Le Tour du Saint-Cordon

En remerciement à la Vierge d'avoir sauvé la ville de la peste, les échevins firent vœu de faire chaque année le tour des remparts de la ville en portant la châsse contenant la relique. D’où le nom millénaire de « Tour du Saint-Cordon ».

Très vénérée, cette statue de Notre-Dame du Saint-Cordon part à la rencontre des valenciennois chaque deuxième dimanche de septembre, le temps d’une procession circulaire de 17 km, une des plus anciennes d’Europe, qui a évolué au fil des siècles. 

En l’an 1008, la ville de Valenciennes était dévastée par la peste. A la prière d’un ermite, la Vierge Marie apparut aux habitants réunis sur les remparts. Elle confia à ses anges un cordon qu’ils déroulèrent autour de la cité. La peste fut vaincue. En remerciement, les échevins firent alors vœu de faire chaque année le tour des remparts de la ville en portant la châsse contenant la relique. D’où le nom millénaire de « Tour du Saint-Cordon ». La relique disparut dans la tourmente révolutionnaire et fut remplacée en 1804 par une effigie de la Vierge Marie. Très vénérée, cette statue de Notre-Dame du Saint-Cordon part à la rencontre des valenciennois chaque deuxième dimanche de septembre, le temps d’une procession circulaire de 17 km, une des plus anciennes d’Europe, qui a évolué au fil des siècles. En fidélité au vœu de 1008, la statue est portée par le maire et sa municipalité au centre de la ville puis par les milliers de pèlerins encadrés par la confrérie des Royés qui organisent et animent le Tour depuis les origines. Il s’agit donc d’une procession identitaire à la fois religieuse et « civique », décidée et le plus souvent encouragée par une municipalité depuis bientôt 1015 ans. Si les 4 sanctuaires successifs n’ont pas résisté aux guerres, révolutions et aléas architecturaux, aucune invasion étrangère ou opposition anticléricale ne parvint à éteindre le Tour du Saint-Cordon. Ce patrimoine vivant s’est toujours adapté au fur et à mesure des siècles et s’est réinventé au fur et à mesure de sa transmission. 

Les pèlerins, par milliers

Ils constituent l’essence du Tour. Ils ne sont pas spectateurs d’un cortège religieux institutionnel mais les premiers acteurs du rituel. En ce sens, ils sont la première garantie de la pérennité du Tour, indépendamment de toute organisation civile ou religieuse. Si la confrérie, en lien avec le clergé catholique, ne pouvait plus organiser la procession pour des raisons diverses, ils seraient probablement toujours nombreux à faire le Tour, comme ce fut le cas lors des oppositions anticléricales municipales des années 1920 ou de l’occupation allemande des deux guerres mondiales du 20ème siècle. 
Tout au long de la journée en période ‘normale’, ils sont des milliers (3 à 4 000) à faire les 2 km du « petit Tour en Ville » ou les 800 m de la « rentrée en Ville » et des centaines (de 500 à 1 000) parmi les plus vaillants à parcourir les 14 km du « Grand Tour » de 10h à 17h30, sans parler des autres centaines qui regardent « passer la Vierge » ou l’attendent dans l’une des nombreuses haltes du parcours du Tour. D’autres, ne pouvant être disponibles le jour du Tour, le font la veille ou les jours précédant ou suivant la fête, seuls, en couple ou en famille. Des « manuels du pèlerin » sont proposés aux pèlerins pour les guider tout au long de la journée (cf I.7.).
Qui sont-ils ? Il est très difficile de les catégoriser. De toutes générations, de toutes conditions sociales et, de plus en plus, de toutes origines géographiques. Tout comme le football très prisé à Valenciennes, le Saint-Cordon est l’un des rares lieux encore possibles de mixité sociale, de plus en plus difficile à vivre aujourd’hui. Bien sûr, la communauté catholique pratiquante est bien représentée notamment pour le Grand Tour. Mais pas seulement. Toute la journée, se rencontrent des personnes qui ne se voient qu’une fois l’an et qui ne fréquentent guère les offices religieux. C’est notamment le cas de ceux qui attendent le passage de la statue devant leur domicile ou lors des haltes sur les places ou dans les églises du parcours. Des « arrêts de Notre-Dame du Saint-Cordon » sont prévus tout au long de la procession pour permettre aux personnes malades ou handicapées du quartier de se rassembler et d’attendre jusqu’à ce que l’on entende comme une rumeur joyeuse : « La voilà ! »
Le succès de la lettre collective de soutien à la candidature, mise en ligne le 6 avril 2022, est une preuve de l’attachement de nombreux valenciennois et amis du Saint-Cordon au Tour. En un mois, 2200 personnes ont signé ce soutien en ligne sur le site change.org avec de nombreux commentaires d’encouragement. (En annexe à ce dossier) ainsi que plusieurs centaines de bulletins signés. 

La confrérie des Royés

Le service autour de la statue est assuré par les membres de la confrérie des Royés de Notre-Dame du Saint-Cordon. La confrérie dont l’existence est attestée depuis le 14ème siècle, a été recréée après la Révolution Française. Elle est composée :
    • De 40 hommes dits « Royés actifs », domiciliés à Valenciennes ou dans les communes voisines ou y ayant résidé, âgés de 18 ans au moins. Ils s’engagent à préparer et à participer à toutes les manifestations en l’honneur de Notre-Dame du Saint-Cordon et à assurer le service à chacune des sorties de la statue, en particulier pendant le « Grand Tour.
    • De « Royés honoraires », anciens royés actifs qui ne sont plus en capacité d’assurer leur service 
    • De « Royés à la suite », parmi lesquels sont choisis au fur et à mesure des places disponibles ceux qui compléteront le nombre des « Royés actifs ». Ils participent au service, comme les « Royés actifs ».
    • De « Royés d’Honneur » pris parmi des personnalités – hommes ou femmes - qui ont aidé à rehausser le culte de Notre-Dame du Saint-Cordon
 
Les insignes des royés sont un brassard bleu, rayé de blanc, une cravate rayée jaune et grise, ainsi qu’un bâton garni de buis, signe d’immortalité et de persévérance car il demeure toujours vert. Les Royés actifs se distinguent par leur insigne à la poitrine. Autrefois limitée à des notables catholiques nés à Valenciennes –sorte d’aristocratie religieuse-, la confrérie des Royés s’est ouverte à tous les hommes qui le désirent. Les demandes d’admission après 3 années de service au « Grand Tour », doivent être adressées par écrit au président de la confrérie en fonction. Celles-ci sont soumises à l’examen du bureau et ratifiées par l’assemblée générale ordinaire de la confrérie. Une cotisation est demandée chaque année à chaque membre de la confrérie, dont le montant est laissé à la discrétion de chacun.

La ville de Valenciennes et ses habitants

Il est clairement établi que la municipalité de Valenciennes a joué et joue toujours un rôle important dans l'organisation du Tour du Saint-Cordon. Dans une interview accordée à la chaine KTO à l'occasion des fêtes du millénaire, l’ancien maire de Valenciennes, Dominique Riquet, rappelait l'engagement initial pris par les autorités de la ville de refaire chaque année la procession et parlait d'une conviction identitaire. Mais, comme cela sera souligné dans la partie historique, les relations entre les acteurs religieux et politiques n’ont pas toujours été au beau fixe. Les guerres, les révolutions et les oppositions anticléricales ont menacé gravement la procession. Cependant, la pression populaire a toujours été la plus forte. Ainsi, en 1926, alors que le Tour était interdit par la mairie, l'association des commerçants de Valenciennes publia dans la presse une lettre ouverte au maire pour lui demander le rétablissement de la procession si importante pour le chiffre d’affaires des commerçants de la ville ! Ce lien entre commerce et procession semble avoir toujours été important. Le lundi, au lendemain de la procession, a lieu la grande braderie annuelle, transformée en fête du commerce en raison des menaces terroristes. Jusqu’à une date récente, ce jour a longtemps été férié.
Depuis 1945, la municipalité, quelle que soit sa couleur politique, est toujours très attachée à ce vœu. Il est d'ailleurs de tradition que ce soit le maire et les membres du conseil municipal qui portent les premiers la statue au début de la procession alors que l’évêque et le clergé local ne la porteront que le soir pour le retour en ville. 
« J’ai fait le Tour du Saint Cordon depuis ma plus tendre enfance. Je suis viscéralement attaché à ce Tour comme le sont les valenciennois. » déclarait Laurent Degallaix, maire actuel de Valenciennes, sur la chaine de télévision catholique KTO, lors du Tour 2020.
Cette participation municipale est reconnue par tous, y compris par les opposants politiques ou groupes attachés à la laïcité républicaine. En revanche, la participation de l’Etat français en la personne du sous-préfet est surveillée. Lors du Tour en Ville 2015, alors que le sous-préfet avait souhaité porter la statue aux côtés du maire – ce qui ne s’était jamais vu –, un communiqué de la Libre Pensée fut publié dans la presse dès le lendemain pour protester sur cette atteinte à la neutralité de l’Etat !

Plus largement que la municipalité, le Tour du Saint-Cordon est véritablement un élément de la culture valenciennoise et un facteur d’intégration sociale. Le Tour marque, de fait, la rentrée des valenciennois après la coupure estivale. C'est l'occasion pour chacun de se retrouver. D'anciens valenciennois reviennent en ville pour faire le Tour, parfois en famille. Pour certains, avoir été valenciennois signifie rester attaché à Notre-Dame du Saint-Cordon. 

« Cela fait 40 ans que je fais le Tour du Saint-Cordon. C’est un moment de réunion, de rassemblement et d’humanité. On prie, c’est très important » disait un pèlerin du Tour 2021 au journal régional de France 3.

Dans le même ordre d’idée, de nouveaux arrivants, originaires de villes plus éloignées, se sentent valenciennois après avoir effectué le Tour. « Faire le Tour du Saint-Cordon » est d'ailleurs une expression couramment utilisée dans la région de Valenciennes pour désigner un détour important pour se rendre vers un point précis. Cette expression locale, inconnue au-delà des limites de la ville est sans équivoque : tout valenciennois de souche comprend le sens de la question « Est-ce que tu fais le Tour cette année ? » ou plus largement encore dans le monde populaire –avec l’accent des gens du Nord -, « j’vas quand même pas faire le Tour du Saint Cordon ! » lorsqu’une personne doit passer d’un bureau à l’autre d’une administration ou autre lieu public. 
Le Tour du Saint-Cordon fait partie de la culture commune des valenciennois. Si sa dimension identitaire, culturellement parlant, semble indéniable, cela n'efface pas son caractère religieux qui n'a pas faibli depuis des siècles. Au contraire, ces deux dimensions semblent s’accorder.

Le sanctuaire et la paroisse de Notre-Dame du Saint-Cordon

Depuis l’origine, l’évènement du Saint Cordon et les premiers « tours » des remparts ont rassemblé les différentes paroisses dans une même dévotion qui n’a cessé de se développer au cours des siècles. En 1897, le « couronnement » de la statue de Notre Dame a donné lieu, dans toute la cité, à une fête grandiose, comme le furent en 2008 les festivités du millénaire. Dans l’ordinaire comme dans l’extraordinaire de ces évènements, les différentes communautés paroissiales apportent leur contribution et les différentes églises de la paroisse sont elle- mêmes « visitées » par Notre Dame lors de chaque Tour du Saint Cordon.  

Comme nous le verrons dans la partie historique, ce ne sont pas moins de 4 sanctuaires successifs qui ont abrité la relique du Saint-Cordon puis la statue de la Vierge Marie. Un patrimoine immatériel aussi précieux que le Tour du Saint-Cordon a besoin d’un patrimoine matériel à son service. Après l’humble chapelle des commencements, ce fut l’édification de la collégiale Notre-Dame la Grande, magnifique édifice gothique à l’image des cathédrales voisines de Cambrai et de Tournai. Les troubles révolutionnaires ayant ruiné cette « merveille des Pays-Bas », la chapelle de l’ancien Hôtel-Dieu accueillit la statue qui remplaçait en 1804 le reliquaire disparu. Le mauvais état de cette chapelle la fit surnommer « Notre-Dame la Grange » ! Depuis 1864, la basilique Notre-Dame du Saint Cordon est le point de départ et d’arrivée du Tour annuel, ainsi que le lieu de la dévotion mariale auprès de la statue qui y est gardée. Mais le mauvais état de la pierre choisie pour l’édifice et les désordres dus aux malheureuses restaurations de l’année 2006 ont fait que le sanctuaire est fermé depuis 2007 pour des raisons de sécurité. La municipalité doit trouver 30 millions d’euros pour la restaurer. 

Depuis cette fermeture, la statue de Notre-Dame est accueillie dignement dans une chapelle de l’église Saint Géry, belle église franciscaine du 13ème siècle, située à 500m de la basilique. Dans la continuité du lien très ancien qui unit le sanctuaire et les valenciennois, l’équipe de la paroisse Notre Dame du Saint Cordon en assure l’animation ; y sont bien sûr accueillis et impliqués la confrérie qui veille à la protection de la statue, ainsi que les responsables laïcs des différentes églises de la ville. 

Les paroisses de l’agglomération de Valenciennes et du diocèse de Cambrai

A l’origine très local, le Tour du Saint-Cordon a pris une dimension plus large à l’occasion d’événements dont l’ampleur a dépassé largement le cadre communal, voire régional. Citons une fois encore les fêtes du couronnement de la statue en 1897, le neuvième centenaire de l’apparition en 1908, le centenaire de la basilique en 1964 et tout récemment les fêtes du millénaire en 2008-2009 : pendant une année, les manifestations se succédèrent et attirèrent à Valenciennes des dizaines de milliers de pèlerins. Avec le cardinal Danneels, archevêque de Bruxelles et légat du pape, tous les évêques de Belgique furent présents le dimanche 14 septembre 2008 pour l‘ouverture du millénaire (les évêques français étaient rassemblés à Lourdes avec Benoît XVI qui cita Notre-Dame du Saint-Cordon dans son discours de bienvenue). En août 2008, une « Grande Visitation » transporta la statue en 15 étapes à travers la France jusque Lourdes où son accueil fut très populaire. Enfin, 25 évêques français vinrent à Valenciennes le 13 septembre 2009 pour la clôture des festivités.
Ce millénaire donna une impulsion certaine au Tour du Saint-Cordon : depuis 2010, les 3 000 participants à la messe inaugurale et au petit Tour en Ville viennent de toutes les paroisses de l’agglomération urbaine de Valenciennes, du diocèse et même de plus loin (des groupes d’autres diocèses comme Reims ou Lille ont participé au Tour ces dernières années)

Les fanfares d’Haspres et de Beuvrages

Très dynamiques dans le Nord, les fanfares sont des acteurs majeurs de toutes les fêtes populaires. Sans ses fanfares, le Saint-Cordon ne serait plus le même. 
Celle d’Haspres (commune située à 15km au sud de Valenciennes) a fait partie de l’histoire du Saint-Cordon pendant plus de 70 ans. En 1948, la procession du Saint-Cordon à Valenciennes cherchait une fanfare. Le directeur technique d’Eternit France à Prouvy, Mr Marc Dupont (1915-1981) à l’époque vice-président des Royés, proposa alors la fanfare hasprienne (constituée en 1879) pour soutenir le chant de la foule. Louis Marouzé, trompettiste âgé de 14 ans, défila en 1948 pour la première fois au Saint-Cordon. Il le fera ensuite chaque année fidèlement jusqu’en 2017. Directeur de la fanfare de 1985 à 2012, il est à ce jour le dernier pilier au charisme exceptionnel. 
Jusqu’en 2018, la fanfare n’a cessé de scander le pas des pèlerins en jouant le traditionnel triptyque « Reine des Cieux » « Ave Maria de Lourdes » et « Chez nous, soyez Reine ». Ces musiciens passionnés n’ont jamais rechigné à jouer un répertoire religieux qui n’est pas le leur. Pendant 7 décennies, ils ont toujours fidèlement accepté d’être en tête de la procession pour guider le groupe portant Notre-Dame du Saint-Cordon suivi des milliers de pèlerins. 
Suite au décès de Louis Marouzé, la fanfare d’Haspres n’a pu assurer l’animation du Saint-Cordon en 2019 et 2021. Au pied levé, sollicitée par Denys Budniok, élu président des Royés le 4 décembre 2021, l’orchestre d’harmonie de Beuvrages (à 5km au nord de Valenciennes) a accepté de prendre une difficile relève. Sa première prestation en 2021 a dépassé les espérances…
Il est à noter que, loin d’être figé, le patrimoine musical s’enrichit régulièrement avec de nouveaux couplets ajoutés aux chants traditionnels ou avec la création de nouveaux chants adaptés aux enfants comme « Marie du Saint-Cordon » composé par Yves Garbez pour le millénaire.

Lieu(x) de la pratique en France

Ville de Valenciennes et ses faubourgs

Le "Petit Tour en Ville" (10h-11h30)

Tour du Saint-Cordon : itinéraire du "Petit Tour" en ville

Le Grand Tour (12h-17h30) et le Retour en ville (17h30-18h).

Tour du Saint-Cordon : itinéraire du "Grand Tour en ville"

Pratique similaire en France et/ou à l'étranger

Les processions circulaires de l’Europe du Nord

Dans leurs traditions orales puis écrites, les valenciennois disent que leur procession suit le tracé indiqué par un cordon miraculeux, plus exactement un « filet », typique du filage de la laine ou du lin, donné par la Vierge Marie et déposé par les anges pour délimiter un espace protégé lors d’une épidémie de peste...
Quoi qu’il en soit de l’authenticité et de la datation du fait-source, le phénomène de la procession circulaire est historiquement attesté, depuis le milieu du 13ème siècle jusqu’à la Renaissance. Cette « circumambulation » n’est pas propre à la ville de Valenciennes. Ces processions circulaires sont toujours très suivies notamment en Belgique wallone comme à Walcourt et Wavre en l’honneur de la Vierge ou encore à Soignies avec le Grand Tour de Saint-Vincent, à Nivelles pour le Tour de Sainte-Gertrude ou encore à Saintes (Grand Tour de 28km à cheval en l’honneur de Sainte-Renelde). Egalement en Belgique flamande comme le Fiertelommegang de Ronse (Renaix) sur 32 km de parcours circulaire. 
Valenciennes n’a pas non plus le monopole du « cordon ». Dans d’autres lieux, on fait mémoire d’un fil miraculeux, céleste, délimitant un espace en vue de la construction d’un sanctuaire, par exemple à Laeken, près de Bruxelles, à Lebbeke, près de Termonde, ou encore à Nazareth, près de Gand, toujours en Belgique.
L’originalité de la procession de Valenciennes est de combiner le cordon miraculeux et le tracé circulaire. 

Le Tour du Saint-Cordon de Valenciennes est l’un des événements majeurs de la ville et le plus important de la communauté catholique de la ville. 

Le Saint-Cordon fait partie intégrante de l’histoire de la ville. En témoignent les comptes de la cité qui s’arrêtaient à la veille du Saint-Cordon lors de la période médiévale et à la Renaissance. C’est donc un « nouvel an » civil et religieux qui est encore célébré lors du Tour chaque second dimanche de septembre. De fait, la procession du Saint-Cordon constitue un curseur de la rentrée religieuse pour les catholiques de la région de Valenciennes. Cette fête attire bien plus de foules que Noël ou Pâques, les deux fêtes chrétiennes majeures. Les guides touristiques, comme le guide vert Michelin, le guide bleu Hachette ou le guide du Routard, mentionnent le Saint-Cordon.

Le calendrier liturgique paroissial et même diocésain intègre le Saint-Cordon comme le moment incontournable de la rentrée pastorale. Certes, début septembre, les chrétiens qui se connaissent sont heureux de se retrouver après la coupure de l’été, mais plus largement les fêtes du Saint-Cordon donnent l’occasion d’un brassage interculturel et intergénérationnel de croyants plus ou moins liés aux paroisses. Les restrictions liées au Covid en 2020 ont accentué ce désir de se rassembler : « On a de la frustration. On aurait aimé suivre le cortège, être ensemble pour chanter et prier mais voilà c’est quand même bien d’être là et de la voir passer », disait un pèlerin du Tour 2020 lors d’un reportage de France 3.

« Le monde a besoin de montrer qu’il y a des croyances qui peuvent être très positives. Ce sont des croyances qui prônent l’amour, la paix… », déclarait un autre pèlerin lors du Tour 2021 au journal de France 3.

La mixité sociale y est aussi réelle : les gens aisés comme les personnes en précarité se mélangent dans un esprit de fraternité et de partage. 
« La visite de la Vierge dans cette ville ouvre les cœurs à l’espérance : c’est pour ce peuple d’une immense pauvreté une sorte de lien avec le ciel qui donne une éclaircie dans un horizon souvent très sombre », disait un autre pèlerin du Tour 2021 dans un reportage de la chaîne de télévision catholique KTO.

Face à l’individualisation des pratiques culturelles, le Tour du Saint-Cordon est un temps fédérateur qui ne souffre plus aujourd’hui d’aucune suspicion de traditionalisme ou de superstition dépassée, ce qui pouvait être encore le cas dans les années 1970. Non seulement le jour du Tour, mais aussi pendant la semaine qui ne suit avec pas moins de 70 célébrations, concerts, conférences ou animations, les croyants et curieux de l’agglomération se pressent sous la nef de l’église Saint-Géry, sanctuaire du pèlerinage. 
Ce n’est qu’après la clôture des fêtes le 3ème dimanche de septembre que les paroisses et communautés diverses débutent leurs activités pastorales propres. C’est dire l’importance et la chance du Saint-Cordon pour la vitalité de l’Eglise Catholique dans la région.

Les préparatifs en lien étroit avec la municipalité et les services de la Ville 

Dès le 15 août, des affichettes apposées aux vitrines des commerces et des panneaux municipaux annoncent le Tour du Saint-Cordon qui suit de deux semaines le traditionnel défilé carnavalesque en l’honneur du géant de la ville, Binbin.
Les jours précédant la procession, les services municipaux balisent le tracé en coordination avec la confrérie et les forces de police nationale et municipale (parties prenantes de l’organisation et de la sécurisation de la journée du Tour). Les rues se pavoisent peu à peu de petits drapeaux blanc et bleu, la couleur mariale.
Pour la messe inaugurale du matin en plein air, l’espace prévu est également aménagé avec l’installation de près de 2 500 chaises autour d’un podium central. En 2022, cette messe a pu retrouver le site de la place du Musée, qu’elle occupait depuis la fin du 20ème siècle, la basilique étant devenue beaucoup trop petite avec ses 800 places.

L’ouverture, l’avant-veille du Tour

Le vendredi soir précédant le Tour, la statue de Notre-Dame est apportée solennellement en procession par la confrérie dans le chœur du sanctuaire (église Saint-Géry) au cours d’une veillée aux flambeaux. 
Le samedi est une journée de préparation avec des célébrations, une conférence sur le thème de l’année et l’accueil de ceux qui ne peuvent venir le lendemain. C’est également le jour du lancement du « pélé-jeunes » qui attire à Valenciennes plusieurs centaines de jeunes chrétiens du diocèse.
Une boutique de souvenirs dite « offranderie » est ouverte pour les neuf jours de fêtes

La messe en plein air du dimanche

A 8h30, la messe inaugurale du Tour est célébrée en plein air (3000 participants) sur la place du musée, en présence de l’archevêque de Cambrai et d’un autre évêque invité à présider le Grand Tour. Le cardinal archevêque de Lyon, la nonce apostolique, l’évêque d’Arras puis l’évêque de Gap, né à Valenciennes, ont été les derniers invités.
Sous-préfet, maire et élus de Valenciennes et des villes qui la jouxtent, député, personnalités du département et de la région occupent les premiers rangs de l’assemblée
L’ensemble du cortège est sous haute sécurité ; pas moins de 153 policiers et gendarmes se sont relayés pour encadrer le Tour du Saint-Cordon 2022 de 8h à 19h

Le « Petit Tour en Ville » 

Itinéraire du "Petit Tour en Ville"

La première partie du Tour consiste à parcourir une boucle autour de la place d’Armes, cœur de la cité, à l’intérieur du périmètre des remparts, remplacés par les boulevards actuels. Au cours des deux kilomètres de ce « Petit Tour en Ville » comme les valenciennois le nomment, précédée par la fanfare qui accompagne les 3 chants traditionnels (Reine des Cieux ; Ave Maria ; Chez nous, soyez Reine), la statue est revêtue de ses atours les plus précieux : première couronne, sceptre, voile en dentelle de Valenciennes, manteau du millénaire (voir plus loin). 
Lorsque la procession passe devant la mairie, la statue est portée par le maire et la municipalité.
Au terme du petit Tour, vers 11h30, la statue change son manteau d’apparat pour son manteau de ‘campagne’ afin de parcourir les 14km de son Grand Tour.

Le « Grand Tour » et ses haltes 

Itinéraire du "Grand Tour en Ville"

Pendant toute la durée du Grand Tour de 12h à 18h, le service d’ordre est assuré par les membres de la Confrérie des Royés qui animent chants et prières, 
La statue de la Vierge (125 kg avec son brancard !) est portée par les volontaires, hommes ou femmes, qui se relaient trois par trois, en avant et en arrière du brancard. Les Royés veillent à ce qu’ils soient de taille comparable. Les catégories de porteurs sont décidées par les Royés. Comme cela sera souligné plus loin, porter la Vierge est un honneur. Entre autres porteurs, on note la présence des religieuses, des scouts et guides, du personnel du Centre Hospitalier de Valenciennes (avant et après la visite aux jeunes mamans à la maternité). Les Royés eux-mêmes assurent les passages les plus délicats comme le passage du « petit pont » qui enjambe le vieil Escaut ou l’entrée et la sortie de chaque église ou lieu visité. 
Au fur et à mesure de son Grand Tour, la statue s’arrête devant l’Eglise Notre-Dame du Sacré-Cœur du Faubourg de Paris, entre à la maternité du Centre Hospitalier de Valenciennes, puis dans les églises du Sacré-Cœur et de Sainte-Croix. Vers 14h, au Faubourg de Lille, est prévue une halte « pique-nique » où l’on remarque la présence de friteries et de commerces ambulants permettant aux marcheurs et à la confrérie de se restaurer et de s’abreuver.
Après la pause, elle s’arrête devant le cimetière Saint-Roch, près de l’église Saint Michel, puis devant le monument des fusillés de 1944 et, en fin d’après-midi, sur la place des Platanes dans la cité des Jardins.
Sur tout le parcours du Grand Tour, aux carrefours des rues et aux points d’arrêt, les familles sont invitées à se regrouper avec les enfants et les personnes malades ou handicapées, pour qu’ils puissent venir embrasser le manteau de la Vierge.   

Les pèlerins du Grand Tour

Il est très difficile d’estimer le nombre de pèlerins qui parcourent l’intégralité du Grand Tour : en effet, des dizaines de petits groupes de pèlerins s’échelonnent sur un à deux kilomètres, devant, avec ou à l’arrière de la statue. Selon les années et la météo, ce sont plusieurs centaines de personnes qui accomplissent le Grand Tour. Des ‘manuels du pèlerin’ guident les pèlerins tout au long de la journée.
Comme on a pu le voir ci-dessus, porter la Vierge est un des actes forts de la journée. Il est vécu comme un véritable honneur. Physiquement et spirituellement, le pèlerin est marqué par ce temps de portage, aidé et accompagné par la confrérie qui met tout en œuvre pour que le plus grand nombre de personnes en bonne santé puissent participer physiquement à la déambulation de la statue.

« C’est lourd, mais ça marque. J’ai senti comme la main de Marie sur mon épaule », disaient des jeunes lors du Tour 2022.

Plus nombreux encore sont celles et ceux qui attendent le passage de la statue. Les articles de presse et les tracts - déposés dans les boîtes aux lettres des maisons la semaine précédant la procession- ont averti les riverains de l’heure approximative du passage de la statue. Outre les haltes dans les églises où l’attendent des centaines de fidèles des quartiers alentour, la statue effectue des dizaines d’arrêts de quelques minutes auprès des malades et personnes handicapées qui l’attendent sur le parvis ou aux fenêtres des maisons. 

« Tout au long des 17 km de la procession, beaucoup attendent un signe d’affection et de consolation. La sortie de la Vierge chaque année à Valenciennes, c’est le ciel qui s’ouvre pour tous ceux qui attendent une consolation », soulignait le recteur du sanctuaire dans un reportage France 3 lors du Tour 2021.

Le retour en ville

Vers 17h30, à la fin du Grand Tour, la statue regagne l’école catholique la plus proche des boulevards (anciens remparts) pour se changer et revêtir à nouveau ses vêtements d’apparat pour son « retour en Ville ». 
Jusqu’en 2007, la plus vielle cloche de la ville « Jeanne de Flandre » sonnait de 16h à 17h pour annoncer aux habitants de la ville le retour de la statue. Les travaux de restauration de la basilique ont interrompu cette tradition.
Pendant ce temps, les pèlerins, marcheurs ou non, se regroupent à l’entrée de la rue de Famars pour accueillir la statue. Puis, pendant près de 45 minutes, la statue sera à nouveau précédée de la fanfare et portée par l’archevêque, les prêtres et les diacres présents, sur le kilomètre séparant les boulevards de l’église Saint Géry en passant une dernière fois sur la place d’Armes, cœur de la ville. 
De nombreux badauds, présents aux terrasses des cafés, participent à leur manière à la fête.
Vers 18h15, la statue retrouve son sanctuaire. Une dernière cérémonie, présidée par les évêques présents, clôture cette longue procession.

Les animations à St Géry et ailleurs pendant le Grand Tour

En raison de leur âge ou de leur santé, de nombreux pèlerins ne peuvent plus marcher. De plus, avec les restrictions récentes, il fallait faire preuve d’imagination pour pérenniser le Tour. C’est pourquoi, depuis 2015, des animations sont proposées à l’intérieur ou à l’extérieur du sanctuaire en partenariat avec la ville, le musée ou la médiathèque. 
Dès 13h, quand le Grand Tour est déjà bien entamé, des pèlerins attendent le retour de 17h30 en participant à des offices, conférence, exposition, visites et autres animations

La semaine de prière

Dès le lendemain du Tour, une semaine de célébrations ininterrompues anime le sanctuaire. Pas moins de 70 rendez-vous sont proposés de 8h30 à 20h du lundi au dimanche suivant. Ce que l’on appelle la neuvaine inclut aussi le samedi, veille du Tour, ce qui fait bien neuf jours de fêtes au total.
Toute la semaine, comme toute l’année, les pèlerins ou curieux s’approchent de la statue, seuls ou en famille, pour solliciter une protection individuelle ou collective.

« D’habitude je demande des trucs qui me concernent mais là je demande une protection sur l’ensemble de la population. Je viens ici, je donne un cierge et j’ai une pensée pour tous ceux qui sont malades », confiait un pèlerin dans le sanctuaire pendant le 1er confinement en avril 2020 lors d’un reportage de France 3, le jour de Pâques.

Une semaine après le Grand Tour, la clôture de la neuvaine attire aussi un grand nombre de pèlerins. Le soir, après un dernier office, la statue est reconduite en procession dans sa chapelle et son écrin de lumière d’où elle ne ressortira qu’en mai pour une visitation dans une paroisse voisine, une maison de retraite ou la prison.

Il est à noter que, dans son écrin, la statue change de manteau pour être accordée aux temps liturgiques de l’Eglise : manteau de cérémonie pour les temps de Noël et de Pâques, violet pour l’Avent et le Carême, vert pour les autres périodes

Français et latin pour certains chants liturgiques.

Patrimoine bâti

Les traces de l’église Notre-Dame La Grande à la sous-préfecture

En 1080, soixante-douze ans après le miracle du Saint-Cordon, Valenciennes fait élever une église en l’honneur de la Vierge Marie pour la remercier de ses bienfaits en remplacement de la chapelle construite en 771 sous Charlemagne. La Révolution décide de sa démolition qui sera terminée en 1814. Des traces de Notre Dame la Grande sont encore visibles à l’intérieur de la sous-préfecture. 
La maison du prévot Notre-Dame
Le prévôt de Notre Dame la Grande avait sa propre maison que l’on appelle « Maison du Prévost ». Elle date du 15ème siècle et est toujours présente près de la sous-préfecture.

Les derniers vestiges de l’Hôtel Dieu de Valenciennes

Après la destruction de l’église Notre-Dame la Grande, la salle des malades de l’Hôtel Dieu de Valenciennes accueillit la paroisse Notre-Dame la Grande. Les derniers vestiges de cet Hôtel Dieu ont été rasés récemment pour construire une résidence. Quelques éléments ont été sauvés lors de fouilles archéologiques.

La basilique Notre-Dame du Saint-Cordon

Sanctuaire du pèlerinage de 1864 à 2007
Suite à la destruction de Notre-Dame la Grande, et à la lassitude des fidèles dans l’austère salle des malades de l’Hôtel Dieu, l’abbé Pique lance dès 1835, le projet d’une construction dédiée à la Vierge Marie et achète, grâce à une souscription et des dons de mécènes, un terrain place des Ursulines. Un concours est alors mis sur pied et c’est l’architecte Alexandre Grigny qui est choisi. La construction commence en 1852 dans le style néo-gothique en vogue à l ‘époque. L’abbé Pique n’ayant pas les fonds pour terminer les travaux, c’est la ville de Valenciennes qui rachète le terrain et reprend les travaux qui se terminent en 1864. La tour-porche fait 83 mètres de hauteur. En 1922, le pape Pie XI attribue à l’église le titre de basilique mineure.
La basilique est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques,
En 2006, pour préparer les fêtes du millénaire de l’apparition de Marie, la ville, propriétaire de la basilique Notre-Dame du Saint Cordon, décide de faire des travaux pour conforter la tour et la nef. Hélas des désordres apparaissent et font arrêter les travaux. La basilique est fermée depuis 2007 en attendant une reprise de la restauration…
Pour que le culte lié au Saint Cordon puisse continuer, il est alors décidé qu’il se ferait dans l’église Saint Géry…

L’église Saint-Géry

Sanctuaire provisoire du Saint-Cordon depuis 2007 
L’église Saint-Géry, édifiée à la demande des franciscains dans la première moitié du XIIIème siècle, peut s'enorgueillir d’être, aujourd'hui, la plus ancienne église de Valenciennes. Le clocher, ajouté en 1851, sert aussi de beffroi suite à la chute du beffroi de la place d’Armes. Bombardée en 1944, puis incendiée à deux reprises en 1958, elle est reconstruite et rendue au culte en 1965. 

Objets, outils, matériaux supports

Le cordon

Pour présenter le Tour du Saint-Cordon, il convient de s'arrêter sur le cordon lui-même. Les trois plus anciens récits qui relatent le prodige datent des XVIe et XVIIe siècles. Ces récits diffèrent quelque peu sur ce cordon dont la relique a été détruite lors de la Révolution. Il n'en reste donc plus trace. Pourtant, c'est bien un élément essentiel non seulement du miracle, mais aussi de la procession actuelle. Pour le père Dominique Foyer, le cordon lui-même pourrait être le message de la Vierge « objet précieux à la fois donné et reçu, fragile et conservé religieusement, perdu par la suite et pourtant toujours présent dans les mémoires. » Cet élément central du prodige est décrit différemment suivant les sources. Le récit le plus ancien de Wicart datant de 1553 évoque un « cordeau », en 1605, Henri d'Oultreman reprend le terme de « filet » et en 1650, Simon Le Boucq précise que ce filet est rouge. Le manuel des pèlerins décrit une pelote de cordon écarlate.

La statue de Notre-Dame du Saint Cordon

La châsse du Saint Cordon est détruite à la révolution en septembre 1794. Lors de la restauration du culte avec le concordat en 1801, Guillaume Lallemant devient le premier curé-doyen de la nouvelle paroisse Notre-Dame. Ce titre fit que Mgr Belmas, évêque de Cambrai, fixait dans l’église, ancienne chapelle de l’Hôtel Dieu (rue des Hospices), le centre du pèlerinage traditionnel à Notre-Dame du Saint-Cordon. Il fallait cependant créer un objet pour fixer la dévotion mariale ; pour remplacer la châsse détruite, on décida de faire une statue.
Les archives du temps ne permettent pas de fixer une date précise de sa réalisation : entre 1804 et 1806, en ce qui concerne le sculpteur. Une page isolée, datée du 3 septembre 1807 du registre de la confrérie présidée par le père Simon Barbet, connu par un calque fait par Monsieur Ratel-Hécart sur l’original disparu, est le plus ancien document retrouvé. On y constate que la confrérie doit cinquante livres à Monsieur Dubois-Fournier pour les avances faites en vue d’achever le paiement de la statue.
Monsieur Dubois-Fournier était président du conseil de la fabrique de Notre Dame. Ce fut grâce à son généreux concours que la vie religieuse put reprendre dans la paroisse mais aussi dans toute la région. Il fut sans conteste à l’origine de la commande de la statue, en la payant, mais aussi en choisissant les artistes compétents. Le grand nom était alors Jean-Baptiste Cadet de Beaupré, professeur de sculpture aux académies de 1785 à 1808. Il faisait travailler sous sa direction des artistes locaux, en particulier Pierre Joseph Gillet (1734-1810). La statue peut être attribuée à ces deux sculpteurs, ce qui correspond à une double tradition. La première, basée sur les traditions familiales, fait de Pierre Joseph Gillet l’auteur du travail. Par contre, une note de Monsieur Ratel-Hécart, collectionneur de tout ce qui concerne le Saint Cordon, l’attribue à Cadet de Beaupré. Ce qui est certain par contre, c’est le nom du peintre doreur : Pierre Macaré (1758-1806), imitateur de Louis Watteau, qui fit également les tableautins du socle. 
La statue vénérée de Notre Dame du Saint Cordon est en bois peint et doré, d’une hauteur de 1,25m. Elle représente Marie, debout, vêtue à l’antique selon le style néo-classique du temps, tendant les mains pour laisser tomber le cordon miraculeux. Depuis l’origine, elle est revêtue d’un manteau de qualité que la piété des valenciennois a permis de renouveler plusieurs fois. Fixée sur un socle de bois, ornée sur ses quatre faces de petits tableaux résumant l’histoire du Saint Cordon, la statue a, à ses pieds, deux petits anges en bois doré, de proportions moindres, qui servent de relais à deux anges identiques que l’on place en avant, ou sur le brancard de la procession. Exécutés par René Fache en 1891, ces anges « plus drapés et plus reposants » ont remplacé ceux du début du siècle qui ont été vendus à quatre collectionneurs en 1906.
Suite à la décision collégiale du bureau de la confrérie des Royés en Novembre 2005, et en préparatif aux célébrations du millénaire en 2008, il a été décidé de confier à Monsieur Cazé, restaurateur professionnel, la remise en état complète de la statue de Notre Dame du Saint Cordon et de son socle. Cette opération est entièrement financée par la confrérie des Royés. Partie le 3 Janvier 2006 à Vez dans l’Oise, la statue a retrouvé sa polychromie et sa dorure d’origine avec ses mats et ses brunis. Outre son aspect d’antan, le socle a retrouvé l’éclat des quatre tableaux exécuté à l’époque.

Le manteau, le voile et la bannière de Notre-Dame

Le manteau

Ce manteau, offert le 18 mai 1997 à Notre-Dame du Saint-Cordon pour les cent ans du couronnement de la statue, fut réalisé à Beauvais par Anne Beaufils, à partir d’une œuvre de Christian Corio, sur un métier à tapisserie de haute lisse, du type de ceux utilisés à la Manufacture Nationale des Gobelins. 
Le métier était composé de deux rouleaux parallèles tournant sur eux-mêmes, maintenus par deux montants verticaux permettant leur fixation et le tendage de la chaîne.    
La chaîne était en coton, composée de 1260 fils rangés parallèlement à raison de 5 fils par cm. Le tissage a été réalisé à l’aide d’une broche chargée de plusieurs brins de laine ou de soie. Les matières utilisées pour cette réalisation sont : la soie naturelle (vert, jaune, orangé, blanc), la laine (rouge, violet), une velourette de soie violette, des fils d’or (or pâle, or chaud et des fils d’argent).
Chacune des fibres a été tissée soit en uni, soit en mélange, pour obtenir les nuances dans un même ton ou un dégradé d’une tonalité à une autre. Les ors prennent de l’éclat grâce à leur tissage « en rehaut ». La velourette de soie joue en contraste par sa profondeur et sa matité avec la brillance des ors. L’envers du manteau est doublé de satin blanc.
Selon la tradition des liciers, Anne Beaufils a travaillé dans l’analyse constante et minutieuse de la maquette pour traduire avec précision tant la subtilité des couleurs que la rigueur du dessin original réalisé par Christian Corio.
Rappelons que la Vierge Marie est représentée — tout comme le Christ — nimbée d’or dans la gloire de la rédemption. Ce fond d’or est le support de tout le manteau où s’appliqueront les éléments décoratifs. Il est destiné à montrer l’importance du rôle de la Vierge qui magnifie et transcende chaque manifestation de la vie de l’humanité en la menant au Christ.
Dans la partie inférieure, les éléments végétaux et minéraux de l’univers sont représentés transcendés par la couleur or (la lumière) : les surfaces blanches pour le minéral, les passages verts pour le végétal. La bordure du manteau représente la couronne d’épines. Dans sa couleur violette, signe des mystères douloureux, s’inscrivent des pointes blanches et or, évoquant les mystères glorieux du chapelet.
Le Saint-Cordon est présent, d’une manière générale, par l’épanouissement de toutes les ramifications de couleur pourpre et blanche qui évoquent à la fois les brisures de notre siècle et le lien sacré des différents éléments du passage de la terre au ciel.
La partie supérieure s’élève dans la lumière divine puisque Notre-Dame aide l’humanité tout entière à y pénétrer. Elle est scandée de rayons blancs, symbole des âmes sanctifiées dans la rédemption, certitude de vie spirituelle.
Au centre de la composition, le M marial est présent comme une colombe au-dessus d’un calice, évoquant l’apparition de Marie dans la gloire dont parle Saint Jean dans l’Apocalypse.

Le voile

Il est en tulle bordé de « valenciennes » : légèreté et transparence du tissu, finesse et beauté de la dentelle de la cité.
Pour sa forme et sa décoration, il suit dans sa découpe inférieure les lignes de force du manteau. Il est parsemé de quatre étoiles blanches : présence de l’humanité portée dans la lumière, guidée par deux lignes montantes. Ces étoiles jouent avec les cinq autres étoiles du manteau, présence du Christ au cœur du monde. Ces neuf étoiles évoquent les neuvaines dédiées à Marie.

La nouvelle bannière

Comme le manteau, elle fut réalisée par Anne Beaufils, suivant une maquette de Christian Corio. Sa hauteur est de 165 cm pour une largeur de 77 cm. 
Elle a été tissée sur métier de haute lice, sur une chaîne fine de 6 fils au cm, avec des fils d’or, de soie et de laine. Les deux faces sont tissées d’un seul tenant, repliées l’une sur l’autre et cousues ensemble. À la pliure, une ouverture est ménagée pour permettre sa suspension. Des cordons blancs partent des angles supérieurs, terminés par des glands de passementerie.  
Au centre, sur un fond clair, se détache la mandorle toute dorée où Marie, glorifiée, ouvre les bras avec tendresse.
De part et d’autre, se déploient les lignes brisées et les sillons de notre terre, dont les formes et les couleurs, jaune, vert, blanc et or, restent en harmonie avec les éléments déjà développés dans le manteau. 
Le moine Bertholin, ancré dans notre monde, se tourne vers Marie pour demander son intercession auprès de Dieu afin de sauver les habitants de Valenciennes de la grande peste qui ravage le pays.  Il est transfiguré dans la lumière divine. Marie lui tend le Saint-Cordon. 
Le cordon naît de ‘1008’, puis dessine le« M» marial entre les mains de la Vierge Marie, redescend vers le blason de Valenciennes puis se tourne vers ‘2008’, date millénaire de l’apparition. Au dos de la bannière, le monogramme de la confrérie des Royés se détache sur un fond clair, orné l’un léger ruban bleu. 

Le Saint-Cordon dans l’histoire de l’art (cf annexe)

La construction de la nouvelle basilique au milieu du XIXe siècle sera l’occasion de nouvelles commandes. Ainsi, l’ostensoir du Saint Cordon de 1864 est produit par le même artiste que le reliquaire de la couronne d’épines du Christ conservée à Notre Dame de Paris (Maison Poussièlgue-Rusand). 
En 1864, Jean-Baptiste Carpeaux assiste à la consécration de la basilique et exécute immédiatement un grand dessin gouaché sur le thème. Celui-ci constitue l’origine d’un groupe sculpté que Carpeaux souhaitait voir trôner dans l’église. Même si cette statue n’y fut jamais installée, Carpeaux s’engagea néanmoins avec ferveur dans ce nouveau projet, comme en témoignent les nombreux dessins et esquisses présentées au musée d’Orsay à Paris.
A la suite de Carpeaux, de nombreux artistes Valenciennois (Lucien Jonas, René Leleu, Eugène Chigot…)  se sont confrontés au thème de la « Vierge au Cordon », même au XXe siècle, période qui a pourtant eu tendance à s’éloigner des sujets religieux. Cela illustre le rôle de Carpeaux comme modèle dans le « panthéon » des artistes Valenciennois mais aussi la perpétuation à Valenciennes d’une forte dévotion mariale.
Aujourd’hui encore, la création artistique sur le thème du Saint-Cordon se poursuit dans le Valenciennois avec la production d’images et de tableaux comme celui qui a été peint pour l’église Saint-Pierre de Marly. Notons aussi l’inauguration de nouveaux vitraux réalisés par Marie Payen sur le thème du Saint-Cordon à l’église de Maing, à la maison du diocèse à Raismes et au lycée Notre-Dame de Valenciennes.

Dans le domaine musical, la créativité a connu un rebond aux 19ème et 20ème siècles avec les cantiques traditionnels et la messe du couronnement composée par le père Garin. Pour les fêtes du millénaire, le père Jean-Marie Beaurent a composé une cantate en l’honneur de Notre-Dame du Saint-Cordon, pour chœurs et orchestre, donnée à plusieurs reprises comme lors de l’année mariale en 2018. Au fur et à mesure des récentes décennies, les cantiques traditionnels ont été augmentés avec de nouveaux couplets plus contemporains.

Le trésor de Notre-Dame du Saint-Cordon

Les objets liés au culte de Notre-Dame du Saint-Cordon sont de deux statuts particuliers, soit publics soit privés. On en dénombre plus d'une centaine. Inventoriés pour les fêtes du millénaire et présentés au public dans l'espace muséographique "Bertholin", ils sont depuis la fermeture de ce lieu, soigneusement conservés au presbytère de la basilique ou au Musée diocésain d'Art Sacré de Cambrai (Musée de France). 
Constituant un ensemble cohérent, pour la plupart modernes et contemporains, ils n'en sont pas moins remarquables et sont la preuve matérielle de l'attachement des valenciennois à leur Vierge, anonymes ou célèbres. À titre d'exemple, on compte : 
- des pièces d'orfèvrerie dont les pièces du Couronnement, obtenues par le don des paroissiens, composées des couronnes et du sceptre en argent et de cet ostensoir unique sorti de l'atelier du célèbre orfèvre Poussièlgue-Rusand, 
- des pièces textiles fragiles : les bannières et le manteau de soie bleue, de fils d'or et d'argent, issues de la maison Vanpoulle de Cambrai. 
- des œuvres picturales (gravures, affiches, dessins, lithogravures) signées par de grands noms comme Lucien Jonas, Louis Cellier et Auguste Moreau-Deschanvres. 
- quant à la statuaire, un exemplaire de la Vierge de Jean-Baptiste Carpeaux figure au catalogue. 
Enfin, l'influence de la dévotion se lit sur le territoire diocésain dans des œuvres d'art présentes dans d'autres églises, et continue d'inspirer la création contemporaine, à travers la conception de vitraux ou de tableaux, déjà mentionnés. 
Il est prévu de présenter à nouveau ces œuvres au sein de la basilique, au terme de sa restauration.

Les objets du pèlerin :  manuel du pèlerin et fanions

Dès la fin du 19ème siècle, un manuel du pèlerin, rédigé par la confrérie, a été édité pour accompagner les pèlerins tout au long du Tour. Historique et itinéraire de la procession, programme de la journée, prières et chants constituent l’essentiel de ce manuel qui a connu nombre d’éditions successives au fur et à mesure des générations de pèlerins
De 2016 à 2020, la menace terroriste puis la pandémie ayant empêché le portage de la statue sur le parcours du Grand Tour, les riverains ont donc été privés du passage habituel de la statue devant leur domicile ou dans leur quartier. Pour faire face au risque de disparition de l’image, une cinquante fanions à l’effigie de la Vierge ont été confectionnés à la veille du Tour 2017. Faute de statue, les groupes de pèlerins se sont rendus visibles par ces fanions

L’organisation du Tour du Saint-Cordon revient, de manière coordonnée, au diocèse de Cambrai représenté par le recteur et son équipe du sanctuaire, à l’équipe d’animation de la paroisse de Notre-Dame du Saint Cordon, à la confrérie des Royés et à la municipalité de Valenciennes. Les personnes qui se succèdent au sein de ces institutions sont majoritairement des pèlerins eux-mêmes et, par conséquent, elles détiennent une bonne connaissance de la pratique, de son déroulé, des comportements requis, ainsi que des responsabilités confiées à chaque catégorie d’acteurs. Les réunions préalables aux fêtes annuelles se présentent initialement comme cadre d’apprentissage et de transmission au moment des prises de fonction. Au sein de la confrérie des Royés, la transmission est bien formalisée. Ainsi une semaine avant le Tour, les Royés se retrouvent en assemblée générale pour revoir l’ensemble de l’organisation. La veille de la procession, ils se rendent au sanctuaire pour confectionner le bâton de buis qui sera béni à la messe inaugurale et que chaque confrère porte tout au long du Tour en répondant à la sollicitation de la population qui désire recevoir un morceau de buis béni.
La connaissance du déroulé du Tour du Saint-Cordon et le savoir-être requis pour les pèlerins se transmettent aussi de manière informelle au sein des familles valenciennoises qui participent de génération en génération, même si elles n’habitent plus sur le territoire pendant le reste de l’année. Pour les nouveaux pèlerins, récemment arrivés dans l’agglomération, le manuel du pèlerin évoqué ci-dessus est d’une grande aide pour comprendre ce qui se passe autour de la cité.

A l’appel du recteur du sanctuaire, une équipe de quelques dizaines de personnes habitant le valenciennois avec des profils sociaux et culturels complémentaires, se réunit régulièrement pour conforter la connaissance et la transmission de ce patrimoine sacré attirant chaque année les passionnés d’histoire locale, de traditions et de pèlerinages. 
Ces acteurs sont ainsi témoins, interprètes et garants d’une mémoire et d’une foi populaires qui se manifestent, de génération en génération, dans et à l’extérieur de l’Eglise. Leur rôle est d’accueillir les simples curieux d’un miracle dont le souvenir demeure étonnamment vivant et d’aller au-devant des personnes qui, venant confier leur quotidien à Notre-Dame, désirent une écoute appropriée pendant les fêtes mariales et tout au long de l’année. Les cahiers déposés devant la statue recueille de manière vivante et émouvante ce qui habite le cœur de ceux qui viennent visiter ou prier dans le sanctuaire. Ces cahiers constituent une véritable richesse qui échappe à tout contrôle institutionnel.
Le souci de l’équipe du sanctuaire est aussi de transmettre cet héritage humain et spirituel en organisant des partenariats avec les lieux culturels et sociaux de la ville par l’organisation d’animations diverses, d’expositions, de concerts, de visites guidées et de conférences : le musée des Beaux-Arts, la scène nationale du Phénix, les associations de préservation du patrimoine, la médiathèque ainsi que les institutions scolaires et universitaires de la ville sont des partenaires indispensables pour inscrire encore plus fortement le Tour du Saint-Cordon dans la vie de la cité.
Chaque année, le recteur et les coordinateurs de l’équipe du sanctuaire se rendent au congrès national des Sanctuaires de France d’où ils reviennent avec de nouvelles propositions permettant de mettre en valeur, enrichir et partager la tradition du Saint Cordon.
A la suite des fêtes du millénaire et de la « Grande Visitation » (cf I-3), une association de « Marcheurs de Notre-Dame du Saint-Cordon » vit le jour pour inviter à découvrir les petits sanctuaires des villes et villages de la région et de la Belgique voisine, en alliant le goût de la randonnée et les découvertes patrimoniales dans le souci de la préservation de quelques monuments oubliés, le tout dans une démarche pèlerine.
Forte d’une centaine de membres, cette association conduit depuis 2019 le « chemin de Bertholin » le 3ème dimanche de septembre sur 8 kms entre le hameau de Fontenelle à Maing, lieu présumé de l’ermitage de Bertholin, et Valenciennes.

La transmission de la pratique résulte de la mobilisation conjointe complémentaire de la confrérie des Royés, de la municipalité, des fonctionnaires de l’État, de la population, de la communauté catholique et des marcheurs de Notre-Dame.

La confrérie des Royés de Notre-Dame 
Maison des Associations, rue du Faubourg de Paris 59300 Valenciennes

Les marcheurs de Notre-Dame 
5, rue des Moulineaux 59300 Valenciennes

L’équipe du sanctuaire Notre-Dame du Saint-Cordon
5 rue des Moulineaux 59300 Valenciennes

La paroisse Notre-Dame du Saint-Cordon 
5 rue des Moulineaux 59300 Valenciennes

La ville de Valenciennes 
Hôtel de Ville, place d’Armes, 59300 Valenciennes

La pastorale des jeunes du diocèse de Cambrai
Maison du diocèse rue Léopold Dusart 59590 Raismes

L’apparition de la Vierge et le miracle de l’an 1008

Au Xe siècle, Valenciennes, capitale du comté du Hainaut, à la frontière du Saint-Empire romain germanique, joue un rôle militaire important. En 1006, la ville est assiégée mais résiste. En 1008, une famine est suivie d’une terrible épidémie de peste. C’est à ce moment que la Vierge apparaît aux habitants pour accomplir un miracle.

Les anciens chroniqueurs tels que Wicar, d’Oultreman et Le Boucq, rapportent qu’en l'an 1008, la ville de Valenciennes est touchée par une terrible peste. Un peu à l'extérieur de la ville, un ermite supplie la Vierge Marie de venir en aide aux habitants. Celle-ci lui apparait alors et lui donna un message à transmettre aux valenciennois : que ces derniers se réunissent sur les remparts de la ville et ils verront des merveilles. La Vierge apparut le soir, la veille de sa nativité (fêtée le 8 septembre), dans un halo de lumière et des anges entourèrent la ville d'un cordon miraculeux. À cet instant même, la contagion cessa. Les autorités de la ville s'engagèrent alors à organiser chaque année une procession pour commémorer le miracle et rendre grâce à la mère de Jésus. 

Si les miracles interrogent nos contemporains, au Moyen Âge, ils suscitent d'abord l'émerveillement. Ils sont le signe que le monde céleste communique avec le monde terrestre. Ce sont également des invitations à la conversion ou à la pénitence. Mais les apparitions mariales reflètent également l'imaginaire médiéval sur l'au-delà ; elles expriment les relations entre le monde visible et le monde invisible, entre le ciel et la terre. Dès le IXe siècle en Occident, Marie est invoquée comme la médiatrice qui relie Dieu aux hommes.

A l'origine du Tour du Saint-Cordon, il y a donc une apparition, ou plus simplement une vision. Le terme vision renvoie à la perception de choses surnaturelles. Le Moyen Âge, c'est l'époque où naturel et surnaturel sont mêlés l'un à l'autre. Il est important pour les croyants de maintenir un lien entre le ciel et la terre. Les apparitions ouvrent des portes vers l'invisible. Les êtres célestes se manifestent aux hommes et leur montrent un chemin de foi qui peut les conduire vers la sainteté. 

Depuis plus de 1000 ans, la mémoire du miracle se fait donc par une procession annuelle.
Cette procession répond à une demande explicite de la Vierge elle-même faite à l'ermite lors d'une seconde apparition :

« Alors, la sainte Dame apparut en vision au bon ermite et lui dit d'aller, dès le lendemain,
commander au peuple de Valenciennes d'instituer une procession au jour de sa Nativité,
solennité qui tombe le huitième jour du mois de septembre, et de faire le tour de cette
procession comme on l'avait vu la première fois, et de suivre le cordeau, et qu'ainsi la peste
cesserait. » (cf Henri D’Oultreman Histoire de la ville et du comté de Valenciennes 1639)

C'est ainsi qu'aurait été instituée la procession annuelle, mémoire vivante du miracle. L'ermite alla porter le message au peuple de Valenciennes ; tous s'empressèrent d'accomplir la volonté de la Vierge Marie, le magistrat s'engagea au nom de la population et la relique du Saint-Cordon fut placée dans un reliquaire. Depuis plus de dix siècles, les valenciennois sont restés fidèles à cet engagement. Dès l’année 1012, la garde de la relique fut confiée par le magistrat à la confrérie des Royés, toujours actifs aujourd'hui pour l'organisation de la procession.

Les premiers récits qui relatent l'histoire du Saint-Cordon datent des XVIe et XVIIe siècles. Ce sont les récits de Wicart, d’Oultreman et Le Boucq. On peut relever quelques différences entre ces récits, parce que certains éléments ont fait l'objet d'une relecture théologique qui a conduit à l'ajout de quelques détails, par exemple au sujet de la couleur du cordon : Simon Le Boucq évoque un cordon rouge alors que les autres récits ne s'arrêtent pas sur ce détail. Ces différences peuvent aussi révéler l'existence de plusieurs traditions orales qui circulaient au Moyen Âge. Cela démontre donc l'antériorité de la procession par rapport aux premiers écrits. On en trouve d'ailleurs mention dans des registres de la ville du début du XIVe siècle : un règlement du temps du comte Guillaume le Bon (1304-1337) fait référence au chemin de la procession qui existait déjà vers 1250. 

En 1695, Fénelon, alors archevêque de Cambrai, avait été frappé de la ferveur qui animait la population : « De part et d'autre se pressent en très grand nombre, dans la bousculade, les rangs de la foule ; genoux fléchis, les yeux levés au ciel, mains jointes et visage souriant, les gens
aspirent aux bénédictions du prélat. » Lettre au Dauphin, citée par Dominique Foyer « Le Saint-Cordon de Valenciennes ».

Symboliquement, le parcours de la procession suit le tracé du cordon miraculeux que la Vierge avait déposé autour de la ville pour la protéger. Il est question d'un parcours circulaire au-delà des remparts de la ville. Un parcours circulaire comme une alliance tissée entre Marie et la population de Valenciennes ou entre le ciel et la terre, suivant les termes fréquemment employés lorsque l'on traite des apparitions mariales. Rappelons-nous qu'à l'origine du miracle, la Vierge est intervenue pour sauver la ville de la peste, mais dans les différents récits du XVIIe siècle, la maladie a pu être considérée comme un fléau envoyé par Dieu pour punir les Valenciennois.

Il apparait donc que le Tour du Saint-Cordon, bien qu'il soit une dévotion entièrement tournée vers Marie, contribue également à fonder l'appartenance à une population, ici la population de Valenciennes dont les contours sont fixés par la marque du cordon miraculeux. Souvent, lors d'apparitions, la Vierge a délimité un périmètre pour y ériger un sanctuaire ; ici, elle reconnait une population à protéger. Nous sommes donc au carrefour de deux axes : un vertical qui relie le ciel à la terre, un horizontal qui relie un peuple solidaire dans le malheur.

Une procession religieuse et… civique

Par la notion de religion civique, les historiens désignent l'ensemble des phénomènes religieux dans lesquels le pouvoir civil joue un rôle déterminant. Cette notion permet d'offrir une double lecture à la fois chrétienne et urbaine de la procession et de se poser la question « de l’appropriation de valeurs inhérentes à la vie religieuse par les pouvoirs urbains, à des fins de légitimation, de célébration et de salut public » (André Vauchez in « La religion civique à l’époque médiévale et moderne » Rome 1995). Au Moyen Âge, la relation est étroite car toute la communauté est tournée vers la religion. Mais outre le caractère religieux de la procession, la volonté des autorités de la ville était déjà de réunir la totalité des structures politiques, militaires, économiques et sociales de la cité pour une prise de conscience de l'unité interne d'une petite patrie. Le jour de la procession est également jour de fête pour toute la ville. C'est d'ailleurs ce qui a marqué Fénelon, l'archevêque de Cambrai, lorsqu'il découvre le Tour du Saint-Cordon en 1695. D'abord, il décrit la ferveur de la foule qui aspire aux bénédictions du prélat, puis il décrit le cortège avec à sa tête les confréries d'artisans, les confraternités puis les congrégations religieuses tant féminines que masculines. Enfin, se dressent les châsses avec les reliques et les magistrats qui les portent sur leurs épaules. Tout ce cortège marche dans une atmosphère de fête et les pauses nécessaires sur le parcours sont l'occasion de festins joyeux. Il était également courant que les foires commerciales se tiennent à l'occasion des grandes processions. 

Ce sont les membres de la confrérie qui lancent la première invitation ; les autorités de la ville sont invitées, elles n'ont pas l'initiative et la perspective théologique est clairement annoncée, il s'agit d'invoquer l'intercession de Marie auprès de son Fils. Après la Révolution, le clergé semble donc reprendre en main l'organisation de la procession. On peut ajouter à cela l'intervention de Rome, le pape Léon XIII autorisant le couronnement de la statue de Notre-Dame du Saint-Cordon en 1896. Une souscription permit alors de réunir les fonds et des bijoux pour la confection de la couronne ; les dons des prêtres permirent l'acquisition du sceptre.

La façon dont la population s’est approprié l’événement permet de penser qu’elle y a trouvé, à certaines époques et de différentes façons, une puissante instance d’identification symbolique collective. Et elle le trouve encore !
Comme le dit un cantique bien connu localement, la « Vierge tutélaire » est bien la « patronne » (patrona, avocate, protectrice) de la cité : les Valenciennois le savent et le montrent volontiers en faisant le Tour ou en le regardant passer.
Des textes de référence ont relaté les perturbations du passé déjà évoquées. Les auteurs les interprètent selon leurs propres préoccupations. Ainsi l’abbé Julien quand il décrit en 1902 les troubles de la Réforme ou ceux de l’époque révolutionnaire, alors que la France catholique subit les assauts d’une politique anticléricale : dans sa présentation des troubles de 1566, il exalte les « bons éléments » du peuple qui, avec la municipalité, protègent les reliques contre les « gueux » iconoclastes. Dans son récit de la période révolutionnaire, il affirme que les plus fidèles membres de la confrérie des Royés, aidés d’un prêtre réfractaire, ont sauvé les reliques du Saint-Cordon de la fureur athée des révolutionnaires. Un schéma similaire transparaît encore dans la présentation des troubles de 1906 à 1925, même si la réalité s’avère plus complexe et plus nuancée... C’est toujours le même schéma : quelques fidèles se distinguent d’une masse hostile et « sauvent » la fidélité valenciennoise à sa « patronne » céleste. L’auteur n’est pas totalement impartial dans sa relation des événements...
Pourtant, à travers les relectures successives de l’histoire locale, se dessine une constante : les habitants de Valenciennes ont plus ou moins conscience d’être liés à la Vierge Marie par une sorte de pacte, dont la relique du Saint-Cordon, puis la statue, est le gage, tandis que la procession annuelle en constitue la cérémonie de renouvellement. Il s’agit d’une alliance vécue et célébrée, entre le ciel (ici représenté par la Vierge Marie) et un peuple particulier (la population valenciennoise, représentée par la municipalité et les confréries). Aux périodes de crise religieuse et politique, ce schéma d’alliance a été remis en cause : la réforme calviniste récusait tout autre intermédiaire que le Christ entre Dieu et les hommes ; la révolution française refusait que Dieu puisse interférer avec les affaires humaines ; l’anticléricalisme contemporain voyait dans l’Église catholique une institution ennemie du progrès social.

On le voit, les processions religieuses ont toujours leur place aujourd'hui sur le domaine public et dans les pratiques religieuses. Les actes de dévotion unissent croyants et non croyants autour d'une histoire commune. Mais pour beaucoup, au-delà de l'acte de mémoire, la dévotion est une manière de vivre la foi, elle entretient des rapports à la fois avec l'Église et avec la société. Lorsque le pèlerin d'aujourd'hui se met en marche derrière une statue ou vers un sanctuaire c'est souvent pour faire un pas vers Dieu. Les dévotions populaires n'occupent toutefois plus la même place qu'au Moyen Âge. D'une part, les pratiques confessionnelles ont beaucoup changé et, d'autre part, au sein même de l'Église, les pratiques de dévotions n'ont pas toujours été considérées de la même manière. 

Le Tour du Saint-Cordon a plus de 1000 ans. Au cours de ce millénaire écoulé, beaucoup de
choses ont changé que ce soit au niveau du tracé du parcours ou de la manière de vivre et d'exprimer la foi chrétienne ; le contexte politique et social a également beaucoup évolué. 

Depuis le Moyen Âge, les processions en Flandres, aux Pays-Bas ou en Artois et, en particulier, celle du Saint-Cordon, ont toujours associé les corporations professionnelles et les ordres religieux. La place de chaque corporation est alors significative d'un rang social. La hiérarchie affichée est le reflet d'une société féodale. 
A la fin du Moyen-Âge, la procession du Saint-Cordon était essentiellement centrée sur le culte des reliques. Dans le cortège, on trouve en premier lieu les confréries d'artisans puis les représentants des congrégations religieuses ; viennent ensuite les reliquaires conservés dans les églises et chapelles de la région. Il n'y a pas de statue de la Vierge. Mais la Réforme et la Révolution vont considérablement ébranler le culte des saints et des reliques  Dès le milieu du XVIe siècle, les idées des réformateurs et celles de Calvin, en particulier, sont plutôt bien accueillies à Valenciennes et de nombreux notables de la ville sont des sympathisants de la Réforme. Ces partisans de la religion réformée s'opposent alors à la dévotion des Valenciennois envers Notre-Dame du Saint-Cordon symbole, à leurs yeux, de l'idolâtrie catholique.
La période révolutionnaire a été particulièrement sanglante à Valenciennes, les églises furent détruites, les exécutions ont été nombreuses et il est probable qu'au lendemain de la tourmente, les habitants préférèrent le silence. Alors que la relique du Saint-Cordon a pu être protégée et conservée durant les années de la Réforme, la châsse avec la relique du Saint-Cordon disparait en 1794 sans que l'on sache avec précision ce qui lui est arrivé. Différentes hypothèses ont été avancées sans qu'aucune ne puisse être prouvée. 
Cette destruction aurait pu marquer la fin de la procession mais, en 1804, l'archevêque de Cambrai, Mgr Louis Belmas institua une nouvelle confrérie, les « confrères de Notre-Dame du Saint-Cordon », en vue de faire renaitre le Tour. Les Royés ne réapparaitront qu'en 1892. On est devant un phénomène de renaissance permanente, une résilience qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours. 

Une statue de la Vierge fut commandée et dès 1808, à l'occasion du 8° centenaire du miracle, le Tour du Saint-Cordon a pu reprendre. Cette évolution marquera un changement important quant à la nature de la procession. On peut alors se demander comment une statue sans passé parvient à maintenir vivante la dévotion de toute une population ? C’est bien la preuve que le culte des reliques ne tenait pas de l’idolâtrie ou du magique. Le reliquaire détruit, le sanctuaire qui abritait la relique, l’église Notre-Dame la Grande, détruite également, la foi des fidèles reste vive. Il a déjà été mentionné que le culte de Notre-Dame du Saint-Cordon a fait l’objet d’affrontements sévères au cours des dix-neuvième et vingtième siècles. Malgré les événements, le Tour du Saint-Cordon reste un moment incontournable de la vie valenciennoise. Dès le 11e siècle, la ville est placée sous la protection mariale, mais avec l’arrivée de la statue, le tour prend plus le sens d’une «visitation mariale»

Depuis la Révolution, les corporations professionnelles n'existent plus et si la foule qui marche aujourd'hui le fait dans un ordre quelque peu dispersé. Cependant, en 1897, lors des cérémonies du couronnement, le cortège était formé de 114 groupes dont un groupe composé de mineurs de fond. Lors du 9° centenaire de l'apparition en 1908, devant le char de l'apparition, il y eut un défilé de mineurs, de travailleurs des chemins de fer et de toutes les branches de l'industrie.. 

Même s’il apparait que le rôle de la municipalité a quelque peu changé depuis le XIXe siècle, il n'en reste pas moins important quant à l'organisation de la procession. La loi du 9 décembre 1905 portant séparation de l'Église et de l'État a évidemment eu des conséquences sur l'organisation des processions religieuses. En vertu de l'article 27 de la loi, le maire a le pouvoir de réglementer les cérémonies, processions et autres manifestations extérieures d'un culte. L'article 1 garantit, quant à lui, le libre exercice des cultes sauf atteinte à l'ordre public.
Les nécessaires mesures prises doivent donc être proportionnées à la prévention d'un risque sérieux de trouble à l'ordre public. En application de ces dispositions, le Tour du Saint-Cordon a été annulé à quelques reprises. D'abord en 1906 : des militants socialistes prévoyant une contre-manifestation, le préfet demande alors au maire de prendre les mesures de sécurité nécessaires qui ne peuvent être, selon lui, que l'interdiction de la procession. Face au refus du maire, le préfet prend lui-même la décision de tout interdire. L'année suivante, la procession est de nouveau autorisée, cette cérémonie plusieurs fois séculaire étant considérée comme le prélude presque obligé des fêtes patronales et de la foire de Valenciennes. De nouveau en 1925 et 1926, la procession sera interdite sur décision municipale mais celle-ci sera cassée par le Conseil d'État. Progressivement, la jurisprudence évolua pour censurer les interdictions qui n'étaient pas réellement motivées. Selon une formule qui devint habituelle, le Conseil d'État jugea que le maire ne pouvait porter atteinte aux traditions locales que dans la mesure nécessaire au maintien de l'ordre. Par la suite, un décret-loi du 23 octobre 1935 dispensera de déclaration les manifestations conformes aux usages locaux, protégeant ainsi encore un peu plus les processions traditionnelles. Le caractère traditionnel d'une procession tient à son ancienneté et à la régularité avec laquelle elle a lieu. Le maire reste cependant détenteur du pouvoir de police et si les circonstances liées à la sécurité publique ou à l'ordre public l'exigent, il pourra interdire ou aménager la procession fut-elle traditionnelle. Tel fut le cas de 2016 à nos jours pour le Tour du Saint-Cordon. 

Vitalité

Jusqu’à aujourd’hui, les valenciennois réaffirment annuellement leur attachement à « leur » Saint-Cordon. Le culte public rendu à Notre-Dame du Saint-Cordon, l’effectuation collective de la circumambulation annuelle, constituent bien ce que les anthropologues appellent une « instance d’identification symbolique collective ». Pour certains, c’est un acte de foi, une affirmation croyante indubitable. Même s’ils acceptent de douter un peu de la réalité matérielle de tous les faits transmis par la tradition (le fléau, l’apparition mariale, l’ermite, les anges, le cordon miraculeux, la guérison collective, la procession annuelle), ils ne remettent pas en cause le credo sous-jacent à leur démarche de piété : les valenciennois sont l’objet d’une prédilection particulière de la part de la Vierge Marie et leur reconnaissance doit s’exprimer par la procession annuelle.
D’autres habitants, moins croyants peut-être, n’entrent pas dans cette réflexion théologique. Mais ils font fidèlement leur Saint-Cordon annuel, car ils y trouvent une véritable identité de groupe. « Faire le Saint-Cordon », c’est s’identifier comme membre actif d’une communauté humaine déterminée : celle des valenciennois conscients de devoir leur existence à une sorte de miracle périodiquement renouvelé.
Dans les deux cas, la figure de la « Vierge tutélaire » cristallise une alliance entre le Dieu très haut et le peuple. Les pèlerins valenciennois, en accomplissant rituellement le « Tour du Saint-Cordon », disent leur conviction – plus ou moins claire – d’être les bénéficiaires actuels d’une alliance entre le ciel et la terre. Ils agissent comme si leur communauté locale devait son existence non aux seules logiques de l’histoire, mais aussi à une initiative particulière de la divinité.

Comme cela a déjà été souligné, la « circumambulation » collective croise deux axes symboliques : un axe vertical, l’Alliance entre Dieu (représenté par la Vierge) et son peuple (la ville et sa population), et un axe horizontal, la fraternité citadine, matérialisée par le rôle des confréries. L’institution ecclésiastique (clergé local et diocèse) n’a jamais pu prendre totalement le contrôle de la procession elle-même qui reste, encore aujourd’hui, un phénomène populaire. C’est sans doute grâce à ce schéma que le Tour du Saint-Cordon s’est maintenu en traversant de multiples crises importantes, au prix de mutations et d’adaptations, preuves de sa vitalité. Cet événement met au grand jour la capacité de résilience de la part d’une population et particulièrement des organisateurs qui ont toujours trouvé les moyens humains et spirituels de traverser les épreuves et les obstacles. 

Avec le double défi du terrorisme et de la pandémie, ces dernières années ont été particulièrement révélatrices de cette capacité de résilience des acteurs du Tour du Saint-Cordon. Alors que toutes les manifestations périphériques valenciennoises étaient très restreintes depuis les attentats de Nice en 2016, puis purement et simplement annulées en 2020 et 2021 (défilé du géant Binbin, braderie commerciale…) à cause du Covid, le Tour a toujours pu se dérouler au prix de multiples adaptations et de créativité, fruits des talents conjugués des acteurs de la confrérie, du sanctuaire et de la ville.

Menaces et risques

Cette vitalité encore vérifiée en 2022 ne saurait en aucun cas conduire à une forme de naïveté pour la pérennité proche ou lointaine du Tour du Saint-Cordon. Les défis sont immenses et dépassent largement l’attachement populaire valenciennois. L’avenir seul dira si ce type de lien, à la fois religieux et social, peut encore être opérant dans une époque où, dans toute l’Europe, les références culturelles religieuses deviennent de moins en moins compréhensibles, quand elles ne disparaissent pas purement et simplement. Dans l’espace public, le sacré semble réduit à quelques traces. La pérennité du Tour du Saint-Cordon, avec toutes ses évolutions internes et externes, montrera comment le patrimoine religieux de notre pays peut garder sa vitalité, tout en s’adaptant à des conditions nouvelles et à des sensibilités différentes.
Une autre tendance forte est l’évolution des pratiques religieuses vers un certain individualisme. On aime se faire sa religion « à la carte », indépendamment d’une organisation collective. On pourrait craindre que cela mette en péril le pèlerinage annuel. Or c’est le contraire que se produit. Le Tour du Saint-Cordon avec ses évolutions sera intéressant à observer dans la mesure où il combine de façon créative les démarches collectives et la recherche personnelle d’une spiritualité.

Modes de sauvegarde et de valorisation

Par le diocèse

Au fil des années et particulièrement depuis les années 2000, le Tour du Saint-Cordon est devenu le plus grand rassemblement catholique annuel du diocèse de Cambrai et plus largement du Nord-Pas-de-Calais. Le seul événement comparable dans les Hauts-de-France pourrait être la procession de Boulogne-sur-Mer qui attire aussi beaucoup de monde le dernier dimanche d’Août. Mais celle-ci est davantage un cortège à admirer qu’une marche à accomplir comme le Tour.
Dès 1975, un rajeunissement des pèlerins du Saint-Cordon s’est opéré grâce au lancement d’un « pélé-jeunes » qui rassemble chaque année plusieurs centaines de jeunes chrétiens à Valenciennes le temps du week-end. Le samedi, ils sont invités à participer à des actions de solidarité dans la ville (associations caritatives, visites à la prison) puis à une veillée festive en soirée avec des artistes chrétiens. Le dimanche, ils participent au Tour avec une animation qui leur est propre. Cette dynamique, avec et pour les jeunes, est essentielle pour la valorisation et la sauvegarde du Tour. Les jeunes chrétiens du diocèse savent que chaque année, leur rentrée spirituelle se vit à Valenciennes à l’occasion du Tour.
Les années 2000 ont vu aussi l’émergence d’un pélé-enfants adapté aux familles pour le « petit Tour en Ville » et les 3 premiers kilomètres du Grand Tour jusqu’à la halte du Sacré-Coeur
Dès son arrivée en provenance de Vendée en janvier 2001, Mgr François Garnier, le nouvel archevêque de Cambrai, a eu un coup de cœur pour le Tour. Il a vite compris l’enjeu de cette manifestation populaire et a suscité une mobilisation diocésaine pour le Tour et particulièrement pour les fêtes du millénaire. Plus de 10 000 personnes étaient présentes avec de nombreux évêques belges et français à chacun des 2 grands rassemblements de septembre 2008 et 2009.
A l’approche des fêtes du millénaire et de la perspective de la restauration de la basilique, Mgr Garnier a encouragé l’aménagement de la « maison Bertholin », espace d’accueil des pèlerins et musée du trésor de Notre-Dame du Saint-Cordon. Près de 600 000 euros ont été investis dans l’ancien patronage de la basilique, situé rue Abel de Pujol. Inauguré en 2007 au moment du lancement des travaux de restauration de la basilique, la maison Bertholin a accueilli les œuvres majeures du trésor de Notre-Dame du Saint-Cordon ainsi que plusieurs expositions sous l’impulsion de Madame Biencourt, conservatrice du patrimoine diocésain. On peut citer celle qui a été consacrée en 2018 au peintre de guerre Louis Jonas, natif d’Anzin. Hélas, la prolongation de la fermeture de la basilique suite aux désordres causés par la restauration du clocher a eu raison de cette maison Bertholin. Faute de sanctuaire proche, la fréquentation s’est effondrée et les soucis financiers ont conduit à la vente de cet édifice en 2021. Dans l’attente –sans doute longue- d’une nouvelle présentation muséale au sein de la basilique restaurée, les œuvres majeures ont été accueillies au musée des Beaux-Arts de Valenciennes, à l’archevêché de Cambrai et au presbytère de la basilique.
Mgr Vincent Dollmann, qui a succédé à Mgr Garnier en 2018, a aussi été touché par le Tour. Sans hésiter, il participe à l’ensemble de la journée, appréciant de saluer, voire de rentrer dans les maisons des personnes malades ou handicapées tout au long des 17 km du parcours.

Par le sanctuaire

Le recteur et les responsables de l’équipe d’animation du sanctuaire s’attachent à faire vivre celui-ci tout au long de l’année. Dans l’attente de la restauration de la basilique, une chapelle a été aménagée dans l’église Saint-Géry pour accueillir la statue et les pèlerins de manière digne. Un écrin de lumière a été créé pour accueillir, valoriser et sécuriser la statue. Un parcours lumineux accueille et conduit le pèlerin depuis l’entrée de l’église jusqu’à la chapelle.
De plus en plus, les réseaux sociaux jouent aussi leur rôle dans la valorisation du Tour du Saint-Cordon. Les sites internet de la paroisse, du sanctuaire, du doyenné et du diocèse de Cambrai consacrent une large place à l’annonce et à la couverture des fêtes du Tour du Saint-Cordon. Les pages Facebook et Instagram, la chaine YouTube « Catholiques en Valenciennois » avec leurs 2200 abonnés relaient nombre de photos, vidéos et reportages consacrés au Tour et à Notre-Dame du Saint-Cordon. Depuis avril 2022, une page Facebook « Notre-Dame du Saint-Cordon »  a été réactivée et compte près de 700 abonnés. La pandémie a accentué le rôle de ces médias par les retransmissions en direct des principales cérémonies. En 2020, une caméra a suivi en direct pendant 1h45 l’intégralité du Grand Tour véhiculé de la statue de la Vierge.

Par la confrérie des Royés

Pour la mise en valeur, la sauvegarde et la transmission du Tour du Saint-Cordon, la confrérie s’active tout au long de l’année. Parmi ses actions, on peut citer :
* l’organisation d’une « Visitation » de la statue de Notre-Dame, à la fin du mois de mai, dans un lieu qui ne peut être rejoint lors du Tour, comme une des nombreuses maisons de retraite, la prison de Valenciennes (reportée pour cause de « Covid ») ou une paroisse plus éloignée du parcours. Accompagnée de quelques membres de la confrérie, la statue est accueillie par les responsables du lieu d’accueil, le temps d’une messe et d’un temps de recueillement au cours duquel les personnes visitées sont invitées à toucher le manteau.
* lors du dimanche de clôture de la neuvaine du Tour du St Cordon, la confrérie participe avec la paroisse de Maing (à 8km de Valenciennes) et les Marcheurs de Notre Dame, au « chemin de Bertholin », entre la chapelle de Fontenelle (où l’ermite Bertholin aurait reçu l’apparition de 1008), et le sanctuaire de Notre-Dame à St Géry.
*dans l’année, la confrérie est aussi présente lors des cérémonies et festivités mariales célébrées au sanctuaire comme le 15 août (Assomption) et le 8 décembre (Immaculée Conception).
* Le jeudi de l’Ascension, la confrérie organise sa fête annuelle : à la fin de la messe, sont présentés et intronisés les nouveaux Royés « actifs » ou « à la suite ». C’est l’occasion de donner l’envie aux plus jeunes et moins jeunes  de prendre contact avec la confrérie pour être parrainé et pouvoir ainsi la rejoindre. 
*la confrérie a participé à la rédaction et à la diffusion en ligne d’une lettre de soutien à la candidature du Tour du Saint-Cordon sur le site Change.org avec le recteur et la députée.
*la confrérie dispose d’une « offranderie » présentant aux pèlerins livres, revues et objets religieux liés à Notre-Dame du St Cordon et à son histoire. 

Actions de valorisation à signaler

La ville de Valenciennes n’est pas en reste pour participer à la valorisation du Tour de Saint-Cordon. Son engagement pour la préparation et la sécurisation du Tour n’est plus à démontrer. 
Plus encore, ces dernières années, le maire s’est engagé personnellement aux côtés de la confrérie face aux craintes des pouvoirs publics devant les risques d’attentat et de pandémie. Lors des rencontres préparatoires en sous-préfecture, il a défendu une faisabilité minimale de la procession et mis à disposition à deux reprises l’espace de la place d’Armes pour la célébration de la messe inaugurale face à l’hôtel de ville au cœur de la cité, la place du musée n’étant pas assez protégée.

Modes de reconnaissance publique

Depuis des siècles, certaines dénominations de la voirie municipale apportent une reconnaissance permanente du Saint-Cordon : ainsi, la « rue du Saint Cordon » relie la basilique à la place d’Armes, une « rue des Anges » dans une autre quartier de la vieille ville et, à proximité de l’ancienne porte de Famars, la « rue des Royés ».

Certes moins imposant qu’aux 19ème et 20ème siècles, le pavoisement de la place d’Armes, de l’hôtel de ville et de certaines rues de la vieille ville, signe l’attachement de la cité au Tour du Saint-Cordon. Pavoisement complété par les décorations souvent émouvantes des riverains du Petit Tour en Ville ou du Grand Tour : drapeaux bleu et blanc, fleurs sur les bords des fenêtres, petits autels éphémères avec photos, affichettes, bougies et statuettes religieuses. 

Autre nouveauté : les deux lignes de navettes gratuites reliant toutes les 15 minutes les quartiers au Centre-Ville ont été baptisées du nom de « Cordon » par la ville, après consultation du recteur du sanctuaire. 

La fermeture de la basilique suite aux désordres de la restauration de 2007-2008 ainsi que celle de la maison Bertholin en 2018 constituent des défis majeurs pour la survie du pèlerinage du Saint-Cordon. Mais comme le soulignait justement l’ambassadeur du pape venu présider les fêtes en 2015 : « les édifices passent, le pèlerinage demeure ». Les faits lui ont donné raison avec l’impact local et régional des fêtes du millénaire qui ont valorisé le Tour du Saint-Cordon depuis 15 ans. Loin de se reposer sur cet accroit de notoriété, les acteurs se sont trouvés devant de nouveaux défis en raison de l’attentat de Nice en 2016 et de la pandémie des années 2020-2021. Actuellement les actions de sauvegarde touchent à la fois sur la restauration de la basilique et les partenariats avec les acteurs de la vie culturelle de Valenciennes et de son agglomération

Sauvegarde du patrimoine matériel

Le patrimoine immatériel nécessitant un patrimoine matériel à son service, il est important de parler de l’association pour la restauration de la Basilique Notre-Dame du Saint-Cordon, déclarée en sous-préfecture de Valenciennes depuis le 19 mars 1998. Sa création, encouragée par la ville de Valenciennes, vise à soutenir sa volonté affichée de mener la restauration de l’édifice inscrit au titre des monuments historiques et comportant des orgues classés. Le montage du dossier (études, financement et sélection des titulaires des marchés publics) demanda une décennie pour le lancement d’une première phase de travaux en 2007, malheureusement interrompue en 2008 pour cause de dommages causés lors des opérations censées conforter le clocher. Il en résulta une phase contentieuse dont le jugement de 1ère instance n’a été rendu qu’en 2019. L’association a en tout état de cause piloté en parallèle une importante opération d’appel aux dons menée tant auprès des habitants de l’agglomération qu’au-delà (notamment auprès des valenciennois d’origine ayant essaimé sur l’ensemble du territoire national, voire au-delà) au succès avéré avec près de 130 000 € versés par près de 3000 donateurs en à peine deux années.

Par-delà les déboires des travaux impactant inévitablement la souscription, l’association entretient la valorisation de l’édifice par la mise à disposition de documentation soulignant la richesse artistique et patrimoniale de la basilique (brochures…), l’édition d’un ouvrage (2011) consacré au vitrail des ursulines rédigé par un universitaire, la mise en ligne du site internet basilique.saint-cordon-valenciennes.fr et la page Facebook associée, la participation récurrente aux opérations menées par le comité de sauvegarde du patrimoine valenciennois, la promotion des orgues classés en lien avec l’association des amis de l’orgue, les contacts pris avec la mission Stéphane Bern…

Par ailleurs, les responsables de la ville et du sanctuaire réfléchissent à la future animation de la basilique. En l’état actuel de la réflexion (2022), plusieurs pistes sont évoquées :
- Le retour de la statue à la basilique qui retrouvera sa fonction de sanctuaire et donc de lieu de prière permanente. Dans l’hypothèse d’une restauration complète de l’édifice, le chœur actuel serait le cadre idéal pour le sanctuaire et la statue de Notre-Dame du Saint-Cordon en valorisant les très beaux autels en marbre existants
- Dans cette même hypothèse, les absidioles du déambulatoire constitueraient autant d’espaces muséographiques pour accueillir les plus belles pièces du trésor du Saint-Cordon, des expositions temporaires et un parcours audio-visuel permanent présentant le Tour du Saint-Cordon, en s’inspirant de ce qui a été réalisé dans la ville toute proche de Mons (Belgique), capitale européenne de la culture en 2015, avec le musée du Doudou et la vidéo présentée dans la collégiale Sainte-Waudru.
- La nef et le transept aux dimensions imposantes servirait de cadre à des manifestations artistiques et musicales adaptées au cadre sacré. Les grandes orgues classées (couplées à l’orgue de chœur) de la maison Merklin –déjà restaurées et revenues sur site - pourront retrouver du souffle. Les orchestres du conservatoire et les ensembles valenciennois de musique baroque (Harmonia Sacra, Ensemble vocal de la Chapelle du Hainaut) trouveraient ici un cadre idéal pour leurs concerts et festivals (notamment « Embar(o)quement immédiat » en mai). Le musée des Beaux-Arts pourrait aussi utiliser avantageusement ce cadre pour des expositions temporaires en complément du musée situé à 300 mètres.

Sauvegarde du patrimoine immatériel

Si les mesures de sauvegarde envisagées restent très axées sur un patrimoine bâti très menacé, la vigilance est de mise pour la sauvegarde du rituel lui-même. A celles qui ont été présentées en IV.2, on peut ajouter ce qui est mis en œuvre chaque année pour conjuguer le Tour à l’actualité de la vie de l’Eglise locale ou universelle. 
Ainsi en 2018, une année mariale a été organisée sur le territoire paroissial, dans le souhait que les années en « 8 » en mémoire de l’an 1008 soient particulièrement célébrées. L’année suivante, le Tour s’inscrivit dans une « année Saint-François » à l’occasion des 800 ans de l’arrivée des franciscains à Valenciennes. Concerts, expositions, colloques et célébrations sur ce thème avaient été programmés sur l’année 2019-2020, mais le Covid a tout annulé, hormis l’animation du Tour qui avait été axée sur la spiritualité mariale franciscaine. En 2023, à l’occasion des 150 ans de la naissance de Thérèse de Lisieux, le Tour prendra une coloration carmélitaine avec la présence de l’évêque du diocèse de Sées (Thérèse Martin est née à Alençon le 2 janvier 1873) et d’un père carme qui sera le prédicateur de la neuvaine. 
Déjà, la perspective de l’année jubilaire 2025 (le pape décrète une année sainte tous les 25 ans) sur le thème « Pèlerins d’espérance » habitera la préparation du Tour et de la neuvaine de cette année sainte.

Consentement

Une lettre collective de soutien à la candidature est en ligne depuis le 6 avril 2022 sur le site change.org : « Pour la candidature du Tour du Saint-Cordon au patrimoine culturel de la France » : 2 220 signatures au 17 mai 2022. 700 flyers papier signés pour ceux qui n’ont pas accès au net.

Soutiens


    • Jean-Louis Borloo, ancien ministre et ancien maire de Valenciennes, 
    • Béatrice Descamps, députée. 
    • Les maires de Aubry-du-Hainaut, Crespin, Saint-Saulve, Saultain, Sebourg, Thivencelle
En attente : 
    • Valérie Létard, ancienne ministre et ancienne président de Valenciennes –Métropole.
    • Laurent Degallaix, maire de Valenciennes 

Récits liés à la pratique et à la tradition

Le récit de cette apparition est repris pour la première fois dans un ouvrage de Wicart qui date des années 1550, il se trouve dans un ouvrage intitulé « les Antiquités de Valenciennes ». Il s'agit sans doute de la mise par écrit d'une tradition orale plus ancienne, d'anciens comptes communaux datant du XIVe siècle attestent déjà de l'existence de la procession. A la suite de Wicart, deux autres historiens, Simon Le Boucq et Henri d'Oultreman ont repris ce récit en développant certains éléments.

Inventaires réalisés liés à la pratique

Les principales sources secondaires/indirectes concernent surtout la procession et les édifices religieux et sont conservées : 
- aux Archives départementales du Nord (séries 5H (abbaye d'Hasnon), O (construction de l'église Notre-Dame) et V (inventaires)), 
- à la Médiathèque et aux Archives municipales de Valenciennes (manuscrits enluminés, comptabilité municipale, documents religieux de l'Ancien Régime (fonds GG), collections iconographiques, fonds de particuliers comme ceux d'Alexis Mathieu et de l'abbé Jean Vanhove), 
- par la confrérie des Royés (premières chartes de création de la procession),
- au Saint-Siège, 
- aux Archives diocésaines de Cambrai (fonds 5G (dévotions locales), fonds successifs des archevêques depuis Mgr Sonnois (1828-1913)). 
Les sources directes, les plus importantes, sont celles du fonds paroissial, conservé aux Archives diocésaines de Cambrai depuis peu et dont l'inventaire est en cours. Pour l'heure, 355 articles le composent, datant de 1637 à 2018. Toutefois, celui-ci a été amputé de quelques pièces mais a aussi été enrichi, lors des fêtes du Millénaire, par le don spontané de documents de Valenciennois.

Bibliographie sommaire

Ouvrages imprimés : 


    • Dominique FOYER, Le Saint-Cordon de Valenciennes. 1000 ans d’un miracle (Nouvelle Cité, 2008).
    • Philippe GUIGNET, Nouvelle Histoire de Valenciennes (Toulouse, Privat, 2006).
    • Félicien MACHELART, Le Saint-Cordon  de Valenciennes en cent mots-clés, Valenciennes, 1999.
    • Félicien MACHELART, Valenciennes et le saint Cordon, d'une procession civique à une dévotion mariale, revue Valentiana hors-série, 2009.
    • Pierre PIERRARD (dir.), Histoire des diocèses de France. Cambrai et Lille (Beauchesne, 1978).
    • Henri PLATELLE (dir.), Histoire de Valenciennes (Presses Universitaires de Lille, 1982).
    • Michel POLETTI, Jean-Baptiste Carpeaux, l’homme qui faisait danser les pierres, Montreuil, 2012.
    • Michel POLETTI, Alain RICHARME, Jean-Baptiste Carpeaux sculpteur, catalogue raisonné de l’œuvre édité, Paris, 2013.

Articles :


    • R. JOURDAN, « Catalogue des médailles se rapportant à Notre-Dame du Saint-Cordon », revue Valentiana, 20, 1997, pp. 39-47.
    • Félicien MACHELART, « Iconographie de Notre-Dame du Saint-Cordon », revue Valentiana, 20, 1997, pp. 9-38.
    • Jean-Claude POINSIGNON, Quelques trésors artistiques de la Basilique ; revue Valentiana, 20, 1997, pp. 93-103.
    • Jacques THIEBAUT,  « Quelques observations sur l'église Notre-Dame-la-Grande de Valenciennes », Revue du Nord, 245, 1980, pp. 331-344.

Filmographie sommaire

Chez nous, soyez Reine ! « 1000 ans d’aventures », un film de Fabrice Michiels écrit avec Luc Hossepied, 2008, coproduction Rue des Arts§ KTO, 30’
« Reine des Cieux » concert de la Fanfare municipale d’Haspres pour le millénaire de l’apparition de Notre-Dame du Saint-Cordon 1008-2008. Concert enregistré à Haspres en mai 2008 par SPM Records Productions – 7500 Tournai - Belgique

Sitographie sommaire

Chaînes YouTube : « Catholiques en Valenciennois » ; « KTO » 
Pages Facebook : « Notre-Dame du Saint-Cordon », « Catholiques en Valenciennois »
Sites internet : notredamedusaintcordon.fr ; doyenne-valenciennes.cathocambrai.com

Praticien(s) rencontré(s) et contributeur(s) de la fiche

Jean-Marie LAUNAY ; Recteur du sanctuaire Notre-Dame du Saint-Cordon
5, rue des Moulineaux 59300 Valenciennes 06 81 36 05 87

Dominique FOYER  ; Théologien, spécialiste du Saint-Cordon
12, rue Henri Durre 59300 Valenciennes 03 27 48 82 11

Denys BUDNIOK ; Président de la confrérie des Royés
Rue de l’Atre de Gertrude 59300 Valenciennes 

Catherine PHILIPPE ; Maître en Théologie
catherine.philippe@lille.catholique.fr 06 67 74 05 45

Daniel CAPPELLE ; Maire adjoint de Valenciennes, en charge du Patrimoine
Hôtel de Ville place d’Armes 59300 Valenciennes dcappelle@ville-valenciennes.fr 

Alexandre  BONDUELLE ; Ancien président de l’Association de Restauration de la Basilique
1, rue Maurice Ruffin 59300 Valenciennes 06 75 92 09 82

Franck DE FRIAS ; Directeur des collections et expositions Musée des Beaux-Arts
Musée des Beaux-Arts Boulevard Watteau 59300 Valenciennes 06 77 44 59 11

Alexandre CYBERTOVITCH ; Président du Comité de Sauvegarde du Patrimoine Valenciennois
17, rue Emile Zola 59300 Valenciennes 06 86 71 90 02

Caroline BIENCOURT ; Conservatrice patrimoine diocèse de Cambrai
11 rue du Grand Séminaire 59400 Cambrai 06 81 21 67 33

Edith GODIN  ; Coordinatrice des acteurs du sanctuaire Notre-Dame du Saint-Cordon
Rue Jean Moulin 59300 Aulnoy-lez-Valenciennes 06 62 79 92 15

Véronique BERTIN ; Journaliste à La Voix du Nord
2, boulevard Watteau 59300 Valenciennes 06 82 42 12 77

Bernard KLOPOCKI ; Médecin et musicien, diacre
2, rue Arthur Brunet 59198 Haspres 06 08 62 62 65

Thomas DOUVRY ; Photographe ville de Valenciennes
Hôtel de Ville place d’Armes 59300 Valenciennes 03 27 22 59 00

Métadonnées de gestion

Rédacteur(s) de la fiche

Jean-Marie LAUNAY ; Recteur du sanctuaire, curé-doyen de Valenciennes
5 rue des Moulineaux 59300 Valenciennes 06 81 36 05 87

Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés ou membre(s) de l’éventuel comité scientifique instauré

Dominique FOYER ; Professeur émérite à la Faculté de Théologie de l’Université Catholique de Lille

Lieu(x) et date/période de l’enquête

Valenciennes automne 2022

Données d’enregistrement

Date de remise de la fiche : 23 décembre 2022

Année d'inclusion à l'inventaire : 2023

N° Ministère de la Culture : 2023_67717_INV_PCI_FRANCE_00524

Identifiant ARKH : <uri>ark:/67717/nvhdhrrvswvksw9</uri>

 

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tour_du_Saint_Cordon 

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