage de doris construits à St-Pierre : p.v., 1886-1890. 
Travaux divers 5103. Travaux publics. Travaux divers. Travaux divers : corr., notes (à noter : coupure  de presse sur le lancement du « Ravenel » ; plan du système d’échouage d’un doris), 1945-1957. 
Inscription maritime 12 416. Inscription maritime. Calcul des matériaux nécessaires à la  construction d’un doris de pêche, 1952.

Archives municipales de Lorient

Fonds Anita Conti. 12Z ; 24Fi.

Archives de la ville de Genève (Suisse)

Fonds E. Aubert de la Rüe. 350.C.9.4. 
Musée d’ethnographie de l’Université de Bordeaux 2
Fonds du Docteur M.Dhoste (correspondance, photographies).

Filmographie sommaire

Cinémathèque de Bretagne : concerne essentiellement les Terre-neuvas. 
France TV, SPM la Première : fonds audiovisuel et radiophonique d’importance, conservé localement  (180 notices d’archives consacrées au doris). 
INA : Inathèque.

Sitographie sommaire

L’Arche, musée et archives : www.arche-musee-et-archives.net/  
The Wooden boat museum : www.woodenboatmuseum.com/    
Association les Zigotos : www.facebook.com/groups/264292734045144/  
Groupe Facebook collaboratif dédié aux archives de l’archipel : www.facebook.com/groups/367804279113  

Praticien(s) rencontré(s) et contributeur(s) de la fiche

Constructeurs

AUTIN Yannick ; Particulier-constructeur de doris et charpentier-menuisier, entreprise Au fil du bois Coordonnées 
Saint-Pierre, Saint-Pierre-et-Miquelon 

DISNARD Gérard ; Constructeur de doris et pêcheur retraité 
Miquelon, Saint-Pierre-et-Miquelon 

FRANCHE Cyril ; Constructeur de doris et pêcheur retraité 
Saint-Pierre, Saint-Pierre-et-Miquelon 

PERRIN Stéphane ; Particulier-constructeur de doris 
Saint-Pierre, Saint-Pierre-et-Miquelon

Pêcheurs

DE LIZARRAGA Michel ; Pêcheur retraité, charpentier-menuisier, chef d’équipe au service communal retraité Coordonnées 
Miquelon, Saint-Pierre-et-Miquelon 

DETCHEVERRY Gilles  ; Pêcheur retraité  
Miquelon, Saint-Pierre-et-Miquelon 
 
DETCHEVERRY Luc ; Pêcheur retraité  
Miquelon, Saint-Pierre-et-Miquelon 

MOREL Jean-Pierre ; Pêcheur retraité  
 Miquelon, Saint-Pierre-et-Miquelon 

VIGNEAU Henry ; Pêcheur retraité  
Miquelon, Saint-Pierre-et-Miquelon

Association

ETCHEBERRY Roger ; Pêcheur et télégraphiste retraité, secrétaire de l’association Miquelon Culture Patrimoine Coordonnées 
Miquelon, Saint-Pierre-et-Miquelon 

HELENE Gérard  ; Particulier-constructeur de doris et président de l’Association Les Zigotos 
Saint-Pierre, Saint-Pierre-et-Miquelon

ORSINY Alain ; Délégué du Préfet à Miquelon retraité, ancien syndic des gens de mer, président de l’association  Miquelon Culture Patrimoine 
Miquelon, Saint-Pierre-et-Miquelon 

RIVIERE Bertrand  ; Membre de l’association Les Zigotos 
Saint-Pierre, Saint-Pierre-et-Miquelon

Institutions patrimoniales 

BOISSEL Suzie ; Agente de la Maison de la nature et de l’environnement de la Collectivité territoriale 975 retraitée,  trésorière de l’association Miquelon Culture Patrimoine 
Miquelon, Saint-Pierre-et-Miquelon

DETCHEVERRY Lauriane ; Directrice de l’Arche, Musée et Archives de la Collectivité territoriale 975 
Saint-Pierre, Saint-Pierre-et-Miquelon 

LAUBIE Xavier et GUILPIN Thierry ; Conservateur du patrimoine, Chef de la Division territoriale Nord-Ouest 
Chargé d’études documentaires, adjoint au chef de service, Service historique de la Défense 
Brest

MOEBS Mathilde  ; Responsable des collections, Musée de la pêche, Concarneau-Cornouaille Agglomération  

DEMPSEY James  ; Président, Wooden boat museum de Terre-Neuve et Labrador  
Wintertorn, Newfoundland, Canada

Institutions publiques

DE LIZARRAGA Rosiane ; Cheffe de la Mission aux Affaires Culturelles (MAC SPM), service déconcentré du ministère de la  Culture – Préfecture de Saint-Pierre-et-Miquelon – Conseiller pour l’ethnologie et le patrimoine  culturel immatériel (PCI) 
Saint-Pierre, Saint-Pierre-et-Miquelon

DJURHUUS CHRISTIANSEN Kristina ; Responsable de l’Inventaire national du PCI au Musée national, sous la responsabilité du ministère  en charge de la Culture 
Tórshavn, Féroé

GORAGUER Herlé ; Délégué de l’Ifremer à Saint-Pierre-et-Miquelon 
Saint-Pierre, Saint-Pierre-et-Miquelon

JACOBSEN Margretha ; Senior principal, ministère des Affaires étrangères et du commerce, responsable Arctique et océan 
Tórshavn, Féroé

WEIHE Armgarð ; Senior principal, ministère des Affaires sociales et de la Culture, responsable de la Commission  nationale Unesco des Féroé 
Tórshavn, Féroé

HARNETT Marco, et l’ensemble des agents de la subdivision de Saint-Pierre-et-Miquelon ; Agents des Phares et Balises  
Saint-Pierre, Saint-Pierre-et-Miquelon

Centre de formation 

LEBON Jean-Christophe ; Ancien directeur délégué aux formations professionnelles et technologiques, Lycée professionnel  Emile Letournel 
Saint-Pierre, Saint-Pierre-et-Miquelon

RINALDO Vincent ; Responsable de la section charpenterie bois, Lycée professionnel Emile Letournel 
Saint-Pierre, Saint-Pierre-et-Miquelon

Divers

ASTIER Isabelle  ; Actrice, auteure et metteure en scène, vient pour le compte de l’association Miquelon Culture  Patrimoine depuis 2001  
Paris

ASTON Felicity  ; Propriétaire et conservatrice d’un navire à clins islandais 
Île de Vigur, Fjords de l’ouest, Islande

KOELSCH Daniel ; Président de la Fédération des chasseurs 975 
Saint-Pierre, Saint-Pierre-et-Miquelon

MAHE Henri-Paul ; Chasseur, responsable Miquelon de la fédération 975 
Miquelon, Saint-Pierre-et-Miquelon

THEBAUT Bertrand ; Abbé, Diocèse de La Rochelle, vicaire épiscopal pour l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, curé de  Saint-Pierre et de Miquelon 
Saint-Pierre, Saint-Pierre-et-Miquelon

VIGNEAUX Denis ; Ancien gardien de phare 
Miquelon, Saint-Pierre-et-Miquelon

Métadonnées de gestion

Rédacteur(s) de la fiche 

Anne-Sophie RIETH ; Docteure en histoire des techniques, UMR 8066 Institut d’histoire moderne et contemporaine,  (CNRS/ENS-PSL/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). 
Anne-Sophie.Rieth@univ-paris1.fr  

Anatole DANTO ; Chercheur en anthropologie, EA 4513 Centre de recherches Europes-Eurasie, Institut national des  langues et civilisations orientales et UMR 8066 Institut d’histoire moderne et contemporaine,  (CNRS/ENS-PSL/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). 
anatole.danto@orange.fr  

Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés ou membre(s) de l’éventuel  comité scientifique instauré

Anne-Sophie RIETH ; Enquêteur 

Anatole DANTO ;  Enquêteur

Eric RIETH (Directeur de recherche émérite, CNRS) ; Membre du comité scientifique 

Valérie NEGRE (Professeur d’histoire des techniques, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) ; Membre du comité scientifique

Lieu(x) et date/période de l’enquête

Saint-Pierre-et-Miquelon, mars et mai 2023 

Données d’enregistrement

Date de remise de la fiche

mai 2024

Année d’inclusion à l’inventaire

2024

N° Ministère de la Culture :

2024_67717_INV_PCI_FRANCE_00535

Identifiant ARKH :

<uri>ark:/67717/nvhdhrrvswvksr0</uri>

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Doris_(bateau)

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