La fabrication d'un peigne en corne se réalise en trois temps : la découpe des cornes, le profilage des peignes et enfin le polissage.
Les artisans locaux sont les détenteurs du savoir-faire : jusqu'en 2018, quatre artisans exerçaient encore dans leur atelier ou entreprise : l'entreprise GVMT Créations, créée en 2013, l'entreprise Azéma-Bigou, la SARL Da Fonséca et l’entreprise SiliCorne Vallée, qui fabrique des objets en corne. Actuellement l'artisan peignier José Da Fonséca (SARL Da Fonséca) est le seul fabricant de peignes en corne, mais il a formé un autre artisan qui fabrique des objets en corne, Jean Mathivet (SiliCorne Vallée), établi à Bélesta (Ariège).
Les artisans locaux sont les détenteurs du savoir-faire : jusqu'en 2018, quatre artisans exerçaient encore dans leur atelier ou entreprise : l'entreprise GVMT Créations, créée en 2013, l'entreprise Azéma-Bigou, la SARL Da Fonséca et l’entreprise SiliCorne Vallée, qui fabrique des objets en corne. Actuellement l'artisan peignier José Da Fonséca (SARL Da Fonséca) est le seul fabricant de peignes en corne, mais il a formé un autre artisan qui fabrique des objets en corne, Jean Mathivet (SiliCorne Vallée), établi à Bélesta (Ariège).
De nos jours, les artisans peigniers ne sont plus regroupés dans une corporation professionnelle, tel que le Syndicat des ouvriers en peigne de La Bastide-sur-l’Hers et des environs, créé en 1900. Toutefois certaines familles ou descendants de peigniers se retrouvent au sein de l’association des Amis du musée du Textile et du Peigne en corne à Lavelanet (Ariège) ou ont fait des donations pour ce musée.
La clientèle est à la fois nationale et internationale : certains fabricants ont des revendeurs locaux (tels les peignes à barbe de Barb'Art) ou internationaux vers le Maghreb ou le Liban, tout en se plaçant dans l'industrie du luxe (Hermès, Mitsubishi, L'Oréal, MVMH, etc.).
Lieu(x) de la pratique en France
Le cours supérieur de l'Hers et celui du Touyre, dans l'espace pré-pyrénéen à la frontière entre l'Ariège et l'Aude (Occitanie), regroupait de nombreuses entreprises qui se sont spécialisées au XIXe siècle dans la fabrication de peignes en buis puis en corne : Fougax-et-Barrineuf, Bélesta, L'Aiguillon, Lesparrou (dont les hameaux de Campredon, d'Aiguillanes et de Vilhac), La Bastide- sur-l'Hers (dont le hameau d'Ivry-sur-l'Hers), le Peyrat, Laroque d'Olmes, Léran et Sainte- Colombe-sur-l'Hers.
Cette implantation en Pays d'Olmes, à 90 km au sud-est de Toulouse, s'explique notamment par l'abondance de buis transformés en peignes depuis la fin du Moyen Âge, puis par l'utilisation de la force hydraulique de l'Hers afin de faire tourner les turbines durant l'industrialisation du XIXe siècle, avant que l'électricité alimente les machines des usines de production de peignes. La force motrice de l'eau reste un élément-clé dans l'industrie du peigne en corne : même si son usage demeure essentiellement mécanique, les presses hydrauliques qui se développent au XIXe siècle, comme celle brevetée par l'entreprise Azéma-Bigou, nécessitent une importante quantité d'eau pour alimenter les machines et rejeter l'eau dans la rivière. Cette logique prévalait déjà pour les anciens moulins à jais reconvertis en usines de peignes grâce à leur emplacement favorable et à leurs machines. Ces industries s'implantent près des cours d'eau, comme celui de l'Hers, et aménagent (ou réemploient) ainsi de nombreux canaux.
Pratique similaire en France et/ou à l’étranger
Chine, Brésil, etc. L'Ariège n'est pas le seul producteur de peigne : selon Pierre Azéma, l'Amérique du Sud produit aussi de petits peignes, exportés en Allemagne.
Les étapes de production
La fabrication d'un peigne en corne se réalise en trois temps : la découpe des cornes, le profilage des peignes et enfin le polissage. Ces étapes ont peu évolué depuis l'industrialisation au XIXe siècle, même si elles ont parfois été regroupées au sein du même poste de travail ou par une machine moderne.
Elles se détaillent généralement de la manière suivante :
● le triage et le sciage : la corne est découpée en trois tronçons pour ne retenir que le « biscage », la partie centrale de la corne (la « pointe », partie pleine, est utilisée en tabletterie ; la « gorge », située à la base de la corne, permet de faire des anneaux cylindriques ou est broyée pour faire de l'engrais).
● le biscayage : le biscage est chauffé par divers procédés (au feu, au gaz ou à la presse suivant le type d'artisanat) avant d'être aplati à chaud, à l'aide d'une grosse pince, afin de casser les fibres à mémoire de forme car la corne a tendance à reprendre sa forme initiale sous l'effet de la chaleur. Ainsi lorsque le point de chauffe atteint 175° C, les propriétés physico-chimiques de la corne changent : la kératine se ramollit et la corne peut alors être travaillée. Elle est ouverte à l'aide d'un tranchet en acier, par une fente hélicoïdale tout en tournant, en prenant appui contre un pieu vertical en bois. Puis elle est à nouveau aplatie à l'aide de pinces, parfois en repassant la corne dans le feu pour la retravailler, afin d'obtenir une plaque en forme de sabot. Le biscayage sera différent en fonction d'une corne droite ou gauche d'un bovin, en suivant le sens de la corne.
Le biscayeur est l'un des postes importants et donne la cadence de la production de l'entreprise, puisqu'il pouvait ouvrir 400 cornes par jour [Musée du Quercorb] : l'ouvrier est reconnu pour ses qualités de force, d'adresse et de précision pour dérouler la corne. D’ailleurs pour ce poste, l’employé était rémunéré non pas en fonction du nombre d’heures de travail mais « payés aux pièces », c'est-à-dire en quantité produite (ce qui était d'ailleurs le cas pour l'ensemble des ouvriers jusqu'aux années 1930).
● l'aplatissage ou redressage : le biscage ou sabot est mis à chauffer dans une presse pour couper le nerf de la corne ; la corne est travaillée à l'endroit, sur son côté le plus sombre, tandis que le côté extérieur de la corne est écrasé et aplani afin d'éviter que les plaques ne se recourbent.
● le marquage : à l'aide d'un gabarit, des ébauches de peigne sont tracées au poinçon d'acier (le « regadou ») ou au stylet, en les juxtaposant pour utiliser la corne au maximum selon son épaisseur et sa taille : en moyenne deux ou trois peignes peuvent être découpés dans une corne, selon l'artisan José Da Fonséca.
● le rognage : la plaque est découpée et rognée selon les modèles dessinés à l'étape précédente à l'aide d'une scie circulaire ou d'une fraise-scie.
● le façonnage ou grattage : la plaque est amincie du côté où seront découpées les dents du peigne et la pièce peut être façonnée en biseau sur chaque face. Les aspérités du peigne sont ainsi éliminées.
● le carrage : sert à raboter les contours du dos du peigne à l'aide d'une meule pour les arrondir.
● la denture : autrefois taillées à la main une à une, les dents du peigne sont aujourd'hui découpées en deux temps sur des machines à denter appelées « stadeuses » ou « estadeuses » : le grossage pour tailler les grosses dents et le stadage pour découper les dents plus fines. D’après Bruno Evans [2009], le terme estadou désigne la scie à deux lames servant à découper les peignes. Puis la scie fut remplacée par des machines aujourd'hui automatisée appelée stadeuse, dont le principe technique proviendrait des machines anglaises qui furent copiées dans les usines de peignes de Normandie et importées ensuite en Ariège. En effet il existait une importante production manufacturière normande du travail de la corne au XIXe siècle, notamment à Ézy-sur- Eure et Ivry-la-Bataille (Eure) ou encore à Tinchebray (Orne). Actuellement le musée des Peignes et des Parures, installé dans une ancienne manufacture à Ézy-sur-Eure, retrace le passé industriel de ce territoire [Musset, 1955 ; Le Chêne, 2007].
Posée sur un plateau qui bascule, chaque dent est taillée l'une après l'autre (c'est-à-dire que l'on creuse avec une scie autour de la dent elle-même) à intervalles réguliers. Le peigne acquiert sa forme mais reste encore brut.
● le planetage ou plantage : un travail à la meule va permettre d'enlever les ébarbures ou aspérités entre les dents du peigne, créées par la stadeuse, afin d'affiner la pièce sur toutes ses faces.
● le perlage et l'appointage : l'extrémité des dents est affinée, effilée et leur base (auparavant creusée à la main en forme d'ogive) est évidée à l'aide d'une meule rainurée pour permettre au peigne de bien glisser dans les cheveux grâce au bout « perlé » de la denture.
● le ponçage : le peigne est plongé dans un bain de boue contenant un abrasif, de la pierre ponce broyée et mélangée à de l'eau pour créer une pâte que l'on pose sur le peigne. Puis ce dernier est passé sur une meule de gros draps ou de coton afin de gommer les petits défauts et effacer les éventuelles traces laissées par le meulage, avant d'être lavé et séché.
● le polissage : l'ultime étape de finition consiste à lustrer les peignes avec une brosse en feutre, de la peau de chamois ou d'autres meules de peaux afin de lui donner une finition brillante. La surface du peigne va ainsi être chauffée sur une meule, le frottement patinant l'objet avec un polissage par échauffement.
Dans le cadre d'une entreprise industrialisée, le travail est sérié et organisé selon chaque poste de production. L'ouvrier porte alors le nom de l'étape : le biscayeur s'occupe du biscayage, le planeteur est chargé du planetage, etc. Lorsque la fabrication reste artisanale, l'artisan réalise lui- même tous les maillons de la chaîne : un peigne est alors fabriqué en une trentaine de minutes.
Les peignes en corne restent un objet difficile à réaliser en raison de la finesse des dents qui doivent être taillées, tout en contraignant la matière dans une position qui n'est pas naturelle puisque l'on façonne un objet plat dans une matière de forme discoïdale. Même si l'activité du peigne en corne régresse depuis la mise au point des moules à injecter, utilisés pour les peignes en plastique dans les années 1930, la corne possède cependant des qualités qui font défaut au plastique. Ce dernier, composé de stries, risque davantage d'abîmer ou de casser les cheveux en les coiffant ; tandis que le peigne en corne, appointé au niveau des dents, va pénétrer plus facilement dans la chevelure sans produire de l'électricité statique. En effet la corne se compose de kératine agglomérée, ce qui la rend naturellement antistatique. Enfin, la corne (composée du cornillon et de la couche cornée) est une matière naturelle qui s'intègre dans un écosystème, tandis que le peigne en plastique est issu de la pétrochimie.
Les pratiques de récupération
Les parties non utilisées, telles les pointes des cornes, sont réemployées comme manches de couteaux : des liens commerciaux existent par exemple avec la coutellerie Savignac en Ariège, qui réalise son couteau nommé L'Ariégeois avec un manche en corne, ou bien les forges de Laguiole ou la coutellerie de Thiers (Puy-de-Dôme), mais aussi en bijouterie ou en accessoires de coiffure ou vestimentaire, comme les blaireaux de rasage, les tuyaux de pipe à Saint-Claude (Jura), etc.
Les chutes issues de la production des peignes, telle que la gorge (partie pleine de la corne mentionnée dans l'étape du sciage), ne sont pas perdues pour autant : d’après B. Evans [2017], elles pouvaient autrefois être revendues aux boutonniers qui confectionnaient des boutons ouvragés (tandis que les boutons ordinaires sont en os). Si les bouts ne sont pas réemployés, ils peuvent également être broyés et transformés en engrais appelé « cornaille » : ce fertilisant naturel riche en azote (14 %) possède la caractéristique d'être à répartition lente et non immédiate, évitant ainsi la production de nitrates. Cet engrais, qui était particulièrement prisé pour la viticulture du Bordelais et du Languedoc, est aujourd’hui vendu dans des coopératives agricoles ou en jardineries .
Français, occitan
Patrimoine bâti
Dans la vallée de l’Hers, en Pays d’Olmes (Ariège), sont implantés des barrages, qui détournent l'eau d'une rivière vers un canal pour alimenter une turbine ou les presses hydrauliques ; des usines de fabrication du XIXe siècle (réutilisant d’anciens moulins) avec des aménagements ou extensions au XXe siècle ; et les logements des ouvriers et des fabricants.
Objets, outils, matériaux supports
La corne
La partie de la corne utilisée est en réalité la couche cornée, qui est une matière morte ; tandis que la cheville osseuse appelée le « cornillon », se situant sous cette couche cornée, constitue la partie vivante qui sert à synthétiser la kératine afin de former la corne.
Les outils
Tranchet, pince plate, fraise-scie, scie circulaire, meules, poinçon d'acier appelé regadou, emporte- pièces, marqueuse à pétrole, limes, couteaux à doler, estadou (scie à deux lames permettant de tailler les dents), etc.
Les machines
Presses chauffantes (presse hydraulique, presse à main, presse à thermofixer, presse de biscayeur, etc.), rogneuses, stadeuses, grosseuses, machines à marquer, machines à baguetter, pompes, turbines hydro-électriques, etc. Certaines machines sont brevetées par leur propre fabriquant, comme la presse hydraulique de 30 tonnes de l'entreprise Azéma, qui a une centaine d'années.
Les industries de peignes en corne sont liées aux lignées de patrons, de contremaîtres et d’ouvriers qui se sont succédé dans la vallée de l'Hers : les premiers héritant de l’entreprise familiale, par succession ou par mariage, les derniers se formant de façon empirique pour entrer dans le métier qu'ils connaissaient depuis leur enfance en baignant dans cette atmosphère industrielle.
Certaines entreprises familiales ont parfois plus de deux siècles d’activité. Par le jeu des arrangements familiaux et des contrats de mariage, ces entrepreneurs devinrent tous apparentés et développèrent des stratégies matrimoniales comme commerciales en dépassant les dissensions internes jusqu’au milieu du XIXe siècle, comme l’explique l’historien Bruno Evans :
« le système productif impliquait les différentes branches d’une même famille [...]. Les dynasties d’entrepreneurs eurent, pour la plupart, des ancêtres marchands qui pratiquaient une endogamie professionnelle forte. Leurs épouses étaient, soit des filles de négociants (ce qui est le cas de la majorité d'entre elles), soit des filles "d’artisans". Les principales familles de marchands s’allièrent les unes aux autres, tant et si bien que les dynasties qui s’ancrèrent dans la durée finirent par être toutes apparentées à des degrés plus ou moins proches. Il leur fallait rassembler à la fois les capitaux, les savoir-faire et les réseaux commerciaux » [Evans, 2018, p. 87].
L'apprentissage des employés repose essentiellement sur «l’autoproduction des conditions ouvrières » [Pinçon, 1986, p. 644], sans formation par les filières scolaires ou écoles techniques. Il s’apprend auprès d’un ouvrier qui lui transmettait son expérience pour reconnaître la qualité des pièces, la matière ou encore le sens des fibres de la corne. D’ailleurs, un entrepreneur de Lesparrou déplore en 1923 qu'il n'y ait pas de cadre formel d'apprentissage afin de « recruter parmi les jeunes gens sortant de l'école des élites de sujets capables de conserver à ce métier le degré de perfectionnement acquis aujourd'hui » dans un article publié dans Le Pays d’Olmes [Matignon- Benech, 1987, p. 15]. Généralement, les jeunes obtiennent leur certificat d’études à 14 ans puis entrent comme ouvriers manutentionnaires dans les usines de textile ou de peigne en corne, avant de monter les échelons en interne pour devenir contremaîtres. La distribution genrée de la chaîne du travail s'observe dans les usines : les étapes de la denture ou du polissage sont généralement dévolues aux femmes, tandis que le façonnage, le planetage, le ponçage, le rognage ou le biscayage restent le travail des hommes [Matignon-Benech, 1987, p. 24].
Durant les périodes fastes de la fabrication du peigne en corne, du milieu du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle environ, les postes demeurent spécifiques aux étapes de fabrication (biscayage, carrage, etc.) puis les ouvriers deviennent progressivement polyvalents en raison de la baisse de l’industrie et de l’effectif des employés.
Des ouvriers ont parfois été formés dans une entreprise avant de lancer leur propre atelier de fabrication : c’est le cas de José Da Fonséca, qui a commencé à travailler chez Jouret à Ivry-sur- l’Hers, puis chez Azéma-Bigou à Lesparrou durant de longues années, avant de racheter l’usine Delpech (autrefois ancienne coopérative ouvrière Seguy-Bigou) à L’Aiguillon en 2000. Il obtient le titre d’« artisan » puis de « maître artisan en métier d’art », puisqu’il réalise tout seul l’ensemble de la chaîne opératoire de fabrication de peignes en corne. Il a d'ailleurs transmis son savoir-faire à Jean Mathivet : ce dernier n'a pas fait de stage, mais, dans son propre atelier de fabrication d'objets en corne, a pu bénéficier d'un approvisionnement en matières premières et des conseils techniques de José et Maria Da Fonséca sur l'outillage, les abrasifs ou encore la finition et l'esthétique du produit. Celui-ci reconnaît volontiers qu'« on leur doit à la fois la découverte du travail de la corne et puis l'aide à l'installation » [entretien avec J. Mathivet, 22 octobre 2019].
Certains postes demandent un temps d’apprentissage spécifique : il faut ainsi au moins six mois pour former un biscayeur qui est « un travail presque artistique » [MTPC]. Si les critères de production ne sont pas respectés, comme par exemple le recours à un mode de production automatisé sur l'ensemble de la chaîne opératoire ou la découpe à l'aide d'outils numériques (et non s'aider seulement d'outils automatisés tout en contrôlant manuellement la production), les artisans considèrent alors que ce fabriquant « ne passe pas les étapes de fabrication de peignes selon la tradition » [MTPC] ou bien qu'« il ne pratique pas » d'après un autre artisan. Pierre Azéma souligne également la recherche de qualité et d’esthétique dans la confection des objets qui nécessite une « intelligence émotionnelle » : « comme chaque pièce est unique, vous êtes entre l’artisanat et la création » [entretien avec P. Azéma, 16 mai 2019]. La transmission reste une question épineuse pour les quelques entreprises qui demeurent encore en activité : si l’entreprise Azéma-Bigou est en cessation d’activité depuis 2016, celle de José Da Fonséca devrait encore rester en activité durant quelques années. Toutefois la reprise de son entreprise demandera des investissements importants pour effectuer la mise aux normes des machines (et pouvoir alors former des ouvriers dans les cadres exigés par la règlementation).
L'identité industrielle du Pays d'Olmes est très marquée par les activités du textile et des peignes en corne, notamment dans la vallée de l'Hers, où se sont développées de nombreuses usines de peignes. Ce lien fort entre savoir-faire et territoire s'explique par le fait que « pour les gens du coin, c'est un artisanat qui est marqué ariégeois [...]. Dans la vallée du Pays d'Olmes, ça a employé beaucoup de gens. C'est une histoire qui a périclité rapidement [...]. Mais dans la vallée, tout le monde a un parent proche, un père, un grand-père ou un arrière-grand-père qui a travaillé dans une étape technique du travail de la corne. Du coup, il y a un attachement important, culturel et identitaire, en Ariège au travail de la corne » [entretien avec J. Mathivet, 22 octobre 2019].
Les artisans locaux sont les seuls détenteurs de ce savoir-faire : l'artisan peignier José Da Fonséca (SARL Da Fonséca) est désormais le seul fabricant mais il a formé un autre artisan qui fabrique des objets en corne, Jean Mathivet (SiliCorne Vallée) établi à Bélesta.
Certains descendants de familles d’industriels du peigne en corne se sentent aussi concernés par la transmission de ce patrimoine familial. Cet attachement peut se traduire par l'ouverture et la visite de l'ancienne entreprise ou bien par le legs de pièces à des musées liés à l'histoire industrielle locale.
Enfin, un troisième type d'acteurs patrimoniaux œuvre à collecter la mémoire et les objets et à transmettre ce patrimoine industriel : l'association des Amis du musée du Textile et du Peigne en corne [AMTPC] et le musée de Lavelanet (Ariège) qui lui est associé, le musée du Quercorb à Puivert (Aude), ou encore le Pays d'art et d'histoire Pays des Pyrénées cathares, en Ariège, qui développe un volet sur la valorisation du patrimoine industriel et organise des visites et des conférences sur le sujet.
L'histoire des peignes en bois puis en corne en Pays d'Olmes est étroitement liée à celle des bijoux en jais, une variété de lignites. Plusieurs facteurs expliquent le développement de ces spécialisations qui a conduit vers une industrialisation dans cette zone du piémont pyrénéen [Evans, 2009] : tout d’abord, les ressources naturelles locales y sont favorables en raison, d'une part, de l'abondance de buis dans le massif du Plantaurel et, d'autre part, de la présence de cette variété de lignite riche en carbone dans le sous-sol de ce territoire.
Le rôle des marchands toulousains serait également à relever puisque des « balles d'estelles de pignes (planchettes de peignes) en buis » sont achetées en Pays d'Olmes, dans la haute vallée de l'Aude, le Comminges et le Couserans : des planchettes de bois certes retravaillées à Toulouse, mais cela ne signifie pas pour autant qu'il n'y avait que ces ébauches de peignes et non des produits finis fabriqués sur le plan local [Evans, 2009, p. 162].
S’ajoute un troisième facteur dans le développement de ces activités industrielles : les seigneurs qui aménagent le territoire par la construction de moulins et canaux, telle la famille des Lévis au XVIe siècle. Ces aménagements servent d'abord à l'industrie du jais, puis, cette activité déclinant tout au long du XIXe siècle face à la concurrence du verre noir de Bohême, la moitié de ces moulins environ (soit une dizaine) est reconvertie en usines de peignes au milieu du XIXe siècle, tout en s'appuyant sur les employés, les installations mécaniques pour tailler le jais et les capitaux préexistants. Certains entrepreneurs continuent toutefois le travail du jais en développant de multiples activités : vente de peignes de buis, de peignes en corne, d'ouvrages de jais ou encore d’articles de tournerie en buis [Arch. privées (en-tête de facture) de la famille Bez-de-Faicher, 1867, d’après Evans, 2009, p. 176].
Sur les cours d'eau des deux bassins-versants du Pays d'Olmes s'implantent des industries spécialisées : le Touyre concentre les activités textiles en raison de sa topographie (vallée plus rétrécie) et de la qualité de son eau permettant de réaliser la teinture des pièces de tissu, tandis que l'Hers concentre l'industrie du peigne et utilise les ressources naturelles forestières locales. Deux formes de production ont longtemps cohabité : la fabrication d'un peigne en bois jusqu'au début du XVIIIe siècle, puis en bois ou en corne se fait de façon entièrement manuelle jusqu'au milieu du XIXe siècle, à domicile, avant que la mécanisation (grâce notamment à l'apparition de l'estadeuse en 1843) accélère la production et assure l'homogénéité des produits en corne, alors que le marché est concurrencé par « la fabrique de peignes d’Angleterre » dans les années 1840 [Evans, 2017]. Le biscayage peut rester une activité externalisée mais la manufacture regroupe le reste des activités de transformation du peigne en corne. L'artisan peignier, qui pouvait conserver une occupation agricole à côté, devient donc ouvrier peignier (ou pencheniers) spécialisé dans une étape de la production, avec une rémunération à la pièce. Ainsi en 1886, l’industrie du peigne comptabilisait dix établissements qui employaient 573 hommes, 293 femmes et 100 enfants [Arch. dép. Ariège, 14 M 18]. Néanmoins, dans le cas du textile comme dans celui du peigne, l'énergie hydraulique demeure un élément-clé pour expliquer l'implantation et l'essor de ces spécialisations industrielles ariégeoises.
Les droits d’eau ou la construction de canaux d’irrigation peuvent faire l’objet de contestations juridiques entre usines différentes utilisant le cours d’eau de l'Hers : la construction ou le rehaussement de barrages, comme l'installation d'une nouvelle turbine, engendrent des cristallisations entre ces concurrents pour l'accès à la même ressource. C'est pourquoi ces transmissions de propriété ou ces modifications architecturales sont attestées et mises par écrit sous formes d'actes notariés ou de notes manuscrites conservés dans les archives des usines de peignes, à l'instar de ce document de 1854 relatif à l'installation de la première usine de peignes à Campredon.
Dans ce document, Louis Sartre, propriétaire de la forge de Campredon, obtient l'autorisation, de la part de son frère, propriétaire du moulin de Campredon, de construire l'usine de peignes de Campredon qui, en réalité, a probablement été construite par Jean Laffont et Jean-Baptiste Bigou. Ces derniers rachètent cette usine à Louis Sartre, d'après l'acte notarié du 16 septembre 1856, enregistré par le notaire Calvet de Laroque d'Olmes, qui atteste la vente de cette usine à de nouveaux propriétaires (Laffont et Bigou) [transcription : « [...] A comparu M. Louis Sartre propriétaire et maître de forge, domicilié à Campredon commune de Vilhac et Aiguillanne. Lequel a fait vente irrévocable sous la promesse de garantie de droit aux Sieurs Jean Laffont propriétaire domicilié au hameau d'Aguilhanes commune de Vilhac et Aguillon et Jean-Baptiste Bigou [...] propriétaire domicilié à Lesparrou sur dite commune de Vilhac et Aguillon ici présents et acceptants solidairement d'une usine de fabrique des peignes et petit terrain contigu situés dans la commune de Vilhac et Aiguillanne lieu dit a Campredon ou le Cassailhé [...]. Ne sont point compris dans la vente les moulins qui se trouvent dans l'intérieur de l'usine vendue, Mr Sartre n'aliénant que terrains, constructions et la roue motrice [...] » [Archives privées de l’entreprise Azéma-Bigou]. Les descendants de ce dernier sont d'ailleurs encore les gestionnaires actuels de cette usine.
Dans la description de la route 95 menant de Mirepoix à Bélesta, l'édition du Guide Joanne de 1888 ne manque pas de signaler la présence de nombreuses fabriques à Lavelanet (p. 257), dans la vallée du Touyre, sans distinguer pour autant s'il s'agit de manufactures de textile ou de corne. Même si les marchés d'exportation du peigne en corne se trouvent essentiellement en dehors de l'Ariège, il est cependant très probable que cette production d'objets de toilette en corne attirait la clientèle de curistes, qui se rendait par exemple à la source de Fontestorbes, près de Bélesta, qui présente la caractéristique d'être intermittente [base Photographies (Mémoire) du ministère de la Culture, réf. APTCF01602. URL : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/APTCF01602 (consulté le 28/08/19)]. L'environnement industriel marquait le paysage et les sens, à la fois par l'odeur de la corne travaillée et le bruit des machines des usines. De même les curistes qui venaient aux bains de Foncirgue, à La Bastide-sur-l'Hers, pour se soigner avec ces eaux salines froides utilisées en bains et en boisson, devaient également baigner dans cette atmosphère de production. L'un des plus importants fabricants de peignes en corne, Léo Bez, se rendait régulièrement en cure à la station thermale d'Ussat-les-Bains [Arch. privées Bez-de Faucher, lettre de Léo Bez à son épouse Virginie, 1905, d’après Evans].
De l'utilisation à la propriété, il n'y a qu'un pas : les industriels locaux saisissaient l'intérêt de ne pas rester cantonné à un seul secteur de production, mais d'investir au contraire dans une pluriactivité entrepreneuriale. Ainsi, parmi les mécènes du Bulletin édité par la Société préhistorique de l'Ariège, M. Azéma-Bigou est présenté comme le propriétaire d'une « manufacture de peignes à Campredon (Ariège) et Eau minérale de Foncirgue à La Bastide-sur- l'Hers (Ariège) » en 1949. À ces placements commerciaux peuvent s'ajouter des responsabilités associatives et politiques, puisque ces industriels s'impliquent dans le maillage social du territoire. Il n'est donc pas étonnant de relever que Jean-Paul Bez (1811-1894), d’une des plus importantes familles d'industriels du peigne, était le maire de La Bastide-sur-l'Hers et conseiller de l'arrondissement de Pamiers [Arch. privées Bez-de Faucher, 1884, d’après Evans]. Georges Gramont (1900-1986), directeur de l'usine Gramont fabriquant des peignes en buis et en corne à Sainte-Colombe-sur-l'Hers, est aussi président d'honneur de la Société spéléologique du Plantaurel, l'un des premiers clubs de spéléologie fondé en 1950 sous le nom de Spéléo Club de Sainte-Colombe, et organisa de nombreuses sorties dans l'arrière-pays audois [d'après le site internet du Comité de spéléologie de l'Aude].
Le début du XXe siècle est marqué par l'internationalisation croissante des échanges, avec plus de la moitié de la production de peignes exportée sur les marchés européens et méditerranéens [Evans 2009]. Jeanine Fauré (née Bigou) évoque son enfance dans l'entreprise Seguy-Bigou à L'Aiguillon : « [...] ils vendaient beaucoup. Je faisais la collection de timbres et j'avais des timbres de partout, même de ce qu'on appelait alors la Cochinchine ! Et d'Allemagne, d'Angleterre, pfiou [...]. Après ils allaient en acheter [de la corne] au Liban, en Turquie, mais les plus belles cornes venaient d'Argentine » [entretien avec J. Fauré, 22 octobre 2019]. En parallèle, le sentiment d'une identité ouvrière émerge avec la création à Lavelanet (Ariège), le 28 février 1900, avec 610 membres, du « Syndicat des ouvriers en peignes de La Bastide-sur-l'Hers et environs » qui a pour objectif « l'étude et la défense des intérêts économiques de ses membres. Il tâchera de fonder toute association, caisses de secours, bibliothèques, en un mot, tout ce qui est autorisé par les lois régissant les Syndicats » [Arch. MTPC]. Les rapports sociaux se durcissent entre ouvriers et employés en raison de revendications sociales (augmentation des salaires, licenciement d'ouvriers non syndiqués, etc.) et plusieurs grèves éclatent dans le premier tiers du XXe siècle : en 1900 dans l'usine Bigou, en 1901 dans les usines Courtois et Corneil, en 1911 dans l'usine Bez, en 1932-1933 dans l'usine Chaussonnet, en 1936 dans de multiples usines.
À partir de 1900, de nouveaux modèles entrepreneuriaux se forment et lancent des coopératives ouvrières, comme le relate Jeanine Fauré : « [...] les Azéma-Bigou avaient fondé leur usine. Jusqu'à la guerre de 1914, ça a été des propriétés privées en quelque sorte : les Jouret, etc. [...]. Au lendemain de la guerre de 1914, quand les ouvriers sont revenus, plutôt que d'aller retravailler dans le peigne en tant qu'ouvrier, c'était "la mode" des sociétés, des coopératives [...]. C'est comme ça que mon père a eu l'idée, avec deux ou trois ouvriers qu'il connaissait et avec qui il avait travaillé, de fonder l'usine devenue Seguy-Bigou » [entretien avec J. Fauré, 22 octobre 2019]. Certaines coopératives ouvrières demeurent encore présentes dans les années 1960 mais, bien souvent, ne sont pas en mesure de tenir longtemps sur le marché faute de capitaux suffisants et de stratégies commerciales. Ce déclin n'est cependant pas à imputer à leur seul modèle socio- économique puisque les autres entreprises de peignes en corne connaissent également cette décroissance dans un contexte économique plus difficile.
En parallèle de ces mouvements sociaux émerge une transformation majeure dans le processus de production à partir de 1900 : l'arrivée de l'électricité, issue de l'énergie hydraulique avec notamment la Société pyrénéenne, développe la mécanisation du travail et engendre l'apparition de nouvelles usines de peignes qui ne sont pas situées à proximité d'un cours d'eau, telle l'ancienne usine Seguy-Bigou à L'Aiguillon (actuel atelier de José Da Fonséca).
Les premières machines automatiques commencent à poindre dans les années 1920. L'entre-deux- guerres demeure le point culminant de la production de peignes, qui se marque par l'essor du nombre d'établissements de peignes (de 14 à 35 usines) et, par conséquent, l'augmentation du nombre d'ouvriers (de 900 à 1500 ouvriers) entre 1900 et 1929, pour atteindre 30 000 peignes produits à la fin de cette période. Cependant, la crise de 1929 met à mal l'industrie du peigne qui, dès 1937, ne compte plus que 700 ouvriers et oblige certaines usines à fermer [Evans 2005].
La seconde moitié du XXe siècle se caractérise par une baisse constante de la production de peignes, principalement en raison du développement de peignes en plastique : des centres de fabrication comme Oyonnax (Ain) se lancent dans les peignes en celluloïd dès les années 1870 et concurrencent fortement les peignes en corne depuis le milieu du XXe siècle en raison de son faible coût et de la rapidité de production. Toutefois, le déclin reste multifactoriel et se traduit par des limites économiques (concurrences locales et étrangères), des problèmes d'adaptation technique et sociale à la modernité, etc. La baisse de la productivité et, par conséquent, du nombre d'artisans met actuellement en péril ce savoir-faire du travail de la corne, encore exploité par seulement deux artisans.
Les évolutions techniques ont sans cesse accompagné le développement du processus de fabrication du peigne en corne. Les artisans ont dû faire face à la raréfaction des matériaux qui préexistaient avant l’industrialisation du peigne en corne naturelle.
Du buis à la corne
La fabrication de peignes en bois en Pays d'Olmes existe depuis au moins le XVe siècle : des échanges commerciaux sont attestés en 1428 entre Laroque-d'Olmes (Ariège) et Douai (Nord) ou même Genève, qui revendaient les peignes en buis [Evans 2009]. Les essences de buis et d’alisier étaient ainsi employées pour confectionner des peignes : en 1737, on opérait une distinction entre « peigneur à buis » et « peigneur à corne » et les deux types de peignes pouvaient être réalisés de façon concomitante dans certaines entreprises au Peyrat jusqu’à la guerre [Poirot, 1986, p. 11]. La production de peignes en bois (surtout en buis, mais aussi en hêtre, alisier, sorbier ou encore en aubépine), locaux puis importés du massif pyrénéen dès le XVIIIe siècle, était principalement localisée dans la vallée de l'Hers, entre l'Aude et l'Ariège. La dernière entreprise en activité fabriquant des peignes en bois, l'usine Gramont située à Sainte-Colombe-sur-l'Hers, a automatisé sa production en s'inspirant des modèles mécanisés de l'Eure (après un séjour de Georges Gramont en 1930-1931 dans ce territoire industriel). Mais elle dut fermer en 1965, à la suite d'un incendie en 1947 mais surtout en raison de l'arrêt des exportations de peignes en bois vers les pays du Maghreb lors de leur indépendance [Musée du Quercorb].
La matière première a donc évolué selon les contextes de production locaux comme le démontre le passage des peignes en buis à ceux en corne à partir des années 1850-1860. Mais ce n'est pas tant en raison de la pénurie progressive des buis et alisiers employés dans les forges locales ou utilisés pour le charbonnage (puisque du buis fut alors massivement importé de l'ensemble de la chaîne pyrénéenne) ; c'est aussi ou surtout en raison de la valeur ajoutée d'un objet en corne, bien supérieure à celle d'un objet en bois et répondant davantage aux goûts de l'époque, même si les deux modes de production restent concomitants durant un siècle et demi.
Importation de la corne
Dès le début de l'usage de ce nouveau matériau, les marchés d'approvisionnement de la corne s'adressent aux producteurs de bovins d'Amérique au XIXe siècle (puis ceux d'Afrique au XXe siècle) et aux producteurs d'ovins d'Europe de l'Est et d'Asie mineure (puis d'Australie à la fin du XIXe et au début du XXe siècle) [Evans 2017]. Ainsi dans un document d’archives de 1825, le maire de La Bastide-sur-l'Hers indiquait que « les cornes sont achetées à Bayonne, Marseille et Bordeaux. Ces dernières sont tirées des Isles », autrement dit de l'Amérique [Arch. dép. Ariège, 14 M 16, « Statistique industrielle des manufactures, fabriques, usines et autres établissements capables de donner des produits ailleurs que la consommation locale qui sont situés dans le département de l'Ariège », d’après Evans, 2017]. Le caractère international des marchés de production de la matière première s'explique par le fait que les cornes dites « du pays » sont souvent abîmées par le joug (puisque ces animaux étaient principalement employés pour le travail de la terre et non pour l'élevage jusqu'au XIXe siècle) et sont plus petites que celles provenant d’Amérique, d’Afrique ou d’Australie où les cornes, suffisamment longues, permettent de découper de grands peignes qui sont par conséquent plus rentables [Evans 2017] ; mais aussi, lorsque la pratique de l'élevage de bovins s'intensifia, par l'augmentation de l'écornage des bêtes par cautérisation physique ou chimiques à la naissance [Poirot 1981]. Puisque les fabricants de peignes ne pouvaient utiliser les cornes des bovins français, ils durent se tourner vers d'autres pays d'élevage comme l'Angleterre ou l'Irlande dès le XVIIIe siècle puis vers d'autres continents au XIXe siècle. Les cornes de novillos, des jeunes bêtes de trois à quatre ans, sont particulièrement prisées selon M. Chaussonnet qui se fournissait à partir d'élevages provenant d'Australie, du Cap et de l'Argentine [Poirot 1981].
Les cornes provenant d'élevages extensifs d'Amérique du Sud sont également très appréciées en raison de leur qualité ; d'autant plus que les années 1990-200, marquées par l'encéphalopathie spongiforme bovine (ou « maladie de la vache folle »), finit de disqualifier les cornes de bovins d'origine françaises. Toutefois aujourd’hui certaines races locales comme les Gasconnes retrouvent un intérêt pour l’artisan peignier José Da Fonséca, qui se fournit également en Uruguay et en Argentine. Au début du XXe siècle, d'autres matières furent testées pour remplacer la corne - ou plutôt l'étui corné composé de kératine agglomérée - notamment avec le plastique et ses matériaux composites : le celluloïd (matière composée de nitrate de cellulose et de camphre) ou le rhodoïd (matière plastique à base d'acétate de cellulose) ; mais aussi d'autres matières comme la galalithe (polymère issu de la caséine) qui possède la propriété d'être antistatique comme la corne. Mais aucune matière ne parvient à remplacer de manière satisfaisante la corne chez les industriels ariégeois, qui conservaient de bonnes relations commerciales avec les marchés d’importation sud- américains, contrairement à d'autres sites comme Oyonnax (Ain) qui se lancèrent dans l'industrie plastique : cette évolution technologique est d'ailleurs retracée dans le musée local du Peigne et de la Plasturgie.
En 1948, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UIPN, devenue UICN) est créée et met en place en 1964 une liste rouge des espèces végétales et animales menacées. Ces nouvelles dispositions mettent un frein à l'importation de cornes en ivoire, matériau coûteux et qui se prête peu au processus de transformation en peigne, comme à l'importation de cornes d'antilopes ou de zébus qui pouvaient encore être employées dans certaines entreprises ariégeoises. La production de peignes actuelle n'utilise que les cornes d'animaux d'élevage.
Évolutions techniques
Sur le plan technique, des avancées, allant de simples bricolages manuels à des machines brevetées, augmentent la production de peignes :
— La coupe de la corne était d'abord droite avant que le mode d'ouverture hélicoïdale n'apparaisse vers 1870. Ce dernier, importé de Normandie ou de Paris, coupe la corne en suivant les fibres de celle-ci. La technique de chauffe de la corne, facilitant son ouverture, a évolué en passant de la chauffe au bois à la chauffe au gaz qui se pratique encore chez Da Fonséca. Pour améliorer cette méthode manuelle, la technique de l’aplanissement par une presse hydraulique chauffante a été brevetée chez Azéma-Bigou, puis abandonnée avant d’être reprise au sein de cette entreprise. Celle-ci améliore la quantité de production mais ne permet pas de manualiser le biscayage ou l'aplatissage ; tandis que la technique au gaz, à la flamme, conserve une meilleure maîtrise de chauffe et donc de qualité puisqu'elle a un impact sur la durabilité des objets lorsqu'ils sont bien aplatis, selon Jean Mathivet [entretien du 22 octobre 2019].
— La première machine à denter, la « stadeuse » ou « estadeuse », apparaît en 1843 et lance le début de la mécanisation de l'industrie du peigne [Arch. dép. Aude, 9 M 32, précis statistique présenté au préfet de l'Aude par le maire de Sainte-Colombe-sur-l'Hers, 21 mars 1845, d’après Evans]. Celle-ci se traduit à la fois par le recours mécanique qui génère une augmentation du volume de production, tout en établissant l'activité non plus au domicile des ouvriers ou dans des petits ateliers mais en la concentrant dans des usines.
Vitalité
Dans le secteur de la tabletterie, un artisan a repris ce savoir-faire afin de réaliser non pas des peignes mais des objets décoratifs ou accessoires en corne : Jean Mathivet nous explique qu’« il y a un attachement à ce savoir-faire, autour de la fabrication du peigne. C'est un patrimoine artisanal du coin [...]. Mais c'est vrai que la mémoire collective a éludé tous les autres objets types d'objets [que le peigne] ». Divers objets en corne étaient pourtant réalisés dans les usines locales, comme le démontrent les artefacts exposés au Musée du textile et du peigne en corne : boutons, poignées de cannes ou de parapluies, boucles de ceintures, manches de couteaux, couverts à salade, chausse-pieds, etc. Mais la raréfaction du savoir-faire de la corne engendre un sentiment d'attachement pour tout ce qui participe à l'identité industrielle du Pays d'Olmes : « on a été quand même bien accueilli par les gens qui étaient contents de voir [...] de jeunes artisans s'installant dans le coin pour travailler la corne et perpétuer une tradition artisanale locale » [entretien avec J. Mathivet, 22 octobre 2019]. L’entreprise SiliCorne Vallée réalise des objets artisanaux en corne et en matières naturelles depuis 2013 : l'artisan Jean Mathivet, d’abord technicien de fouilles en archéologie préventive, s’est reconverti dans le savoir-faire de la corne ; les motifs sont donc inspirés par les peintures rupestres préhistoriques (telles celles de la grotte de Niaux), les savoir-faire populaires ou la faune locale. Ces objets représentent des figurines d’animaux préhistoriques sur des supports variés (colliers, boucles d’oreilles, porte-clés, magnets, etc.), ou bien sont des objets utilitaires en corne de bovin (médiators, broches, boîtes ou pots, etc.) parfois liée à d'autres matériaux naturels comme les bois d'essences locales ou les bois de cervidés. Ils sont vendus dans des musées ou sites culturels traitant de la préhistoire ou de l'archéologie : le musée de Tarascon, le musée du Mas-d'Azil, ou encore le musée d'archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye. Cet artisan se déplace également dans des marchés artisanaux (fêtes du vignoble de Saint-Mont à Sabazan les 29-31 mars 2019, marché de producteur de Pays Audois à Coursans le 14 avril 2019, etc.) ou des salons (Salon des métiers d'art de Plaisance-du-Gers le 15 mai 2019, etc.).
Jean Mathivet s'inscrit dans une démarche de valorisation de son savoir-faire en accueillant le public dans ses locaux, notamment à travers des initiatives comme des ateliers participatifs et gratuits lancés en 2019 dans le cadre des journées « Dans la peau d'un artisan » organisées par la Communauté de communes du Pays d'Olmes et l'office de tourisme de Lavelanet Pays d'Olmes. Par la suite, il envisagerait de venir s'installer à L'Aiguillon, à la suite de José Da Fonséca, pour continuer à fournir les sites touristiques (musées et grottes préhistoriques) en objets en corne et en bois tout en se formant au travail de la corne avec celui-ci pour fabriquer des peignes. En effet l'apprentissage nécessite à la fois un outillage adapté dont Jean Mathivet ne dispose pas dans son entreprise à Bélesta ; en sus de cette maîtrise mécanique, s'ajoute un savoir technique à acquérir relatif à l'ensemble des étapes de fabrication du peigne.
Menaces et risques
En Pays d'Olmes, une lourde concurrence s'exerçait depuis le XIXe siècle entre les secteurs du textile et de la corne qui recherchaient la main d'œuvre sur le même bassin d'emploi : « on avait du mal à garder les ouvriers parce que le textile payait mieux. Donc il fallait donner des à-côtés. Et puis il y avait la concurrence de patrons [...] » [entretien avec P. Azéma, 16 mai 2019], même si l’inverse était également vrai puisque l’industrie du peigne rémunérait mieux ses ouvriers que ceux du textile au tout début du XXe siècle. Cette compétition avait également lieu entre les patrons d'usines de peignes [Evans 2018] ; par conséquent certaines entreprises, empreintes de rapports paternalistes, offraient quelques avantages sociaux comme un logement pour les ouvriers employés dans leur usine (ill. 13) ou quatre écoles à Lesparrou, pour espérer conserver ces derniers qu'ils avaient formés. Dans les années 1970, il restait encore six usines de peignes en corne en Pays d'Olmes. Mais pour Pierre Azéma, le déclin de l'entreprise familiale dans les années 1990 s'explique par le coût du travail inhérent à la vie moderne, le peu d'attrait des jeunes pour les métiers manuels, la concurrence des pays étrangers mais aussi la non-remise en question des acteurs du métier pour adapter le travail au contexte contemporain : « ce modèle économique là, dans l'industrie, n'existe plus [...] ». De plus, la concurrence des peignes en matière synthétique a évidemment joué un rôle non négligeable dans la baisse de la production depuis le XXe siècle puisque la matière première (le plastique) est plus facile et plus rapide à obtenir que la corne, tout en étant moins onéreux. À cette concurrence s'ajoutent les peignes en corne fabriqués actuellement en Chine ou au Brésil à prix bas, environ quatre fois moins cher que les peignes français. Il ne faut pas non plus occulter le fait qu’il existe aussi des revendeurs de peignes qui, sous le couvert d'une étiquette de « tradition artisanale ariégeoise », vendent en réalité des objets d'importation par correspondance ou sur les marchés régionaux.
D’autres explications concourent à mettre les entreprises en difficulté, telle la mise aux normes des équipements (machines, outils) et des locaux demanderait un lourd investissement financier pour les futurs repreneurs de l’atelier de José Da Fonséca. De plus le manque de développement d'une stratégie marketing, de recherche et développement ou encore d'investissements financiers, sont d'autres facteurs de décroissance pour ce type de petite entreprise qui se concentre sur la production, selon Pierre Azéma. La recherche d'employés qualifiés est également compliquée en l'absence de formation spécifique. Pourtant la menace la plus lourde repose sur l’absence de transmission du savoir-faire lui-même : « vous pouvez avoir un financement énorme, acheter des machines modernes, mais il vous manque l'essentiel : ils sont tous dans les cimetières. Ce sont les mains, c'est le savoir-faire. Et le savoir-faire, il se perd très très vite et il est essentiel. Pour moi, c'est 80% du travail [...] » [entretien avec P. Azéma, 16 mai 2019].
Jusqu'en 2018, quatre entreprises se répartissaient les marchés, mais la question de leur pérennité se pose aujourd'hui de manière cruciale en raison de l'extrême rareté du savoir-faire : l'entreprise GVMT Créations, créée en 2013, se délocalise en Dordogne ; l'entreprise Azéma-Bigou est en cessation d'activité à la suite du décès de son dirigeant en 2018 ; l'artisan Da Fonséca travaille toujours mais arrêtera bientôt son activité pour partir à la retraite ; enfin l'entreprise SiliCorne Vallée fabrique, pour le moment, des objets en corne mais pas encore de peignes. Pourtant selon le musée du Quercorb, la vallée de l'Hers serait le dernier lieu en Europe où se fabriquent encore des peignes en corne.
Modes de sauvegarde et de valorisation
Publications imprimées
Plaquettes
● dépliant du musée du textile et du peigne en corne de Lavelanet
● dépliant du musée du Quercorb
● Rendez-vous Pays des Pyrénées cathares, Pays d'art et d'histoire des Pyrénées cathares, programmation avril-juillet 2019 Guides
● Le Petit futé 2019 (sur l’atelier de Da Fonséca à L'Aiguillon), en ligne : https://www.petitfute.com/v23048-l-aiguillon-09300/c1168-shopping-mode-cadeaux/c1077-bons-plans/c474-magasin-d-usine/1753512-magasin-d-usine-fabrique-de-peignes-en-corne.html (consulté le 1er juillet 2019)
● Le guide du flâneur (sur l’atelier de Da Fonséca à L’Aiguillon), en ligne : http://www.leguideduflaneur.fr/guide-tourisme/ariege/les-peignes-en-corne.html#Lire%20la%20suite (consulté le 20 septembre 2019)
● Guide du Routard Midi toulousain, Pyrénées, Gascogne (Occitanie), 2019 (sur l’atelier-boutique SiliCorne Vallée à Bélesta)
Magazines
● « Minutieux travail de la corne sur les chemins de l'art préhistorique », L'Ariégeois Magazine, n° 214, 2015, p. 31-33
● « Authentic Material recycle la corne de vache », L’Usine nouvelle, n° 3489, 25 octobre 2016, en ligne : https://www.usinenouvelle.com/article/authentic-material-recycle-la-corne-de-vache.N454772
Articles de presse
● « Les peignes en corne de Marguerite et Grégoire », La Dépêche du Midi, 28 mars 2015, en ligne : https://www.ladepeche.fr/article/2015/03/28/2075981-les-peignes-en-corne-de-marguerite-et- gregoire.html (consulté le 4 octobre 2019)
● « Bélesta, la SiliCorne Vallée fait renaître le peigne », La Dépêche du Midi, 26 août 2015, en ligne : https://www.ladepeche.fr/article/2015/08/26/2165113-la-silicorne-vallee-fait-renaitre-le- peigne.html (consulté le 4 octobre 2019)
● « 70 personnes à Lesparrou pour connaître les secrets de la corne », La Gazette ariégeoise,14 avril 2017
● « La Bastide-sur-l’Hers. La riche histoire de la fabrique de peignes en corne », La Dépêche du Midi, 14 mai 2018, en ligne : https://www.ladepeche.fr/article/2018/05/14/2797226-la-riche-histoire-de- la-fabrique-de-peignes-en-corne.html (consulté le 4 octobre 2019)
● « Bélesta, Atelier participatif à Silicorne vallée mardi », La Dépêche du Midi, 1er septembre 2019, en ligne: https://www.ladepeche.fr/2019/09/01/atelier-participatif-a-silicorne-vallee-mardi,8386939.php (consulté le 4 octobre 2019)
● « Lavelanet, Silicorne vallée transmet des savoirs faire ancestraux », La Dépêche du Midi, 7 septembre 2019, en ligne : https://www.ladepeche.fr/2019/09/07/silicorne-vallee-transmet-des-savoir- faire-ancestraux,8398493.php (consulté le 4 octobre 2019)
Vecteurs de communication
Musées locaux
● Musée du Textile et du Peigne en corne à Lavelanet (Ariège)
● Musée du Quercorb et de l'Instrumentarium à Puivert (Aude), dont une salle consacrée aux peignes en buis
Autres musées du peigne en France et à l'étranger
● Musée du Peigne et de la Plasturgie à Oyonnax (Ain)
● Musée de la Tournerie - Artisanat sur corne, à Lavans-lès-Saint-Claude (Jura) ● Musée des Peignes et des Parures à Ézy-sur-Eure (Eure)
● Musée du Peigne et du Cheveu à Mümliswil (Suisse)
Actions de valorisation à signaler
En 1985, les Amis du musée du Textile et du Peigne en corne (AMTPC) ont commencé un travail de collectage des différentes pièces, outils ou encore archives, puis ont ouvert en 1986 à Lavelanet, dans l'ancienne usine Dumons (la première manufacture de draps de Lavelanet datant des années 1800), un espace muséographique qui regroupe les deux filières industrielles implantées dans le canton du Pays d'Olmes : sur la rivière du Touyre se retrouve l'activité textile tandis que sur celle de l'Hers s’implantent les peigniers. Les collections du musée présentent deux volets : la fabrication du tissu de laine cardée et la fabrication du peigne en corne. Dans le cadre de donations, le musée du Textile et du Peigne en corne a donc collecté et sauvegardé du patrimoine industriel des XIXe et XXe siècles : des machines à marquer en fonte et en fer et des machines à façonner en fonte, bois et fer (dons de M. Gramont pour l'usine de Sainte-Colombe-sur-l'Hers), une grosseuse en fonte et en fer de la seconde moitié du XIXe siècle et deux presses à thermofixer en fonte et en laiton datant de 1896 (dons de M. David de La Bastide-sur-l'Hers), une stadeuse en fonte, bois, fer et laiton de 1900 (don de l'entreprise Jouret d'Ivry-sur-l'Hers), un emporte-pièce en fonte de 1890 et une presse de biscayeur en fonte, bois et fer de la première moitié du XXe siècle (dons de M. Bez de La Bastide-sur-l'Hers), ou une vitrine de présentation de peignes en cornes donnée par M. Laffont de L'Aiguillon. Outre la conservation de ces anciennes machines des usines de peignes locales, cette association a entrepris de collecter la mémoire ouvrière et de la valoriser sous forme de publications d'ouvrages, d'un film-documentaire réalisé par Serge Victor présenté dans le musée, d'expositions temporaires, etc. Elle a également organisé des conférences et un colloque intitulé Nouvelles Approches de l'histoire de l'industrie en Pays d'Olmes le 4 juin 2005 (avec la participation de Jeanne Bayle, Jérôme Bonhôte, Jean Cantelaube, Rémy Cazals, Bruno Evans, Jean-Michel Minovez et Jean-Marc Olivier) [Site internet du musée : http://amtpc.over-blog.fr/article-l-aventure-de-la-laine-121586972.html (consulté le 20 novembre 2019)].
Les fabricants de peignes participent aussi à la valorisation patrimoniale lors d'animations présentées par le musée du Textile et du Peigne en corne : des artisans locaux présentent tout au long de la saison leur travail au public. Ainsi, Jean-Pierre Azéma (qui formait un personnel du musée) et aujourd'hui Jean Mathivet sont invités à faire des démonstrations de la fabrication d'un peigne en corne lors des journées de valorisation des artisans qui participent à leur boutique.
En 1990, le Conseil départemental de l'Ariège est devenu le gestionnaire de ce musée, membre du réseau des Musées de France depuis 2000. En 2006, un bail emphytéotique est signé entre la Communauté de communes du Pays d'Olmes, gérante des bâtiments, et le Conseil départemental de l'Ariège. Les projets de remaniement du musée incluent un aménagement de l'espace dédié au peigne en corne : une quinzaine de machines textiles seront enlevées afin d'augmenter l'espace d'accueil dans la partie exposant le savoir-faire de la corne.
Modes de reconnaissance publique
Le musée du Textile et du Peigne en corne a reçu l’appellation Musée de France.
L’artisan José Da Fonséca détient le titre de « maître artisan en métier d'art », dans le secteur d’activité « tabletterie », métier « brossier-cornier », spécialité « peigne en corne », de même que l'artisan Jean Mathivet, dans le secteur d’activité « tabletterie » pour ses objets en corne.
Le savoir-faire de la fabrication du peigne en corne est très menacé en Ariège puisqu’il ne réside dans les mains que d’un seul artisan, gérant de la SARL Da Fonséca, SiliCorne Vallée ne fabriquant pour le moment que des objets en corne et en bois, mais pas de peignes.
Si la transmission technique du savoir-faire est préoccupante, des actions patrimoniales se développent et font connaître l'histoire de la corne sur ce territoire marqué par un patrimoine industriel important. En sus des efforts de collecte et de sauvegarde menés par le musée du Textile et du Peigne en corne et de quelques initiatives privées, il faut souligner les missions du « Pays des Pyrénées cathares », labellisé Pays d’art et d’histoire en 2008 par le ministère de la Culture. Dans ce cadre, il met en place des animations liées au patrimoine et à l'histoire dans ses 56 communes, déclinées sous forme de conférences, de visites guidées, de ballades ou d'ateliers, et mène des actions de valorisation et d’interprétation à l’échelle du territoire. Un projet de « valorisation de l'histoire industrielle textile » a été initié en 2016, en partenariat avec le service « Connaissance et Inventaire du patrimoine » de la Région Occitanie, qui délègue sa mission d'inventaire. La matière recueillie est valorisée dans le programme d’animation du Pays d’art et d’histoire et dans le cadre d’une convention avec l’Université de Toulouse-Jean Jaurès pour la réalisation de films et d’un web-documentaire. Un projet sur une nouvelle muséographie de l’actuel musée du Textile et du Peigne en corne associé à une scénographie « hors les murs » est en cours.
Récits liés à la pratique et à la tradition
Plusieurs hypothèses (scientifiques ou non) existent sur l'introduction du travail de la corne en Pays d'Olmes, avec notamment trois explications originelles : les Arabes durant le haut-Moyen Âge, les protestants au XVIe siècle ou bien une adaptation progressive d'artisans aux matériaux locaux. La première explication, liée au passage des Arabes dans la région, se retrouve dans la mémoire orale et les témoignages d'ouvriers collectés par Christine Matignon-Benech, mais se fonde sur une étymologie ou une toponymie très difficile à vérifier : « le peigne, ça nous venait de l'invasion arabe, ça ; c'est eux qui travaillaient les os, ils se faisaient les peignes comme ça, j'ai entendu dire ça. Parce qu'on les a chassés en 732, mais ils étaient là avant, mais il en reste quelques-uns. Par exemple, vous avez Audabran, c'est un nom arabe, ça ; Morel c'est un nom arabe [...] » [Matignon-Benech, 1987, p. 7]. Cette explication se retrouve aussi dans les historiques de sites internet comme celui de la SAS Le Peigne en Corne, qui ne fournit pas de sources pour étayer ses propos : « IIIe et VIe siècles : invasion des sarrasins au sud de l'Ariège, comté de Foix. Peigne en corne et ivoires » [site internet de l'entreprise]. Ces explications sont toutefois peu plausibles sur le plan historique : les premières attestations écrites retrouvées jusqu’à présent datent non pas du VIIIe siècle mais du XVe siècle et évoquent des échanges commerciaux de peignes en buis fabriqués en Pays d’Olmes [Evans, 2009].
On retrouve bien plus souvent, dans plusieurs écrits à destination du grand public comme dans les musées locaux, l'idée que des protestants originaires de Suisse se seraient réfugiés dans ce territoire et auraient importé la technique du travail de la corne pour réaliser ces peignes : sur l'un des cartels de l'espace muséographique, le musée du Textile et du Peigne en corne indique qu'« au XVIIe siècle, les protestants expatriés de Suisse, suite à l'Edit de Nantes promulgué en 1598, sont de retour d'exil et vont généraliser la fabrication artisanale du peigne en corne. Durant leur séjour forcé dans ce pays, ils apprirent à travailler la corne. Ils s'installent en Ariège, où l'on fabriquait de peignes en buis et en alisier depuis le XIIe siècle ». Toutefois, l’édit de Nantes, ou édit de tolérance, accorde en 1598 des droits de culte (mais aussi des droits civils et politiques) aux protestants, tandis que c’est la révocation de l'édit de Nantes en 1685 qui menace leur liberté de culte en interdisant le protestantisme sur le territoire français et provoque donc l'exil de plus de 200 000 protestants. La mémoire orale a pourtant conservé cette idée chez les descendants de familles industrielles et les ouvriers : « L'industrie du peigne, vous la retrouvez au bout du Plantaurel, au Mas d'Azil, et, en principe, c'était tout des familles protestantes qui s'étaient fixées à l'époque sur ces montagnes ici. Par exemple, moi qui les ai connues à l'époque [...] : la maison Courtois, Bez père et fils, Coste-Bez, Corneil, [...] » [Matignon-Benech, 1987, p. 8]. La présentation historique de l'entreprise Azéma-Bigou l'évoque également : « Après la révocation de l’édit de Nantes, les protestants, sous la protection des autorités locales, ont développé cet artisanat. À partir de 1860, cette activité a connu un très gros essor avec l’arrivée d’Angleterre via la Normandie, de nouvelles machines » [site internet de l'entreprise].
Cependant, en l'absence de preuves historiques pour étayer cette dernière version, l'historien Bruno Evans propose une autre hypothèse en s'appuyant sur la première attestation écrite en 1721 d'un « marchand et faiseur de peignes de corne », non pas protestant mais catholique, retrouvée aux Archives départementales de l'Ariège [5 E 3477]. Ce document démontre que ce métier n'était pas l'apanage d'un groupe social religieux, même si ce dernier a pu s'approprier cette spécificité technique afin de légitimer leur prééminence sociale au XIXe siècle : de fait, les grands entrepreneurs catholiques avaient abandonné ce commerce, repris par les industriels protestants et la communauté ouvrière protestante : « le travail du peigne engendra donc un fort sentiment de cohésion lié à la confession religieuse » [Evans, 2009, p. 85]. L'histoire de la fabrication du peigne en corne a donné lieu à des écrits, rédigés par des familles industrielles elles-mêmes sous formes d'archives privées (comme l'Histoire de la famille Bez rédigé par Virginie Bez, fille de Casimir et épouse de Léo Bez), et à des prises de position publiques dans des revues locales, tels les articles de J. Azéma-Bigou : « L'industrie du peigne en corne et en bois dans la vallée de l'Hers », Le Sud-Ouest économique, mars 1929, p. 325-329 [Arch. dép. Ariège, ZQ 432], et « L'industrie du peigne en corne dans la vallée de l'Hers », Pays d'Olmes, 1962, p. 10-12 [Arch. dép. Ariège, ZQ 1600]. Il existe également des chansons, telle celle extraite d'un exemplaire de la Revue du peigne, qui retrace toutes les étapes de fabrication du peigne [musée du Textile et du Peigne en corne de Lavelanet] :
« Vous êtes-vous jamais douté (bis) Que faire un peigne est compliqué (bis) Pour achever cette œuvre, amis Pour achever cette œuvre
Dix ouvriers sont requis (bis)
Arrivée d'Argentine la corne que voici
Se coupe en trois morceaux au moyen d'une scie La pointe est la partie qu'on livre au coutelier
Le biscayage et la gorge sont les seuls à transformer
Avec d'énormes pinces et près d'un feu ardent Les biscayeurs entrouvrent la corne savamment Puis la mettent sous presse afin de lui donner Une forme aplatie qu'elle devra garder
Mais la surface n'est pas lisse (bis)
Il faut maintenant tout l'art du gratteur Et ce n'est pas un travail d'amateur
Cette corne têtue voudrait se retourner
Voici les redresseurs qui vont l'en empêcher
La chauffant à nouveau ils la tordent si bien Que de sa forme première personne ne se souvient
Marqueur, marqueur fais attention Calcule bien les dimensions Profite toute la surface
Petit et grand modèle enlace Ah, ah, ah oui vraiment Travaille économiquement (bis)
Et maintenant voici le peigne découpé
Il passe dans des mains prêtes à le stader Ce mot si compliqué signifie simplement Que l'on s'efforce enfin de lui faire les dents
Le planeteur s'en mêle pour niveler Puis le perleur appelle pour fignoler
Et le peigne est désormais Tout à fait en bonne voie Et le peigne est désormais Bien près d'être terminé
Le ponceur diligemment Le plonge dans la boue grise Et de la meule s'aide
Le nettoie entièrement
Pour donner cet éclat que vous admirez tant Une peau de chamois s'impose maintenant Ce travail féminin qui se nomme polir Embellissant le peigne permet de le finir
Il est enfin bien achevé (bis)
Et finement enveloppé (bis) Puis mis dans une boîte amis Une fort jolie boîte fabriquée au pays
Si ce travail vous intéresse (bis) Venez un jour en chœur nous visiter (bis) Nous vous accueillerons
De très bonne façon
Et nous vous offrirons Quelques échantillons »
Inventaires réalisés liés à la pratique
● Inventaire interne du musée du Textile et du Peigne en corne, réalisé dans le cadre de la législation sur les Musées de France.
● Inventaire du patrimoine industriel réalisé par Jérôme Bonhôte, service « Connaissance et Inventaire des patrimoines », direction de la Culture et du Patrimoine, Région Occitanie.
● Matignon, Christine, Savoir-faire en Vallée de l'Hers : les peigniers, rapport remis à la mission du Patrimoine ethnologique du ministère de la Culture et de la communication, 1990, 121 p.
Bibliographie sommaire
Ouvrages imprimés
● Evans, Bruno, « La révocation de l’édit de Nantes fut-elle un drame pour les protestants du Pays d’Olmes ? », dans Les Rapports entre les religions, dans le Midi, des origines à nos jours [actes du 63e congrès de la Fédération historique Midi-Pyrénées, Castres 2017], dir. Aîmé Balssa et al., Castres, Société culturelle du Pays castrais, 2019, p. 237-251.
● Evans, Bruno, « Les connexions matérielles entre l’Amérique latine et le territoire industriel du jais et du peigne en Pays d’Olmes, milieu XIXe siècle-années 1930 », dans Amérique latine globale. Histoire connectée, globale et internationale, dir. Daniel Emilio Rojas, Paris, L’Harmattan, 2017, p. 123-148.
● Joanne, Paul, Pyrénées, Paris, Libr. Hachette et Cie (coll. « Guides Joanne »), 1888 [en ligne :https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5696216b]
● Matignon-Benech, Christine, Parole de peignier, mémoire d'ouvrier en Pays d'Olmes, Lavelanet, Conseil général de l'Ariège, 1987, 38 p.
● Rives, Georges, Anciennes industries du Quercorb : jais, forge à la catalane, drap, peignes en bois ou en ivoire aux XVIIIe et XIXe siècles à Sainte-Colombe-sur-l’Hers, Toulouse, Association des Amis des Archives de la Haute-Garonne, 1997, 77 p. [Arch. dép. Aude, BDA-338.09 RIV]. Articles de revues
● Evans, Bruno, « De l’unité à la division. Comment la jalousie a contribué à l’échec du capitalisme familial. Le cas des entrepreneurs du peigne en Pays d’Olmes, au pied des Pyrénées », Entreprises et histoire, n° 91, 2018, p. 82-97.
● Evans, Bruno, «Léran a-t-elle été industrielle ? Commerce, pratiques matrimoniales et industries dans un village du Pays d'Olmes, fin XVe siècle-début XXe siècle », Archives ariégeoises, n° 9, 2017, p. 53-83.
● Evans, Bruno, « La fabrique de la lutte des classes au village, le peigne et le jais en vallée de l’Hers : pommes de discorde ? », Archives ariégeoises, n° 4, « Dissidences et conflits populaires dans les Pyrénées [actes du 60e congrès de la Fédération historique de Midi-Pyrénées, Foix (Ariège), 17-19 juin 2011], 2012, p. 249-267.
● Evans, Bruno, « Du jais au peigne : culture technique, esprit d’entreprise et industrie en Pays d’Olmes », Archives ariégeoises, n° 1, 2009, p. 159-186.
● Jorré, Georges, « L'industrie dans les Pyrénées de l'Ariège », Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, tome 9, 1938, p. 110-129 [en ligne : https://doi.org/10.3406/rgpso.1938.4475]
● Le Chêne, Monique, « Les industries de quincaillerie et de ferronnerie décorative dans la région de Tinchebray (Orne) : histoire d'un pôle industriel rural », In Situ. Revue des patrimoines, n°8, 2007 [en ligne : http://journals.openedition.org/insitu/3011].
● Musset, René, « Les Pays normands. Les plaines d'argile à silex entre la Seine et la Touques », Supplément aux Annales de Normandie, n° 3-4, 1955, p. 38-42 [en ligne : https://www.persee.fr/doc/annor_0000-0002_1955_num_5_3_6545].
● Poirot, Fernand et Camberoque, Charles, « Les biscayeurs de la vallée de l'Hers », Connaissance du Pays d'Oc Montpellier, n° 47, 1981, p. 10-15.
● Pinçon, Michel, « Autoproduction, sociabilité, identité dans une petite ville ouvrière », Revue française de sociologie, tome 27, 1986, p. 629-653.
● « Préhistoire spéléologie ariégeoises », Bulletin de la Société préhistorique de l'Ariège, tome 4, Pamiers, 1949 [en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9643994g/f12.image ].
● Robert, Hugues, « Une industrie en péril : le peigne en corne », L'Ariégeois, n° 8, 1981, p. 5-14 [Arch. dép. Ariège, 1 PER 405/1981]. Travaux universitaires
● Baud, Chantal, Dedieu, Yves, et Kremer, Marie, Étude du D.A.S de la fabrication des peignes en corne, mémoire de l'Université des Sciences sociales, Toulouse, 1992, 48 p. [Arch. dép. Ariège, ZQ 1734].
● Evans, Bruno, Entrepreneurs et esprit d’entreprise en Ariège, milieu du XVIIIe-début XXe siècle, mémoire de DEA, université de Toulouse II-Le Mirail, 2005.
● Roussigne, Nathalie, L'Industrie du peigne en corne en Ariège, mémoire de master, Université de Toulouse II-Le Mirail, 1999, 166 p.
Sitographie sommaire
● Fabrication du peigne en corne, prod. Association Aitole, diff. 12 octobre 2015, 4 min 50, en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=G0tBOLysOVk
● L’Histoire du peigne en corne par Janine Fauré, prod. Lavelanet TV, diff. 30 décembre 2016, 4 min 11, en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=2NPtjqfXMbo
● Le Peigne en corne, un objet d'art, réal. Serge Victor, diff. 13 décembre 2017, 16 min, en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=ToAVPTH2wbc
● Fabrication de peignes en corne, Lesparrou, prod. Fondation Groupe Dépêche, diff. 10 février 2017, 2 min 36, en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=5u3cEi16Ypc
● Le Peigne en corne, une vieille tradition ariégeoise, prod. FR3 Occitanie, diff. 5 juillet 2017, 1 min 40, en ligne : https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/ariege/foix/peigne-corne-vieille- tradition-ariegeoise-1292283.html
● Les 100 lieux qu'il faut voir. L'Ardèche, des Pyrénées ariégeoises au Pays cathare, prod. France 5, diff. 6 août 2017, 52 min.
Sites internet des institutions patrimoniales [consultés le 21 juin 2019]
● Musée du Textile et du Peigne en corne http://www.museedutextileariege.fr/
● Musée du Quercorb https://www.museequercorb.com/
● Pays d'art et d'histoire Pays des Pyrénées cathares http://www.pyreneescathares-patrimoine.fr/
Sites internet des artisans [consultés le 7 mai 2019]
● Entreprise Azéma-Bigou http://www.peigne-corne-azema-bigou.com/
● SiliCorne Vallée https://www.silicornevallee.com/
Sites internet des revendeurs d'objets en corne [consultés le 7 mai 2019]
● SAS Le peigne en corne https://www.peignecorne.com/index.html
● Barb’Art https://www.barb-art.fr/content/20-notre-histoire
● Coutellerie Savignac https://www.couteau-savignac.com/fr/content/11-notre-gamme-de-couteaux
Ressources documentaires [consultées le 23 septembre et le 8 octobre 2019]
● Géoportail : carte de l'état-major (1820-1866) https://www.geoportail.gouv.fr/donnees/carte-de-letat-major-1820-1866
● Blog « Une industrie : travail de la corne » https://aujols-laffont.blog4ever.com/une-industrie-le-travail-de-la-corne-animale
● Blog « Georges Gramont (1900-1986) », Comité départemental de spéléologie de l'Aude http://cdspeleo11.free.fr/aude/georges_gramont.php
● Blog « Une source minérale oubliée de l'Ariège : Foncirgue, l'Evian des Pyrénées » http://eaux.minerales.oubliees.over-blog.com/article-une-source-minerale-oubliee-de-l-ariege-foncirgue-l- evian-des-pyrennes-39601417.html
Praticien(s) rencontré(s) et contributeur(s) de la fiche
AZÉMA Pierre, fils d'un ancien artisan peignier (Jean-Pierre Azéma), SARL ETS Azéma-Bigou, Campredon, 09300 Lesparrou, 05 61 01 11 09
DA FONSÉCA José, artisan peignier, SARL Da Fonséca, route de Bélesta, 09300 L'Aiguillon, 05 61 01 71 46
EVANS Bruno, doctorant en histoire moderne de l’université de Toulouse-Jean Jaurès [thèse : « Dynamique et connexion au monde du territoire industriel du jais et du peigne en vallée de l’Hers et du Touyre, vers 1750-vers 1930 », dir. Jean-Michel Minovez], professeur d'histoire-géographie, chargé de cours à l'université Toulouse-Jean Jaurès, evansbruno@gmail.com
FAURÉ Jeanine, descendante d'une famille industrielle (Bigou), arrière-petite fille, petite-fille et fille de peigniers, 11 avenue du Berjarol, 09300 Lesparrou, 05 61 01 29 49
MARTINS Maria, ancienne ouvrière, 5 route de l'Aiguillon, 09600 La Bastide-sur-l'Hers MATHIVET Jean, artisan travaillant la corne, entreprise Silicorne Vallée, route de Lavelanet, 09300 Bélesta, 06 89 52 63 52, jeanmathivet@gmail.com
Musée du Quercorb et de l’Instrumentarium, conservation et valorisation du patrimoine rural du Quercorb, 16 rue du Barry-du-Lion, 11230 Puivert, 09 67 27 81 51, museeduquercorb@orange.fr, https://www.museequercorb.com/
Musée du Textile et du Peigne en corne, conservation et valorisation du patrimoine industriel du Pays d’Olmes, 6 rue Jean-Canal, 09300 Lavelanet, 05 61 03 89 19, museedutextile@gmail.com, http://www.museedutextileariege.fr/
Pays d'art et d'histoire Pays des Pyrénées cathares, connaissance, conservation, médiation et valorisation du patrimoine local, 3 place de l'Europe, 09300 Lavelanet, 05 61 05 52 03, pyreneescathares@gmail.com, http://www.pyreneescathares-patrimoine.fr/
Soutiens et consentements reçus
Pierre AZÉMA, fils d’artisan peignier
José et Maria DA FONSÉCA, artisans peigniers
Janine FAURÉ, famille d’industriels du peigne
Maria MARTINS, ancienne ouvrière
Arielle et Jean MATHIVET-AMPOSTA, artisans corniers
Bruno EVANS, professeur d'histoire géographie et chargé de cours à l'université Toulouse Jean- Jaurès
Musée du Textile et du Peigne en corne de Lavelanet Musée du Quercorb
Pays d’art et d’histoire Pays des Pyrénées cathares
L’enquête de terrain fut conduite auprès de personnes liées à la fabrication du peigne en corne en Pays d’Olmes selon un processus itératif, en revenant vers ces personnes pour confronter les données recueillies et obtenir leur approbation sur les images ou textes produits dans le cadre de cette fiche d'inventaire. Des entretiens semi-directifs ont ainsi été réalisés auprès des artisans ou des descendants de familles d’industriels du peigne, au sein de leur entreprise ou de leur domicile, auxquels s’ajoutent des observations in situ (visites commentées de musées et d’ateliers de fabrication ou d’usines).
Rédacteur(s) de la fiche
LAMOTHE Mathilde, chercheur, chargée de mission pour l'inventaire du patrimoine culturel immatériel, projet TCV-PYR (programme FEDER), Université de Pau et des Pays de l'Adour, Laboratoire ITEM EA 3002 – UPPA, Institut Claude-Laugénie, avenue du Doyen Robert- Poplawski, 64000 Pau, 05 59 40 72 84, mathilde.lamothe@univ-pau.fr
Enquêteur(s) ou chercheur(s) associés ou membre(s) de l’éventuel comité scientifique instauré
CASTAÑER MUÑOZ Esteban, professeur d’histoire de l’art contemporain, Université de Perpignan Via Domitia
CHABBERT Roland, chef du Service « Connaissance et Inventaire des patrimoines », direction de la Culture et du Patrimoine, Région Occitanie
HEINIGER-CASTERET Patricia, maître de conférences en anthropologie, Université de Pau et des Pays de l’Adour
JALABERT Laurent, professeur d’histoire contemporaine, Université de Pau et des Pays de l’Adour
MEYNEN Nicolas, maître de conférences en histoire de l’art contemporain, Université Toulouse- Jean Jaurès, chef de file du programme de recherche européen FEDER TCV-PYR
Lieux(x) et date/période de l’enquête
Lavelanet (Ariège), 15 mai et 21 octobre 2019 ; L'Aiguillon (Ariège), 15 et 31 mai, 22 octobre 2019 ; Puivert (Aude), 16 mai 2019 ; Lesparrou (Ariège), 16 mai et 22 octobre 2019 ; et Bélesta (Ariège), 22 octobre 2019.
Date de remise de la fiche : 20 novembre 2019
Année d’inclusion à l’inventaire : 2019
N° de la fiche : 2019_67717_INV_PCI_FRANCE_00451
Identifiant ARKH : ark:/67717/nvhdhrrvswvk250
Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Peigne_en_corne
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