Le carnaval de Lomme (géante Anne Delavaux)

Le carnaval d'été a lieu tous les ans le deuxième dimanche de juin.

Le carnaval d'été a lieu tous les ans le deuxième dimanche de juin. Depuis 1954, ce cortège organisé par la Ville de Lomme se déroule de la même façon. C'est une fête populaire qui s'étend sur deux journées, le samedi et le dimanche.

Depuis 1954, le carnaval d'été a lieu le deuxième dimanche de juin à Lomme, avec ses majorettes, ses chars et ses groupes invités. La parade organisée par la Ville est ouverte par la géante Anne Delavaux. Cette femme soldat lommoise qui au XVIIe siècle combattit pendant la Fronde fut "géantifiée" pour la première fois en 1960 par les artistes Maurice Deschodt et Georgette Patteyn.

Valérie Thomas, responsable du service animation et de la vie associative de la Ville de Lomme

Région du Nord-Pas-de-Calais, département du Nord (59), commune de Lomme

Le carnaval de Lomme

 

Le carnaval d'été a lieu tous les ans le deuxième dimanche de juin. Depuis 1954, ce cortège organisé par la Ville de Lomme se déroule de la même façon. C'est une fête populaire qui s'étend sur deux journées, le samedi et le dimanche.

Le samedi soir, vers 20 heures, un concert de variétés est offert place de l'hôtel de Ville, suivi d'un spectacle pyrotechnique vers 23 heures.

Le dimanche matin, des groupes invités pour le carnaval animent un quartier où le défilé de l'après-midi ne passera pas. Chaque année, un quartier différent est choisi pour recevoir ces animations. Un apéritif organisé par une des associations du quartier en lien avec la Ville clôt la matinée.

Le dimanche après-midi, le cortège carnavalesque se met en place vers 15 heures. Alternativement, le défilé part du quartier de la Mitterie ou du Marais mais l'arrivée se fait toujours à l'hôtel de Ville. La géante Anne Delavaux ouvre le cortège accompagnée des majorettes, des groupes folkloriques, des musiques invitées et des chars réalisés par les associations et les habitants. Après avoir parcouru 3,5 kilomètres environ dans les rues de la ville, le cortège se termine avec le passage de chaque groupe ou char devant la tribune officielle à l'hôtel de Ville. C'est aussi sur cette place que sont installés les manèges de la ducasse et que la population se rassemble en foule pour attendre le défilé.

Vers 18h30, tous le monde est invité à un apéritif musical sur le parvis de l'hôtel de Ville pour conclure ce week-end festif sur le thème du carnaval.

La géante Anne Delavaux mesure 3,20 mètres et pèse 30 kilos, elle est portée par une personne. C'est un mannequin réalisé de façon traditionnelle en bois, osier, tissu, carton. La géante porte une perruque de véritables cheveux blonds. Son vêtement, rouge et doré, est inspiré des costumes du XVIIe siècle. Elle porte une cuirasse féminine avec des seins, une épée au côté et tient une cravache à la main droite.

Les cinq chars associatifs qui la suivent - un par quartier de Lomme - sont réalisés chaque année sur des plateformes louées à des agriculteurs.

 

Matériaux (origine, fournisseurs, exploitation, difficultés d’approvisionnement) :

La structure du géant est en osier, rotin et bois. La tête et les mains sont en carton peint.

Le rotin est un matériau importé. La qualité et la variété des osiers ne sont plus les mêmes qu'il y a une trentaine d'années et il y a des difficultés d'approvisionnement pour trouver des osiers de forte section et de grande longueur produits dans la région, convenant bien à la réalisation des structures de géants. Il faut donc parfois utiliser des osiers qui sont importés. Il devient aussi difficile de se procurer les tissus adaptés pour la réalisation des costumes des géants du fait de la disparition de l'industrie textile dans le nord de la France.

Les porteurs de la géante Anne Delavaux sont des employés municipaux de la Ville de Lomme.

Un artiste est missionné pour encadrer des ateliers de création des cinq chars réalisés par les associations et les habitants (un char par quartier). Certaines de ces associations préparent chaque carnaval depuis de nombreuses années. Parfois ce sont des écoles ou des associations de parents d'élèves qui suivent les ateliers mis en place par la Mairie.

La grande famille des géants

Enracinés dans la culture locale et régionale, les géants sont environ 500 au Nord de la France. En Belgique, ce sont plus de 1500 géants qui animent les fêtes locales. La tradition est aussi très vivante en Espagne avec plus de 2000 géants, notamment en Catalogne. Il est difficile de dénombrer les géants, précisément parce qu'il s'agit d'un patrimoine vivant : certains géants disparaissent pour renaître parfois plusieurs années plus tard, et de nouvelles effigies apparaissent tous les ans.

D’origine médiévale, les géants de l’Europe occidentale sont nés des processions communales et religieuses dès le XVe siècle. Ces figures gigantesques illustrent alors des épisodes de la Bible (Goliath), des récits de la Légende dorée (Saint Christophe) ou des histoires du cycle de Charlemagne (Cheval Bayard et les fils Aymon). Aujourd'hui, les géants ont perdu leur caractère religieux et ils témoignent de la richesse historique et culturelle liée à l'identité locale. Emblèmes d’une ville, d’un quartier, d'une association, ces grands mannequins d'osier représentent des héros historiques ou légendaires, des figures locales, des métiers, des animaux, des dragons...

 

L'âme collective du géant

Construits pour être portés par une ou plusieurs personnes, les géants dansent et animent les rues de la cité, accompagnés de leur musique. Ils sont associés à la vie de la communauté qu'ils représentent, qui les fait vivre et danser : ils peuvent se marier et avoir des enfants, s'inviter entre eux, voyager... donnant lieu à de grandes fêtes populaires. Elément visible du patrimoine immatériel de la communauté dont il constitue le symbole, le géant favorise le lien social et il contribue à raviver la mémoire collective. Suivant les ressources humaines et matérielles, le géant est porté ou se déplace sur roulettes. Il peut mesurer de deux mètres pour les géants enfants à plus de quatorze mètres de haut pour le géant de Nieuport, qui nécessite vingt-quatre porteurs.

 

Les géants à la fête

S’il y a bien un élément qui rassemble le monde divers des géants, c’est la fête ! Qu’ils soient français, belges ou espagnols, les géants défilent dans les ducasses, les kermesses ou les fêtes patronales. Ils s’amusent et dansent au gré des sorties carnavalesques. La fête donne un sens au géant ; le géant donne un sens à la fête. Dans le sud de la France, les animaux totémiques comme la Tarasque de Tarascon ou le Poulain de Pézenas sont indissociables de leurs fêtes tout comme les géants du nord de l’Europe. Si les géants émergent de ces festivités, ils ne sont pas seuls. Les personnages gigantesques et les animaux fantastiques font partie d’un ensemble d’éléments et de traditions. Tantôt, ils sont entourés de chevaux-jupons, d’hommes de feuilles ou de diables, tantôt, ils s’intègrent à un cortège haut en couleurs, avec des chars de fantaisie, des groupes historiques ou des ensembles musicaux.

Les géants ne se contentent pas de défiler. Ils aiment jouer avec le public. A Mons (Belgique), la queue du dragon est happée par la foule qui arrache les crins porte- bonheur. A Cassel, la foule retient les géants Reuze Papa et Reuze Maman pour des danses qui n’en finissent plus. Les géants du Meyboom, à Bruxelles, profitent de leur légèreté et de leurs bras mobiles pour taquiner le public dans de grands mouvements de va-et-vient. Au-delà, aller voir danser les géants, c’est surtout se retrouver, partager un moment privilégié avec des amis ou avec sa famille.

 

Le géant dans l'espace public

Le géant est souvent considéré comme le citoyen modèle de la cité, qu’il soit ouvrier, enfant, seigneur ou paysan. Sa place est dans la rue et il symbolise de façon festive l’appartenance à une communauté. Par exemple, à Douai, les Douaisiens s’appellent entre eux “les enfants de Gayant”.

La fête du géant, fête de rue, est liée à des repères identifiés comme “lieux de vie” de la ville : mairie, commerces, places, cafés, constituent autant de haltes ludiques et festives sur le parcours du géant et du cortège. Or, l’évolution du tissu urbain ne va pas dans le sens du maintien d’un environnement propice aux géants, dont le passage est parfois empêché par les aménagements et le mobilier urbains. Dans les nouveaux quartiers constitués de grands ensembles, les géants trouvent difficilement leur place : ici “écrasés” par la taille des immeubles et des tours, là, incongrus dans des voies privées, des lotissements dortoirs sans magasins, sans cafés, sans vie collective. La fête populaire calendaire et le géant apportent du merveilleux et de l’enchantement ; ils transforment ainsi le regard porté sur l’environnement quotidien, révélant l’espace public dans toutes ses dimensions.

 

De génération en génération.

Depuis la fin des années 1970, les géants connaissent une véritable "poussée démographique" en Belgique et au nord de la France. Le même mouvement s’observe aussi en Catalogne espagnole. À l’origine de la naissance d’un nouveau géant, il y a toujours le rêve et la volonté d’un groupe de personnes, d'associations, d'élus... Doit- on y voir la volonté de retrouver ses racines et l’"authenticité" des traditions, la nécessité pour les collectivités locales de renforcer leur identité ou tout simplement le plaisir de faire la fête ? Peut-être tout cela à la fois. Les glorieux anciens regardent ce phénomène avec intérêt. Des cités comme Douai, Cassel, Ath, Termonde ou Malines voient les géants défiler depuis de nombreuses générations. Les porteurs se succèdent de père en fils, les artisans transmettent leur savoir-faire, les cuisinières s’échangent la recette des plats de fête.

 

La fabrication traditionnelle des géants

Au nord de la France, les premiers géants attestés (XVIe siècle) étaient construits en osier et les têtes sculptées dans le bois. Aujourd'hui, la plupart des géants portés ont une structure en osier et bois. C’est le matériau de prédilection pour fabriquer un géant, qui fait la particularité des géants du nord de la France et de la Belgique.

Depuis le XIXe siècle, d’autres matériaux et techniques ont parfois remplacé l’osier et la vannerie comme le fer, l’aluminium, les lattes de bois, la résine polyester, le grillage etc. Mais ces matières sont souvent plus lourdes et moins adaptées que l’osier qui, par sa souplesse et sa légèreté, reste le matériau préféré. De plus, l’osier permet de structurer l’ossature du géant tout en lui donnant sa forme. Il se marie bien avec le tissu car il n’est pas coupant et n’écorche pas ce dernier. Souvent, lorsqu’il est remplacé par d’autres matériaux, c’est parce que les vanniers se font rares...

Aujourd'hui pour réaliser les têtes et les mains, le plâtre et le carton pâte sont plus souvent utilisés que le bois. En fait, c’est la légèreté du matériau qui prime dans le choix du créateur. Le carton pâte a encore ses partisans mais la résine polyester est aujourd’hui souvent employée, rendant cependant le géant plus lourd.

De nombreux savoir-faire interviennent donc dans la création d’un géant : il faut travailler le bois, le cuir, l’osier et le rotin, le plâtre, le métal, le papier, les matériaux synthétiques, les tissus, le crin de cheval, les cheveux... Beaucoup d’heures de travail sont nécessaires à toute une équipe pour créer un beau géant.

Car l’apparence du géant est importante mais aussi les techniques employées pour favoriser son portage, son entretien et sa conservation. Aussi fait-on souvent appel à des artisans géantiers, professionnels qui ont expérience et savoir-faire. Mais le géant est aussi parfois réalisé "avec les moyens du bord", de façon bénévole par les membres d'une association.

 

Historique particulier de l'entreprise, de la personne ou de l'organisme, de la forme d'expression ou de l'espace culturel faisant l’objet de la fiche :

Le carnaval de Lomme existe sous sa forme actuelle depuis 1954.

 

La géante Anne Delavaux

La géante Anne Delavaux représente une femme soldat qui vécut au XVIIe siècle. Cette Lommoise combattit comme porte-étendard pendant la Fronde, en se faisant passer pour un homme, et fut blessée sur le champ de bataille. On découvrit alors son véritable sexe et elle fut confiée aux sœurs de l'abbaye de Marquette. Puis AnneDelavaux fut envoyée à l'abbaye-hôpital de la Biloque à Gand où l'on soignait les soldats malades ou blessés. Elle y finit ses jours. Anne Delavaux a été "géantifiée" pour la première fois en 1960 pour animer le cortège carnavalesque de Lomme. La géante, portée, mesurait alors 4,40 mètres. Elle avait été réalisée par Maurice Deschodt et Georgette Patteyn, deux artistes hazebrouckois qui ont créé de nombreux géants dans la région dans les années 1960.

Anne Delavaux a été "géantifiée" pour la deuxième fois en 2003 pour remplacer la géante précédente : en mauvais état, celle-ci ne pouvait plus défiler. Stéphane Deleurence, qui a créé la nouvelle géante, l'a dotée d'une cravache à la main droite car son fait d'armes le plus fameux fut d'avoir volé trente chevaux à l'ennemi français.

Ainsi la figure tutélaire de Lomme marche toujours en tête de la parade carnavalesque de sa ville. Elle ne sort qu'au carnaval de Lomme.

Lorsque la géante ne participe pas au défilé, elle est présentée dans le grand hall d'accueil de l'hôtel de Ville où elle semble monter la garde.

 

L'édition 2013 du carnaval de Lomme

Chaque année, un thème est retenu pour le carnaval. "Le carnaval prend des airs de musique" était le thème du carnaval en juin 2013 : spectacle pyrotechnique sur le thème des musiques des carnavals du monde, décoration des chars aux noms évocateurs (Lommolympia, les années 60, les contes musicaux, les orgues de Barbarie, Ibiza). Tout le long du parcours, les enfants ont participé au concours de déguisements qui a donné lieu à une exposition dans le hall de l'hôtel de Ville. À l'arrivée du cortège devant la tribune officielle, une piste accueillait les élèves artistes du Centre régional des arts du cirque de Lomme. Pour le cortège, la géante portait une écharpe noire en signe de deuil, l'ancien Maire de Lille et ancien Premier ministre Pierre Mauroy étant décédé deux jours avant la fête.

Exposition en 10 panneaux sur la géante et son histoire

Résidences d’artiste

Autre : tracts distribués dans les boîtes aux lettres et lieux publics de la ville ; affiches, bande dessinée sur la géante Anne Delavaux

 

Actions de valorisation et modes de reconnaissance publique (niveaux local, national, international) :

L'organisation du carnaval est financée par la Ville de Lomme et la logistique assurée par les services techniques.

En 2014, plusieurs projets sont à l'étude par la Mairie, afin de monter un chapiteau pour accueillir le spectacle des élèves du Centre régional des arts du cirque, de dédier un lieu spécifique pour la création des chars et de réaliser une exposition pour la soixantième édition du carnaval.

 

Mesures de sauvegarde

La géante est suivie et entretenue par les services techniques de la Ville de Lomme.

Documentation / éléments bibliographiques / inventaires déjà réalisés :

Ouvrages de référence concernant les géants et leurs fêtes

Chaussois (Robert), Géants du Nord-Pas-de-Calais, La Sentinelle, Éd. le Téméraire, 1998

Codron (Christine), Filatriau (Jean-Pierre), Sous les jupes des géants, Lille, La Voix du Nord, 1999

Coussée (Bernard), Deleurence (Stéphane), Vandenberghe (Philippe), Géants d'ici, Lille, Éd. Bernard Coussée, 1986

Ducastelle (Jean-Pierre), Gheusquin (Marie-France), De Sike (Yvonne), Twyffels (Brigitte), Willemart (Jacques), Géants et dragons, Tournai, Casterman, 1996

Ronde des Géants (La), Au pays des géants, éd. La Ronde des Géants, 1981

Catalogue d'exposition

Cités en Fête, Musée National des Arts et Traditions Populaires, Paris, 1992

Dates et lieu(x) de l’enquête : 17 décembre 2013, Lomme

Date de la fiche d’inventaire : 7 janvier 2014

Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs :

Stéphane Deleurence et Nicole Cugny

Nom du rédacteur de la fiche : Stéphane Deleurence et Nicole Cugny (la Ronde des Géants), avec la collaboration de Séverine Cachat (Centre français du patrimoine culturel immatériel - Maison des Cultures du Monde).

 

Donnée d'enregistrement:

 

N° d'inventaire de la fiche: 2014_67717_INV_PCI_FRANCE_00352

Année d'inclusion à l'inventaire: 2014

Identifiant ARKH : ark:/67717/nvhdhrrvswvk266

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : https://www.pci-lab.fr/images/pdf/Tutoriel.pdf

Contribuer Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Géants_du_Nord_de_la_France_et_de_Belgique

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