La vannerie à montants courbés disposés en méridien est un type natif européen présent sur la marche orientale de Bretagne.
Savoir-faire Vannier en Bretagne. Ces vanneries sont fabriquées par des agriculteurs et par des pêcheurs. Il existe aussi des professionnels de ce type vannerie. La vannerie à montants disposés en méridien est appelée communément "vannerie bâtie sur arceaux" et parfois en Bretagne "vannerie sur côtes". Les montants sont passifs et courbés en arc, puis assemblés pour former une monture en hémiméridien ou parallèle. Les extrémités des arceaux sont piquées en deux points opposés. D’une façon générale, l’ossature est construite quasiment intégralement en préalable à la fabrication proprement dite, alors que dans la plupart des autres techniques de vannerie, monture et clôture sont bâties de façon concomitante.
La vannerie à montants disposés en méridien est appelée communément en France "vannerie bâtie sur arceaux" et parfois en Bretagne "vannerie à côtes". Les paniers n'ont pas de nom particulier. Les corbeilles sont appelées selon les régions : resse, reste, balle. Les pêcheurs utilisent des contenants tenus en bandoulière appelés hotte.
Il faut considérer l'existence de deux groupes techniques distincts par l'organisation de leur armature : une organisation de montants à simple convergence ou avec des ramifications.
La production de ces vanneries relève d'un savoir-faire lié à l'artisanat traditionnel.
De nombreux fabricants continuent à pratiquer ces savoir-faire. La plupart sont des fabricants amateurs. La pratique professionnelle est très limitée.
La vannerie à montants courbés disposés en méridien est un type natif européen présent sur la marche orientale de la Bretagne. La carte suivante montre une diffusion de ce type technique à partir de l'Est et du Sud de la région. La présence de deux variantes avec des populations de fabricants distinctes sous-tend deux vagues de propagations techniques.Les vanniers pratiquant ce type sont très spécialisés : ils ignorent à l'ordinaire les modes de fabrication des autres familles de vannerie.
La vannerie à monture convergente ramifiée
En Bretagne, le groupe de la vannerie à monture convergente ramifiée partage son aire de diffusion avec d'autres groupes techniques, parfois plus anciens, comme la vannerie à montants courbés rayonnants, parfois plus récents comme la vannerie à montants droits. Elle se rencontre le long d'une zone qui, du sud au nord, englobe le sud de la Loire, le Pays de Nantes, de Redon, de Dinan er le Porhouët.
Dans les familles d'agriculteurs comme dans celles des pêcheurs, des personnes compétentes sont chargées de la production de paniers pour les besoins de la famille ou du voisinage. C'est un savoir reconnu et valorisant : en témoignent les nombreuses associations o manifestations organisées sur le thème de la fabrication de paniers. Sur cette aire, il n'a pas été repéré d'ateliers professionnels consacrés à la vannerie à montants courbés disposés en méridien. Ce système technique, chronophage pour ce qui concerne la préparation et le montage, est une activité économique qui s'avère difficilement rentable.
L'osier est travaillé vert
L'osier mis en oeuvre est le Salix alba vetelina, dit "osier jaune", utilisé habituellement pour lier la vigne, les fagots, les balais, etc. Il a la particularité de présenter un bois peu dense qui, tourné sur lui-même, permet la production d'un lien souple et résistant. Il permet un serrage ferme sans endommager ce qui est lié. En Haute-Bretagne, il est appelé liette, liure ou plon en Loire-Atlantique). Les agriculteurs le récoltent sur des souches de saule, dites en têtard, plantées dans un endroit suffisamment humide. Les rejets annuels constituent l'osier, récolté au printemps avant la montée de sève. L'osier fraîchement coupé (osier dit vert) est mis en oeuvre sans tarder avant qu'il ne se raidisse en séchant.
Atelier et équipements
Les paniers sont fabriqués en extérieur dans un endroit abrité. Ainsi, on ne salit pas la maison et on n'y encombre pas un espace restreint. Il est régulièrement affirmé qu'autrefois les paniers étaient confectionnés au cours de la veillée. Je n'ai pas recueilli de témoignage confirmant cette pratique qui peut être en partie une reconstitution collective. La confection de déroulant sur plusieurs jours implique qu'il faudrait ranger un chantier encombrant. Il n'y a pas lieu de se précipiter, car il ne s'agit pas d'une activité de production à visée lucrative et elle se déroule en dehors des périodes de pointe de travail.
Les principaux outils utilisés sont le couteau et le fendoir, car pour la clôture l'osier doit être fendu en éclisses fines. Pour faciliter le montage, certains fabricants ont recours à des moules en bois. La forme anguleuse des paniers, liée à la ramification des montants de l'ossature, implique une plus forte nécessité de disposer de gabarits comparativement au type à monture convergente simple pour lequel les fabricants se passent de moule.
Le travail et le montage
Les fabricants travaillent seuls, assis sur une chaise, et réalisent eux-même successivement toutes les tâches de la chaîne opératoire : récolte, mise en fagot, ébranchage, montage. Il n'y a pas de tri préalable au montage du matériau : les éléments utiles sont prélevés au fur et à mesure des besoins dans un fagot contenant toutes les tailles de brins requises Ce type d'ouvrage peut être abandonné et repris à tout moment, en fonction de la disponibilité en temps ou en matériau. C'est un travail de fin d'hiver : l'osier est récolté après la chute des feuilles et avant le bourgeonnement
Vannerie à monture convergente simple
Le groupe technique de la vannerie à monture convergente simple est localisé dans un secteur qui comprend le Nord et l'Ouest de l'Ille-et-Vilaine, ainsi que le nord-est et partiellement le sud de la Loire-Atlantique. Cette aire de production contourne le Pays de Rennes où l'on fabrique plutôt des corbeilles rondes à montant courbés rayonnants.
La vannerie d'osier professionnelle à Rannée
Le village de Rannée, situé dans le Guerchais au sur-est de l'Ille-et-Vilaine, est un site de production majeur. Il comptait encore une dizaine d'ateliers au milieu du XXe siècle. Actuellement, il ne reste plus que l'atelier de Jean-Claude Hérisset Le développement de ce site peut s'expliquer par la proximité du matériau, de la demande et d'un marché organisé. La proximité du massif forestier de la Guerche permet aux vanniers de s'approvisionner en bourdaine. Les ateliers sont dispersés sur le territoire dans un rayon de moins de deux kilomètres autour de la forêt. Le Guerchais est une région cidricole, production qui nécessite des quantités importantes de vannerie pour la récolte des pommes.
Le lieu de production
Les ateliers sont des espaces uniquement destinés au travail de la vannerie et comprennent un dispositif de chauffage. Ils sont situés soit dans d'anciennes habitations désaffectées, soit dans des locaux construits pour cet usage. L'été quand il fait chaud, les membres de l'atelier se retrouvent à l'extérieur dans cet endroit ombragé. Des greniers permettent le stockage de l'osier. Il doit pouvoir contenir de quoi travailler plus d'une année. La production parfois importante nécessite une pièce à l'accès contrôlé pour un rangement sécurisé dans l'attente de livraisons ou de grandes foires. Il y a rarement un magasin d'exploitation.
Outils et équipements
Les serpettes sont les outils principaux : une petite pour épointer et fendre l'osier, une grande pour fendre et tailler le châtaignier. Les autres outils sont : un petit marteau et des clous fins, pour au besoin faciliter le montage d'une monture ; de la ficelle de lieuse, pour régler les arceaux ; une toise appelée baôge et une chaise suffisamment basse pour pouvoir ramasser sans difficulté l'osier posé à même le sol. Les vanniers n'utilisent pas de gabarits qui ralentissent le rythme de la fabrication. Un artisan qui fabrique plusieurs objets par jour a suffisamment d'expérience pour se passer d'un gabarit. Les vanniers des Marches de Bretagne ont peu recours aux fendoirs, car ils travaillent l'osier rond, ce qui réduit le temps de préparation du matériau.
Il existe des moules en métal pour former à chaud le châtaignier des anses nues des paniers et des ceurns des resses. Le sécateur a rejoint la panoplie des outils et remplacé le couteau pour tailler (rogner) les objets terminés. Le sécateur a d'abord été perçu comme un outil ne permettant pas une finition aussi soignée que le couteau. Dans les années 30, Marie Hérisset, épouse de vannier, supervise la finition des paniers dans l'atelier. Selon son petit-fils, Roger, elle invective les ouvriers qui préfèrent le sécateur pour tailler -effectuer le rognage- les paniers. Les vanniers disposent également d'une charrette à bras pour le transport de la bourdaine ou pour amener les paniers au marché. Ce moyen de transport sera remplacé par des camionnettes à partir des années 60.
Cette vannerie se transmet au sein de lignées familiales. Autrefois, elle s'apprenait enfant en aidant ses parents. Plus récemment, les nouveaux fabricants apprennent en observant des fabricants âgés.
La variante "convergente simple" constitue le mode principal de fabrication de vannerie en matériaux élastiques dans les régions des Marches de Bretagne, le long de la baie du Mont-Saint-Michel et dans une partie de la Loire-Atlantique. Cette forte présence régionale, souvent exclusive, traduit une installation très ancienne. Elle se retrouve également dans d'autres régions : le long de la Manche, dans les îles britanniques, et en Irlande. Ce savoir a essaimé au XVIIe siècle en Amérique par la migration de populations issues de ces régions.
La variante "convergente ramifiée" coexiste géographiquement avec d'autres groupes de vannerie. Il a pu accompagner des mouvements de population plus récents ou s'appuyer sur la diffusion d'autres industries. Des types apparentés se rencontrent dans le sud et le centre de la France.
Cette vannerie est commune en Europe. Elle est cependant moins présente dans sa partie méditerranéenne. Elle concerne préférentiellement la production de paniers de récolte et le transport des produits de la terre et de la mer. En Bretagne insulaire, les coracles sont des bateaux de bois tressé et de cuir dont le montage intègre une charpente de bois courbés que l'on peut classer dans les vanneries à montants disposés en méridien. Le Ier siècle av. J.-C., Jules César atteste de leur existence. En Espagne, pour prendre à revers ses adversaires, il fait construire des embarcations, inspirées par les ancêtres des oracles gallois ou irlandais actuels : "dans cette extrémité, tous les passages étant fermés par l'infanterie et la cavalerie d'Afranius, et comme on ne pouvait achever les ponts, César ordonne aux soldats de construire des bateaux pareils à ceux dont il avait autrefois appris à se servir, en Bretagne : la quille et les bancs étaient d'un bois léger, et le reste du corps de ces bateaux d'osier tressé et recouvert de cuir. Lorsqu'ils sont terminés, il les fait transporter la nuit sur des chariots accouplés à vingt-deux mille pas de son camp, fait passer le fleuve à ses soldats sur ces bateaux, et s'empare à l'improviste d'une hauteur attenante au rivage (Jules César, Commentaire sur la Guerre civile, trad. Nisard, 1865 [49 av. J.-C.])".
La vannerie à montants courbés disposés en méridien s'inscrit potentiellement dans une civilisation du bois courbé. L'utilisation de l'élasticité, du ressort du bois comme "fait" techniques peut se retrouver dans différentes formes d'artisanat pratiqué par les Celtes : fabrication d'arcs, de bateaux, de huttes, de tonneaux, etc.
Pour les populations de la région, la pratique de la vannerie locale est vue comme étant certainement très ancienne. Cette activité ne laissant pas de traces archéologiques distinctes, ou remarquables, il est difficile pour les populations de réaliser depuis quand elle existe. Les récits locaux rapportent essentiellement des faits qui se sont tenus au XXe siècle. Prenons comme exemple les récits liés aux grandes foires qui ont lieu après les récoltes.
Marchés et foires de La Guerche-de-Bretagne
Le marché hebdomadaire de La Guerche constitue l'un des plus importants déballages hebdomadaires de France. Les "foires angevines" avaient lieu le premier mardi qui suit le 8 septembre, et trois mardis de suite. Aujourd'hui, la première foire correspond au premier mardi du mois de septembre. La première s'appelle "la foire du commerce", la deuxième "la foire de la jeunesse". À cette occasion dans les années 50, il y avait des manèges, des forains, des diseuses de bonne aventure et jusqu'à deux ou trois cirques. La troisième s'appelle "la foire aux bitraos" -les gardiens de troupeaux- qui venaient y dépenser leur pécule. L'une d'elles fut un moment appelé "la foire aux Prussiens" référence probablement à l'occupation par les troupes prussiennes de la région de début septembre à début octobre 1815. Chaque trimestre, compte une foire : en février la foire de la Chandeleur, une foire en avril et une en juillet.
Après la moisson, le porte-monnaie des agriculteurs est garni, ce qui permet de s'approvisionner en paniers, car le ramassage des pommes va bientôt démarrer. La renommée des foires angevines attire vers cette ville toute la population rurale alentour. Les vanniers bénéficient à l'époque d'un espace de choix : ils exposent devant la basilique, juste en face de la halle médiévale (détruite dans les années 50), au cœur de la vieille ville. En prévision des foires les vanniers emmagasinent d'importants stocks de vannerie et de balais : sur la gauche, la resse en osier blanc peut convenir à une lavandière ; au fond, des paniers sont mis en baguée, six par six ou huit par huit : c'est-à-dire, selon Roger Hérisset, attachés à de l'osier "piqué en bas, remonté en haut", "pour pas que les paniers tombent de la chôrte [charrette] à bras". En effet à l'occasion des foires angevines, le transport nécessite deux aller-retour de chacun cent paniers : "il fallait être deux à tirer avec une corde devant. Une corde à vache !"
Cette vannerie n'est pas enseignée. Les revenus de cette activité sont modestes, aussi dans le contexte économique actuel, il n'y a pas de successeur déclaré aux vanniers professionnels âgés, population sur laquelle pourtant repose la transmission. Ces savoir-faire sont donc extrêmement fragilisés.
Les communautés identifient les vanneries en méridien comme faisant partie de leur patrimoine. La Fédération rurale des pays de Vilaine (Redon) accorde une grande importance à ce patrimoine. Une animatrice est chargée de la promotion de ce savoir-faire.
Il existe de très nombreuses associations de fabricants amateurs de vannerie, notamment dans la région de Redon et en Loire-Atlantique. Cela se traduit par : une journée annuelle des vanniers amateurs de Loire-Atlantique et tous les deux ans le festival de Brins d'Création dans la région de Redon.
Fiche rédigée 2015 par Roger Hérisset, chercheur associé au CRBC, pour le Ministère de la Culture et de la Communication.
N° d'inventaire DRPS :2015_67717_INV_PCI_FRANCE_00365
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk26t
Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Vannerie_sur_arceaux
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