La fête est régulièrement rehaussée par un évènement en rapport avec la vie de famille de ces géants, liés à la mer : fiançailles, mariages, naissances et baptêmes. La fête marque le début de la saison touristique.

La fête de la Matelote se déroule chaque premier dimanche d'avril à Grand-fort- Philippe (si Pâques tombe à cette date, elle est alors décalée). La fête est régulièrement rehaussée par un évènement en rapport avec la vie de famille de ces géants, liés à la mer : fiançailles, mariages, naissances et baptêmes.

Déroulement de la fête de la Matelote

La fête marque le début de la saison touristique. Selon les horaires de la marée, le géant l'Islandais de Gravelines et, parfois, la Matelote de Grand-Fort-Philippe arrivent par la mer sur des bateaux de pêche. Ils sont débarqués sur le quai et la fête commence par une distribution de gâteaux en forme de poisson, fruit de la pêche des géants. Pour des raisons sanitaires, cette pratique est suspendue car conditionner chaque gâteau serait trop onéreux pour les organisateurs.

Un cortège se forme à travers la ville avec les géants invités. Le défilé fait le tour de ce port de pêche en commençant par la Maison de la Mer, un petit musée consacré à l'histoire et au patrimoine maritime locaux. Les enfants géants, Fiu, Gut et Sœur marchent en tête du cortège devant l'Islandais de Gravelines, leur père et la Matelote de Grand-Fort-Philippe, leur mère. Les géants sont accompagnés d'un groupe de musiciens, les Flibustiers, harmonie de la commune, et d'un groupe de personnes habillées en costumes de matelot et matelote. Des enfants animent un poisson-jupon et un hareng géant.Le jet de harengs du balcon de la Mairie, la dégustation des herings (harengs) du Fiu avec une tombola où l'on peut gagner des herings pecs (harengs salés), les chants marins, les expositions à la Maison de la Mer et le repas dansant contribuent également à animer la fête.

La fête de la Matelote du 6 avril 2013 : naissance et baptême de Sœur, la nouvelle géante de Grand-Fort-Philippe

Le 6 avril 2013, pour la naissance et le baptême de Sœur, la fête de la Matelote a un cachet particulier.
La fête commence à 15 heures sur le port. Les géants invités se préparent : ils sont sortis des camions et assemblés, prêts à participer avec leurs groupes costumés et leurs musiciens. Devant la Maison de la Mer, une estrade est dressée pour accueillir les personnalités et la géante Sœur à venir. La scène de la naissance donne lieu à un jeu avec la vraie sage femme de la commune, interrogée pour savoir si tout se passe bien à l'intérieur de la Maison où la Matelote est supposée accoucher. L'Islandais de Gravelines, le père, Flip, le géant de Berck-sur-Mer et parrain, ainsi que Nette la vérotière, sœur et marraine de la géante Sœur, assistent à cette scène qui se déroule dans les rires et la bonne humeur. À la fin de ce jeu, la Matelote sort de la Maison de la Mer ainsi que la nouvelle-née, Sœur, en "tenue de naissance". Sous les applaudissements, cette dernière est hissée sur l'estrade pour être présentée au public. Puis viennent les discours et la bénédiction de Sœur par le curé de la paroisse.

Un cortège se forme avec tous les participants et les géants pour se diriger en musique vers la place de la Mairie. Devant l'hôtel de Ville a lieu la présentation des groupes et géants invités pour le baptême républicain de Sœur. Sur le perron pavoisé de la mairie se succèdent les discours du Maire, d'un Conseiller général et des autres personnalités présentes, dans une ambiance festive. Sœur est déshabillée et démontée sur la place. Elle quitte ses habits de naissance pour revêtir sa tenue définitive. On lui glisse dans la main l'anneau de rocambeau, un anneau entourant le mât d'un voilier et servant à hisser la voile. Les représentants des géants et le Maire signent les actes officiels : le certificat de parrainage et l'acte de baptême civil. Ces documents sont remis aux parents, parrain et marraine. Le livret de famille de la Matelote et de l'Islandais est mis à jour avec le cachet de la Mairie, leurs autres enfants y figurant déjà.

Après la partie officielle, les dragées et cadeaux réalisés par l'atelier d'action sociale sont distribués sur la place (de petits chaussons roses tricotés à la main et des lits d'enfants miniatures roses, remplis de dragées). Vient ensuite la photo de famille, photo souvenir qui est prise avec un appareil photo géant factice d'où sort "le petit oiseau", puis deux, puis des centaines : c'est un envol de pigeons voyageurs ! Après les vraies photos, les géants se mettent à danser au son de la musique et le cortège se remet en ordre pour défiler dans les rues. Il se dirige vers le minck (marché aux poissons) pour la tombola où l'on peut gagner les pots géants de herings pecks. Un verre de l'amitié est offert à tous les participants avec dégustation de harengs confits. Le soir, un repas dansant clôt la fête.

 De précédents évènements dans la vie de cette famille de géants ont donné lieu à des réjouissances similaires :
- en 2009, la naissance et le baptême de Gut et en 2003, la naissance et le baptême de Fiu
- en 2000, le mariage de l'Islandais et de la Matelote à Grand-Fort-Philippe se déroule devant la mairie : le cérémonial est calqué sur celui d'un vrai mariage civil avec intervention du Maire, signature des actes officiels et remise d'un livret de famille aux jeunes époux géants. Pour la circonstance, la géante porte un voile de mariée.
- en 1998, les fiançailles de la Matelote et de l'Islandais sont célébrées à la fête du poisson à Grand-Fort-Philippe (à l'époque, celle-ci ne s'appelle pas encore la fête de la Matelote).
- en 1995, naissance et baptême de la Matelote à Grand-Fort-Philippe et en 1988, naissance et baptême de l'Islandais à Gravelines.

Les géants de Grand-Fort-Philippe : la Matelote, Fiu, Gut, Sœur ; les géants de Gravelines : l'Islandais et Nette

La Matelote mesure quatre mètres et pèse 80 kilos. Elle est portée ou roulée par une personne. La géante revêt le costume traditionnel des femmes de marin : un bonnet en dentelle blanche, une robe noire, un tablier noir et un châle blanc frangé. Elle arbore des bijoux, une chaîne avec une croix et des boucles d'oreille.

L'Islandais mesure 4,30 mètres et pèse 140 kilos. C'est un géant roulé : il n'est pas porté comme ceux de Grand-Fort-Philippe mais poussé de l'extérieur car il est monté sur des roulettes. Son buste est entièrement modelé. L'Islandais porte un suroît et une vareuse de marin, une jupe en tissu recouverte du tablier des marins pêcheurs en ciré jaune. Il tient à la main une morue et la ligne qui l'a pêchée.

Fiu mesure 3,10 mètres et pèse 45 kilos. Il est porté par une personne. "Fiu" signifie le fils en patois. Il représente le mousse sur un bateau de pêche. Le géant porte un pull de marin rayé blanc et bleu et un bonnet de laine. Il tient une aiguille à ramander à la main et un filet de pêche sur le bras.

Gut mesure 3,80 mètres et pèse 45 kilos. Le géant est porté par une personne. Gut représente un marin travaillant sur un ferry. Il est vêtu d'une jupe et d'un pull bleu marine avec l'emblème de la compagnie SeaFrance, et porte une pomme de touline à la main (un lest constitué d'un nœud, permettant d'alourdir l'extrémité d'un cordage qui doit être lancé).
Nette la vérotière mesure 3,10 mètres et pèse 45 kilos. Elle est portée par une personne. La géante porte une robe noire et une coiffe traditionnelle. Elle tient à la main un seau et une pelle comme les pêcheurs à pied.
Sœur mesure 2,30 mètres et pèse 16 kilos. Elle est portée par une personne. La géante est habillée d'une jupe bleue et d'une vareuse blanche avec un col marin bleu.

Ces géants sont de grands mannequins conçus de façon traditionnelle en bois, osier, tissu, carton. L'Islandais est réalisé en matériau synthétique sur une structure bois et osier.
La qualité et la variété des osiers ne sont plus les mêmes qu'il y a une trentaine d'années et il y a des difficultés d'approvisionnement pour trouver des osiers de forte section et de grande longueur produits dans la région, convenant bien à la réalisation des structures de géants.

Grand-Fort-Philippe.

La répétition annuelle de la fête permet d'initier de nouvelles personnes au portage des géants et aux préparatifs. Les enfants sont associés, par exemple en portant le poisson-jupon ou le hareng géant. Les géants de Grand-Fort-Philippe sont souvent invités à d'autres fêtes à l'extérieur, ce qui participe à l'entraînement et à la transmission du portage, à l'exercice de la danse et à l'initiation de nouveaux membres du groupe. Sœur est portée par des jeunes afin de favoriser la pratique du portage. Par le biais des géants sont également transmises des pratiques du matelotage, comme les nœuds marins et la pomme de touline que porte le géant Gut - d'anciens marins participent à la vie des géants. À Petit-Fort-Philippe, le village voisin, Rose, la petite géante a été conçue par et pour les enfants, réalisée dans le cadre d'un projet du centre aéré et adoptée par les géants de Grand-Fort-Philippe. Les petits Petit-Fort- Philippois ont ainsi un géant qu'ils peuvent porter et animer.
On connaît des enfants de géants depuis longtemps : les enfants de la famille Gayant sont attestés en 1720 à Douai. Depuis 1995, date de la création par l'association la Ronde des Géants de Louise, l'une des premières "petites géantes" dans le Nord de la France (elle représente un enfant de géant et elle est conçue pour être portée par des enfants), de nombreux petits géants ont vu le jour, favorisant ainsi la découverte par les enfants de la tradition des géants et les initiant au portage.

La grande famille des géants

Enracinés dans la culture locale et régionale, les géants sont environ 500 au nord de la France. En Belgique, ce sont plus de 1500 géants qui animent les fêtes locales. La tradition est aussi très vivante en Espagne avec plus de 2000 géants, notamment en Catalogne. Il est difficile de dénombrer les géants, précisément parce qu'il s'agit d'un patrimoine vivant : certains géants disparaissent pour renaître parfois plusieurs années plus tard, et de nouvelles effigies apparaissent tous les ans.
D’origine médiévale, les géants de l’Europe occidentale sont nés des processions communales et religieuses dès le XVe siècle. Ces figures gigantesques illustrent alors des épisodes de la Bible (Goliath), des récits de la Légende dorée (Saint Christophe) ou des histoires du cycle de Charlemagne (Cheval Bayard et les fils Aymon). Aujourd'hui, les géants ont perdu leur caractère religieux et ils témoignent de la richesse historique et culturelle liée à l'identité locale. Emblèmes d’une ville, d’un quartier, d'une association, ces grands mannequins d'osier représentent des héros historiques ou légendaires, des figures locales, des métiers, des animaux, des dragons...
L'âme collective du géant
Construits pour être portés par une ou plusieurs personnes, les géants dansent et animent les rues de la cité, accompagnés de leur musique. Ils sont associés à la vie de la communauté qu'ils représentent, qui les fait vivre et danser : ils peuvent se marier et avoir des enfants, s'inviter entre eux, voyager... donnant lieu à de grandes fêtes populaires.
Elément visible du patrimoine immatériel de la communauté dont il constitue le symbole, le géant favorise le lien social et il contribue à raviver la mémoire collective. Suivant les ressources humaines et matérielles, le géant est porté ou se déplace sur roulettes. Il peut mesurer de deux mètres pour les géants enfants à plus de quatorze mètres de haut pour le géant de Nieuport, qui nécessite vingt-quatre porteurs.

Les géants à la fête

S’il y a bien un élément qui rassemble le monde divers des géants, c’est la fête ! Qu’ils soient français, belges ou espagnols, les géants défilent dans les ducasses, les kermesses ou les fêtes patronales. Ils s’amusent et dansent au gré des sorties carnavalesques. La fête donne un sens au géant ; le géant donne un sens à la fête. Dans le sud de la France, les animaux totémiques comme la Tarasque de Tarascon ou e Poulain de Pézenas sont indissociables de leurs fêtes tout comme les géants du nord de l’Europe.
Si les géants émergent de ces festivités, ils ne sont pas seuls. Les personnages gigantesques et les animaux fantastiques font partie d’un ensemble d’éléments et de traditions. Tantôt, ils sont entourés de chevaux-jupons, d’hommes de feuilles ou de diables, tantôt, ils s’intègrent à un cortège haut en couleurs, avec des chars de fantaisie, des groupes historiques ou des ensembles musicaux.
Les géants ne se contentent pas de défiler. Ils aiment jouer avec le public. A Mons (Belgique), la queue du dragon est happée par la foule qui arrache les crins porte- bonheur. A Cassel, la foule retient les géants Reuze Papa et Reuze Maman pour des danses qui n’en finissent plus. Les géants du Meyboom, à Bruxelles, profitent de leur légèreté et de leurs bras mobiles pour taquiner le public dans de grands mouvements de va-et-vient.
Au-delà, aller voir danser les géants, c’est surtout se retrouver, partager un moment privilégié avec des amis ou avec sa famille.

Le géant dans l'espace public

Le géant est souvent considéré comme le citoyen modèle de la cité, qu’il soit ouvrier, enfant, seigneur ou paysan. Sa place est dans la rue et il symbolise de façon festive l’appartenance à une communauté. Par exemple, à Douai, les Douaisiens s’appellent entre eux “les enfants de Gayant”.
La fête du géant, fête de rue, est liée à des repères identifiés comme “lieux de vie” de la ville : mairie, commerces, places, cafés, constituent autant de haltes ludiques et festives sur le parcours du géant et du cortège. Or, l’évolution du tissu urbain ne va pas dans le sens du maintien d’un environnement propice aux géants, dont le passage est parfois empêché par les aménagements et le mobilier urbains. Dans les nouveaux quartiers constitués de grands ensembles, les géants trouvent difficilement leur place : ici “écrasés” par la taille des immeubles et des tours, là, incongrus dans des voies privées, des lotissements dortoirs sans magasins, sans cafés, sans vie collective. La fête populaire calendaire et le géant apportent du merveilleux et de l’enchantement ; ils transforment ainsi le regard porté sur l’environnement quotidien, révélant l’espace public dans toutes ses dimensions.

De génération en génération

Depuis la fin des années 1970, les géants connaissent une véritable "poussée démographique" en Belgique et au nord de la France. Le même mouvement s’observe
aussi en Catalogne espagnole. À l’origine de la naissance d’un nouveau géant, il y a toujours le rêve et la volonté d’un groupe de personnes, d'associations, d'élus... Doit- on y voir la volonté de retrouver ses racines et l’"authenticité" des traditions, la nécessité pour les collectivités locales de renforcer leur identité ou tout simplement le plaisir de faire la fête ? Peut-être tout cela à la fois.
Les glorieux anciens regardent ce phénomène avec intérêt. Des cités comme Douai, Cassel, Ath, Termonde ou Malines voient les géants défiler depuis de nombreuses générations. Les porteurs se succèdent de père en fils, les artisans transmettent leur savoir-faire, les cuisinières s’échangent la recette des plats de fête.

La fabrication traditionnelle des géants

Au nord de la France, les premiers géants attestés (XVIe siècle) étaient construits en osier et les têtes sculptées dans le bois. Aujourd'hui, la plupart des géants portés ont une structure en osier et bois. C’est le matériau de prédilection pour fabriquer un géant, qui fait la particularité des géants du nord de la France et de la Belgique.
Depuis le XIXe siècle, d’autres matériaux et techniques ont parfois remplacé l’osier et la vannerie comme le fer, l’aluminium, les lattes de bois, la résine polyester, le grillage etc. Mais ces matières sont souvent plus lourdes et moins adaptées que l’osier qui, par sa souplesse et sa légèreté, reste le matériau préféré. De plus, l’osier permet de structurer l’ossature du géant tout en lui donnant sa forme. Il se marie bien avec le tissu car il n’est pas coupant et n’écorche pas ce dernier. Souvent, lorsqu’il est remplacé par d’autres matériaux, c’est parce que les vanniers se font rares...
Aujourd'hui pour réaliser les têtes et les mains, le plâtre et le carton pâte sont plus souvent utilisés que le bois. En fait, c’est la légèreté du matériau qui prime dans le choix du créateur. Le carton pâte a encore ses partisans mais la résine polyester est aujourd’hui souvent employée, rendant cependant le géant plus lourd.
De nombreux savoir-faire interviennent donc dans la création d’un géant : il faut travailler le bois, le cuir, l’osier et le rotin, le plâtre, le métal, le papier, les matériaux synthétiques, les tissus, le crin de cheval, les cheveux... Beaucoup d’heures de travail sont nécessaires à toute une équipe pour créer un beau géant.
Car l’apparence du géant est importante mais aussi les techniques employées pour favoriser son portage, son entretien et sa conservation. Aussi fait-on souvent appel à des artisans géantiers, professionnels qui ont expérience et savoir-faire. Mais le géant est aussi parfois réalisé "avec les moyens du bord", de façon bénévole par les membres d'une association.

Les géants de Grand-Fort-Philippe, de Gravelines et de Petit- Fort-Philippe : une histoire de pêche et de famille

Grand-Fort-Philippe est un port de pêche situé à l'embouchure de l'Aa sur la Mer du Nord. De l'autre côté du chenal se trouvent Gravelines et Petit-Fort-Philippe, un quartier de Gravelines. Ces deux communautés étroitement liées par leur histoire et leurs activités économiques (la pêche et notamment la pêche en Islande) se sont naturellement associées pour créer une famille de géants marins pêcheurs. Ces géants et leurs fêtes racontent l'essor puis le déclin de la pêche sur ce littoral, et l'évolution de l'économie locale liée à la mer.

Avant la Deuxième Guerre mondiale existaient des géants éphémères, que l'on jugeait et brûlait pour le carnaval. Une chanson en patois était composée sur un thème d'actualité. Aujourd'hui encore, on brûle un mannequin géant dont la représentation est en lien avec le thème choisi pour le carnaval (un corsaire en 2013). Mais les géants portés de Grand-Fort-Philippe et de Gravelines sont à différencier de ces mannequins éphémères de carnaval conçus pour être brûlés. Les géants processionnels sont au contraire des figures pérennes.

Le premier géant de la famille, l'Islandais de Gravelines, voit le jour le 16 juin 1988, suivi le 1er avril 1995 de la Matelote de Grand-Fort-Philippe, sa femme. Le groupe "Pêcheurs d'Islande" des Éclaireurs de France de Gravelines, un groupe d'âge de 14-15 ans, est à l'origine de cette initiative. Les Éclaireurs veulent leur géant : un pêcheur d'Islande. Ils réalisent des études documentaires sur la pêche en Islande avec l'aide de Fursy Verdoit, ancien armateur et historien local, personne ressource pour le projet. La gestion du géant devant initialement être confiée aux jeunes, il n'a pas été prévu de porter ce dernier : l'Islandais est monté sur des roulettes et poussé. Sa création a été financée par une souscription publique.
Le premier fils, Fiu, naît le 29 mars 2003 : il représente le marin pêcheur côtier. Sa sœur jumelle, Nette de Gravelines (quartier des Huttes) figure la vérotière, pêcheuse à pied de vers pour la pêche. L'une résidera chez son père l'Islandais à Gravelines et l'autre (le fils) chez sa mère la Matelote à Grand-Fort-Philippe.

Le fils cadet Gut naît en avril 2006. Marin sur un ferry de la compagnie SeaFrance, il symbolise l'évolution des métiers de la mer, vecteur de communication et d'échanges. La société SeaFrance a participé au financement de la création de ce géant, qui réside à Grand-Fort-Philippe.

Une géante vient agrandir cette famille en 2006 à Petit-Fort-Philippe (Gravelines) : Valentine la pêcheuse de crevettes, orpheline adoptée par la Matelote et l'Islandais. Elle est considérée comme la nièce de la famille, même si un autre groupe de personnes est à l'origine de sa création.

L'Islandais, Fiu et Nette sont liés à la mer "en tant que pourvoyeuse de nourriture". Sœur est fille de marin et porte les espoirs d'une nouvelle évolution : la marine de plaisance. Les métiers de la mer ont profondément changé et le port se tourne vers les ressources touristiques : la mer est maintenant envisagée comme un espace naturel et un lieu de loisirs, notamment sportifs. Les géants témoignent de l'histoire des hommes et des femmes du littoral, de leur détresse devant la fin d'une époque et de leurs espoirs. C'est aussi le moyen de mettre en valeur le patrimoine maritime dans toutes ses composantes : vieux gréements, pratiques liées à la pêche comme le ramandage des filets ou les chants de marins, gastronomie locale à base de poisson promue lors des fêtes des géants...

En novembre 2013, un nouveau géant fait son apparition dans la commune de Grand- Fort-Philippe, à l'initiative de l'harmonie Sainte-Cécile : Bergur Peterson, géant musicien. L'histoire serait la suivante : un frère de la Matelote, pêcheur en Islande, aurait eu un fils lors d'une campagne de pêche. Ce frère aurait disparu en mer et le fils, musicien, serait venu chercher sa famille en France...

Actions de valorisation et modes de reconnaissance publique (niveaux local, national, international) :

Les géants de Grand-Fort-Philippe et leurs fêtes sont régulièrement présentés dans la presse, les radios et les télévisions locales.
Ils participent avec leurs groupes à des rassemblements de géants appelés aussi rondes de géants, permettant de les faire connaître.
Au niveau local, un financement est accordé par la Ville de Grand-Fort-Philippe et des demandes de financement "au projet" sont déposées auprès de la Communauté de communes, du Département du Nord et de la Région Nord-Pas-de-Calais.

Une réflexion est engagée en 2013 à Grand-Fort-Philippe pour rassembler l'ensemble des éléments relatifs à la fête et aux géants (archives, documents, photos, objets) dans un lieu dédié, favorisant leur inventaire, leur conservation et leur valorisation et leur accessibilité.

Ouvrages de référence concernant les géants et leurs fêtes

- Chaussois (Robert), Géants du Nord-Pas-de-Calais, La Sentinelle, Éd. le Téméraire, 1998 .
- Codron (Christine), Filatriau (Jean-Pierre), Sous les jupes des géants, Lille, La Voix du Nord, 1999.
- Coussée (Bernard), Deleurence (Stéphane), Vandenberghe (Philippe), Géants d'ici, Lille, Éd. Bernard Coussée, 1986.
- Ducastelle (Jean-Pierre), Gheusquin (Marie-France), De Sike (Yvonne), Twyffels (Brigitte), Willemart (Jacques), Géants et dragons, Tournai, Casterman, 1996.
- Ronde des Géants (La), Au pays des géants, éd. La Ronde des Géants, 1981.
- Une fiche de la géanthèque, inventaire réalisé par l'association la Ronde des Géants, a été consacrée à la géante Sœur en 2013 : www.geantheque.org/les_geants/ 59_grand_fort_philippe/soeur/soeur_de_grand_fort_philippe.php.

Dates et lieu(x) de l’enquête : 6 avril 2013 (fête de la Matelote), 23 mai 2013 et 26 novembre 2013 à Grand-Fort-Philippe

Date de la fiche d’inventaire : 29 novembre 2013


Personne(s) rencontrée(s) :
- Annie Lemaire, animatrice bénévole à l'atelier d'action sociale de Grand-Fort-Philippe, Éclaireuse de France
- Alain Dutriaux, ancien adjoint au Maire de Grand-Fort-Philippe, président du comité d'animation de la Ville de Grand-Fort-Philippe

Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Stéphane Deleurence et Nicole Cugny

Nom du rédacteur de la fiche : Stéphane Deleurence et Nicole Cugny (la Ronde des Géants), avec la collaboration de Séverine Cachat (Centre français du patrimoine culturel immatériel - Maison des Cultures du Monde).

 

 

N° d'inventaire Ministère Culture : 2013_67717_INV_PCI_FRANCE_00323.
Identifiant ARK :<uri>ark:/67717/nvhdhrrvswvk298</uri>.

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand-Fort-Philippe

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