Pala est un terme générique servant à désigner une catégorie d’instruments de certains jeux de pelote basque : les raquettes en bois pleines.
Dans La pelote basque (1929) de Edouard Blazy, la pala serait une évolution du battoir utilisé au jeu de paume au XVIIIe siècle. En 1929, il signale l’existence de deux types de palas: la pala et la palette, ressemblant respectivement à ce que l’on désigne aujourd'hui par « pala corta » ou « pala larga », et pala pleine ou paleton.
Pala est un terme générique servant à désigner une catégorie d’instruments de certains jeux de pelote basque1: les raquettes en bois pleines.
Selon la « spécialité », c'est-à-dire le jeu de pelote basque pratiqué, le type de pelote et le type de pala varient :
A cela s’ajoutent des modèles pour juniors et enfants (ou éducatifs). L’entreprise Perry fabrique également unepala« mortaise » (avec une pelote de gomme pleine), non homologuée par la FFPB mais utilisable en loisir (c'est-à-dire en dehors des compétitions).
Toutes ces spécialités de pelote basque sont des jeux indirects ou de blaid, c'est-à-dire se jouant par l’intermédiaire d’un mur. Certains en intérieur (en trinquet ou en fronton mur à gauche), d’autres en extérieur (en fronton place libre).
Chaque type de pala répond à diverses nécessités et conditions : le type de pelote, l’espace de jeu, la force et le « style » du joueur.
1. Les palas pour jouer à paleta gomme pleine.
Dimensions : 50 cm de long, 20 cm de large, 1,50 cm d’épaisseur, de 400 à 520 gr.
a) La pala ordinaire, plaquée ou non
La première étape est l’acquisition du bois. Le fabricant l’achète dans une petite scierie locale (à Dognen). Il choisit les billes que la scierie lui vend sous forme de planches. Celles-ci sont gardées à peu un an en séchage à l’air libre. Après elles sont passées dans un séchoir pour obtenir le taux d’humidité idéal, c'est-à-dire un bois parfaitement sec.
Les planches sèches sont ensuite « tracées » avec des gabarits reproduisant la forme de la pala, en choisissant le fil du bois et en évitant absolument tous les nœuds, toutes les petites fentes, tous les petits défauts. Puis la forme est découpée dans la planche, à la machine, avec une scie à chantourner.
L’étape suivant est la « mise en épaisseur ». Chacune des deux faces de la pala est rabotée et dégauchie. Le fabricant suit des mesures propres suivant le poids. Elle est désormais prête à être éventuellement plaquée. Toutes ne le sont pas, cela dépend de l’usage que compte en faire le joueur (pour un usage occasionnel le placage n’est pas indispensable ; par contre pour un usage régulier, le placage renforce la pala est devient donc très utile).
Le placage consiste à coller sur les deux faces de la pala une feuille de bois (souvent en acajou) de 6/10e de centimètre d’épaisseur. Pour éviter le départ des fentes et rigidifier la pala il est primordial que le placage soit posé perpendiculairement au fil du bois, c'est-à-dire du fil en travers. Il n’y a jamais de placage sur la tranche. Une fois que la feuille de placage est collée, la pala est calibrée à la machine car jusque-là la pala est « brute de scie ». Le calibrage vise à lui donner la forme parfaite en retirant les 5 mm (approximatifs) de surplus de bois, en arrondissant et en lissant la tranche.
Une fois la pala calibrée, il faut encore la poncer. D’une part pour retirer les traces de colle du placage, d’autre part pour affiner l’arrondi de tous les angles du manche pour que le joueur ne se fasse pas d’ampoule. Ce ponçage est fait partiellement à la main et avec des calibreuses. Après l’application des tampons à encre (le logo de la marque, et éventuellement le nom de la pala ou un motif décoratif), chaque pala est pesée et son poids apposé au tampon sur le bout du manche et sur la face avant.
b) Les palas pleines plaquées renforcées
Certaines palas sont plaquées (comme décrit précédemment) et renforcées selon deux autres dispositifs conjoints : une clef noyée en tête de pala et un tourillon en hêtre la traversant de part en part. Le premier dispositif consiste à entailler le sommet de la pala (sur la tranche) et à y insérer une clef (morceau de bois plus épais à une extrémité qu’à l’autre). Ensuite la pala est percée dans toute sa largeur (d’une tranche à l’autre) pour qu’un tourillon (cylindre de bois strié, sorte de cheville traversant la pala de part en part) de 8 mm de diamètre soit inséré. Cela permet d’éviter le départ de fente car ces diapositifs « coupent » le fil du bois et rigidifie la pala.
c) Les palas ventilées ou rainurées renforcées (ou palas fendues)
Le centre de ces palas, là où frappe la pelote, présente cinq fentes verticales destinées à produire un échappement d’air. Ces rainures fragilisent le bois. C’est pourquoi elles sont doublement plaquées : une première fois en travers, puis un seconde dans le sens du fil du bois (fil en long). Cinq tourillons en hêtre sont insérés car sans eux les lames (interstices de bois plein entre les rainures) casseraient vite. Grâce à ces rainures l’air offre beaucoup moins de résistance au mouvement de la pala. Ces palas, apparues aux alentours des années 1980, sont plus particulièrement destinées au jeu en extérieur.
d) La pala perforée
La pala perforée est de conception identique à la pala ventilée (une clef noyée en tête de pala, cinq tourillons en hêtre traversant la pala de part en part) à ceci près qu’elle n’est pas plaquée et qu’à la place des cinq fentes, ce sont douze trous qui laissent passer l’air. Elle est essentiellement utilisée en Espagne.
e) Palas pour enfants (avant 8 ans) et juniors (8-14ans)
Des palas pleines sans placage ni renfort (c’est-à-dire le modèle le plus simple), plus courtes et plus légères, sont fabriquées spécialement pour les plus jeunes.
Les becs
Alors que la plupart des pala sont la même forme de manche, en « bec carré », la pala pleine plaquée renforcée et la pala ventilée renforcée (les deux palas les plus techniques) sont proposées également avec un « bec rond » et recouvert ou non de liège. Avec un manche de type bec rond, on tient la pala davantage en prolongement du bras. Et avec un manche de type bec carré le pelotari la tient différemment, il crée un angle avec son poignet : « il tape mais en même temps il y a un mouvement du poignet, c’est pour placer la pala, pour maitriser beaucoup plus l’emplacement où on va mettre la pelote puisque ça c’est plus des gestes longs, un peu des gestes de tennis ». Dans le cas de la pala pleine plaquée renforcée, une troisième forme de manche existe : le « petit bec », c'est-à-dire un bec plus court qui facilite le passage d’une main à l’autre, particulièrement utile en trinquet où un bon pelotari joue des deux mains : « Si une pelote est à ras du mur c’est plus facile. Ou alors il faut jouer en revers mais en revers c’est pas très bon pour la pala. »
2. Le paleton pour jouer à paleta gomme creuse (ou baline)
Le paleton est le seul instrument qui peut être utilisé pour jouer à paleta gomme creuse. Cette spécialité est aussi couramment qualifiée d’« argentine » du fait de son origine et du succès qu’elle rencontre dans ce pays. Des compétitions internationales lui sont consacrées alors que dans le cas de la paleta gomme pleine (voir 1.) seule la FFPB2 en organise. La fabrication du paleton diffère de celle des différentes palas du fait qu’il ne s’agit pas d’un unique morceau de bois scié dans une planche de platane ou de hêtre, mais de plusieurs lamelles de bois d’essences différentes (bois blanc et bois rouge), jointées par rainures et collées bord à bord les unes aux autres en fil croisé : deux larges lamelles sont en travers et les autres en long. Le paleton n’est pas plaqué. Son manche est soit droit, soit en petit bec pour plus de maniabilité. Le paleton fabriqué par cet atelier ne contient ni tourillons en bois ni tiges métalliques à resserrer avant la partie (pour comprimer le fil du bois) comme cela a pu se faire à une époque. Dimensions: 55 cm de long, 20,50 cm de large, 1 cm d’épaisseur de 400 à 440 gr.
3. La paleta cuir
La paleta cuir est faite à partir d’une planche de hêtre, renforcée par une clef noyée en tête de paleta et plaquée en travers (fil inversé), sur un modèle proche des palas, mais destinée à une pelote de cuir beaucoup plus dure que la pelote de gomme creuse utilisée avec les palas. Dimensions : 50 cm de long, 13,5 cm de large, 3 cm d’épaisseur, de 510 à 600 gr.
4. Pala corta et pala larga (ou grosse pala)
Elles ne sont pas plaquées et sont au contraire d’une seule pièce de bois brut de hêtre. Elles sont plus épaisses et plus lourdes que la paleta cuir. La pala larga est encore un peu plus longue et donc plus lourde que la pala corta.
« On part sur du madrier épais comme ça et après on les affine, on les calibre, c’est fait avec des gabarits, toujours pareil. Le tout c’est de bien sélectionner le fil du bois au départ quand on trace. Il faut que le fil du bois soit parfait, dans un sens comme dans l’autre. Il y a beaucoup de perte. Après c’est une sélection du bois dès le départ. Avec les scieurs on ne prend que des planches de cœur3. Le reste nous on s’en sert pour des panneaux d’ébénisterie, pour faire des panneaux arrières, parce que là on ne peut pas mettre des planches de dosse, elles ne tiendraient pas. On est obligé de partir sur des planches de cœur. »
Dimensions de la pala corta : 55 cm de long, 11,50 cm de large, 4 cm d’épaisseur de 700 à 800 gr.
Dimensions de la pala larga : 60 cm de long, 10 cm de large, 3,50 cm d’épaisseur de 780 à 880 gr.
5. La pala mortaise
La pala mortaise est utilisée avec une pelote de gomme creuse. Elle est la seule produite par l’atelier Perry qui ne soit pas homologuée par la FFPB, c'est-à-dire qu’elle ne peut pas être utilisée en compétition officielle. Francis Perry a créé lui-même ce modèle.
« C’est très spécial, elle a une tige en fer qui traverse et avec des écrous ici. Donc on serre, on tend, on resserre les fibres du bois. Et les fibres du bois très serrées, c’est comme les raquettes de tennis quand vous tendez le cordage. Si vous voulez, avec un cordage mou vous avez des frappes qui sont peut-être plus longues et plus molles. Si vous avez un cordage très tendu vous avez des frappes beaucoup plus sèches et beaucoup plus vives. Là c’est un peu la même chose. Là on gagne à peu près, je n’exagère pas, quinze mètres en puissance. Donc elle n’est pas homologuée à cause de la tige en fer.
[…] Il y a des gens qui viennent de Bordeaux se les chercher parce qu’elles ne sont pas en magasin. Ils viennent en prendre cinq ou six. Mais c’est très spécial parce qu’il faut centrer la pelote, il faut avoir l’habitude de jouer. Si on la centre ici, par rapport à une pala comme ça on gagne au moins 15 mètres mais il faut la centrer, si on tape là [sur les bords] ça n’a aucun effet, au contraire même ça part en vrille. Tandis que si on la centre c’est impressionnant. Un joueur moyen peut rivaliser avec un bon joueur s’il maitrise bien l’emplacement de la pala, s’il sait centrer la pelote parce qu’il le fait jouer en fond de fronton, toujours parce qu’on gagne 15 mètres, c’est beaucoup 15 mètres ».
1. D’autres instruments existent : le petit et le grand gants d’osier (chistera), les gants de cuir (guante), les raquettes en cordage souple (xare) ou tendu (frontenis).
2. FFPB : Fédération Française de Pelote Basque.
3. Ou planches « sur quartiers ». Dans le cas d’un débit sur plot, ce sont les planches intérieures, plus solides que les planches extérieures dites « sur dosse ».
Bois : le platane (en majorité) et le hêtre sont les deux essences de bois utilisées pour les palas et paletas. Le bois doit sécher à l'air libre pendant au moins un ou deux ans.
« - Vous avez fait des essais avec d’autres bois ?
- Oui. Il y a des bois qui seraient meilleurs que ça, y a du frêne qui serait bien. Mais après c’est le poids. Ça ne passe plus en poids, c’est trop lourd. Le poids si vous voulez varie de 400 à 500 pour des palas comme ça, on ne peut pas. Sion les faisait en frêne ce serait beaucoup plus costaud, beaucoup plus agréable à jouer mais on passerait à 600 gr. Donc un joueur à 600gr ça ne passe plus, ce serait trop lourd.
- Et si on la faisait plus fine ?
- Non elle ne tiendrait pas. Parce qu’une pelote gomme il faut savoir qu’elle se chauffe en jouant. Une pelote chaude rebondit beaucoup plus. Mais une pelote froide c’est comme un caillou. Donc au départ quand ils commencent à jouer, à taper pour chauffer la pelote, ils tapent sur une pelote froide il faut que la pala soit bien résistante ».
Colle : de la colle à bois.
Placage : Le placage est acheté, sous forme de feuilles de 0,6 mm, dans le Gers et dans les Landes.
Liège : pour réduire les vibrations dans la main et favoriser l’adhérence.
Chatterton (ruban adhésif) et résine de pin : Ils remplissent la même fonction que le liège apposé en option sur le manche de certains modèles : favoriser l’adhérence de la main. Alors que le liège est apposé par le fabricant, chatterton ou résine le sont par le pelotari et à renouveler régulièrement.
Les palas, paletas et paletons décrits ci-dessus.
Francis Perry (Perry S.A.R.L., marque RSTA) 64400 Moumour. Il existe au moins trois autres fabricants :
Francis Perry s’est formé pendant près de six mois auprès du fabricant de palas dont il s’apprêtait à reprendre l’affaire. En tant qu’ébéniste il connaissait déjà les caractéristiques de sa matière première le bois. Il s’est agit surtout d’apprendre à faire fonctionner des machines spécifiques à la fabrication des palas et d’apprendre à connaitre les caractéristiques attendues de l’objet (poids, résistance) en fonction de la pelote à laquelle est destiné l’instrument (pelote de gomme creuse, de gomme pleine ou de cuir). Ce qui lui a paru le plus important a été l’apprentissage des techniques de commercialisation.
Historique général :
Dans La pelote basque (1929) de Edouard Blazy, la palas erait une évolution du battoir utilisé au jeu de paume au XVIIIe siècle. En 1929, il signale l’existence de deux types de palas: la pala et la palette, ressemblant respectivement à ce que l’on désigne aujourd'hui par « pala corta » ou « pala larga », et pala pleine ou paleton. Alors que dans le cas du chistera (gant d’osier) les auteurs ont retenu deux dates précises, dans le cas des palas, paletas et paletons leur date d’apparition ou les grandes étapes de leur évolution sont oubliées. En effet, elles n’ont que peu retenu l’attention des auteurs.
Historique particulier de l'entreprise, de la personne ou de l'organisme, de la forme d'expression ou de l'espace culturel faisant l’objet de la fiche :
Francis Perry et son fils représentent les troisième et quatrième générations d’ébénistes de la famille. Leur atelier, d’abord situé à Geüs-d’Oloron été exclusivement dédié à la fabrication de meubles, a déménagé à Moumour il y a vingt ans à peu près. Avec cinq salariés ils fabriquent également près de 10000 palas par an, depuis 2006, date du rachat de l’entreprise RSTA de Roger Saint-Amans dont la fabrication des palas était la seule activité.
Il n’y a pas d’action de valorisation particulière, la pratique du jeu est une action de valorisation en soi. La satisfaction des joueurs par rapport à la qualité des produits réalisés et la circulation de l’information chez ces derniers assure une renommée de l’entreprise et de son savoir-faire.
Nom et rôle et/ou fonction de la personne rencontrée :
Francis Perry, fabricant de palas, paletas et paletons.
Municipalité, vallée, pays, communauté de communes, lieu-dit… :
Moumour
Adresse : Meubles Perry – Route de Bayonne
Ville : Moumour
Code postal : 64400
Site Web : http://www.rsta-perry.fr
Dates et lieu(x) de l’enquête : du 1e mars au 30 juin 2013.
Date de la fiche d’inventaire : 30 juin 2013.
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Cendrine Lagoueyte, laboratoire ITEM, EA 3002.
Nom du rédacteur de la fiche : Cendrine Lagoueyte, , programme de recherches « Inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel en Aquitaine », Université de Pau et des Pays de l’Adour.
N° d'inventaire Ministère Culture : 2013_67717_INV_PCI_FRANCE_00300
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2db
Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pelote_basque
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