Courses sur échasses en bois pratiquées dans les Landes.
Après que Napoléon III, vers 1857, lança son plan d’assainissement et de boisement des Landes de Gascogne, les bergers montés sur échasses disparurent peu à peu.
Après que Napoléon III, vers 1857, lança son plan d’assainissement et de boisement des Landes de Gascogne, les bergers montés sur échasses disparurent peu à peu. Certaines de ces échasses furent conservées et d’outil de travail devinrent des instruments ludiques. Aujourd'hui, montés sur des échasses en bois les jeunes Landais des groupes folkloriques dansent ou se mesurent à la course1.
La course de vitesse sur échasses.
Six groupes sont constitués en fonction de l’âge des participants (des "poussins" de moins de dix ans aux "vétérans" de plus de 35 ans). Lors d’une course ce sont en fait quatre courses distinctes qui se succèdent : d’abord les poussins (de 5 à 10 ans), puis les minimes (de 10 à 12 ans). Jusqu’à cet âge un accompagnateur peut courir (à pied) à leurs côtés, sans leur donner la main mais pour les soutenir en cas de déséquilibre ou les rattraper en cas de chutes. Puis vient la course des cadets (de 13 à 15 ans). Les juniors (16-18 ans), les séniors et les vétérans courent en même temps.
Les courses de vitesse sont régies par un règlement. Plus les concurrents sont âgés, plus ils effectuent de tours du circuit. À Mimizan en 2012, les plus jeunes ont couru 400 mètres (une moitié de tour) et les adultes presque cinq kilomètres (soit six tours).
Le démarrage de la course se fait en sprint pour impressionner le public. Puis le "pas sauté" lui succède pour le reste de la course car il est pratiquement aussi rapide et surtout moins fatiguant. Chacun court a son rythme, l’échassier ("lou chancayre" ou "lou chancat")2 peut aussi marcher.
Les raids longue distance sur échasses.
Les raids longue distance sur échasses s’effectuent sur la voie publique. Leur distance varie de celle d’un marathon (42 km), se déroulant sur une journée, à des parcours de plus de 3000 km, comme par exemple celui effectué en 2010 par un échassier (âgé de 20 ans) qui dura dix semaines. Le pas principalement utilisé est la marche (rapide). Mais tant que les chocs et le frottement des courroies est supportable, les échassiers évoluent à "pas sauté".
Les courses telles que les marathons ou les Translandes (épreuves de 70 km et de 110 km) rassemblent jusqu’à une vingtaine de concurrents. Au-delà de ses distances, les raids se font quasi-exclusivement en solitaire. Pour assurer la sécurité de l’échassier, un véhicule le suit et le signale en permanence.
Le gymkhana sur échasses.
Le gymkhana - course sur un circuit semé d’obstacles (sports automobiles, équitation) – a été adapté par les échassiers en un parcours chronométré composé d'épreuves à réaliser sur échasses et organisé lors des fêtes de Dax. Certains groupes s’y entrainent toute l’année. La légende dit que l’Impératrice Eugénie et ses dames de compagnie, traversant la région, auraient lancé des pièces au sol pour voir les échassiers les ramasser sans poser pieds à terre. De cette anecdote est née une des figures à réaliser lors du gymkhana : "la descente au bâton".
En 2012, trois courses de vitesse ont été organisées, ainsi qu’un marathon et un gymkhana. D’autres types d’épreuves ou de défis existent ou ont existé. Par exemple, le record actuel de distance parcourue sur échasses en une heure est de 14,874 kilomètres, détenu depuis 1997 par un échassier du groupe d’Ondres "Les Bergers du Seignanx".
Parmi les actualisations de la pratique les plus récentes nous pouvons citer le football sur échasses et l’"athléchasse", initié par Les Hérons des Lacs (à Biscarrosse) qui se sont associés au club d’athlétisme de leur ville pour adapter des épreuves sur échasses.
1 La Fédération des Groupes Folkloriques Landais (FGFL) rassemble 60 musiciens (boha landaise, accordéons diatonique et chromatique, caremère, flûte, vielle à roue, brame toupin), 400 danseurs sur échasses et 200 danseurs au sol. Seule une partie des danseurs sur échasses courent aussi sur échasses.
2 Tous ces mots en "ch" se prononcent "tch". Les deux orthographes sont fréquentes.
- Les échasses : dites "chanques" ou "escasses", ce sont de hauts et larges bâtons taillés, garnis d’un étrier auquel on attache le pied. La pièce principale est une longue tige de bois appelée l’escasse ou came (jambe) sur laquelle est fixé le paousse pé (le pose pied). Elles mesurent 1,10 m (ou 1,20) entre le sol et le pied, puis leur longueur du pied au mollet varie selon la taille de l’échassier. La fixation autour de la jambe est assurée en deux points (le pied et le mollet) par une lanière de cuir. Le choc de l’échasse sur le sol est amorti par un patin de caoutchouc, l’espédic.
Chaque groupe fabrique ses propres échasses, avec éventuellement le concours d’un sabotier pour le pose pied.
Il existe en fait deux types d’échasses distincts : celles pour danser ou défiler et celles pour courir. Celles pour la danse ou la marche possèdent un pose pied avec une cale contre laquelle le chancat pose son talon. Sur celles de course, il n’y a pas de cale : depuis les années 1980 (ou 1990) une chaussure de sport est vissée sur le pose pied. Les premières sont en bois naturel ou verni, les secondes peuvent être peintes selon les goûts du coureur (blanches, avec des flammes, rayées de rose, aux couleurs du drapeau de la Jamaïque, etc.).
- Les guêtres, garremaches : Elles sont tricotées par des membres (femmes) du groupe. Elles sont optionnelles lors des courses et servent à protéger la peau des lanières de cuir et assurer un meilleur maintien. Contrairement aux spectacles de danses, les tenues portées par les échassiers lors des courses sont absolument libres ; certains arborent un tee-shirt sur lequel figurent le nom et le logo de leur groupe.
Les courses de vitesse se déroulent dans les rues des villes et villages invitant les échassiers à concourir. Elles ont parfois lieu en soirée car elles nécessitent de fermer les rues à la circulation.
Les raids longue distance se parcourent sur route ouverte et éventuellement sur chemins et pistes cyclables.
Les gymkhanas se déroulent dans un parc, de préférence sur une pelouse.
Les groupes sont amenés à se produire à l’étranger pour les spectacles de danse, mais les courses, elles, demeurent très locales. Seuls les plus longs raids sortent (au moins partiellement) du département des Landes.
Les groupes folkloriques landais (GFL) proposent diverses activités : musique traditionnelle, danse traditionnelle au sol, danse sur échasses, course sur échasses.
Les plus jeunes débutent par des exercices d’équilibre. À Biscarrosse, ils s’entrainent en forêt, sur la plage (dans le sable) ou dans le lac par exemple.
Parmi les jeunes membres des GFL, il y a à peu près autant de filles que de garçons. Depuis cinq ou six ans il y a même de plus en plus de filles qui se mettent à la course sur échasses.
Les jeunes qui veulent courir sont incités à danser également. En effet, la priorité est faite au "folklore", c'est-à-dire la danse, car c’est l’activité qui bénéficie de la plus grande reconnaissance publique et ainsi assure une part importante des ressources des groupes. L’argent gagné à l’occasion des spectacles permet de payer les déplacements du groupe, d’entretenir et renouveler le matériel et les costumes.
Si tous les coureurs font aussi de la danse, l’inverse ne se vérifie pas car les chutes sont très redoutées et tous n’ont pas envie de tenter l’expérience. Pourtant, les activités sportives sur échasses permettent d’améliorer l’équilibre et sont un bon exercice pour progresser en danse.
Les activités sportives sur échasses sont de plus en plus perçues comme un moyen d’attirer les jeunes et de favoriser la transmission de l’ensemble du patrimoine des GFL.
"Les échassiers landais sont le symbole du monde pastoral dans les Landes de Gascogne. L’usage des échasses dans les Landes remonte au moins au XVIIe siècle et dure jusqu’à la fin du XIXe siècle. Elles servaient aux bergers à surveiller leur troupeau, marcher rapidement sur les terrains humides, et protégeaient les pieds du froid et des piqures d’ajoncs.
La loi du 19 juin 1857 imposant aux communes des Landes de Gascogne de boiser leurs territoires, réduit de plus en plus les grands espaces dont les pasteurs se servaient pour leurs troupeaux, ce qui donne lieu à de nombreux affrontements entre bergers et forestiers. Les pasteurs avaient l’habitude d’incendier des parties de la lande au printemps pour le débroussaillage. Ces foyers se propagèrent, parfois volontairement, à la forêt naissante, comme par exemple à la fin du Second Empire près d’Audenge où 6300 hectares de pins plantés par les frères Pereire furent anéantis. La disparition des vastes pacages entraîna la diminution des troupeaux, et la sylviculture pris le pas non seulement sur la lande pastorale, mais aussi sur les terres cultivées. Presque tous les échassiers landais avaient disparu après la Grande guerre.
Au moment de la disparition du système agro-pastoral dans les Landes de Gascogne, Sylvain Dornon (1858-1900), boulanger Arcachonnais, tenait à ce que l'usage des échasses dans les Landes de Gascogne soit préservé et qu'elles deviennent un sport et un jeu. Il inventa une nouvelle spécialité landaise : la danse sur échasses.
Le 4 août 1889, Sylvain Dornon présente pour la première fois son groupe de tchancats dans le parc du Casino Mauresque d'Arcachon devant un public nombreux. Le spectacle commence par trois courses, et se termine par Lou Quadrilh dous tchancats (le quadrille des échassiers): spectacle artistique au son du fifre et de la tchalamine (sorte de hautbois rustique). La troupe vient ainsi de créer une nouvelle spécialité arcachonnaise : la danse sur échasses.
Une démonstration atypique dans la capitale.
Il établit à tout jamais la réputation des landais en montant avec ses échasses jusqu'au deuxième étage de la Tour Eiffel lors de l'Exposition Universelle de 1889. Deux ans plus tard, Sylvain Dornon entrepris de rallier Paris à Moscou en échasses. Cinquante huit jours lui furent nécessaires pour accomplir son périple d’environ 2800km qui lui permit, une fois arrivé, de visiter l’exposition franco-russe de 1891. Ces démonstrations étaient en fait une affirmation d'identité, au moment de l'extinction du système agro-pastoral dans les Landes."3
3 Historique disponible sur le site Internet de la FGFL.
La plupart des groupes folkloriques landais sont affiliés à la FGLF.
"La Fédération des Groupes Folkloriques Landais (FGFL) :
Issue de l’Amicale des Groupes Folkloriques Landais créée en 1968, la Fédération des Groupes Folkloriques Landais (FGFL) créée en 1995 compte actuellement plus de 850 membres au travers de ses 174 groupes folkloriques landais adhérents.
Ses objectifs sont de faire connaître le folklore landais, favoriser son image, accompagner les groupes landais dans l’élaboration, la pérennisation, la promotion, la présentation et l’évolution de leurs spectacles.
Elle facilite les rencontres entre groupes et permet ainsi des échanges dans de nombreux domaines (chorégraphie, pédagogie, matériel…). Elle assure l’organisation de formations, en interne ou avec des intervenants extérieurs :
- pour tous les membres de ses groupes adhérents au travers de stages de danse (au sol et sur échasses), de musique, de chant et de course sur échasses,
- pour ses moniteurs de danses traditionnelles,
- pour les dirigeants des groupes, sur le plan administratif.
Elle organise les courses d’échassiers, courses de vitesse durant l’été et grands raids. Enfin, chaque année, au début de l’automne, elle est le maître d’œuvre du rassemblement de ses membres, qui donne notamment lieu à un spectacle exceptionnel, ouvert à tous publics."5
4 12 groupes en 2012.
5 Historique disponible sur le site Internet de la FGFL
- Plaquette
- Festival
- Site internet
Chaque groupe et la FGFL ont leur propre site Internet, souvent également un blog ou une page sur Facebook.
Les brochures : une brochure de recrutement de membres et une brochure de présentation.
Participation à des festivals folkloriques nationaux et internationaux, à la Journée landaises des Fêtes de Dax, au Festival des Traditions Landaises de Saint-Vincent-de-Tyrosse.
Certains GFL en plus d’adhérer à la FGFL, sont également membres de la Confédération Nationale des Groupes Folkloriques ou de la Fédération Amicale Folklorique Nationale (FAFN).
Des initiations gratuites ont lieu lors de fêtes de village, festivals de traditions locales, fête d’une école ou auprès de centres aérés.
Les groupes produisent 350 spectacles par an en moyenne, en France et à l’étranger.
Ils sont aussi invités à animer ou participer à des foires et événements commerciaux, des fêtes de villages et des ferias, des soirées "découverte des Landes" dans les hôtels et campings, des mariages ou des fêtes d’anniversaire.
Ils reçoivent des subventions de leur commune.
Certains sont sponsorisés par des entreprises locales.
Personne(s) rencontrée(s)
- Arnaud Michel (co-président de la FGFL)
- Luc Vilain (Lous Gouyats de l'Adou à Dax)
- Francis Pointu (Les Bergers du Seignanx à Ondres)
- Romain Torrecillas (Les Hérons des Lacs à Biscarrosse)
Localisation (région, département, municipalité)
Département des Landes.
Adresse de courriel : fgfl.landes@gmail.com
Site Web
Dates et lieu(x) de l’enquête : du 15 juin au 31 août 2012 dans les Landes.
Date de la fiche d’inventaire : 01 septembre 2012
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Cendrine Lagoueyte
Nom du rédacteur de la fiche : Cendrine Lagoueyte
N° d'inventaire Ministère Culture : 2012_67717_INV_PCI_FRANCE_00161
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2b7
Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Course_sur_echasses
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