Le matatiki, art graphique marquisien

Le matatiki , art graphique marquisien, est un des éléments fondateurs du patrimoine culturel de l’archipel.

Ces pratiques et savoir faire, toujours vivaces, s’articulent sur les matières dures (bois, pierre, écaille, nacre... nacre...), la peau ou l’étoffe végétale. 

Le matatiki, art graphique marquisien, est un des éléments fondateurs du patrimoine culturel de  l’archipel. Ces pratiques et savoir-faire, toujours vivaces, s’articulent sur les matières dures (bois,  pierre, écaille, nacre...), la peau ou l’étoffe végétale. Le matatiki se décline ainsi en pétroglyphes et  bas-reliefs, dans les sculptures et gravures d'objets mobiliers et bambous gravés, de même que par  le tatouage et sur le tapa (étoffe d’écorce).

Perdurant tout en se renouvelant, l’évolution de cet art est étroitement liée à l’histoire des  Marquises : de l'installation à l'organisation des groupes humains en clans et chefferies, de  l’aménagement de lieux de vie et de culte à la transposition des motifs du tatouage sur les objets  sculptés, et le renouveau culturel amorcé dans les années 1970. La permanence iconographique  que représente le matatiki incarne l’identité marquisienne. Le savoir associé à ce répertoire, qu’il  s’agisse des noms des motifs ou de leurs significations, invoque une sacralité qui relie la  communauté marquisienne aux générations d’ancêtres qui l’ont précédée.

Acquérir et s’orner de matatiki peut marquer l’accomplissement d’un événement personnel, le  retour au pays, ou, au contraire une réaffirmation identitaire individuelle pour les membres de la  diaspora. L’aspect festif associé au tatouage et à sa monstration apparaît toujours dans les  célébrations, tel le Matavaa, festival culturel des îles Marquises, qui donnent par ailleurs lieu à  l’acquisition de nouveaux tatouages.

Avec une démographie estimée en 2017 à 9835 habitants par l’ISPF, l’ensemble de la communauté  patrimoniale de l’archipel des Marquises, soit tous les Enata/Enana (les Marquisiens), se  rassemble autour de valeurs culturelles et identitaires fortes. Si les artisans sculpteurs, les  fabricants de tapa et les tatoueurs sont directement concernés par la préservation et la  transmission du matatiki, l’attachement de la communauté marquisienne s’exprime partout et  dans de multiples aspects de leur vie quotidienne ou festive. En témoigne le nombre de  Marquisiens et Marquisiennes qui arborent les motifs du matatiki sur leur peau, l’affluence de  l’audience marquisienne installée dans la capitale polynésienne lors des salons biannuels, ou  encore celle des Marquisiens lors des démonstrations culturelles ou compétitions de sculptures, qu’elles soient annuelles (concours du 29 juin à Ua Huka) ou lors du Matavaa, festival des arts des  îles Marquises (fig. 1, fig. 5-8). 

Lieu(x) de la pratique en France

L’art graphique marquisien matatiki est exclusivement originaire et pratiqué, dans sa dimension  traditionnelle, dans l’archipel des Marquises, ou Te Fenua Enata/Te Henua Enana (terre des  Hommes, en marquisien). Cet archipel regroupe six îles habitées : Nuku Hiva, Hiva Oa, Ua Pou, Ua  Huka, Tahuata, Fatu Iva. Il est l’un des cinq archipels de la Polynésie française, collectivité  d’Outre-mer.

Pratique similaire en France et/ou à l’étranger

Les motifs du matatiki sont en usage dans la pratique de nombreux tatoueurs expatriés, ou  passionnés pratiquant en Polynésie française, en métropole ou ailleurs dans le monde. Cependant,  si ces derniers utilisent une partie du corpus du matatiki, leur connaissance de sa symbolique reste  fragmentaire et, souvent, purement formelle et esthétique. En ce sens, le patutiki (tatouage  marquisien) se trouve démuni du sens profond du matatiki et perd de sa continuité traditionnelle. 

Le matatiki  

« Mata-tiki » exprime, par mata, le sens de portrait ou visage, de « Tiki », le premier des Hommes,  et, par filiation, l'idée d'image, ou de représentation. 
Les formes iconographiques du matatiki sont issues de la déstructuration à l’infini du corps de  Tiki. L’art graphique du matatiki regroupe tous motifs inscrits et symboles exprimés dans  l'ensemble des pratiques culturelles sur la matière. Ces motifs se retrouvent sur la peau sous la  forme du patutiki, l’art du tatouage, ainsi que sous la forme du haatiki ou ketutiki, art regroupant  sculptures, gravures, pétroglyphes, bambous pyrogravés ou tapa ornés (étoffes d'écorce interne battue). 

Au-delà de ses fonctions ornementales et sociales, cet art était intimement lié au sacré. Ces  expressions graphiques possèdent un rôle apotropaïque et ancrent l’élément ou la personne qui en  est porteur, dans la sacralité et la filiation généalogique perpétuée par la tradition orale. Chaque  symbole était lu et compris, en lien avec l'ensemble des croyances.

Les symboles du matatiki appartiennent à une esthétique aisément reconnaissable identifiée  comme « art des Marquises », selon Karl von den Steinen, où « il y a la face, toujours la face »,  disait Paul Gauguin. La face, les yeux et tout ce qui découle de la représentation symbolisée et  démembrée du corps de Tiki, global ou partiel, représente la clé de voûte de cet art et de son  interprétation.

Le patutiki

Te Patutiki o te Henua Enana (tatouage de la Terre des Hommes) est la forme la plus connue du  matatiki. « Patutiki » se traduit littéralement par « marteler (des) Tiki », peigne et maillet du  tatoueur faisant « apparaître » Tiki par le tatouage.

Les caractéristiques du patutiki diffèrent ainsi des autres tatouages polynésiens principalement  par ces symboles issus du corps de Tiki. Une des autres spécificités du tatouage marquisien  consiste en la combinaison des formes, la taille et la densité des motifs sur le corps.  

Certains aspects du patutiki s'apparentent à un fond océanien partagé avec d'autres archipels, du  fait de ses origines, ce qui ancre son ancienneté. Ceux-ci sont essentiellement liés à la  géométrisation de formes issues du tressage, à une retranscription quasi universelle d'entités  abstraites comme les astres, ou à la schématisation d'éléments de la faune et de l’Humain par des  bâtonnets ou triangles. Toutefois, l'approche, l'usage et les différenciations de cette schématisation  sont souvent propres à l'archipel, parfois même à une île au sein de celui-ci, de même que l’est leur  portée expressive.  

Dans une société où l’écrit n’était pas en usage et où il fallait appartenir à cette culture pour  comprendre la valeur profonde du code symbolique et pratiquer le tatouage, celui-ci, comme toute  activité importante, était le fait de spécialistes : les tuhuna / tuhuka. Les motifs du patutiki prenaient forme à partir du savoir acquis auprès d'autres maîtres et l'héritage culturel dans lequel  ils avaient baigné, s’enrichissant constamment par la pratique au service de leur inspiration  artistique et spirituelle.  

Pratiquement tous les Marquisiens (les Enata/Enana) possédaient au moins quelques tatouages.  Ils permettaient leur intégration sociale à l’âge adulte, en donnant à voir leur origine « clanique »,  leur histoire familiale et humaine, ainsi que le rôle occupé au fil de données « imprimées » sur la  peau. 
Chacune de ces compositions se déclinait au sein d’une structure générale commune à l’archipel,  dont les variations s’illustraient dans les détails d’un ensemble. Elle était ainsi unique et composée  pour la personne, en fonction de l’éventail de dessins symboliques propre à son groupe et à sa  position. 

Les étapes et le rôle du tatouage

Être tatoué marquait l'entrée dans le monde des adultes (autour de 13 à 15 ans) et l'appartenance  au clan. Les matatiki marquaient les événements notoires traversés par l'individu et reconnus par  le groupe. Opéré dans des conditions rituelles spécifiques, le tatouage marquait aussi le passage de  la vie d’enfant à celle d’adulte, l’appartenance à une communauté, une lignée ou encore les  accomplissements de l’individu au cours de sa vie. Plus qu’un acte individuel, le tatouage  regroupait toute la communauté dans son organisation rituelle et la célébration de sa complétion.  C’était donc bien une pratique sociale, rituelle, et festive.  

L’esthétique des motifs du matatiki constituait également un des aspects primordiaux de leur  possession : il s’agissait « d’être beau », ce que l’on devenait en étant tatoué. Ce rôle  esthétique permettait d’obtenir la considération de ses pairs [cf Marie-Noëlle Ottino-Garanger,  « Tatouage et conception du corps aux Marquises, Polynésie française »]. Certains de ces motifs,  octroyaient la protection et la force (ou mana) qui les accompagnaient.

Afin de procéder au tatouage, une fois l’accord exprimé par la famille ou le groupe et dans le  respect d'un code, de rites et de fêtes, le maître tatoueur (tuhuna/tuhuka patu tiki) procédait à la  préparation du pigment. Celui-ci s’obtenait par la suie de noix de bancoule (Aleurites moluccana)  diluée dans l'eau stérile de la noix de coco. Entouré ou non d'aides, le tuhuna/tuhuka faisait  pénétrer l'encre grâce aux petits coups précis d'un martelet sur le peigne à tatouer dentelé dont  différentes formes, tailles et matières (dent de requin, nacre, écaille, os d'oiseaux, etc.) étaient à sa disposition (fig. 2-3). Le sang et la lymphe qui s’écoulaient étaient essuyés à l’aide d’un morceau de  tapa. 
Aujourd’hui, l’usage du dermographe remplace cette méthode traditionnelle. Si la pratique du  tatouage a nécessairement évolué dans son aspect technique, les praticiens puisent et s'inspirent  toujours dans le corpus iconographique du matatiki. 

Haatiki et ketutiki – l’art de la sculpture

Aux temps anciens, les matatiki étaient destinés à des supports spécifiques ; c'est le cas de ceux  placés sur des objets sculptés. Comme pour le tatouage, ils devaient conférer à ces supports une  marque d'appartenance ainsi que l'efficacité et la force qu'ils incarnaient. Les matatiki étaient ainsi  présents sur toute création « consacrée » par sa destination. On les trouvait donc sur les  ornements, qui possédaient une fonction précise au-delà de leur rôle ornemental, comme les  coiffes d'écaille, ainsi que sur les armes en bois de fer ou bois de rose d'Océanie, les sculptures de  pierre en ronde bosse, les pétroglyphes, ou encore les bambous gravés utilisés comme flûtes ou modèles pour les maîtres tatoueurs (tuhuna / tuhuka patutiki).

L’importance de la figure humaine dans l’art des Marquises, dont la sculpture, est manifeste. Cette permanence anthropomorphe permettait la traduction visuelle d’une entité abstraite, ancêtre ou  autre divinité, et incarnait le lien de l'Humain avec son univers : la filiation humaine aussi bien que  cosmique. C'est un des premiers éléments soulignés par von den Steinen dans son approche de la  pensée marquisienne : ce lien, cette filiation, s’étend de la tradition orale la plus large à cette forme  aboutie dans la matière qu'est le matatiki.  
Les Marquisiens s'appliquèrent à reproduire la figure humaine sur le bois, la pierre, l'ivoire marin,  l'écaille ou l’os humain, créant des tiki allant de 3 cm à 3 m de hauteur. En creux ou en relief, la figure humaine apparaît ainsi tant sur la pierre que sur les objets de prestige arborés lors de céré monies par les hommes ou les femmes de haut rang : bâtons de chef, parures de têtes, ornements  d’oreille ou éventails. 

Les bambous gravés

Les bambous gravés qui, pour ceux qui sont conservés, furent souvent collectés par des voyageurs  occidentaux au XIXe siècle, font aujourd’hui partie de collections muséales internationales. Ceux de Paris, Bordeaux, Colmar, comme celui du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse illustrent  bien leur fonction mémorielle. L'ensemble de la composition y reproduit fidèlement les  emplacements auxquels chacun de ces matatiki était destiné. Le bambou de Toulouse comporte  même des mentions manuscrites des endroits du corps associés aux motifs représentés. Il semble  que le collecteur, le commandant de Roquemaurel (don 1841), les y aient inscrites à l'occasion d'un  de ses deux passages aux Marquises [comte H. Begouen, « Deux bambous pyrogravés. Modèles  pour tatouage des îles Marquises conservés au Musée d’histoire naturelle de Toulouse (collection  Roquemaurel) et au Musée de Brive », Bulletin de la Société d’histoire naturelle de Toulouse, t. LVII, 1928, p. 223-232].  

Ces bambous présentent des compositions destinées au tatouage des membres. Les silhouettes  humaines y sont particulièrement abondantes, illustrant souvent l'idée de filiation, tout comme les  visages, d'un type particulier (nutu kaha), destinés aux articulations où le mouvement leur donnait  vie.

Si ce type de bambous, considéré comme des modèles, est le plus habituel, il existe d’autres rares exemples, témoignages de ces pratiques : une planche de bois gravée, des modèles de tatoueurs  pour les bras ou les jambes en bois dont certains, collectés par von den Steinen, font partie de  quelques grandes collections internationales (Musée du Quai Branly – Jacques Chirac, Paris ;  Museum vor Volkerkunde, Berlin, Bishop Museum d'Hawaii, etc.). Les crânes couverts de tapa reproduisant les motifs du visage sont rattacher à ces témoins, car ils reproduisent également les  emplacements de motifs sur le corps avec exactitude (cf. section matatiki et tapa). 

Matatiki et tapa

La pratique du tapa, tiré de l’écorce interne (« liber ») de divers arbres et arbustes, elle aussi, se  rattache au corpus graphique marquisien du matatiki. Si les Marquises se sont différenciées par la  production de tapa unis et non ornés souvent liés à un contexte sacré, un plus grand nombre de  variétés de plantes qu’ailleurs en Polynésie servait à produire ces « étoffes » végétales. Certaines  étaient parfois ornées de matatiki. Il s’agissait notamment de supports rituels, d’étoffes  enveloppant les crânes d’ancêtres, ou encore de certaines effigies de bois recouvertes de tapa  décoré. Cette pratique d’enveloppement, associée aux matatiki, relevait à la fois des rituels  d’offrande et de protection, comme le patutiki avait pu également y être associé avant le contact  avec les Occidentaux.

De fabrication immémoriale, ces pièces d’étoffe étaient le plus couramment produites à partir de  l'arbre à pain, du banian et du mûrier à papier. Après avoir été levée et préparée de façon  rigoureuse, le liber était battu jusqu'à obtention de l'épaisseur, la finesse et résistance souhaitées.  L’étoffe était ornée au besoin, sinon teinte et parfumée selon les circonstances (fêtes, relations  amoureuses...).  
Le tapa possédait autrefois de multiples usages : cloisons interne de l'habitat, pièce de lingerie,  linceul, etc. Aujourd’hui, le tapa produit est purement décoratif. Le nouvel essor de cette pratique  se développa d’abord sur l’île de Fatu Iva, et de façon un peu moins prononcée à Ua Pou.

La couleur du tapa obtenue varie d’abord en fonction de l’essence végétale utilisée : le mûrier à  papier (Broussonetia papyrifera, ute) donne une étoffe blanche et plus fine. L'arbre à pain  (Artocarpus altilis, tumu mei), produit une étoffe de couleur beige, plus résistante ; celle obtenue  avec l’écorce (hiapo) du banian (aoa) est d’un marron-rouge. Le tapa pouvait ensuite être teint de  sucs et autres colorants naturels. Si la réalisation de tapa à partir d'arbustes rares comme le  Wikstroemia foetida ou l'Alyxia stellata est aujourd’hui abandonnée, le goût pour l’innovation  donne quelques productions nouvelles, dont celle tirée d'un type de caoutchouc qui produit une  étoffe jaune.  

Les tapa actuels sont généralement de petite taille (fig. 4). Les motifs qui les ornent sont traités  comme des pièces d'ornement inspirées de planches d'ouvrages anciens et des relevés faits au  XIXe siècle, comme ceux de l'expédition russe de 1804, de K. von den Steinen ou de W. Handy. Ces  ensembles décoratifs incluent également des créations contemporaines comme les cartes,  accompagnées parfois d'animaux emblématiques telles que les baleines, dauphins ou tortues. 

De nos jours, les Marquisiens ornent d’autres supports textiles modernes avec les motifs du  matatiki, tels que les paréos, serviettes, ou tee-shirts. Cette réappropriation marquisienne de  supports contemporains permet aussi, quel que soit le médium choisi, à l’art graphique marquisien  de rester vivant. 

Matatiki, au cœur de la vie de la communauté marquisienne au passé comme au  présent

Parce qu’il se réfère à tous les éléments constitutifs de la nature et l’univers marquisiens, qu’il est  lié à des pratiques sociales strictes, donne lieu et participe à des rituels et événements festifs ; que  sa transmission, comme celles des techniques de créations au sein desquelles il s’exprime se  maintenait oralement, le matatiki est bien lié aux quatre domaines de classification indiqués en  partie I.2, à savoir "Connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers", "Pratiques sociales, rituels et événements festifs", "Savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel",  et "Traditions et expressions orales".  

En effet, l’omniprésence de la figure de Tiki, dans les conceptions marquisiennes, passée et  présente, du monde est liée à la cosmogonie. Les traditions orales le caractérisent comme  personnage mythique qui créa l’humanité, la sculpture et le tatouage. L’épistémologie qui en  découle s’illustre encore aujourd’hui dans l’art du tatouage, de la sculpture et de la gravure, du  chant ou de la danse, tous trois médias forts de l’expression culturelle et identitaire marquisienne  (cf. documentaire Patutiki. L’art du tatouage des îles Marquises, réalisé par Heretu Tetahiotupa et  Christophe Cordier).

La place d’un individu ne peut être considérée individuellement mais comme étant au cœur d’une  organisation sociale autour de la figure du chef hakaìki et des koìna/koìka, fêtes ou  rassemblements rituels ou non. L’expression du matatiki traversait tous les aspects de la vie de la  communauté marquisienne. En effet, si l’art marquisien et ainsi les expressions physiques du  matatiki sont fortement associées au corps humain (tatouage, ornement, etc.), lorsqu’il s’exprimait  sur des formes non-corporelles, comme celles qui se trouvaient sur d’autres supports matériels tels  les armes, les pirogues, etc., il demeurait conceptuellement lié à celui-ci puisque l’objet  appartenant à une personne était considéré comme partie de son corps [A. Gell, Art and Agency,  p. 168].

Comme dans toute l’Océanie, toute transmission culturelle s’effectuait par l’oralité. Si elle s’est  parfois tue, la transmission orale ne s'est pas complètement perdue et les moyens modernes de  documentation et de préservation (enregistrements audio et vidéos) la ravive encore.

Si aujourd’hui les rituels sociétaux ne sont plus les mêmes, acquérir et s’orner de matatiki peut  marquer l’accomplissement d’un événement personnel, le retour au pays, ou, au contraire une  réaffirmation identitaire individuelle pour les membres de la diaspora. L’aspect festif associé au  tatouage et à sa monstration apparaît toujours dans les célébrations comme le Matavaa, festival  culturel des îles Marquises, qui donnent par ailleurs lieu à l’acquisition de nouveaux tatouages.  Être beau et tatoué demeure un concept culturel important pour les Enata/Enana, dans leur  Fenua/Henua (terre) natal, lors des événements/rassemblements festifs communautaires, ou  ailleurs (fig. 5-8). 

La sculpture, la gravure ou les tapa ornés décorent et réaffirment l’identité culturelle marquisienne  dans tous les lieux publics qu’ils soient traditionnels, festifs ou cérémoniels, ou publics (fig. 9).  Dans l’archipel, toutes les infrastructures administratives sont d’ailleurs ornées d’éléments illustrant le matatiki (fig. 10-11). En outre, ces pratiques artistiques forment également une manne  économique importante pour l’artisanat marquisien. Celle-ci permet, tout en demeurant une ex pression artistique unique et locale, a une partie de la population de vivre et rester au sein de son  archipel dans un contexte où les migrations économiques sont devenues un challenge dans ces îles  aux opportunités professionnelles souvent restreintes.  

Marquisien et français.

Patrimoine bâti

Les sites de pétroglyphes de l’archipel sont nombreux et leur inventaire, débuté par l’expédition du  Bishop Museum dans les années 1920, est toujours en cours de complétion. D’autres travaux ont  poursuivi cette tâche, comme ceux de S. Millerström, Ed. Edwards et H. Baumgartner encadrés par  le département d'Archéologie de Polynésie française à la fin des années 1980, puis ceux de  C. Chavaillon, E. Olivier, P. et M.-N. Ottino-Garanger, R. Puhetini, D. Kaiha, P. et T. Potateuatahi,  C. et G. Valich entrepris dans les années 1980 et toujours en cours.

Il en est de même pour les statues tiki conservées in situ.  

Plusieurs ensembles archéologiques, où ils apparaissent, sont par ailleurs proposés au classement  sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité (soumission le 22 juin 2010 par la Délégation  permanente de la France auprès de l'Unesco). Les ensembles qu’ils constituent, leur qualité et  originalité de conception, leur fragilité parfois, méritent protection de façon générale.

Objets, outils, matériaux supports

Traditionnellement, la réalisation du patutiki impliquait l’usage du àma (noix de bancoule) pour la  fabrication du pigment, combinée à l'eau stérile de la noix de coco. L’encre « stérile » obtenue était  généralement placée dans une demi-coque de coco polie.

Les peignes à tatouer étaient réalisés à partir de diverses matières. Pour les personnages les plus  importants, des matières prestigieuses comme l'écaille de tortue (animal unissant symboliquement  le monde des vivants et celui des ancêtres) ou la nacre étaient utilisées. L’os humain, résistant et  chargé du mana d’ancêtres ou de victimes humaines, pouvait également être utilisé pour les  premiers nés ou les personnes aux statuts élevés, hommes ou femmes. Hormis les cochons dont les  os ne sont pas de qualité suffisante pour être travaillés, il n'y avait pas d'autres grands  mammifères. La forme cylindrique ou demi-cylindrique d'os d'oiseaux, parfois tapu, c'est-à-dire  dont la capture était sévèrement réglementée, permettait la réalisation de petites formes arrondies.  Plus simplement, coquillages ou dents de requins étaient aussi utilisés.

Ces peignes étaient frappés d’un maillet de bois résistant (bois de rose, etc.). La peau était tendue  au moment de l'opération et essuyée avec un tapa doux ; la feuille du noni (Morinda citrifolia)  aidait à la cicatrisation. Celle-ci possédait également une valeur apotropaïque lors des premiers jours du tatouage, tandis que le sujet tatoué devait respecter une diète avant et après l'opération,  accompagnée par la suite de restrictions alimentaires.

Lors de la phase de cicatrisation, assez rapide, l’huile de coco agrémentée d'herbes médicinales  et/ou parfumées était appliquée sur les parties traitées.

Aujourd’hui, cette pratique a été remplacée par l’usage du dermographe.

Le haatiki ou ketutiki, l’art de la sculpture impliquait l’usage d’outils de pierre comme les  herminettes ou les gouges de basalte. Des gouges en coquille de térèbre (pao, famille des  Terebridae), de fins ciseaux en dents de requin ou du rat frugivore (Rattus exulans), du corail, les  radioles d’oursins, les maillets de bois et les perçoirs à pompe comptaient également parmi les  outils utilisés. Le sable servait à l’abrasion tandis que le ponçage pouvait s’opérer avec la peau de  requin ou de raie, ou encore du corail, et le brunissage, avec une dent de porc ou un galet très dur  et poli.

Après l’introduction du métal, de nouveaux outils furent utilisés. Parmi eux, des éléments de  cercles de barriques et autres rebus métalliques échangés par les navires de passage au XVIIIe et  jusqu’au milieu du XIXe siècle. Enfin, de nos jours, la gamme variée d’outils habituels dans le  travail du bois s’étend des ciseaux à bois et gouges jusqu'aux outils électriques, dont la  tronçonneuse pour le dégrossissage.

L’art du tapa nécessite une enclume de pierre (galet de basalte façonné) ou de bois très dur comme  le bois de fer, ainsi qu'un maillet en bois lourd, généralement en ike (Canthium barbatum), qui  donna son nom à l’objet. Ce maillet de section carrée était rainuré sur ses quatre faces de manière  différente, afin de suivre, d’accompagner l’affinage progressif de la pièce.  

L'application du répertoire iconographique se faisait avec un pinceau de cheveux, de « clous » de  fruits de Pandanus tectorius bien plus larges, ou d’autres plantes à fibre de taille et consistance  adaptées. L’encre végétale était noire pour les crânes recouverts de tapa décorés, et parfois  bicolore noire et rouge pour les effigies anthropomorphes ornées de motifs issus du tatouage (cf. celles conservées au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac, au New Zealand National Museum  Te Papa Tongarewa de Wellington ou encore au Bishop Museum d’Hawaii. Le noir pouvait être tiré  de la suie de noix de bancoule recueillie sur une surface polie (demi-noix de coco, ou nacre) et le  rouge, du fruit du rocouyer (Bixa orellana), entre autres. Aujourd’hui, les encres industrielles sont  préférées. 

 

La pratique traditionnelle de l’art iconographique marquisien se transmettait d’un maître à un  autre. Quelle que soit leur pratique (sculpture, tatouage, tapa, etc.), ces praticiens spécialistes, les tuhuna/tuhuka inculquaient leurs savoirs à des apprentis souvent repérés dès leur plus jeune âge en fonction d'aptitudes particulières. Il existait aussi des lignées de spécialistes, car tatouer des  personnes au mana important nécessitait d'être soi-même investi d’un mana équivalent.  

Aujourd’hui, la pratique du matatiki dans ces formes sculptées, tatouées ou sur des supports en tapa se transmet toujours de « maître à élève », particulièrement au sein d’une même famille.  

Cette transmission s’est également dotée d’une forme moderne plus institutionnelle, profitant de la  structure éducative développée au sein de la collectivité d’Outre-mer. Ainsi, au sein même de  l’archipel des îles Marquises, les pratiques d’apprentissage de l’art graphique marquisien sont  transmises dans des Centres pour jeunes adolescents (CJA) de Ua Huka et Hiva Oa. Un certificat  d’aptitudes professionnelles (CAP) dénommé certificat polynésien des Métiers d’art (CPMA), est  également dispensé, avec une formation dédiée à la sculpture marquisienne, dans la section  d’enseignement professionnel (SEP) de Nuku Hiva.

Deux CJA existent dans l’archipel et visent, par la formation qu’ils dispensent, à permettre aux  adolescents jusqu’à l’âge de seize ans de s’insérer dans la vie active et de se valoriser dans leur  propre environnement naturel et humain. Par conséquent, la formation prodiguée est adaptée à la  localité et la culture dans laquelle elle s’inscrit. Créés par une délibération de l’Assemblée  territoriale en 1981, et en constante évolution pour s’inscrire dans la dynamique de la rénovation  de la voie professionnelle, ces établissements allient pratique et théorie pour une formation  professionnelle polyvalente.

La scolarité de l’élève au sein d’un CJA, possible à partir de l’âge de 12 ans, peut se dérouler en  quatre ou cinq ans. La formation dont il/elle y bénéficie est assurée par des équipes d’enseignants  expérimentés et/ou des spécialistes et s’appuie sur une organisation coopérative entre le personnel  enseignant et l’élève afin qu’il modèle son projet personnel de formation.  

La formation des CJA, comme des CAP, intègre le français comme langue principale. Les noms des  motifs, comme ceux des essences de bois ou d’autres matériaux restent utilisés en marquisien. Cet  enseignement ne se limite pas à une approche formelle et technique, il incorpore également les  fondements culturels majeurs de l’archipel. La scolarité des élèves en CJA est sanctionnée par un  diplôme territorial de niveau V et pour les meilleurs d’entre eux par l’obtention du certificat de formation générale.

Tous les acteurs du matatiki, sculpteurs, tatoueurs et fabricants de tapa, ont le souci de la  transmission de leur art aux jeunes générations.

La Fédération des artisans marquisiens (Te Tuhuka o te Henua Ènana) regroupe les sculpteurs et  autres artisans d’art de l’archipel et au travers d’un label et de l’organisation d’événements comme  les salons d’exposition-vente biannuels à Papeete.

La Fédération culturelle des îles Marquises (Te Motu Haka o te Henua Ènana) et ses membres,  partagent un but commun de sauvegarde du patrimoine culturel marquisien. Elle s’attache depuis  plus de quarante ans à la perpétuation, le soutien et l’enrichissement des pratiques culturelles et  artistiques de l’archipel et est notamment à l’origine de la création du festival culturel Matavaa.

L’Association « Patutiki » et ses membres proposent, eux aussi, une transmission dispensée par ses  membres praticiens-tatoueurs.

La transmission de la pratique du patutiki, dans le respect de sa forme traditionnelle, bénéficiera  également d’une association nouvellement instaurée entre les praticiens marquisiens et l’École française de tatouage. Ce partenariat sera effectif au second semestre de l’année 2020 et  comprendra une promotion de tatoueurs. 

Il existe un consensus archéologique sur le peuplement de l’archipel, originaire de Polynésie  occidentale, probablement de la région des Samoa - Tonga. Si les dates fluctuent, ce peuplement  est estimé vers la fin du premier millénaire de notre ère. Sans chronologie comparable à celles de  contrées ayant bénéficié très tôt d'une forme d'écriture, la mémoire orale, bien que présentant des  faiblesses, apporte des informations historiques et culturelles précieuses. La chute démographique  majeure qu'a connu l'archipel au XIXe siècle marqua un passage de 80 à 100 000 habitants au  XVIIIe siècle, à moins de 2 000 en 1920. À cela s'ajoute le choc psychologique lié à l'arrivée de  populations culturellement totalement différentes, avec des répercussions considérables sur la  transmission orale. L'ampleur et la profondeur mémorielle permirent cependant d’en préserver  bien des aspects. Ces éléments constituent une base solide, notamment dans la sûreté du geste, le  sens des proportions et des agencements, auxquels s'ajoutent ce que savants et voyageurs  recueillirent et préservèrent, dès la fin du XVIIIe siècle.  

Les changements culturels liés à l’intensification de la présence des Occidentaux sont aussi  sensibles dans la production artistique. La collecte massive que ces voyageurs opérèrent permit  cependant la constitution de collections muséales publiques ou privées qui, bien qu’éparses,  constituèrent, elles aussi, une forme de sauvegarde.  

Le climat tropical de l’archipel causa lui aussi la perte de nombreuses productions matérielles et  artistiques, le bois se conservant très mal dans ces milieux humides. En revanche, les vestiges  d'aménagements reflétant l’organisation spatiale traditionnelle marquisienne, comme les  plateformes de basalte, murs et terrasses, grandes places communautaires etc., furent sauvegardés  en partie, du fait de l’effondrement démographique. Il en résulte un contraste entre le nombre de pétroglyphes recensés dans l’archipel et celui des statues tiki. Celles de bois furent le plus souvent  collectées, pillées ou encore subirent, comme celles de keetu (tuf), les dommages du temps. Celles  de basalte, elles aussi, furent collectées par les voyageurs, ou encore renversées puis, à l’abandon,  se sont recouvertes d’une gangue de végétation.

Les éléments préservés sont donc majoritairement les plus pérennes, en matériaux durables tels  que la pierre, l’os ou les coquillages. Ils comptent de nombreux objets utilitaires conservés dans les  collections (hameçons, herminettes etc.), ainsi qu’un large éventail d’ornements. Les pétroglyphes  et figures humaines de grande taille, en pierre, sont restés en place. S’y ajoutent le corpus des  collections muséales et privées.  

La présence d’outils de tatouage est attestée dans des strates très anciennes de l’archipel. Au cours  de ses recherches archéologiques (1962 à 1964), le Dr Yoshihiko Sinoto mit en effet au jour, à Ua Huka, des peignes à tatouer d’os d’oiseaux, de nacre et de dents de requin. Ces objets se trouvaient  dans des niveaux correspondant aux tout premiers stades du peuplement de l’archipel.

D’autres peignes furent trouvés dans des fouilles menées sur la côte nord de Nuku Hiva. S’ils  correspondent à des périodes un peu plus récentes, leur existence témoigne de la pérennité d'un art  aux racines anciennes pratiqué sans doute sans interruptions jusqu'aux témoignages des Espagnols  en 1595, du Capitaine Cook (1774), Marchand (1791), puis des Russes (1804). De leurs voyages  résultent des témoignages, comme le portrait du chef Honu de Tahuata, au sud, par William  Hodges en 1774, ainsi que d’autres planches d’illustrations figurant en 1804 des habitants de la  baie de Taiohae à Nuku Hiva, au nord, leurs tatouages très complets et complexes, ainsi que des  peignes à tatouer.

Les premiers Occidentaux à aborder officiellement l’archipel, par le sud (Fatu Iva, Tahuata, Hiva  Oa), furent ceux de l'expédition espagnole de Alvaro de Mendaña et Pedro Fernandez de Quiros  (juillet-août 1595). Ils le nommèrent Las Marquesas de Mendoza en l'honneur de l'épouse du vice roi du Pérou, mécène de ce voyage. Dans leurs écrits, ils évoquent des habitants aux corps  « peints » (pintados) de poissons et autres motifs de teinte bleue. C’est également au sud, à  Tahuata, que le Capitaine Cook passa lors de son deuxième voyage, en avril 1774. Lors de leur  rapide passage, ses compagnons et lui observèrent la même tradition. Ils ne la décrivirent pas, si ce  n’est par le premier portrait du chef de Vaitahu qui les accueillit, Honu et son tatouage facial  caractéristique. Ils rapprochèrent sans mal cette pratique de ce qu'ils avaient observé de Tahiti à la  Nouvelle-Zélande. Nous leur devons le mot « tattoo », qu’ils empruntèrent au terme polynésien tatau. 

Le capitaine Marchand fut le premier à faire escale dans le groupe nord, en 1791, à Ua Pou. Il en  éternisera quelques productions par des dessins dont un remarquable étrier d’échasse sculpté  d'une figure de tiki. Ce type d’objets fut largement collecté par la suite.  

Tout au long du XIXe siècle, les collectionneurs furent friands de ces objets ethnographiques. En  1804, le Tsar Alexandre Ieren demanda la collecte pour son cabinet de curiosités ; les  Britanniques, les Français, les Russes et les Hollandais Troost et Roggeveen (1825) entamèrent  ainsi une large politique de collecte. Par la suite, elle se révéla être aussi une forme de conservation  de ces objets désormais conservés de Salem à St Pétersbourg. Cet engouement perdura et les  conditions de « collecte » furent de tous types. Les informations associées, souvent lacunaires,  reflètent ces variations. Les baleiniers et navires de commerce américains y prirent part, tout  comme les officiers de marine et membres d’équipages de divers pays. Ces pratiques massives et la  multiplication des navires de commerce finirent par défaire l'archipel d’une grande partie de ses  objets à la fin du XIXe siècle, tandis qu'ils figurent en nombre dans les collections muséales  mondiales, sous forme d’ornements, armes, pagaies, bâtons de chef, etc.  

L’ambivalence de ces collectes réside dans le fait que, comme ces témoignages illustrés, elles permirent de faire connaître au monde les subtilités de l’art marquisien et de préserver une partie  de cet héritage culturel. L'expédition russe de Krusenstern, en 1804, documenta en détail ce séjour,  les usages du patutiki et, pour Langsdorff et Tilesius, de nombreux motifs. Les croquis, gravures et  descriptions se multiplièrent au fil du siècle à travers l'Europe et l'Amérique, jusqu’au travail de  l’ethnologue allemand Karl von den Steinen, entre 1897 et 1898.

Le Protectorat français fut établi en 1842. Cette phase d'installation d'Occidentaux, plus nombreux,  combinée à l’essor progressif de l’évangélisation eut des répercussions irréversibles sur la culture  locale. Les maladies méconnues jusqu'alors devinrent de véritables fléaux, engendrant un « choc  microbien », suivi d’une chute démographique sans précédent. En 1863, une épidémie de variole  ravagea l’archipel et causa une disparition de la population estimée entre la moitié et trois-quarts  de celle-ci sur les trois îles du groupe Nord. D'autres introductions participèrent à ce déclin :  l'alcool et les armes à feu, présentes dès la première moitié du XIXe siècle. 

D’autres décisions liées à des interdits administratifs et religieux causèrent des pertes culturelles  majeures. Dès 1858, le commandant de Kermel prohiba le tatouage, la danse, et le respect des  tapu, ces interdits culturels et rituels qui légiféraient la vie de la communauté. Tous ces  événements ne purent rester sans conséquences sur l’usage et les connaissances du matatiki, mais  il survécut.  
Le climat politique de l'époque, en France, eut pour effet une alternance d'interdits et de détentes,  variables selon les lieux et la sensibilité des autorités du moment. Ainsi, s'il exista une certaine  tolérance entre 1861 et 1863, l'instauration du « code Dordillon » de 1863 à 1866 vit le  rétablissement de sanctions, principalement à Nuku Hiva. Cette alternance se répéta entre 1866 et  la fin des années 1870, lorsque le Résident Chastanié leva les interdits à l’égard du tatouage.  Cependant, de 1884 à 1885, le patutiki fut à nouveau condamné, avec toutefois une tolérance, en  1885, pour celui de lettres formant un nom sur le bras. En 1890, les sanctions furent levées par  Mgr Martin, mais en 1898 le gouverneur Gallet banni la pratique du tatouage de l’archipel. Ce n'est  qu'en 1993 que l’arrêté qu’il prononça fut officiellement qualifié de désuet par le Haut Commissaire de la République.

C'est en partie en raison de ces multiples alternances et l'éloignement entre les autorités coloniales  et la majorité des Marquisiens, que certains aspects traditionnels du tatouage, bien qu’au sein  d’une pratique très réduite, perdurèrent. Les formes qui survécurent le plus longtemps, parce que  des plus fondamentales, furent le tatouage des lèvres de femmes et de parties cachées du corps. Les  derniers Marquisiens tatoués de façon traditionnelle se sont éteints au milieu du XXe siècle.

À partir des années 1970, le tatouage traditionnel connaît une renaissance aux Marquises comme à  Tahiti et dans d’autres îles polynésiennes. Elle s’associe à la réaffirmation des arts traditionnels,  particulièrement la musique, la danse et les ornements qui l'accompagnent. Le renouveau culturel  marquisien prend alors son essor, illustré par la création de l’association devenue ensuite  fédération culturelle Motu Haka o te Henua Enana en 1978 et celle du festival culturel Matavaa o  te Fenua Enata en 1987.  

Un répertoire étudié

Le tatouage marquisien a fasciné les voyageurs occidentaux qui, dès le XVIe siècle, mentionnent  son existence. Au XIXe siècle, avec la multiplication des voyages, certains enrichirent leurs récits  de plus ou moins de détails, croquis, dessins et parfois de véritables relevés. Parmi eux, les  témoignages de la première expédition russe autour du monde en 1804 sont exceptionnels  (Krusenstern, Lisiansky, Langsdorff, Tilesius...). Si une part seulement des motifs de l’art du patutiki fut ainsi sauvegardée par les écrits, avant l'intensification des contacts et l’établissement des Occidentaux dans l’archipel, plus de 500 motifs sont identifiés, dont les trois-quarts le sont  avec leur nom.

L’étude du patutiki a également donné lieu à des publications fondamentales de savants voyageurs,  ethnologues de l'époque. Frappés par l'ampleur de cette pratique, ils en recensèrent les motifs,  leurs conditions d'usage, le rôle et, dans la mesure du possible, les positions occupées sur les corps,  parfois en fonction des îles, ainsi que la symbolique associée et les étapes de la vie qu’ils  marquaient. Ainsi, à partir de 1897-1898, l’ethnologue allemand Karl Von den Steinen s’y attela,  publiant un ouvrage fondateur (3 tomes, 1925-1928), indispensable aux maîtres actuels. Il y étudie  les raisons et conditions de cet art, en inventorie les motifs, les questionne puis les compare dans  Die Marquesaner und ihre Kunst. Studien über die Entwicklung primitiver Südseeornamentik  nach eigenen Reiseergebnissen und dem Material der Museen (traduit depuis en français, 2005).

Il sera suivi dans cette tâche, une vingtaine d’années plus tard, par l’ethnologue américaine  Willowdean C. Handy, lors d'une mission ethnoarchéologique du Bernice P. Bishop Museum, en  1920-21. L’ouvrage sera publié en 1922 (Tattooing in the Marquesas, Honolulu: Bernice P. Bishop  Museum, 1922).

Deux ouvrages contemporains reprennent ces études, l'un à la lueur des témoignages historiques,  en poursuivant autant que faire se peut l'inventaire du patutiki dans Te patu tiki. Le tatouage aux  Îles Marquises de Marie-Noëlle et Pierre Ottino-Garanger (J.-P. Fourcade et Ch. Gleizal éditions,  Papeete, 1998) et, à la suite de celui-ci, un dictionnaire iconographique du patutiki réalisé par Teiki  Huukena : Hamani Haa Tuhuka – Te Patutiki Dictionnaire du Tatouage polynésien des Îles  Marquises (Nîmes, Tiki éditions, 2 vol., 2011-2016).

Enfin, plusieurs expositions furent consacrées à l’art des Marquises, dont :

• « Trésors des Iles Marquises », Musée de l’Homme, 1995 
• « Adorning the World. Art of the Marquesas Islands », Metropolitan Museum of Art de  New York, 2005  
• « Te ha'a tupuna kakiu no te Henua Enana - L'art ancestral des îles Marquises », Musée  des Beaux-Arts de Chartres, 21 juin-28 septembre 2008. 
• « Tiki », Musée de Tahiti et des îles – Te Fare Manaha, 2016 
• « Mata Hoata – Arts et Société des Iles Marquises », Musée du quai Branly – Jacques  Chirac, 2016

Toutes reflétèrent la permanence du matatiki sur une multitude d’objets, de matériaux  traditionnels ou contemporains et en illustrèrent la vivacité et celle de l’art marquisien au sein  duquel il s’exprime. 
Plusieurs expositions internationales dédiées au peintre Paul Gauguin ont mentionné ou témoigné  de l'importance du matatiki qui l'interpella par ses motifs. Parmi elles, « Gauguin Polynesia »  (Bâle, Copenhague et Seattle, 2011). 

Évolutions et permanences de l’usage du matatiki dans le patutiki

Des évolutions sont perceptibles au travers des différents témoignages des observateurs  occidentaux. Ainsi, en 1804, lors du passage de l’expédition russe, l'aspect du corps ou de ses  parties recouvertes, apparaissait comme un réseau de motifs imbriqués comparable à une broderie  ou dentelle (fig. 12-13). Cette observation était celle d’une étape du processus de tatouage : le corps  pouvait alors être entièrement recouvert. C’était le cas pour les personnages importants, au point  de devenir extrêmement sombre. 

Ce dernier aspect de la disposition des matatiki aboutit, dans la seconde moitié du XIXe siècle, à  de grands à-plats noirs incrustés de motifs. Ceux-ci zigzaguaient de façon quasi symétrique sur le  corps, organisés en compositions rectangulaires sur le tronc et triangulaires sur les membres,  comme les releva K. von den Steinen (fig. 14) puis W. Handy.
La pratique du patutiki connut une rupture temporelle liée aux interdits progressivement placés  par les autorités religieuses et/ou civiles après l'annexion de l'archipel (1842). Si le caractère strict  de ces interdits fut plus sensible après les années 1880, et particulièrement après 1898, il ne fut  jamais absolu du fait du maillage très sporadique des autorités effectives. Bien que ténue, la pratique continua alors jusqu'à son abandon temporaire au XXe siècle. 

L’interconnexion caractérisant les différentes expressions culturelles du matatiki permit sa survie  (cf. section suivante – haatiki), puis son renouveau une fois le patutiki réhabilité dans les années 1990. Témoin contemporain de cette transposition partielle vers la sculpture sur bois, von den  Steinen l’étudia minutieusement. Ce champ d’étude donna lieu à une autre publication du Bishop  Museum d'Hawaii (R. Greiner, 1923) à la suite du travail de W. Handy (1922). Ces travaux offrent  une source complémentaire qui vient enrichir le fonds iconographique du matatiki [Ruth Greiner,  « Polynesian Decorative Designs », Bernice P. Bishop Museum Bulletin, n°7, 1923 ; W. Handy,  L'Art des îles Marquises, Paris, Éditions d'art et d'histoire, 1938 ; M.-N. Ottino-Garanger, Motifs  polynésiens, Ouest France, 2008). 
L’évolution des motifs du matatiki dans le patutiki ces trente dernières années, est principalement  liée aux possibilités de détails qu'offrent les dermographes actuels. Les effets d’ombrages des  motifs se sont ainsi particulièrement développés, mais leur essence et leur nature, elles,  demeurent. 

La sculpture sur pierre : pétroglyphes, reliefs et ronde bosse

Le thème du Tiki, présent dans les grandes sculptures de pierre que l’on trouve encore in situ, ou  celles de bois dont certains exemplaires sont conservés dans les collections muséales (cf. Musée de  Tahiti et des îles – Te Fare Manaha, Bishop Museum d'Hawaii), parsème l’ensemble de l’archipel.  Les pétroglyphes, que la lumière révèle dans les vallées du Fenua Enata/Henua Enana, sont plus  nombreux mais plus énigmatiques.  

L'archipel étant une chaîne volcanique, assez récente, la pierre de prédilection pour les sculptures de grande taille est le tuf keetu fait de débris volcaniques, plutôt que d'autres basaltes nettement  plus durs à travailler. Les pétroglyphes sont, à l'inverse, plus présents à la surface de ces roches  dures plus pérennes. Ce constat est aussi lié à la fonction de protection et apotropaïque du  matatiki. Les pétroglyphes forment, en creux ou relief, des tracés plus ou moins schématisés. Si  leur répartition diffère de la structure du patutiki, les motifs, une fois isolés peuvent être identifiés  comme appartenant à un corpus commun. Ainsi, s’y retrouvent les visages et cercles concentriques  formant ou non des regards, ou d'autres motifs emboîtés marqués par une ouverture (ipu) au sein  desquels, ou à l'entrée desquels, apparaît parfois une petite silhouette humaine. Selon la tradition,  la population des vallées serait elle-même issue de fissures de rochers nommés pito ou nombril.  Ainsi, des séries de motifs de formes humaines apparaissent des fissures trouvées dans la roche.  Ces motifs anthropomorphes, ènata/ènana en marquisien, peuvent aussi être associés à d’autres  formes : de chiens ou de pirogues, par exemple. Des versions proches de ces Enata/Enana figurent  dans les bambous, le tapa et le tatouage, bien qu’elles existent sous des formes plus variées dans ce  dernier.

Les motifs les plus fréquents sont les yeux et visages. Ils sont considérés comme apotropaïques et  ainsi protecteurs des lieux, des fonds sacrés de vallée aux sites de rassemblement communautaire  (tohua), aux murs et murets d'enclos sacrés meàe ou encore des terrasses de culture. L'inventaire  des formes est nettement plus varié que ce bref résumé le laisse entendre (cf. annexes 1-2).  

La modalité de fabrication des pétroglyphes consiste essentiellement en piquetage, percussion et  abrasion. Leur localisation révèle une sélection, au sein de chaos rocheux par exemple. Le choix  des matériaux sur lesquels ces matatiki apparaissent en révèle l’importance. En effet, la nature  dure et teintée des matériaux sur lesquels les pétroglyphes figurent s’associe à une symbolique  significative : le rouge reflète la marque du sacré et la présence d'interdits, le jaune est associé à la  joie et la fête, tandis que le blanc est associé à la lune et au monde des esprits. 

La sculpture sur bois passée et présente

Une grande partie du corpus de motifs du matatiki recensés dans le tatouage se retrouve dans la  sculpture sur bois. Les sculpteurs, à la fin des temps anciens comme aujourd’hui, les sélectionnent  selon leur goût et ils ne sont pas restreints à un type d’objets en particulier.  

Originellement, la répartition et l’utilisation des matatiki étaient régies par un code strict qui les  restreignait à des objets liés à des personnes et des fonctions précises. Avec la christianisation, à la  fin du XIXe siècle, les obligations et le rôle des objets n'étant plus les mêmes, ces restrictions se  levèrent et les styles évoluèrent.  

Une fois les grandes collectes d’objets opérées, qu’ils soient devenus obsolètes dans leurs usages  traditionnels comme les armes et les échasses, ou conservés au sein de trésors familiaux comme les  coiffes ou bâtons de commandement, et face à leur raréfaction et au goût prononcé des visiteurs  occidentaux pour l’art marquisien, les tuhuna/tuhuka et leurs disciples développèrent une  production à la fois significative et inventive. Cette nouvelle production s’illustra par le décor  d'objets autrefois non ornés, ou l’ornementation d’objets nouvellement incorporés dans la vie marquisienne (épaulettes de bois, soupières), ou encore d’objets destinés à la vente (récipients,  massues, pagaies, modèles de pirogues), dont les motifs étaient puisés dans l’héritage  iconographique traditionnel.  

L’esthétique propre à cette période de transition de l’art marquisien se distingue par ses décors  issus du matatiki appliqués sur toute la surface de l’objet avec des instruments métalliques variant  des baleines de parapluie à la pointe de « coupe-coupe » (couteau long rudimentaire).  

Ces productions se sont directement inspirées des compositions du tatouage, couvrantes et  constituées de surfaces courbes. En effet, si le tatouage avait périodiquement été interdit à partir  de 1858 (arrêté du Cdt de Kermel), cette restriction ne s’est appliquée, avec plus ou moins de vigueur, à l’ensemble de l’archipel qu’à partir de 1887-1888. Ainsi, hommes et femmes, encore  nombreux à porter des tatouages recouvrant tout leurs corps, devinrent les modèles vivants de cette fin du XIXe siècle.  

Différent du passé par sa fonction et l'évolution esthétique, le style sculpté de la fin du XIXe siècle occupe néanmoins un rôle pivot pour la continuité du matatiki dans l’art marquisien. Il témoigne  aussi de la force et de la permanence du matatiki. L’esthétique, qui évolua alors, dura jusqu'à  réémerger près d'un siècle plus tard comme base stylistique pour la renaissance artistique de la fin du XXe siècle.  

Aujourd’hui, ce décor de matatiki couvrant se perpétue sur les récipients et les noix gravées de  coco et de temanu - Calophyllum inophyllum. Jouant sur les contrastes entre la part sombre et la  part claire du tracé, comme autrefois le tatouage, il coexiste au côté de pièces plus épurées mettant  en valeur le poli du bois et la teinte de ses veines. Ce second style s’appuie sur les bois précieux de  l'archipel et développe un décor gravé de matatiki principalement disposé en bandeaux ou frises.  

S’y ajoute un retour vers la réalisation de pièces anciennes qui s'inspirent d'objets conservés dans  les musées. Parmi eux, les « casse-têtes » ou massues ùu, ainsi que les pagaies-massues parahua qui illustrent le talent de leurs créateurs, ainsi comparable à celui de leurs ancêtres. Si aujourd’hui  les sculpteurs de Ua Huka révèlent une grande maîtrise de cet art, dominé à la fin du XIXe siècle  par les audacieuses sculptures de Fatu Iva, Tahuata s’illustre également dans ce domaine,  notamment sur des matières comme l’os ou la corne.  

L’unicité des pièces, comme autrefois, demeure. Lors de concours annuels organisés à Ua Huka,  hommes et femmes relèvent le défi de retrouver matières et gestes, au travers d’une sélection  d'objets constamment renouvelée. Par cette recherche alliée à l’exploration de nouvelles matières,  l’art des tuhuna/tuhuka évolue en revisitant l’héritage culturel passé.

 

Vitalité

La permanence du matatiki dans tous les aspects de la culture marquisienne, ses productions  contemporaines et le caractère identitaire qu’il incarne témoignent de sa vitalité. Parmi les jeunes  générations de l’archipel, la recrudescence des tatoués est manifeste. La fierté de porter les traits  de ses origines pour les quarantenaires, plus encore pour les jeunes d'une vingtaine ou trentaine  d’années, confirme le lien établi avec l'affirmation identitaire que portent en eux les motifs du matatiki. Le matatiki demeure présent dans toutes les productions artistiques marquisiennes.  S’adaptant aux supports modernes les plus variés, des textiles aux objets usuels décorés de tapa,  tels que les carnets ou pochettes.  

Par ailleurs, le nombre de sculpteurs au sein de l’archipel, professionnels ou non, s’est  considérablement accru ces dernières décennies. Leurs productions, importantes au prorata de la  population, sont appréciées, et ainsi achetées, par les visiteurs de l’archipel ou ceux qui se rendent  au salon des Marquises, à Tahiti. Quelques ventes se font aussi à l'étranger lors de salons comme  celui d’Amsterdam, ou lors de conventions de tatouage.

Menaces et risques

Les menaces et les risques qui pèsent sur l’art graphique marquisien sont, en premier lieu, la  disparition progressive de la mémoire collective liée à sa connaissance et sa compréhension. En  effet, la fascination que cet art inspire, souvent mêlée à celle d'autres thèmes dits « tribaux »,  produit un art composite dont le sens et les origines ne sont plus reconnus. La conséquence de  cette mode exponentielle peut être une appropriation uniquement à titre anonyme et esthétique de  motifs séculaires, au détriment de toute reconnaissance, considération et/ou information sur leur  signification et l’identité culturelle qu’ils incarnent.

L’autre dérive actuelle consiste à amalgamer tout ce qui est « polynésien », du moko māori au pe’a samoan, en passant par le patutiki et toutes les productions hybrides qui s’en inspirent. Par  méconnaissance, et pour répondre au public, la signification des motifs composites devient alors  souvent une réinvention complète opérée par les tatoueurs selon l’inspiration ou la fantaisie de  chacun. Cette tendance peut parfois atteindre le stade d’usurpation culturelle, sensible et  offensante. 
La reconnaissance de cette identité culturelle des Marquises passe par celle du matatiki. En effet,  la Polynésie française est une entité socio-politique qui comprend cinq archipels et autant de variantes culturelles au sein d’un espace géographique immense (2 500 000 km² ). Le français en est la langue officielle et le tahitien la seconde langue administrative, également celle de l’archipel  où se situe sa capitale administrative Papeete. Les Marquisiens, dont la langue est issue d'une  racine commune, mais aussi différente que l'italien l'est du français, sont confrontés à cet  « éloignement » géographique et culturel. Le risque d’assimiler le matatiki à un trait culturel transpolynésien aurait pour effet de le vider de sa substance et de le réduire à un simple  « épiphénomène culturel » des Marquises, alors qu'il en est une fondation identitaire majeure,  chère à ses habitants.

Modes de sauvegarde et de valorisation 


Matavaa, festival culturel marquisien : événement organisé tous les deux ans dans sa version  réduite inter-îles, et tous les quatre ans dans sa version large avec invitation de délégations  extérieures. Danse, sculpture et tatouage y sont particulièrement représentés. 
• Salons des Marquises : événement biannuel organisé à Tahiti, rassemblant de nombreux artisans Marquisiens : sculpteurs, tatoueurs, fabricants de tapa, etc. 
• Des enquêtes de terrain visant à la collecte d’informations menées dans les vallées sont aussi  réalisées par les associations culturelles, notamment « Patutiki ».

Actions de valorisation à signaler

Dans la plupart des îles, il existe un ou plusieurs centres artisanaux ; ils sont souvent ouverts,  parfois même tous les jours, comme à Nuku Hiva. Le matatiki y est présent sous toutes ses formes.  Le passage de grands bateaux de croisières est l'occasion de mettre en place divers stands qui  s’ajoutent aux centres des vallées les plus importantes : Taiohae, Atuona, Vaitahu, Hane, Hokatu,  Hakahau.

Modes de reconnaissance publique

Chaque année, un concours de sculpture est organisé le 29 juin à Ua Huka. Il est ouvert aux  participants de toutes les îles de l’archipel.  
Lors de documentaires réalisés par des journalistes extérieurs, les membres de l'association  « Patutiki » notamment, s'efforcent de replacer le tatouage de l'archipel dans son contexte. 

En 2018-2019, l’association « Patutiki », consciente de l’importance de la transmission des savoirs  liés au matatiki, a procédé à une tournée de projection au sein des vallées de l’archipel des îles  Marquises, du documentaire Patutiki : L’Art du tatouage des îles Marquises, réalisé par  Christophe Cordier et Heretu Tetahiotupa.
Le documentaire a également été partagé à une  audience élargie, d’abord lors du Festival international de Films océaniens (FIFO), où il a reçu le  prix du public 2019 et lors d’une projection à la Présidence de la Polynésie française. Ce fut à  nouveau le cas en décembre 2019, lors du Matavaa – Festival des arts des îles Marquises à Ua Pou.

La mise en place de formations régulières est aussi à l’étude au sein de l’archipel. Il s’agit de  développer une structure éducative concentrée, dans un premier temps, sur l’apprentissage du  patutiki et du matatiki associé, au sein d’un curriculum défini par des représentants culturels  locaux, formulés par l’association Patutiki et reconnu par un diplôme affilié à l’École française de  tatouage. Ainsi, une formation de niveau Bac+2 pourrait former deux tatoueurs par île de  l’archipel. L’établissement d’autres diplômes spécifiques à plusieurs niveaux de connaissances du  matatiki et des techniques artistiques associées est également envisagé.

L’association Patutiki, avec le soutien de la Fédération culturelle des îles Marquises – Te Motu Ha ka o te Henua Ènana et de la Communauté de communes des îles Marquises (CODIM), prévoit la  création d’un festival culturel dédié à la célébration du matatiki, réactualisation des fêtes cérémonielles marquisiennes Koìka tuhi Tiki dont il prendra le nom. Cet événement mettra à l’honneur les matatiki, le savoir-faire et les productions artistiques associés, en offrant une série de conférences,  table-rondes et ateliers pratiques pour en assurer la transmission et l’émulation artistique.

Enfin, est à l’étude, au sein de l’archipel des Marquises, la création d’une « académie », ou autre  instance de recueil et de référence dédiée à l’évolution et l’enrichissement du lexique des motifs matatiki, toujours sur la base des symboles traditionnels. 

• Académie marquisienne – Tuhuna Eo Enata 
• Communauté de Communes des Marquises – CODIM 
• Fédération culturelle marquisienne – Motu Haka o te Henua Enana 
• Fédération des artisans des Îles Marquisies – Te Tuhuka o te Henua Enana 
• Maires des communes de l’archipel : Henri Tueinui (Fatu Iva), Étienne Tehaamoana (Hiva Oa),  Benoît Kautai (Nuku Hiva), Félix Barsinas (Tahuata), Nestor Ohu (Ua Huka), Joseph Kaiha (Ua  Pou) (en cours) 
• Présidence de la Polynésie française 

Inventaires réalisés liés à la pratique

Un inventaire des motifs de tatouages anciens publiés, quasi exhaustif, et la quasi-totalité de ceux  non publiés mais accessibles dans les grands fonds documentaires, existe. Il a fait l'objet de  publications citées dans ce rapport (cf. K. von den Steinen, W. Handy, M.-N. et P. Ottino Garanger). Les travaux de Teiki Huukena (2 tomes, 2011-2016) reprennent ces inventaires en les  rendant accessibles au public et praticiens du tatouage. L’auteur de ce dernier ouvrage, en  collaboration avec des chercheurs comme P. et M.-N. Ottino-Garanger (IRD, Muséum d'histoire  naturelle) et A. Lavondès, ingénieure de recherche (ORSTOM/IRD), ancienne directrice du musée  de Tahiti et des îles, s'attache à en décortiquer les composants en les comparant à ceux figurés sur  des objets de musées, et les explique auprès de publics variés, des écoles primaires de l'archipel à la  salle de conférence du Musée du Quai Branly - Jacques Chirac.

Comme mentionné pour le patrimoine bâti associé à la pratique du matatiki, un inventaire des  pétroglyphes, débuté dans les années 1920 et constamment enrichi, est toujours en cours. Il est  associé aux travaux de : 


• W. Handy, Expédition du Bishop Museum en 1920-21. 
• S. Millerström, Ed. Edwards et H. Baumgartner à la fin des années 1980, encadrés par le  département d'Archéologie de Polynésie française. 
• l'IRD principalement, le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) et le département  d'Archéologie du Centre polynésien des Sciences humaines, devenu service de la Culture et du  Patrimoine, puis direction de la Culture et du Patrimoine selon les époques, avec l'équipe  constituée par C. Chavaillon et E. Olivier et P. et M.-N. Ottino, avec la contribution de R. Puhetini,  D. Kaiha, P. et T. Potateuatahi, C. et G. Valich, des années 1980 à 2017, toujours en cours.  

L'inventaire des motifs iconographiques (matatiki) figurant sur les sculptures et objets mobiliers,  en raison de leur dispersion et des difficultés d'accès, est plus fragmentaire. Il a cependant été déjà  largement documenté et structuré par K. von den Steinen. S'y ajoutent les efforts de Mmes  W. Handy et R. Greiner, poursuivis par Mme A. Lavondès, chercheur de l'IRD (ancien ORSTOM) et première conservatrice du musée de Tahiti et des îles – Te Fare (Ia)Manaha.

Depuis les années 1990, la spécialiste américaine C. Ivory approfondit ces questions sous l'angle de  l'histoire de l'art, les mettant à profit dans ses enseignements et expositions auxquelles elle  contribua, y associant, dans la mesure du possible, les travaux de P. et M.-N. Ottino-Garanger. Les  recherches de ces derniers (IRD et laboratoire PALOC IRD-Muséum d'histoire naturelle), depuis  les années 1980, portent sur l'archéologie et l'ethnohistoire de l'archipel, tandis que Marc Ottino Garanger l'élargit, dans sa base de données, aux productions océaniennes traditionnelles.

Il existe également des inventaires de grandes collections muséales d’objets originaires de  l’archipel des Marquises (Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, Paris, France ; The Auckland War  Memorial Museum Tāmaki Paenga Hira, Auckland, Nouvelle-Zélande ; Bernice Pauahi Bishop  Museum, Honolulu, Hawai'i).

Bibliographie sommaire 


• Begouen, H., « Deux bambous pyrogravés, modèles pour tatouage des îles Marquises »,  Bulletin de la Société d'Histoire naturelle de Toulouse, n° 57, 1928, p. 223-232.  
• Charleux, Michel, et al., Tapa, Paris, Somogy, 2017. 
• De Bergh, M.-N., « La vie quotidienne des anciens Marquisiens d'après les premiers  documents européens : un exemple, le tatouage », thèse de doctorat en préhistoire,  ethnologie et anthropologie, Université de Paris I-Panthéon Sorbonne (3 vol., corpus  alphabétique et iconographique), 1996. 
• De Bergh, M.-N., « Le tatouage aux îles Marquises ou la mémoire dans la peau », dans M.  Julien et M. et C. Orliac, éd., Mémoire de pierre, mémoire d'homme, Hommage à José  Garanger, Paris, Publications de la Sorbonne, juin 1996, p. 281-300. 
• De Bergh, M.-N. et Ottino-Garanger P., Le Tatouage aux îles Marquises, Te patu tiki,  Tahiti, J.-P. Fourcade et Ch. Gleizal éditeurs, 1998. 
• Dening, Gr., « Tapa and Haka’iki in the Marquesas, 1774-1813 », thèse non publiée,  Harvard University, 1971. 
• Département d’Archéologie de Polynésie française et Ed. Edwards, « Peintures rupestres  et pétroglyphes des îles Marquises », Te Ana, n°1, Tahiti, 1989. 
• Gell, A., Art and Agency, Oxford, Clarendon Press, 1998. 
• Gell, A., Wrapping in images, Oxford, Clarendon Press, 1993.  
• Greiner, R., « Polynesian Decorative Designs », Bernice P. Bishop Museum Bulletin, n°7,  1923. 
• Greub, S., éd., Gauguin Polynesia, Copenhagen, Ny Carlsberg Glyptothek, Art Centre  Basel, 2011. 
• Handy, W., L'Art des Iles Marquises, Paris, Éditions d'art et d'histoire, 1938. 
• Handy., W., « Tattooing in the Marquesas », Bulletin du Bernice Pauahi Bishop Museum, n°1, Honolulu, Hawaii, 1922 / New York,, Kraus Reprint Co, 1971.  
• Hiquily, T., et Vieille-Ramseyer, C.,Tiki, Tahiti, Au vent des îles et Musée de Tahiti et des  îles - Te Fare Manaha, 2017.  
• Huukena T., Te patu tiki, dictionnaire du tatouage polynésien des îles Marquises Hamani haa tuhuka te patu tiki, Nîmes, Tiki éditions, 2 vol., 2011-2016. 
• Ivory, C. et Kjellgren E., Adorning the world. Art of the Marquesas, The Metropolitan  Museum of Art, New York, Yale Univ. Press, New Haven, London, 2005. 
• Ivory, C., et alii, Mata Hoata, arts et société aux îles Marquises, Paris, Musée du quai  Branly – Jacques Chirac / Actes Sud, 2016. 
• Kaeppler, A., « Artificial Curiosities » being an Exposition of Native Manufactures  Collected on the Three Pacific Voyages of Captain James Cook, R.N. Honolulu, Bishop  Museum Press (“Bernice P. Bishop Museum Special Publication”, 65), 1978. 
• Kooijman, S, Tapa in Polynesia, Hawaii, Honolulu, Bernice P. Bishop Museum Bulletin,  n°234, chap. IX, 1972 p. 183-184 et 187-188. 
• Lavondès, A., Musée de Papeete : catalogue des collections ethnographiques et  archéologiques, Papeete, ORSTOM, 1966.
• Linton, R. R., « The material culture of the Marquesas Islands », Memoirs of the Bernice  Pauahi Bishop Museum, Honolulu, vol. VIII, n°5, 1923. 
• Millerström S., « Up-date on Marquesas Islands Rock Art », La Pintura, American Rock  Art Research Association Newsletter, vol. XII, n° 2, Fall (Automne), 1985. 
• Millerström S., « Carved and Painted Rock Images in the Marquesas Islands, French  Polynesia », Archaeology of Oceania, n° 32(3), Sydney, 1997, p. 181-96. 
• Millerström S. et Allen T., « Carved Rocks and Punctured Skins: An Analysis of  Corresponding Tattoo and Carved Rock Images and Their Social Implications in the  Ancestral Marquesas Islands and French Polynesia », dans International Rock Art  Congress 1994 American Indian Rock Art Volume 21, vol. 3, American Rock Art Research  Association, Phoenix, Arizona, 2006, p. 131-138. 
• Molle G. et Conte E., « Approche techno-typologique des peignes à tatouer en nacre  polynésiens. Un moyen d’appréhender la pensée technique », Journal de la Société des  océanistes, n° 136-137, 2013, p. 209-225. 
• Notter, A., et alii, Océanie. La Découverte du paradis. Curieux, navigateurs et savants,  Paris, Somogy, 1997 
• Orliac C., « Des arbres et des Dieux, choix des matériaux de sculpture en Polynésie »,  Journal de la Société des océanistes, n° 90 (1), Paris, 1990, p. 35-42. 
• Ottino, MN. (de Bergh), « Petroglyphs and tattoing: an essay on marquesan  iconography », At the hearth of Ancient Societies, French contributions to Pacific  Arcaheology, Les Cahiers de l'Archéologie en Nouvelle-Calédonie, vol. 18, Nouméa, A. di  Piazza, E. Peathree et C. Sand editors, 2008, p. 185-195. 
• Ottino-Garanger, M.-N. et P, « Hikupekapeka. Le récit du tiki de pierre et du tiki de  bois », Quand l’art prend la parole, Cahiers de Littérature orale, n°67-68, 2010, p. 223- 250. 
• Ottino-Garanger, M.-N., Motifs polynésiens à connaître et créer, Rennes, Ouest-France,  2008. 
• Ottino-Garanger, M.-N., « Tatouage et conception du corps aux Marquises,  Polynésie française », Journal français de psychiatrie, vol. 24, n°1, 2006, p. 13-16. 
• Panoff, M., Lavondès A., éd., Trésors des îles Marquises, Paris, Musée de l’Homme,  Réunion des Musées Nationaux, ORSTOM, 1995. 
• Rey, A. D., « Art rupestre et pariétal aux îles Marquises », maîtrise d'art et d'archéologie,  Paris, Université Paris I, 1987. 
• Von Krusenstern, A. J., Reise um die Welt in den Jahren 1803-1806 auf den Schiffen  Nadeshda und Newa, Saint- Pétersbourg, 3 vol., 1810-1812. 
• Von Langsdorff, G. H., Nachricht über die Tätowierung der Bewohner von Nukahiwa  und der Washingtons-Insulaner, Weimar, vol. XXXIII-XXXIV, Bertuch's A.G.  Ephemeriden besonders abgedruckt, p. 7-47 + 3 gravures sur cuivre, 1811. 
• Von Steinen, K., Die Marquesaner und ihre Kunst. Studien über die Entwicklung  primitiver Südseeornamentik nach eigenen Reiseergebnissen und dem Material der  Museen, 3 vol, Berlin, Reimer. 1925.  
• Von Steinen, K., Les Marquisiens et leur art, édition française, 3 vol., Pirae, Au Vent des  îles, Punaauia, Musée de Tahiti et des îles – Te Fare Manaha, 2005.

Filmographie sommaire

Patutiki. L’art du tatouage des îles Marquises, réal. Heretu Tetahiotupa et Christophe Cordier,  prod. Eka Eka Productions, Les Studios Hashtag, Association Patutiki, Sydélia Guirao, 2019,  55 min.

Sitographie sommaire

• Musée du quai Branly – Jacques Chirac 
http://www.quaibranly.fr/fr/explorer-les-collections/  (consulté le 10/06/2019).
• Base Joconde – Ministère de la Culture 
http://www2.culture.gouv.fr/documentation/joconde/fr/pres.htm  (consulté le 10/06/2019).
• Ethnology database, Bishop Museum 
http://data.bishopmuseum.org/ethnologydb/index.php (consulté le 10/06/2019).
• Collections Online – Auckland War Memorial Museum 
https://www.aucklandmuseum.com/discover/collection  (consulté le 10/06/2019).

Praticiens rencontrés et contributeurs de la fiche

NOM PRENOM PRATIQUE DU MATATIKI ÎLE
HUUKENA Teikitevaamanihii  Tatouage/dessin/sculpture  Nuku-Hiva
HUUKENA Jean Haiheana  Sculpture Nuku-Hiva
TAMARII  David Makiehitu  Tatouage / Sculpture Nuku-Hiva
TETAHIOTUPA  Heretu Tatouage / Dessin Nuku-Hiva
TOHIAKI  Basile Piokoe  Tatouage/sculpture/gravure  Nuku-Hiva
PUHETINI Ludovic Teikivahiani  Tatouage/sculpture/gravure  Nuku-Hiva
TAMARII  Edgar Sculpture Nuku-Hiva
KEUVAHANA  Pierrot Sculpture Nuku-Hiva
TAUPOTINI  Fara Sculpture Nuku-Hiva
TAUPOTINI  Damas Sculpture Nuku-Hiva
TAUPOTINI  Kahee  Sculpture Nuku-Hiva
TAUPOTINI  Jean-Pierre Sculpture Nuku-Hiva
HUUKENA Benjamin Sculpture Nuku-Hiva
HUUKENA Célestine Peinture sur pareo Nuku-Hiva
HAITI Raoult Sculpture/gravure Nuku-Hiva
BUTCHER Moana Tatouage/sculpture/gravure  Nuku-Hiva
TAATA Bernard Sculpture Nuku-Hiva
AH-SHA Fara Sculpture Nuku-Hiva
SULPICE Tetua Peinture sur tapa Nuku-Hiva
NAKEAETOU  Rosine Sculpture Nuku-Hiva
AH-SHA Luc Sculpture Nuku-Hiva
TAUPOTINI Tanguy Sculpture Nuku-Hiva
CANCIAN Milton Gravure Nuku-Hiva
FALCHETTO Tehiku Peinture sur tapa, sur pareo Nuku-Hiva
HUUKENA-ELLIS  Annabella  Peinture sur tapa, sur pareo Nuku-Hiva
NAKEAETOU  Coraly Peinture sur tapa, sur pareo Nuku-Hiva
HIKUTINI  Pacho Gravure Nuku-Hiva
HIKUTINI  Jeanne Gravure Nuku-Hiva
OTTO Jeanne Peinture sur tapa, sur pareo Nuku-Hiva
PAUTU Tenahe Gravure Nuku-Hiva
AIRIMA Henri Gravure Nuku-Hiva
DEANE Tamamotui  Sculpture Nuku-Hiva
TAMARII  Etienne Sculpture Nuku-Hiva
TEATIU Teve Sculpture Nuku-Hiva
TOUATINI Matiki Sculpture Nuku-Hiva
PUHETINI  Manu Sculpture Nuku-Hiva
TAMARII Kohu Sculpture Nuku-Hiva
BORGOMANO TEIKI TUTOUA Arno Ahitiri  Tatouage/sculpture/gravure/peinture  monumentale Ua-Pou
KAIHA Pierre Sculpture Ua-Pou
KAUTAI Jean Sculpture Ua-Pou
HIKUTINI Emeline Peinture sur Tapa  Ua-Pou
HATUUKU  Luc Sculpture  Ua-Pou
TAATA Baudoin Sculpture  Ua-Pou
VAIARUI Kina Tatouage / Sculpture Ua-Pou
TATA Marilyne Tatouage / Dessin Ua-Pou
TAHIATUTUTAPU  Teiki Sculpture/gravure  Ua-Pou
VAIARUI  Eric Sculpture Ua-Pou
BONNO Piu Tatouage Hiva-Oa
FII Edwin Pyrogravure/sculpture/gravure  Hiva-Oa
PETERANO  Tauarae  Pyrogravure Hiva-Oa
AUKARA René Tatouage Hiva-Oa
HEITAA  Tepoeaotiu  Sculpture  Hiva-Oa
HUHINA  Maea Sculpture  Hiva-Oa
MENDIOLA Etienne Sculpture  Hiva-Oa
FREBAULT Thierry Sculpture  Hiva-Oa
BONNO Kapiri Sculpture  Hiva-Oa
O'CONNOR Pono Sculpture  Hiva-Oa
HUUKENA  Etienne Puovahi  Sculpture  Hiva-Oa
TOHETIAATA  Teaiki  Sculpture  Hiva-Oa
KEHUEHITU  Tino Sculpture Hiva-Oa
ANIHIA Havini Sculpture Hiva-Oa
TEPEA Joselito Sculpture Hiva-Oa
TEPEA Akivi Sculpture Hiva-Oa
BONNO Harry Sculpture Hiva-Oa
TUOHE Tekoui  Sculpture Fatu-Iva
VAKI Sarah Peinture sur Tapa  Fatu-Iva
KAMIA Leonie Peinture sur Tapa  Fatu-Iva
KOKAUANI  Léon Peinture sur Tapa  Fatu-Iva
GILMORE Didier Sculpture Fatu-Iva
TIAIHO  Solange Peinture sur Tapa  Fatu-Iva
PAHUTOTI  Athanas  Sculpture Fatu-Iva
KOHUEINUI  Teddy Tatouage/Dessin Fatu-Iva
PAVAOUAU  Laurenzo Sculpture  Fatu-Iva
PAVAOUAU  Edwin Sculpture Fatu-Iva
KOHUEINUI  Arthur Sculpture Fatu-Iva
TUPAI Lucia Peinture sur Tapa Fatu-Iva
GILMORE Mareva Sculpture Fatu-Iva
KAMIA-VAKI Mike Sculpture Fatu-Iva
IHOPU Teui Sculpture/gravure  Tahuata
TAUHIRO Cyril Sculpture/gravure  Tahuata
FII Teikiotepo  Tatouage Tahuata
BARSINAS  Tobie Tatouage/sculpture  Tahuata
BARSINAS  Marc Sculpture Tahuata
TIMAU Jules Sculpture Tahuata
BONNO Johan Tatouage/Sculpture Tahuata
BONNO Mirella Sculpture Tahuata
TIMAU Dominique Sculpture Tahuata
TIMAU Sarah Sculpture Tahuata
TIMAU Mirna Sculpture Tahuata
BARSINAS Bryan Tatouage/sculpture  Tahuata
VAIMAA Louis Sculpture Tahuata
ROOTUEHINE  Ronald Sculpture Tahuata
TCHEOU Kalino Sculpture Tahuata
TEIKIPUPUNI  Ernest  Sculpture Tahuata
TAUHIRO Thierry Sculpture Tahuata
PIOKOE Marie-Angèle Sculpture Tahuata
TIMAU Firmin Sculpture Tahuata
TIMAU Frédéric Sculpture Tahuata
TIMAU Gilbert Sculpture Tahuata
TEIEFITU  Jocelito Sculpture Tahuata
HAITI Kameha Sculpture Tahuata
VAATETE  Tehauhamau Joseph  Sculpture Ua-Huka
TAMARII  Pava Sculpture Ua-Huka
TEIKIHUAVANAKA  Jean-Yves Sculpture  Ua-Huka
OHOTOUA Terii  Sculpture  Ua-Huka
ROOTUEHINE Maurice Sculpture  Ua-Huka
TEPEA Anihoka Sculpture Ua-Huka
TEPEA Taniehitu  Sculpture Ua-Huka
OHU Nestor Sculpture Ua-Huka
TEPEA Rikarika Sculpture Ua-Huka
AH-SCHA Venance Sculpture Ua-Huka
TEIKITEEPUPUNI  Paul Sculpture Ua-Huka
TEIKITEEPUPUNI  Mautai Sculpture Ua-Huka
TEATIU  Akahia  Sculpture Ua-Huka
TEREINO Natua Sculpture Ua-Huka

 

Métadonnées de gestion

Rédacteur(s) de la fiche

Teiki Huukena, président de l’association « Patutiki », praticien-tatoueur, chercheur indépendant,  t.huukena@gmail.com  

Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés ou membre(s) de l’éventuel  comité scientifique instauré

Teiki Huukena, président de l’association « Patutiki », artiste-tatoueur, chercheur indépendant 
Marc Ottino, chercheur indépendant, diplômé de l'Institut national de l'histoire de l'art (INHA),  marc.ottino@yahoo.fr  
Marie-Noëlle Ottino-Garanger, chercheure en ethnohistoire, rattachée au laboratoire PALOC  (IRD-Muséum d'histoire naturelle), ottinopf@yahoo.fr  
Pierre Ottino-Garanger, chercheur IRD, archéologue, ottinopf@yahoo.fr 

Lieu(x) et date/période de l’enquête

Îles Marquises, Tahiti, France, juin-décembre 2019 

Données d’enregistrement

Date de remise de la fiche : 7 février 2020 
Année d’inclusion à l’inventaire : 2020 
N° Ministère de la Culture : 2020_67717_INV_PCI_FRANCE_00463
Identifiant ARKH : <uri>ark:/67717/nvhdhrrvswvk25k</uri>

 

 

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
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