Le Vaisakhi des sikhs à Bobigny (Seine-Saint-Denis)

Le Vaisakhi est une fête traditionnelle originaire du Pendjab (Inde), célébrée le 13 ou le 14 avril selon le calendrier grégorien.

Le Vaisakhi est une fête traditionnelle originaire du Pendjab (Inde), célébrée le 13 ou le 14 avril selon le calendrier grégorien. Il représente traditionnellement la fête de la moisson et la célébration de l’arrivée du printemps, saison très importante dans une région agricole comme le Pendjab. Depuis 1699, la fête a également acquis une signification religieuse majeure chez les Sikhs : c’est de fait l’anniversaire de l’institution de l’Amrit Sanskar, le « baptême » sikh, et du Khalsa, l’« ordre des purs », dont font partie tous les Sikhs « baptisés ». Les Sikhs célèbrent cette journée par différents rituels, notamment des processions nommées nagar kirtan.

Le Vaisakhi est une fête traditionnelle originaire du Pendjab (Inde), célébrée le 13 ou le 14 avril selon le calendrier grégorien. Il représente traditionnellement la fête de la moisson et la célébration de l’arrivée du printemps, saison très importante dans une région agricole comme le Pendjab. Depuis 1699, la fête a également acquis une signification religieuse majeure chez les Sikhs : c’est de fait l’anniversaire de l’institution de l’Amrit Sanskar, le « baptême » sikh, et du Khalsa, l’« ordre des purs », dont font partie tous les Sikhs « baptisés ». Les Sikhs célèbrent cette journée par différents rituels, notamment des processions nommées nagar kirtan. Cette pratique traditionnelle est également reproduite dans tous les pays accueillant une communauté issue de la diaspora sikh, comme dans le cas présent du Vaisakhi à Bobigny, réalisée par la communauté installée en Seine- Saint-Denis.

La communauté franco-sikh d’Île-de-France, qui représente une population de 10 000 à 15 000 individus.

Lieu(x) de la pratique en France

 

Bobigny, Seine-Saint-Denis (93)

 

 

Pratique similaire en France et/ou à l’étranger

 

Originaire du Pendjab, région au nord de l’Inde, la pratique est également reproduite dans tous les pays accueillant une communauté issue de la diaspora sikh (Canada, États-Unis, Grande-Bretagne et Italie).

Le Vaisakhi est une fête traditionnelle du peuple sikh, célébrée le 13 ou le 14 avril selon le calendrier grégorien. Il représente traditionnellement la fête de la moisson et prend son nom de Vesak1, deuxième mois du calendrier Nanakshahi2. Ce mois correspond à l’arrivée du printemps, saison très importante pour les habitants de la région traditionnellement agricole du Pendjab. Depuis 1699, la fête a acquis une signification religieuse majeure chez les Sikhs : durant ce Vaisakhi, Guru Gobind Singh, dixième et dernier guru du sikhisme, a fondé le Khalsa, ordre des « Purs », l’ordre des Sikhs « initiés », regroupant les Sikhs ayant reçu le Amrit Sanskar, le baptême sikh3.

Les Sikhs célèbrent cette journée avec des processions religieuses et folkloriques dites nagar kirtan4, qui se célèbrent au Penjab, mais aussi dans tous les lieux d’installation des Sikhs. En France, les Sikhs issus de la diaspora célèbrent le Vaisakhi publiquement depuis 1988. En Île-de-France, le premier nagar kirtan a été organisé dans les environs de la porte de Bagnolet à Paris5. Aujourd’hui, la célébration la plus importante a lieu à Bobigny, en Seine-Saint-Denis. C’est l’occasion pour les Sikhs de renouveler leurs vœux religieux et aussi d’afficher publiquement leur culture traditionnelle.

Les festivités liées au Vaisakhi incluent d’autres célébrations et rituels. Pendant trois jours, dans tous les Gurdwara6, des pratiquants effectuent une lecture continue (Akhand Path) du Guru Granth Sahib, le livre sacré du sikhisme. Constituant l’un des rituels les plus importants pour les Sikhs, cette lecture doit se poursuivre jour et nuit sans interruption. À cette occasion, toute la congrégation participe ; les personnes les plus dévouées sont présentes au Gurdwara, dès le matin, à la lecture des premières pages du Guru Granth Sahib et restent toute la journée pour méditer7.

Le deuxième jour des célébrations, une autre cérémonie a lieu : le renouvellement du Nishan Sahib, ou drapeau placé devant tous les Gurdwara, représentant le Khanda, symbole religieux le plus important du sikhisme8. Les Panj Piare (cinq premiers hommes baptisés sikhs9) se présentent devant le mât. Le drapeau est alors descendu et nettoyé avec du lait. La tradition provient du Pendjab, où les lieux sacrés sont nettoyés avec du lait. Puis le drapeau est hissé à nouveau10.

Le troisième jour a lieu le nagar kirtan. À la fin de la lecture continue du Guru Granth Sahib, des kirtan (chants) sont récités dans le darbar, l’espace de prière du Gurdwara. Les Panj Piare entrent alors dans la chambre où est gardé le Guru Granth Sahib et récitent des prières, avant que l’un d’entre eux, déchaussé, pose le livre sur sa tête et s’achemine vers la sortie du temple11. À l’extérieur, un autel placé sur un chariot (ou, plus souvent, un camion), spécialement préparé pour héberger le Guru Granth Sahib pendant le défilé, les attend, les Panj Piare y déposent le livre sacré. À côté du livre, un groupe de musiciens récite des chants dévotionnels (kirtan) et jouent des instruments traditionnels12.

 

Devant le chariot se placent les Cinq Bien Aimés (Panj Piare) et un nombre de sewadars (bénévoles), qui balaient la rue à l’eau, en jetant des fleurs pour parfumer le passage du livre sacré. Très souvent, l’équipe de gatka (art martial traditionnel sikh)13 offre un spectacle pendant le défilé. Derrière, se tient la foule des fidèles, en général les femmes et les enfants, suivis des hommes. Tout participant au défilé se couvre la tête d’un bandana, le plus souvent orange, couleur du drapeau sikh et du Pendjab. Parmi les participants, certains sewardas offrent gratuitement des plats typiques pendjabis aux personnes de passage, qui entourent la procession ; d’autres s’occupent du nettoyage de la rue, après le passage du défilé. Un autre camion clôture le cortège, avec les jeunes Sikhs expliquant, au microphone, la signification du Vaisakhi et du nagar kirtan14. À Bobigny, le nagar kirtan organisé pendant le Vaisakhi part du Gurdwara Singh Saba situé rue de la Ferme et traverse les rues de Bobigny et de Drancy, pour rentrer après quelques heures au Gurdwara. Depuis plus de vingt ans désormais, les Sikhs organisent cette célébration. Chaque année, de 3000 à 7000 personnes y participent15.

 

 

Les Panj Piare

 

Les Panj Piare (littéralement, « les Cinq Bien Aimés ») sont les cinq premiers Sikhs baptisés par Guru Gobind Singh, le jour du Vaisakhi de 1699, où le Guru décida d’instituer l’ordre du Khalsa, ordre militaire et religieux dont font partie tous les Sikhs initiés. Guru Gobind Singh avait demandé alors à tous les Sikhs de le rejoindre et de se rassembler à Anandpur, au Pendjab. Une foule de 80 000 Sikhs avait rejoint la ville.

Le Guru demande aux fidèles si l’un d’eux est prêt à donner sa vie à Dieu. La foule est terrorisée mais une personne se lève et rejoint le Guru. L’un et l’autre entrent dans la tente du Guru et, après quelques minutes, ce dernier sort, le sabre ensanglanté. Le Guru répète sa requête quatre fois et quatre autres Sikhs se prêtent au sacrifice. À l’issue de ces cinq sacrifices présumés, le Guru se présente à nouveau devant la foule, main dans la main avec les cinq Sikhs, tous habillés d’or. Une fois devant la foule, le Guru les présente comme les Panj Piare.

Il procède alors à la cérémonie de l’Amrit Sanskar : il emplit un bol de fer d’eau, qu’il remue avec son khanda (épée à double tranchant), en ajoutant du sucre. Ce « nectar de l’immortalité » (amrit) passe de main en main parmi les cinq Sikhs, qui le boivent. Guru Gobind Singh leur donne alors le nom de Singh (littéralement, « lion ») et leur offre cinq objets, qui deviendront les cinq articles de foi des Sikhs16. Il institue ainsi le Khalsa, l’ordre des Purs, dont tous les Sikhs initiés feront partie dorénavant. Dès lors, le Khalsa commandera les Sikhs et plus jamais une personne à elle seule. Enfin, le Guru demande d’être baptisé lui-même par les Panj Piare17.

Après cette cérémonie, les Panj Piare deviennent un symbole très important des célébrations sikhs. Lors du Vaisakhi, les « Cinq Bien Aimés » sont « interprétés » par cinq Sikhs choisis chaque année parmi les hommes les plus âgés de la communauté. Ils doivent être présents dans tous les moments forts des célébrations : ils sont ainsi chargés de nettoyer le drapeau du Gurdwara et de transporter et protéger le livre sacré pendant le défilé. Ces personnes sont habillées de la même manière que les Panj Piare originaux et portent le khanda et les cinq articles de foi. La signification symbolique se double d’une profonde signification de respect envers les personnes âgées, trait caractéristique de la culture sikh : les cinq personnes choisies seront aussi chargées pendant l’année de célébrer l’Amrit Sanskar pour les nouveaux Sikhs qui demanderont à être baptisés.

 

 

Le gatka

 

Le gatka est un art martial traditionnel sikh, institué par Guru Hargobind, premier des prophètes sikhs à décider de prendre les armes pour se défendre. Les Sikhs ont dû subir plusieurs persécutions durant leur histoire, notamment par l’Empire moghol. Du premier au cinquième prophète, les Sikhs ont été toujours pacifiques et n’ont jamais remis en cause l’autorité politique en place. Mais le cinquième prophète sikh, Guru Arjan Dev, fut martyrisé en 1606, torturé et tué par l’Empire moghol, alors musulman. Le sixième prophète, Guru Hargobind, décida alors d’entreprendre la défense et la protection des opprimés, instaurant pour ceci la pratique du gatka (1608) et constituant une première armée sikh. Depuis son institution, les Sikhs sont initiés à cette pratique de défense, reconnue par l’armée indienne, par l’Empire britannique et par la France, grâce à l’œuvre du Maharaja Ranjit Singh, au début du XIXe siècle18.

Le gatka est l’enseignement de la manipulation d’une arme, le shastara. Tout type d’arme est nommée shastara, terme générique rappelant que ces instruments servent à se défendre et non à agresser. La base du gatka est constituée d’un rituel autour de la manipulation de ces armes, pour sacraliser cette prise de responsabilité. Quand un pratiquant de gatka prend une arme, il demande l’autorisation à Dieu de pouvoir l’utiliser, pour rappeler que, quand un Sikh porte une arme, il n’a pas vocation d’attaquer19.

Le gatka s’inspire de l’art martial indien traditionnel, le shastar vidya. À ses débuts, les pratiquants focalisaient leur attention sur l’utilisation du sabre, alors l’arme noble du gatka. Au fil du temps, beaucoup d’autres armes ont été introduites dans la pratique, tels le sabre à double tranchant (khanda) ; le lathi, bâton de bois long de 1,80 à 2 m ; le couple de bâtons, à faire tourner simultanément, pourvus aux extrémités de boules en fer (marathi) ; ou encore un filet circulaire (chakkar), manipulé par un manche placé au milieu du filet20. La pratique du gatka demande une grande attention et une grande agilité. Pendant les entraînements, les combattants apprennent également certaines positions ou formes (yudhan), qui contribuent à leur performance21.

Lors du Vaisakhi, l’équipe de gatka ouvre la procession du nagar kirtan. C’est l’occasion de montrer que l’autel sacré est protégé, malgré l’absence de risque aujourd’hui. Les représentations de gatka prennent plutôt la forme d’un spectacle22. Au-delà de ces représentations, liées au contexte rituel et religieux, le gatka commence à se développer également en tant que sport. Les Sikhs organisent de plus en plus de compétitions, où s’affrontent les différentes équipes. Ce type de compétitions sont organisées en Inde mais aussi en Europe, par les groupes de gatka nés au sein des communautés des Sikhs immigrés23.

 

 

La musique dévotionnelle sikh

 

Les chants et la musique sont d’autres éléments très présents pendant le Vaisakhi. Le défilé prend de fait le nom de nagar kirtan, ou « chants pour le voisinage ». Les chants et la musique qui les accompagne sont effectivement des éléments centraux des célébrations.

La musique des Sikhs est une musique dévolue au culte du sikhisme. Elle accompagne la récitation du Guru Granth Sahib et les kirtan (chants dévotionnels) et ne doit pas supplanter ces derniers. La musique sikh ne propose jamais d’ornementations trop sophistiquées, qui pourraient détourner l’attention de l’auditeur du contenu du texte sacré. Les principaux instruments utilisés sont le vaja (harmonium), le rabâb (instrument à cordes) et le jori (instrument de percussion, très similaire au tabla indien). Un groupe de musiciens est toujours présent au Gurdwara pendant les célébrations, pour inviter à la prière et à la méditation. Ce groupe accompagne également le Livre sacré sur le chariot ou le camion pendant le défilé du Vaisakhi et lance des kirtan tout au long de la procession

La communauté s’exprime principalement en langue pendjabi (gurmukhi) et, dans une moindre mesure, en français. Les entretiens pour l’élaboration de cette fiche se sont déroulés en français.

Patrimoine bâti

 

Gurdwara Singh Sabha, 14-16 rue de la Ferme, 93000 Bobigny

 

 

Objets, outils, matériaux supports

 

Guru Granth Sahib, livre sacré du sikhisme. Fourni par la communauté elle-même, qui le rapporte du Pendjab.

Les cinq articles de foi des Sikhs (ou « 5 k ») : kesh (longue chevelure, portée dans le dastar, turban), kangha (peigne), kirpan (poignard), kachera (caleçon) et kara (bracelet). Chandowa, autel spécial qui accueille le Guru Granth Sahib.

Le Vaisakhi jouit d’une vitalité qui repose sur les différentes générations de Sikhs installées en Île- de-France. Les plus anciens s’occupent davantage de la transmission de la culture sikh à l’intérieur de la famille et du groupe, tandis que les nouvelles générations, socialisées en France, principalement à partir de l’école, prennent en charge la visibilité de leur culture dans la société française. À la suite de la loi sur la laïcité, qui interdit le port de signes ostensibles de l’appartenance religieuse dans les écoles publiques25, de jeunes sikhs se sont retrouvés confrontés à leur appartenance culturelle. L’interdiction du port du turban sikh a motivé cette génération à mieux connaître leur culture d’origine, notamment en s’engageant dans un processus de découverte, formation et/ou étude de l’histoire des traditions sikhs. Ces jeunes se mobilisent depuis de manière très active : sous leur tutelle a été créé le Conseil représentatif des Sikhs de France en 2011. La viabilité du Vaisakhi est par ailleurs assurée grâce aux moyens matériels de la communauté, notamment leur temple à Bobigny, et à la réussite sociale des Sikhs en France.

L’apprentissage et la transmission des éléments constitutifs de la célébration du Vaisakhi s’effectuent concrètement par voie orale et grâce à la participation aux célébrations. Le lieu de prédilection pour cet apprentissage est sans doute le Gurdwara. Dès leur plus jeune âge, les Sikhs y apprennent l’histoire, la religion, les chants, les traditions du peuple sikh. Pour le Gurdwara Singh Saba de Bobigny, durant les célébrations du Vaisakhi, toute la communauté est appelée à participer. Plusieurs milliers de personnes participent aux différents rituels du Vaisakhi, moment le plus important de l’année pour la diaspora sikh. C’est le moment d’afficher avec fierté ses propres traditions, pour renouveler la cohésion de la communauté.

 

Le Gurdwara est sans doute, dans l’année, le principal lieu de transmission de la culture sikh. Des cours de langue, d’histoire et de religion y sont organisés au profit des jeunes Sikhs de la seconde génération. Organisés par l’association Singh Sabha, rattachée au Gurdwara de la rue de la Ferme, ces cours ont lieu les week-ends, hors temps scolaire, pour favoriser la plus large participation.

Une autre activité très prisée est l’atelier de gatka, art martial traditionnel sikh. Plusieurs dizaines de jeunes se consacrent à cette pratique, tant sportive que religieuse. Une véritable équipe est née au Gurdwara Singh Sabha, s’entraînant dans les locaux situés sous le temple : la Miri Piri Gatka Akharra France26, qui représente la France dans les compétitions internationales.

Enfin, la pratique du sewa (bénévolat) pousse les plus jeunes à participer activement à la vie du Gurdwara et, par conséquent, renforce leurs connaissances sur leur culture d’origine, de la cuisine traditionnelle (langar) aux chants kirtan27, des rituels religieux à l’histoire du peuple sikh28.

Afin de renforcer la transmission de la culture sikh, le Conseil représentatif des Sikhs de France, de statut associatif, a vu le jour en 2004. Son but est de sauvegarder les traditions au sein de la communauté sikh immigrée et de promouvoir la culture sikh auprès de toutes les composantes de la société française. Depuis quelques années, l’association organise ainsi, durant le Vaisakhi, un festival qui cherche à présenter la culture sikh au public. Les dernières éditions ont eu lieu à la Mairie du XXe arrondissement de Paris. Des spectacles de gatka et de musique et danse traditionnelles s’y déroulent, ainsi que des ateliers de port du turban, des conférences et des expositions sur le sikhisme et la culture sikh.

Association du Gurdwara Singh Sabha

Miri Piri Gatkha Akharra France

Akhand Kirtani Jatha France

Conseil représentatif des Sikhs de France

Adaptation de la date de la célébration, en accord avec le calendrier civil en France.

Adaptation du parcours dans les rues de Bobigny.

Création d’un chariot/camion qui clôture le défilé, pour expliquer en français aux citoyens d’autres origines la signification du Vaisakhi, les principes du sikhisme et le déroulement du nagar kirtan.

Origines de la célébration

Le Vaisakhi est à l’origine une fête populaire célébrée en Inde et notamment au Pendjab, région traditionnellement agricole du nord du pays. Ce festival célèbre depuis l’origine l’arrivée du printemps et la saison de la moisson. C’était une façon de remercier les divinités pour la réussite des récoltes et de pouvoir profiter des fruits du travail réalisé pendant l’hiver. Comme pour beaucoup de fêtes du Printemps et du Nouvel An, le Vaisakhi est fêté en communauté, les participants s’habillent avec leurs plus belles tenues, chantent, dansent et consomment des nourritures spécifiques à la fête.

Cette célébration prend une signification majeure chez les Sikhs en 1699, quand Guru Gobind Singh, dixième guru du Sikhisme, organise un grand rassemblement à Anandpur pour la journée du Vaisakhi. Les Sikhs subissent alors l’oppression de l’Empire moghol, qui leur interdit de professer leur foi. Le neuvième guru des Sikhs, Guru Tegh Bahadur, avait été exécuté en 1675 par l’empereur moghol Aurangzeb. C’est pourquoi Guru Gobind Singh décide d’instaurer le Khalsa, un ordre militaire et spirituel à la fois, car seuls les Sikhs initiés à l’Amrit Sanskar peuvent y accéder. Le jour de Vaisakhi du 1699 coïncide avec les dates de fondation du Khalsa et de célébration du premier Amrit, le baptême sikh. Depuis lors, tout Sikh initié doit porter les cinq signes distinctifs, ou articles de foi, et a l’obligation morale de défendre les oppressés.

Ces événements historiques et leur signification religieuse sont célébrés aujourd’hui par les Sikhs du monde entier lors de la journée du Vaisakhi.

 

Histoire de la migration sikh en France

Les premières traces de présence sikh en France remontent à la Première Guerre mondiale, quand 90 000 soldats de l’Indian Army sont envoyés au front dans le nord de la France et en Belgique. Parmi ces soldats, une grande partie vient du Pendjab et de régions du nord de l’Inde ; 20 % d’entre eux environ étaient sikhs. Certains se sont mariés et établis en France après la guerre. La principale trace du passage des soldats indiens en France entre 1914 et 1918 consiste dans le monument érigé à Neuve-Chapelle, inauguré en 192730.

Au cours des années 1980, une véritable vague migratoire touche l’Europe continentale et la France. Jusqu’alors, la migration sikh avait visé exclusivement la Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale. Le changement de la politique britannique vis-à-vis des migrants originaires du Commonwealth poussa certains Sikhs à tenter leur chance dans d’autres pays européens, comme la France. Les premiers Sikhs arrivés en France au début des années 1980 ont vécu dans une situation de grande précarité. Certains d’entre eux jouirent ensuite des régularisations instaurées par le Gouvernement en 1981-1982 et sortirent de la clandestinité et de l’extrême précarité des débuts. Un premier réseau d’entraide se constitua alors31.

Une vague plus importante intervient ensuite après les événements de 1984 : un conflit oppose le Gouvernement indien aux séparatistes du Pendjab. Indira Gandhi, Premier ministre de l’Inde, ordonne l’assaut du Temple d’or d’Amritsar, lieu sacré des Sikhs, qui entraîne le massacre de centaines de civils sikhs. L’assassinat d’Indira Gandhi, quelques temps plus tard, tuée par ses gardes du corps d’origine sikh, déclencha des émeutes anti-sikh, qui firent des milliers de victimes. Cette situation très tendue poussa de nombreux jeunes Sikhs à fuir l’Inde et chercher asile à l’étranger. Nombre d’entre eux choisirent la France comme terre d’accueil.

Cette vague de migration se poursuivit jusqu’au début des années 1990, quand, en vertu des regroupements familiaux, les premiers arrivés furent rejoints par leurs femmes et leurs enfants. Une seconde génération de Sikhs nés en France émergea. Les migrations des Sikhs vers la France baissent ensuite, bien que des Sikhs continuent à arriver pour raisons économiques encore aujourd’hui. Les Sikhs représentent de nos jours de 10 000 à 15 000 personnes selon les estimations, la grande majorité habitant en Île-de-France et notamment dans le département de la Seine-Saint-Denis32.

 

Histoire de la célébration en région parisienne

L’histoire de la célébration du Vaisakhi en France est naturellement liée à celle des lieux de culte des Sikhs en région parisienne. Le premier lieu de réunion de la communauté au début des années 1980 a été une église catholique près de la station Colonel-Fabien, entre le Xe et le XIXe arrondissement de Paris. Puis la congrégation a commencé à se réunir pour prier dans l’appartement parisien d’un migrant sikh de la première génération. Pour la première fois, le Livre sacré (Guru Granth Sahib) y est apporté et un autel sacré lui est dédié33.

Les Sikhs de la diaspora ont aussi utilisé la salle d’un professeur de yoga à Bobigny, lui-même intéressé par le sikhisme : là eut lieu la première « fête » du Vaisakhi, en 1986. La communauté des Sikhs a commencé à ressentir alors le besoin de s’organiser et de célébrer d’une manière plus importante le Vaisakhi. Ils déménagèrent dans un pavillon situé porte de Bagnolet, à Montreuil, où fut célébré le premier nagar kirtan de France en 198834.

Au milieu des années 1990, la communauté retourna à Bobigny pour construire un véritable temple dédié au sikhisme, dans un pavillon acheté rue de la Ferme. Depuis, la communauté s’est progressivement installée alentour. Le premier nagar kirtan de la ville de Bobigny est organisé en 1999 et se répète depuis lors tous les ans, durant le week-end le plus proche de la date du Vaisakhi.

Deux autres pavillons adjacents ont été achetés ensuite. En 2005, la communauté décida d’abattre ces trois pavillons voisins et de construire un temple unique plus grand, qui devint l’actuel Gurdwara Singh Sabha35. Durant les cinq années du chantier, un préfabriqué face à l’édifice en construction servit de temple. Les travaux ont été financés sur les seuls fonds de la communauté. Le Gurdwara fut inauguré en 2011, le seul en architecture traditionnelle de tout l’hexagone. Les trois coupoles blanches en forme de lotus, symbolisant la prière, le travail et le don, ont été spécialement importées de l’Inde36. Il existe aujourd’hui trois autres Gurdwara en Seine-Saint-Denis (Bondy, La Courneuve et Le Bourget) et un quatrième à Paris. Ces temples n’ont pas encore connu de travaux particuliers et sont des pavillons privés ou des hangars.

L’origine du Vaisakhi a été relaté par l’une des personnes interviewées lors de l’élaboration de la fiche :

« Le Vaisakhi vient de Vesak, qui est au Pendjab le deuxième mois du calendrier Nanakshahi. Ce deuxième mois correspond à l’arrivée du Printemps. […] Le mot Penjab veut dire « le territoire des cinq rivières » : « ab » signifie eau, rivière et « penj » signifie cinq. Cette grande région est marquée par une culture agricole, qui vit en fonction du cycle naturel des quatre saisons. Le printemps est une période importante, car c’est la saison des récoltes du riz, du blé et d’autres produits agraires. D’ailleurs, l’orange, la couleur du blé et des champs du Penjab, est également la couleur du drapeau des Sikhs. Tout ceci fait partie du côté culturel et populaire du Vaisakhi. […] Le côté religieux de la célébration dérive plutôt du fait que la journée du Vaisakhi correspond au premier baptême sikh. Ce premier baptême a été réalisé en 1699 par le Guru Gobind Singh, le dixième prophète Sikh, qui a baptisé les Cinq Bien Aimés, les Panj Pjare. L’histoire raconte que Guru Gobind Singh avait demandé à la congrégation une tête. Tout le monde avait eu peur, car personne n’avait compris la requête du prophète. Un Sikh s’est levé et a dit : « Moi, j’offre ma tête au Guru ». Celui-ci s’est approché, il est parti avec le Guru, qui après est retourné avec une épée pleine de sang. Ils ont répété cette procédure cinq fois. Guru Gobind Singh avait demandé une tête, pas s’il devait être un homme ou une femme,ou un Sikh ou pas. N’importe qui pouvait se lever et offrir sa tête à Dieu… En fait, les cinq personnes sont ressorties main dans la main avec le Guru, et c’est là que les cinq ont été qualifiés de Panj Pjare et qu’a été institué le baptême sikh… Comment ça se passe ? Les cinq Sikhs lisent cinq prières spécifiques pour bénir l’eau sacrée. Cette eau bénite, par la suite, est bue par les pratiquants. Le premier baptisé par les Panj Pjare a été le prophète lui-même, il a demandé à être baptisé, car son corps humain n’était pas sain… De cette manière, après le prophète, l’ensemble de la congrégation a procédé au baptême. »

Le Vaisakhi n’est pas actuellement menacé. Néanmoins, la viabilité de certains éléments associés à la pratique est restreinte par les moyens dont dispose la communauté ; ainsi, des installations plus propices à la pratique du gatka le renforceraient. Une autre menace est liée à la restriction légale de certains éléments liés à la pratique (port du kirpan, du turban, etc.).

Publications

 

Le Gurdwara diffuse des plaquettes informatives sur le Vaisakhi et le sikhisme au temple et lors des journées de célébrations.

Manifestations

Nagar Kirtan du Vaisakhi de Bobigny (tous les ans, le week-end le plus proche des 13-14 avril).

Festival du Vaisakhi à la Mairie du XXe arrondissement de Paris (tous les ans, en avril ou mai).

Organisation de compétitions internationales de gatka.

 

 

Mode de reconnaissance publique

 

La visite du Gurdwara Singh Sabha de Bobigny a été insérée dans les parcours des Journées européennes du patrimoine.

 

 

Bibliographie

 

Delahoutre, Michel, Les Sikhs, Paris, Brepols, 1989.

Singh, Jaswant, Sikhs et sikhisme pour tous, Liouc, Éditions Le Plein des sens, 2005.

Markovits, Claude, « Les soldats indiens au secours de la France en 1914 », Hommes et migrations, n° 1268-1269, 2007, p. 44-59.

Moliner, Christian, « L’immigration sikhe en France. Des plaines du Pendjab à la Seine-Saint- Denis », Hommes et migrations, n° 1268-1269, 2007, p. 130-137.

Matringe, Denis, Les Sikhs. Histoire et tradition des « Lions du Panjab », Paris, Édition Albin- Michel, 2008.

 

 

Filmographie

 

Bobigny : les Sikhs fêtent le printemps, réalisé par Audrey Lasbleiz, INA, 2008, 3m4s.

Bobigny, the land of Sikhs, réalisé par Virginie Terrasse, 2009, 2m10s

Vaisakhi. Bobigny 2011, réalisé par Simranjit Singh, La Compagnie des Indes, 2011, 59m40s

The story of Vaisakhi, réalisé par John Deol, BBC1, 2011, 29m30s

D’ici et d’ailleurs : Sikhs, réalisé par Pierre de Parscau, TV Only, 2013, 52m

Les Sikhs de Bobigny, Petite Couronne TV, 2015, 4m10s

 

 

Sitographie

 

Site internet du Gurdwara Singh Sabha de Bobigny :

http://gssfcs.com/

Page Facebook du Gurdwara Singh Sabha de Bobigny :

https://www.facebook.com/Gurdwara-Singh-Sabha-France-Culte-Sikh-152878304759923/

Site internet du Conseil représentatif des Sikhs de France :

http://www.sikhsdefrance.fr/

Page Facebook du Conseil représentatif des Sikhs de France :

https://www.facebook.com/sikhsfrance/

Page Facebook du groupe de musique traditionnel Akhand Kirtani Jatha France :

https://www.facebook.com/AKJFrance/

Page Facebook du groupe de gatka Miri Piri Gatka Akharra France :

https://www.facebook.com/MPGAF/

Blog sur les Sikhs de la Seine-Saint-Denis :

https://sikhsaintdenis.wordpress.com/

Wiki-encyclopédie sikh (en anglais) :

http://www.sikhiwiki.org/

Article au sujet du Vaisakhi des Sikhs à Bobigny, sur le site internet de l’association Île du Monde :

http://www.iledumonde.org/le-vaisakhi-des-sikhs-a-bobigny/

Article de Ranjit Singh, directeur du Conseil représentatif des Sikhs de France :

http://www.cultures-et-croyances.com/etude-qui-sont-les-sikhs/

Article de Michel Delahoutre, historien des religions et expert de l’Inde :

https://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_sikhs_et_le_sikhisme_des_disciples_a_la_fraternite_ guerriere.asp

Article en images du journal Le Parisien sur le nagar kirtan 2015 :

http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/en-images-a-bobigny-c-etait-la-parade-des-sikhs- 19-04-2015-4706865.php

Article sur les diasporas indiennes en France, de Sylvie Dauvillier, Catherine Servan-Schreiber et Vasoodeven Vuddamalay :

http://www.savoirs.essonne.fr/thematiques/les-hommes/ethnologie/diasporas-indiennes-en- france/

Reportage photographique de Virginie Terrasse sur les Sikhs de Bobigny :

http://www.virginieterrasse.com/test/index.php?/serie-sikhsimg-/

Article sur la diaspora sikh de France, de H. Ferrarini :

https://mediaindia.eu/dossier/sikhs-de-france/

Article sur la polémique autour du port du turban à l’école, journal Libération, 2004 :

http://www.liberation.fr/societe/2004/09/07/a-bobigny-trois-lyceens-sikhs-mis-au-ban-pour-un- turban_491523

Article-interview de Gurdial Singh, premier arrivant Sikh en France :

http://www.bondyblog.fr/201003240056/gurdial-singh-pas-le-droit-d-etre-francais/#.WfGtORN- oWp

Article sur l’hommage aux soldats indiens et sikhs morts pendant la Première Guerre mondiale :

http://www.lavoixdunord.fr/archive/recup/region/neuve-chapelle-l-hommage-interreligieux-aux- soldats-ia30b53959n3015587

Plusieurs articles sur Wikipedia en langue française, sont dédiés au Vaisakhi et à la culture sikh.

Nom :

Singh, Ranjit

Fonction :

Directeur au Conseil représentatif des Sikhs de France

Nom :

Singh, Bikramjit

Fonction :

Responsable de la communication de l’équipe Miri Piri Gatka Akharra France

Nom :

Singh, Gurdial

Fonction :

Directeur d’une entreprise de construction, interviewé comme membre de la première génération de migrants sikhs en France.

Un nombre important d’entretiens non-enregistrés et de conversations informelles a été mené durant les 16 mois de l’enquête.

Une dizaine d’entretiens enregistrés, sous format audio-mp3, ont été également réalisés lors du nagar kirtan du Vaisakhi de Bobigny, le 17 avril 2016.

L’équipe de recherche a participé à tous les rituels du Vaisakhi 2016, qu’elle a filmés.

L’équipe a également effectué une vingtaine de visites au Gurdwara Singh Sabha, participé à un entraînement de l’équipe Miri Piri Gatka Akharra France, visité la cuisine du langar du Gurdwara.

L’équipe a participé au festival de Vaisakhi 2016 à la Mairie du XXe arrondissement de Paris, qu’elle a filmé.

Durant les activités, un nombre important de personnes a participé à la récolte du matériel ethnographique, enregistré et non, et contribué à l’élaboration de la présente fiche et de la vidéo- documentaire associée.

Nom :

Tortoriello, Simone

Fonction :

Sociologue, responsable du projet de recherche

Enquêteur(s), chercheur(s), membre(s) du comité scientifique associés

Quatre membres de l’association Île du Monde (15 passage Ramey, 75018 Paris) :

Nom :

Calderon Bony, Frida

Fonction :

Anthropologue, responsable des entretiens ethnographiques

Nom :

Pastor Gimeno, José

<strongFonction :

Médiateur culturel, soutien à la réalisation de l’enquête, prises de vue et photographies

Nom :

Ortiz Avila, Daniel

<emFonction :

Anthropologue, chercheur et réalisateur de la vidéo-documentaire

Nom :

Barletta, Carlo

Fonction :

Responsable associatif, réalisation des entretiens lors du nagar kirtan

 

 

Lieux et date/période de l’enquête

 

Paris et Bobigny, 2016-2017

 

 

Données d’enregistrement

 

Date de remise de la fiche : 4 novembre 2017

Année d’inclusion à l’inventaire : 2017

N° de la fiche : 2017_67717_INV_PCI_FRANCE_00392

Identifiant ARKH : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2lx

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : https://www.pci-lab.fr/images/pdf/Tutoriel.pdf

Contribuer Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Baisakhi

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