La fabrication du tambourin à cordes, ou tom-tom

Fabrication d’un instrument de musique traditionnelle.

Le tambourin à cordes ou, en occitan tamborin et de façon plus populaire, tom-tom, est un instrument à cordes frappées de la famille organologique des tambour-bourdon.

Le tambourin à cordes ou, en occitan tamborin et de façon plus populaire, tom-tom, est un instrument à cordes frappées de la famille organologique des tambour-bourdon. Ces cordes, de quatre à douze, frappées par une baguette de bois souvent gainée de cuir nommée pimbo, sont accordées généralement en tonique, on retrouve par exemple la quinte la-mi ou sol-ré. Ainsi, le tambourin à cordes produit une basse mélodicorythmique.

La qualité d’un tambourin à cordes se mesure par sa capacité à émettre le son et la percussion. Ainsi, l’auditeur perçoit la musique (la base sol-ré ou la-mi) en même temps que la percussion des cordes qui doit se ressentir. D’autres préfèreront la résonance grave de l’instrument. Bien que le tom-tom soit un instrument à part entière, traditionnellement il n’est pas joué seul. De sa main libre, le musicien joue de la flûte à trois trous nommée flabuta. L’un et l’autre forment un couple presque indissociable nommé couple flûte à trois trous, tambourin à cordes. Pourtant, les fabricants de tambourins à cordes ne fabriquent pas la flûte. Il faut alors se tourner vers un autre facteur pour s’en procurer une. À noter que dans les expressions artistiques contemporaines le tambourin seul peut servir de base mélodico-rythmique à un chanteur.

Le tambourin à cordes est d’abord et avant tout un instrument qui sert à accompagner cérémonie et danses. Il réunit, avec la flûte qui l’accompagne, les trois conditions pour faire de la musique qui se danse : le rythme, l’accompagnement, en l’occurrence la musique bourdon du tambourin, et la mélodie garantie par la flûte à trois trous.
Il existe deux principales méthodes de fabrication du tambourin à cordes : le monoxyle, c’est-à-dire que la boîte est réalisée à partir d’un seul bloc de bois, et le tambourin luthier, composé de plusieurs pièces assemblées. On trouve ces deux méthodes de fabrication sur l’ensemble du territoire du tambourin à cordes, l’ouest des Pyrénées. Pour le tambourin "luthier", la caisse de résonance est construite à partir de cinq pièces de bois : un fond, deux éclisses et deux tasseaux.
La table d’harmonie est la sixième et dernière pièce sur laquelle sont découpées une ou plusieurs rosaces, elle est ensuite apposée sur la caisse pour la fermer. Les morceaux sont préalablement taillés et cintrés avant d’être collés ensemble. L’instrument est couronné du chevillier avec les clefs d’accordage, alors que le tasseau inférieur soutient le cordier sur lequel sont fixées les cordes.
On peut noter une autre façon de faire au niveau du tasseau inférieur avec le système exclusif élaboré par Jean Baudoin, qui permet d’ajuster plus finement l’instrument. Sur la table d’harmonie, le fabricant fixe deux chevalets, un à la base de l’instrument, l’autre à la tête. Ces deux chevalets soutiennent les cordes sur l’instrument et transmettent la vibration de la corde à la table d’harmonie qui la transmet à l’air compris dans la caisse de résonance, produisant ainsi un son. Le cavalier, petite pièce de métal, généralement du cuivre entourant les cordes sur le chevalet de tête, permet la création du son particulier du tambourin à cordes et en fait sa caractéristique organologique "le bourdon". Le son produit par cet instrument est accompagné par un "zzing", qui pour les autres instruments de musique est une nuisance. Pourtant, ce "zzing" fait partie intégrante du son du tambourin à cordes. Il doit être ajusté pour être présent au début de la percussion, c’est-à-dire à l’attaque, tout au long de la résonance ou alors plutôt à la fin. C’est le musicien qui décide ce qu’il recherche au niveau du son et c’est aux fabricants de répondre à leurs attentes. L’instrument est terminé quand il sera verni et que les cordes seront posées. Cependant, il continue d’évoluer. Sa sonorité ne sera pas la même six mois plus tard quand l’instrument sera mûr. Comme tous les instruments à cordes, le jeu régulier du tambourin entretien et bonifie sa sonorité. Un instrument de lutherie est plus facile à réparer puisqu’il suffit de changer la pièce défectueuse. Dans le cas du tambourin monoxyle, sa réparation est plus difficile, voire impossible.

- Cordes en boyaux ou en nylon

- Bois pour la base de l’instrument. Plusieurs essences peuvent être utilisées pour la base : chêne, érable, noyer, merisier, etc.

- La table d’harmonie, quant à elle, nécessite un bois qui résonne mieux puisqu’elle communique le son. Traditionnellement sont utilisé noyer ou le merisier, plus récemment l’épicéa, qui se trouve aussi dans la région, est un bois ayant une bonne résonance.
Pourtant, cette essence est difficile à trouver dans les bonnes dimensions pour les tambourins à cordes chez les luthiers. Le cèdre rouge du Canada produit également un bon son. Il est plus facile de le trouver dans les bonnes dimensions. Cependant, il est nécessaire de l’importer du Canada puisque cette essence ne se trouve pas en France.

- Cuivre ou fer pour les cavaliers

Ce sont tous les outils traditionnels du travail du bois.

- Scies

- Couteaux japonais

- Rabots

- Limes

- Gabarits

- Presses

- Scies électriques

Tambourin à cordes et baguette de frappe

- en occitan, tamborin ou tom-tom et pimbo,

- en basque (Iparralde), ttun ttun et makila,

- en basque (Egoalde), soinu

- en espagnol, salterio

- en aragonais, chicotén

La fabrication du tambourin à cordes se déroule généralement dans l’atelier de l’artisan. Puisque ces facteurs ne peuvent vivre exclusivement de la production de tom-tom, leurs ateliers sont, pour la plupart, conçus pour une autre spécialisation comme la menuiserie, la lutherie, etc. Les installations doivent être conçues pour le travail du bois.

Il n’existe pas de fabricants qui produisent uniquement des tambourins à cordes puisqu’il n’y a pas un grand marché. Par conséquent, il n’y a pas d’apprentissage et de transmission de maître à apprenti. L’apprentissage de la fabrication du tom-tom se fait généralement à partir d’un instrument existant déjà. D’ailleurs, il arrive que le musicien conçoive lui-même son instrument, procédant par essais et erreurs. Cependant, il existe des fabricants qui se spécialisent dans la confection de tom-tom. Ils commencent pour la plupart, à la suite d’une demande spéciale d’un consommateur qui désire posséder un tambourin à cordes. À partir de ce moment, le fabricant du tambourin à cordes peut améliorer sa technique et développe un modèle qui lui est propre.
Il y a peu de transmission du savoir-faire de la fabrication de cet instrument. Par contre, selon l’artisan-luthier Fontespis-Loste, certains musiciens extérieurs à la zone géographique du tom-tom présentent un intérêt particulier pour celui-ci. Ainsi, cet instrument du sud-ouest français fait son apparition dans la musique bretonne traditionnelle par exemple. De plus, certains groupes locaux l’intègrent à leurs créations musicales. Qui plus est, la production d’un instrument à la taille des enfants faciliterait la transmission de la pratique instrumentale du tambourin à cordes aux jeunes générations.

"Jean que j’ai fait poser pour le dessiner, joue du flageolet qui tient de la main droite et frappe sur les cordes du tambourin placé, comme on le voit dans la figure, avec le bâton qu’il tient de la main gauche. Il frappe à la fois sur les six cordes, il fait ainsi la basse tandis qu’avec le flageolet il fait le chant. L’air qu’il nous a joué n’a pas un motif très heureux, mais il a le caractère pastoral et montagnard. Les habitants de ces contrées sont tellement attachés à cet instrument qu’avant la révolution de 1790, le régiment des Cantabres qui recrutait dans les montagnes du Béarn, ne marchait qu’au son de ces flageolets et de ces tambourins. On voit couramment inscrit sur les anciens contrôles de ces régiments, les ménétriers. J’ai tiré ce fait de l’Encyclopédie […..] Ce sont les montagnards eux même qui font leurs instruments en copiant toujours invariablement ceux qui existent. Ils les ornent de mille dessins qui donnent à, ce qu’ils appellent les tambourins, et aux flageolets l’apparence d’avoir été faits dans les Iles …."1

Les tambourins-bourdons, qui produisent à la fois un rythme et une ou plusieurs notes, remonteraient à l’Antiquité. Le tambourin à corde apparaîtrait au Moyen-Âge. Les sources de documentation sont pour la plupart iconographiques :

À partir des premières figurations iconographiques du XIVe siècle, on peut suivre chronologiquement l’évolution de l’instrument : une, puis deux cordes frappées (figure suivante) avec un plectre sur un instrument posé horizontalement sur l’épaule gauche ; ensuite, à la fin du XIVe siècle et au XVe siècle, deux cordes mises alternativement en vibration par deux percuteurs, le chorus, appuyé verticalement contre le côté gauche du corps ; et enfin, au XVe siècle, quatre cordes montées sur une caisse disposée horizontalement sur les genoux et percutées par deux plectres2.

Les cavaliers qui donnent le son si particulier du tambourin à cordes, seraient hérités des cithares médiévales3. Les représentations du Moyen-Âge et de la Renaissance montrent de nombreuses interprètes féminines alors que les siècles suivants, relèguent la pratique du tambourin à cordes aux hommes.
Le tambourin à cordes connu au XVIIIe siècle comme Tambourin de Gascogne est un instrument qui, géographiquement, s’est peu à peu conservé ou redéveloppé dans le sud-ouest français : Béarn, Pays basque (Labourd, Basse-Navarre et Soule), sud des Landes, ouest des Hautes-Pyrénées et Haute-Garonne. Il existe aussi en Haut-Aragon (Espagne). Les années 1970 permettent un renouveau et un développement des cultures régionales et la mise en valeur de certaines pratiques instrumentales comme le tambourin à cordes.

1 HOUBIGANT Armand-Gustave, 1841. Journal d’un voyage de Paris aux Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées), manuscrit, tome 1, p. 188 et p. 192. <houbigant-journal-voyage-pireneas.fr>

2 MARCEL-DUBOIS Claudie. "Le tambour-bourdon, son signal, sa tradition", in Arts et Traditions populaires, t. XIV, n°1-2, 1986 : 13.

3 MARCEL-DUBOIS, 1986 : 16.

Puisqu’il n’existe pas de formation pour la confection de tambourin à cordes, chaque facteur développe sa propre technique de fabrication, offrant ainsi des formes de tom-tom variées et une grande gamme de sons différents. Les fabricants développent chacun de leur côté un tambourin qui, à leur avis, possède un son particulier. Il revient au musicien de choisir le tambourin qui lui convient.
Pierre-Henri Fontespis-Loste est luthier de formation. Il réalise son premier tambourin à cordes à la fin des années 1980, à partir d’un instrument qui lui est prêté. À partir de ce moment, il essaie d’améliorer l’instrument afin de créer le meilleur son possible en fonction des demandes de ses clients. Par exemple, il a changé les vieilles chevilles en bois pour des clefs d’accordage de guitare. Il a également réduit le nombre de rosaces de la table d’harmonie enfin d’obtenir le meilleur son possible. Il a également développé un tambourin à cordes plus petit pour les enfants. Depuis, il en produit environ une dizaine par année.

Jean Baudoin enseigne la musique traditionnelle au Conservatoire de musique de Pau. Il apprend à jouer de cet instrument en animant plusieurs bals par année. Il fabrique son premier tambourin à cordes monoxyle en 1977, puis il développe des compétences dans la réalisation d’un tambourin "luthier". Chacun de ses tambourins est unique puisqu’il ne possède pas de modèle à reproduire. Il porte une attention particulière à la décoration de ses tambourins.

- Exposition

- Festival

- Site internet

- Foire / Salon

- Réseau de professionnels

Il n’existe pas, à proprement parler, d’action de valorisation du tambourin à cordes ou de sa fabrication. Cependant, le tambourin à cordes fait partie intégrante de plusieurs fêtes traditionnelles, comme la fête du 15 août à Laruns, les représentations de pastorales qui se tiennent en vallée basque de Soule ou en Béarn, les mascarades souletines et les diverses expressions carnavalesques de l’Aquitaine pyrénéenne. Cet instrument et le couple qu’il forme avec la flute à trois trous sont joués par divers groupes de musique couvrant un large éventail d’expressions, des bals traditionnels jusqu’aux musiques amplifiées. De même, il sert à accompagner les élèves des écoles de danses traditionnelles autant en Béarn qu’en Pays Basque.
L’enseignement de sa pratique au sein des écoles de musique municipale ou des conservatoires comme ceux de Pau, Mont-de Marsan ou Bayonne contribue, de fait, à sa valorisation et à la demande croissante d’instruments pour un public renouvelé de praticiens.
Par ailleurs, les facteurs et luthiers d’instruments traditionnels ont leurs propres salons et circuits de valorisation. Les Rencontres Internationales de Luthiers et Maîtres Sonneurs de Saint-Chartier (Indre) sont, en France, les plus réputées dans le domaine. À noter également les rencontres Pirenostrum. Feria Pirenaica de Luthiers de Boltaña (Alto Aragón) en Espagne.

- L’enseignement de la pratique instrumentale induit la fabrication des instruments de musique. Ainsi, dans les modes de reconnaissance, comme effet induit, on peut donc signaler les écoles de musique et les conservatoires ayant une classe de musique traditionnelle.

- Les festivals et rencontres de musiques traditionnelles

- La FMDT

- MARCEL-DUBOIS Claudie. "Le tambour-bourdon, son signal, sa tradition", in Arts et Traditions populaires, t. XIV, n°1-2, 1986 : 3-16.

- GASTELLU ETCHEGORRY Marcel. "Essai sur les origines du tambourin à cordes", in PASTEL, n° 53, Conservatoire occitan, Toulouse, 2004 : 34-45.

- Sondaqui

- Cuyala

La pratique instrumentale induit la fabrication des instruments de musique, la classe de musique traditionnelle du conservatoire à rayonnement départemental de Pau, par exemple, contribue à mettre en valeur et ainsi sauvegarder les instruments traditionnels dont le tambourin à cordes.
Cependant, pour ce qui est de la fabrication du tambourin à cordes, aucune mesure n’a été mise en place pour sauvegarder ces savoir-faire.

Personne(s) rencontrée(s)

- Pierre-Henri Fontespis-Loste est luthier et fabricant de tambourins à cordes.

- Jean Baudoin est professeur de musique traditionnelle au conservatoire de Pau. Il fabrique également des tambourins à cordes.

Localisation (région, département, municipalité)

Aquitaine, Pyrénées-Atlantiques, Pau

P-H. Fontespis-Lost
Adresse : 36 rue Emile Garet
Ville : Pau
Code postal : 64000

Téléphone : 05 59 98 44 38
Site Web

J. Baudoin
Adresse : Maison Sempe 420 rte Cricq
Ville : Saint-Jean-de-Marsacq
Code postal : 40230

Téléphone : 05 58 77 77 02 / 06 73 38 25 05
Adresse de courriel : papeth.baudoin@gmail.com

Indexation : 641100, 641110, 641140, 641310

Dates et lieu(x) de l’enquête : 13 et 26 juin 2012 à Pau avec Pierre-Henri Fontespis-Loste, 26 juin 2012 à Pau avec Jean Baudoin
Date de la fiche d’inventaire : 27 juin 2012
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Mathieu Allard et Anne-Florence Bisson, Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique, Laboratoire LEEM, Université Laval (Québec).
Nom du rédacteur de la fiche : Anne-Florence Bisson, Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique, Laboratoire LEEM, Université Laval (Québéc) et Patricia Heiniger-Casteret, Laboratoire ITEM, EA3002, programme de recherches "Inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel en Aquitaine", Université de Pau et des Pays de l’Adour.

N° d'inventaire Ministère Culture :  2009_67717_INV_PCI_FRANCE_00053
Identifiant ARK :ark:/67717/nvhdhrrvswvk2rr

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tambourin_a_cordes

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