Le jeu de quilles bressanes consiste à faire tomber le plus de quilles possibles en un lancé, avec comme condition de faire tomber tout d’abord la quille face à l’axe de la piste, appelée la première.

Le jeu de 7 quilles typiquement bressan se joue de façon différenciée dans de nombreux villages. Cependant, il reste un jeu essentiellement d’argent. Il consiste à faire tomber le plus de quilles possibles en un lancé, avec comme condition de faire tomber tout d’abord la quille face à l’axe de la piste, appelée la première.

Les règles sont complexes. Si la quille dite première tombe, toutes les autres quilles du jet tombées sont comptabilisées. Si elle ne tombe pas, rien ne compte. Il y a ainsi plusieurs configurations.

En début de partie, tout le monde mise, généralement une somme modique, 2 à 3 Euros par joueur. Si aucun joueur ne fait tomber la première à son lancé, tous les joueurs sont obligés de « piquer », ce qui signifie remiser la même somme et recommencer le tour de jeu.

Lors du jeu, si un joueur fait tomber la première, il devient « maître du jeu » avec sont total de quilles tombées. Si un autre joueur fait également tomber la première et autant de quilles que le maître, il est « rempot ». S’il fait plus que lui, il est « crevé ».

Le maître du jeu est donc celui qui a fait tomber la première et le plus de quilles. Il a deux options qui s’offrent à lui à la fin de la partie. Soit il tire l’argent de la caisse, c’est-à-dire qu’il gagne toute la somme ; soit il fait « rentré », c’est-à-dire qu’il partage la somme des mises en deux et qu’il propose une autre partie. Pour tous les joueurs voulant continuer, cela signifie remiser la moitié de la somme totale de la mise initiale. Les joueurs pouvant être jusqu’à 8, cette mise peut devenir relativement importante en quelques tours.

Lorsqu’un joueur fait tomber les trois quilles en alignement de la planche centrale, dont la première, cela s’appelle le tombereau. En bout de piste, une personne appelée le « renquilleur » a pour rôle de relancer la boule aux joueurs. Il reçoit une étrenne de la part des ces derniers, qui équivaut à 10% de la somme jouée dans la partie.

Des règles du jeu précises ont été fixées récemment par M. Caland dans un souci de préservation et de pérennisation du jeu de quilles bressanes. Elles sont reproduites ci-dessous :

 

Description du jeu :

 

- Longueur : 17,50 mètres - Largeur : 2 mètres.
- Une planche bien fixée au sol, d'une largeur de 35 cm, d'une épaisseur de 35 mm, s’arrêtant à mi-longueur du jeu (8 mètres).
- 7 quilles : hauteur 35 à 40 cm, diamètre au pied : 11 cm, fabriquées en général en bois de bouleau. Une boule en bois (en buis) : diamètre : 12 cm.
- Forme : voir photo jeu.

Toutes ces dimensions sont approximatives.

- En bout de planche au débout du jeu, une planchette à ne pas dépasser servant de limite lors du déplacement de la boule.
- Placement des quilles : voir photo ci-jointe.
- La caisse servant à déposer l'argent : un plateau de bois de 27 mm x 50 cm de long x 40 cm de large.

 

Règle du jeu assez complexe :

« Mise à jeu » : somme d’argent versée par chaque joueur dans la caisse au début de la partie. « Piqué » : somme d’argent équivalent à la « mise à jeu » versée par le joueur à la caisse n’ayant pas fait suffisamment de quilles pour arrêter.

« Arrêté » : j’arrête! Mot prononcé par un joueur qui juge avoir fait suffisamment de quilles pour se rendre maître de la partie.

A partir de ce moment du jeu, il est le 1er de la partie. Chaque joueur devra jouer un coup de boule jusqu’à ce que le tour du premier revienne. Toujours à partir de ce moment les joueurs ne « piquent » plus.

Le premier est bien maître du jeu mais il peut se produire deux inconvénients: « rampo » (terme employé).

1. Si un des joueurs fait autant de quilles que le premier, on dira de celui-ci qu’il est « rampo ». Ils deviennent alors maître de la partie tous les deux.

2. Autre inconvénient : si un joueur fait plus de quilles que le premier, on dira de celui qui a « arrêté », il est « crevé » (autre terme), par ce fait c’est lui qui sera maître de la partie. Un tour devra s’effectuer jusqu’à ce que son tour revienne. Le tour de tous les joueurs terminé, s’il n’est pas « rampo » ou « crevé », il reste maître de la partie.

Il pourra prendre deux décisions :

1. il peut « tirer » la partie prendre l’argent de la caisse).

2. « Faire rentrer », il est le maître de la partie, s’il fait « rentrer » cela signifie que la partie continue, mais chaque joueur qui voudra continuer la partie, sauf lui, devra verser à la caisse la somme d’argent équivalente à la moitié de l’argent de la caisse (ex: 40 Euros dans la caisse, chaque joueur qui voudra continuer la partie remettra 20 Euros dans la caisse).

3. De ce fait, la somme d’argent en caisse est beaucoup plus importante et la partie devient plus acharnée. Adresse et force oblige !

Le jeu reprend comme au départ (« piqué », « arrêté », « rampo », « crevé »). Tous ces termes seront employés comme au départ de la partie jusqu’à ce qu’un joueur soit maître de la partie. il pourra faire « rentrer » à nouveau, ou « tirer la partie ».

Une personne intervenait dans la partie, on le nommait « le renquilleur », il se trouvait en bout du jeu. Son rôle: il devait remettre les quilles tombées en place et renvoyer la boule aux joueurs.

Cette personne était bien souvent un jeune du quartier (une douzaine d’années) ou un innocent du village. A chaque fin de partie, il recevait un peu d’argent en compensation du travail fourni.

Ce jeu était pratiqué par toutes les couches d’âge, les jeunes moins fortunés mettaient une faible mise à jeu.

Il n’était pas rare de voir des patrons de fermes le dimanche après-midi (« fozhe na pocha » – faire une passe) autrement dit une partie.

Le jeu de quilles était pratiqué par les domestiques de ferme (ouvriers agricoles) le dimanche ou le jour de la « vogue » (fête du village). pour eux, le but du jeu était de gagner un peu d’argent pour se payer quelques extras.

 

Jeu de quilles d’intérieur :

Ce jeu qui se jouait beaucoup en Bresse avait la même règle du jeu que le jeu de quilles placé à l’extérieur.

On lui donnait deux appellations: le « rondeau » ou le « garguillon ».

L’ossature était en bois fruitier de forme ronde sur un pied, peu encombrant il était souvent installé dans une salle de bistrot permettant aux joueurs de se distraire au chaud au cours de l’hiver.

9 quilles constituaient le jeu, une boule en ivoire servait à faire tomber les quilles.

Ces deux jeux de quilles sont visibles sur le site de la Maison de Pays en Bresse et de temps à autre « reprennent du service » grâce à des visiteurs passionnés par la patrimoine local de nos campagnes » (Règles rédigées par Joseph Caland, 2012).

Quilles : au nombre de 7, elles sont hautes de 35 à 40 cm, d’un diamètre au pied de 11 cm. Elles sont en bouleau. Leur forme est classique, une boule en haut de la quille et un corps rétréci, de 25 à 28 cm de diamètre. Sur l’aire de jeu, elles sont disposées comme suit : la première et deux autres en ligne, face à l’axe de la piste ; deux autres de chaque côté croisées. La quille positionnée devant au centre est appelée la première.

Boule : elle est en buis et mesure 12 cm de diamètre. Elle est pleine et pèse Dans certains villages, elle est en pierre, voire en fer. Dans ce dernier cas, elle est appelée boulet. De matière plus lourde, elles sont également plus petites. Elle pèse de 1,5 à 2 kg.

Le terrain de jeu mesure 17,5 mètres de long sur 2 mètres de large. Il comporte une longue planche de piste, qui est aussi la planche de départ du jeu et qui délimite une ligne à ne pas dépasser. Cette planche mesure 35 mm d’épaisseur et 35 cm de large, elle est longue de la moitié de la longueur totale du terrain, soit environ 8 mètres. Le terrain de jeu se prolonge sur son autre moitié d’un terrain sableux.

L’initiation se faisait des plus âgés aux plus jeunes, par reproduction de gestes et observation. Aujourd’hui, le jeu fait l’objet de démonstrations à des groupes de visiteurs, qui sont invités à l’essayer le temps d’une partie.

Historique général :

D’origine peu définie, le jeu de quilles viendrait d’Allemagne. Pour certains, il viendrait de la Grèce Antique ; pour d’autres, d’Égypte. Pour d’autres encore, il aurait été pratiqué dans les monastères ruraux allemands à partir du IVe siècle ou bien inventé au XIIIe siècle par les allemands. C’est à cette époque que le jeu est mentionné pour la première fois dans un texte allemand. Son apparition en France daterait de la fin du XIe siècle. Le jeu de quilles aurait également été importé aux États-Unis par les hollandais aux alentours du XVIIIe siècle.

Dans la région de la Bresse, la tradition était celle d’un jeu à 7 quilles. Il était pratiqué par les salariés agricoles le dimanche après-midi. Il se jouait à 3 ou 4, entre amis. Les joueurs misaient une somme modique, et le gagnant invitait les autres joueurs. Il se jouait beaucoup à la campagne, notamment pendant la guerre : les jeunes ayant peu de moyens, les quilles étaient un loisir répandu dans de nombreuses communes bressanes.

Entre 1955 et 1960, le jeu de quilles bressanes a quasiment disparu. Il ne se pratiquait plus que dans les villes, dans certains restaurants et hôtels, et dans ses dernières années, lors des foires et marchés à Bourg-en-Bresse.

 

Historique particulier de l'entreprise, de la personne ou de l'organisme, de la forme d'expression ou de l'espace culturel faisant l’objet de la fiche:

Le jeu a été relancé dans les années 1995 par la Maison de Pays de Bresse. Ce lieu, devenu écomusée, est le résultat du travail d’une association, l’Association « Maison de Pays en Bresse»,née le 24 janvier 1985. Elle avait pour volonté et but de sauver une ferme bressane, ainsi que l’ensemble du patrimoine bressan associée à la vie traditionnelle de cette région. Le jeu de quilles bressan était un élément important de ce patrimoine. Les bénévoles de l’association ont donc recrée un terrain de jeu. Le jeu faisait partie des activités bressanes traditionnelles. Il a eu beaucoup de succès auprès de la population relativement âgée des environs, qui venaient dès lors à la Maison de Pays de Bresse pour faire des parties entre amis. Avec le temps, ces personnes ont disparu. Il n’y a plus guère de pratiquants aujourd’hui.

Le jeu existe toujours, et est entretenu régulièrement par Mr Joseph Caland. Il est un élément d’exposition de la Maison de Pays de Bresse, mais ne sert plus qu’à l’occasion. Lors de visites de groupes organisés hors saison, le jeu est une des activités proposées à ces groupes particuliers. Quilles et boule sont alors présentées pour une partie initiatique.

Face à cette disparition, Mr Joseph Caland, un des derniers à avoir été initié à ce jeu dans sa pratique traditionnelle, a réalisé un travail de rédaction des règles du jeu, pour permettre à ce jeu de perdurer.

- Site internet.

L’écomusée du pays bressan propose hors saison à ses groupes de visiteurs de s’initier à la pratique du jeu de quilles.

Ouvrages :

Tremaud, Hélène. Les Français jouent aux quilles - Des "quilles au bâton" au bowling, Paris, Maisonneuve & Larose, 1964.

 

Sites Internet:

http://www.maisondepaysenbresse.com/activite.php

Nom et rôle et/ou fonction de la personne rencontrée :
Julie Voinson, documentaliste, Conseil général de l’Ain, Conservation départementale des Musées de l’Ain. Joseph Caland, particulier.

Municipalité, vallée, pays, communauté de communes, lieu-dit… :
Saint-Etienne-du-Bois, Bresse, Ain (Rhône-Alpes).

Adresse : 34, rue général Delestraint
Ville : Bourg-en-Bresse
Code postal : 01000
Téléphone : 04 74 32 76 18

 

Dates et lieu(x) de l’enquête : septembre 2012, Saint-Etienne du Bois.
Date de la fiche d’inventaire : 29 Septembre 2012.
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Karine Michel.
Nom du rédacteur de la fiche : Karine Michel, Ingénieur de Recherche Université de Nantes.

 

N° d'inventaire Ministère Culture : 2012_67717_INV_PCI_FRANCE_00273
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2k3

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : ???

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