C’est un jeu de précision qui s’apparente à la boule de fort. Le mot « bourler » en picard signifie tomber. En effet, la plupart du temps, lors de son arrêt, la bourle tombe sur le côté.

La bourle est surtout pratiquée dans les environs de Tourcoing et de Wattrelos, en Flandres et en Belgique. Tourcoing et ses environs possèdent une dizaine de « bourloires ».

C’est un jeu de précision qui s’apparente à la boule de fort. Le mot « bourler » en picard signifie tomber. En effet, la plupart du temps, lors de son arrêt, la bourle tombe sur le côté.
Il se joue sur un terrain légèrement concave (appelé « une bourloire ») mesurant 25 m de long sur 3 m de large. Les bords relevés forment des sortes de gouttières dans lesquelles les bourles ne doivent pas se coincer. Aux deux extrémités de la piste se trouvent des fosses (ou « tchu », « cul » en picard) où les bourles tombent si elles sont lancées trop fort.
La piste se termine par des planches derrière les fosses. Les bourloires se trouvaient au fond des cabarets, dans un local à côté de la place du village ou dans les cours des cafés et des estaminets. Parfois 2 pistes se trouvent côte à côte. Les joueurs pratiquaient ce jeu le dimanche après la messe. Aujourd’hui, les sociétés ouvrent leurs portes pratiquement toute la semaine. La piste de la bourloire est composée d’une couche de goudron sur laquelle est étalée du sable et de la chaux (ou de la sciure). Cette assise est ensuite recouverte de résine. A l’origine, la piste était composée d’argile mélangée à de la bouse de vache et du son de seigle. Lorsque le mélange craquelait, il était humecté avec de la bière.

Le but du jeu est d’approcher le plus près possible « l’étaque » avec sa bourle. L’étaque est donc le but à atteindre, il s’agit d’une petite rondelle de cuivre de 5 cm de diamètre, incrustée dans la piste et qui se trouve à 1m50 d’une extrémité. Autour, un cercle est peint en blanc afin que les joueurs visent plus facilement. Souvent cette marque est constituée de 2 cercles concentriques. Une flèche part de ces cercles en direction de l’étaque opposée, afin que le joueur puisse s’aligner dessus. Chaque piste possède 2 étaques permettant ainsi de fonctionner sur le mode des allers-retours. Les étaques sont donc successivement point de départ et but à atteindre. Lorsqu’un joueur met sa bourle dans l’étaque ou sur sa ligne, il fait « jo » (il prend le point). Les bourles sont des disques constitués de bois : des « tronches » car découpées dans le tronc de l’arbre.

A l’origine, ces disques étaient entourés par une feuille de cuivre et cloutés de rivets de cuivre qui permettent au bois de ne pas éclater. Cette méthode de fabrication a été abandonnée il y a environ 80 ans. Aujourd’hui, le disque est entouré d’acier. Les bourles possèdent un côté fort (plus lourd et qui entraine la bourle dans sa course) et un côté faible. Elle roule donc de manière sinusoïdale avant de tomber. Il faut donc bien maitriser sa boule pour l’envoyer à l’endroit souhaité et la faire slalomer entre les obstacles afin qu’elle atteigne l’étaque. Les bourles utilisées à Tourcoing sont petites et en noyer. Elles mesurent 19,5 cm de diamètre et 10 cm de large. Elles doivent peser au maximum 2 kg. Elles sont plus grosses dans d’autres endroits comme à Wattrelos (entre 4 et 8kg et sont en bois de gaïac). Au cours des parties, 2 équipes s’affrontent. A Tourcoing, elles sont constituées de 8 joueurs. Chaque joueur possède une bourle qu’il tire.

Dans chaque équipe, il y a un capitaine qui décide de la stratégie de jeu et désigne les joueurs qui placeront les heillis (obstacles) pour bloquer la progression des adversaires. Tous les joueurs d’une équipe jouent. Un fois les huit bourles lancées, l’équipe adverse joue à son tour. Les bourles qui marquent les points sont celles situées entre l’étaque et les bourles adverses. Une partie se joue en 8 « bouts », c'est-à-dire 4 allers-retours. Les membres de l’équipe qui totalise le plus de points sont désignés vainqueurs. Il y a trois types de joueurs : les « frappeux » qui lancent la boule à grande vitesse afin d’enlever les bourles qui gênent le passage, les « pointeux » qui placent les bourles et qui visent l’étaque, et enfin les heillicheux qui placent leurs bourles pour créer des obstacles. Rentrer la bourle dans l’étaque est très difficile. Il ne faut pas la lancer trop loin pour qu’elle n’atterrisse pas dans la fosse. Si elle tombe dedans, elle « va au tchu » (« au cul »). Le jeu s’est ouvert aux femmes après la Seconde Guerre Mondiale. Il est aujourd’hui également pratiqué par les enfants. Une bourle se transmet de père en fils ce qui diminue les difficultés à trouver le bois adéquat pour les fabriquer ainsi que les tourneurs capables de les confectionner. Les joueurs doivent cependant entretenir soigneusement leur bourle. A l’origine, elle était plongée dans du purin pour éviter que des vers ne dévorent le bois. Aujourd’hui, elles sont huilées avec de l’huile de lin afin de nourrir le bois. Lorsqu’il n’y a personne à qui la transmettre, le joueur l’offre à la société à laquelle il appartient. Le nom de l’ancien propriétaire est alors gravé sur le cuivre de la bourle.

De grands compas de bois sont utilisés par le commissaire de jeu pour mesurer les distances entre les bourles en cas de doute. Dans les bourloires se trouve un « tronc du jeu », chaque spectateur qui entre y met une pièce. L’argent récolté est ensuite reversé à une association caritative. Le tournoi du roi est un tournoi très important. Lors de ce tournoi, les joueurs testent leur habileté. Ils jouent en 1 contre 1 jusqu’à ce qu’il ne reste que le meilleur.

Vocabulaire complémentaire :

« Jouer en rive » : utiliser l’inclinaison de la piste.
« Poussage » : la force avec laquelle la boule est envoyée.
« Faire un cul » : pousser la bourle d’un coéquipier dans l’étaque.
« Faire un coup forcé » : tirer la bourle avec un peu plus de force qu’à l’accoutumée.
« Buquer » : tirer pour dégager les bourles adverses.

Ce jeu s’apparente au jeu de boule flamande pratiqué dans les régions de Bailleul, Boeschepe et Godewaersvelde (59).

  • Une bourloire
  • Des bourles
  • Deux étaques.

La piste de la bourloire : en goudron recouvert de sable et de chaux ou de sciure, puis de résine. Une piste, si elle est bien entretenue, durera une trentaine d’années. Les fabricants sont flamands et le Conseil Général du Nord peut contribuer au financement des travaux de réfaction. Le coût moyen pour refaire le sol d’une bourloire est d’environ 2000€.

La bourle de Tourcoing : en noyer avec un cerclage de métal. Les bourles sont parfois fabriquées en résine pour en augmenter la durée de vie et en diminuer l’entretien mais les essais ont été peu concluants. Les bourles en résine sont interdites à Tourcoing. Exceptionnellement, elles peuvent-être fabriquées par des joueurs mais il est difficile de trouver du bois de noyer.

L’étaque : une rondelle de cuivre.

Trophées, jeux de bourles miniatures.

Dans une bourloire, salle fermée où se trouve la piste de jeu.
La bourloire se trouve souvent sur un terrain communal ou derrière les cafés. Autrefois les pistes étaient en plein air mais elles ont toutes été recouvertes.

La transmission du jeu se faisait de manière verticale (de père en fils). Aujourd’hui, les personnes désireuses de pratiquer ce jeu peuvent se rendre dans les bourloires et demander à apprendre aux joueurs.
Les sociétés s’ouvrent aux scolaires et aux centres-aérés pour leur faire des démonstrations.
Certains bénévoles ouvrent également des écoles de bourles afin de transmettre le jeu aux plus jeunes.

Historique général :

Dans le département du Nord, ce jeu remonte au Moyen Age. Les archives de Lille font état d’un arrêté daté du 4 août 1382 qui interdit la pratique de la bourle : « que nul soit si hardi, ni grands ni petits, dorénavant à jouer à quelque jeu de bourles grandes ou petites en notre ville sous peine d’une amende de 60 sols de forfait même pour les enfants seraient castagnés de verges ou autre peine selon la gravité du méfait ou intention ». Rabelais dans son ouvrage Gargantua (1534) fait état de la pratique d’un jeu de « boulle plate ».

Historique particulier de l'entreprise, de la personne ou de l'organisme, de la forme d'expression ou de l'espace culturel faisant l’objet de la fiche :

La Fédération des Sociétés de Bourles du Nord est créée en 1979 sous une impulsion de sauvegarde de la pratique car les bourloires sont, à l’époque, menacées de disparaitre. En effet, beaucoup de bourloires sont de grands bâtiments qui appartenaient le plus souvent au diocèse. A la fin des années 1970, le diocèse désireux de vendre ses biens se débarrasse des bourloires. La Fédération monte alors une campagne de sauvegarde et de sensibilisation autour du jeu de bourle. La plupart sont rachetées par les communes, quelques-unes par des sociétés. Certaines sont classées « monument historique ». La Fédération regroupe aujourd’hui environs 4000 membres.

  • Plaquette
  • Site internet
  • Guide
  • Portes-ouvertes
  • Réseau de professionnels

Soutenu par le Conseil Général du Nord (59).
Mini-jeux afin de pouvoir transporter la piste pour présenter le jeu (présenté dans un festival des sports (Vitalsport), hébergé par la chaine de magasin de sport Décathlon en 2007).
Mise en ligne de vidéos de bourles sur « TV bourles du Nord » sur le site internet http://worldtv.com/tv_bourles_du_nord/ (la vidéo n°3 présente la bourle de Tourcoing)

La Fédération est membre de l’A.E.J.S.T. (Association Européenne des jeux et Sport Traditionnels).

Campagne de sauvegarde des bourloires à la fin des années 1970.

Nom et rôle et/ou fonction de la personne rencontrée :
Jean-Pierre Moerman, président de la Fédération des Sociétés de Bourles du Nord.
Patrice Gerardi, responsable informatique et développement web de la Fédération.

Municipalité, vallée, pays, communauté de communes, lieu-dit… : Tourcoing et ses environs.

Adresse : 34, rue du Moulin Fagot Ville : Tourcoing
Code postal : 59200
Téléphone : 03.20.25.15.21
Site Web : http://fedbourlenord.wordpress.com

Dates et lieu(x) de l’enquête : 25 et 26 juillet, Tourcoing
Date de la fiche d’inventaire : 3 août 2012
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Chloé Rosati-Marzetti
Nom du rédacteur de la fiche : Chloé Rosati-Marzetti

Documentation / éléments bibliographiques/inventaires déjà réalisés :
Ouvrages :  Le jeu de bourle est mentionné dans les ouvrages suivants:
Casazza Christophe, 2011, Pétanque, La passion du jeu, éd. Hugo et Compagnie, 159 p.

Damien Marie-Madeleine, Dorvillé Christian (ss. dir.), 2011, Le patrimoine de nos régions : ruine ou richesse future ? Exemples des dynamiques territoriales, L’Harmattan, pp. 47-64.

Waret Philippe, 2011, Exposition internationale du nord de la France à Roubaix en 1911, éd. Books on demand, 64 p.

Sites Internet : Vidéos : http://www.youtube.com/watch?v=TnoPRbXQpvQ


N° d'inventaire Ministère Culture :  2012_67717_INV_PCI_FRANCE_00242
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk28c

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bourle

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