Le mawlida shenge de Mayotte

Le Mawlida shenge est une pratique sociale et spirituelle de tradition soufie. 

C'est un ensemble indissociable comprenant toute une organisation sociale, du chant, de la musique, de la danse pouvant aller jusqu'à la transe et qui combine différentes esthétiques tant chez les femmes et les hommes.

Le Mawlida shenge est une pratique sociale et spirituelle de tradition soufie. C'est un ensemble indissociable comprenant toute une organisation sociale, du chant, de la musique, de la danse pouvant aller jusqu'à la transe et qui combine différentes esthétiques tant chez les femmes et les hommes. On peut observer des tenues apprêtées chez les femmes et relativement épurées chez les hommes. La pratique du Mawlida shenge se fait avec les hommes et les femmes dans le même lieu, le plus souvent sur la place publique. Hommes et femmes ont chacun des espaces et rôles distincts et non interchangeables. La pratique concerne toutes les générations. La transmission est réalisée au sein des écoles coraniques.

L'espace principal de la pratique est le bandrabandra. Il a tantôt la forme d'un carré tantôt celle d'un rectangle selon les moyens offerts par l'espace public disponible. Le bandrabandra est délimité par des tissus fixés sur une ossature éphémère, en bois même si de plus en plus des espaces en dur tendent à se substituer aux savoirs et savoir-faire traditionnels. Des tissus sont étendus sur le haut de la structure pour former un toit. L'espace ainsi constitué est séparé en son milieu par un cordon de tissus souvent très colorés, qui va du sol vers le toit. Ce cordon, le msutru, marque ainsi deux espaces distincts à l'intérieur du bandrabandra : d'un côté l'espace des femmes et de l'autre celui des hommes. Leur communion se fait par les chants.

Le Mawlida shenge est un rituel qui peut se dérouler la nuit ou le jour. Il est composé d'une série de chants qui s'enchaînent et peut durer ainsi plusieurs heures. Il y a des temps de pause entre chaque série.

Les chants sont portés par les hommes. Ce sont des poèmes, des prières, des louanges rendant hommage au Prophète Muhammad. Ce sont également et exclusivement les hommes qui accompagnent les chants avec des percussions, principalement des tambours sur cadre.
Les danses et toute la gestuelle codifiée sont exclusivement portées par les femmes. Elles peuvent, par des signaux codifiés, répondre selon des règles, aux chants des hommes.

Le Mawlida shenge est organisé pour marquer des événements de la vie spirituelle (après le hadj, le pèlerinage à la Mecque), familiale (à la fin de la période de 40 jours après un décès), sociale (il est réalisé pour des luttes syndicales) et politique (pour des rassemblements, déclarations de candidature et dans le cadre des longues luttes pour que Mayotte soit un département français). De plus en plus, le Mawlida shenge est également pratiqué à l'occasion des jours fériés et les week-ends...
La pratique est généralisée sur l'ensemble du territoire de Mayotte et là où se trouve la diaspora mahoraise, notamment à La Réunion, en France hexagonale et plus particulièrement à Marseille. Elle participe à la cohésion sociale et donne à chaque Mahorais-e un sentiment d'appartenance à une histoire commune, une culture commune.

La communauté du Mawlida shenge est constituée de l'ensemble de la population mahoraise soit 256 000 habitants-es auxquels s'ajoute la diaspora qui réside à La Réunion, en France hexagonale et ailleurs.
Dès la petite enfance, au sein de la famille, puis à l'école coranique, les Mahorais-es entendent, écoutent, apprennent et chantent du Mawlida shenge et sont amenés-es à observer, puis à se saisir de l'organisation sociale et des savoir-faire qui vont avec la pratique (par exemple construire le bandrabandra, faire la préparation des mets et des présents...). C'est un mode de vie et la pratique s'inscrit dans le quotidien.
Les Mahorais-es grandissent donc avec la pratique qui les accompagne le plus souvent jusqu'à la fin de leur vie. Cela concerne tous les genres et toutes les générations. La pratique a un tel retentissement que le nom Maoulida est parfois donné  en prénom à des nouveaux-nés.
La communauté au cœur de la pratique se compose autant de femmes que d'hommes.

On peut distinguer la typologie suivante :
    • les associations de Mawlida shenge (formelles ou informelles davantage sous la forme de collectif du village). Chaque village dispose d'un shama (association). Il existe environ 72 villages pour 17 communes et 13 cantons à Mayotte,
    • les écoles coraniques,
    • les praticiens-nes qui vont officier (chanter et danser) au besoin et à la demande,
    • les facteurs d'instruments de musique qui souvent sont également musiciens,
    • les diffuseurs : les radios et la télévision régionale (Mayotte 1ère), les sites internet et les réseaux sociaux,
    • les organisateurs de festivals et autres spectacles (exemple de l'office culturel départemental),
    • les chercheurs en anthropologie, ethnomusicologie, histoire, littérature, patrimoine culturel, muséologie,
    • les amateurs passionnés de Mawlida shenge qui écoutent chez eux, à la radio.
      
Cet inventaire a pu être réalisé avec la coopération des membres actifs et représentatifs de la pratique. Ce sont des acteurs impliqués et qui ont une forte connaissance du Mawlida shenge.

Lieu(x) de la pratique en France

Le Mawlida shenge est pratiqué sur toute l'île de Mayotte ainsi qu'à La Réunion et en France hexagonale.

Pratique similaire en France et/ou à l’étranger

La pratique du Mawlida shenge est repérée de façon générale dans les aires culturelles musulmanes. Nous pouvons citer ici les plus proches à savoir la Grande Comore, Moheli, Madagascar,  Zanzibar, et aussi le Sénégal, le Mali, la Tunisie.
Le lien majeur est le soufisme. Les pratiques soufies se distinguent notamment par les textes (barzandjî). Dans ces textes, il y a une connexion commune autour de la thématique de la naissance du Prophète dont l'évocation constitue l'un des hauts moments symboliques où l'assemblée se met debout.
La forme, d'un point de vue musicologique, se rapproche du mulidi, du debaa des hommes, du dinahu et pour la gestuelle, du debaa des femmes.
Liste des pays célébrant le mawlid : Algérie, Bénin, Côte d’Ivoire, Emirats arabes unis, République de Guinée, République islamique d’Iran, Libye, Mali, Maroc, Sénégal, Tunisie.

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