La boule de Fort est un jeu typiquement angevin, devenu sport à la fin du XIXe siècle.
Le jeu consiste à faire rouler une boule, appelée Boule de Fort, dans une piste en forme de gouttière, au plus près d’un but appelé « maître » ou « petit». Une partie se joue en 10 ou 12 points, comptabilisés par jeu en nombre de boules d’une équipe les plus près du maître et oppose deux équipes.
Le jeu consiste à faire rouler une boule, appelée Boule de Fort, dans une piste en forme de gouttière, au plus près d’un but appelé « maître » ou « petit». Une partie se joue en 10 ou 12 points, comptabilisés par jeu en nombre de boules d’une équipe les plus près du maître et oppose deux équipes. Elles sont formées le plus souvent de deux joueurs, mais peuvent aussi être de 1, 3 ou 4 joueurs. De par sa forme, la boule de fort ne roule pas droit ; elle oscille beaucoup et nécessite des trajectoires courbes, à changements de direction, pour ne pas heurter les autres boules. La boule est très lente, un lancer dure de 30 à 45 secondes entre le bras et la destination finale ; en conséquence, les parties de boule de fort sont également très longues, de 1h30 à 3 heures. Cette durée très longue des parties implique que les concours se déroulent sur plusieurs mois. Il s’agit d’un jeu d’adresse, de concentration et de patience, mais également d’endurance : les joueurs effectuent de multiples allers-retours sur le terrain au cours de la partie. La piste ayant une longueur de 25m, il n’est pas rare de parcourir plusieurs km durant une partie.
Le lancer se fait paume vers l’avant. Les joueurs sont soit des rouleurs, soit des tireurs. Les rouleurs jouent les premiers ; ils sont chargés de lancer leur boule tout en délicatesse, au plus près du maître, sans toucher les autres boules. Les tireurs jouent ensuite ; leur rôle est de dégager les boules adverses par un lancer rapide. Au terme des lancers, les mesures de la distance des boules de fort au maître sont effectuées. En cas de doute, les joueurs utilisent une « bauge»,tige de métal, pour se départager.
De nombreux concours et challenges ont été crées depuis 1907, à commencer par le célèbre challenge Cointreau. A l’heure actuelle, d’autres sont tout aussi prestigieux, tels les challenges fédéraux qui rassemblent plus de 700 équipes de deux joueurs : challenge du Conseil général de Maine et Loire qui existe depuis 1993, le challenge de la cave de Saumur et depuis 10 ans le challenge junior. Aujourd’hui, les joueurs peuvent participer à quelques 200 challenges publics.
Jeu historique, la Boule de Fort est une pratique emprunte de traditions populaires. Ainsi, un joueur ne réalisant aucun point au cours de la partie doit « biser le cul de Fanny»,c’est-à-dire baiser l’image des fesses d’une icône représentant une femme bien en chair. Dans la tradition orale, cette expression est souvent supplantée par celle « aller à Brion » ; Brion est une commune de Beaufort-en-Vallée, dans laquelle, selon les récits populaires, une concierge peu farouche remplaçait l’icône. De cette aspect culture populaire découle aujourd’hui nombre d’expressions et termes, plus ou moins lubriques, associées au jeu de la Boule de Fort.
Boule de Fort : boule asymétrique de 12,3 à 12,7 centimètres de diamètre, de maximum 10 centimètres d’épaisseur, cerclée de fer au tiers central de sa largeur et légèrement aplatie sur chacun de ses côtés. Elle pèse de 1,2 à 1,5 kg. Sa particularité est d’être lestée de plomb sur l’un des deux côtés, ce qui rend ce dernier plus lourd que l’autre ; c’est ce côté fort qui donne son nom à la boule. Cette forme est dite « méplate»,ce qui désigne le côté faible légèrement évidé et le côté fort lesté. En raison de ce déséquilibre, la boule tombe toujours sur son côté fort.
Les boules étaient autrefois en bois de cormier, en frêne ou en buis. Aujourd’hui, elles sont aussi réalisées avec des matières plastiques. Celles en bois sont toujours fabriquées mais représentent un investissement financier (environ 183 Euros). Elles s’utilisent par paires, transportées dans des « sacs à boules » spécialement conçus à cet effet.
Maître ou Petit : il s’agit d’une petite boule ronde en plomb, dont le diamètre doit être compris entre 80 et 90 millimètres.
Bauge : la bauge est une tige en métal de taille définie. Lors d’une partie, plusieurs bauges de tailles différentes sont utilisées pour mesurer la distance entre le maître et une boule de fort. Cela permet de définir quelle boule est au plus près du maître et ainsi d’attribuer le point à l’équipe correspondante.
Le site de la fédération recense neuf fabricants de produits et services nécessaires à la pratique de la Boule de Fort : fabrique d’accessoires, de boules, de jeux mais également activités de polissage et nettoyage des boules.
Le lieu d’exercice de la Boule de Fort s’appelle le « jeu». Il s’agit d’un terrain incurvé, en forme de gouttière, dont les bords appelés des « pentes » sont relevés. Cette aire est relativement grande, de 18 à 24 mètres de longueur et de 6 mètres de largeur. A ses deux extrémités se trouvent des madriers, dont le but est d’arrêter les boules. Le jeu est partagé par quatre lignes blanches. Deux d’entre elles se situent à 1,5 mètres des madriers, les deux autres à 6 mètres de ces mêmes madriers. Les deux premières délimitent l’aire de lancer du joueur ; les deux autres délimitent l’aire dans laquelle doit être lancé le maître.
Au départ, les terrains étaient des espaces en plein air, le sol était en terre battue. Soumis aux intempéries, ils se dégradaient rapidement. Ils ont quelquefois été goudronnés. Mais depuis les années 1960, les jeux sont en salle et constitués de résine synthétique ; cette matière présente l’avantage d’une surface lisse et polie. Elle oblige par conter aux joueurs le port des chaussons sur sa surface.
Il n’y a à l’heure actuelle rien de bien officiel en ce qui concerne la pratique du jeu de Boule de Fort pour les enfants. Cependant, quelques écoles de boule se créent et des centres aérées proposent cette pratique comme activité. Ce jeu présente l’intérêt de pouvoir faire jouer ensemble des générations différentes.
Historique général :
La boule de Fort est un jeu typiquement angevin, devenu sport à la fin du XIXe siècle. Ses origines sont floues et donnent libre cours à de nombreux récits. Les forçats auraient joué avec les boulets dans les fossés des levées de Loire au XVe siècle, après que la pratique eut été introduite en France par les comtes d’Anjou et les rois d’Angleterre au XIIe siècle.Les mariniers auraient inventé le jeu de la Boule de Fort en le pratiquant au fond de leur bateau, malgré les nombreuses embûches qu’une telle embarcation présente (mât, membrures, longueur restreinte). La boule de fort trouve plus probablement son origine dans les billes de bois des moulins à vent de la Loire, billes caractéristiques car elles s’usaient très vite. Mais découlant de poulies ou roulements de moulins, de nombreuses régions, de la Loire au Nord de la France, revendiquent ce jeu sous ses multiples formes et variantes.
La pratique de la boule de Fort semble dater de la première moitié du XVIIIe siècle, période de travaux d’amélioration des levées de la Loire. Les prisonniers espagnols employés à cette tâche eurent l’idée de jouer avec les roulements à billes usés des moulins dans les creux du sol, crées par l’extraction de la terre pour renforcer les levées. Ces fameuses billes, origines de la boule de fort, étaient faites en bois de cormier et s’usaient de façon irrégulière. La forme non sphérique de ces billes ne permettait pas de jouer sur un terrain plat. Les parties se déroulaient ainsi souvent dans les douves de château, qui constituaient des terrains incurvés propices à la pratique de ce jeu.
Dans les écrits, il est fait mention d’un jeu de boules en Anjou, proches du jeu de paume, à partir de 1660. En 1691, certains évoquent la boule particulière utilisée dans ce jeu. La première véritable boule de fort ferrée est créée à Mazé (Anjou) en 1865, par un forgeron appelé Pineau ; il s’inspire de la boule en gaïac, bois des Andes, caractérisée par un côté fort et un côté faible. Ce bois est celui utilisé dans le Baugeois et d’autres régions de Loire. Bois très dense, il était utilisé comme rotule dans la rotation de grands axes verticaux. Les boules en gaïac usées étaient utilisées par les joueurs dans cette région. Les bois utilisés différaient ainsi, des Mauges au Beaugeois, de la Vallée de la Loire au centre, etc. La technique de ferrage de ce forgeron s’est dès lors très vite répandue.
La boule de fort connaît son véritable essor au cours du XIXe siècle, avec un développement important des sociétés de joueurs, notamment celle de la Concorde née en 1888. Elles ont matérialisé des espaces spécifiques à côté de leurs salles de réunion, espaces appelés des « chambres », qui sont aujourd’hui les espaces de jeux. La fréquentation des sociétés, qui était initialement limitée a ses seuls sociétaires, s’est ouverte pour permettre des compétitions externes. A la fin du XIXe siècle, la Boule de Fort est considérée comme sport national des Angevins. En 1945, trois sociétés pratiquaient encore la boule de fort avec des boules de gaïac dans le Baugeois.
Historique particulier de l'entreprise, de la personne ou de l'organisme, de la forme d'expression ou de l'espace culturel faisant l’objet de la fiche:
Un premier challenge public est organisé les 16 et 17 juillet 1905 à Asnières, mais la variété de boules de fort rend la rencontre très difficile, les caractéristiques et possibilités des boules étant trop différentes. En vue de réglementer la pratique, une fédération des sociétés de joueurs de boule de fort est créée le 13 juillet 1907. Son but est de développer la pratique du jeu, de défendre les intérêts des sociétés, et de permettre l’organisation de concours entre elles ; pour ce faire, la fédération travaille au fur et à mesure à l’uniformisation des boules, des terrains et des règlements pour devenir les règles officielles actuelles. Dès sa création, la fédération rassemble une vingtaine de sociétés ; en 1908, elles sont au nombre de 64. En 1925, la fédération devient « Fédération des joueurs de Boule de Fort de la région de l’ouest ». Elle connaît un regain d’adhésion grâce à la notoriété acquise par le challenge Cointreau, du nom du célèbre liquoriste, fervent joueur de boule de fort et donateur pour l’organisation du premier challenge. Cette notoriété va jusqu’à évincer le nom officiel de la fédération pour celui communément utilisé de fédération Cointreau. Les sociétés adhérentes sont 220 en 1933 et comptabilise également des sociétés de joueurs de boule de fort de Touraine, Maine et Bretagne. En 1945, ce chiffre monte à 300 sociétés adhérentes, dont 35 pour la seule ville d’Angers. A sa création, la Boule de Fort n’est pratiqué que par des hommes ; dans les années 1970, les sociétés s’ouvrent à la mixité. Cependant MrCointreau, financeur exclusif de la fédération, impose trop son autorité ; en 1992, la maison Cointreau se retire et la fédération redevient Fédération de l’ouest. Ses statuts officiels ont été révisés en 2000 et mettent en avant le désir de développer la boule de fort dans un esprit de convivialité et d’amicalité. La Boule de Fort, jeu historique, est aujourd’hui classée « Jeu patrimonial ligérien » par le Ministère de la Culture, suite à une instruction de jack Lang aux recteurs d’université en mars 2002.
La particularité de la Boule de Fort tient tout autant dans son aspect social que dans la subtilité du jeu. La pratique a lieu dans des espaces communément appelés « sociétés». A l’origine ces sociétés étaient des lieux de rassemblement dans lesquels les hommes, seulement des hommes, se retrouvaient par affinité de pensée, de profession, de rang social, de voisinage, etc. Les sociétés portent toujours un nom identitaire qui reflète très bien ces origines. C’est là que les idées révolutionnaires, par exemple, se sont propagées au 18esiècle. Au fil des temps, ces lieux de rencontre se sont transformés en buvette. Lejeu de la Boule de fort est devenu par la suite le loisir favori des sociétaires. Il a existé plus de 1000 sociétés de boule de fort au début du 20esiècle, il en reste aujourd’hui près de 400, qui, pour la grande majorité sont incluses dans le périmètre de l’ancienne province royale de l’Anjou. Le profit de la vente des boissons a permis des réalisations immobilières qui font qu’aujourd’hui les jeux de boules sont des jeux d’intérieurs agréables à vivre, avec tout le confort attendu. L’arrivée des femmes parmi les sociétaires, n’y est certainement pas étrangère.
- Plaquette ;
- Exposition ;
- Site internet ;
- Boutique ;
- Autre : musée.
La fédération de Boule de Fort travaille à la classification du jeu comme patrimoine immatériel. Elle est en effet membre de l’Association Européenne des Jeux et Sports Traditionnels (AEJST), qui intervient au sein de l’UNESCO pour faire inscrire les jeux traditionnels à la liste mondiale du patrimoine immatériel.
Un Musée – Centre historique de la Boule de Fort a été crée à Lerné, Indre-et-Loire, en 2006. Le bâtiment qui abrite le musée est accolé à une société de Boule de Fort, appelée « La paix». Le centre a pour objectifs de raconter l’histoire de la Boule de Fort : origines, réglementation, fabrication, techniques de jeu, folklore, etc. Le musée est construit sur un mode interactif et ludique permettant de valoriser ce patrimoine. Il propose également, de par son emplacement privilégié, l’observation d’une partie de boule de fort, grâce à une vitre sans tain ouvrant sur la société attenante.
Ouvrages :
GUIBER, Joël. Joueurs de boules en pays nantais. L'Harmattan, 1994.
HUBERT HÉRAULT, André & LIBEAU, Denis. Voyage au pays de la boule de fort. Éd. Hérault, 1999.
JOULAIN, Émile. La boule de fort. Paquereau Technographis, 1976.
LECLERC, Marc. Notre boule Angevine. Éditions de l'Ouest, 1933.
LIBEAU, Denis & JOULAIN, Emile. La Boule De Fort. 1986.
LINDEN, Gérard. La boule de fort par noms et par mots. Éd. Cheminements, coll. Mots d’ici, 2006.
MARAIS, Jean-Luc. Les sociétés d'hommes. La Botellerie – Vauchrétien. Éd. Ivan Davy, 1986.
MÉNARD, Max. Histoire de la boule de fort : histoire de la société "les Artisans" 1829-1998. Éd. M Ménard, 1999.
SERAIN, Didier. Papy raconte-moi la boule de fort. Éd. Anjou Terroir, 2004.
SIGOT, Jacques. Pays de Loire – La boule de fort. Éd. CMD, coll. Mémoires ligériennes, 1997.
_____________ La boule de fort. Éditions CMD, 2000.
_____________ Il était une fois… La boule de Fort. Indri éd., 2007.
Presse :
DENIS, Pascal. La boule de fort veut remonter la pente. Dans : La nouvelle république du 17 avril 2012 p. 6
Sites Internet :
http://fedebouledefort.free.fr/
http://bouledefort.free.fr/boule.htm
http://www.jeuxpicards.org/bouledefort.html
http://www.cdc-rivegauchevienne.com/pages/picroboule.html
Nom et rôle et/ou fonction de la personne rencontrée :
Bernard Glacial, Président de la Fédération de Boule de Fort Jean-Claude Goudeau, particulier
Municipalité, vallée, pays, communauté de communes, lieu-dit... :
Mazé, Maine et Loire (49)
Adresse : Mairie, BP 07
Ville : Mazé
Code postal : 49630
Téléphone : 02 41 57 45 66
Dates et lieu(x) de l’enquête : août 2012, Mazé
Date de la fiche d’inventaire : 29 août 2012
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Karine Michel
Nom du rédacteur de la fiche : Karine Michel – Chargée de Mission Université de Nantes
N° d'inventaire Ministère Culture : 2012_67717_INV_PCI_FRANCE_00268
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2kx
Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
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