L’apiculture, sur ce territoire, constitue une activité ancestrale importante, et elle est encore aujourd’hui pratiquée par une communauté plurielle d’amateurs et professionnels. La proximité de vastes zones humides a permis l’émergence d’une typologie d’apiculture originale, inféodée à la présence d’eau, et, surtout, à la présence des peuplements végétaux associés (plantes à fleurs, arbustes et arbres), dont certains sont très mellifères, et employant la transhumance. Par ailleurs, les végétaux du marais ont aussi constitué une source importante de matière première pour la fabrication de ruches spécifiques à la région, et certains villages ont connu la présence de nombreux fabricants de ruches tressées, vanniers appelés « huchiers », dont il reste encore aujourd’hui quelques rares descendants.

La Basse-Loire correspond à un espace géographique comprenant l’estuaire du plus long fleuve français, la Loire, sur sa portion fluvio-maritime, entre Nantes et Saint-Nazaire, mais aussi les berges environnantes (lit majeur), et donc les villes et villages établis entre les collines du Pays de Retz (rive sud), le sillon de Bretagne et le marais de Brière (rive nord). L’étude ici présentée s’intéresse à la Basse-Loire dans son acception la plus large, et plusieurs entretiens ont aussi été menés en amont de Nantes, sur l’ensemble de la Loire en aval du milieu limnique, ainsi qu’au sein des zones humides entourant l’estuaire (Lac de Grandlieu et ses annexes, marais salants de Guérande et Mesquer, marais de Brière, marais de la Basse-Loire). L’apiculture, sur ce territoire, constitue une activité ancestrale importante, et elle est encore aujourd’hui pratiquée par une communauté plurielle d’amateurs et professionnels. La proximité de vastes zones humides a permis l’émergence d’une typologie d’apiculture originale, inféodée à la présence d’eau, et, surtout, à la présence des peuplements végétaux associés (plantes à fleurs, arbustes et arbres), dont certains sont très mellifères, et employant la transhumance. Par ailleurs, les végétaux du marais ont aussi constitué une source importante de matière première pour la fabrication de ruches spécifiques à la région, et certains villages ont connu la présence de nombreux fabricants de ruches tressées, vanniers appelés « huchiers », dont il reste encore aujourd’hui quelques rares descendants. Enfin, une recherche scientifique dédiée aux populations d’abeille a émergé par l’intermédiaire de différentes institutions, et se perpétue aujourd’hui.

En 2018, 741 déclarations de ruche ont eu lieu dans le département, représentant 11731 colonies d’abeilles (sources : service de déclaration obligatoire des ruches du Ministère de l’Agriculture). Pour 2017, les chiffres étaient respectivement de 623 déclarations pour 8470 colonies.

Les communautés sont tout d’abord scindées en fonction de critères administratifs, qui ont contraint les pratiques au fil du temps. Ainsi, on observe une répartition en deux grandes communautés, toutes deux reliées par un même objet : l’apiculture en Basse-Loire.

La communauté des apiculteurs professionnels. Elle est composée de nombreux apiculteurs. Certains pratiquent cette activité à plein temps, d’autres en compléments d’une autre activité professionnelle, généralement elle aussi agricole. Les apiculteurs professionnels sont considérés comme des agriculteurs, et à ce titre, cotisent à la MSA (mutualité sociale agricole), et sont représentés par la Chambre d’agriculture. Le Recueil des usages locaux à caractère agricole (dernière édition de 1984 encore en vigueur) fait d’ailleurs référence, en Loire-Atlantique, dans sa partie consacrée aux usages ruraux, à l’apiculture : « les propriétaires de ruches sont tenus aux prescriptions des articles 206 à 209 du Code rural. Dans le cas de ruches implantées sur le terrain d’autrui, les apports entre les parties sont régis par des conventions conclues à l’amiable ». Une partie de ces professionnels pratique la transhumance, à l’échelle locale (entre deux ou trois parcelles d’un même canton, généralement en fonction des floraisons), voire à l’échelle régionale, entre différents terroirs et climats. Une soixantaine de professionnels pratiquerait autour des zones humides du département, mais cela est délicat à estimer.

La communauté des apiculteurs amateurs est également variée. Là aussi, certains d’entre eux pratiquent l’une ou l’autre des transhumances, mais la plupart ne possède que quelques ruches, et ne les établit que sur une seule parcelle, propriété de l’apiculteur ou de son entourage. Fait notable, depuis une demi-douzaine d’années, le nombre d’apiculteurs amateurs est en forte croissance dans la région, s’inscrivant dans un mouvement plus global de retour à la nature (notamment autour de la métropole nantaise), et de consommation locale et responsable. Plusieurs associations sont désormais établies pour aider à ce développement.

Le syndicat associatif Union des apiculteurs de Loire Atlantique (UNAPLA) fédère ces deux communautés (avec plus de 600 apiculteurs amateurs et professionnels adhérents, chiffres 2016). Ce syndicat a pour missions de (source : site de l’UNAPLA) :

- favoriser le développement de l’apiculture ;

- défendre les intérêts apicoles ;

- représenter et défendre les apiculteurs ;

- sensibiliser le grand public au rôle de l’abeille dans l’environnement ; - valoriser le miel local.

Enfin, la communauté des apiculteurs peut recevoir une acception plus large, comprenant :

- Les gestionnaires (notamment au sein de la DRAAF, de la DDPP ou de la Chambre d’agriculture) et chercheurs investis (ONIRIS, ANSES, Muséum d’histoire naturelle de Nantes).

- Les associations investies dans la défense, la promotion et la valorisation de l’apiculture (Association AEB : Apiculture en Brière par exemple).

- Les personnels de transformation et de vente des produits issus de l’abeille de la Basse-Loire, ou de vente de matériel apicole, qui travaillent au contact quotidien des apiculteurs.

- Les consommateurs de ces produits, qui transmettent notamment la gastronomie associée.

- Les fabricants de matériels, et notamment de ruche, ou paillous (vanniers, huchiers), ou de matériels entomologiques.

Lieu(x) de la pratique en France

 

L’apiculture de zone humide de la Basse-Loire est logiquement inféodée à la présence de très vastes zones humides localement, et à leurs végétations spécifiques, liées à l’écosystème d’un large estuaire comme celui du fleuve Loire, couplé à un réseau hydraulique dense et ramifié. D’autres territoires français sont concernés par des apicultures spécifiques, notamment liées à l’eau, comme les apicultures insulaires du ponant (avec conservatoire d’abeilles et productions de miels). D’autres zones humides d’intérieur recèlent aussi des ruches (Brenne, Sologne, Dombes, etc.).

 

 

Pratique similaire en France et/ou à l’étranger

 

A l’étranger, il existe une apiculture de zone humide très documentée au sein des territoires tropicaux. Ainsi, plusieurs grands deltas ou étendues d’eau intérieures connaissent des apicultures traditionnelles inféodées à la présence d’eau (le Saloum au Sénégal par exemple, ou encore au Tchad, au Cambodge ou au Vietnam). L’apiculture de mangroves est ainsi très réputée et développée. Certains territoires lacustres d’envergure sont aussi concernés (Minnesota, ...), comme de grands bassins versants (Ob en Russie).

De nombreuses îles accueillent également des ruches, et promeuvent une apiculture plutôt liée à l’isolation par la mer (à l’image de Kihnu en Estonie, ou encore au sein de plusieurs îles méditerranéennes).

La pratique de l’apiculture, et de la vannerie associée, est une pratique réellement plurielle en Loire-Atlantique. Le département a été très tôt concerné par des activités apicoles généralistes, puis une spécification a eu lieu autour des zones humides, très nombreuses dans le département (le marais de Brière, par exemple, est considéré comme la deuxième zone humide de France après la Camargue). Ainsi, les territoires entourant la Loire, des basses vallées angevines à l’estuaire externe, et leurs zones humides connexes (marais de la Grande Brière Mottière, marais salants de Guérande et du Mès, Basse-Vilaine, marais de Loire, Lac de Grandlieu, marais de l’Erdre, marais de Goulaine, etc.) ont vu émerger une apiculture dédiée à la présence d’eau, et aux peuplements végétaux inféodés. Professionnels comme amateurs perpétuent encore aujourd’hui avec vigueur cette activité ancestrale d’apiculture de zones humides.

 

 

L’apiculture de zones humides

 

Localement, l’apiculture de zones humides diffère réellement des autres apicultures de l’Hexagone essentiellement par les végétaux présents, qui influent directement sur la typologie des miels produits (à l’image des apicultures de boisements forestiers, de montagnes, etc.), mais aussi sur les variations de niveaux d’eau, qui conduisent les apiculteurs à pratiquer une transhumance, comme ailleurs, mais qui se démarque car elle se pratique sur le fleuve et les zones humides, embarquée. Les différences de pratiques entre professionnels et amateurs sont assez ténues, et concernent surtout le nombre de ruches implantées. Les amateurs n’en possèdent tout au plus que quelques dizaines (30 à 40 historiquement sur le pourtour de la Brière par exemple), tandis que les professionnels peuvent en posséder plusieurs centaines, voire milliers pour les plus grosses entreprises existantes. L’attrait des zones humides est aujourd’hui renouvelé aux yeux des apiculteurs, car les marais sont des vastes zones non traitées, donc relativement protégées pour les abeilles. Toutefois, le territoire connaît également des mortalités d’abeilles, menacées par différents facteurs. Cela engendre un risque sur la perpétuation de l’activité, faute d’insecte, à moyen/long terme.

Les nombreuses zones humides de la région sont de trois types :

- le fleuve Loire, dont le niveau n’est pas régulé, et qui comporte généralement un étiage prononcé en seconde moitié d’été (juillet/août), avant une remontée rapide grâce aux premières pluviométries automnales Atlantiques sur le bassin. A l’inverse, la période hivernale est propice aux crues, parfois importantes (novembre à mars). Depuis quelques années toutefois, le régime climato-météorologique est perturbé par les changements climatiques en cours, conduisant à des étiages sévères (avec absence d’écoulement dans certains bras du lit du fleuve), ou, à l’inverse, à des crues majeures en dehors de l’hiver (en juin par exemple). La ripisylve, auparavant dense en amont de Nantes, et variée en aval, a laissé place en partie à des aménagements de zones industrialo-portuaires, réduisant les boisements ligneux inféodés au lit du fleuve. Toutefois, quelques espèces végétales sont encore présentes, et protégées, comme la fritillaire pintade, ou l’angélique des estuaires, dont on retrouve plusieurs stations sur les berges ligériennes.

- les zones humides rétrolittorales saumâtres. Ces espaces sont connectés à la mer (Mor Braz, Estuaire de la Loire externe ou Baie de Bourgneuf), de façon plus ou moins régulière : soit à chaque pleine mer, soit lors des pleines mers de vives eaux, soit lors de phénomènes exceptionnels de type Xynthia, avec submersion temporaire ponctuelle. Ils comportent une végétation majoritairement halophile, de prés salés ou herbus. Cette catégorie regroupe aussi les marais salants, marais maritimes anthropisés, dont le niveau est globalement régulé par la main de l’homme, grâce à un processus technique de contrôle des flux (jusants et flots) dans le marais jusqu’aux œillets de récolte des sels. Les plantes fortement mellifères y sont peu présentes, mais certaines espèces peuvent fleurir fortement sur quelques jours, et être recherchées par les abeilles. Cependant, les paludiers exploitant les salines recherchent le vent pour évaporer l’eau de mer dans les œillets, et les abords des salines sont fauchés et débroussaillés avant la belle saison pour favoriser l’entrée d’air dans le marais, diminuant les floraisons hautes. Quelques floraisons intéressantes sont quand-même observables en juillet notamment, dont profitent plusieurs apiculteurs amateurs, qui disposent deux ou trois ruches au cœur du marais salant (certains exercent même comme « paludiers apiculteurs »).

- les zones humides limniques. Ces zones humides ont localement des niveaux régulés de façon plus ou moins forte, par un système d’écluses et de vannages (portes d’èbes et de flots, etc.). Cette régulation de l’eau en fonction de la pluviométrie, des apports des bassins supérieurs, et de l’évaporation estivale est dictée notamment par les usages locaux de l’environnement que sont la chasse, la pêche, et l’agriculture de bordure de marais. Des règlements d’eau sont ainsi établis collectivement, et respectés plus ou moins par les syndicats ou commissions en charge de la gestion. Ces zones humides sont particulièrement ciblées des apiculteurs pour la richesse végétale qu’elles recèlent. La diversité des boisements, des petites plantes hygrophiles aux arbres bordiers, permet une floraison très variée, et surtout, étendue dans la saison, des premiers chatons de saule, très présent, à la floraison des iris. Cependant, ces zones humides sont depuis quelques décennies au cœur de l’expansion de certaines plantes invasives de marais, qui bouleversent les peuplements végétaux établis. L’arrivée de la jussie notamment est emblématique. Toutefois, ces modifications des fleurs peuvent avoir des effets positifs sur la production de miel, la jussie étant considérée comme très mellifère par les apiculteurs de Brière ou de Grandlieu (« les ruches à proximité sont très lourdes, blindées de bouffe »). Certains vont alors désormais cibler spécifiquement les dates de floraison de ces plantes invasives, et poser en bordure de marais (comme à la métairie d’Ust), ou même sur les buttes et îles du marais. On estime à 2000 le nombre de ruches présentes sur le marais de Brière à titre d’exemple. Saules et bourdaines sont ainsi les deux espèces phares des zones humides locales, et le saule fleurit très tôt dans la saison. L’inclusion de cette portion du département au sein de la Bretagne historique, et donc le caractère répandu de la culture du sarrasin est aussi une source très intéressante pendant l’été pour les abeilles, essentiellement en août. Passé de mode pendant plusieurs décennies, cette culture tend à revivre depuis les années 2010.

 

Les ruches employées aujourd’hui sont globalement des ruches de modèles internationalisés, non spécifiques au territoire (ruches Dadant par exemple), mais certains de ces apiculteurs emploient encore des ruches traditionnelles, soit en bois (avec cadres donc), soit en paille. Globalement, les zones humides ne conduisent pas à la production d’importantes miellées, mais de miellées très diversifiées, et recherchées. Les abeilles sélectionnées sont donc des abeilles fortement polyvalentes. La transhumance en zones humides

De nombreux travaux sur les abeilles, avec par exemple les célèbres écrits de Réaumur, constatent depuis plusieurs siècles la pertinence d’effectuer une mobilité des ruches en fonction des floraisons sur un même terroir, ou, encore mieux, entre différents terroirs, pour maximiser et diversifier les productions de miel. Cela n’a pas échappé aux apiculteurs de la Basse-Loire. Traditionnellement, une pratique de transhumance des ruches s’est instituée, dans le but de suivre les floraisons entre les zones humides locales et leurs abords. Cette pratique qui perdure permet aussi de parer aux absences de floraison, à cause de conditions météorologiques particulières (vents d’est, qui assèchent le nectar, trop plein de pluie, etc.), ou la diminution des floraisons en août, en attendant le sarrasin.

Les ruches sont établies par 20 à 24 pour les professionnels, maximum une dizaine pour les amateurs en général. Les parcelles choisies sont de trois ordres.

- Soit il s’agit de parcelles privées, dont les amateurs sont propriétaires, ou dont les professionnels occupent un petit emplacement en fonction des saisons. Les propriétaires sont alors rémunérés en contre-dons, très rarement par fermage.

- soit il s’agit de parcelles communales ou de propriété publique, souvent issues d’anciens communs (les communaux), prêtées majoritairement gracieusement par les mairies aux apiculteurs.

- enfin, les apiculteurs peuvent mettre leurs ruches sur le territoire du marais indivis de la Grande Brière Mottière. Ce marais est la propriété des habitants des vingt-et-une communes bordières du marais. Les usages en son sein sont administrés par la Commission syndicale de la Grande Brière Mottière (CSGBM). Les abeilles ne rentrent pas dans les droits de pacages animaliers, et la pose de ruches sur le marais indivis est gratuite, mais soumise à accord de la Commission.

La particularité de la transhumance locale est de deux types. Premièrement, plusieurs apiculteurs vont suivre le fleuve Loire en fonction des floraisons, et descendre des basses vallées angevines ou du bassin de la Sèvre nantaise, aux limites du Maine et Loire et de la Vendée, jusqu’aux marais salants. Cette transhumance suit en quelque sorte les crues du fleuve, jusqu’à arriver en début d’été sur la Presqu’île de Guérande par exemple. Ces transhumances émergent dès la seconde moitié du XVIIIème siècle, depuis le vignoble nantais jusqu’à l’arrondissement de Saint-Nazaire, puis se développent, notamment à partir de 1936 (certains apiculteurs profitent des congés payés, et des aménités du bord de mer, pour trouver de nouveau marchés d’écoulement de leurs productions, et installent des ruches en bord de mer pendant la saison), avant de connaître, depuis les années 1970-1980, une diminution. Très peu d’amateurs pratiquent ainsi désormais, et les professionnels ont aussi tendance à abandonner cette transhumance longue à cause de la logistique qu’elle engendre. Le nourrissage artificiel des essaims en période creuse permet de les conserver sur site, et d’éviter des transhumances longues, interdépartementales, stressantes pour les colonies. Historiquement pratiquées en charrettes à cheval, elles sont désormais effectuées en véhicules utilitaires et remorques.

L’autre grand type de transhumance est la transhumance locale, entre le fleuve et ses îles, les marais salants, et les îles des marais de Brière et de Grandlieu. La particularité de cette transhumance réside dans son moyen de transport : inaccessibles en véhicule, le seul moyen de gagner les îles est le bateau. Les plates de Loire (sur le fleuve et Grandlieu) ou les chalands et blins (en Brière) sont ainsi employés pour transporter les ruches et les colonies en fonction des saisons, ou aller inspecter les ruchers.

 

 

Le métier de vannier-huchier

 

La proximité immédiate avec ces zones humides d’importance a permis aux apiculteurs de profiter du savoir-faire vannier de nombreux huchiers au cours des siècles passés. Les huchiers, tel que se nomment les fabricants de ruches localement, trouvent en effet au marais l’ensemble des matériaux nécessaires à la fabrication des ruches, qu’elles soient en paille (« paillous »), ou en bois. Historiquement, certains vanniers se spécialisaient dans cette fabrication de ruche, et en faisaient leur profession, essentiellement sur les îles de Brière de Mayun et de Camer/Camerun. Aujourd’hui, seuls quelques vanniers pratiquent encore le tressage de ruches, et leur emploi dans des ruchers. Ce système de fabrication de ruche repose sur la méthode de l’apiculture dite « fixiste », en opposition aux méthodes contemporaines, dites « mobilistes ». La méthode fixiste est le fait de fabriquer une ruche au sein de laquelle la destruction de l’architecture de la colonie sera obligatoire pour accéder au miel. L’essaim devra donc se réimplanter dans une nouvelle ruche tous les un à deux ans. A l’inverse, les théories mobilistes permettent, grâce à des éléments amovibles sur la ruche (les « cadres ») de ne pas trop perturber la colonie lors de la récolte, et de lui permettre une installation plus pérenne. La diminution constatée des essaims d’abeilles sauvages capturables a conduit nombre d’apiculteurs à s’interroger, et à abandonner les théories fixistes.

La fabrication d’une ruche en paille est également un processus hautement technique, et fastidieux, rebutant, et expliquant en partie la perte d’attrait pour la méthode. Le huchier doit tout d’abord aller récolter les matériaux nécessaires à la fabrication de la ruche dans le marais, et il récolte ainsi :

- de la ronce. Celle-ci doit être prise dans les haies, sans nœud ni rameau. Elle doit mesurer entre deux et quatre mètres de longueur, ni plus ni moins, et avoir un diamètre suffisant. Elle doit être cueillie après les premières gelées (« quand la sève est tombée »), car elle est ainsi plus résistante. Sa récolte va donc généralement du 1er novembre au 15 mars.

- de la paille molinie. Cette paille était utilisée par les habitants du marais pour de nombreux usages (remplissage des matelas par exemple). Certains, pour éviter la récolte fastidieuse dans le marais, allait ainsi chercher la molinie pour la vannerie directement « à la jaille ». Localement, cette paille est appelée de différentes manières, comme « ganèche » à Saint-Lyphard. Ses feuilles sont parfois appelées « fanettes » On la récolte en novembre, car il ne faut pas qu’elle ait subit trop de gel, devenant ainsi trop cassante.

Geneviève Massignon, dans son ouvrage de 1953, écrit : « en Brière encore, se trouvent des fabricants de ruches utilisant une sorte de foin appelé « atré », qu'ils tressent avec de l'écorce de ronce : ces paniers ronds sont appelés « runches d'avettes ». Il faut bien les distinguer des « ruches à pain », ou panetons, qui servent à enfourner la pâte du pain ». La molinie peut aussi être remplacée par de la paille de seigle, plus claire. Certains la récoltent sur leur terrain, mais le plus souvent, l’achètent à des agriculteurs, en Loire-Atlantique, ou dans le Morbihan (Brec’h). La récolte des végétaux dans le marais est très longue, et peut durer plusieurs jours pour la saison.

De retour à l’atelier, le huchier commence par épiqueter la ronce, puis la fend en deux ou quatre selon la taille, dans le sens de la longueur, avant de gratter la moelle en interne, pour arriver à deux ou quatre liens de ronce, très solides et souples. La paille molinie ou le seigle sont alors insérés dans un anneau, aujourd’hui en cuivre, autrefois en os (os à moelle), permettant de conserver un certain diamètre tout au long du travail. Commence alors la vannerie proprement dite : le huchier va alors tresser la paille en spirale régulière, et la serrer avec les liens de ronce tous les centimètres environ. Les liens de ronce sont rentrés dans la paille grâce à des aiguilles.

La ruche est alors terminée. On l’appelle « paillou », « runche » ou « hunche ». Elle mesure environ 35 cm de diamètre pour 30 cm de hauteur. Les petits éléments végétaux qui dépassent sont brûlés au chalumeau. Le paillou est ensuite installé dans une coque en métal. Cette pratique est assez récente, grâce à l’accès facilité au métal. Cela permet des économies : le paillou peut ainsi être réutilisé plusieurs années, sans que la paille ne se dégrade trop sous l’effet du soleil ou de l’eau. Un chapeau en métal est ensuite soudé sur la coque, pour servir de toit à la ruche.

Une fois le paillou inséré, on y ajoute un croisillon, composé de deux gros brins d’osier ou de gaules de châtaignier, mis en tension en s’appuyant des deux côtés du paillou, arqueboutés sur la paille, et constituant une croix végétale sur laquelle l’essaim pourra établir la colonie et ses structures alvéolaires. Une variante existe sur le nord du marais : le paillou est fabriqué en laissant un trou au départ de la spirale, sur le haut du dôme. On insère alors dans ce trou une branche de châtaignier, qui pend au cœur du paillou, et qui a la même fonction que le croisillon. Celle branche, pouvait aussi servir, à son autre extrémité, à l’accroche du paillou à un arbre. La ruche ainsi constituée est enfin posée sur une grande pierre plate, ardoisière par exemple, avec quelques aspérités, permettant le passage des abeilles entre la pierre et le métal, et leur entrée dans la ruche.

 

A la fin de la saison, lors de la récolte du miel, le paillou est descendu de l’arbre, ou enlevé de l’habitacle métallique. Le paillou est ainsi « mis à terre », en vue de récolter les « bièches » (alvéoles). On presse alors les bièches dans un torchon de lin, ce qui permet de récolter le miel, ensuite filtré avec un tamis pour enlever les petits débris végétaux. La cire est ensuite collectée en la laissant s’écouler, puis fondue et coulée en « pains de cire ».

Philippe Marchenay, attaché de recherche au CNRS, est missionné par le MNATP pour réaliser une enquête de terrain inventoriant les différents types de ruches en France, dans la perspective de l’exposition « L’abeille, l’homme, le miel et la cire » (23 octobre 1981-19 avril 1982, sous le patronage de Jean Cuisenier). Il découvrira notamment à la Turballe un rucher en paillous, en 1979. Une photographie est présentée à l’exposition, ainsi légendée : « les ruches en paille de seigle liée avec des éclisses de ronce sont posées sur des tabliers de pierre à même le sol ; l’ensemble du rucher est protégé de la pluie par un abri sommaire constitué de simples feuilles de tôles » et titrée « rucher abrité en Bretagne ».

Mais d’autres types de ruches ont aussi été fabriquées en Brière, non pas en paille, mais en bois. Les huchiers pratiquant cette technique ont aujourd’hui disparu, mais étaient surtout présents sur les îles de Camer et Camerun (commune de la Chapelle des Marais), et ont été identifiés lors de campagnes de collectage des ATP dans la seconde moitié des années 1940. En 1959, Jacqueline Bodin, conservatrice du Muséum d’histoire naturelle de Nantes, ne découvre plus ces huchiers que sur l’île de Camerun lors de ses travaux ethnographiques en Basse-Loire, Grandlieu et Brière. Certaines de leurs ruches, à cadres (donc mobilistes), sont encore parfois utilisées, ou du moins conservées dans les vieilles fermes. Il s’agit généralement de ruches à cadres s’inspirant des ruches désormais courantes, fabriquées en série, mais faites avec les matériaux locaux (bois d’aulne par exemple), et avec de petites variantes locales sur les hauteurs des éléments ou le cloutage des cadres.

 

 

L’apithérapie

 

Localement, la pratique de l’apithérapie, que ce soit directement par l’abeille, ou grâce à ses produits dérivés est difficile à estimer. Peu d’écrits y font référence, et lors de l’enquête de terrain, peu de personnes avaient des données suffisantes à exposer. Toutefois, plusieurs apiculteurs véhiculent certains éléments dans leurs discours, avec, par exemple : « la propolis est un antibiotique naturel». Certains pratiquent aussi l’apithérapie de façon ouverte et affichée, notamment un ancien apiculteur de la Chapelle des Marais, et une, encore active, à la Roche- Bernard. Plusieurs sessions de formation à l’apithérapie ont été proposées, soit par une association nationale, soit par l’UNAPLA.

 

 

La cire d’abeille

 

Elle servait auparavant au cirage des meubles, diluée à la térébenthine. La cire briéronne était égaement recherchée pour l’éclairage des maisons bourgeoises. Certains fabriquent aussi de petites figurines en cire d’abeille. Sur l’île de Fédrun, plusieurs fabriques ont travaillé des cires pour réaliser des parures de fausses fleurs d’oranger (aujourd’hui mises en valeur par la Maison de la mariée, gérée par le Parc naturel régional). Toutefois, malgré des traces de cires d’abeille retrouvées dans les outils, il n’a pas été possible de savoir si les cires naturelles animales étaient auparavant utilisées, en plus des stéarine et paraffine recensées.

La gastronomie

La gastronomie associée aux produits de la ruche n’est pas vraiment spécifique de la région. Cependant, les apiculteurs connaissent tous les particularités de certains miels des marais, et notamment de jussie : « le miel de jussie est étrange, jaune fluo, très mellifère, très spécial en goût ». Les miels de marais ont ainsi un goût, une couleur et une texture très prononcée. Ouvrir le couvercle, et un « poc » peut s’en échapper, synonyme d’une certaine fermentation.

Les sciences de l’abeille : l’entomologie et l’apidologie en Loire-Atlantique

La Loire-Inférieure, puis la Loire Atlantique, est une terre depuis longtemps dédiée à l’entomologie, et plus spécialement, à l’apidologie, et une véritable histoire des sciences apicoles pourrait être dressée localement.

Dès le XVIIIème siècle, la « chasse à la miellée » fût pratiquée par les savants nantais s’intéressant aux insectes volants, utilisant le miel pour capturer les animaux. Le muséum d’histoire naturelle de Nantes recèle ainsi plusieurs collections entomologiques issues de ces campagnes de collectes, réalisées sur le département. Plusieurs publications ont été aussi consacrées aux questions apicoles, notamment sous la plume des chercheurs de ce même muséum.

Aujourd’hui, l’apidologie est encore pratiquée au muséum de Nantes (par un chargé des collections entomologiques), par différents membres de Bretagne Vivante et du GRETIA, et à l’école vétérinaire ONIRIS, où un diplôme a même été créé. Grâce à ce diplôme, le nombre de vétérinaires français impliqués dans les questions apicoles est ainsi passé de 10 en 2005, à 215 en 2018. Par ailleurs, les quais de la ville de Paimboeuf hébergent l’un des deux seuls fabricants français de matériel entomologique, Jérôme Bréger, qui a pris la succession de son père à la tête de cette petite entreprise hyperspécialisée. Ce fabricant travail en réseau avec d’autres artisans du Pays de Retz (couturière, menuisier), pour fabriquer du matériel sur mesure, et notamment les fameux filets à insectes, destiné précisément aux différentes familles d’insectes. Les ventes sont destinées aux amateurs comme aux professionnels (muséums, centres de recherches, etc.).

Sur le département, un patrimoine scientifique et technique apicole est donc largement présent, et les savoirs se transmettent au sein de différentes institutions, professionnelles, de recherche et/ou de formation.

- Français

- Patois du pays de Retz (gallo), en perte de pratique (avec un riche champ lexical : « bourna », « bourné », « bourgné » ou « bournail » pour une ruche à abeilles en cordons de paille, faite à la façon des bourriches, « vezonner, vezounner » pour le bourdonnement des frelons, guêpes et abeilles, « aboilles » : abeilles, etc.).

- Patois ligérien de la Basse-Loire (gallo), en perte de pratique (exemple : « esmau d’aboueilles » pour essaim d’abeilles, « la mérr » pour la reine, « avètt » pour abeilles).

- Patois briéron (gallo), en perte de pratique (concerne notamment la vannerie : « paillous », « runche », etc., ou l’ « avètt »).

- Quelques mots sont aussi issus des dialectes bretons locaux éteints (dialecte de Batz-sur-Mer, variante du breton vannetais), et se retrouvent essentiellement dans la toponymie.

Patrimoine bâti

 

Le patrimoine bâti lié à la pratique est par définition restreint. S’agissant d’une activité d’élevage de plein air, les bâtiments associés sont ceux, assez classiques, d’exploitations agricoles dédiées à l’apiculture (stockage des ruches remisées, des combinaisons, etc.). Ces bâtiments concentrent également en général un espace de travail du miel (« miellerie »), et de commercialisation (mise en bocaux, stockage, étiquetage, voire vente à l’exploitation). En dehors de ces immeubles, l’absence locale de ruche sur murs (apiès) restreint l’existence d’un patrimoine bâti dédié.

Les ateliers des huchiers peuvent aussi être considérés comme un patrimoine bâti indirect, et recèlent les outils et matériaux nécessaires à la fabrication des ruches.

Enfin, des éléments du patrimoine bâti, tels les halles et marchés, ou encore les chantiers de charpenterie de marine pour construire les chalands peuvent être intégrés plus lointainement.

 

 

Objets, outils, matériaux supports

 

Les objets et outils des apiculteurs et huchiers sont nombreux. Ils s’appuient sur plusieurs matériaux supports, en fonction des types de ruches, et d’outils variés pour la vannerie. Classiquement, les apiculteurs emploient l’ensemble de l’attirail nécessaire pour se protéger des piqures d’insectes : blouse, chapeau, voile, etc. Ils s’arment également d’enfumoirs. Les ruches employées aujourd’hui sont des modèles uniformisés, que tout le monde se procure dans des magasins spécialisés, sur internet, voire désormais en jardinerie. Ces ruches, de modèles classiques, internationaux, sont constituées de la même manière, en bois tendre et cadre.

Pour le travail du miel, les apiculteurs utilisent le matériel classique de transformation, soit en miellerie collective, soit chez eux : centrifugeuse, cuves de stockages, versoirs pour mise en pots, étiqueteuse, etc.

Les huchiers utilisent quant à eux des outils bien particuliers. En premier lieu, l’outil de base est l’aiguille, faite de bois dur, ou encore mieux, en os. Aujourd’hui, un menuisier ébéniste de Bréca (Saint-Lyphard) en fabrique encore en bois très dur, mais aussi très lisse, comme le buis, sur commande. Les autres nécessités du vannier de ruches sont un bon couteau, un tablier, un anneau en os (ou désormais en cuivre). Travailler la paille de cette manière s’apparente, comme indique un huchier « à de la haute couture ».

Les modes d’apprentissage ont évolué au cours du temps : longtemps basés sur une transmission père/fils (ou grand-père/petit-fils) classique de l’activité, on constate, notamment concernant l’apiculture professionnelle, une certaine normalisation de l’apprentissage par deux voies distinctes.

La première est celle de la formation agricole directe, en sortie d’établissement scolaire, avec une spécialisation en apiculture (grâce à l’existence, en post-baccalauréat, d’un certificat de spécialisation agricole en apiculture). Cependant, peu de professionnels l’ont directement choisie localement, souvent par méconnaissance de son existence, moins par difficultés d’accès (l’un des trois ou quatre centres proposant cette formation est situé aux Herbiers, en Vendée, département limitrophe de la Loire-Atlantique, l’autre à Auray, dans le Morbihan, également limitrophe).

La seconde est celle la plus généralisée au sein des apiculteurs professionnels. En effet, une grande part de cette communauté est composée de personnes en reconversion professionnelle, ayant souhaité changer de modèle d’activité, soit au sein même du monde agricole (changement de spécialité, comme d’anciens paludiers), soit, le plus fréquemment, par une reconversion complète en venant d’une autre branche d’activité. Beaucoup ont fait part de leur volonté d’un rapprochement avec la nature, d’un retour aux sources, de la liberté de gérer son emploi du temps, de travailler en plein air, etc. Certains viennent ainsi, par exemple, de grandes entreprises de la finance, et travaillaient auparavant dans les quartiers d’affaire parisien. Parmi eux, rares sont ceux à avoir suivi des formations diplômantes classiques, et beaucoup d’entre eux se sont convertis à l’apiculture en autodidacte, ou par l’intermédiaire de petites formations prodiguées par des associations ou d’autres apiculteurs professionnels. Depuis, certains d’entre eux sont devenus à leur tour formateurs, et organisent des sessions de formation à l’apiculture, notamment à destination des amateurs.

Certaines associations ont engagé des actions de transmissions auprès de certains publics, essentiellement amateur, lors d’événements (fête des abeilles, stages réguliers, etc.).

Concernant les huchiers, la situation est plus délicate. Un arrêt global de la transmission est localement constaté. Jusqu’aux années 1960, la transmission de ces savoirs vanniers bien particuliers était assurée au sein de la cellule familiale, ou par le voisinage ou les amis (et constituait une partie du « mode de vie traditionnel » des habitants du marais de Brière, les briérons, au même titre que la pêche ou la chasse). Cependant, le changement fort qui affecte le marais de la Grande Brière en termes de mutations socio-professionnels (disparition globale des activités primaires sur le marais), entraine de facto un arrêt de la transmission. Très fastidieuse, cette activité vannière a été l’une des premières activités socio-économiques traditionnelles locales à en pâtir, et aujourd’hui, seules quelques personnes savent encore le métier de huchier, et ne le transmettent, malgré leur volonté, qu’épisodiquement, lors de fêtes ou de salons, sans que personne ne reprenne leur activité (qui, selon eux, ne serait pas rentable aujourd’hui vus les temps de réalisation d’une ruche). L’activité de huchier est donc localement vouée à la disparition dans un avenir très proche (les pratiquants ayant presque tous plus de 65 ans). La fabrication de ruches en bois traditionnelles (et non en vannerie), est quant à elle déjà éteinte sur la Basse-Loire et la Brière, depuis les années 1980/1990.

Les personnes et organisations impliquées dans la transmission de l’apiculture sont assez nombreuses. Tout d’abord, les apiculteurs professionnels eux-mêmes conduisent, pour nombre d’entre eux, des activités de formation à la tenue des ruches, notamment lors de stages ponctuels. D’autres transmettent directement à leurs enfants, notamment chez les amateurs. Les structures de représentation, comme l’UNAPLA, organisent elles aussi de nombreuses activités, notamment grâce au dispositif de « ruchers écoles ».

Au-delà, les organisations de défense et de représentation de l’apiculture sont engagées, à l’échelle locale, dans des campagnes de promotion et de défense de l’apiculture et de l’abeille. La chambre d’agriculture dédie une formation à la conduite d’exploitation apicole à ses agriculteurs membres. Enfin, l’école vétérinaire de Nantes (ONIRIS) propose un diplôme inter-écoles vétérinaires (DIE) en apiculture et pathologie apicole, mais à destination unique des vétérinaires déjà diplômés, en sur-spécialisation

Historiquement, l’apiculture est une activité fortement implantée sur le pourtour des zones humides de la région de la Basse-Loire et des marais connexes. L’essor a lieu véritablement toutefois au XVIIIème siècle, et, surtout, au XIXème siècle. L’apiculture devient en effet, aux yeux des agronomes, un moyen de développement des campagnes intéressant et peu coûteux. Le milieu nantais de la recherche agronomique effectue de nombreux travaux d’essais, et des publications sur la question de l’abeille, en même temps que des naturalistes, comme l’Abbé Jules Dominique entomologisent dans les campagnes de la Basse-Loire et du Pays Nantais, souvent en liaison avec le Muséum d’histoire naturelle de Nantes, très impliqué sur la question. La croissance des ruches est impressionnante. La production de miel est multipliée par plus de quatre à la fin du XIXème siècle, passant, pour le département, de 9500 kg à plus de 40 t annuelles dans les années 1900. A titre d’exemple, pour l’année 1892, le Ministère de l’agriculture recense, dans la publication de ses statistiques officielles pour le département :

Mais l’activité apicole est ancienne et implantée. Fernand Guériff, célèbre collecteur nazairien, dans son ouvrage Brière de brumes et de rêves (1979), relève : « Et puis, les « avettes » noires, rustiques, virgiliennes, « petites mouches du Bon Dieu », donnaient leur miel. Tout le monde en élevait dans le fond du jardin, pour sucrer les tisanes. Les ruches se fabriquaient à Camer et à Camerun, avec uniquement de la paille de seigle, car il apparaît que les abeilles détestent la paille d’avoine. Les deux derniers « ruchers » furent le père Pierre Le Goff et le père Pierre Rialland, né en 1868 », preuves d’une activité déjà ancienne.

 

Dans ces mêmes années, une famille prend le monopole de la place nantaise dès 1891 dans la production de miel, la famille Giraud, établie au Landreau, dans le vignoble nantais. Cette famille pratique la transhumance autour de la Basse-Loire, jusqu’à Blain, sur le canal de Nantes à Brest, au nord-est de la Brière, et vend déjà des ruches modernes à qui veut. Une « Société d’apiculture de la Loire-Inférieure » est même fondée, avec à sa tête, un certain Giraud comme président. Elle publiera des bulletins, en même temps qu’elle animera un rucher-école en plein Nantes, au cœur du Parc de Procé. Cette même société organise également des foires au miel, notamment à Nantes et Saint-Nazaire, qui rencontrent de vifs succès, dans les années 1930, et qui durent parfois une douzaine de jours. Les années 1930 voient aussi émerger une autre grosse entreprise apicole régionale : la Famille Mary, établie au moulin de Beau-Rivage, dans le Maine-et-Loire. Des fonds concernant les entreprises Giraud et Mary sont conservés aux Archives départementales de la Loire-Atlantique. Le travail de la famille Giraud est tel qu’en 1929, les Services de recherches du Ministère de l’agriculture mandate un Monsieur Olombel pour effectuer un stage de huit jours au Landreau, chez Girault (alors orthographié ainsi), qui doit lui permettre d’ouvrir la première station de recherches apicoles française, avec un rucher d’études, sur le campus de Versailles.

Au sortir de la guerre, la pratique est plébiscitée localement, notamment dans les communes maintenues malgré elles par les allemands dans la « poche de Saint-Nazaire », jusqu’au 11 mai 1945. En effet, les privations durant la poche ont engendré des pénuries de sucre, que certains compensaient par l’apiculture amateur en fond de jardin. Les vanniers, notamment briérons, trouvent petit à petit du travail au sein des chantiers navals de Saint-Nazaire, en pleine expansion pendant les Trente Glorieuses, faisant péricliter les activités traditionnelles d’usages de l’environnement dans le marais indivis (au même titre donc que la pêche, la chasse, la coupe de roseau, etc.). Le nombre de huchiers diminue alors fortement.

 

Dans les années 1970 et 1980, les premières grosses problématiques apparaissent, et un certain déclin de l’apiculture, notamment amateur est observé (arrêt de la pratique d’une génération, découragement de la plus jeune génération face aux mortalités et baisses de productivité, aux origines multiples : urbanisation du littoral, remembrement, pollutions agricoles, ...).

A partir des années 2000, de nombreux acteurs se mobilisent, et on assiste à une structuration de la communauté au sein de différentes institutions de représentation, permettant de faire porter leur voix auprès des pouvoirs publics. Dans le même temps, des actions de sauvegarde d’espèce ont lieu vis-à-vis de l’abeille noire, et de plus en plus de personnes se tournent vers l’apiculture. Ce regain d’intérêt vis-à-vis de l’apiculture se retrouve aussi vis-à-vis de l’abeille en tant qu’acteur non-humain très organisé, avec l’apparition de nouvelles enseignes. La coopérative ouvrière La Ruche ouvre ainsi ses portes à Saint-Nazaire en 1955, après-guerre, dans le but d’offrir des produits de première nécessité à coûts raisonnables à la population ouvrière de la cité navale. Elle fermera en 1985. Des institutions privées émergent ensuite, comme « La ruche qui dit oui », ou des espaces de coworking « La ruche ». La thématique de l’abeille est aussi mobilisée pour les fêtes et kermesses de certaines écoles dans le Pays de Retz, à l’image de Saint-Lumine de Coutais, sur le lac de Grandlieu (avec costumes, voire même chars fleuris, dédiés), dans les années 1960, ou encore à la fête des fleurs de Savenay, dans les mêmes années.

L’abeille, dans la cosmologie des habitants de l’estuaire, et notamment pour la communauté de gens de mer, fait aussi référence à une autre institution emblématique locale, dont l’un des logos fût le petit insecte volant. La Basse-Loire a en effet longtemps été le terrain d’action d’une compagnie de remorquage portuaire aujourd’hui disparuesur le fleuve : les Abeilles. Les remorqueurs, peints en jaune, noir et blanc butinaient dans l’estuaire pour aider les navires, et opéraient à toute heure du jour et de la nuit, quelle que soit la marée, comme une ruche qui jamais ne s’arrête. Le mythique bâtiment des Abeilles, dans le quartier du Petit-Maroc à Saint-Nazaire, continue à se nommer ainsi, et héberge de nombreuses activités, tel une ruche.

Enfin, sur la commune de Saint-Herblain, le théâtre municipal Onyx s’est lancé en 2016 dans le projet européen de « banques du miel », qui vise à créer « une communauté d’hommes et de femmes [qui] décident en ouvrant un compte épargne abeilles de devenir sociétaires de la Banque du miel. Ils votent collectivement en assemblée générale de la transformation de l’argent déposé par les épargnants, en vie, en énergie et en mobilisation ». Deux œuvres ont été conçues dans l’espace public de la ville, et de nombreuses manifestations ont été menées, notamment en lien avec l’UNAPLA.

L’activité apicole de zones humides dans la région de la Basse-Loire a été concernée, comme toutes les activités apicoles occidentales, par un processus long mais constant d’uniformisations. L’espèce d’abeille domestique est elle-même issue de différents croisements qui l’ont créée, mettant en difficultés, parfois, les espèces endémiques. Cette évolution a également eu pour conséquence d’internationaliser la ressource, conduisant à une augmentation des transferts de virus, bactéries, parasites et prédateurs. La Basse-Loire n’a pas échappé à cette règle.

En termes techniques, les techniques traditionnelles des huchiers sont très peu concernées par des adaptations. Comme la quasi-totalité de la vannerie briéronne, peu d’adaptations ont eu lieu au cours des siècles, et l’on peut penser que les paillous actuels sont très semblables à ceux d’avant. Seules quelques adaptations à la marge ont eu lieu (aiguilles en bois au lieu d’os, ceinture en cuivre au lieu d’os, etc.).

Par contre, les emprunts de l’apiculture locale aux grands courants de l’apiculture occidentale sont très forts, et les modèles de ruches que l’on retrouve désormais à travers le globe sont aujourd’hui très largement majoritaires dans les ruches employées. Les activités des stations agronomiques n’y sont pas étrangères.

Vitalité

 

L’apiculture connaît un très fort regain d’intérêts, dont la presse locale fait souvent écho. La dernière décennie passée a vu augmenter considérablement le nombre de pratiquants, tant amateurs que professionnels. L’idée d’autonomie et de retour à la nature et au travail de la terre génèrent de nombreuses vocations, et près de 12 000 ruches sont désormais recensées dans le département, certes encore loin des 38 000 de la fin 1800, mais nombre en forte croissance chaque année.

 

 

Menaces et risques

 

A l’inverse de celle d’apiculteur, l’activité de huchier est au bord de la disparition, faute de transmission.

Les menaces et risques pesant sur ces pratiques sont de différents ordres :

En premier lieu, les changements climatiques influent fortement sur les productions de miel. Les printemps fortement pluvieux sur le tard, fréquents depuis plusieurs années dans la région, perturbent vivement les colonies, à l’heure où, sortant de l’hiver, elles sont à la recherche de fleurs. A l’inverse, les sécheresse et canicules, en période estivale, assèchent elles aussi les floraisons dans la région. Ces changements, que plusieurs apiculteurs font remonter aux années 1980-1990 sont de plus en plus visibles.

L’arrivée d’espèces invasives, soit végétales (qui modifient donc les peuplements végétaux), soit animales (concurrents trophiques, voire prédateurs, comme le frelon asiatique), sont aussi source de problématiques. Les maladies ou infestations que subissent les colonies sont aussi en croissance. Les pollutions agricoles, industrielles et urbaines, tout comme la forte périurbanisation que connaît le département sont aussi des sources d’inquiétude pour les apiculteurs, et le territoire est également concerné par des mortalités d’abeilles, fluctuantes selon les années, et des essaims affaiblis.

Les réglementations qui se multiplient pour protéger les colonies d’abeilles européennes poussent aussi les apiculteurs à traiter leurs ruches (traitement du bois pour éviter la transmission de maladies). La destruction (par le feu) des ruches est ainsi de plus en plus fréquente au bout de quelques saisons, ce qui conduit à une extinction des ruches traditionnelles, délaissées au profit de ruches industrielles, produites en série, avec des bois traités, coupés parfois hors de France.

Les principales menaces sont donc d’ordre environnemental, mais le plus souvent de genèse anthropique.

Mais des risques socio-économiques existent aussi : l’arrivée massive de néo-apiculteurs, tant amateurs que professionnels commence à se faire sentir, notamment autour de la Brière. Cela a deux incidences majeures : une concurrence trophique accrue entre les abeilles (entre domestiques et sauvages, mais aussi intra-domestiques, entre les colonies), et, surtout, cela conduit à une saturation du marché de miel et de produits de la ruche auprès des consommateurs de la région. La montée en gamme est notamment étudiée par plusieurs professionnels pour se différencier, et mieux valoriser leurs productions (labellisation, travail avec des chefs étoilés, passage en agriculture biologique, etc.).

Enfin, l’arrêt de la transmission des savoirs des huchiers met vivement en péril la tradition des ruches en paille de Brière (les ruches en seigle, quant à elles, se retrouvent dans d’autres régions de France), faute d’intérêt, et de rentabilité, pour la jeune génération, à quelques rares exceptions.

 

Modes de sauvegarde et de valorisation

 

L’activité apicole est relativement sauvegardée dans la région, notamment grâce à la consommation locale des produits de la ruche, dont certains ont obtenu des labellisation (AB, Produits du Parc naturel régional de Brière, etc.). La valorisation est ainsi principalement perpétuée par les apiculteurs qui vendent leurs produits, notamment sur les marchés locaux. En dehors de la commercialisation de la production, il existe de nombreuses actions de sensibilisations à l’apiculture.

Pour l’activité vannière, en revanche, le seul mode de sauvegarde est la perpétuation de l’activité par un cercle très restreint de personnes âgées, qui pratiquent en amateur, et qui présentent leurs travaux lors d’événements festifs, et en premier lieu, le festival nationalement reconnu de vannerie de Mayun (La Chapelle-des-Marais), qui a lieu chaque été. Quelques associations ont toutefois engager des projets sur la vannerie traditionnelle locale, mais plutôt à base d’osier, pour les paniers (Tradi Van’ à Mesquer, La Pierre chaude à Saint-Joachim, ...). Quelques jeunes se sont établis en petite entreprise, et ont appris et transmettent cette vannerie particulière, comme Jean-Marie Châtel (Beeodiversité), à Férel. Des vanniers amateurs de la région de Redon, au cœur des marais de Vilaine pratiquent également encore ce type de vannerie.

 

 

Actions de valorisation à signaler

 

Plusieurs actions de valorisation sont à signaler, comme la fête de l’abeille à Mesquer par l’association Mès abeilles, les stages apicoles au sein des ruchers écoles ou mielleries collaboratives du département, les activités des maisons de l’abeille à Nantes et la Roche-Bernard et leur programmation, ou encore celles liées au DIE vétérinaire en apidologie.

Il existe également un projet de création d’un espace « pollinisateurs » à Pontchâteau, dédié à la préservation des pollinisateurs locaux, via la restauration d’une prairie mellifère, et l’éducation et la sensibilisation à l’environnement. Enfin, un escape game a été créé en 2020 par le CPIE Loire-Océane, consacré aux insectes pollinisateurs.

 

 

Modes de reconnaissance publique

 

Peu de modes de reconnaissance publique existent sur le sujet. Quelques documentaires filmographiques ont été réalisés dans la région (voir la liste ci-dessous). Plusieurs publications ont aussi été effectuées par les organismes locaux de représentation de la communauté apicole (et publiées sur leur site internet respectif).

Le métier de huchier briéron ne fait, quant à lui, l’objet d’aucune reconnaissance publique, pour le moment.

Plusieurs mesures de sauvegarde globale passant par une mise au musée de l’apiculture locale ont malheureusement avorté dans la région. La maison de l’abeille, établie au sein du Parc naturel régional de Brière, a ainsi été fermée dans les années 1980.

Les mesures de sauvegardes qu’il faudrait envisager sont la poursuite d’un collectage auprès des apiculteurs et huchiers vanniers, notamment retraités et des nouveaux actifs, couplé au collectage d’archives privées, détenues par ces personnes, permettant de retracer une histoire environnementale, une écolinguistique et une ethnobiologie des activités apicoles en Basse-Loire. La partie filmographique, via l’observation participante, devra aussi être développée. La collecte d’anciennes photographies pourra aussi être effectuée. Une base de données regroupant ces différents matériaux, accessible en libre-accès sur une plateforme internet publique peut être envisagée à coûts raisonnables.

Une réflexion devra être engagée pour réaliser un collectage d’objets liés à l’apiculture, et de leurs modes de fabrication : paillous, ruches en bois traditionnelles, outils de la miellerie, matériaux de la ruches, objets des vanniers, etc., ainsi qu’une conservation et mise en valeur adéquate de ces objets, à l’échelle locale (écomusée de Saint-Nazaire ? Muséum d’histoire naturelle de Nantes ?

Ecomusée rural du pays nantais ? Musée du Pays de Retz ? Sites culturels du Parc naturel régional de Brière ?). Cette réflexion devra associée ces différents partenaires, en lien avec la DRAC, dans une perspective plus globale d’une muséographie dédiée, et surtout adaptée, aux traditions apicoles de la Basse-Loire.

Récits liés à la pratique et à la tradition

 

Localement, les récits liés à la pratique et à la tradition n’ont pas beaucoup été collectés lorsqu’ils étaient encore largement transmis, car l’abeille ne fait pas réellement partie du bestiaire emblématique, à l’inverse des poissons migrateurs ou du gibier d’eau, qui captaient l’attention. Toutefois, quelques éléments ont été communiqués lors de l’enquête :

- lors d’une piqure d’abeille, vite se frotter avec une feuille de plantain pour faire cesser l’inflammation.

- frotter l’intérieur d’un paillou neuf avec des feuilles de chêne fraîches attire l’essaim d’abeilles en son sein.

- la présence d’eau (zones humides) favorise la production de miels de parfums différents.

La symbolique funéraire de porter le deuil aux ruches, lors de la mort de l’apiculteur, est aussi convoquée, notamment en Basse-Vilaine, dans le Mitaud/Mitaw (Nivillac, Marzan).

 

 

Inventaires réalisés liés à la pratique

 

Inventaire linguistique en langue gallèse : https://www.chubri-galo.bzh/

Inventaire linguistique de l’ALCAM (Atlas linguistique des côtes de l’Atlantique et de la Manche) :

http://bibnumcrbc.huma-num.fr/collections/show/7

Base de données de DASTUM : http://www.dastumedia.bzh/

Archives du département de la Loire-Atlantique : https://archives.loire-atlantique.fr/

Archives orales de l’enquête ethnographique associée à la production de cette fiche (en cours de dépôt), sur CoCoON : https://cocoon.huma-num.fr/

 

 

Bibliographie sommaire

 

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- Robert-Muller, Charles, Au pays des abeilles bretonnes. Revue des Deux Mondes (1829-1971), 62(2), 1941, 225-231.

- Roué, Marie, Battesti, Vincent, Césard, Nicolas, & Simenel, Romain, Ethnoecology of pollination and pollinators. Knowledge and practice in three societies. Revue d’ethnoécologie, (7), 2015.

- Saint Girons, Marie-Charlotte, Quelques aspects de l'apiculture dans la région nantaise. Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 58 (1), 1951, 186-189.

- Société centrale d’apiculture, L’apiculteur, volume 76-77, 1832.

- Tétart, Gilles, L’abeille et l’apiculture. Domestication d’un animal cultivé. Techniques & Culture. Revue semestrielle d’anthropologie des techniques, (37), 2001, 173-196.

- Tétart, Gilles, Consommer la nature et parfaire son corps. Etudes rurales, 165, 2003, 166.

- Tétart, Gilles, Le sang des fleurs : une anthropologie de l'abeille et du miel. Odile Jacob, 2004.

- Tétart, Gilles, Entomologie, éthologie et dérives anthropologiques. L’Homme. Revue française d’anthropologie, (177-178), 2006, 329-347.

- Thompson, Ian B., The role of artisan technology and indigenous knowledge transfer in the survival of a classic cultural landscape: the marais salants of Guérande, Loire-Atlantique, France. Journal of Historical Geography, 25(2), 1999, 216-234.

- Viel, Claude, & Doré, Jean-Christophe, Histoire et emplois du miel, de l'hydromel et des produits de la ruche. Revue d'histoire de la pharmacie, 91(337), 2003, 7-20.

 

 

Filmographie sommaire

 

- Base documentaire de la cinémathèque de Bretagne, qui donne accès à une riche filmographie sur l’estuaire de la Loire et ses usages, avec quelques références à l’apiculture, ou aux représentations de l’abeille et de son élevage localement :

https://www.cinematheque-bretagne.bzh/Base- documentaire-426-0-0-0.html

- Reportage de France 3 Pays-de-la-Loire en Loire-Atlantique du 12 avril 2019 (« Agriculture : la Région au chevet des apiculteurs »), 1’41’’ :

https://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/chateaubriant/agriculture- region-au-chevet-apiculteurs-1654342.html

- Documentaire de Samuel Petit : « Alain Rey, de la terre aux étoiles », 2018, 52’ : http://www.film- documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/56869_1

- Documentaire de Hugo Trégret : « Élevage et sélection d'abeilles noires. Une saison avec le groupe abeilles noires UNAPLA », 2018, 1h18’ : https://www.youtube.com/watch?v=nd5UQqjYViU&feature=emb_title

- Préparation de la ronce pour les paillous, Jean-Marie Châtel, 2017, 2’34:

https://www.youtube.com/watch?v=jOFOCy1YrII&feature=emb_logo

- Vannerie pour paillous dans la région de Redon, ATTOT Redon, 2013, 10’10:

http://associationattot.free.fr/dossiers/dossier.php?val=53_osier+tilleuls

Sitographie sommaire

- Site du GIP Loire Estuaire : http://admin.loire-estuaire.org/accueil

- Site de la Direction régionale de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Forêt des Pays-de-la-Loire : http://draaf.pays-de-la-loire.agriculture.gouv.fr/

- Site de la Direction départementale de la Protection des Populations de la Loire-Atlantique :

http://www.loire-atlantique.gouv.fr/Services-de-l-Etat/Direction-Departementale-de-la-Protection-des-Populations-DDPP

- Site personnel d’Yves Moyon (page consacrée à l’agriculture briéronne), historien:

http://yves.moyon.pagesperso-orange.fr/BGB%20page%201.html#Agriculture

- Site de l’Union des apiculteurs de Loire-Atlantique (UNAPLA 44) : https://www.unapla.org/

- Sire de l’association Apiculteurs en Brière (AEB) : https://apicultureenbriere.forumactif.org/

- Site de la miellerie collective du Pays nantais et du Centre d’étude technique apicole de Loire- Atlantique (CETA 44) : http://mielleriecollectivedupaysnantais.fr/

- Site de l’Association Sanitaire Apicole Départementale (ASAD 44) :

http://www.apiculturesanitaire44.com/

- Site pour la sauvegarde de l’abeille noire en Loire-Atlantique : http://www.abeillenoire44.fr/

- Site de la Banque du miel, au théâtre Onyx : https://www.theatreonyx.fr/nous/autour-des-spectacles/la-banque-du-miel

 

 

Archives consultables

 

Les Archives départementales de la Loire-Atlantique conservent notamment les fonds suivants (gracieusement inventoriés par leurs soins) :

- 7 M 40 : Affaires diverses, concerne notamment [...] l’apiculture [...], 1882-1939.

- 7 M 203 : Éducation des abeilles [...], 1819-1899.

- 7 M 206 : Abeilles, laines et pailles - Production : rapport d’enquête, 1842.

- 417 W 18 et 1755 W 229 : concernent la maison de l’abeille dans le parc naturel régional de Brière, 1973-1981.

- 424 W 45, 54-55, 57, 2567 W 19 : dossiers d’entreprise d’apiculteurs, 1994-2004 (ces documents nécessitent de compléter une demande de dérogation pour y avoir accès en raison de leurs délais de communicabilité).

- 1014 W 838, 1260 W 39, 2023 W 72, 2552 W 102 : dossiers d’associations d’apiculture.

- 2041 W 35 : note, comptes rendus d'audience, rapports, notes d'information des Renseignements généraux, motion, coupures de presse, tract, correspondance (concerne notamment [...] l'audience avec une délégation de l'Union des apiculteurs de Loire-Atlantique [...]), 2000. apic- 2104 W 259 : implantation de ruches, destruction d'essaims : arrêtés préfectoraux, correspondance, 1941-1946.

- 35 W 116 : Miel - Correspondance échangée notamment avec le groupement unique d'achat, les sociétés d'apiculture et les grossistes, 1945-1947.

- 2067 W 14 : déclaration de ruches, cartes d'apiculteur pastoral, 2002.

- 2428 W 17 : Famille Mary - Dossier de présentation de l'entreprise, correspondance, avis du directeur régional de l'Agriculture et de la forêt, 2001-2006.

- 73 FI 1 à 9 : Fonds Giraud, apiculteur - éleveur au Landreau, articles publicitaires, 1900-1950.

 

Par ailleurs, l’UNAPLA conserve plusieurs numéros de la revue « L’Ouest apicole », éditée dans des années 1920 aux années 1970 à l’échelle de l’ouest de la France, qui recense différents éléments à intervalles réguliers, liés notamment aux réseaux d’apiculteurs et à la production.

Nom

BODET Pierre-Louis

Fonctions

Apiculteur amateur

Coordonnées

Saint-Herblain

 

Nom

MEURGEY François

Fonctions

Chargé des collections ornithologiques, entomologiste au Muséum d’histoire naturelle de Nantes

Coordonnées

Nantes

 

Nom

PERRIER Nataly

Fonctions

Secrétaire de l’association Apistoria, société d’études et de recherches sur l’apiculture traditionnelle

Coordonnées

Saint-Georges-ès-Allier

 

Nom

L’HOSTIS Monique

Fonctions

Professeur retraitée de l’Ecole vétérinaire de Nantes (ONIRIS), spécialiste de l’apiculture

Coordonnées

Nantes

 

Nom

REY Alain

Fonctions

Apiculteur professionnel

Coordonnées

Herbignac

 

Nom

ROUX Nicolas

Fonctions

Apiculteur professionnel

Coordonnées

Montoir-de-Bretagne

 

Nom

FOULONNEAU Jérôme

Fonctions

Apiculteur professionnel chez la Famille Mary

Coordonnées

Saint-André de la Marche

 

Nom

MONTFORT Didier

Fonctions

Naturaliste

Coordonnées

Sainte-Reine de Bretagne

 

Nom

LIEGRE Jean-Paul

Fonctions

Apiculteur amateur

Coordonnées

Sainte-André-des-Eaux

 

Nom

DENIER Jean

Fonctions

Fabricant de paillous

Coordonnées

Missillac

 

Nom

LAUNAY Aurélie

Fonctions

Chargée de mission culture et vie locale au Parc naturel régional de Brière

Coordonnées

Saint-Joachim

 

Nom

LARCHEVEQUE Jean-Marie

Fonctions

Apiculteur amateur

Coordonnées

Pontchâteau

 

Nom

POLICE Antoine

Fonctions

Doctorant en sciences sociales

Coordonnées

Rennes

 

Nom

LOUSSOUARN Albin

Fonctions

Naturaliste

Coordonnées

Férel

 

Nom

BERTRAND Bernard

Fonctions

Apiculteur vannier

Coordonnées

Yvignac-la-Tour

 

Nom

GALLIOT Dominique

Fonctions

Secrétaire de l’association du Musée du Pays de Retz

Coordonnées

Bourgneuf-en-Retz

 

Nom

Riton

Fonctions

Apiculteur amateur

Coordonnées

Îles de Loire entre Oudon et Drain

Pierre-Louis BODET, apiculteur, Saint-Herblain

Fantine BADEAU, présidente de l’association It’s my beesiness, association de vulgarisation et partage autour du monde apicole d'ici et d'ailleurs.

UNAPLA, Nantes.

Rédacteur de la fiche Nom

 

DANTO Anatole

Fonctions

Chercheur en anthropologie

Coordonnées

UMR 6051 CRAPE-Arènes, RTPi ApoliMer, PNBI, Rue Dumont-d’Urville, 29280 Plouzané

 

 

Enquêteurs ou chercheurs associés ou membres de l’éventuel comité scientifique instauré

 

Nom

DANTO Anatole

Fonctions

Chercheur en anthropologie

 

Lieux(x) et date/période de l’enquête

Basse-Loire, 2012-2020

 

Nom

SUARD Louison

Fonctions

Etudiante en master d’anthropologie à l’EHESS

 

Lieux(x) et date/période de l’enquête

Basse-Loire, printemps-été 2018

 

Nom

COLLIAS Eric

Fonctions

Chercheur indépendant, Ecographe

 

Lieux(x) et date/période de l’enquête

Basse-Loire, 2015-2020

 

 

Données d’enregistrement

 

Date de remise de la fiche : 30 mars 2021

Année d’inclusion à l’inventaire : 2021

N° de la fiche : 2021_67717_INV_PCI_FRANCE_00495

Identifiant ARKH : ark:/67717/nvhdhrrvswvksn7

Comment contribuer à l'inventaire : la méthode : https://www.pci-lab.fr/images/pdf/Tutoriel.pdf

Contribuer Accéder à la fiche sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Apiculture_en_France

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