L’entreprise "Les Sonnailles Daban" fabrique des sonnailles pour les troupeaux (moutons, bovins, chèvres) et les chiens de chasse. Nicolas Daban poursuit aujourd’hui une tradition familiale qui remonte à 1650.

L’entreprise "Les Sonnailles Daban" fabrique des sonnailles pour les troupeaux (moutons, bovins, chèvres) et les chiens de chasse. Nicolas Daban poursuit aujourd’hui une tradition familiale qui remonte à 1650. Il incarne ainsi la dixième génération de sonnaillers, toujours sous l’œil averti de son père Maurice Daban qui transmet tout ce qu’il a pu acquérir par ses aïeux. Dans son atelier de 150 m² Nicolas Daban explique les étapes de la fabrication de sonnailles. La fabrication se fait essentiellement à partir de plaques de fer façonnées à la main, aux marteaux et sur des bigornes (équerres rondes à bout effilé, fichées dans un banc de bois sur lequel les ouvriers travaillent assis). Nicolas Daban répète les mêmes gestes qui n’ont pas changé.

- Après avoir coupé en rectangle les plaques de tôles reçues à l’état brut (2m x 1m aux épaisseurs allant de cinq dixième à quinze dixième), celles-ci sont estampillées à la marque de l’entreprise, au pays d’origine, au numéro de la pièce et par un marquage spécifique correspondant au modèle de la sonnaille (pour un modèle destiné aux vaches par exemple, la pièce sera marquée d’une croix trinitaire symbole autrefois religieux de la protection du troupeau, perçue aujourd’hui comme un élément de décoration. ). La plaque est ensuite pincée de chaque côté ; les résidus sont récupérés pour réaliser par exemple les "bélières" anneaux qui permettront de tenir les battants des sonnailles. Rien ne se perd dans la découpe. Ces plaques sont ensuite bordées à la presse, pliées puis soudées en quelques secondes à la soudeuse par point, ou à l’arc électrique. Il est possible de les marquer par des éléments décoratifs personnalisables en fonction des besoins de la clientèle.

- Vient ensuite le façonnage de la pièce à froid au marteau sur les bigornes. Les sonnailles sont réalisées en tôles d'acier. Contrairement aux fondeurs qui fondent le bronze à l’intérieur d’un moule pour former les cloches, l’entreprise Daban façonne les pièces à froid pour leur donner une forme définitive en tôle qui sera ensuite brasée au four. C’est l’une des seules entreprises en France à pratiquer cette technique ancestrale de la tôle brasée qui date de 2500 ans (pour réaliser une sonnaille il faut environ 50 passes manuelles).

- Une fois que la forme de la pièce est obtenue, c’est la préparation du pain d’argile avant le brasage par la métallisation du laiton. Ainsi les pièces façonnées à froid sont enveloppées dans un moule en argile donnant le pain d’argile. L’argile est préparée dans le pétrin puis mélangée à la paille. Elle est ensuite transformée en feuille qui peut contenir plusieurs sonnailles pouvant aller d’une seule pièce à 272 pièces pour les petits modèles. On rajoute des plaques de laiton à l’intérieur et au-dessus des sonnailles ; celles-ci sont d’abord enveloppées dans du papier afin de les isoler de l’argile qui les protégera de la flamme lors de la mise au four. Le pain d’argile est ensuite brasé au four à une température n’excédant pas les 1200°C. C’est la seule entreprise en France à utiliser la technique de l’argile à la place des moules en acier. La paille mélangée à l’argile permet à la chaleur du four de pénétrer dans la pièce (l’argile est une matière étanche qui ne permettrait pas à la chaleur de pénétrer la pièce sans la présence de la paille). Trop de paille brûlera la terre et peu de paille la fera fondre. Le laiton en fusion s’étend autour du métal et pénètre à l’intérieur ; on obtient alors des tôles brasées. Ce brasage donne la résonance de la pièce en rendant étanche toutes les jointures et en imprégnant le laiton sur toute la surface de la tôle. Le laiton réagit comme de l’encre sur le buvard ; il permet de lier et de consolider la pièce en un seul morceau. Ce laiton descend par gravitation ce qui nécessite le retournement des pains d’argile dans le four afin de permettre au laiton de se répandre sur toute la pièce.

- Une fois brasé, les pains d’argiles sont sortis du four et déposés sur une grille. Ils sont secoués afin de récupérer l’excédent de laiton qui sera par la suite réutilisé pour la fabrication d’autres sonnailles. Il s’agit de réduire l’excédent de laiton parce que trop de laiton sur la sonnaille nuit au son ; il faudrait alors repasser la pièce au chalumeau ou la meuler ce qui est considéré par l’entreprise comme un défaut technique (pourtant très prisé par les éleveurs). Ils sont ensuite laissés à refroidir à l’extérieur pendant une trentaine de minutes (voire une heure) avant de les tremper dans l’eau puis de les briser. Ces pains ont une utilisation unique puisqu’ils sont brisés à chaque fabrication. La pièce est alors terminée ; elle ne cassera pas lors de sa mise en son parce que aciérée lors de son passage au four, elle a eu le temps de refroidir avant d'être mise dans l'eau. Les sonnailles sont ensuite polies à la brosse métallique ce qui prouve que le travail n’est pas du placage. Si les sonnailles étaient plaquées par électrolyse, cela disparaîtrait rapidement après plusieurs frottements. Alors que le brasage permet au laiton de pénétrer la pièce sur cinq centièmes d’épaisseurs comme une seconde peau.

- Quand les plaques façonnées sont devenues sonnailles, il faut encore les accorder afin qu’elles s’harmonisent entre elles et avec celles qui sont déjà au cou du bétail. Elles sont travaillées au marteau pour la mise en son. Elles sont martelées pour leur donner à l’oreille un son unique. C’est ainsi que la pièce prend sa forme définitive avec le gommage des imperfections. Ce son unique permet aux éleveurs de faire reconnaître le troupeau parmi les autres parce que si toutes les pièces avaient le même son, les éleveurs ne pourraient pas savoir au son s’il s’agit bien de leur troupeau. La musique est aléatoire parce qu’il ne s’agit pas de fabriquer des instruments de musique aux sons parfaitement définis. Il est possible de se référer à un modèle de sonnaille déjà mis en son pour se rapprocher du référentiel lorsque l’ouïe se fatigue. Un éleveur recherche une harmonisation sonore dans le troupeau.

Sa sensibilité sonore le conduit à choisir la sonnaille qu’il souhaite. Il sélectionnera celle qui se rapproche le plus de ce qu’il recherche à l’oreille. À l’aide du battant, il teste les sons qui peuvent être uniformes ou doubles sons. Le dépôt de laiton sur la pièce joue sur le son ; plus le laiton est en quantité importante plus le son est aigu. Le son d’une sonnaille s’assourdit avec le temps : un son aigu s’assombrit au bout d’un an. Il vaut mieux se pencher sur une sonnaille plus aiguë pour obtenir au bout de quelques temps cet assombrissement dans le son. Le choix se fait aussi en fonction des lieux. L’éleveur ne souhaite pas perdre son temps à rechercher son bétail qui aime prendre le large. Les tonalités graves fracassent le brouillard rendant les sonnailles perceptibles à l’oreille. Alors que dans les bois, l’éleveur se penche davantage sur les tonalités aiguës parce qu’elles traversent le bois et se réverbèrent sur les arbres (alors que les tonalités graves sont absorbées par les arbres).

L’entreprise utilise principalement des plaques de tôles en acier et en laiton, du plastique pour les battants des sonnailles, de la paille et de l’argile pour la réalisation des moules ou pains d’argile. Nicolas Daban constate que son métier a évolué parce que l’entreprise pouvait il y a quelques années encore extraire et piocher elle-même l’argile sur un terrain communal. Son grand-père et son père ont tenté à plusieurs reprises de racheter ce terrain ce qui leur a été refusés. Aujourd’hui, les carrières d’argiles ferment en France parce qu’elles sont rachetées par des industriels étrangers qui souhaitent détenir le monopole. Nicolas Daban a réussi momentanément à contourner le problème grâce à deux entreprises : une à Revel qui s’approvisionne en argile pour la fabrication de boisseaux, et une autre en Loire-Atlantique. Il achète ainsi les argiles à ces entreprises pour constituer son stock. Il y pioche tous les deux ou trois jours parce qu’il fabrique en continue des pains d’argiles qui sont détruits après chaque utilisation. Tant que ces entreprises de Revel et de Loire-Atlantique continuent à lui fournir ces argiles, Nicolas Daban ne sera pas confronté au problème de la fermeture des carrières.

Le geste est le même depuis des générations avec l’utilisation des outils rudimentaires tels que marteaux, bigornes, maillets et enclumes. Il ne s’agit pas au travers des outils de durcir les plaques de tôle ou de les laminer, ni de marquer ou d’écrouir les pièces, mais de façonner les plaques afin de donner une forme ovale à la pièce. Ainsi à partir de la plaque de tôle rectangulaire, le martelage en porte à faux après passage au four, permet d’arrondir la forme et de donner le son à l’oreille.

Les machines sont disposées les unes à côté des autres : les presses mécaniques, la presse à marquage qui date de plus de trente ans, la guillotine et la soudeuse par points et l’arc électrique, le pétrin pour la préparation des pains d’argile, le four à mazout dont la température varie jusqu’à 1200°C pour la cuisson des pains d’argile, l’étuve (ancien système de séchoir à prunes d’Agen adaptée aux besoins de l’entreprise, chauffée au gaz à une température de 80°C, et dans lequel sont stockés les pains d’argile), la machine à polir les pièces, le bac pour tremper les sonnailles dans l’eau après refroidissement, etc.

Un éleveur n’achète pas les sonnailles pour décorer les animaux. C’est un investissement utile ; seule la sonnaille pendue au cou des bêtes permet de retrouver le bétail, les vaches ou brebis qui prennent le large. Elle permet de donner la cadence pendant la transhumance et d’empêcher la dispersion des bêtes qui se rassemblent d’ailleurs au son des sonnailles. Elle permet aux propriétaires de repérer facilement les bêtes en plein brouillard et de les protéger des piqûres des vipères. Un berger par exemple peut assortir les sonnailles en fonction des ententes entres les vaches ; ainsi une vache et son petit sont reconnaissables grâce aux sonnailles. Pour les chiens de chasse, elle permet de savoir s’ils marquent l’arrêt. Elles peuvent également être des objets de décoration pour d’autres clients ou des souvenirs de vacances.
Ces sonnailles portées au cou du bétail doivent être retournées de côté tous les ans afin de ne pas casser la soudure de la pièce ; en effet, lors des déplacements du bétail, le battant en plastique tape la sonnaille toujours au même endroit ce qui réduit le métal et l’use, amincissant alors l’un de ses côtés.

L’entreprise est installée dans la commune de Bourdettes, à quelques kilomètres de la commune de Nay, située dans le département des Pyrénées-Atlantiques et la région Aquitaine. Elle s’inscrit dans la tradition agricole béarnaise.

La transmission du savoir-faire s’est toujours faite oralement de père en fils puisqu’il n’y a pas de traces d’archives au sein de l’entreprise. Elle ne possède pas de documents écrits sur les générations précédentes. Une grande tante de la famille Daban, épouse de l’aîné de la famille, aurait brulée les archives qui se trouvaient dans un grenier pour allumer la cheminée.
Aujourd’hui il n’existe pas de formations spécifiques à la fabrication de sonnailles pour troupeaux et chiens de chasse. La formation se fait en interne et s’acquiert après plusieurs années de pratique. L’entreprise a déjà accueilli des stagiaires et des apprentis pendant quelques mois ce qui a suscité l’envie pour certains jeunes d’exercer ce métier sans toutefois qu’ils ne concrétisent leur envie jusqu’au bout. C’est un métier qui nécessite de la passion parce qu’il n’est pas facile de l’exercer compte tenu des contraintes physiques et répétitives dans les étapes de la fabrication. Nicolas Daban s’accroche à son entreprise parce qu’elle est familiale afin de perpétuer un savoir-faire ancestral qui date de plusieurs générations.

Les sonnailles sont inscrites dans la tradition pastorale du Béarn depuis le XVIIe siècle. La marche des troupeaux se fait toujours sous le tempo des sonnailles qui permettent de donner le pas pendant la transhumance. Les éleveurs ont cheminé à travers les plaines et les montagnes ; leur passage a facilité les échanges culturels et marchands. Ils ont contribué également à tracer les routes actuelles.
Au XXIe siècle, le rôle des transhumances et du pastoralisme en montagne est primordial d’un point de vue environnemental. C’est une relation entre l’homme, l’animal et le territoire. Même si on utilise aujourd’hui des bétaillères, beaucoup d’éleveurs transitent encore de nos jours avec leur bétail, à pieds, sur les chemins et routes des vallées. Ils conduisent les animaux (vaches, brebis, chevaux) en haute montagne en période estive principalement pour soulager leurs exploitations relativement restreintes en herbage. C’est aussi une fête à laquelle sont associés tous ceux qui sont attachés aux coutumes ancestrales et qu’ils souhaitent perpétuer : il faut partir tôt, traverser les villages en grimpant vers les sommets, faire la fête le soir autour du feu et d'un repas.

La famille Daban fabrique des sonnailles depuis environ 330 ans, l’ancêtre de la famille étant né en 1639. La maison Daban a été fondée en 1795 à Nay par Jean-Bernard Daban. Deux cents ans plus tard, son petit-fils à la cinquième génération, devient le seul authentique fabricant de sonnailles de Collioure à Hendaye.
Aujourd’hui Nicolas Daban est la dixième génération de sonnaillers. Après son DEUG en informatique, il a travaillé pendant deux années à la Caisse d’Épargne. Puis à la fin de son contrat, il décide en 2002 de rejoindre l’entreprise de son père. Nicolas Daban ne voulait pas au fond de lui que les générations s’arrêtent. Il devient alors salarié en 2002 puis gérant en 2006. Son expérience dans le milieu bancaire lui permet d’avoir une approche économique de son entreprise. Il gère ainsi la comptabilité, la gestion des stocks, la trésorerie, les statistiques, mais aussi l’emboutissage des pièces, le marquage et la découpe, la cuisson au four, etc. Il découvre encore aujourd’hui certaines facettes de son métier qu’il veut maîtriser parfaitement, et notamment sur toutes les étapes de la fabrication des sonnailles pour peut-être un jour à son tour perpétuer cette tradition familiale. Le tout, sous le regard attentif de son père.

- Site internet

- Label Entreprise du Patrimoine Vivant

- Réseau de professionnels

L’entreprise aimerait accéder aux marchés nord-américains pour fabriquer des sonnailles pour les chasseurs du monde entier. La participation aux foires et salons est chère ; l’entreprise ne peut pas investir de l’argent pour des projets dont elle ne peut évaluer les débouchés en termes de clientèle.
Elle tente de communiquer autour de son savoir-faire pour informer le public sur l’existence de ce métier notamment par la création d’un site internet : www.daban.fr. Sachant qu’il n’existe pas de formations appropriées au métier, les jeunes ne sont pas sensibilisés. Afin de redonner de la noblesse au travail manuel, elle accueille les personnes intriguées par ce savoir-faire atypique. Pour valoriser son métier et afin de s’adapter à l’évolution de la demande et aux exigences du XXIe siècle, Nicolas Daban a mis en place un nouveau système de personnalisation des sonnailles. Les plaques sont marquées de dessins d’animaux ou autres réalisés par informatique puis collés sur la plaque, lorsque celle-ci est plate et avant façonnage (têtes de vaches, brebis, chevaux en course, etc.). Après réglage du tassot de bois pour caler la plaque, celle-ci est pointillée à l’aide du pointeau et du marteau. Ces dessins sont ensuite mis en relief lors du façonnage de la pièce. Les clients ont ainsi la possibilité de personnaliser leurs sonnailles ce qui est de plus en plus demandé. Les éleveurs veulent réduire le vol des sonnailles (une pratique courante entre concurrents). La personnalisation des sonnailles est un moyen de marquer son identité sur la pièce (notamment pour les fromagers par exemple). Il peut s’agir de marquage en tant que souvenirs touristiques identitaires de la région, objets de décoration (Le Pic d’Ossau) ou cadeaux à offrir pour les fêtes de fin d’année et les mariages (initiales entrelacées), etc. Nicolas Daban s’est également associé à la création d’une SARL de revendeur pour la fabrication de sonnailles marquées cette fois à l’effigie d’une autre marque que celle de son entreprise. Ce marquage des sonnailles est réalisé en lien avec le tourisme local et l’identité basque de la région (fabrication de sonnailles à l’effigie de la croix basque par exemple ou de la Coquille Saint- Jacques pour les chemins de Saint-Jacques de Compostelle). Ces modèles sont aujourd’hui déposés à l’INPI.

L’entreprise est inscrite sur l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel du Ministère de la Culture. Elle a été labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant en 2006.

- Centre de ressources de l’Institut National des Métiers d’Art (INMA)
23, avenue Daumesnil – 75012 Paris. Tél. : 01 55 78 85 85. info@eurosema.com

Plusieurs films ont été réalisés sur le savoir-faire de la famille Daban en 1993 et 1997 par Gary Étienne de la société 16 Arts Production :

- Dans le film "Sonnailles" d’une durée de 13 minutes réalisé en 1990: un jeune citadin découvre en pleine rue une petite cloche perdue. Elle lui demande de le ramener dans sa grange. Arrivé dans la grange, le jeune dépose la cloche perdue, les autres cloches lui révèlent alors leurs histoires. C’est toute la fabrication des cloches pour le bétail dans les Pyrénées avec la famille Daban.

- Dans le film "Le chant des montagnes" d’une durée de 26 minutes réalisé en 1993, Maurice Daban, qui perpétue une tradition familiale vieille de deux cent ans, explique son travail, en détaillant les différentes étapes. Il fait part de son inquiétude quant à l'avenir de sa profession.

Les sonnailles Daban ont fait l’objet de plusieurs reportages d’une durée de 2 mn environ lors du journal télévisé de 13 heures sur TF1 en 1994, 2006 et 2009. Gérard Klein est venu filmer l'entreprise en 1998 pour l'émission qu'il présentait "Va Savoir".

Plusieurs articles de presse ont été rédigés sur l’entreprise :

- THE LION en mai 1981

- Pays et Gens d'Aquitaine en 1982

- Pyrénées Magazine (le numéro 6)

- France Agricole en 2009

Ainsi que plusieurs articles de presse dans les journaux locaux tels que Sud Ouest, L’Éclair des Pyrénées, La République, Signé Pyrénées Atlantique d'avril 2007 n°43.

Enfin l’entreprise apparaît dans des livres tels que :

- RAMA Jean-Pierre, 1993. Cloches de France et d'ailleurs.

- SCHWALLER Robert, 15 octobre 2001. "Sonnailles et Clarine en France" in Sonnailles de toute la planète.

L’entreprise est l’une des dernières en France à fabriquer des sonnailles selon la technique de la tôle brasée et du pain d’argile. Les fabriques qui existaient dans l’Hérault ont pour la plupart disparu parce qu’elles n’ont pas souhaité que les enfants reprennent l’activité familiale compte tenu de la difficulté d’un métier physique qui nécessite de s’adapter en permanence à l’évolution du marché. Nicolas Daban est aujourd’hui confronté à des difficultés économiques qui peuvent entraîner la disparition de son métier. Pourtant ce savoir-faire est essentiel parce qu’il s’inscrit dans la tradition pastorale du Béarn. Les sonnailles permettent de minimiser les pertes durant les longs parcours et les sentiers périlleux. Les éleveurs peuvent alors reconnaître par le son les troupeaux qui pourront profiter des ressources fourragères et assurer la biodiversité. Par la pâture et le piétinement des animaux, les espaces sont limitées à l’enfrichement et la colonisation des prairies par les arbustes et la forêt. Il est important esthétiquement de maintenir des espaces ouverts avec des herbes rases, et économiquement, de permettre la pratique des sports de plein air tels que la randonnée pédestre et équestre, le VTT, le parapente, le ski, etc. Les agriculteurs y trouvent également leur compte puisque l’utilisation pastorale des espaces influe directement sur le goût et la qualité des fromages.

- Depuis plusieurs années, les commandes de sonnailles de l’entreprise diminuent. Elle produisait 18000 à 20000 pièces par an et depuis 2 années, elle n’en fabrique plus que 15000 par an (soit une perte de 3000 à 5000 pièces). En 2008, elle a déménagé à 2 kilomètres de la commune afin de mettre ses locaux aux normes de sécurité. Certains imprévus de chantiers avec des devis élastiques ont fait variés à la hausse son budget prévisionnel (installation de nouvelles machines, chantiers et charpentes métalliques, etc.). Elle a arrêté l’aménagement du site qui n’est pas encore finalisé en attendant les prévisions pour l’année 2010.

- Un salarié a par ailleurs quitté l’entreprise en 2008 pour des raisons personnelles et après 30 années de service. Il a fallu investir en temps et en argent pour le remplacer parce qu’il était le seul à savoir fabriquer un modèle de sonnaille unique. Puis la crise économique mondiale n’a pas aidé l’entreprise ; sa clientèle resserre le budget. La crise de la vache folle et la crise aviaire ont contribué à la baisse de la production avec des restrictions budgétaires apparues chez les éleveurs.

- L’entreprise a cessé la fabrication de certains modèles de sonnailles notamment de grandes dimensions. Aujourd’hui, elle ne produit que 80 modèles de sonnailles (de petites et moyennes tailles) contre 250 modèles en 1988. Ces grands modèles ne sont plus fabriqués parce qu’elles nécessitent l’acquisition de machines à presses hydrauliques spécifiques et coûteuses (la fabrication se fait sur-mesure en fonction des moules anciens détenus par l’entreprise). Ces sonnailles sont pourtant sollicitées par les clients étrangers et les danseurs folkloriques basques (l’entreprise pourrait aujourd’hui en fabriquer une cinquantaine par an à 300 euros la pièce). Ces sonnailles sont placées à l’arrière du dos des danseurs lors des festivités basques ; elles permettent de recréer le mouvement et le son du troupeau. Aujourd’hui, cette danse traditionnelle doit s’abstenir de ces sonnailles.

- L’entreprise est fragilisée par une concurrence asiatique qui touche un segment de marché spécifique, celle des chiens de chasse. Les sonnailles destinées à ces animaux sont fabriquées industriellement avec des plaques en tôle plongées dans un bain pour l’obtention de la coloration ; elles sont vendues moins chers et en grande quantité. Lorsque les armuriers se rendent compte de la mauvaise qualité des pièces sur lesquelles ils ont beaucoup investis, ils se trouvent en possession d’un stock conséquent de cloches et sonnailles. Nicolas Daban a essayé au travers de son site internet de sensibiliser les chasseurs pour les orienter vers une meilleure qualité des produits. L’entreprise n’est pas concurrencée par les fonderies de cloches parce que ces dernières utilisent des techniques de fabrications différentes qui consistent à fondre le bronze à l’intérieur d’un moule pour former la cloche en bronze. Les modèles proposés ne sont pas les mêmes puisqu’il s’agit de sonnailles pyrénéennes et non béarnaises. Les sonnailles Daban sont par ailleurs reconnues par la qualité de la fabrication des sonnailles confectionnées depuis plusieurs générations.

- Les battants des sonnailles vendus par l’entreprise sont aujourd’hui en plastique. Pour redonner la noblesse du métier, il faudrait utiliser des battants en bois (cœur de sapin des Pyrénées) mais les fabricants n’existent plus. L’entreprise s’est adaptée à l’évolution du marché et se rabat alors sur les battants en plastique ; ceux-ci ont une sonorité quasi-identique que les battants en bois et font ressortir les tonalités graves. Quant aux colliers utilisés pour tenir les sonnailles au cou du bétail, ils sont normalement fabriqués en bois mais les fabricants ont également disparu. L’entreprise ne fournit pas de colliers aux éleveurs qui utilisent la plupart du temps des colliers en cuirs. Aujourd’hui, l’entreprise a besoin d’une aide financière pour sortir de la situation économique difficile et continuer son activité. Elle possède toutes les perspectives nécessaires (aménagement du site et volonté d’adaptation de la production à l’évolution du marché) pour perpétuer un savoir-faire inscrit dans la tradition béarnaise.

Personne(s) rencontrée(s)

- Nicolas DABAN, fabricant de sonnailles pour chasse et troupeaux, dirigeant de l’entreprise SARL Les Sonnailles Daban

Localisation (région, département, municipalité)

Aquitaine, Pyrénées-Atlantiques, Bourdettes

Adresse : Zone Artisanale Samadet
Ville : Bourdettes
Code postal : 64800

Téléphone : 05 59 61 00 41
Adresse de courriel : etsdaban@club-internet.fr
Site Web : Daban, Son Nay

Dates et lieu(x) de l’enquête : 16 février 2010, Bourdettes, Pyrénées-Atlantiques, Aquitaine
Date de la fiche d’inventaire : 19 février 2010
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Lamia Gabriel
Nom du rédacteur de la fiche : Lamia Gabriel
Nom du photographe : Nicolas Daban

N° d'inventaire Ministère Culture : 2010_67717_INV_PCI_FRANCE_00126
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2zs

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sonnaille_(betail)

Generated from Wikidata