Création et tradition de la ganterie de peau.
L’entreprise Agnelle fut créée en 1937, à la veille de la guerre, par l’arrière-grand-père de Sophie Grégoire, qui était directeur d’une papeterie et qui créa cette entreprise pour son fils, le grand-père de Sophie, qui avait appris le métier de coupeur. À cette époque, fabriquer des gants à Saint-Junien paraissait une pratique évidente.
Production de gants
- Travail sur les peaux : achat des peaux chez un fournisseur des peaux tannées d’ovins ou de caprins, sélection en fonction de leur taille, couleur, grain, finesse et souplesse. Détermination du nombre de gants réalisables dans chaque peau.
- Préparation du modèle
- Coupe : le gantier coupe les différents éléments dans la peau. Il en sort les pièces nécessaires à la réalisation du gant, en tenant compte du prêtant de la peau.
- Couture : il existe plusieurs sortes de couture à la main ou à la machine.
- Doublage du gant : le doublage du gant est réalisé avec une étoffe, généralement en jersey de soie ou cachemire, que le gantier fixe au bout de chaque doigt à l’aide de quelques points faits à la main.
- Dressage : pour que le gant prenne forme, il est dressé sur un instrument appelé "mains chaudes".
Mode d’apprentissage (diplômes, formation en entreprise…) : transmission des savoir-faire par l’entreprise, en interne. Il n’existe pas de formations officielles au métier du gantier.
Au total, le gantier aura travaillé plus de trois heures pour réaliser un gant normal.
- Peaux, fils, tissus pour le doublage et d’autres accessoires, selon le type de gant réalisé.
Pour la couture, l’entreprise Agnelle détient d’anciennes machines. Actuellement, il n’y a aucune entreprise en France qui fabrique des machines avec les mêmes points. Les machines modernes ont des points moins fins et ça en raison d’une baisse de la demande de ce produits. Il ne reste que 5 fabricants de gants en France et les machines à coudre sont changées très rarement.
Gants haute de gamme et moyenne gamme.
L’entreprise Agnelle se trouve à Saint-Junien, dans les même bâtiments où l’entreprise avait était créée en 1937 et où la famille de Sophie Grégoire vivait. Cette dernière s’est interrogée sur la possibilité d’installer l’entreprise dans des bâtiments plus industriels et adaptés à une nouvelle organisation de la production, mais ni elle ni les ouvriers souhaiteraient déménager dans de nouveaux locaux. Néanmoins des travaux de renouvellement du bâtiment seraient envisageables. La production est organisée sur 4 niveaux, chaque niveau est d’environ 250 m2. Les locaux actuelles ne permettent pas la création d’un musée d’entreprise pour faire connaître et
valoriser les savoir-faire du secteur de la ganterie française. La localisation de l’entreprise à Saint-Junien ne permet pas d’organiser des visites d’entreprise et de valoriser l’activité de production car les transports de Paris sont inadaptés et très peu d’étrangers acceptent de se déplacer pour visiter cette ville.
L’entreprise a été fondée par l’arrière-grand-père de Sophie Grégoire et elle a appris ce métier par sa mère, en commencent à travailler dans l’entreprise dès l’âge de 18 ans. Puisqu’il n’y a pas de formations officielles au métier de gantier, Sophie a organisé des formation en interne pour transmettre ce savoir-faire. Elle cherche à organiser, chaque année, des formations où les anciens ouvriers transmettent aux plus jeunes. Elle souhaite former les jeunes aux différentes étapes de la production afin de les rendre plus polyvalents, plus adaptés au travail de la haute couture, qui nécessite une forte capacité de s’adapter aux souhaites des créateurs, ainsi que pour leur permettre d’exercer différents métiers et de ne pas devoir passer toute la vie à faire la même chose.
Ces formations en interne permettent de transmettre le savoir-faire, ainsi que de commencer à préparer le remplacement de la contremaîtresse. Ce dernier est un poste très important pour l’atelier, qui nécessite en même temps d’une capacité d’organisation de la production et de gestion du personnel.
L’entreprise Agnelle fut créée en 1937, à la veille de la guerre, par l’arrière-grand-père de Sophie Grégoire, qui était directeur d’une papeterie et qui créa cette entreprise pour son fils, le grand-père de Sophie, qui avait appris le métier de coupeur. À cette époque, fabriquer des gants à Saint-Junien paraissait une pratique évidente.
Ensuite son grand-père partit à la guerre, il fut fait prisonnier et il rentra à Saint-Junien en 1944. Pendant cette période, c’est la grand-mère de Sophie qui reprend et gère l’entreprise. Néanmoins, elle meure assez jeune, en 1965, et sa mère, qui était partie vivre au Pérou avec son mari, décide de retourner à Saint-Junien et de reprendre l’entreprise. Grâce à ses qualités commerciales, la mère de Sophie arrive à faire évoluer l’entreprise, même si le secteur est en difficultés : les gant deviennent de plus en plus désuets par rapport au nouveau mode de vie. Elle a la capacité de trouver de nouveaux acheteurs et aussi de monter en gamme et de commencer à travailler pour le luxe. Sophie Grégoire rentre dans l’entreprise à l’âge de 18 ans et commence à se former au métier. En 1999, sa mère, qui n’avait pas bien préparé sa succession, est obligée à vendre l’entreprise à un groupe américain qui voulait racheter ce savoir-faire et le développer dans le monde entier. Ce projet ne fonctionne pas, car la diffusion à large échelle d’un savoir-faire aussi spécifique n’est pas possible.
En septembre 2001, l’entreprise est remise en vente et Sophie, grâce à l’aide de certains partenaires, réussit à racheter l’entreprise de famille.
Aujourd’hui, l’activité de l’entreprise à encore évolué et le travail pour les marques de luxe est associé au développement d’une propre marque. C’est la collaboration étroite entre les artisans et les créateurs qui permet au secteur de continuer à évoluer.
Actuellement, l’entreprise Agnelle à deux usines, une à Saint-Junien qui travaille notamment pour le luxe et une délocalisée aux Philippines qui sous-traite une partie du travail. Les deux usines ne sont pas opposées, elles sont complémentaires et permettent au savoir-faire de continuer à exister. Se focaliser sur un seul type de production ne serait pas rentable. Il n’y a pas eu d’évolutions importantes au niveau des technologies, pour le travail des peaux et pour la fabrication des gants. Ce qui a beaucoup changé dans ce secteur est la façon d’organiser le travail. Sophie Grégoire a cherché à intégrer les étapes de production, qui auparavant étaient réalisées à domicile, dans l’entreprise, dans une logique d’amélioration des conditions et de la qualité du travail, ainsi que de concentration et de transmission des savoir-faire au sein de l’entreprise.
- Expositions : une grande exposition a été organisée dans le grand magasin parisien "les Galeries Lafayette", dans le but de présenter l’entreprise Agnelle et de valoriser le savoir-faire de la ganterie française.
- Organisation d’ateliers vivants, montrant le savoir-faire des gantiers, dans des centres commerciaux.
- Articles dans la presse.
- Adhésion à la Fédération Française de la Ganterie.
- Projet de création d’un musée d’entreprise pour faire connaître ce métier aux visiteurs.
- Documentation / éléments bibliographiques / inventaires déjà réalisés : l’entreprise a énormément de modèles desquels s’inspirent la plupart des créateurs de Paris. Il s’agit d’une véritable richesse pour le secteur de la ganterie, mais malheureusement l’archivage de modèles n’est pas organisé et mis en valeur.
Projet de construction de la maison du cuir et de la ganterie à Saint-Junien. Présence d’un pôle gantier à Millau.
Personne(s) rencontrée(s)
- Sophie Grégoire, dirigeante de l’entreprise Agnelle
Localisation (région, département, municipalité)
Limousin, Haute-Vienne, Saint-Junien
Adresse : 30 bd de la République
Ville : Saint-Junien
Code postal : 87200
Téléphone : 05 55 02 13 53
Adresse de courriel : agnelle@agnelle.com
Site Web
Indexation : accessoire vestimentaire / gant / cuir
Dates et lieu(x) de l’enquête : 25 novembre 2008
Date de la fiche d’inventaire : novembre 2008
Nom de l'enquêteur ou des enquêteurs : Francesca Cominelli
Nom du rédacteur de la fiche : Francesca Cominell
Supports audio : oui
N° d'inventaire Ministère Culture : 2008_67717_INV_PCI_FRANCE_00033
Identifiant ARK : ark:/67717/nvhdhrrvswvk2wp
Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : http://pcilab-new.huma-num.fr/contribuer
Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ganterie_de_Saint-Junien
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