géants le Roi des Mitrons, le frère jumeau du Roi des Mitrons, Mélanie Michel’tje, Joséphine, Antoinette
Le week-end suivant le Mardi gras, un millier de "carnavaleux" se rassemble pour la bande des Mitrons avec les géants de Wormhout apparus au début des années 1930 : le Roi des Mitrons, le frère jumeau du Roi des Mitrons, Mélanie, Michel'tje, Joséphine, Antoinette. Tous les cinq ans le premier dimanche de juillet, une ronde internationale de géants célèbre l'anniversaire des rois.
Le carnaval se déroule le premier week-end après le Mardi gras mais la date exacte est fixée en fonction de celle des autres carnavals de la région afin que les bandes de "carnavaleux" puissent se déplacer et participer sans concurrence entre les carnavals des communes autour de Dunkerque.
Indexation :
Pratiques festives ; géants, animaux fantastiques et dragons processionnels ; géants des fêtes au nord de la France ; le carnaval de Wormhout avec les géants le Roi des Mitrons, le frère jumeau du Roi des Mitrons, Mélanie, Michel'tje, Joséphine, Antoinette
Nom et rôle et/ou fonction de la personne rencontrée :
• André Deram est vice-président de Hauts-de-Flandre Tourisme et président de l'office du tourisme de Wormhout, gestionnaire des sorties des géants de Wormhout
• Didier Deram, ancien président de l'association "les amis des Reuzes" de Wormhout, est conseiller technique pour les géants à l'office du tourisme de Wormhout.
Municipalité, vallée, pays, communauté de communes, lieu-dit... :
Wormhout, Communauté de communes du Pays de l'Yser
Adresse : Office municipal de tourisme, 60 place du Général De Gaulle, 59470 Wormhout
Téléphone : 03 28 62 81 23
Adresse de courriel : tourisme@ot-wormhout.fr Site Web : www.wormhout-tourisme.fr
Région du Nord-Pas-de-Calais, Département du Nord (59), commune de Wormhout
Le carnaval se déroule le premier week-end après le Mardi gras mais la date exacte est fixée en fonction de celle des autres carnavals de la région afin que les bandes de "carnavaleux" puissent se déplacer et participer sans concurrence entre les carnavals des communes autour de Dunkerque.
Le samedi, le carnaval des enfants donne le départ des festivités avec la géante portée Antoinette. Le géant Michel'tje, qui n'est pas porté, est installé sur le perron de l'hôtel de Ville. Au matin, un concours de podingues (gâteau aux raisins) est organisé à la Mairie. En début d'après-midi se forme la bande des enfants emmenée par la géante Antoinette et le tambour major Cochu Ier suivis de l'harmonie-batterie municipale. Des jets de bonbons animent le défilé, au départ puis à la maison de retraite. Comme pour la bande des Mitrons, avec les adultes, un rigodon final termine le carnaval des enfants dans la rue. Tous les enfants costumés sont ensuite accueillis en Mairie vers 16 heures pour la distribution des podingues et la remise des prix aux gagnants du concours de dessin sur le thème du carnaval : un dessin est retenu pour réaliser l'affiche du carnaval suivant.
Le dimanche, c'est la bande des Mitrons (carnaval des adultes). Une bande, dans la Flandre maritime, désigne un groupe de gens costumés qui se réunit pour faire le carnaval dans la rue. À Dunkerque et aux alentours, chaque bande a un nom et on la reconnait à ses berguenaerts et ses klet'che (costume, déguisement en dunkerquois). À Wormhout, la bande s'appelle les Buckenaeres ("les nombrils"). "Faire la bande", c'est faire le cortège du carnaval avec tous les "carnavaleux".
À Wormhout, les géants le Roi des Mitrons et son frère jumeau ouvrent le cortège, suivis des Buckenaeres, du tambour major Cochu Ier, de l'harmonie-batterie municipale et des "carnavaleux" venus de la région. Comme tous les tambours majors des carnavals du Dunkerquois, Cochu Ier, costumé en soldat d'Empire, dirige la musique : il lance les chants et les airs musicaux qui sont repris en chœur par la bande. Parfois les "premières lignes" (premiers rangs de la bande) s'arrêtent et on fait "p'tit tas" : la première ligne doit "tenir" car c'est le "chahut" (ou "Tiens-bon-d'sus") et toute la bande "pousse"... C'est le moment le plus physique du carnaval.
Le cortège fait deux tours. Au premier passage de la bande devant la Mairie a lieu le "jet d'z harengs" (jet de harengs) ; au deuxième passage devant la Mairie, les musiciens s’installent sur le podium au milieu de la place pour le rigodon final.
La bande tourne autour du podium en chantant l'hymne à Cô-Pinard, célèbre tambour major de Dunkerque. Puis l'hymne à Jean Bart, le fameux corsaire de Dunkerque, repris en chœur par tous les "carnavaleux" clôt le carnaval dans la rue. Les "carnavaleux" se dispersent et se retrouvent dans les "chapelles". "Faire chapelle », c'est entrer et être bienvenu dans une maison de "carnavaleux" qui offrent à boire et à manger pour les amis. C'est aussi dans les chapelles que l'on prépare dès le matin le klet'che avec maquillage. Huit jours après la bande a lieu le grand bal organisé par les Buckenaeres. Les bénéfices du bal sont redistribués à des associations caritatives. Dans un bal de carnaval règne la même ambiance que dans la rue, transposée dans une salle avec un orchestre, des boissons, un repas. Chaque masquelour ("carnavaleux" qui fait la bande) vient au bal avec son klet' che. Une fête foraine a lieu tous les ans pendant la période du carnaval à Wormhout. Les Wormoutois participent largement et activement, les vitrines des commerces sont décorées sur le thème du carnaval.
La ronde internationale de géants, les anniversaires des rois
Outre le carnaval, une ronde internationale de géants célèbre tous les cinq ans, le premier dimanche de juillet, l'anniversaire des rois, les géants le Roi des Mitrons et son frère jumeau le Roi des Mitron. Un cortège avec des géants et des groupes musicaux invités parcourt la ville le dimanche après-midi. Le temps fort de cette fête est le couronnement du Roi des Mitrons avant la danse finale de l'ensemble des géants sur la place de la commune.
En 2013, le rassemblement a pour thème la célébration des 300 ans du traité d'Utrecht, à laquelle sont invités les géants voisins de Poperinghe (Poperinge) et de Furnes (Veurne). Une trentaine de géants défilent pour fêter l'anniversaire du Roi des Mitrons. Pendant six semaines, une exposition sur l'histoire des géants de Wormhout est proposée à l'office de tourisme. Le dimanche matin, toute la famille des géants de Wormhout est présentée devant la Mairie. Vers 14 heures, les géants invités sont montés et habillés en public. Le départ du cortège est donné vers 15h30, devant la maison de retraite pour honorer les anciens. Après 2,5 kilomètres à travers les rues de la commune, le cortège arrive vers 16h30 devant la Mairie ; devant la tribune officielle sont présentés les groupes auxquels est remis un souvenir. La confrérie des Talmeliers et du bon pain de Flandre distribue des petits pains.
Vers 18 heures devant l'hôtel de Ville a lieu le couronnement du Roi des Mitrons avec le "vivat flamand" et l'"inondation" du géant. Les géants sont rassemblés autour de la place ; du haut d'une échelle, un porteur ôte la toque blanche du géant et pose une couronne sur sa tête. Tout le monde chante "joyeux anniversaire..." et la chanson du "vivat flamand". Le vivat est un rituel pratiqué au cours d'un banquet familial ou d'une cérémonie. Une serviette de table blanche est tendue au-dessus de la tête de la personne honorée tandis que l'assemblée entonne la chanson du vivat. Lorsque celle- ci s'achève, on verse du champagne ou de la bière sur la serviette tenue : la personne fêtée est "inondée". Pour les géants, la pratique est identique : on tend un grand drap au moyen de quatre perches au-dessus de la tête du géant qui est "inondé" par une personne juchée sur une échelle.
Depuis une dizaine d'années, après le vivat, une coupe géante en cristal remplie de champagne passe de main en main entre les porteurs et les personnalités.
C'est un exercice périlleux, devenu un jeu, que de boire dans cette coupe géante sans s'arroser. Après le traditionnel lâcher de pigeons, géants et participants se placent pour se faire photographier avec le public. Puis les géants dansent ensemble pour la ronde finale qui clôt la journée. Après avoir démonté et rangé les géants, les acteurs de la fête sont invités à un repas dans une salle municipale. En dehors des fêtes traditionnelles à Wormhout, les géants sont les "ambassadeurs de la ville" et participent à d'autres événements comme la fête du Pain, une fête tournante à laquelle ils sont associés. Ils ont voyagé au Pays de Galles à Llandudno, ville jumelée à Wormhout et ont été invités à d'autres fêtes de géants dans la région.
Les géants le Roi des Mitrons, le frère jumeau du Roi des Mitrons, Mélanie, Michel'tje, Joséphine, Antoinette
Le Roi des Mitrons mesure quatre mètres et il est roulé. Son frère jumeau, porté par deux hommes, mesure 4,20 mètres et pèse 80 kilos. Les Rois des Mitrons sont vêtus tout de blanc, jupe blanche et veste de boulanger, et sont coiffés d'une toque blanche. Le Roi des Mitrons porte une cocarde bleu-blanc-rouge sur la poitrine et son frère jumeau l'ancien blason flamand avec un lion noir sur fond jaune. Ils ont tous les deux un foulard bleu autour du cou.
Mélanie mesure 3,50 mètres et pèse 75 kilos, la géante est roulée. Mélanie revêt un ensemble dans les tons rouge orangé avec des garnitures blanches. Elle est coiffée d'une toque rouge, et porte un collier de perles dorées autour du cou.
Michel'tje mesure 2,50 mètres. Le personnage juché sur un tonneau est sur roulettes. Il est habillé d'un pull marin avec un pantalon bleu, et porte un foulard bleu autour du cou.
Antoinette mesure 2,70 mètres et pèse 30 kilos, elle est roulée. La géante est vêtue d'un casaquin fleuri et d'une jupe bleue. Elle porte un sac blanc et bleu, et tient un bouquet de fleurs à la main droite.
Joséphine mesure 2,50 mètres et pèse 30 kilos, elle est portée par une personne. La géante porte le même costume qu'Antoinette mais elle est coiffée d'un chapeau blanc.
Matériaux (orignie, fournisseur, exploitation, difficultés d’approvisionnement) :
Le géant le Roi des Mitrons est monté sur roues et sa structure est réalisée en tubes d'acier soudés ; la tête est en plâtre peint et les mains en bois peint. Mélanie, Joséphine et Michel'tje sont réalisés en tubes d'acier soudés. Les têtes ainsi que les mains sont en plâtre peint.
La structure du géant le frère jumeau du Roi des Mitrons est en osier, rotin et bois. La tête est en carton peint, et les mains en carton synthétique peint. La vannerie du géant actuel a été réalisée par les membres de l'association "les amis des Reuzes" de Wormhout.
Joséphine est réalisée de la même façon que le frère jumeau du Roi des Mitrons. Le rotin est un matériau importé. La qualité et la variété des osiers ne sont plus les mêmes qu'il y a une trentaine d'années et il y a des difficultés d'approvisionnement pour trouver des osiers de forte section et de grande longueur produits dans la région, convenant bien à la réalisation des structures de géants.
Lieu d'exercice :
Les rues de Wormhout
Le carnaval des enfants a été créé à Wormhout pour transmettre la tradition et pour éviter que les enfants ne se trouvent mêlés au carnaval des adultes, parfois chahuteur et violent pour de jeunes enfants. La culture du carnaval est ainsi transmise en permettant aux enfants de faire leur carnaval avec le même tambour major, la même musique, un vrai géant et dans les mêmes rues qu'emprunte la bande des Mitrons le dimanche. On distribue des bonbons à la place des harengs. La géante Antoinette prend la place du géant le Roi des Mitrons.
Comme pour beaucoup de géants, la transmission se fait simplement : si quelqu'un exprime le souhait de devenir porteur d'un géant, on organise des essais et le groupe donne son accord. Le fait de porter le Roi des Mitrons à deux porteurs facilite les essais et la transmission car le poids et la responsabilité sont ainsi partagés
La grande famille des géants
Enracinés dans la culture locale et régionale, les géants sont environ 500 au nord de la France. En Belgique, ce sont plus de 1500 géants qui animent les fêtes locales. La tradition est aussi très vivante en Espagne avec plus de 2000 géants, notamment en Catalogne. Il est difficile de dénombrer les géants, précisément parce qu'il s'agit d'un patrimoine vivant : certains géants disparaissent pour renaître parfois plusieurs années plus tard, et de nouvelles effigies apparaissent tous les ans.
D’origine médiévale, les géants de l’Europe occidentale sont nés des processions communales et religieuses dès le XVe siècle. Ces figures gigantesques illustrent alors des épisodes de la Bible (Goliath), des récits de la Légende dorée (Saint Christophe) ou des histoires du cycle de Charlemagne (Cheval Bayard et les fils Aymon). Aujourd'hui, les géants ont perdu leur caractère religieux et ils témoignent de la richesse historique et culturelle liée à l'identité locale. Emblèmes d’une ville, d’un quartier, d'une association, ces grands mannequins d'osier représentent des héros historiques ou légendaires, des figures locales, des métiers, des animaux, des dragons...
L'âme collective du géant
Construits pour être portés par une ou plusieurs personnes, les géants dansent et animent les rues de la cité, accompagnés de leur musique. Ils sont associés à la vie de la communauté qu'ils représentent, qui les fait vivre et danser : ils peuvent se marier et avoir des enfants, s'inviter entre eux, voyager... donnant lieu à de grandes fêtes populaires. Elément visible du patrimoine immatériel de la communauté dont il constitue le symbole, le géant favorise le lien social et il contribue à raviver la mémoire collective. Suivant les ressources humaines et matérielles, le géant est porté ou se déplace sur roulettes. Il peut mesurer de deux mètres pour les géants enfants à plus de quatorze mètres de haut pour le géant de Nieuport, qui nécessite vingt-quatre porteurs.
Les géants à la fête
S’il y a bien un élément qui rassemble le monde divers des géants, c’est la fête ! Qu’ils soient français, belges ou espagnols, les géants défilent dans les ducasses, les kermesses ou les fêtes patronales. Ils s’amusent et dansent au gré des sorties carnavalesques. La fête donne un sens au géant ; le géant donne un sens à la fête. Dans le sud de la France, les animaux totémiques comme la Tarasque de Tarascon ou le Poulain de Pézenas sont indissociables de leurs fêtes tout comme les géants du nord de l’Europe. Si les géants émergent de ces festivités, ils ne sont pas seuls. Les personnages gigantesques et les animaux fantastiques font partie d’un ensemble d’éléments et de traditions. Tantôt, ils sont entourés de chevaux-jupons, d’hommes de feuilles ou de diables, tantôt, ils s’intègrent à un cortège haut en couleurs, avec des chars de fantaisie, des groupes historiques ou des ensembles musicaux. Les géants ne se contentent pas de défiler. Ils aiment jouer avec le public. A Mons (Belgique), la queue du dragon est happée par la foule qui arrache les crins porte- bonheur. A Cassel, la foule retient les géants Reuze Papa et Reuze Maman pour des danses qui n’en finissent plus. Les géants du Meyboom, à Bruxelles, profitent de leur légèreté et de leurs bras mobiles pour taquiner le public dans de grands mouvements de va-et-vient.
Au-delà, aller voir danser les géants, c’est surtout se retrouver, partager un moment privilégié avec des amis ou avec sa famille.
Le géant dans l'espace public
Le géant est souvent considéré comme le citoyen modèle de la cité, qu’il soit ouvrier, enfant, seigneur ou paysan. Sa place est dans la rue et il symbolise de façon festive l’appartenance à une communauté. Par exemple, à Douai, les Douaisiens s’appellent entre eux “les enfants de Gayant”.
La fête du géant, fête de rue, est liée à des repères identifiés comme “lieux de vie” de la ville : mairie, commerces, places, cafés, constituent autant de haltes ludiques et festives sur le parcours du géant et du cortège. Or, l’évolution du tissu urbain ne va pas dans le sens du maintien d’un environnement propice aux géants, dont le passage est parfois empêché par les aménagements et le mobilier urbains. Dans les nouveaux quartiers constitués de grands ensembles, les géants trouvent difficilement leur place : ici “écrasés” par la taille des immeubles et des tours, là, incongrus dans des voies privées, des lotissements dortoirs sans magasins, sans cafés, sans vie collective. La fête populaire calendaire et le géant apportent du merveilleux et de l’enchantement ; ils transforment ainsi le regard porté sur l’environnement quotidien, révélant l’espace public dans toutes ses dimensions.
De génération en génération
Depuis la fin des années 1970, les géants connaissent une véritable "poussée démographique" en Belgique et au nord de la France. Le même mouvement s’observe aussi en Catalogne espagnole. À l’origine de la naissance d’un nouveau géant, il y a toujours le rêve et la volonté d’un groupe de personnes, d'associations, d'élus... Doit- on y voir la volonté de retrouver ses racines et l’"authenticité" des traditions, la nécessité pour les collectivités locales de renforcer leur identité ou tout simplement le plaisir de faire la fête ? Peut-être tout cela à la fois. Les glorieux anciens regardent ce phénomène avec intérêt. Des cités comme Douai, Cassel, Ath, Termonde ou Malines voient les géants défiler depuis de nombreuses générations. Les porteurs se succèdent de père en fils, les artisans transmettent leur savoir-faire, les cuisinières s’échangent la recette des plats de fête.
La fabrication traditionnelle des géants
Au nord de la France, les premiers géants attestés (XVIe siècle) étaient construits en osier et les têtes sculptées dans le bois. Aujourd'hui, la plupart des géants portés ont une structure en osier et bois. C’est le matériau de prédilection pour fabriquer un géant, qui fait la particularité des géants du nord de la France et de la Belgique.
Depuis le XIXe siècle, d’autres matériaux et techniques ont parfois remplacé l’osier et la vannerie comme le fer, l’aluminium, les lattes de bois, la résine polyester, le grillage etc. Mais ces matières sont souvent plus lourdes et moins adaptées que l’osier qui, par sa souplesse et sa légèreté, reste le matériau préféré. De plus, l’osier permet de structurer l’ossature du géant tout en lui donnant sa forme. Il se marie bien avec le tissu car il n’est pas coupant et n’écorche pas ce dernier. Souvent, lorsqu’il est remplacé par d’autres matériaux, c’est parce que les vanniers se font rares...
Aujourd'hui pour réaliser les têtes et les mains, le plâtre et le carton pâte sont plus souvent utilisés que le bois. En fait, c’est la légèreté du matériau qui prime dans le choix du créateur. Le carton pâte a encore ses partisans mais la résine polyester est aujourd’hui souvent employée, rendant cependant le géant plus lourd.
De nombreux savoir-faire interviennent donc dans la création d’un géant : il faut travailler le bois, le cuir, l’osier et le rotin, le plâtre, le métal, le papier, les matériaux synthétiques, les tissus, le crin de cheval, les cheveux... Beaucoup d’heures de travail sont nécessaires à toute une équipe pour créer un beau géant.
Car l’apparence du géant est importante mais aussi les techniques employées pour favoriser son portage, son entretien et sa conservation. Aussi fait-on souvent appel à des artisans géantiers, professionnels qui ont expérience et savoir-faire. Mais le géant est aussi parfois réalisé "avec les moyens du bord", de façon bénévole par les membres d'une association.
Historique particulier de l'entreprise, de la personne ou de l'organisme, de la forme d'expression ou de l'espace culturel faisant l’objet de la fiche :
L'influence du carnaval de Dunkerque
Autour de Dunkerque, la tradition du carnaval est très vivante. L'influence du carnaval de Dunkerque et de ses pratiques se manifeste sur tout le littoral du Département du Nord, de la frontière belge à Gravelines. Vers l'intérieur du Département, dans des carnavals comme ceux de Bailleul, Cassel, Godewaersvelde, on retrouve également des pratiques similaires à celles du carnaval de Dunkerque, comme la bande emmenée par le tambour major avec les masquelours, leurs klet'je colorés et leurs berguenaerts, les chapelles. La musique avec les tambours, les fifres et les chants du carnaval dunkerquois sont présents dans tous ces carnavals avec des variantes locales.
Les géants sont souvent associés à ces carnavals. Certains géants accompagnent les masques et font partie de la bande comme à Wormhout. D'autres géants sont plutôt témoins du carnaval et n'y tiennent pas un rôle actif. Ces géants sont différents des mannequins géants de carnaval que l'on brûle. Figures tutélaires de la cité, ils participent au carnaval et pour certains, ils sont associés à d'autres fêtes.
Historique des géants et du carnaval à Wormhout
En 1929, l'association des Anciens élèves de l'école publique ainsi que celle des Anciens combattants et mobilisés de la Guerre de 1914-1918 se lancent dans l'interprétation de pièces de théâtre comiques dont Le Tampon du Capiston et Cochu boxeur. Ces pièces ayant eu un grand succès, le personnage de Cochu est "géantifié" en 1930 : le premier géant de Wormhout est né. En 1932, on lui donne une épouse, appelée Mélanie, représentant la servante de la pièce Le Tampon du Capiston. Mais en 1933, le géant Cochu disparaît. À cette époque existait déjà à Wormhout un groupe avec des musiciens appelés "les Mitrons" - costumés en mitrons - qui animait un Four merveilleux sur un char, comme dans la commune voisine de Cassel. Ce groupe décide de créer le géant "le Roi des Mitrons", qui représente un boulanger pâtissier. On choisit au sein du groupe un modèle, Maurice Hennegraeve qui présente toutes les caractéristiques requises : un "beau flamand bien portant". D'une hauteur de quatre mètres pour 90 kilos, le géant est alors porté. Dans les années 1970, le géant est placé sur un socle à roues. Il accompagne déjà le carnaval. C'est dans cette période qu'apparaissent les Buckenaeres qui, vers 1975 souhaitent faire une bande comme à Dunkerque et relancent le carnaval, qui prend sa forme actuelle. En 1987 est créée l'association des Amis des géants et du patrimoine wormhoutois. Une nouvelle tête est réalisée pour la géante Mélanie. À la même époque est lancé le carnaval des enfants. La géante Mélanie, femme de Cochu qui a disparu, s'est remariée avec le Roi des Mitrons. En 1990, Mélanie et le Roi des Mitrons ont un enfant baptisé "Michel'tje" (petit Michel en flamand), un mannequin à cheval sur un tonneau et costumé en marin. En 1991, une fille naît dans la famille des géants : elle se prénomme Joséphine, en référence à Joséphine Baker car en anglais ou en flamand baker signifie boulanger donc mitron. L'autre raison avancée pour cette naissance, c'est qu'il fallait un géant porté.
En 1993, le géant le Roi des Mitrons étant fatigué, l'association des Amis des géants et du patrimoine wormhoutois décide de créer son jumeau, qui sera porté par deux personnes. En 1996, celle-ci change de nom et devient l'association des Amis des Reuzes. En 1998 naît la géante Antoinette, la fille du frère jumeau du Roi des Mitrons, l'objectif étant d'avoir des jumeaux et des jumelles. Dans la grande famille merveilleuse des géants du nord de la France, Joséphine et Antoinette sont des cousines jumelles...
En 2003, l'association est dissoute et le patrimoine cédé à la Ville de Wormhout. L'office municipal du tourisme a "l'usage des géants et la charge de leur sauvegarde". Aujourd'hui, c'est un millier de "carnavaleux" qui se rassemble pour la bande des Mitrons le dimanche, sans compter les spectateurs. Celle-ci est appréciée pour la participation des géants. "Il n'y a pas trop d'excès et c'est un carnaval qui par sa dimension et le nombre de masques reste convivial".
Historique de la ronde internationale de géants de Wormhout
À l'origine, une fête folklorique avec le géant avait lieu tous les ans le premier dimanche de juillet. À partir de 1992, tous les cinq ans, les festivités communales sont rehaussées par l'organisation d'une ronde internationale de géants. Pour les organisateurs, constatant un engouement pour ces rassemblements de géants, l'objectif est de "fédérer". À chaque ronde, on cherche à présenter de nouveaux géants qui n'ont pas encore été invités, afin de maintenir l'intérêt du public. Chaque ronde est un évènement exceptionnel pour la commune et nécessite des recherches de financement auprès de la communauté de communes comme de partenaires privés. En 1992, c'est l'anniversaire de la géante Mélanie, née en 1932, et la première ronde de géants internationale. En 1998, 2003, 2008, 2013, les anniversaires des géants le Rois des Mitrons (1933) et son frère jumeau (né en 1996 soit 60 ans après son frère jumeau) sont fêtés au cours de ces rondes internationales rassemblant à chaque édition une trentaine de géants et les groupes qui les accompagnent.
Modes de valorisation
• Exposition
• Site internet : www.wormhout-tourisme.fr
• Boutique : L'office de tourisme propose à la vente des figurines et des cartes postales.
Actions de valorisation et modes de reconnaissance publique (niveaux local, national, international) :
Les géants sont propriété de la Ville de Wormhout et gérés par l'office municipal de tourisme. Des demandes de financement au projet sont déposées auprès de la Communauté de communes, du
Département et de la Région.
Une reproduction à l'échelle du buste du Roi des Mitrons est présentée dans la vitrine de l'office du tourisme, qui met gratuitement à la disposition du public un document présentant les géants.
Une exposition est proposée à chaque ronde internationale de géants, soit tous les cinq ans. Les géants sont remisés dans un local que l'on peut visiter sur demande. Le "doigt du Mitron" est une pâtisserie locale en vente chez un pâtissier de Wormhout.
Mesures de sauvegarde
La Ville projette de dédier un lieu spécifique au patrimoine des géants pour leur conservation et leur présentation au public, touristes, scolaires...
Dates et lieu(x) de l’enquête : 26 novembre 2013 et 9 janvier 2014, Wormhout
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Nicole Cugny et Stéphane Deleurence
Nom du rédacteur de la fiche : Nicole Cugny et Stéphane Deleurence (la Ronde des Géants), avec la collaboration de Séverine Cachat (Centre français du patrimoine culturel immatériel - Maison des Cultures du Monde)
Données d'enregistrement
Date de la fiche d’inventaire : 11 janvier 2014
Identifiants ARKH: ark:/67717/nvhdhrrvswvk260
N° fiche d'inventaire : 2014_67717_INV_PCI_FRANCE_00354
Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : https://www.pci-lab.fr/images/pdf/Tutoriel.pdf
Contribuer Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Géants_du_Nord_de_la_France_et_de_Belgique
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