Carnaval de Nantes

Le carnaval de Nantes, situé dans le département Loire-Atlantique, en Pays-de-La-Loire, est une fête (anciennement de Mi-Carême) populaire et gratuite, apparue en 1880. 

Le carnaval de Nantes, situé dans le département Loire-Atlantique, en Pays-de-La-Loire, est une fête (anciennement de Mi-Carême) populaire et gratuite, apparue en 1880. Depuis 2011, ce carnaval de parade est organisé par l’association Nantes Évènements Musiques Organisation (N.E.M.O.). Il se déroule sur une semaine et débute par le défilé du dimanche après-midi, suivi du « Bal des Enfants » (anciennement Carnaval des Enfants) le mercredi après-midi, pour se terminer par une parade nocturne le samedi en soirée.

Le carnaval de Nantes, situé dans le département Loire-Atlantique, en Pays-de-La-Loire, est une fête (anciennement de Mi-Carême) populaire et gratuite, apparue en 1880. Depuis 2011, ce carnaval de parade est organisé par l’association Nantes Évènements Musiques Organisation (N.E.M.O.). Il se déroule sur une semaine et débute par le défilé du dimanche après-midi, suivi du « Bal des Enfants » (anciennement Carnaval des Enfants) le mercredi après-midi, pour se terminer par une parade nocturne le samedi en soirée.

À partir d’un thème général, les équipes de bénévoles, appelés carnavaliers imaginent, dessinent puis construisent chars et grosses têtes qui viennent animer les rues nantaises lors des deux défilés. Les chars sont accompagnés d’une chorégraphie adaptée, par leurs équipes de défilants qui ont également répété une chorégraphie adaptée d’octobre à avril.

Lors des deux défilés, de nombreuses fanfares locales, nationales et européennes se joignent au cortège. Le public, essentiellement familial, vient en nombre. Ces deux défilés sont complétés par le Bal des enfants qui propose un concert jeune public en plein air et des animations. Lors de ces festivités, N.E.M.O. met en lumière un Roi-Carnaval, ainsi que trois reines de Nantes. Des reines de Saint-Herblain, une commune historiquement active dans la pratique carnavalesque, sont également mises à l’honneur par le comité des fêtes de Saint-Herblain.

En 2022, la saison carnavalesque a encore mobilisé d’octobre à avril une communauté qui compte environ 400 bénévoles, répartie en 16 associations. L’attachement de nombreux Nantais à leur fête populaire et le succès des mesures de valorisation engagées par N.E.M.O. confirment l’intérêt pour ce patrimoine culturel à la fois matériel et immatériel.

La présente fiche se concentre sur la richesse de son histoire, son savoir-faire dans la construction des chars et grosses têtes et son caractère bénévole, à partir d’une recherche réalisée entre 2020 et 2022.

Le carnaval de Nantes s'appuie sur des catégories d’acteurs interdépendants. Chacun possède un rôle spécifique. On détermine ainsi quatre catégories : les financeurs, les organisateurs, les créateurs et le public.

Les financeurs :

La municipalité de Nantes.

La ville de Nantes finance N.E.M.O. à hauteur de 93 à 95% selon les années. Elle met aussi à disposition de l’association un atelier de 3.000 m2, 9 plateformes autoportées (dans le cadre d’une convention triennale). En termes de communication, l’association N.E.M.O. bénéficie d’une aide à la diffusion de ses affiches (mise à disposition de 190 panneaux Decaux et de 2 à 4 calicots, et diffusion sur les écrans numériques de la Ville). La maire de Nantes, Johanna Rolland tout comme l’ancien maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, et les adjoints à la culture nantais s’expriment chaque année au moment du carnaval. De leurs mots, de leur soutien, de leur participation, ils rappellent que “le carnaval nantais fait partie du patrimoine” et qu’”il traverse la ville depuis l’antiquité”. Ils remercient “les carnavaliers de leurs offrir ces grands moments de fêtes et de joie partagée” 1

Johanna Rolland (maire de Nantes) s’exprime dans le programme du carnaval en 2022 et parle d’un “retour attendu”. Elle remercie les carnavaliers pour cette “passion partagée” et également N.E.M.O. pour “son travail engagé sur la dimension historique et patrimoniale du carnaval ainsi que les réflexions menées sur la manière de transmettre cette tradition aux plus jeunes.”

Aymeric Seasseau (adjoint à la culture) ce niçois d’origine a baigné depuis son enfance dans l’ambiance du carnaval et a retrouvé le carnaval à Nantes avec bonheur. Pour l’élu à la culture, le carnaval nantais est “une multiplicité de croisements de savoir-faire impressionnants, un croisement entre amateurs et professionnels. Aymeric Seassau souhaite également que l'événement soit intégré au positionnement de la ville sur l’imaginaire (parallèle avec Jules Verne : réinterprétation, réappropriation par la ville et les Nantais de l’univers vernien).

Pour Jean-Louis Jossic (ancien élu du conseil municipal de 1989 à 2014, ancien adjoint à la culture, roi carnaval et membre de l’association des “Anciens rois du carnaval”) trois visions du carnaval se distinguent : celle de l’enfant qui s’amusait à regarder les motards faire des acrobaties, celle de l’adolescent et des chants des cocus 2 qui envoyait des sacs entiers de confettis aux passants et celle adulte, où, choisit roi carnaval, il aperçoit la ville et ses rues comme jamais il ne les avaient vues auparavant, “d’en haut, de très haut !”

Pour Olivier Château (adjoint au patrimoine), c’est un “événement populaire” qui le séduit chaque année et auquel il participe volontiers. L’élu au patrimoine et aux quartiers rappelle l’importance d’une fête par essence “subversive” qui permet aux Nantais de s’approprier leur ville et leurs rues et de “faire la fête ensemble” sans entrave et dans une liberté totale le temps du carnaval.

Des financeurs privés s’ajoutent au soutien public de la ville.

Les organisateurs

L’association N.E.M.O. (Nantes Événements Musiques Organisation).

En 2011, suite à la dissolution du Comité des fêtes et de bienfaisance de Nantes, organisateur historique du Carnaval, l’association N.E.M.O. est créée pour prendre en charge l'organisation du carnaval. Le carnaval n'a pas lieu cette année-là et fait son retour très attendu en 2012. L’administration de l’association est assurée par un conseil d’administration qui compte 12 membres, dont un président, deux vice-présidents, un trésorier, un trésorier adjoint, une secrétaire et un secrétaire adjoint. L’association compte par ailleurs une salariée en CDI à temps plein.

L’association fédère les 16 associations de carnavaliers et celle des rois carnaval. Elle gère le budget alloué par la ville qui est en 2022 de 375 000€. N.E.M.O. le répartit ensuite de la façon suivante :

- Construction et animation des chars et des grosses têtes

Groupes de musique, fanfares, bandas, batucadas

Le budget sécurité qui ne cesse d’augmenter

N.E.M.O. est ainsi chargée d’organiser le défilé, de publier l’annonce pour les candidatures des Reines de Nantes (puis d’en gérer la soirée d’élection), de prévoir la sécurisation du parcours, de contacter les groupes de musique. L'association doit aussi passer les commandes en gros de matériaux pour la construction des chars (polystyrène, ferraille, peinture, résine, colle…). Les équipes de carnavaliers se chargent des commandes de petit matériel. Ils avancent les frais (costumes, petits matériels, petits outils…) et fournissent des factures à N.E.M.O. qui les remboursent par la suite.

Les associations et comité d’organisation des élections des Reines de Nantes et des Reines de Saint-Herblain.

Chaque année depuis 1896 3, l’élection des Reines de Nantes est l’occasion de réunir une partie des carnavaliers lors d’un spectacle devenu une soirée. Depuis 2014, une bénévole de l’association Tip Taupes Carnaval s’occupe de l'élection des Reines de Nantes. Une élection des Reines de Saint-Herblain est administrée par une bénévole du Comité des fêtes de Saint-Herblain. Le rôle des reines est de représenter Nantes et le carnaval aux grands évènements culturels. Aujourd’hui, la diminution des participantes et le mode d’élection des reines (fermé au public nantais) interrogent les représentations de ce rituel populaire, traditionnel et sa pérennité.

L’association des anciens Rois carnaval

Elle réunit depuis 2017 les anciens rois du carnaval. Elle a pour but de maintenir un lien entre les Rois carnaval mais aussi de jouer un rôle lors de différents rituels comme la pesée royale ou les baptêmes des carnavaliers. Les rois carnavals sont des personnalités nantaises nommées par le Conseil d’Administration pour représenter le thème de l’année et animer un des chars. Rappelons que ces rois carnaval peuvent aussi être des femmes comme ce fût le cas en 1993, 2007 et 2022.

Les créateurs

Les associations de carnavaliers et défilants-danseurs bénévoles.

À Nantes, les carnavaliers qui construisent les chars et les grosses têtes sont bénévoles. Ils sont réunis en 16 associations. Ces équipes s’organisent pour la construction à l’atelier Maurice Parois, dans une rue qui porte le nom de “rue des carnavaliers” depuis le 26 novembre 2018. Les équipes possèdent chacune un espace dédié et parfois même une cabane où manger, stocker des objets et organiser leur planning de roulement. Les équipes de carnavaliers sont perméables et varient d’une année sur l’autre ; les carnavaliers avec de l’expérience changent assez régulièrement d’équipe. On trouve ainsi les équipes des carnavaliers du Comité des fêtes de Saint-Herblain, des Carnavaliers Herblinois, du Comité des fêtes de Doulon, de Sud Loire Carnaval, des Déjantés, des Céciles et Compagnies, des Alans, des Qui L'u Cru, des Zamuz Rue, des Créations XXL, des Gais Lu’rond Nantais, des Tip Taupes Carnaval, de la Spirit Team, des Do Du Douet, des Jacquadi ou encore des Can’Ailles ! Les rôles de chaque membre sont assez bien définis en fonction des savoir-faire de chacun. Tel membre s'occupe uniquement de la soudure, un autre de la mécanique et de la soudure, un autre encore de l’électricité, un dernier du ponçage et de la peinture. Les “petites mains” s’occupent du papier à coller et des costumes.

Outre les carnavaliers qui se chargent de la construction des chars et des grosses têtes, de multiples personnes issues de divers corps de métiers, ainsi que d’autres “petites mains” aident toute l’année et le jour du défilé à l’organisation de cet événement : couturiers, maquilleurs, électriciens de dernière minute, coursiers, serveurs, grutiers, caristes, vigiles et sécurité, conducteurs des chars, pompiers, traiteurs, chorégraphes amateurs, danseurs bénévoles…

Les équipes de défilants adhérents à l’une ou l’autre des associations du carnaval s'entraînent toute l’année dans différents gymnases ou maisons de quartiers pour proposer une chorégraphie adaptée au thème et aux différentes musiques qui vont accompagner leurs chars. Certains chars peuvent être accompagnés par plus de cinquante défilants costumés et entraînés.

Les artistes, troupes de danseurs et musiciens professionnels du défilé.

C’est N.E.M.O. qui reçoit les demandes des groupes de musique pour participer aux défilés autour des mois de septembre et octobre. Les groupes sont sélectionnés sur deux critères : la diversité et le respect du budget global dédié à la programmation musicale (27.500€). Les batucadas nantaises font partie des groupes récurrents qui ouvrent et ferment les défilés. Les fanfares étudiantes sont également mobilisées. La composition du défilé doit être harmonisée en fonction du nombre de défilants et de musiciens. Ainsi, de nombreux batucadas, groupes de percussions, orchestres déambulatoires et fanfares locales (notamment des grandes écoles) ont animé le carnaval nantais Des fanfares d’autres villes proposent leur venue. N.E.M.O. fait aussi appel à un groupe de musique professionnel pour le concert du bal des enfants et fait participer plusieurs groupes d’enfants comme la fanfare du collège de la Colinière, l’école de la Bottière ou encore la batucada du collège Le Hérault (Saint-Herblain).

Les graphistes : les programmes et les affiches nantaises du carnaval.

Les affiches du carnaval participent à créer l’identité de l’événement et l’attente autour des deux défilés. Le dévoilement des affiches, des programmes, et donc des dates des défilés, a toujours été un moment très attendu des amateurs du carnaval. Depuis quelques années, c’est une graphiste nantaise, qui réalise ces outils de communication : “J’ai le souvenir que le moment de l’affiche, c’était une date très attendue, souvent annoncée aux familles par le biais des maîtres(esses) d’école, il me semble.” déclare-t-elle. Les affiches nantaises de la Mi-Carême devenue carnaval de Nantes ont beaucoup évolué (couleurs, thèmes, charte graphique). Pour ces graphistes “les idées naissent toujours en mélangeant le thème annuel, que les carnavaliers annoncent, accompagnés de leurs projets de chars, et les explorations graphiques dans lesquelles ils sont à ce moment-là”(Angélique Olliveau, 2022).

Le public du carnaval

Le carnaval de jour attire à chaque édition plus de 30 000 spectateurs amateurs de chars et de traditions. C’est un événement éminemment familial où parents, grands-parents et enfants se retrouvent. Si le public adulte ne vient plus déguiser pour assister au défilé, il continue de jouer le jeu en lançant des confettis, en dansant au rythme des différentes fanfares et en applaudissant au passage des chars.

Le carnaval de nuit, plus récent, réunit quant à lui entre 40 000 et 45 000 spectateurs. Le carnaval de nuit est devenu en trois décennies le carnaval préféré des Nantais. Les yeux du public s’illuminent au passage des chars féériques de plus en plus techniques mais aussi grâce aux carnavaliers qui jouent avec le public et font vivre leurs personnages à fond tout en lançant des confettis.

Enfin, le bal des enfants est un moment toujours très apprécié des plus jeunes qui peuvent venir déguisés, se faire maquiller, assister à un concert, mais surtout rencontrer les reines lors de la distribution des bonbons et du goûter. Pour son retour en 2022, après deux années consécutives d’éditions annulées, suite aux mesures gouvernementales pour lutter contre la propagation du Covid 19, environ 4000 spectateurs ont pu assister au concert du bal des enfants.

Une schématisation des rites et pratiques du carnaval a permis d’identifier les éléments du carnaval qui ont le plus de sens et rassemblent les Nantais. L’ambiance, le partage, l’esthétique et la technique des chars sont très appréciés. Si la technique est nécessaire pour surprendre et émerveiller le public, les chars ne peuvent désormais pas faire l’impasse de la participation et des échanges avec le public (mécanique plus humaine activée par des ficelles, plus de danseurs et d’acteurs sur le char). De manière générale, le public nantais reste spectateur, il n’a pas pris le pli de fabriquer des masques pour aller défiler dans la rue. Pourtant, on note un besoin de régression, de faire la fête et d’être ensemble. D’après le questionnaire, environ 80% des nantais interrogés souhaitent participer davantage à l’organisation, à la construction des chars ou au déroulement du défilé. “Pour réenchanter le carnaval, il faut que le public soit acteur, au centre du dispositif ! Je m’en suis rendu compte avec les films de mon grand-père. On a des chars qui empruntent des routes sans surprise.” note un ancien élu à la culture. Aujourd’hui, le parcours est tout tracé. Il n’y a aucune sortie de route, et cela ne permet pas de rencontrer le public ! Certains proposent de trouver des moyens de laisser des traces du carnaval, autres que les confettis, des choses qui permettent aux enfants de s’amuser, de désacraliser la ville, de s’en emparer !

Si la sécurité et le Covid-19 ont fortement fait diminuer les possibilités de contact et d’échange avec le public en début comme en fin de parcours lors du défilé en lui-même, les échanges se sont établis à l’extérieur (plus d’affiches, d’articles de presse, page Facebook et site du carnaval) et à l’atelier de façon plus ponctuelle (portes ouvertes, Journées Européennes du Patrimoine et du Matrimoine, ateliers ouverts aux enfants). De plus, les carnavaliers et les défilants (danseurs, costumiers, accessoiristes) communiquent de plus en plus sur les réseaux (Site web, Blogs, page Facebook d’équipes, Instagram, YouTube…).

 

 

1 Jean-Marc Ayrault, préface, Du carnaval à la Mi-Carême, Pascal Michel, 2010

3 Première reine de Nantes, la reine des blanchisseuses du quartier Barbin, Marie Guilloteau.

Lieu(x) de la pratique en France

Le carnaval se déroule à Nantes en Loire-Atlantique (Pays-de-la-Loire).

Les chars sont construits à l’atelier Maurice Parois (19 rue des carnavaliers, 44300, Nantes).

Pour des raisons de sécurité en lien avec le plan vigipirate et des travaux au niveau de la rue du Commerce, le parcours du carnaval nantais est aujourd’hui concentré dans quelques rues emblématiques de la ville. Les défilés de jour et de nuit démarrent du Cours Saint-André. Ils passent par la rue Sully, le Quai Ceineray, la Place du Pont Morand, le cours des 50 Otages, la rue de l'Hôtel de Ville, la Place Saint-Pierre et la rue de l’Evêché. Le trajet se termine par un retour au point de départ. Au total, il court sur 1,6 km.

Pratiques similaires en France et/ou à l’étranger

En région Pays-de-La-Loire, d’autres carnavals sont encore organisés, à Cholet (Maine-et-Loire) et Pornic (Loire-Atlantique), à Saint-Joachim (Brière toujours en Loire atlantique) qui proposent tous les trois un spectacle de chars et à Coëx (Vendée) avec ses cortèges allégoriques.

En France, il existe d’autres spectacles de chars et de parades : à Nice (avec une équipe professionnelle et un défilé payant), Auxonne, Limoges, Menton, Sergines, Blois, Scaër, Ploërmel, La Rochelle, Saintes, Vitré, Rouillé et Levroux. D’autres villes proposent également des chars carnavalesques, mais ils ont la particularité d’être des carnavals portuaires comme Granville, Douarnenez ou Cancale que l’on peut difficilement comparer à Nantes. Un autre carnaval portuaire, celui de Dunkerque tire son épingle du jeu. Connu pour ses bandes qui défilent derrière le tambour-major, ce carnaval embrase la ville et ses élus tous unis dans la fête et déguisés pour l’occasion. On retrouve aussi des carnavals proposant davantage des cortèges allégoriques tels que : Chalon-sur-Saône, Malemort-sur-Corrèze, Albi, Jargeau, Manthelan, Oucques-la-Nouvelle, Limoux et Talmont-Saint-Hilaire. Enfin, on compte encore des carnavals reposant sur des personnages-emblèmes ou des géants : Paris, Nontron, Saint-Claude, Murs, Chambly, Romans-sur-Isère, Amélie-les-Bains-Palalda, Trélon, Pau, Périgueux, Marcoussis, Saint-Pierre-de-Chandieu, Toulouse, Pézenas, Cassel, Hazebrouck, Bailleul, Steenvoorde et Fresnes-sur-Escaut.

La place de la France en Europe dans ce domaine est donc très singulière. Néanmoins on recense aussi beaucoup d’autres carnavals sur le continent, surtout en Belgique (53), ainsi qu’en Italie (26) et en Suisse (24). Le nombre de carnaval est aussi important en Espagne (16), en Allemagne (12), aux Pays-Bas (10) et au Portugal (9). D’autres carnavals se tiennent aussi au Luxembourg (6), au Royaume-Uni (4), en Grèce (3) et à Malte (2). Enfin, Chypre, la Croatie, le Danemark, le Liechtenstein et le Sénégal (3ème édition à Dakar en 2022) en organisent un chacun. L’autre continent très représenté est l’Amérique, à la fois l’Amérique du Nord (3 au Canada et 8 aux États-Unis) et l’Amérique centrale et du Sud, surtout aux Antilles (10), au Brésil (6) et en Colombie (5). Trois carnavals sont respectivement recensés en Argentine, au Chili, au Mexique, au Panama et au Pérou. Un ou deux enfin sont organisés en Bolivie, à Cuba, à Belize, au Costa Rica, au Guatemala, au Honduras, au Nicaragua, au Paraguay, au Salvador et en Uruguay. Les carnavals sont en revanche beaucoup moins présents sur le continent Africain (4 en Angola et 1 respectivement en Afrique du Sud, au Cap-Vert, en Guinée-Bissau et en Tunisie), en Asie (2 en Inde, 2 en Indonésie, 1 aux Philippines et 1 en Thaïlande), dans l’Océan indien (1 à Maurice et 1 aux Seychelles) et en Australie (1 carnaval).

Les étapes de la saison carnavalesque

La saison carnavalesque s’étale de mai à avril. Elle est ponctuée par différentes étapes que sont :

- la conception du projet

- la construction des chars et création des performances qui les entourent

- les carnaval de jour, carnaval de nuit et bal des enfants

- l’après carnaval.

Mai-juin : conception et choix des thèmes des chars

En mai, les 12 membres du Conseil d’Administration (C.A.) de N.E.M.O. valident le thème du carnaval de l’année suivante. Trois idées sont retenues par le C.A. puis soumises aux votes des carnavaliers. Le thème ayant reçu le plus de voix est officiellement validé et annoncé aux équipes.1 Les carnavaliers ont tout l’été pour réfléchir à leur projet de char. “Après le défilé, on a déjà hâte que ça recommence” (Jacques Sauderais, carnavalier) “Durant cette période, je dors avec un carnet à côté de moi. Je me réveille pour écrire la nuit, c’est peut-être ça qui m’a coûté mon mariage ! Parfois le matin, je ne comprends même plus ce que j’ai écrit !” (Nono, carnavalier).

Septembre-mars : création des performances et construction des chars et grosses têtes

- les différentes performances

Dès le mois de septembre, N.E.M.O. s'occupe du choix des groupes de musique qui accompagnent le défilé. Les groupes sélectionnés sont mis au courant du thème à l’avance pour adapter leurs tenues et leurs musiques. Pendant ce temps, les groupes de défilants bénévoles confectionnent leurs costumes et apprennent les chorégraphies. 

- les maquettes et études

En parallèle, les carnavaliers produisent une étude, une maquette ou un croquis du futur char. Les maquettes sont produites avec “tout ce qui tombe sous la main” comme des ustensiles, des calendriers, de la mousse par exemple. Elles sont réalisées à l’échelle 1/20ème pour faciliter la construction du char par la suite et sont présentées pour validation au C.A. de N.E.M.O.. Certains carnavaliers se sont spécialisés dans ce savoir-faire précieux qui à tendance à se perdre. La réalisation de croquis (estimation de la taille, des matériaux, des fournitures nécessaires) est également un outil précieux pour de multiples équipes.

Les carnavaliers dressent ensuite la liste des matériaux utiles à sa construction. Certains chars demandent plus de 3000 heures de construction. Malgré la communication lors des Portes Ouvertes, les Nantais ont peu conscience de ce temps passé puisqu’ils déclarent à 30.9 % que le temps consacré aux chars se situe autour de 1000 à 2000 heures.

- la structure du char

Les carnavaliers de Nantes réalisent leurs chars de A à Z en commençant par la structure. Elle est faite de barres métalliques. Il faut donc des compétences en soudure pour la réaliser. Depuis les années 1960, une partie des structures ou des personnages du char est articulée. Les articulations sont créées à partir de moteurs fixés sur la structure métallique.

- La sculpture

La structure du char est recouverte d’éléments sculptés. Les carnavaliers peuvent faire usage de pièces en résine polyester façonnées dans des moules en plâtre. Celles-ci sont très utilisées pour créer des petits éléments comme des mains. Ce matériau est avantageux puisqu'il peut être éclairé de l'intérieur selon les besoins. Pour les gros éléments, c’est le polystyrène qui est utilisé. Ce matériau permet aux carnavaliers de réaliser de gros volumes sculptés avec un minimum de poids.

Il faut savoir sculpter cette masse et la poncer pour lui donner la forme souhaitée. On dessine d’abord sur le polystyrène la forme choisie, puis on le découpe à l’aide d’un fil à chaud ou d’un cutter à lame chaude (certains préfèrent directement attaquer à la tronçonneuse). Selon l’effet souhaité, la pièce peut ensuite être lissée avec du papier et peinte.

- Le papiétage 

Le papiétage nécessite le travail de plusieurs “petites mains”. Elles trempent des petits morceaux de papiers (kraft, journal, papier blanc) dans de l’eau chaude et de la colle diluée avant de les disposer bord à bord, légèrement superposés, sur le polystyrène. Cette tâche laborieuse 5 est souvent attribuée aux épouses des carnavaliers qui eux s’occupent du gros œuvre.

- la peinture

Une fois le papiétage terminé, une sous-couche de peinture blanche est appliquée au rouleau, au petit rouleau, au pinceau ou à l’aérographe. L’aérographe, ou « pistolet », produit des effets de reflet ou couvre de peinture les contours délicats, tels ceux des visages. On emploie plutôt le pinceau pour les parties les plus détaillées. La peinture peut être terminée la veille ou le jour même du défilé. Les couleurs appliquées sur les chars sont décrites comme carnavalesques. Elles sont en général très vives, fortes et fantaisistes (rouge, jaune et vert). On assiste à Nantes, à une modernisation esthétique des chars, inspirée par l’univers théâtral ou burlesque. Les carnavaliers utilisent de la peinture à l'eau. Plus rarement, de la peinture acrylique est utilisée pour les pièces métalliques. Une pose de vernis est rajoutée pour protéger de la pluie et pour faire glisser plus facilement les serpentins du char. Cette tâche nécessite une maîtrise et un savoir-faire de plus en plus difficile à trouver “Certains me demandent encore pour les couleurs, la chair, les mélanges... et puis il manque aussi des sculpteurs, il faut être déjà bon en dessin !” (Gérard Dupond)

- La fabrication traditionnelle des grosses têtes nantaises pour les défilés 

Les grosses têtes demandent un savoir-faire qui se transmet de plus en plus difficilement. La réalisation se fait à partir d’un moule en plâtre. Ce dernier est créé à partir d’une base de grillage ou de petits fils de fer recouvert d’argile modelée selon la forme de la tête voulue. Une solution savonneuse est pulvérisée sur cette base avant d’y projeter du plâtre. Entre deux couches de plâtre, des morceaux de toile de jute sont appliqués pour solidifier le tout. Après un temps de séchage, le plâtre peut être démoulé pour être utilisé comme moule. Des morceaux de papier de récupération sont collés à l’intérieur (parfois jusqu’à 15 couches). Là encore après un temps de séchage, la pièce est démoulée. Daniel rappelle qu’une fois sortie du moule, les grosses têtes sont en trois parties (voire plus s’il y a un accessoire). Il faut donc les assembler pour former la tête finale. Les grosses têtes sont ensuite peintes avec de la peinture acrylique. On peut y ajouter des moustaches ou d’autres détails en filasse. L’intérieur est creux de façon à pouvoir être porté. Un portant est intégré à l’intérieur pour que les grosses têtes soient plus faciles à porter. Des costumes cousus viennent finir d’habiller les personnages. Les grosses têtes représentent normalement toujours un personnage 6, mais on retrouve également à l’occasion des sujets qui sortent de l’ordinaire (en forme d’avions ou encore de violoncelles).

Actuellement, un carnavalier est chargé de la réalisation des grosses têtes. En 2022, plusieurs jeunes carnavaliers bénévoles s’intéressent à la transmission et la revalorisation de ce savoir-faire traditionnel pour qu’il perdure au sein de l’atelier nantais.

Fin mars-début avril : la semaine carnavalesque

Les dates des défilés et du bal des enfants peuvent varier d’une année sur l’autre. Elles sont actées en accord avec la ville de Nantes un à deux ans à l’avance afin de ne pas ne pas chevaucher avec d’autres événements.

 

Le carnaval de jour

- La sortie des chars de l’atelier

Ce moment est particulièrement “intense”. “La sortie du char, c’est une naissance !” note un carnavalier. “le défilé c’est l'aboutissement !” ajoute un autre. Le char doit être acheminé jusqu’au cours Saint-André en passant les ponts et les barrières situées sur son chemin. On le place en file indienne jusqu’à sa deuxième sortie, cette fois pour défiler ! Pendant ce temps d’installation, les défilants se préparent à l’atelier dans une ambiance festive et joyeuse, puis prennent le départ en navettes pour rejoindre le défilé.

- Le défilé

Les chars sortent du cours Saint-André selon un ordre établi. Chaque char est précédé d’un groupe de défilants. Des groupes de musique sont intercalés de façon à ce qu’une harmonie auditive soit respectée. De manière générale, le char du roi démarre le cortège et le char des reines le clos.

- Le bal des enfants

Il se déroule toujours le mercredi qui suit le défilé de jour. De nombreuses animations sont prévues et un goûter gratuit est distribué.

- La préparation des éclairages des chars et la parade de nuit 

Depuis 1990, une parade de nuit vient clôturer ces trois jours de festivité. Entre les deux défilés, les carnavaliers doivent terminer de parer les chars d’éléments d’éclairage et ils en profitent pour remettre en état les parties abîmées lors du défilé de jour. Chaque carnavalier dispose de projecteurs alimentés par un groupe électrogène. Chacun recherche le meilleur angle pour faire ressortir les couleurs et les formes des sculptures.

Les figures présentes aux défilés

- Le Roi carnaval

Le roi carnaval représente une personne connue des Nantais pour des activités touchant à l'animation et à la vie de la ville (commerçant, employé des PTT, artiste, danseur, coiffeur, animateur, journaliste, artisan…). Le roi est choisi parmi plusieurs noms proposés par les membres de N.E.MO. Lors d’une assemblée générale. La personne retenue est contactée par le président et si elle donne son accord, la décision est aussitôt entérinée. Aujourd’hui, la tradition du Roi Carnaval se compose de quatre étapes majeures : la désignation, la pesée du roi, la présentation officielle, et le défilé sur son char. La recherche de ce roi se coordonne si possible avec un évènement important devant se dérouler dans la ville afin de créer un ensemble cohérent. Devant le flop de la désignation de célébrités (nationales) qui ne jouent pas suffisamment le jeu, le C.A. et les carnavaliers décident de ne proposer que des Rois-Reines nantais.e.s à partir de 2019.

En 2017, l’association des anciens rois du carnaval est créée et décide de remettre en lumière le rituel de la pesée du roi. On prend alors la vieille balance qui traîne dans l’atelier lors de la soirée d'illumination des chars ou lors de la soirée de clôture du carnaval pour peser le roi. Les vignerons des Vins de Nantes sont chargés de remplir le côté vide de la balance de cartons de vin pour équilibrer avec le poids du roi. En général, le roi offre son poids en vin aux carnavaliers. Parallèlement, le roi est intronisé par la Confrérie des chevaliers Bretvins. Il devient officiellement ambassadeur des produits locaux comme le muscadet.

Les défilés de jour et de nuit représentent la dernière étape où la figure du roi représente la ville et les carnavaliers. Le sceptre et la couronne qui lui sont offerts sont réalisés par un carnavalier.

- Le Roi ou la Reine des carnavaliers

Depuis 1985, un roi ou une reine est également élu de façon interne parmi les bénévoles du carnaval. À ne pas confondre donc, ni avec le “roi-reine carnaval” (choisi par N.E.M.O.), ni avec les reines de Nantes. En général, lorsque le “roi carnaval” est un homme, les carnavaliers choisissent une reine des carnavaliers et inversement Les rois et reines des carnavaliers n’ont pas de fonctions particulières, ni de chars particuliers pendant le défilé. Ils portent toutefois une écharpe, un sceptre et une couronne. Un cadeau leur est aussi offert. Ils sont intronisés lors de la traditionnelle galette des rois partagée entre les carnavaliers. Le roi ou la reine a ensuite à charge d’organiser un pot de remerciement à destination des bénévoles de l’atelier.

- Les Reines de Nantes

Les reines de Nantes sont élues depuis 1999 lors d’une soirée. Environ 400 personnes y participent chaque année en comptant le jury, les organisateurs et le public. La reine et ses dauphines sont élues parmi huit candidates présélectionnées. Leur élection repose sur le vote du public présent convoqué sur invitation (les carnavaliers et leur famille, famille des reines et partenaires invités). Ce dernier est pondéré par le vote d’un jury composé des partenaires du carnaval (costumière des reines, membre d’un carnaval extérieur, célébrités nantaises, ancien roi...). Les votes du public présent se font par bulletins (remis à l’entrée de la salle et récupérés à la moitié de l’élection).

En matière de critères de sélection, outre le critère d’âge (moins de 25 ans), les reines doivent être nantaises (ou vivre dans les alentours) et ne pas avoir d’enfants. Les reines de Nantes sont présélectionnées par le C.A. N.E.M.O. prend en charge la totalité des cadeaux qui leurs sont offerts (autrefois il existait des partenariats avec les commerçants). Chaque reine reçoit ainsi un bouquet, un panier garni, un livre sur le carnaval, une médaille, une tenue de cérémonie et une tenue de ville et un coffret cadeau. Les anciennes reines ou le roi remettent les écharpes et les couronnes aux nouvelles élues.

Les reines sont les ambassadrices officielles de la ville de Nantes. Elles doivent ainsi accepter d’être disponibles sur toutes les dates évoquées par N.E.M.O. À ce titre, les reines de Nantes débutent leur règne par une réception en mairie. Elles sont ensuite invitées à participer à de nombreuses manifestations nantaises et à des festivités organisées par d’autres villes (traversée de Nantes en vieille voiture en septembre, Fête des Jonquilles de Saint-Etienne-de-Montluc en avril, taille de la vigne au quartier du Bouffay au printemps, biennale de Fontenay-le-Comte…).

Les reines de Nantes ont généralement dans le carnaval depuis leur enfance. Elles ont suivi le défilé, soit de l'extérieur, soit par le biais de leur famille qui figure parmi les équipes de carnavaliers. Certaines rejoindront des équipes pour construire elles aussi des chars après leurs années de règne.

- Les reines de Saint-Herblain

Les candidatures se font fin décembre : les filles doivent remplir certains critères dont avoir entre 18 et 25 ans, être célibataire sans charge familiale et habiter Saint-Herblain (ou alentours). Les reines sont élues lors d’une soirée spectacle appelée “élection des reines” qui a lieu en février. Les trois reines sont reconnues au même niveau (pas de dauphines). Elles font deux passages de présentation dans la tenue qu’elles souhaitent. Il y a 30 votants (10 représentants des diverses associations de la commune, 10 carnavaliers différents chaque année et le plus neutre possible, 10 personnes du public, parfois les reines de Nantes sont conviées à voter également). Ce sont les “Mariées de Nantes” qui offrent les tenues de soirée aux filles. Les tenues civiles, quant à elles, sont offertes par le Comité des fêtes de Saint-Herblain. Comme les reines de Nantes, celles de Saint-Herblain sont amenées à représenter le carnaval à diverses manifestations. Lors du carnaval de Nantes, les reines de Saint-Herblain n’ont pas leur propre char comme c’était le cas auparavant. Elles paradent sur celui du Comité des fêtes de Saint-Herblain.

Après la semaine carnavalesque

Des chars entiers sont retenus pour participer aux défilés de Saintes, Granville ou encore de Damgan. Dans la dernière décennie, Limoges était la ville qui achetait le plus de chars avec Saintes en seconde position. Concernant les locations, Royan était la ville la plus demandeuse en 2009. Pour Cyrille Duret, chargé de la commission ventes et locations : “Ces sorties sont l’occasion de tisser des liens entre les différentes équipes puisque l’idée est de travailler à plusieurs équipes sur un projet.”

Les autres chars sont démontés pour être revendus ou loués à d’autres comités des fêtes qui élaborent des scènes totalement différentes de celles présentées à Nantes. C'est ainsi que l'on a pu retrouver des éléments de chars ou des grosses têtes nantaises jusqu’à Ploërmel, Libourne, Albi, Vitré, La Rochelle ou encore Nice. Cette requalification des chars et leur ré-utilisation est souvent vécue comme une immense fierté car le char revit ailleurs.

4 Voir liste des thèmes en Annexe 4.

5 La différence de température entre l’eau chaude et l’air ambiant souvent glacial dans l’atelier des carnavaliers fait gercer les doigts.

6 Historique rédigé par le comité des fêtes pour l'exposition 1999.

Français

Patrimoine bâti

Si autrefois plusieurs hangars de construction étaient répartis dans la ville (à Doulon, à Saint-Herblain…) désormais un seul lieu permet une cohésion de groupe. L’atelier Maurice Parois. Situé au 19 rue des carnavaliers à Nantes (44300). Les bénévoles carnavaliers y travaillent tout au long de l’année. C’est également là que se trouvent les bureaux de N.E.M.O. Les carnavaliers y ont leur cabane, leurs outils mais aussi leurs habitudes.

Objets, outils, matériaux supports

  • Maquettes et éléments du char

- Bois, papier blanc, journal
- Mousse polyéthylène, dite « Plastazote », pour certains éléments de décor ; elle était encore, dans les années 2000, dominante dans la réalisation des effigies ou personnages des chars ;
- Craie et feutres
- Polystyrène pour les éléments du char et certains personnages
- Armature et façonnage : outils utilisés pour façonner les armatures en acier ainsi que les éléments du char en polystyrène
- Fer profilé pour l’armature des chars (cornières, carrés, platines pour embases de structures personnages, etc)
- Scie à métaux
- Pistolet à soudure et poste à soudure (arc)
- Tronçonneuse 

Peuvent être également utilisés :
- Différents types de couteaux 
- Fil à chaud pour découper, après traçage, les gros blocs de polystyrènes ou plaques
- Cutter à lame chaude et cutter chauffant en forme de U pour évider le polystyrène en vue d'insérer l'ossature métallique avant le collage des blocs.
- Râpe pour le bois
- Lime pour l'ébarbage des métaux. Indispensable pour la finition des pièces et la sécurité.
- Un exemple lors de la réception des barres de ferraille de 6 mètres coupées à 4 mètres pour le rangement. Systématiquement les coupes sont ébarbées avant le rangement
- Brosse à métaux et papier de verre pour poncer le polystyrène (il doit être le plus lisse possible avant l’étape du papiétage pour une bonne adhérence du papier)
- D’autres préfèrent l'utilisation de “bons couteaux de boucher car on sent mieux les formes à venir !”
- Ponceuse.

Finition papiétage et peinture :

- Pistolet à colle
- Colle à papier et résine polyester
- Divers pinceaux
- Peinture à l’eau ou plus rarement acrylique (nuancier ou guide des mélanges)
- Vernis pour protéger de la pluie et faire briller.

Matériel électrique, mise en lumière et musique des chars

- Perches (utilisées pour repousser les fils électriques qui ne sont pas à hauteur réglementaire. Par exemple, les fils électriques de chantier)
- Groupes électrogènes pour alimenter le char en électricité (musiques et lumières)
- Led et spots

Costumes des personnages et des défilants

- Tissus parfois achetés dans des entreprises spécialisées ou chez “Tout pour les fêtes” enseigne locale ou en ligne (de plus en plus courant). Les carnavaliers chargent ensuite généralement les femmes de l’équipe de transformer, améliorer, retoucher les costumes commandés en lot.
- Bandes velcro
- Filasse ou cordes pour moustaches, cheveux et autres détails du visage

Accessoires festifs

- Bonbons distribués par les reines et certains carnavaliers depuis leur char lors du défilé
- Confettis biodégradables issus de papier brut garanti sans plomb et sans encre (achetés en grosses quantités à l’entreprise Cotillons d’Alsace)
- Lance-confettis, canons et fusils à confettis, etc.

Tous ces matériaux et accessoires sont généralement achetés chez des grossistes, des entreprises locales, nationales ou parfois même à l’étranger, tel le tissu des costumes. C’est en ligne aussi que la plupart des équipes se fournissent en costumes et en accessoires.

Apprentissage et transmission directe

Les carnavaliers-constructeurs de chars valorisent la transmission directe de leurs compétences et savoir-faire techniques. Les équipes apparaissent comme un système hiérarchique clôt dans lequel depuis de nombreuses générations, les carnavaliers partagent une relation familiale, affective, incorporée et transmise avec la pratique. On peut décrire la pratique comme une passion acquise via l’environnement familial des carnavaliers. Plusieurs grandes familles de carnavaliers participent ainsi depuis des générations et se transmettent ces savoir-faire (les Duret, Vaccaro, Duval, Huchet, Fouré, etc.) L’activité permet de belles rencontres mais la pratique bénévole peut être si prenante qu’elle phagocyte les autres éléments de la vie de famille. Certains carnavaliers aujourd’hui divorcés ou qui ne se sont jamais mariés parlent d’une vie de famille “chamboulée” par leur passion. Concernant cette passion, certains parlent d’une addiction, d'autres d’un virus du carnaval !

Aujourd’hui, les possibilités sont nombreuses d’intégrer une équipe et de se former à la construction de chars (annonces sur les sites, portes ouvertes, journées du patrimoine et du matrimoine). On trouve des parcours d’accès et de transmission diversifiées « Ma mère et mon père voulaient me trouver une activité. Je bricolais tout le temps mais j’étais trop jeune pour les autres activités. Ma mère connaissait le roi carnaval de 2012, et on est venu, mais j’étais étranger à toute cette famille, ce milieu. Ils étaient tous plus âgés, en famille… Mais j’ai été bien intégré, je crois ! » raconte un carnavalier qui fête déjà à 22 ans ses 10 ans de carnavalier.

De ce point de vue, l’atelier peut constituer un véritable “centre de formation” pour les novices. “Moi quand je suis arrivé, je ne savais rien faire ! On apprend tout sur le tas, c’est une véritable école !” raconte un autre carnavalier. Ces carnavaliers répondent aussi à une dynamique de socialisation par une première initiation (en tant que défilants ou en tant que petites mains de dernières minutes). L’appropriation de la culture du carnaval se fait aussi à travers des passages initiatiques. Elle s’effectue dans une sorte d’acculturation, de moments de convivialité (baptême des carnavaliers, galettes des rois, soirée de clôture, apéritifs, etc.) entre les équipes. Cependant, plus les chars avancent en technique et moins les équipes trouvent de bénévoles motivés à y consacrer du temps. Les jeunes carnavaliers élaborent de nouvelles stratégies (chars plus simples, moins techniques, plus rapides à construire).

N.E.M.O. est impliquée dans la transmission de la pratique : recherche de bénévoles, organisation d'événements, portes ouvertes, ouverture de l’atelier lors des Journées Européennes du Patrimoine et du Matrimoine, communication traditionnelle et numérique, reportages vidéos et photos des gestes et savoir-faire.

Les équipes de carnavaliers participent à l’organisation du défilé mais aussi à une transmission directe des savoir-faire au sein de l’atelier dans leurs propres équipes, entre les différentes équipes et avec des novices. Ils participent à une transmission indirecte via leur communication sur les réseaux. Ces échanges réguliers permettent une reconnaissance et une valorisation externe de la pratique. Enfin, plusieurs carnavaliers participent à cette transmission directe à travers des ateliers de création de masques ou autres accessoires pour les enfants dans des centres aérés ou des écoles.

Le vidéaste Matteo Petremann a filmé à plusieurs reprises ce qu’il appelle “les coulisses du carnaval”1. Son travail, visible sur YouTube, agit sur la sauvegarde par la transmission des gestes des carnavaliers auprès d’un public plus large que les visiteurs réguliers de l’atelier et leurs familles.

Enfin, les médias et la presse participent d’une transmission indirecte de la pratique par la diffusion des informations mais aussi des photos et des vidéos prises dans l’atelier au moment de la construction des chars.

 

1 L’usine à rêve : les coulisses du Carnaval de Nantes 2017, https://www.youtube.com/watch?v=DjQVJKztRaM, YouTube, 10 avril 2017.Du rêve à la réalité : les coulisses du Carnaval de Nantes 2018, https://www.youtube.com/watch?v=Br8K99pFK5k, Youtube, 27 avril 2018. Les coulisses du Carnaval de Nantes 2019, https://www.youtube.com/watch?v=pa6wHr6n5fU, Youtube, 14 avril 2019.

Des mascarades du Haut Moyen Âge aux bals masqués

On trouve à Nantes jusqu’au XVe siècle les traces de Fête des Fous où on juge chaque année le Mardy-gras qui est condamné au feu. Au XVIe et XVIIe ces fêtes laissent la place aux “Masquarades” en provenance d’Italie et à leurs chars allégoriques. Le premier carnaval nantais enregistré dans les archives date de 1539 et le premier bal masqué de Nantes de 1729.Les dirigeants interdisent les bals masqués publics mais les déguisements continuent chez les particuliers et dans les rues et en 1800 ils sont tous rétablis. 1

Cavalcade, batailles d’oranges et Mi-Carême de Nantes

Le 27 janvier 1805 a lieu la cavalcade qui s'intitule Don Quichotte. Place Impériale (Royale), a lieu un premier divertissement « jeux d'oranges »2 qui va devenir la fameuse bataille d’oranges de Nantes. Entre 1851 et 1885, ces jeux font l’objet d’interdits municipaux suite aux plaintes des commerçants dont les devantures sont abîmées.3 Les fruits sont alors remplacés par des pois fumants, bombes, vessies gonflées4, eux aussi interdits ! À la fin du XIXe siècle, les batailles d’oranges sont définitivement remplacées par les batailles de confettis.

En raison du mauvais temps, la cavalcade du mardi gras du 10 février 1880 ne peut défiler. Une demande auprès du maire Julien Charles Lechat, est adressée par les étudiants pour reporter les festivités au jeudi 4 mars, jour de la Mi-Carême. La requête acceptée, la Mi-Carême de Nantes est née. Le premier magistrat déclare que ce jour sera désormais férié.”5

Cette année-là, le char des blanchisseuses6 et le bateau des Régatos sont les deux premiers chars carnavalesques à défiler accompagnés par les lancés d’oranges. Pour que la Mi-Carême aît lieu en 1881, les commerçants signent une pétition. Une affiche de 1885 indique l'autorisation des masques dans la ville. Dès la troisième édition, l’ambition “commerciale” et “touristique” nantaise ne fait pas de doute. En 1894, la Chambre syndicale du commerce de détail prend les rênes du défilé. Le 1er février sous l'impulsion de M. Lafont et de ses collaborateurs, le carnaval renaît et remporte un succès considérable. Pour la première fois, les rues sont décorées au moyen de gaillardets7. La guerre interrompt les défilés de la Mi-Carême et du carnaval qui reprennent entre 1920 et 1939. Durant cette période les défilés ont bien lieu, mais le manque d’implication des organisateurs fragilise leur attractivité. Aimé Delrue propose des solutions pour dynamiser l’événement mais la Seconde Guerre mondiale interrompt ses efforts.

Les premières reines de Nantes

La première Reine de Nantes est élue en 1904. À cette époque, elle partage son trône avec la reine des blanchisseuses.8 C’est en 1947 que les premières reines du carnaval contemporain sont élues. Historiquement on trouve des reines venues de différents quartiers, d’autres communes mais aussi de différentes corporations représentées sur les chars nantais. Des chars pouvaient aussi représenter ces figures féminines à travers des hommes grimés en femmes. Le côté subversif et identitaire du défilé se révélait donc aussi et surtout au moment du passage du char des reines.

Le premier roi carnaval

Historiquement, le roi du carnaval était un homme, de plus de 60 ans, reconnu pour son implication dans la vie locale. Ce dernier était aussi représenté sous la forme d’une figure brûlée à l’issue du carnaval. Plus tard, ils sont remplacés par une simple effigie carnavalesque (toujours brûlée à la fin des festivités). Le retour d’une nomination accompagnée d’une tête sur le char date de l’édition de 1924.

Histoire des grosses têtes

Si autrefois, quelques grosses têtes étaient confectionnées par la famille Peignon, puis par M. et Mme Hubert, ou encore M. Pichaud, le public nantais aussi confectionnait ses propres grosses têtes pour le jour du défilé. On trouve également à cette époque des sortes de masques intégraux pouvant rappeler les grosses têtes actuelles. Depuis la fin des années 1990, la majorité des grosses têtes qui défilent à Nantes sont à la charge de l’équipe Do Du Douet. Au début une partie des grosses têtes étaient achetées à Nice, puis à Lyon (faites à Nice). L’association a fini par en réaliser la majorité. Patrick Grey a aussi apporté son aide à la confection des grosses têtes. Il a créé celles destinées à défiler à Montréal dans le cadre du Festival Juste pour Rire sur la base des moules de Daniel Dupouet. Il était par ailleurs chargé de réparer les anciennes grosses têtes jusqu’à son décès en 2017.

Du renouveau de la Mi-Carême au carnaval contemporain

Après la seconde guerre mondiale, grâce à Aimé Delrue et au soutien de diverses associations, les grosses têtes défilent de nouveau dans les rues de Nantes le jeudi et le dimanche. Ce sont désormais des équipes de carnavaliers bénévoles qui construisent les chars dans des locaux mis à leur disposition par des entreprises de la région nantaise. À cette époque, les hangars sont situés aux quatre coins de la ville. On trouve alors à Nantes, des petits chars et des animations pour tous. Ces chars rattachent et rassemblent le public : le char des pauvres, le char du Bœuf gras, le char des PTT, les majorettes de la vaillante de Vertou, la cavalerie du Spahis, les chars de Doulon, de Trentemoult, de Saint-Herblain, des motocyclistes de Sucé-sur-Erdre, des entreprises Vita Raisin, de la Cloche, du marchand de fer, celui des fleurs en papiers, etc. La caravane publicitaire est aussi vécue comme un élément attractif majeur : “il y avait la caravane des Cafés Houdet. C’était un commerçant nantais, et sur sa caravane il y avait des motos qui faisaient des acrobaties !" se souvient Jean-Louis Jossic. À cette époque, des gaillardets décorent la ville et l'intrigue qui consistait à interpeller et piéger des gens, en étant masqués, se pratique dans la rue, les cafés mais aussi dans les maisons particulières. On brûle également des éléments des chars et le feu de joie est doublé d’un feu d’artifice jusqu’en 2016.

Aimé Delrue décède en 1961, c’est à ce moment-là que selon les journalistes Fréderic Thual et Yves Labbé : “la foule devient plus spectatrice. Plus statique. Plus consommatrice.” Pendant 50 ans se succèdent plusieurs présidents du Comité des fêtes. En 1980, Les Portes ouvertes de l’atelier sont instaurées et se déroulent depuis chaque année en février. À la fin des années 1990, un homme tente de donner une plus grande place au carnaval et s’entoure de professionnels avec pour objectif de faire évoluer le carnaval en le professionnalisant (directeurs artistiques et techniques sont engagés), mais la gestion entrepreneuriale de cet événement génère des frictions. Le Carnaval de nuit est créé en 1990.

En 1997, on célèbre les cinquante ans du carnaval contemporain.

En 2005, la création de l’Association des Carnavaliers Nantais qui regroupe plusieurs associations participant à la réalisation d’un char et à son animation marque un autre tournant.

En 2007, le désir de professionnalisation du carnaval de Nantes est symbolisé par la participation au festival Juste Pour Rire de Montréal. Les chars et les grosses têtes sélectionnées traversent l'Atlantique en conteneurs. Malgré le succès de ce déplacement, l’environnement de contraintes juridiques et financières remet de l’huile sur le feu. Des carnavaliers démissionnent alors et ne reviennent pas. En 2010, le bilan économique est désastreux et s’ensuit la liquidation du Comité des fêtes. Fin 2010, les carnavaliers souhaitent la mise en place d’une structure associative. Les carnavaliers proposent à Paul Billaudeau de prendre la tête de cette nouvelle association nommée N.E.M.O. Les carnavaliers se divisent autour de la nouvelle structure et un audit est organisé en 2011. Depuis fin 2011, l’association N.E.M.O. incarne une nouvelle dynamique et une forme de résilience des carnavaliers et de ses organisateurs en tentant de “réconcilier la famille des carnavaliers”. Le but de N.E.M.O. est de maintenir une association ouverte mais contrôlée. Les statuts de celle-ci sont changés pour l’inscrire dans la durée. N.E.M.O. devient alors une association qui regroupe seize structures associatives carnavalières et des personnalités de la société civile. Le budget pour les chars est remis à plat pour redonner la main des achats aux carnavaliers. N.E.M.O. tente de revenir aux fondamentaux du carnaval, à son ancrage populaire, aux questionnements de ses savoir-faire et de ses rituels et à l’amélioration de son côté participatif et festif.

1 Vieux carnavals nantais ([Reprod. en fac.sim.]) / Jean Belfond ; préface de G. Rondeau, 1930.

2 Les batailles d’oranges seraient issues de l’habitude des jeunes de la bourgeoisie de s’offrir des oranges.

3 En 1860, la mairie déclare “défense est faite aux personnes placées aux fenêtres et aux balcons des maisons de jeter des oranges, des fruits et autres objets sur les masques et les promeneurs.” Thual Frédéric, Labbé Yves, « La Mi-Carême de Nantes : Trois siècles de festivités carnavalesques », ArMen, n°74, février 1996, pp.2-19

4 Autres projectiles interdits (cités dans la presse de 1953) : Sont interdit la vente et l'usage de pois fulminants, des pétards et autres engins de même nature, de plume de paon, de lance-parfum, de balles élastiques et tout autres engins de nature à produire des taches, blessures et autres contusions mêmes légères.

5 Anthony Jarnaud, Extrait du chapitre Carnaval de Nantes/ Partie XVI Les CARNAVALS et CAVALCADES SPECTACLES (ouvrage à paraître)

6 Il s'agissait alors d’hommes masqués jouant les rôles de reines.

7 Voir lexique en annexe

8 Pajot Stéphane, Personnages pittoresques de Nantes et Loire-Atlantique, Mémoire et racines, Editions d'Orbestier, 1999.

Evolution technique et esthétique des chars

 

Jusqu’en 1955, les chars sont faits en ossature bois, cercles de barriques et grillages recouvert de serpillères trempées dans du plâtre. La peinture de finition est produite à partir de poudre diluée dans de l’eau. Les carnavaliers se souviennent aussi qu’ils se servaient parfois de camions militaires ou d’une fourgonnette qu’ils découpaient pour en garder le châssis métallique. Entre 1955 et les années 1990, les métallos des Chantiers de la Loire introduisent la technique des structures métalliques. En 1964, la structure des chars en bois, grillage et plâtre est remplacée par une structure en métal, grillage et papier qui allège le poids des chars. Le polystyrène est introduit dans les années 1984 et 1985. Depuis 2022, des réflexions sont engagées pour réduire l’usage de ce matériau.

Des carnavaliers sont connus pour avoir participé à l’évolution des chars tant au niveau esthétique que technique. Jacques Vaccaro (chef d’orchestre) initie des chars théâtraux principalement en bois centrés autour d’un décor. Vincent Vaccaro (chef d’orchestre) , à l’instar de son père, met en avant dans une vision globale du char une forme d’esthétique et un savoir-faire issus du théâtre. Claude Duret (mécanicien) est reconnu pour son imagination et les systèmes articulés de ses chars. Yann et Jacqueline Lancien (artistes du mouvement) sont connus eux aussi pour avoir réalisé de nombreux chars articulés de grande qualité dès l’année 1989. Aujourd’hui, les chars sont tous activés électriquement.

 

La disparition des chars fleuris et la transformation des techniques de maquettage

 

Louis Chevalier est connu pour être le spécialiste des chars fleuris. Ses réalisations nécessitaient un savoir-faire et une organisation spécifiques puisque les fleurs devaient être placées sur les chars à la dernière minute pour rester fraîches. La pratique du char fleuri à Nantes s’est éteinte avec lui.

Depuis la disparition de Patrick Grey et le départ d’Anthony Jarneau (30 maquettes à son actif), la tradition des maquettes en bois et mousse laisse place à partir de 2022 à des maquettes en impression 3D.

Evolution de la fonction sociale du carnaval

 

Le carnaval est un événement qui a longtemps permis aux quartiers d’affirmer leur identité (carnavaliers de la butte, de Trentemoult, de Saint-Herblain, de Doulon, Malakoff, Chantenay). Dans les districts, communes attenantes et quartiers nantais, les carnavaliers se disputent à coups de meilleurs chars. Dans les années 1920-1930, comme le précise Jean-Louis Jossic, ancien roi carnaval : "c'étaient des petits chars et chaque quartier avait son char !” Jusqu’en 1961, voire jusqu’en 1995, les éléments de chars sont construits sur des plateaux appartenant à des particuliers ou à des entreprises mettant des locaux et parfois du matériel à la disposition des organisateurs du carnaval. On trouve encore jusque dans les années 1990 des chars de quartiers ou plus communautaires. Cette fonction sociale du carnaval dans les quartiers est aujourd’hui une piste pour dynamiser les interactions avec le public.

 

Evolution des costumes et des confettis

 

La famille Peignon à Nantes est l’une des plus anciennes entreprises de confection et location de costumes en France. Elle fabriquait aussi des masques. Après les années 1940, l’activité des Peignon se recentre sur les costumes. “Les gens venaient s’habiller et se déshabiller dans les ateliers Peignon, ils y laissaient leurs affaires le temps du défilé. Il y avait la queue avec des tickets pour les costumes des soirées, beaucoup de monde.” note un témoin.

 

Jusque dans les années 1960, les Nantais qui assistent au défilé et aux bals déguisés, participent à l’intrigue, portent des masques intégraux et les confettis jonchent les trottoirs jusqu’à ne plus les distinguer. "Mon père était ami avec Pierre Péan. Le jeudi était férié, alors il nous fournissait dans son magasin en sacs de confettis. On se costumait et puis on allait déverser les confettis. Dès qu’on en avait plus, on allait se recharger. On avançait tous ensemble en chantant en monômes1 et en criant aux cocus !” (Jean-Louis Jossic) Aujourd’hui, les confettis restent très attendus des enfants qui se pressent pour les ramasser ou les lancer. Le public dans sa grande majorité a abandonné le déguisement et seuls les enfants portent des costumes de super héros et autres personnages fantastiques.

 

Si plusieurs commerces permettaient aux Nantais de se costumer et de se fournir en confettis, désormais seul le magasin de déguisement nantais “Tout pour les fêtes” joue le jeu et annonce la semaine carnavalesque. Charlotte, la directrice, orne depuis 2014, ses vitrines de costumes et passe aussi des annonces sur les réseaux sociaux. “Les clients nous demandent beaucoup les dates du carnaval, le parcours. Je pense qu'il serait intéressant que les vitrines des commerces soient à l'image de celui-ci, que les écoles du centre-ville de Nantes et de l'agglomération fassent leur carnaval en fonction de celui de N.E.M.O. ! Et que toute la ville vive au rythme de celui-ci pendant une semaine !”

Évolutions de l’écosystème carnavalier et des motivations

Si l’aventure humaine prime sur la construction, côté technique, on assiste bien à une sorte de surenchère aux mouvements. Grâce aux nombreux tutoriels disponibles en ligne, les carnavaliers se découvrent de vraies passions de constructions. L’ambiance du carnaval est également plébiscitée même si celle-ci a évolué. Du côté des constructeurs, le changement d’atelier, en 1995, a engendré une légère dégradation de ce réseau d’interconnaissance et de sociabilité. De la même manière, le réfectoire, ancien lieu de convivialité de l’ancien hangar, n’a pas encore trouvé d’équivalence à l’atelier Maurice Parois. Ce sentiment a été renforcé par des contraintes sanitaires post-covid. Plusieurs carnavaliers souhaitent développer les échanges avec l'extérieur (artistes, étudiants, compagnons du devoir). La fierté apparaît aussi comme l’une des motivations majeures : de voir les gens heureux, les grosses têtes et les costumes portés, de voir leurs chars vendus ou loués.

 

Évolutions des thèmes des défilés et des chars

À Nantes, un thème général est choisi pour donner une harmonie générale aux défilés. Cette esthétique commune d’une année à l’autre ne permet pas vraiment la surprise, ni la transgression. Pour la plupart des carnavaliers cela ne pose pas de problème, même si cela ne permet pas de proposer des idées plus personnelles. Nantes n’a jamais au fond été très subversive même si les sujets d’actualités, les institutions et la politique ne sont pas épargnés. Les thèmes divisent rarement le public nantais qui est très familial. La majorité des carnavaliers s'emploient à "offrir du rêve" et "de l'émerveillement". Il faut que le char soit "beau" et insuffle “un message universel” compris par toute la famille de “7 à 77 ans”. Il y a une volonté que le char développe chez eux “un souvenir, une envie d’aller creuser un peu plus, ouvrir un livre sur Jules Verne, Mozart, ou des thèmes qui de prime abord ne leur parlent pas.” En 2022, des carnavaliers invitent à la réflexion autour de l’écologie ou donnent leur vision du cabaret, du cirque, d’un film ou encore d’un personnage de dessin animé. Jusqu’en 2015, il y avait encore des classements des chars mais sans prix monétaire décerné. Après un temps d'arrêt, l'attribution a repris en 2018 et 2019, avec un jury composé de journalistes, artistes, étudiants des beaux-arts, musiciens ou encore membres du public nantais. Il s'agit alors moins d'une élection du plus beau char que d'un bilan critique interne censé aider les équipes à améliorer leur char. Aujourd’hui, la fin des défilés est l’occasion pour les spectateurs, malgré les barrières de sécurité, d’aller féliciter les carnavaliers et d'admirer de plus près leurs chars préférés. L’embrasement du char et son feu d’artifice n’ont plus lieu en raison du changement de parcours qui ne permet plus de finir le défilé près de la Loire. Les habitations sont désormais trop proches.

Évolution de l’implication du public nantais et des interactions avec les spectateurs

Les Nantais s’identifient de moins en moins à un métier, à un groupe ou à un quartier. Ils déménagent plus souvent, changent de travail, de loisirs, de sports, d’amis… Il est donc plus difficile de trouver des points d’identification et d’attachement pour que les carnavaliers et le public viennent construire et/ou soutenir un char plus qu’un autre. Cela permet en revanche, une émulation plus globale autour de l’évènement en lui-même. On ne vient pas soutenir un char mais toute une ville.

 

1 Il est généralement admis que le monôme apparaît à la fin XIXe siècle. Il revêt initialement la forme d'une procession en file indienne, les participants se tenant par la main ou par les épaules, rythmée par des chants.

Viabilité

Le public croissant qui a assisté à la 74ème édition du carnaval en 2022 est un signe du maintien historique du carnaval de Nantes. Les sites internet (base de données RADdO, plateforme Carnavalesque ! Nantes Patrimonia, INA, réseaux sociaux) permettent de retrouver des centaines, voire des milliers de vidéos et de photos témoignant de la vitalité de cet évènement.

L’engagement et le nombre de bénévoles dédiés à la construction des chars et grosses têtes ainsi que les défilants qui de septembre à avril imaginent leurs personnages, répètent leurs chorégraphies, cousent leurs costumes, réunissent des accessoires, témoignent également de cette vitalité. L’association NEMO reçoit régulièrement des demandes de la part de membres du public pour intégrer cette communauté des carnavaliers. On note aussi le souhait formulé par de nombreuses écoles de venir visiter l’atelier Maurice Parois et de mettre en place des partenariats.

Menaces et risques

Les Nantais sont nostalgiques de certains rituels (l’embrasement arrêté en 2016, les chars de quartiers, le bal costumé qui précédait le défilé du dimanche, le Boeuf-Gras qui cuisait sur la place ou encore la pesée du roi qui se faisait à la vue de tous sur la place du marché de Talensac). Certains évoquent un élargissement du territoire carnavalier incluant les 27 communes. À l’inverse, certains rites sont jugés comme dépassés et on peut regretter une forme de course à la technicité au détriment d’une émulation populaire collective et d’une plus grande participation de bénévoles sans compétences techniques. L’étude des récits mémoriels, en donnant du sens aussi aux perturbations du passé, permettent de créer un sentiment de continuité mais surtout participent au dépassement de ces menaces. La sociologie de la population nantaise montre aussi une complexité d’identités et une évolution de sa typologie (économie, tourisme…). La profusion des échanges avec l’extérieur concourt naturellement à un éclatement des pratiques identitaires (quartier, ville) et à un étiolement de l’engagement bénévole. Aujourd’hui N.E.M.O. travaille à réconcilier à travers ses mesures de sauvegarde, le plaisir relativement individualiste des bénévoles et l’attente des Nantais (en particulier des jeunes) à être ensemble, à faire la fête.

Modes de sauvegarde et de valorisation

N.E.M.O. a pris en compte depuis de nombreuses années la nécessité d’échanger avec les Nantais et toutes les communautés locales et de faire évoluer le carnaval en écoutant les valeurs qui leurs sont essentielles. Les discussions au sein de N.E.M.O. et du Conseil d’Administration sont régulières au sujet d’un rééquilibrage entre le côté spectaculaire, la technique des chars et les rituels populaires plus traditionnels.

Actions de valorisation à signaler

Certaines mesures de sauvegarde ont déjà été mises en œuvre pour l’édition 2022 et en vue de la consécration de Nantes en tant que “Capitale Européenne du carnaval” mais aussi afin de répondre aux exigences de développement durable de l’agenda 2030.

- Conserver la mémoire collective, sauvegarder et transmettre le savoir-faire. Les films et photos des gestes et des pratiques réalisés par l’OPCI et conservés par N.E.M.O. et sur la base de données RADdO permettent une sauvegarde mais également une forme de transmission des savoir-faire. La cinquantaine d’entretiens filmés des carnavaliers, des défilants, des élus et d’anciens membres du Comité des fêtes agit pour sauvegarder la mémoire collective mais aussi réenchanter le carnaval en donnant un autre regard sur les carnavaliers et une reconnaissance de leur évènement. Ils sont également disponibles sur la base RADdO et dans les archives de N.E.M.O.

- Conserver le patrimoine historique et archivistique. C’est dans l’atelier des carnavaliers, un lieu vivant toute l’année que N.E.M.O. envisage de proposer des ateliers de réalisation de grosses têtes avec les écoles, des actions avec les fanfares universitaires, un musée vivant avec des expositions temporaires de sa collection d’objets et d’archives. Cette collection ne cesse d’augmenter grâce aux échanges précieux engagés avec les familles d'anciens carnavaliers ou organisateurs du carnaval et aux collectes d’archives lancées auprès des nantais(e)s.

- Communiquer sur les petits évènements annuels de N.E.M.O. Par le biais de flyers, réseaux, site web, journées portes ouvertes, Journées Européennes du Patrimoine et du Matrimoine, les ateliers du carnaval N.E.M.O valorisent le savoir-faire du carnaval nantais.

- Établir et consolider des projets avec les écoles nantaises

Le projet “tous dans le gâteau” et le gâteau immangeable dans le cadre de l’exposition “fête de la joie” (au Passage Sainte-Croix à Nantes) a été créé en 2021 : Une carnavalière (assistante scolaire) et l’école Notre-Dame de Toutes Joies ont réalisé un gâteau en polystyrène. Les 450 élèves de l'établissement de la petite section au CM2 ont ainsi pu, même pendant le Covid, “faire ensemble, sans être vraiment ensemble” ! Le gâteau a ensuite été exposé aux Portes Ouvertes ainsi qu’au Bal des enfants 2022. Le projet est renouvelé en 2023.

- Ateliers découvertes pour les enfants : Lors des Journées Européennes du Patrimoine et du Matrimoine 2021, Vincent Vaccaro a proposé à quelques enfants de s’initier au modelage. Malgré la crise sanitaire, plusieurs enfants ont répondu présents.

- Ateliers de création de grosses têtes et de costumes dans les écoles de quartier

N.E.M.O. a pris contact avec les maisons de quartiers de Doulon et de la Bottière pour mettre en place des ateliers de confection de costumes. Les ateliers de fabrication de petites têtes proposés aux écoles (de Sainte-Claire d’Assise et de Saint-Herblain) et ceux de modelages proposés par Vincent Vaccaro permettent de créer des vocations, de ré enchanter le carnaval, en élargissant la transmission familiale à une transmission extérieure mais ils participent aussi à une valorisation et une reconnaissance du carnaval auprès du public adulte, que sont les parents de ces enfants. « À la découverte du carnaval de Nantes” est un autre atelier organisé par Vincent Vaccaro au Passage Sainte-Croix qui a eu lieu les 16 et 17 février 2022. Cet atelier, décrit comme une première approche pratique du monde du Carnaval nantais, a réuni une dizaine d’enfants qui ont pu confectionner des masques.

- L’implication des Archives de Nantes s’est traduite à partir de 2021 par des conseils sur la conservation et la restauration d’affiches, des programmes et une exposition en 2023 et la numérisation est de plus en plus accrue. Des partenariats ont vu le jour en 2021 et 2022. Un projet d’exposition doit ainsi voir le jour en 2023.

- Des conférences pour faire connaître le carnaval de Nantes comme en 2022 au Passage Sainte-Croix. Dans le cadre d’un partenariat signé avec le Passage Sainte-Croix, deux membres de l’association N.E.M.O. (Vincent Vaccaro, carnavalier et Serge Ruchaud, trésorier) ont été invités à participer à un “midi de Sainte-Croix” le vendredi 20 mai 2022. Les intervenants ont échangé librement avec le public autour du Carnaval en général, et de celui de Nantes en particulier. Les échanges avec d’autres lieux de Nantes pour organiser d’autres conférences continuent.

- Exposition dans la vitrine du magasin “Tout pour les fêtes”

Chaque année, la gérante du magasin “Tout pour les fêtes” met en valeur le carnaval pendant un mois dans sa vitrine. Elle décore l’espace avec une grosse tête prêtée par la mairie du Bouffay et quelques éléments carnavalesques (masques, cotillons…). Une collaboration est envisagée avec N.E.M.O. pour les prochaines éditions : des éléments de décors pourraient être prêtés à l’avenir pour agrémenter la vitrine.

- Conception d’un parcours du patrimoine en relation avec Nantes Patrimonia

N.E.M.O. a élaboré avec l’aide de ses deux volontaires en service civique un parcours du patrimoine destiné à être diffusé sur la plateforme Nantes Patrimonia. L’objectif de ce parcours est de mettre en valeur l’histoire du carnaval de Nantes à travers une randonnée dans la ville. La balade comporte 11 étapes qui permettent de se plonger dans les lieux emblématiques de la Mi-Carême (sièges du comité des fêtes, ateliers de construction, lieux de défilé, lieux d’élection des reines, lieux des bals costumés…). Chaque étape est illustrée par des photos anciennes et un texte explicatif de l’ambiance et de l’importance du lieu pour la Mi-Carême. Le parcours en question est consultable via ce lien : https://patrimonia.nantes.fr/home/decouvrir/les-parcours-du-patrimoine/parcours-carnaval.html

- À l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine et du Matrimoine 2022, N.E.M.O. a proposé une mini exposition évoquant les commerçants qui ont marqué l’histoire du carnaval (comme le magasin Peignon), des ateliers « découvertes » mais aussi des visites guidées de l’atelier (menés par deux carnavaliers de deux générations différentes).

Mode de reconnaissance publique

Les dernières Portes Ouvertes à l’Atelier Maurice Parois ont réuni autour de 2000 visiteurs curieux de découvrir les coulisses du carnaval. Quant aux Journées Européennes du Patrimoine 2022, 540 Nantais s’y sont déplacés afin de mieux comprendre l’originalité et la richesse de ce patrimoine local. Outre une présence du public toujours plus nombreux lors des différents événements et défilés, la reconnaissance publique s’exprime également sur les réseaux sociaux (la page Facebook de NEMO est suivie par plus de 5700 followers et son Instagram réunit 632 followers. Plusieurs associations de carnavaliers sont également suivies via leur différentes pages Facebook où ils partagent des vidéos et des photos, y compris l'année du Covid-19, tels que les Qui L’U Cru avec 525 followers.

Enfin, le nombre de sponsors révèle l’intérêt porté à l'événement par les entreprises locales.

 

 

- Répondre aux exigences d’un développement durable de l’agenda 2030

La plupart des carnavaliers de Nantes sont attentifs à ce que le carnaval soit un événement respectueux de l’environnement. Si le polystyrène est pour l’instant très présent, les carnavaliers réfléchissent à son remplacement. Les volumes utilisés ont été divisés par deux en 2022. Les équipes pratiquent la réutilisation de matériaux et d’éléments de leurs chars. On imagine également un retour à des chars participatifs activés manuellement par les défilants et/ou des spectateurs. Les confettis distribués pendant le défilé sont biodégradables et produits en France, la peinture à l’eau est plébiscitée et de nouveaux matériaux de fabrication sont testés. L’abandon de la résine synthétique et une machine à laver les pinceaux vont également être mis en place.

- Multiplication et consolidation des échanges

Avec d’autres structures et évènements de culture nantaise. La structure du “Voyage à Nantes” pourrait par exemple annoncer le thème et les dates du carnaval lors de la clôture du Voyage à Nantes (suggestion de Pierre-Yves Chantreau, administrateur chez N.E.M.O. et du Voyage à Nantes).

- Planification d’un cycle de projections spécial carnaval

Le carnaval nantais et sa préparation ont été filmés à plusieurs reprises. L’inventaire établi par N.E.M.O. révèle ainsi l’existence de diverses productions cinématographiques (La Reine Blanche, films du comité des fêtes, films récents) qui pourraient être mises en valeur lors d’un cycle de projections spécifiques. Par ailleurs, un contact a été engagé en avril avec la Cinémathèque de Bretagne qui conserve de nombreux films de Nantes. L’organisme se montre intéressé pour s’associer au projet et mettre en valeur ses propres archives.

- Réintroduction des bals costumés

L’idée a été évoquée au conseil d’administration d’avril 2022 de revenir à cette ancienne tradition. Il s’agit du retour d’un rituel très apprécié par les Nantais, la tenue d’un bal à la suite du défilé de jour. Le lieu envisagé sont les salons Mauduits.

- Création d’une exposition hors-les-murs

N.E.M.O. et les archives municipales de la ville de Nantes s’associent pour mettre en place une exposition hors-les-murs. Cette dernière, conçue comme une initiation au monde du carnaval nantais, se présentera sous la forme de six triptyques installés sur la place Royale. Elle mettra notamment en avant l’histoire, les savoir-faire et les pratiques liés au patrimoine carnavalesque.

- La place du carnaval de Nantes dans les carnavals français, les recherches sur le carnaval et les échanges entre grandes capitales du carnaval

En 2023, Nantes est sacrée capitale Européenne du carnaval, elle poursuit son engagement auprès de Festimonia et de la FCF France et FCF Festiv’44 pour transmettre les savoir-faire autour des carnavals français. La FCF France envisage également de créer, en partenariat avec l’OPCI et le ministère de la Culture, un colloque de “Recherches et Sauvegarde des carnavals de France”. En effet, la réflexivité engagée pour réaliser la fiche d’inventaire du carnaval de Nantes fondent la base d’une méthodologie pilote, à partir d’un paradigme d’enquête, de patrimonialisation et d’enjeux épistémologiques autour des fêtes qui pourront être présentés et débattus à l’occasion de ce colloque biannuel entre chercheurs, praticiens, amateurs, experts des carnavals de France et d’Outre-Mer.

 

La démarche de patrimonialisation du carnaval de Nantes a été initiée à la demande de N.E.M.O. et de la communauté des carnavaliers, qui ont été associés au processus. Elle a été coordonnée par la chercheuse Ruggieri Marjorie, la chargée de projet Jeanne Garnier, Gaëlle Caudal, élue au Patrimoine de la ville de Nantes et Véronique Guitton, directrice des Archives Municipales.

+ Lettres de soutien (LS Fournier) + lettres de consentement des présidents des différentes associations de carnavaliers nantais

Récits liés à la pratique et à la tradition

BOUYER H., GRENET G., MAUSSION R., Quelques notes sur “Le carnaval de Nantes” de 1896 à 1939, Comité des fêtes de Nantes (complément au livre Le carnaval de Nantes en 500 cartes postales et photographies anciennes)

BELFOND Jean, 1930 (rééd. Coiffard, Nantes, 1998) Vieux carnavals nantais, Impr. armoricaine, Nantes.

OLLIVIER Annie, 1994 « Le carnaval à Nantes », dans Le rêve d'une ville : Nantes et le surréalisme, catalogue d'exposition, Réunion des musées nationaux, Paris, Musée des beaux-arts de Nantes, Nantes.

PASCAL Michel, 2010, De la Mi-Carême au carnaval de Nantes : la passion des carnavaliers de 1947 à 2010, PM Prod, Nantes.

VIAUD Andrée, 1991, Le carnaval nantais au cours des siècles, bulletin de la société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique.

Inventaires réalisés liés à la pratique

Inventaire des collections de l’association NEMO : les collections ont fait l’objet d’un traitement documentaire et d’une indexation sur la base d’archives RADdO.

Collecte de mémoire du Carnaval réalisée par NEMO et l’OPCI : inventaire des savoir-faire, des rituels, des pratiques, des personnalités, des lieux, des parcours, collecte d’images et de films.

Bibliographie sommaire

AGIER Michel, 2000. Anthropologie du Carnaval. La ville, la fête et l’Afrique à Bahia, Paris, Éditions Parenthèses, coll. « Eupalinos », série « Culture, histoire et société », p. 230.

BENSA Alban, FABRE Daniel, 2001, Une histoire à soi - Figurations du passé et localités, Ethnologie de la France.

Collectif, L'Aubrac : étude ethnologique, linguistique, agronomique et économique d'un établissement humain, 6 vol., Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, Ed. du Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, 1970-1982

Coll., Le Monde à l’envers. Carnavals et mascarades d’Europe et de Méditerranée, Marseille, Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, 2014.

DESPINGRE A.-M. Fête en Flandre : rites et chants populaires du Westhoek français, Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, 188 p., 1993.

D’ANDLAU G., DE VILAINES B. 1997, Les fêtes retrouvées, Casterman, 183 p.

DECHARTRE P. (1998), L’Impact et l’apport des événements culturels dans le développement local et régional, Rapport au Conseil Économique et Social, 288 p.

DURET Evelyne, 1993, « Les charrettes festives en Provence rhodanienne. Variations d’un rite et de son espace de référence du 18e au 20e siècle », Le Monde alpin et rhodanien, no 1-2/1993, « L’identité vécue. Discours, rites, emblèmes ».

GAIGNET C., Le Carnaval, Payot, Paris, 1974

ELLINGUS, Birgit, et Monika SALZBRUNN. « Musique et migration : le carnaval de Cologne comme état d’esprit », Revue européenne des migrations internationales, vol. 35, no. 3-4, 2019, pp. 33-40.

FOURNIER Laurent Sébastien, 2005, La fête en héritage, Enjeux patrimoniaux de la sociabilité provençale. Broché.

FOURNIER Laurent Sébastien, et Lia Giancristofaro. « Le carnaval d’Alost (Belgique). Anthropologie d’une régression patrimoniale », Journal des anthropologues, vol. 160-161, no. 2-3, 2020, pp. 191-207.

FOURNIER Laurent-Sébastien, dir., La Fête au présent, Paris, L’Harmattan, 2009.

GAUTHARD Nathalie, Fêtes, mascarades et carnaval, Marseille, L’Entretemps, 2014.

GARAT, Isabelle. « La fête et le festival, éléments de promotion des espaces et représentation d'une société idéale », Annales de géographie, vol. 643, no. 3, 2005, pp. 265-284.

- Nantes la belle endormie

- « La Sociologie de Nantes vue par une géographe », Métropolitiques, 6 mai 2014. URL : https://metropolitiques.eu/La-Sociologie-de-Nantes-vue-par-une-geographe.html

GIOVANNI P., d'AYALA P. et BOITEUX M., Carnavals et mascarades, Paris, Bordas, 1988

GUIU Claire, 2011, « Tous en place. Lieux et territoires des musiques traditionnelles », dans T. Bachir et al. (dir.), Musik-kontext und zurück, Peter Lang, Internationaler Verlag der Wissenschaften, pp. 165-178.

GUIU Claire, 2009, « Les géographies sonores : rythmes et contrepoints » et « Géographie et musiques : orientation et sélection bibliographique », dans Y. Raibaud, 2009, Comment la musique vient-elle au territoire ? MSHA, Bordeaux, pp. 29-58 et pp. 293-309.

GUEZ Gérard, 1980, Fêtes du monde - Europe, Paris, Editions du moniteur.

GRANGIENS Pascale, 2001 « Mi-Carêmes et carnavals », dans Guyvarc’h, Didier (dir.), La mémoire d’une ville : vingt images de Nantes, Skol Vreizh, Morlaix, p. 90-97

MAUSSION R, GRENET G., BOUYET H., 1984, Le carnaval en cartes postales, édité par le comité des fêtes et de bienfaisance de Nantes.

NDAGANO, BIRINGANINE. 2010, Penser le carnaval. Variations, discours et représentations. Karthala.

PAJOT Stéphane, 1999, Personnages pittoresques de Nantes et Loire-Atlantique, Mémoire et racines, Editions d'Orbestier.

PAJOT Stéphane, 2004, Bons baisers de Nantes, Photos, écrits et confettis…, Editions d’Orbestier

PELEN Jean-Noël, 1985, « Le Pays d’Arles : sentiments d’appartenance et représentations de l’identité », Terrain, no 5.

RETIERE Jean-Noel, 2013, Sociologie de Nantes. Repères. Cf. la deuxième partie de l’ouvrage consacré aux mémoires (ouvrières, de l’eau, industrielles, négrière et loisirs)

RINAUDO C. (2005). “Carnaval de Nice et carnavals indépendants : les mises en scène festives du spectacle de l’authentique.” Sociologie et sociétés, 37 (1), 55–68. https : doi.org/10.7202/012276ar * 10.

SIDRO Annie, 2000, Carnaval à Nice. Edition Serre.

THUAL Frédéric, Labbé Yves, « La Mi-Carême de Nantes : Trois siècles de festivités carnavalesques », ArMen, n°74, février 1996, pp.2-19

VAN GENNEP A., Manuel de folklore français, 9 vol., Picard, Paris, 1937-1958

VILAINES de B., D’ANDLAU G. 1996, Carnavals en France : hier et aujourd'hui, édition Poirier.


Sitographie sommaire

Compte-rendu du Cafégéo sur le carnaval de Nantes, Claire Guiu (organisé par Isabelle Carat)

GODET Aurélie, 2019, Entretien avec Aurélie Godet, Le carnaval comme observatoire social, Agir pour la culture, n°60.MAJOU Aurore, “A la rencontre de … Le carnaval de Nantes en avant-première”, dans Lenantais.fr, avril 2008

“Nantes. Mémoire. La folle histoire des reines de Nantes”, 2019, Ouest France, https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/nantes-memoire-la-folle-histoire-des-reines-de-nantes-b7e6d0b9-2db9-3c2d-b4a1-2f0c9d28ff42

PAJOT S., 2009, “Quand le char de la reine s’effondra”, maville.com par Ouest France, https: nantes.maville.com/actu/actudet_-Quand-le-char-de-la-reine-s-effondra-_-868245_actu.

http://carnavaliersnantais.over-blog.com/article-invitation-au-debat-public-66773773.html

http://www.cartophilie-viroflay.org/article.php?id_article=488

Questionnaire en ligne:

https://docs.google.com/forms/d/1JGfVovTzjsm9WYjt-n-rBwy1fdozwlwXnakSLo9azKM/edit#responses

Création d’un site Wixi dédié au carnaval https://carnavalnantes.wixsite.com/carnaval-de-nantes

Plateforme participative “Carnavalesque” : https://carnaval-nantes.opci-ethnodoc.fr/

Page de l’OPCI dediée à l’enquête : https://opci-ethnodoc.fr/2021/06/21/carnavalesque/

Partage du projet sur la plateforme Nantes Patrimonia: https://patrimonia.nantes.fr/home/actualites/appel-a-collectage-carnaval-de-n.html

Partage des évènements du carnaval sur plusieurs sites de la ville de Nantes:

http://nantes.aujourdhui.fr/etudiant/sortie/jep-visite-de-l-atelier-du-carnaval-de-nantes-journees-du-patrimoine-2021.html https://metropole.nantes.fr/actualites/2021/culture-loisirs-patrimoine/collecte-N.E.M.O.-carnaval

 Filmographie sommaire

BILLAUDEAU Paul, Le carnaval à Montréal, 2007

HERVOUET, Philippe, réal. Comment. ; REBY Jacques, voix, Carnavals et Mi-Carêmes [Images animées] : Nantes à travers la fête : 1922-1995, Nantes : Association pour la mémoire cinématographique de Nantes [prod.], cop. 1991 ; Nantes : Société nantaise d'éditions et de réalisations [distrib.], 1998 (DL)

Le Carnaval de Nantes, INA :

https://www.ina.fr/video/AFE02014834/le-carnaval-de-nantes-video.html, Journal Les actualités françaises, 23 mars 1950

https://www.ina.fr/recherche/search?search=carnaval+de+nantes

https://www.ina.fr/video/AFE00001881/cortege-de-la-Mi-Carême-video.html

https://www.ina.fr/video/RXF06049472/preparation-du-carnaval-de-nantes-video.html

https://www.ina.fr/video/RYC9710275028/Mi-Carême-a-nantes-video.html

https://www.ina.fr/video/AMX14000419/carnaval-de-nantes-video.html

Cortège de la Mi-Carême, https://www.ina.fr/video/AFE00001881/cortege-de-la-Mi-Carême-video.htm, Journal des actualités françaises, 19 mars 1958

Préparation du Carnaval de Nantes, https://www.ina.fr/video/RXF06049472/preparation-du-carnaval-de-nantes-video.html,Télé Ouest Panorama, 15 février 1964

Mi-Carême à Nantes, https://www.ina.fr/video/RYC9710275028/Mi-Carême-a-nantes-video.html, Télé Ouest Panorama, 7 mars 1964

Carnaval de Nantes, https://www.ina.fr/video/AMX14000419/carnaval-de-nantes-video.html, vidéo amateur, 1er janvier 1980

L’usine à rêve : les coulisses du Carnaval de Nantes 2017, https://www.youtube.com/watch?v=DjQVJKztRaM, YouTube, 10 avril 2017

Du rêve à la réalité : les coulisses du Carnaval de Nantes 2018, https://www.youtube.com/watch?v=Br8K99pFK5k, Youtube, 27 avril 2018

Les coulisses du Carnaval de Nantes 2019, https://www.youtube.com/watch?v=pa6wHr6n5fU, Youtube, 14 avril 2019

Portes ouvertes du Carnaval de Nantes 2019, https://www.youtube.com/watch?v=QFhi-ECBMsM, YouTube, 2019

Les portes ouvertes du Carnaval 2020, https://www.youtube.com/watch?v=iQJA7nh2NuQ, Youtube, 2020

Carnaval 2020 : les préparatifs Nantes et Cholet, https://www.youtube.com/watch?v=DXH4JjeOdBM, Youtube, France 3, 2020

Derniers préparatifs pour le carnaval de Nantes, https://www.youtube.com/watch?v=Q-b1o1rEKV8, Youtube

Le Carnaval de Nantes en danger, https://www.dailymotion.com/video/xgoa3z, Dailymotion, Télérama , 2010

Carnaval de Nantes : Jean-Yves Stéphant démission, https://www.dailymotion.com/video/xh7oxd, Dailymotion, 2010

Nantes en 1958, Pont transbordeur, port de Nantes, numérisation film 9,5mm, https://www.youtube.com/watch?v=VkTWus1FZCY, Youtube

Intronisation des reines de Nantes en 2019 https://www.youtube.com/watch?v=05W2crGSKfI

Carnaval de Nantes - 1926 - base documentaire - Cinémathèque de Bretagne - Gwarez Filmoù - Brittany Archives

http://carnavaliersnantais.over-blog.com/article-invitation-au-debat-public-66773773.html

Carnaval de Nantes 2022, Pop Corn Production, https://www.youtube.com/watch?v=CDcdCf_eeo4

Praticien(s) rencontré(s) et contributeur(s) de la fiche

Cette fiche a été rédigée à partir d’une recherche menée dans le cadre d’une enquête ethnographique. Les différents bénévoles et membres de l’association N.E.M.O. ont pu être entendus et ont participé activement à cette recherche. Ils ont donné leur accord pour être cités :

Paul Billaudeau (N.E.M.O.)

Serge Ruchaud (N.E.M.O.-FCF)

Les élus nantais :

Oliver Château

Aymeric Seassau

Les carnavaliers et/ou membres de l’organisation du carnaval :

Jacques Amathieu

Cécile Baumier

Serge Belaud

Gildas Beledin

Dominique Campfort

Christophe Chalon (Totof)

Pierre-Yves Chantreau

Joris Chauvel

Marion Colas

Christian David

Guillaume Debout

René Dormet

Daniel Dupouet

Claude Duret

Gérard Dupond

Bruno Etié

Antoine Fouchard

Monique Fouchard

Michel Fouré

Claudine Grey

Jacques Hardy (Kako)

Marcel Hemion

Claude Hervio

Quentin Huchet

Rose-Hélène Huchet

Anthony Jarnaud

Corentin Le Bars

Marie-Odile Legros

Damien Lemasson

Mickaël Lemasson

Jacques Lephée

Marie-Claire Nguyen

Laurine Oceana-Saillard

Nicole Parent

Damien Rolland

Caty Saillard

Jacques Sauderais

Thierry Stephan

Christophe Talet

Valérie Thoumazeau

Yannick Thoumazeau

Vincent Vaccaro

Les associations de carnavaliers et les fanfares et batucadas nantaises

Les Alans

Les Carnavaliers Herblinois

Les Céciles et Compagnie

Comité des fêtes de Saint-Herblain

Les Déjantés

Les Gais Lu’Rond Nantais

Jacquadi

Les Qui L’U Cru

Sud Loire Carnaval

Les Tip-Taupes Carnaval

Les Zamuz Rue

Batucada, BATALA contact@macaiba.fr / stephlaurent54@free.fr

Batucada, CORAÇÃO DO BRASIL, fabiendav@hotmail.com

Batucada, FLOR CARIOCA, contact@flor-carioca.fr

Batucada, MACAIBA, batalanantes.tour@gmail.com

Fanfare de l’École d'architecture, LES DURS A CUIVRE , dursacuivre@gmail.com

Fanfare de l’École Centrale Nantes, LA FANFRALE, lafanfrale@gmail.com

Fanfare de l’École de médecine, TROMPETTES DE FALLOPE, trompettesdefallope@hotmail.fr

Fanfare universitaire, AMFIFANFARE, contact@amfifanfare.fr

Journalistes, vidéaste et artistes nantais

Philippe Hervouet

Jean-Louis Jossic

Tangui Jossic

Angélique Olivier

Stéphane Pajot

Mattéo Petremann

 

MÉTADONNÉES DE GESTION

Rédactrice de la fiche

Marjorie Ruggieri (Anthropologue, Chargée de recherche à l’OPCI)
mruggieri@opci-ethnodoc.fr

Jeanne Garnier (Chargée de projet, Association N.E.M.O.)
nantes.carnavalesque@gmail.com

Enquêteur(s), chercheur(s) ou membre(s) du comité scientifique associé

Marjorie Ruggieri (Anthropologue, responsable du pôle recherche à l’OPCI-Ethnodoc) mruggieri@opci-ethnodoc.fr

Jeanne Garnier (Chargée de projet, Association N.E.M.O.) nantes.carnavalesque@gmail.com

Philippe Boisseleau (Directeur O.P.C.I-Ethnodoc) pboisseleau@opci-ethnodoc.fr

Morgane Godet (Chargée de mission OPCI-Ethnodoc)mgodet@opci-ethnodoc.fr

Michael Lainard (Chargé de valorisation numérique OCPI-Ethnodoc)

Paul Billaudeau (Président de l'association N.E.M.O.)

Stéphanie Mercier-Bernardie (Chargée d'administration, association N.E.M.O.) carnaval.nantes.N.E.M.O.@free.fr

Marie Rivalin (Coordinatrice FCF France)

Alexandra Manière (Coordinatrice du Pôle Patrimoines, architecture et espaces protégés Conseillère Archives et Patrimoine culturel immatériel-DRAC des Pays de la Loire)

Gaëlle Caudal (Direction du Patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes métropole) alexandra.maniere@culture.gouv.fr

Véronique Guitton (Directrice des Archives Municipales de Nantes Métropole)

Thomas Renard (Maître de conférence-Université de Nantes)

Hugo Sena (Volontaire en service civique chez N.E.M.O.)

Corentin Queyroy (Volontaire en service civique chez N.E.M.O.)

Lieux(x) et date/période de l’enquête

Nantes, Pays-de-La-Loire, 2020-2022

Données d’enregistrement

Date de remise de la fiche : 31 janvier 2023

Année d’inclusion à l’inventaire : 2023

N° Ministère de la Culture : 2023_67717_INV_PCI_FRANCE_00521

Identifiant ARKH : <uri>ark:/67717/nvhdhrrvswvkswn</uri>

ANNEXE 1 : Lexique utilisé dans la pratique

La “Manu”

Lieu emblématique de fabrication des chars pour les carnavaliers. La “Manu” désigne l’ancienne manufacture des tabacs de Nantes située sur le boulevard Stalingrad. Aujourd’hui ce lieu fait office de salle municipale.

Le Hangar

Le Hangar fait référence à l’ancien hangar de Tougas situé à Saint-Herblain. C’est là qu’étaient construits les chars avant que les carnavaliers ne déménagent dans le quartier Doulon-Bottière.

L’Atelier

L’Atelier, à ne pas confondre avec le Hangar, désigne l’atelier Maurice Parois. Ce bâtiment, situé 19 rue des carnavaliers à Nantes, est mis à disposition des carnavaliers par la ville de Nantes dès 1995. Il tient son nom d’un carnavalier des années 1950 connu pour avoir développé l’usage du grillage dans la construction des chars. “Après le hangar de Tougas , on a spontanément appelé le nouveau local "Atelier" car c'était Versailles par rapport au tas de tôles précédent” (Jacques Amathieu) .

Cabanes

Chaque équipe de carnavaliers dispose d’une cabane sur l’emplacement qui lui est attribué au sein de l’atelier Maurice Parois. Il s’agit d’un espace de repos aménagé par les carnavaliers eux-mêmes. Généralement située un peu en retrait derrière le char en construction, chaque cabane est différente. Elles sont généralement composées de mobilier de récupération.

Bal masqué / bal paré

Autrefois de nombreux bals masqués (uniquement costumés grâce à un masque) ou parés (intégralement costumés) avaient lieu à Nantes. Le dernier a été organisé en 1996 par Jean-Louis Jossic. Il rencontre peu de succès et depuis personne n’a remis cette tradition au goût du jour. N.E.M.O. évoque depuis quelques mois, un bal costumé au théâtre Graslin réunissant les étudiants et les quatres principales fanfares universitaires de Nantes pour réenchanter cette tradition.

Baptême des carnavaliers

Les carnavaliers sont des bénévoles qui agissent sur le modèle des confréries ou du compagnonnage. Pour être accepté dans le groupe, le carnavalier doit franchir des étapes d’intégration tel que le baptême. Généralement organisé lors des journées Portes Ouvertes, au cours de ce dernier, les nouveaux carnavaliers subissent enfarinage (mixture œuf et confettis) et autres bizutages bon enfant. Plusieurs carnavaliers font partie de la “confrérie” (à l’instar de Serge Belaud, Jean-Luc Drano surnommé Lucky, Damien Lemasson, Damien Rolland ou encore Quentin Huchet…)
À l’occasion des Portes Ouvertes, la confrérie organise les baptêmes des nouveaux carnavaliers. À cette occasion, le maître de cérémonie Damien Rolland (autrefois Philippe Malgogne) fait un discours qu’il adapte chaque année. Le fou du roi (autrefois Serge Belaud) et son tambour animent également la soirée accompagnée du bedeau, ici incarné par Jean-Luc Drano (alias Lucky) (le bedeau de Saint Nicolas tourné en dérision) munis de son bâton et de son uniforme : “on a tous un rôle, dont moi de faire le con et le fou et amuser la galerie” raconte Quentin Huchet, qui succède à Serge Belaud en tant que fou du roi. On retrouve également le personnage du chambellan, grand chambellan appelé aussi chambrier (camerarius en latin) qui est un gentilhomme chargé du service de la chambre d'un monarque ou d'un prince, à la cour duquel il vit et incarné pendant plusieurs années par Claude Duret.

Boeuf gras ou Boeu’gras

Concernant le Boeuf-gras de Nantes, Jean Bruneau écrit “Monté sur un char-plateau, les cornes et les sabots étaient ornés de fleurs artificielles. Il était montré à la foule comme l'héritier des sacrifices traditionnels aux dieux païens”. Les bœufs portaient des noms “Loraton”, “Kilégra”, “Férémuso”, jeux de mots choisis par les carnavaliers. Ils étaient gardés par des personnes habillées en bouchers lors du défilé. Le bœuf gras devait être tué, dépecé et vendu le jour suivant le carnaval, ce qui donnait du travail et une certaine reconnaissance au boucher choisi pour cette tâche. Traditionnellement, le nom du bœuf gras était désigné par les reines de Nantes.

Carnavalesque

À Nantes, les carnavaliers opposent constamment le carnavalesque (qui serait marqué par un humour potache, familial et des personnages caricaturaux aux couleurs flamboyantes) au théâtral (plus de mise en scène, couleurs plus sombres, message plus culturel)

Carnavalier / défilant

À Nantes, ceux qui construisent les chars sont appelés “carnavaliers” entre eux, contrairement à d’autres régions où les constructeurs s’appellent “charistes” (seulement un ou deux carnavaliers nantais utilisent le terme chariste). Ceux qui participent et défilent avec les carnavaliers sont appelés “défilants” ou “groupes”. On différencie ainsi les spectateurs (déguisés ou non) des défilants bénévoles et des fanfares ou troupes de danse professionnelles.

Crébilloner

Si la rue Crébillon par antonomase est devenu le verbe “crébilloner” c’est que le parcours originel était ancré et que les commerçants, les Nantais, le public s’y étaient habitués. Un carnavalier explique “On montait les quais, on passait place Royale, puis la rue Crébillon, la place Graslin, puis on allait boulevard Delorme vers la rue du Calvaire…” Le parcours, pour des raisons d’urbanisme et de sécurité, ne passe plus par les rues emblématiques qu’on connut la plupart des anciens carnavaliers. Mais nous trouvons deux sens associés au verbe et à sa rue : faire la fête et faire les magasins.

Embrasement du roi

Le roi entend le tribunal qui lui reproche, selon la tradition ancestrale, tous les malheurs subis par la population. L’embrasement consiste à brûler une effigie du roi carnaval sur la place publique. À Nantes, on brûlait seulement des éléments des chars et le feu de joie était doublé d’un feu d’artifice. L’embrasement n’existe plus depuis 2016 pour des raisons de sécurité. Son éventuel retour suscite un débat.

Gaillardets

Les gaillardets sont des petits drapeaux triangulaires colorés. Ces derniers décoraient la ville lors des défilés de la Mi-Carême et du Carnaval.

Grosses têtes

Les grosses têtes trouveraient leur origine dans les Géants du Nord1. Entre les deux guerres, on observe des grosses têtes dans tous les défilés. À Nantes, elles reprennent les personnages de l'actualité, des bandes dessinées et des figures grotesques. Leur fabrication demande une technique bien spécifique qui est entre les mains d’une poignée de praticiens désormais.

L’intrigue

À Nantes, elle consistait à interpeller des gens, connus ou non, en étant masqués. Elle se pratiquait dans la rue, les cafés mais aussi dans les maisons particulières et les appartements où il était admis d’ouvrir à quiconque se présentant déguisé et de lui offrir au moins un verre. La tradition remonte au Moyen-âge et s’est perpétrée jusqu’à la 2nde Guerre Mondiale. Un simple loup ou un masque confectionné de façon rudimentaire ou sophistiquée permettent alors de se livrer à l'intrigue. Celle-ci consiste à s'adresser à des personnes que l'on connaît et, à l'abri du masque, à leur tenir des propos un peu impertinents ou des plaisanteries, la plupart du temps sur leur vie privée. Nicole Parent de l’ancienne maison familiale Peignon-costumes témoigne : “Moi je n’ai pas connu ça mais ce que les gens aimaient le plus c’était d’intriguer les gens sur les terrasses de café. Ils venaient avec des masques et on essayait de les reconnaître. C’était amusant, parfois on ne les reconnaissait pas.”

Maquette / étude / maquettes 3D

Les maquettes ou les études des carnavaliers peuvent prendre diverses formes. Certains dessinent chaque élément du char sur un cahier de croquis, d’autres proposent un dessin, avec des images collées dessus car ils dessinent trop mal, d’autres encore font des maquettes en bois à l’échelle voire des maquettes en 3D d’abord sous forme de plans papiers puis en dur.

Plateau (tiré par un tracteur) / plateforme (automotrice)

Les chars sont construits sur des plateformes hydrauliques. Aujourd'hui il y a 9 plateformes motorisées qui sont propriétés de la ville de Nantes et mise à disposition dans le cadre d'une convention triennale, les autres plateformes, plus petites, achetées par N.E.M.O. grâce aux subventions de la ville) sont des plateaux tractés par des tracteurs. Jacques Amathieu raconte à ce propos une anecdote visant à montrer le décalage entre les experts (constructeurs) et les autres au sujet des contraintes techniques : “nos chers membres du jury (certains n'ont jamais tenu un tournevis de leur vie) avaient deux années de suite reproché à Alain (Codet) un tracteur trop gros... Partie de rigolade à la clé de notre part : sachant qu'il devient de plus en plus compliqué de se voir prêter les dits tracteurs et que par sécurité il est nécessaire de mettre une bestiole sérieuse devant un char d'un certain poids et volume! Affaire classée sans suite !”

Papiétage / papiéter

Terme typiquement nantais et qui désigne l’action qui vise à coller des petits bouts de papier trempés dans de l’eau chaude sur le polystyrène, cette tâche ingrate et qui semble facile demande pourtant beaucoup de précision. Le polystyrène doit déjà être bien plat pour que le papier adhère et ne fasse pas de bosse mais la pose du papier doit être aussi la plus plate, croisée et nette possible pour que la peinture prenne par la suite.

Petites mains

Les petites mains désignent les personnes qui effectuent des tâches de précisions lors de la construction des chars.

Portant

Armature en bois et corde fixée à l’intérieur des grosses têtes qui permet de les transporter.

Système hydraulique ou mécanisme manuel

Auparavant tractés par des chevaux, les chars se présentent aujourd’hui sous forme de plateformes motorisées ou de plateaux tractés. Chaque char est conduit par un chauffeur attitré sachant manier le véhicule. Les plateformes ont été spécifiquement construites pour le carnaval de Nantes dans les années 90. Les figures carnavalesques portées par les chars peuvent être animées grâce à des systèmes de vérins hydrauliques actionnés par un moteur électrique…

Travestis

Les travestis désignent les personnes entièrement costumées de la tête aux pieds. Souvent les travestis représentent des personnages connus comme Pierrot par exemple.

Ventrée / carême

Si l’on en croit Bernard de Paredes dans Nantes : “avant le strict jeûne du carême nantais, ne tolérant autrefois que les œufs, les légumes et les petits poissons, il était coutume pour certains de faire d’excessives ventrées de lard et de viandes. Alors dans le parler populaire, les trois jours du carnaval s’en vinrent à prendre ses noms marqués d’une curieuse hagiographie : le dimanche: Saint Goulard, le lundi : Saint Pansard, et le mardi Saint Dégobillard.”2

 

ANNEXE 2 : LISTE DES THÈMES DES PRÉCÉDENTS DÉFILÉS

1969 : la corrida et les Écossais

1970 : les pays du soleil

(1971 : décision officielle d’imposer un thème annuel)

1972 : sous le signe des Grosses têtes

1973 :

1974 : le Moyen-Age

1975 : le Far-West et le safari

1976 : la mer

1978 : Jules Verne

1979 : le cirque

1980 : la chanson

1981 : la fête dans le monde

1982 : les transports à travers les âges

1983 : contes et légendes

1984 : les Floralies

1985 : les shows

1986 : les romans de Jules Verne

1987 :

1988 :

1989 : le Bicentenaire

1990 :

1991 :

1995 : le centenaire du cinéma

1997 : le cinquantenaire du carnaval

1998 : foot

1999 : la nature en fête, un environnement festif

2000 : la cité à inventer

2001 : l'odyssée des animaux

2002 : l'Europe

2003 : musique et couleur

2004 : la nature en fête

2005 : le cirque

2006 : entre l'Erdre et la Loire

2007 : l'humour (Juste pour rire)

2008 : la musique

2009 : la conquête de l’air et de l’espace

2010 : Les jeux et les jouets

2011 /2012 : Les contes et légendes

2013 : L’an vert du carnaval

2014 : Le cinéma

2015 : le carnaval de Nantes remonte le temps

2016 : voyage autour du monde

2017 : Arts et Métiers

2018 : Science-fiction et fantastique

2019 : le carnaval de Nantes fait son show

2020, 2021, 2022 : Humour

 

1 Depuis novembre 2005, les géants traditionnels de France et de Belgique sont inscrits au titre de chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité auprès de l’UNESCO. Les géants du Nord sont des figures essentielles du folklore du Nord de la France et de la Belgique. Ils représentent des personnages historiques, légendaires ou fictifs ainsi que des animaux. Portés à bras d’hommes ou exceptionnellement tirés sur chariot, ils sortent en processions et dansent dans les rues les jours de fête. Créés par un groupe de personnes portant les mêmes valeurs (même profession, même confrérie…), les géants représentent leur ville et symbolisent l’identité collective. Lors des processions, ils sont portés par une ou plusieurs personnes qui leur donnent vie : ils dansent, rencontrent, embrassent…

Voir: TORPIER, Gérard. - Dictionnaire des Géants du nord de la France, Ravet-Anceau Ed., 2008, 160 p. et https://www.culture.gouv.fr/Media/Thematiques/Patrimoine-culturel-immateriel/Files/Fiches-inventaire-du-PCI/Cassel

https://www.culture.gouv.fr/Media/Thematiques/Patrimoine-culturel-immateriel/Files/Fiches-inventaire-du-PCI/Douai

2 Nantes, ouvrage collectif, Paris, 1990, in ArMen, n*74, p.4, 1996.

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer

Accéder à la fiche sur Wikipédia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Carnaval_de_Nantes

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